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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DISCIPLINE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 371).

☞ DISCIPLINE. s. f. Instruction, institution. Disciplina, institutio. On a mis ce jeune homme sous la discipline d’un Maître & d’un Gouverneur, qui le rendront savant & vertueux. Il y a quelques animaux qui sont capables de discipline, comme le chien, le cheval. Le monde est une école, & un lieu de discipline. S. Evr.

Discipline se dit aussi d’une manière de vie réglée, d’une manière de se conduire en se conformant à certaines lois, à certains réglemens. Disciplina. Vivre dans la discipline. Ces Religieux ont rétabli la vigueur de l’ancienne discipline. Ce Régiment observe scrupuleusement sa discipline.

On dit, La discipline du Palais, la Discipline militaire, la Discipline Ecclésiastique, ou la Discipline de l’Eglise, la Discipline régulière, ou monastique. Disciplina militaris, forensis, ecclesiastica, regularis, religiosa, monastica. On ne dit pas la discipline civile, il faut dire la police. Observer la discipline. Garder la discipline. Rétablir la discipline. Ablanc.

Digne restaurateur de la sainte Doctrine,
Lui seul peut rétablir l’antique Discipline. Vill.

Discipline, est aussi le châtiment ou la peine qu’on impose aux Religieux qui ont fait quelque faute, ou que s’imposent volontairement ceux qui se veulent mortifier. Pœna aut imposita, aut ultro suscepta. On lui a donné la discipline en plein Chapitre. Les dévots prennent eux-mêmes la discipline. Parmi toutes les austérités que pratiquoient les anciens Moines & Solitaires, il n’est point parlé de discipline. Il ne paroît pas même dans l’Antiquité qu’elle ait été en usage, excepté pour punir les Moines qui avoient péché. Du Pin. On dit communément que c’est Saint Dominique l’Encuirassé & le B. Pierre Damien, qui sont les premiers Instituteurs de l’usage de la discipline ; mais, comme l’a remarqué D. Mabillon, Guy Abbé de Pomposie, ou de Pompose, & d’autres encore, le pratiquoient avant eux. Cet usage s’établit dans l’onzième siècle, pour racheter les pénitences que les Canons imposoient aux péchés ; & on les rachetoit non-seulement pour soi, mais pour les autres. Voyez D. Mabillon, Acta Sanct. sæc. VI. P. I. Præ. n. 39. & suiv. Ces pratiques de mortification sont en usage dès le VIe siècle, comme il paroît par la Règle de S. Colomban.

Discipline, se dit aussi de l’instrument avec lequel on châtie, avec lequel on se mortifie, qui ordinairement est fait de cordes nouées, de crin, de parchemin tortillé. Flagellum, verber, verbera. On peint S. Jérôme avec des disciplines de chaînes de fer, avec des molettes d’éperons, &c. Les Mexicains en faisoient avec une herbe qu’ils appeloient muguey, & qu’on nomme ici arrête-bœuf, avec laquelle ils se déchiroient cruellement le corps, & d’une plus forte manière que ne font les Européens.

Laurent, serrez ma haire, avec ma discipline,
Et priez que le Ciel toujours vous illumine. Mol.

Discipline, Ordre de la Discipline, ou de l’Aigle blanc, en Autriche & en Bohème. Equestris Ordo Disciplinarum. La marque de cet Ordre étoit un aigle blanc en champ d’azur, & sur un habit bleu ; symbole de la pureté de la foi, que devoient avoir les Chevaliers, & qui devoit leur mériter le ciel marqué par la couleur bleue. On ne sait quel en est le fondateur. Parce que Lekus I. Roi de Pologne, porta un aigle blanc dans ses drapeaux, quelques Auteurs lui attribuent l’origine de cet Ordre : mais il régnoit en 550, & par conséquent cela ne peut-être, puisqu’il n’y a point d’ordre militaire avant le XIIe siècle, selon la remarque du P. Papebroch. Menenius dit que celui-ci fut établi par un Duc d’Autriche, il appelle le Collier de cet Ordre, Collare aquilâ candidâ exornatum. Voyez Menenius, Deliciæ Equestres, fol. 156. Dom Joseph Michielli. Tesoro Militar. f. 159. Andr. Mendo, De Ord. Milit. p. 15. Caramuel dans sa Théologie Régulière, p. 9. & l’Abbé Justiniani. Hist. di tutti gli Ord. Milit. C. 78. p. 790.