Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉLECTATION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 189-190).

DÉLECTATION. s. f. Delectatio. Sentiment doux & agréable, plaisir qu’on savoure, qu’on goûte avec réflexion. On boit, on mange avec délectation. On prend trop de délectation aux choses du monde. Ce mot n’est guère dans l’usage ordinaire. Il est admis en fait de morale. Il est très-familier parmi ceux qu’on appelle Jansenistes. Il répand une douceur céleste qui surmonte la délectation de la chair. Pasc.

☞ Selon le sistême des Jansenistes il y a deux délectations qui entraînent les hommes dans le bien ou dans le mal, d’une manière douce, mais invincible. Il semble que les différens accès de plaisir céleste ou terrestre nous rendent vertueux sans mérite, ou vicieux sans crime.

Les Jansénistes appellent leur grace nécessitante, une délectation victorieuse. Ils attribuent ce terme à S. Augustin ; & l’on croit communément, à la manière dont ils en parlent, que le S. Docteur s’en sert à tout moment ; mais, dit on, il n’est qu’une seule fois dans ce Père, & dans un sens tout différent du leur. Délectation signifie plaisir, sentiment du plaisir qu’excite dans l’ame un objet agréable. Délectation céleste, c’est celle que produisent en l’ame les objets de la foi avec la grace. Délectation terrestre, c’est celle qui naît des objets de La concupiscence, & qui est le mouvement de la concupiscence.