Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉGRAISSER

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 179).

DÉGRAISSER. v. a. Oter la graisse. Adipem detrahere. Cette soupe est trop grasse, il la faut dégraisser. On dit dans le même sens, qu’une longue maladie a dégraissé quelqu’un. Adipes tenuare.

☞ On le dit aussi des taches que la graisse a faites. Un Fripier dégraisse les habits avec de la terre à potier. Dégraisser un chapeau. Illuviem purgare, detergere.

Dégraisser les laines, les étoffes de laine Voy. Dégraissement.

Dégraisser, se dit aussi en parlant du mauvais effet que les torrens & les ravines d’eau font sur les terres labourables, en emportant ce qu’il y a de plus propre à les rendre fertiles. Les plaies ont dégraissé les terres qui sont sur cette colline.

Dégraisser le vin, c’est, lorsqu’il a tourné à la graisse en vieillissant, lui ôter cette mauvaise qualité par le moyen de la colle de poisson mise en morceaux, & dissoute à froid dans du vin blanc, qu’on jette dans le tonneau par la bonde, & qu’on remue à plusieurs réprises. On se sert aussi pour cela de blé grillé & arrosé d’eau de vie ; de cire jaune fondue & jetée dans le tonneau, d’alun blanc pulverisé & fricassé avec du sable, de cendres de sarment, &c.

Dégraisser, se dit figurément en Morale. Dégraisser quelqu’un, c’est-à-dire, lui ôter une partie de son bien. Fortunas, opes imminuere. On le dit ordinairement des richesses mal acquises. On a souvent dégraissé les Financiers. Cet homme avoit fait de prodigieux gains, mais on l’a bien dégraissé.

Dégraissé, ée. part. Il a les significations de son verbe, en Latin comme en François.