Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCLAMATEUR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 142).

☞ DÉCLAMATEUR. s. m. Qui déclame, qui prononce un discours, un ouvrage, qui récite en public. Declamator. C’est un excellent, un mauvais déclamateur. Ce mot n’a rapport qu’au ton & aux gestes. Bon déclamateur, qui prononce avec les tons. & les gestes convenables.

☞ Chez les Romains on appeloit déclamateurs, les Rhéteurs qui faisoient des exercices d’éloquence dans leurs écoles.

☞ Nous appelons aussi déclamateur, un Orateur plus occupé du choix des paroles, du ton & des gestes, que des pensées & de la composition. Dans ce sens il se prend toujours en mauvaise part. Cet Avocat n’est qu’un déclamateur. Juvénal s’emporte fort contre les déclamateurs de son temps. Juvénal n’est lui même dans ses satyres qu’un déclamateur. God. Lucien a cela des déclamateurs, qu’il veut tout dire, & qu’il ne finit pas toujours où il faut. Ablanc. La plupart des déclamateurs se persuadent qu’il est de l’essence d’un beau discours de durer plus d’une heure, & qu’on est obligé de les écouter sans s’ennuyer. S. Evr. Les déclamateurs ont été les premiers corrupteurs de l’éloquence. Id. Un déclamateur n’est pas obligé d’alléguer un argument démonstratif, mais seulement un raisonnement vraisemblable, ou éblouissant. Jusqu’à ce qu’il revienne un homme qui prêche avec un style nourri des Saintes Ecritures, les Déclamateurs seront suivis. La Bruy. On ne sauroit assez blâmer ces Historiens qui veulent faire les Déclamateurs, & qui interrompent le cours de la narration pour faire valoir leur éloquence. Fléch.

Tous ces pompeux amas d’expressions frivoles
Sont d’un Déclamateur amoureux de paroles. Boil.

On appelle style de Déclamateur, un style plus figuré & plus ampoulé qu’il ne convient au sujet. Acad. Fr.