Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCEVANT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 133).
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DÉCEVANT, ante. adj. Propre à tromper par quelque chose de spécieux & d’engageant. Fallax. Le monde n’a que des appas décevans. Le calme décevant de la mer nous avoit invités à la promenade. Il n’est guère usité, mais il ne laisse pas d’avoir de la grâce, sur-tout en poësie.

Ne t’avons-nous pas vu démasquer la nature,
Pénétrer à travers ses dehors décevans,
Et l’ouvrir toute entière à tes regards savans ?

Nouv. ch. de Vers.

M. Bossuet, à la fin de ses avertissemens, a dit en parlant de M. Patin : Il donnoit tout au raisonnement, & il n’avoit rien alors qui pût l’empêcher d’ouvrir une vaste carrière à ses sentimens, ni de jouir du charme dévevant qui accompagne naturellement cette liberté. Il n’en est pas moins vrai, comme on l’a dit, que ce mot n’est guère en usage, & que le charme trompeur se dit plus ordinairement que le charme décevant. M. Bossuet affectoit quelquefois des mots un peu surannés, qui n’ont pas mauvaise grâce, pourvu qu’ils ne soient pas trop fréquens, & qu’ils soient placés à propos, comme décevant l’est en cet endroit.