Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DISGRÂCE

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 376).

☞ DISGRÂCE. s. f. Ce mot signifie, quelquefois, perte, privation de crédit, de faveur, de bonnes grâces d’une personne puissante. Comme quand on dit, tomber en disgrâce. Encourir la disgrâce du Prince. Personne ne l’a vu pendant sa disgrâce. Se mettre en disgrâce auprès de quelqu’un. Offensam alicujus mereri, suscipere. Etre en disgrâce. In offensa esse apud aliquem. Quelquefois aussi, ce mot signifie un événement fâcheux. Adversus casus. Il est arrivé une disgrâce à notre ami, il a perdu son procès. Les hommes sont sujets à mille disgrâces. Si l’on parle mal de ce que vous faites, c’est une disgrâce qui vous est commune avec les plus grands hommes de l’Antiquité. Boil. Le souvenir d’une prospérité rend plus vif le sentiment d’une disgrâce présente. Bouh. Comme toute disgrâce peut arriver aux hommes, ils devroient être préparés à toute disgrâce. La Bruy. Nous devons apprendre à subjuguer nos passions, à vaincre nos désirs, & à souffrir patiemment les plus cruelles disgrâces. S. Evr. Bajazet ne put échaper à la vîtesse des chevaux Tartares, & tomba entre les mains du vainqueur. Alors l’Ottoman éprouva dans sa disgrâce la douceur & l’humanité du Tartare. P. Catrou.