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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COURROUX ou COUROUX

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 991).
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COURROUX, ou COUROUX. s. m. Iracundia. C’est une agitation impatiente contre quelqu’un qui nous obstine, qui nous offense, ou qui nous manque dans l’occasion. Ce mot dit une passion qui dure moins que la colère, mais plus longtemps que l’emportement. Le courroux enferme dans son idée quelque chose qui tient de la supériorité & qui respire hautement la vengeance ou la punition. Il est aussi du style plus empoulé. M. L’Abbé Girard.

On n’emploie point courroux au pluriel. En le prononçant, on ne fait point sentir de double r. Souvent le courroux n’a d’autre mobile que la vanité qui exige simplement une satisfaction, & parce qu’il agit alors plus par jugement que par sentiment, il en est plus difficile à appaiser. M. L’Abbé Girard.

☞ Mr. Dacier condamne l’expression des deux vers suivans comme étant trop enflée & trop peu naturelle.

Ce sang qui tout versé fume encore de courroux
De se voir répandu pour d’autres que pour vous. Corn.

Scuderi, dit M. de Voltaire, ne reprit point ces hyperboles poëtiques, qui n’étant point dans la nature, affoiblissent le pathétique de ce discours. C’est le poëte qui dit que ce sang fume de courroux ; ce n’est pas assûrement Chimène ; on ne parle pas ainsi d’un père mourant. Scuderi beaucoup plus accoutumé que Corneille à ces figures outrées & puériles, ne remarqua pas même en autrui, tout éclairé qu’il étoit par l’envie, une faute qu’il ne sentoit pas dans lui-même.

☞ Le mot courroux se dit aussi de quelques animaux nobles & féroces. Le courroux du Lion, du Taureau, &c.

Courroux se dit figurément des choses inanimées : comme le courroux de la mer, des vents, de l’orage. Iratum mare, ira maris. ☞ On dit poëtiquement le courroux de Neptune, le courroux du ciel. Ce monstre que l’enfer en courroux a vomi.

César qui se répond & des Dieux, & du sort,
De la vague en courroux rédoute peu l’effort. Breb.