Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉGRAISSER
DÉGRAISSER. v. a. Oter la graisse. Adipem detrahere. Cette soupe est trop grasse, il la faut dégraisser. On dit dans le même sens, qu’une longue maladie a dégraissé quelqu’un. Adipes tenuare.
☞ On le dit aussi des taches que la graisse a faites. Un Fripier dégraisse les habits avec de la terre à potier. Dégraisser un chapeau. Illuviem purgare, detergere.
☞ Dégraisser les laines, les étoffes de laine Voy. Dégraissement.
Dégraisser, se dit aussi en parlant du mauvais effet que les torrens & les ravines d’eau font sur les terres labourables, en emportant ce qu’il y a de plus propre à les rendre fertiles. Les plaies ont dégraissé les terres qui sont sur cette colline.
☞ Dégraisser le vin, c’est, lorsqu’il a tourné à la graisse en vieillissant, lui ôter cette mauvaise qualité par le moyen de la colle de poisson mise en morceaux, & dissoute à froid dans du vin blanc, qu’on jette dans le tonneau par la bonde, & qu’on remue à plusieurs réprises. On se sert aussi pour cela de blé grillé & arrosé d’eau de vie ; de cire jaune fondue & jetée dans le tonneau, d’alun blanc pulverisé & fricassé avec du sable, de cendres de sarment, &c.
Dégraisser, se dit figurément en Morale. Dégraisser quelqu’un, c’est-à-dire, lui ôter une partie de son bien. Fortunas, opes imminuere. On le dit ordinairement des richesses mal acquises. On a souvent dégraissé les Financiers. Cet homme avoit fait de prodigieux gains, mais on l’a bien dégraissé.
Dégraissé, ée. part. Il a les significations de son verbe, en Latin comme en François.