Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/RUBAN

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(7p. 454).
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RUBAN. s. m. Tissu plat, fort mince, dont la largeur ne passe pas trois ou quatre doigts, & qui sert à nouer, à lier & ferrer quelque chose. Vitta, tænia. Il sert aussi à orner les habits. On fait des rubans de fil pour divers usages ; des rubans de laine, de padou, pour border des habits ; des rubans de soie, pour faire des garnitures, des ceintures ; des rubans d’or & d’argent, pour des nœuds d’épée, &c. On fait du ruban large, demi-large, & de la nompareille, qu’on appeloit faveur. A Paris on estime les rubans d’Angleterre, à Londres ceux de Paris. Les meilleurs rubans sont ceux qui sont doublées en lisse ; des rubans de Tours, des rubans à double lisse.

Ruban, chez les Ciriers. Cire en ruban. Quelques Blanchisseurs de cire, nomment assez souvent de la sorte, ce que plus ordinairement on nomme cire en feuille. C’est la cire réduite en petits filets plats & larges, environ d’une ligne & demie.

RUBAN. Est aussi un nom que l’on donne à un ver qui s’engendre dans le corps humain. On le lui donne à cause de sa figure plate, & de sa longueur extraordinaire. Tænia. M. Andry, dans son Traité de la génération des vers dans le corps humain, c. ii & iii, traite fort exactement de la génération de ce ver ; on l’appelle aussi ver plat, & le savant Spigélius a fait un Traité du ver plat. Le ver plat est un ver des intestins. Il se nourrit dans le pilore de l’estomac, ou dans les intestins grêles, & se nomme tænia, à cause qu’il ressemble à un ruban, ce mot signifiant en grec toute sorte de cordon plat & long. M. Andry l’appelle aussi solitaire, parce qu’il est seul de son espèce dans les corps où il le trouve. Ce ver est blanc, fort long, quelquefois de plusieurs aunes, & il a le corps articulé. M. Andry qui a conservé dans de l’eau de vie un grand nombre de ces vers qu’il avoit fait sortir du corps de divers malades, remarque qu’il y en a de deux espèces différentes, qu’il décrit avec beaucoup d’exactitude c. iii, art. 2. Cet endroit est digne de la curiosité des Naturalistes. Cet Auteur dit, que comme on ne voit nulle part, soit dans la terre, soit dans l’eau, des vers si longs, pour croire que les germes en puissent être étrangers à l’homme, il y a lieu de conjecturer que ces germes ont été créés dans ceux de l’homme avec l’homme même, ainsi que l’on peut penser des germe des poux, qui ne se trouvent qu’à l’homme, & dont l’espèce seroit détruite, si celle de l’homme venoit à manquer ; en sorte que ce ver ne se produit peut-être en nous, que parce qu’il y a déjà son germe tout créé dans la matière même qui produit de l’homme, semblable à ces plantes qui croissent sur d’autres de différente nature, & qu’on ne voit jamais venir ailleurs, comme le gui, par exemple : car il y a bien de l’apparence qu’elles ont leur semence renfermée dans celle des arbres mêmes où elles s’engendrent. Lors donc que cet insecte trouve dans le fœtus une nourriture convenable, il parvient en peu de temps à une étendue extraordinaire : aussi voit-on des enfans nouveaux-nés en rendre d’extrêmement longs. Or il n’y a pas d’apparence qu’un insecte d’une telle grandeur puisse croître en aussi peu de temps qu’il le faut pour sortir si long du corps d’un enfant nouveau né, s’il n’y avoit été introduit dès le ventre de la mère : c’est le raisonnement d’Hippocrate dans le quatrième livre des maladies, où il parle au long de ce ver, & ce raisonnement paroît fort conforme à la raison. On a vu des enfans très-jeunes en rendre qui avoient plus de quatre aunes ; & Wolpius, dans ses Observations, cite l’exemple d’une petite fille à la mamelle, qui en rendit un de cette longueur. M. Andry dit, qu’il n’est pas difficile de comprendre que ce ver se puisse engendrer dans le fœtus si l’on fait réflexion à l’abondante nourriture que l’enfant reçoit au ventre de sa mère, puisqu’il s’y nourri par le cordon ombilical, par la bouche, & par les pores de la peau ; en sorte qu’il est difficile qu’une nourriture si abondante ne soit sujette à se corrompre, pour peu que le fœtus manque des conditions nécessaire pour la digérer. Il est vrai, ajoûte-t-il, que l’enfant croissant dix mille fois plus vite au ventre de la mère, qu’après qu’il est né, il ne lui faut pas moins que cette quantité de nourriture pour fournir à un accroissement si prompt ; mais aussi il faut que l’enfant la puisse digérer parfaitement, sans quoi le surperflu de ce suc nourricier se tournant en corruption, peut donner lieu à la génération du ver dont il s’agit, & suffire ensuite pour le nourrir, quelque long qu’il devienne. Quand ce ver est une fois sorti du corps, il ne s’y en engendre plus de semblable, c’est ce qui a été remarque par le savant Spigélius, dans son Traité du ver plat, & par tous les Médecins qui ont examiné avec soin la nature de cet insecte.

Rubans, sont aussi des ornemens d’architecture qui paroissent des rubans tortillés ; on les met sur des baguettes & sur des rudentures, & on les taille de bas-relief, ou évidés. Intortæ tæniæ.

☞ En Conchyliologie on appelle ruban toute bande très-étroite que l’on remarque sur la superficie d’une coquille.

☞ On le dit de même en Jardinage des bandes qui s’observent sur les feuilles de certaines fleurs. Il y a une espèce de jacinthe qu’on appelle pour cela le ruban.