Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPEINDRE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 234).

DÉPEINDRE, v. a. Je dépeins, nous dépeignons, je dépeignis, j’ai dépeint, que je dépeigne, je dépeindrois que je dépeignisse. Représenter avec le pinceau & des couleurs quelque histoire, quelque action, quelque paysage, tempête ou autre chose. Pingere, alicujus rei vel hominis formam effingere, exprimere. Michel-Ange a dépeint le Jugement dernier dans un beau tableau qui est à Rome. Dans cette acception il n’est pas d’usage.

Dépeindre, se dit plus ordinairement de ce qui nous est représenté par le discours, soit de vive voix, soit par écrit. Scripto vel oratione depingere. Le grand secret d’un Poëte Comique est de dépeindre les hommes & les actions, de les représenter au vif & au naturel. Je reconnois cet homme de la façon que vous me le dépeignez. Dépeindre l’ardeur du soldat qui monte à l’assaut. Ab. Les Poëtes Tragiques anciens ont beaucoup mieux réussi à exprimer les qualités des Héros, qu’à dépeindre la magnificence des grands Rois. S. Evr. Il ne falloit pas me dépeindre si bien, & il valoit mieux me faire moins ressemblant, & me faire un peu plus aimable. Voit. Les Auteurs se dépeignent dans leurs ouvrages, on y reconnoît leurs mœurs & leurs caractères. L’Auteur de l’Esprit de M. Arnaud s’est parfaitement bien dépeint dans cet Ouvrage. S. Evr. N’auriez-vous pas sujet de me croire aussi lâche que vous me dépeignez, si vous deviez ma justification à vos menaces ? Lett. Portugaises.

Car c’est peu qu’avec art la main dépeigne un vice,
Il faut en le voyant que mon cœur le haïsse. Vill.

Dépeint, einte. part.