Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COULEUVRÉE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 963).

COULEUVRÉE. s. f. mieux que COULEVRÉE, plante rampante qui s’étend fort loin par des branches menues & feuillues, qui sert à couvrir des berceaux de jardin. La couleuvrée est semblable à la vigne par les feuilles, les bourgeons & les vrilles avec lesquelles elle s’attache à tout ce qu’elle rencontre. Ses fleurs, disposées en grappe, sont blafardes, & faites en forme d’étoile. Son fruit est vineux, & composé de grains semblables à ceux de la morelle, qui en mûrissant se changent de verts en rouges, & quelquefois en noir. Sa racine est grande & grosse plus que la cuisse d’un homme, longue d’une coudée, séparée vers sa queue, & pleine de plusieurs verrues vers sa tête, au reste cendrée par dehors, & blanche par dedans, pulpeuse, vineuse, d’un goût amer, âcre & astringent, avec un jus gluant & une odeur forte. Il y a aussi une couleuvrée noire, que quelques-uns appellent tan, & en latin vitis nigra ou uva taminia, dont on mange les premiers bourgeons en salade comme des asperges. On appelle autrement la couleuvrée, colubrine ou feu ardent, & en latin bryonia, vitis alba, viticella, psilothrum.

Il y a une espèce de serpentaire qu’on appelle couleuvrée, qui a ses feuilles attachées à une longue queue, qui produit plusieurs tiges feuillues, à la cime desquelles sortent des fleurs herbeuses & une graine en forme de grappe. Toute la plante est blanche, comme si on l’avoit saupoudrée de folle farine ; d’ailleurs fort polie & lisse. Sa racine est forte & grosse, de couleur safranée & éparpillée çà & là. Matthiole. Des Charlatans s’en sont servis pour contrefaire les mandragores, & les exposer au public. Voyez Mandragore.