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Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DORSTENIA

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 437).
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DORSTENIA. s. f. Nom d’une plante de l’Amérique méridionale. Le P. Plumier l’a décrite dans son ouvrage intitulé Nova Plantarum Americanarum genera. Il s’en trouve deux espèces dans les Indes Occidentales. Il n’y a aucune différence dans la forme extérieure de ces plantes, qui ont d’ailleurs les mêmes propriétés ; c’est pourquoi on les confond, & on les apporte en Europe sous le même nom. On peut, à ce que je crois, nommer une de ces plantes Dorstenia Dentariæ radice, spondylii folio, placentâ ovali. Et l’autre, Dorstenia Dentariæ radice, folio minùs laciniato, placentâ quadrangulari, & undulato.

La première espèce paroît être le Tuz-Patli de Hernandes, pag. 147. Ses racines qui sont vivaces, poussent au mois de Mai, ou aussitôt qu’il commence à pleuvoir, chacune six ou huit feuilles de quatre ou cinq pouces de long & d’autant de large. Ces feuilles sont coupées en plusieurs segmens qui pénètrent jusqu’à la côte du milieu, à-peu-prés comme dans le sphondilyum : elles sont attachées à des pédicules de cinq ou six pouces, du milieu desquels naissent quatre autres pédicules un peu plus longs ; & dont chacun soutient un corps extraordinaire. Ce corps est plat : il est posé verticalement ; ou, ce qui revient au même, sa partie tranchante est tournée en haut. Le P. Plumier l’appelle pétale. Je la nomme placenta, parce qu’elle en fait l’office. Dans cette première espèce, ce placenta est ovale, & son axe le plus long, est parallèle au pédicule qui le soutient : un côté est lisse & vert comme l’extérieur du calice des autres plantes, & l’autre côté renferme un grand nombre de petits sommets jaunes. Après qu’ils sont tombés, il paroît plusieurs petites semences presque rondes, qui, dans leur maturité, ressemblent assez à celles du gremil ou Lithospermon. Cette espèce croît dans la nouvelle Espagne, proche l’ancienne Veracruz, sur des terreins élevés au bord de la rivière.

La seconde espèce de Dorstenia a le même nombre de feuilles que la première ; mais ses feuilles ont une figure différente : car quelques-unes sont tout d’une pièce, & taillées comme celles de la violette ; d’autres sont angulaires comme celles du lierre ; & il y en a enfin qui sont coupées par segmens, semblables à ceux des feuilles de l’érable ordinaire. Ces feuilles sont minces, lisses, & d’un vert foncé. On ne distingue sur leurs dos que quelques petits poils à peine sensibles. Les pédicules qui soutiennent les fleurs partent immédiatement de la racine dans cette espèce, comme dans la précédente, & s’élevent dans toutes les deux à la hauteur de six ou huit pouces. Le placenta, sur lequel sont posées les fleurs est carré, onde à ses extrêmités, & plus large transversalement que de haut en bas. Les fleurs & les semences sont parfaitement les mêmes dans les deux espèces. Cette seconde Dorstenia croît abondamment sur les terreins élevés & pierreux des environs de Campesche. Je l’ai cueillie dans sa perfection au commencement de Novembre. Houstoun Trans. Phil. 1731. p. 252.