Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CYNOCÉPHALE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 77-78).
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CYNOCÉPHALE. s. m. Animal fabuleux qu’on a feint avoir une tête de chien, que les Egyptiens ont eu en grande vénétation & qu’ils révéroient comme un Dieu. Cynocephalus. Ils l’appeloient autrement Anubis, comme témoigne Plutarque. Tertullien, Apolog. C. 6. & S. Augustin de la cité de Dieu, L. II. C. 13. témoignent que les Egyptiens ont adoré ce Dieu ; & Pietro Della Valle, T. IV. du que les habitans de la Zone Torride l’honorent encore. On doute si le Cynocéphale est Anubis, ou Mercure, ou un symbole de l’un ou de l’autre. Ceux qui prétendent que c’est Anubis, disent qu’on le représentoit avec une tête de chien, & que c’est pour cela que Virgile, Enéide, L. VIII. v. 698. l’appelle latrator, aboyeur. Ceux qui veulent que ce soit Mercure, disent que le chien lui étoit consacré, que Strabon dit que le Dieu Cynocéphale étoit adoré chez les Hermapolitains. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’Anubis des Egyptiens étoit le Mercure des Grecs & des Romains. Voyez ANUBIS ci-dessus, & Vossius, De Idolol. L. I. C. 27.

L’animal Cynocéphale étoit une espèce de singe, mais plus grand & plus farouche que les singes ordinaires, & qui a la tête plus approchante du chien, comme Aristote le dit au L. II. de l’Hist. des Anim. C. 8. c’est celui que les Italiens appellent Babuino ; les François Babouin, & les Flamands Bavinen. Un Cynocéphale assis étoit chez les Egyptiens l’hiéroglyphe des deux Equinoxes. Voyez sur cet animal Vossius, De Idolol. L. III. c. 74. Saumaise sur Solin, p. 644. & suiv. On a dit de cet animal qu’il rendoit son urine douze fois la nuit par intervalles égaux, & que c’est ce qui a donné lieu à la division des heures.

Cynocéphale, a aussi été un nom de peuples fabuleux de l’Inde, dans Pline L. VII. c. 2. dans Aulu-Gelle L. IX. c. 4. dans Solin, c. 52. qui disent d’après Mégasthène, que dans plusieurs montagnes de l’Inde & de l’Ethiopie, il y a des nations qui ont la tête d’un chien ; S. Augustin le dit aussi. Ils ajoutoient qu’ils aboyoient comme des chiens, qu’ils étoient farouches, & que leur morsure étoit dangereuse, mais les Relations de tous les modernes n’en font aucune mention. C’étoient des peuples qui ne vivoient que de la chasse : voilà ce qui donna occasion à cette fable.

Cynocéphale est encore une ville des Locriens & un château des Thébains : & Cynocéphales au pluriel, Cynocephalæ, des montagnes de Thessalie.