Aller au contenu

Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DRAGOMAN

La bibliothèque libre.
Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 457-458).

DRAGOMAN. s. m. Terme de Relations, qui signifie Truchement. Interpres. Ce mot est presque général en Orient parmi le peuple, pour signifier un Interprète, qui sert à faciliter le commerce des Occidentaux avec les Orientaux.

Ce mot vient sans difficulté de l’arabe Tergeman, ou Tergiman, selon la prononciation des Turcs, Interprète, du verbe Taragem, il a intreprété. Dragoman vient en premier lieu de l’Italien Dragomano. Les Italiens disent aussi Turcimanno, avec plus de rapport à son étymologie Arabe ; & de Turcimanno, nous disons Truchement, aussi-bien que Dragoman & Drogman. Dès long-temps chez les Orientaux, Targum signifie Interprétation, & Metargen, ou Turgeman, Interprète ; ce qui est un mot Chaldaïque, selon Casaubon. Quelques uns dérivent ce mot de l’Allemand. Mais il vient plutôt de Turcimannus, ayant ajoûté le mot de man, qui signifie homme, à celui de Turc. Il y avoit, dans la Cour Byzantine, un Officier qu’on appeloit Maître des Draguemans, comme le dit Tyrius. Ce mot se trouve dans Ville-Hardouin : ce qui a fait croire à quelques-uns que c’étoit un vieux mot François. Du Cange dit que les Auteurs de la basse Latinité, pour signifier Interprètes des langues étrangères, se sont servis de ces mots, Dragumanus, Dorgmandus, Drogemanus, Drogomannus, Turquingens, Turchimannus & Turchemannus. Voyez Truchement, & Drogman.

Castillan plus que Garcillas,
Toscan plus que n’étoit Bocace,
Digne favori de Pallas,
Et grand Dragoman du Parnasse.