Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉGOURDIR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 176-177).

DÉGOURDIR. v. a. Oter l’engourdissement qui a été causé par un grand froid, redonner du mouvement, de la chaleur à ce qui étoit engourdi. Torporem discutere. Il faut se chauffer les mains pour les dégourdir, ou désengourdlr peu-à-peu. Mes mains commencent un peu à se dégourdir. On dit aussi, Dégourdir les jambes, quand on commence à les exercer, après avoir été engourdies. Ce cheval n’est pas encore dégourdi, quand il aura fait une lieue, il ira mieux le train. On dit aussi, faire dégourdir de l’eau, faire chauffer un peu l’eau, pour lui ôter sa grande froideur. Dans ce sens dégourdir est neutre. On dit aussi qu’une viande est à peine dégourdie, pour dire qu’il y a trop peu de temps qu’elle est au feu pour être cuite, & qu’à peine elle est échauffée. Vix primum calorem experta.

Dégourdir se dit aussi activement dans un sens figuré, mais dans le style familier seulement, pour façonner quelqu’un pour le commerce du monde, le rendre propre à quelque chose. Cautiorem & callidiorem reddere. Rien n’est plus capable de dégourdir un jeune homme que la fréquentation des bonnes compagnies.

☞ On dit, dans le même sens, se dégourdir. Ce jeune homme commence à se dégourdir.

Dégourdi, ie. part. On dit substantivement, c’est un dégourdi, un homme à qui on n’en fait point accroire. Cautus, vaser, emunctæ naris.