Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CROISADE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 27-28).
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CROISADE. s. f. Guerre entreprise par les Chrétiens pour recouvrer les Lieux Saints, ou pour l’extirpation de l’hérésie & du paganisme. Sacrum bellum, sacra crucis militia. On y alloit autrefois par dévotion, & ceux qui avoient dessein d’y aller se distinguoient des autres en mettant des croix de différentes couleurs sur leurs habits, suivant leur nation. Les François la portoient rouge, les Anglois blanche, les Flamands verte, les Allemands noire, & les Italiens jaune. On compte huit Croisades pour la conquête de la Terre Sainte. La première fut entreprise en 1055 au Concile de Clermont. La seconde en 1144 sous Louis VII. La troisième en 1188 par Philippe Auguste & Henri II. Roi d’Angleterre. La quatrième en 1195 par le Pape Célestin III. & l’Empereur Henri VI. La cinquième fut publiée en 1198 par ordre d’Innocent III. Les François, les Allemands & les Vénitiens se croisèrent. La sixième, sous le même Pape, commença tumultuairement en 1213, & finit en 1244 par la victoire des Corasmins sur les Chrétiens. La septième fut résolue au Concile de Lyon en 1245 ; c’est la première de S. Louis. La huitième, qui est la seconde de S. Louis, & la dernière de toutes, fut entreprise en 1268. Les Religieux de Citeaux formèrent le projet de ces Croisades : Philippe Auguste en sollicita l’exécution auprès du S. Siége, & Innocent III. leva le premier l’étendard de la Croix. Il fut ordonné au Concile de Clermont qu’on mettroit dans les drapeaux le signe de la Croix, & que ceux qui voudroient s’enrôler, le porteroient sur leur habit. L’usage le plus ordinaire fut de porter une croix d’étoffe sur l’épaule droite, ou au chaperon ; & c’est de là que vint le nom de Croisade.

C’est Pierre l’Hermite qui le premier prêcha la Croisade. Tous n’alloient pas aux Croisades pour la gloire de Dieu : les uns partoient pour accommoder leur dévotion à leurs intérêts, & les autres, pour ne passer pas pour des lâches. Chev. Voy. M. Fleury. Les Croisades ont été instituées d’abord pour aller conquérir la Terre-Sainte ; mais depuis, les Papes les ont employées contre les Infidèles & contre les Hérétiques. L’Abbé Justiniani dans son Historia de gl’Ordini milit. T. I, c. 20, fait un Ordre de Chevalerie des Croisés qui servoient dans les Croisades.

Vers le milieu du XIIe siècle il y eut une Croisade des Saxons contre les Payens du Nord, de laquelle les Chefs furent Frideric, Archevêque de Magdebourg, les Evêques d’Halberstat, de Munster, de Mersbourg, de Brandebourg, d’Havelberg & de Moravie, ou d’Olmuts, & l’Abbé de Corvei, avec plusieurs Seigneurs laïques. Vers le commencement du XIIe siècle de l’Eglise, sous le Pontificat d’Innocent III, & sous le règne de Philippe Auguste, l’hérésie des Albigeois devint si puissance dans le Languedoc & dans les Provinces voisines, que les Catholiques ne virent plus d’autre remède efficace à lui opposer que celui d’une Croisade. P. Langlois. Cet Auteur nous a donné en notre langue une Histoire exacte des Croisades contre les Albigeois, à Rouen 1703. Tout le monde sait que Maimbourg a écrit celle des Croisades de la Terre-Sainte.

Croisade, en termes d’Astronomie, est une Constellation qui est vers le Pôle Antarctique, composée de quatre étoiles disposées en croix, par le moyen de laquelle les Navigateurs peuvent trouver le Pôle Antarctique. Sydus crucis signum referens.