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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DISSIPATION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 383-384).
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DISSIPATION. s. f. Action par laquelle une chose se perd, se dissipe. Dissipatio ; bonorum, fortunarum consumptio, dissipatio. L’étude cause une grande dissipation d’esprit. La dissipation des Finances est la ruine de l’Etat.

Dissipation, en termes de Physique, signifie proprement une perte ou déperdition insensible, qui se fait des petites parties d’une chose ; c’est l’écoulement par lequel elles se détachent & se perdent : ainsi on ne dit point dissipation, mais perte de sang, en parlant du sang qu’un homme perd par une plaie, ou de quelqu’autre manière sensible : au contraire, on dit fort bien avec M. Lémery, comme la dissipation des esprits se fait beaucoup plus abondamment que celle des parties solides, la réparation, aussi, en doit être plus fréquente & plus abondante.

Dissipation, dans un sens moral, désigne l’état d’une personne dissipée, c’est-à-dire, répandue dans le monde, livrée aux objets extérieurs qui attirent toute son attention, en sorte qu’elle est plus occupée de ses plaisirs, que de ses devoirs. Combien de fois une indécente curiosité, ou un souvenir importun, au milieu même de la prière, vous ont-ils jeté dans des dissipations, que les inquiétudes de cette vie ne rendent que trop inévitables ? Flech. La dissipation est inévitable dans le commerce du monde. Nicol.