Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DERCÉTO

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 249).
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DERCÉTO. s. f. Terme de Mythologie. Déesse fabuleuse adorée en Syrie, ou plutôt dans la Palestine. Derceto, Dercetis. Si l’on en croit Pline, Liv. V. c. 13 & c. 23 Dercéto étoit adorée à Joppé, aujourd’hui Jafa. Diodore de Sicile, Liv. I. dit que c’étoit aux environs d’Ascalon. On représentoit Dercéto sous une figure humaine depuis la tête jusqu’à la ceinture, & le reste du corps en poisson : ce qui fait juger à Selden, De Diis Syris Synt. II. c. 3 que c’étoit le Dagon des Philistins. C’est aussi la même Divinité que Atergatis, dont l’on avoit fait Dercéto. Saumaise sur Solin, p. 574 prétend qu’elle fut aussi nommée Céto. Les Syriens la faisoient mère de Semiramis, & racontoient de plaisantes fables sur cette femme que l’on avoit divinisée. On peut les voir dans les Auteurs cités, & ci-dessus au mot Atergatis, où l’on trouvera aussi l’étymologie de ce mot ; & au mot DAGON. Voy. encore Ovide, Métam. Liv. IV c. 44. & suiv. Cluvier, Germ. Ant. L. I. c. 27 p. 235. Selon Vossius De Idolol. L. VII. c. 10, p. 176. Dercéto est la Lune.

Dercéto a été aussi appelée Céto, , comme ilparoît dans Pline, Histoire Nat. L. V, c. 13. De ce nom quelques-uns pourroient inférer, dit Vossius, que Dercéto étoit Andromède parce que le navire qui transporta Andromède, portoit la figure du poisson appelé Cetus, parce que le Prince auquel elle fut promise d’abord, étoit Seigneur d’une Ile où s’exerçoit la Piraterie, & pleine de Pirates, que l’on a pu comparer aux monstres marins nommés Cete, & appeler de leur nom ; Mais Vossius croit bien plus probablement que Céto s’est fait de Dercéto, en retranchant la première syllabe. Et certainement, comme Dercéto s’est fait d’Atergatis par le retranchement aussi de la première syllabe, il est bien plus probable de dire la même chose de Céto & Dercéto que de courir à des raisons tirées d’aussi loin que celles qu’on vient de rapporter pour l’autre sentiment. Voyez Vossius, De Idol. L. I, c. 23, p. 80. L. II. c. 55, p. 308.