Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COQUIN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 903).
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☞ COQUIN, INE, terme d’injure & de mépris qui signifioit originairement un homme vil & méprisable. Nous le disons quelquefois comme synonime de lâche, infâme. C’est un coquin qui pour le moindre intérêt trahiroit son ami. On dit d’une femme qui se prostitue, que c’est une coquine.

Je rêvois cette nuit que de mal consumé,
Côte à côte d’un pauvre on m’avoit inhumé ;
Mais ne pouvant souffrir ce fâcheux voisinage,
En mort de qualité je lui tins ce langage :
Retire-toi, coquin, vas pourrir sont d’ici,
Il ne t’appartient pas de m’approcher ainsi.
Coquin ! ce me dit-il, d’une arrogance extrême,
Vas chercher tes coquins ailleurs, coquin toi-même :
Ici tous sont égaux, je ne te dois plus rien :
Je suis sur mon fumier, comme toi sur le tien. Patris.

Ce mot vient de coquus, comme qui diroit, il ne bouge de la cuisine. En vieux françois, on appeloit coquine, un pot, ou marmite : d’où vient que le vrai coquin est celui qui suit les cuisines d’autrui pour vivre. Plaute témoigne qu’on a donné le nom de cocus à un larron ; & Du Cange dit que dans la basse latinité on a appelé cocciones, des vagabonds qui hantent les foires pour dérober les Marchands, & couper des bourses. Les Jésuites d’Anvers disent aussi qu’originairement le mot coquin, coquinus, vient de coquus, cuisinier, & qu’il ne s’est dit que des plus bas officiers de cuisine, & ensuite des gens les plus vils & les plus méprisables. Acta. SS. Maii, T. IV, p. 549. E.

☞ On dit communément d’une femme qui se prostitue, que c’est une coquine. Ce mot est quelquefois employé adjectivement dans le style familier ou bourgeois, comme quand on dit, métier coquin, vie coquine ; pour dire, un métier, un genre de vie qui plaît, qui accoquine, parce qu’il n’y a rien à faire.

COQUIN. Coquinus. Le peuple de Liège a donné autrefois ce nom à une Communauté établie à Liège par Lambert le Bègue, l’an 1150, qui donna à ces Coquins une maison & un fonds. Voyez Petr. Cocus, Diso. Hist. de Beguinar, Orig. & le P. Hélyot, T. VIII, p. 3.