Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CYPRÈS

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 79).
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CYPRÈS, s. m. Cupressus. Arbre toujours vert, & qu’on distingue en deux espèces, qui ne différent que par la direction de leurs branches. L’une par la direction de ses rameaux prend & conserve une forme Pyramidale ; & c’est le cyprès femelle des Botanistes. Cupressus fastigiata sive femina. C’est ordinairement cette espèce que l’on éleve dans les jardins, soit pour des palissades, soit pour former des pyramides. L’autre espèce prend une forme toute opposée, & étend ses branches de côté. Cupressus fusa, fivè mas. Mais comme chacun de ces arbres porte des fleurs & des fruits, il est en même tems mâle & femelle, & la distinction des Botanistes est chimérique.

Cet arbre est plus ou moins haut, suivant son âge. Le grand hiver de 1709. fit périr tous les cyprès du Royaume. Il arriva à peu près la même chose en 1683. mais heureusement cet arbre leve fort bien de graine, & il croît assez vite. Son bois est dur, un peu rougeâtre, pâle cependant, veiné, d’une odeur douce & d’un goût un peu aromatique. Ses feuilles couvrent presque toutes les branches, qui sont divisées en une infinité de petites ramifications. Ces feuilles sont dans les jeunes branches de petites écailles vertes & pointues ; mais dans les vieilles ces mêmes écailles sont collées les unes sur les autres, & sont plus obtuses. L’extrémité de quelques-unes de ces ramifications est terminée par de petits chatons roussâtres, qui n’ont pas quatre lignes de longueur, sur une ligne & demi de largeur ; ils sont formés par des écailles qui sont chargées de sommets dont la poussière est jaune. Les fruits naissent dans des endroits séparés ; ils sont ronds & gros comme des noix dans leur maturité, couleur d’olive.

Les Latins l’appellent conus, à cause de sa figure ; ils s’ouvrent de la circonférence au centre en quelques pièces coniques semblables à des écailles : elles cachent dans leurs fentes de petites semences aplaties & anguleuses. On appelle ces fruits des noix. On s’en sert dans les décoctions astringentes pour les hernies, les cours de ventre, pour arrêter les hémorrhoïdes ; ces mêmes noix prises intérieurement guérissent quelquefois des fièvres, comme font la plupart des astringens.

Cyprès, se dit du bois de l’arbre de cyprès. Cupressus se dit de même en Latin. Le bois de cyprès est fort massif & de bonne odeur, quasi comme le santal. Il n’est jamais pourri, ni vermoulu, non plus que celui du cèdre, de l’ébène, de l’if, du buis, de l’olivier & du lotus sauvage. C’est pour cette raison que les Anciens en faisoient des statues, comme celle de Jupiter au Capitole. En Candie & au mont Ida le cyprès vient si naturellement qu’en quelque lieu qu’on remue la terre, il y vient des cyprès sans semer, quoiqu’ailleurs on ait grande peine à les élever. Les cyprès haïssent le fumier, qui les fait mourir, aussi-bien que les lieux aquatiques. Mathiole.

Petit Cyprès, est une plante aromatique. Voyez Garde-robe.

☞ Le Cyprès étoit consacré à Pluton. On le plantoit autour des tombeaux. A Rome on mettoit des rameaux de cyprès devant les maisons des morts : c’est pourquoi il est appelé funeste, & en Poësie Cyprès se prend quelquefois pour le symbole de la mort. Les funestes cyprès.

Et de cette maison, de ce bois agréable,
Que les siècles firent exprès,
Tu n’en remporteras, possesseur peu durable,
Qu’un funeste cyprès.

Nouv. ch. de Vers.