Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DAIS

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 89-90).

DAIS. s. m. Meuble précieux qui sert de parade & de titre d’honneur chez les Princes & les Ducs. C’est une espèce de poële fait en forme de ciel de lit, avec un dossier pendant. Umbella, umbraculum. Il n’y a des dais que chez les Rois, chez les Princes, les Ducs, & les Ambassadeurs.

Le dais se met auprès de la cheminée dans les chambres de parade. On tend un dais dans la grand’Chambre quand le Roi y tient son lit de Justice.

Dais, se prend encore pour un ouvrage d’Architecture & de Sculpture, qui est un ornement de bois, de bronze, de fer, qui sert à couvrir, à couronner un autel, un trône, un tribunal, une chaire de Prédicateur, une œuvre d’Eglise, &c. Ces sortes de dais sont faits en forme de pavillon, de couronne fermée, de consoles adossées. Voyez encore Baldaquin.

Il y a aussi des dais portatifs sur quatre colonnes, sous lesquelles on porte le S. Sacrement. On les appelle aussi le ciel. Les plus notables bourgeois portent le ciel ou le dais à la Procession de la Fête-Dieu. On présente aussi un dais aux Rois, aux Reines & aux Légats qui font leur entrée en cérémonie en quelque ville. Les Echevins ont présenté, ont porté le dais, &c.

Haut dais, est un trône ou un lieu élevé où le Rois donnent leurs audiences, & où ils se tiennent dans les cérémonies publiques, soit qu’il y ait un dais dessus soit qu’il n’y en ait point.

Ce mot vient de ce qu’anciennement on les faisoit comme un couvercle d’ais ou de Menuiserie, qu’on revêtoit de riches étoffes. On a prononcé autrefois ders. Nicod.

Ménage dit qu’il vient de dossium fait de dorsum, d’où l’on a fait dois & dais. On dit aussi qu’on a appelé dois une table entourée de bancs à dos, & couverte par en haut pour garantir de la poudre du plancher : il étoit en usage dès le tems des Romains. On trouve dans la basse latinité, dagus, qu’un vieux glossaire explique par ἐπίσελλιον, la garniture d’une chaise, d’un fauteuil, le tapis que l’on met dessus. Meursius prétend que dagus est le mot François dais : car un dais n’est pas ce qui se met sur un siége pour le couvrir, mais ce qui s’étend au-dessus de la tête de celui qui est assis. Au reste, dais n’est pas un mot nouveau dans la langue ; Matthieu Paris le rapporte dans les vies des Abbés de S. Alban, pag. 92.

L’origine & le premier usage des dais vient de ce qu’on exposoit les corps des Princes après leur mort sur des lits ou des dais magnifiques & de parade, comme on fait encore à présent. Ainsi Constantin fut exposé durant plusieurs jours, & servi avec les mêmes cérémonies que s’il eut été vivant. Les Payens exposoient aussi sur des lits ou des dais les images de leurs Dieux, on leur faisoit de magnifiques festins ; & les Prêtres qui présidoient à ces festins, qui en avoient l’intendance, étoient appelés Epulones. Voyez ce mot.