Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPORTER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 240-241).

DÉPORTER. Qui ne se dit qu’avec le pronom personnel, se désister, se départir. Quitter, abandonner une entreprise, un dessein. Discedere ab aliquâ re, rem aliquam abjicere. Cet homme étoit entré dans la Ferme Générale, mais il s’en est déporté en faveur de ses associés. Ce jeune homme briguoit cette charge, cet emploi, mais il s’en est déporté de lui-même. Se déporter de ses prétentions, de la recherche d’une fille.

Déporter, signifie au Palais, s’abstenir d’un jugement, d’une affaire où il y a quelque cause de récusation. Abstinere ab aliquâ re, discedere ab aliquâ re, rem aliquam abjicere. La dernière Ordonnance veut que le Juge se déporte de lui-même de la connoissance d’une affaire, quand il sait qu’il y a des causes de récusation contre lui. On dit la même chose d’un arbitre, d’un expert & de tout autre Officier commis par le Juge.

Déporter, dans nos vieux Auteurs, signifie quelquefois souffrir, supporter. Comme il déporta les outrages qui faits lui avoient été. Tolerare, pati, ferre.