Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CROCOTE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 26).
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CROCOTE ou CROCOTON. s. m. Terme d’Antiquaire. Crocoton ou Crocota. C’est un habit ancien. Apulée parle de gens habillés de crocotes Phrygiennes. Crocotisque Phrygiis induti, dans la description de la Pompe d’Isis. C’est ce qu’il appelle ailleurs dans le même Livre Stola Olympionica, décrite ainsi dans un autre endroit : floridè depictâ veste conspicuus, paré d’une veste à fleurs. Les Latins ont aussi appelé ce vêtement Palla & Lacerna, comme Ovide parlant d’un Joueur de flûte :

Vervit humum Tyriâ saturatâ murice Pallâ.


D’une veste de pourpre il balaye la terre. Ce qui est proprement le crocoton. D’où vient que Vopiscus dans la vie de Carinus appelle Tyrianthinum, à fleur de couleur de pourpre, le manteau du Joueur de flûte. Pallium Choraulæ. Baudelot. Hist. de Ptol. Aul. P. II. C. V. p. 264, 265. Au reste on ne voit pas pourquoi faire crocote féminin, & pourquoi dire la crocote & le crocoton ; il paroît mieux de ne point changer le genre. Le crocote étoit un habit à frange, comme l’expliquent les Lexiques, vestis simbriata, un habit de soie, léger, de couleur de safran, à l’usage des Comédiens, des femmes galantes, &c. Baudelot en voit une représentation dans un dessein tiré d’un Manuscrit du Vatican, & que Bartholin a publié dans son traité des flûtes.

Crocote. s. f. animal des Indes. Sa couleur est mêlée de celle du Lion & de celle du Tigre, & la conformation de ses parties tient quelque chose du Chien, & quelque chose du Renard. Parmi quantité de bêtes amenées à Rome pour les jeux célèbres à l’occasion du retour de l’Empereur Sévère, la dixième année de son règne & de ses victoires, il y avoit une crocote qui fut, comme on croit, la première qui eût jamais été vue à Rome. M. Cousin, p. m. 398. de sa Trad. de l’Hist. Rom. de Xiphilin.