Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONVENTUEL

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 882-883).

CONVENTUEL, ELLE. adj. qui appartient au Couvent, qui concerne le couvent. Religioso cœtui, conventui communis. Il se dit premièrement de la maison qui est habitée par des Religieux, & qui a des lieux réguliers. Les Prieurés conventuels ne se peuvent posséder sans Bulles. Ils se donnent à la charge d’être Prêtre dans l’an. Il y a des Prieurés actuellement conventuels, d’autres qui le sont seulement par habitude, où il n’y a point eu de Religieux depuis 40 ans. Prioratus cœtu frequens, conventu instructus. S’il y a encore un seul Religieux, le Prieuré demeure conventuel actu. Mais s’il n’y en a point du tout, ils passent pour simples, & s’obtiennent sous une signature ordinaire.

Conventuel se dit aussi d’un Religieux qui habite actuellement le couvent, à la distinction de ceux qui n’y sont qu’hôtes, ou passagers, ou qui ont des bénéfices dépendans de la maison. Monachus in cœnobio habitans.

Conventuel se dit aussi du revenu du Couvent. Reditus Religiosi conventus. La mense conventuelle est séparée de l’abbatiale par un partage fait un tel jour. On a fait des unions des offices claustraux à la mense conventuelle, qui l’ont fort augmentée.

On appelle aussi Messe conventuelle, la grande Messe qui se dit dans le couvent, où assiste ordinairement toute la communauté des Religieux, à la différence de celles qui se chantent pour des obits, ou des fondations. Missa totius conventùs.

Conventuel, dans l’histoire du Monachisme, se dit d’une partie de l’Ordre de S. François. Conventualis. Le nom de Frères Mineurs conventuels, ayant été donné dès l’an 1250 par Innocent IV, à tous les Religieux de l’Ordre de S. François qui vivoient en communauté, pour les distinguer tant de ceux qui se retiroient dans des solitudes pour y observer la règle dans une plus grande perfection, que de ceux qui étoient hôtes ou étrangers, on l’attribuoit également à ceux qui étant portés au relâchement, s’y opposoient. Mais lorsque Léon X, qui ne put réussir dans le dessein qu’il avoir de réunir tout l’Ordre dans une même observance, eut donné par les Bulles de l’an 1517, le nom de conventuels à ceux qui persistent à vivre dans le relâchement, & qu’ils voulurent jouir des privilèges qu’ils avoient obtenus de pouvoir posséder des fonds & des revenus, l’Ordre se vit partagé en deux corps, & on commença à distinguer ces Religieux sous deux noms différens. Ceux dont nous venons de parler, sous le nom de conventuels, & les autres, sous le nom d’Observans. Ils ont chacun un Ministre général ; mais celui des Observans, comme Ministre général de tout l’Ordre, a la prééminence & l’autorité sur celui des conventuels. Il le confirme, & les conventuels doivent donner la préséance aux Observans dans les cérémonies & les actes publics, comme il est porté par la Bulle de Léon X, de l’an 1517, & par un concordat que ces deux corps firent ensemble le 8 Juillet de la même année. Malgré les tentatives des conventuels, tout cela a été confirmé par un Décret de la Congrégation des Cardinaux, du 22 Mars 1631, & encore du 12 Avril de la même année. Il y avoit en Espagne parmi ces conventuels des particuliers, qui, ne se contentant pas des privilèges qui leur avoient été accordés, avoient en propre, des terres, des maisons & des revenus, les uns se disant conventuels, & les autres claustraux. Sous le règne des Rois Catholiques, Ferdinand & Isabelle, par les soins du Cardinal Ximénès, ces abus furent abolis, & l’on ôta aux conventuels presque toutes leurs maisons, & on les donna aux Observantins. On fit quelque chose d’à peu près semblable en France, en Allemagne & dans les Pays-Bas. Voyez le P. Hél. T. VII, C. 22. Dominic. de Gubernatis, Orbis Seraph. T. II, L. 9. Fortunatus Hospitel, Antiquioritas Franciscana. Gabriel Faber, speculum Francis. Religion.

Il y a des conventuels réformés. On en distingue deux Congrégations, l’une instituée en conséquence d’une Bulle de Léon ; mais qu’on ne sçait ni quand, ni comment elle fut établie. L’autre commença sous Sixte V, par le zèle & le soin d’Antoine Calascibare, de Bonaventure de Partane, de Martin de Tauromine & d’André de Novelle, Religieux conventuels. Sixte V confirma cette reforme par une Bulle de l’an 1587, voulant néanmoins qu’ils fussent toujours unis avec les conventuels, & qu’ils ne fissent qu’un même Corps sous un même Général & les mêmes Provinciaux ; que leur habit seroit d’une étoffe grossière & de couleur cendrée, le capuce en forme de grand camail, avec la rosette en rond, séparé de la tunique ; qu’ils iroient nuds piés, & qu’ils auroient le choix de porter des socques de bois ou des sandales de cuir. Urbain VIII les supprima, & les réunit aux conventuels. Ils se maintinrent néanmoins dans le royaume de Naples ; mais Clément IX ayant donné leur maison de Naples aux Déchaussés de S. Pierre d’Alcantara, ils aimèrent mieux passer chez eux, que chez les conventuels. Ainsi cette réforme qui ne s’étoit point étendue hors de l’Italie, n’y subsiste plus. Dominic. de Gubernatis, Orb. seraph. T. II, L. 9. P. Hélyot, T. VII, C. 23.

Les Grandmontains se sont aussi appelés conventuels. Voyez Collégiate.