Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CORDELIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 911).
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CORDELIER, s. m. Religieux de l’ordre de S. François, qui est habillé de gros drap gris, avec un petit capuce, une mozette ou chaperon, & un manteau de même étoffe ; qui porte le soc ou sandale, & qui a une ceinture de corde où il y a trois nœuds. Franciscanus cui apud gallos nomen est à fune quo cinctus est. On l’appelle autrement frere mineur. Les Cordeliers sont ainsi appelés à cause de la corde dont ils sont liés : & ce nom leur fut donné à la guerre de S. Louis contre les infidèles, à laquelle les frères mineurs ayant repoussé les barbares, quand le Roi demanda leur nom, on lui répondit que c’étoit des gens de corde liés. Les Cordeliers sont agrégés dans l’université, & reçus docteurs. Ils suivent les sentimens de Scot qui fut parmi eux un grand homme & un subtil docteur.

On dit d’un homme peu scrupuleux, qu’il a la conscience large comme la manche d’un cordelier.

On appelle aussi la haquenée ou la jument des Cordeliers, un bâton sur lequel s’appuient ceux qui voyagent à pié. On dit aussi parler latin devant les Cordeliers ; pour dire, vouloir faire parade de sa science devant ceux qui en sçavent davantage : ce qui repond au proverbe latin. Sus docet minervam. Voyez origine du proverbe françois dans les Heures perdues du Chevalier de Rior, p. 22.