Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCHANT

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 134).

DÉCHANT. s. m. Discantus. Terme de l’ancien chant. C’étoit la musique du XIIe siècle & des suivans. Le Credo noté à deux parties dans un des Missels du XIIIe siècle en est une preuve. On chantoit encore à Sens ce déchant ou musique ancienne sur les O de Noel en 1553. & en cette année le Chapitre d’Auxerre fit une conclusion le 16 Décembre, où il y a Quælibet earum Antiphonarum cantabitur bis in musicalibus sive discantu & cum organis, &c. C’étoit ce qu’on appelle aujourd’hui faux bourdon ou contrepoint. M. l’Abbé le Bœuf, dans son traité du Chant Ecclésiastique, parle du déchant & de son origine. Il y explique aussi tous les changemens que le déchant a causés dans le chant Grégorien. Les règles de ce chant ont été écrites en François dès le treizième siècle.

Il me suffira d’une Messe
De Requiem haulte chantée
Au cueur me feroit grand-lyesse
Se estre pouvoit deschantée. Jean Regnier.

Ce Poëte demandoit l’impossible en fait de déchant, l’usage n’étoit pas de l’employer aux Messes de Requiem, selon les preuves qu’en donne M. l’Abbé le Bœuf dans son Traité Historique sur le chant Ecclésiastique.