Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/271-280

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Fascicules du tome 1
pages 261 à 270

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 271 à 280

pages 281 à 290


faisons des olives, mais il est beaucoup meilleur, & même que les prunes de damas. Louis Barthéma, & Nicolas de Conti, Vénitien, dans le recueil de Ramusio.

☞ AMBACEL, ou AMRA-SEL. Contrée & montagne d’Afrique, dans l’Abissinie, au royaume d’Ambara. Il y a dans cette province une roche où l’on enferme les Princes du sang jusqu’à ce que leur tour de succéder soit venu.

☞ AMBACHT. Terme de Topographie, qui se prend aujourd’hui pour une étendue de juridiction, pour un territoire, dont le possesseur a droit de haute & basse justice. On ne se sert de ce terme qu’à l’égard de quelques villes de Flandre. Ce mot est ancien ; mais dans une signification un peu différente, quoique relative. Ennius nomme Ambactus, un esclave loué pour de l’argent, un mercenaire ; & César nomme ambacti, une sorte de cliens, qui, sans être esclaves, étoient attachés à quelque Seigneur. Car en parlant des Cavaliers Gaulois, il dit que chacun d’eux, à proportion de sa naissance ou de son bien, menoit avec lui quantité d’ambactes & de cliens. Le mot d’ambacht dans les Auteurs du moyen âge, signifie office, commission, juridiction d’une ville. Voy. le Gloss. de Du Cange. Quelques-uns croient que ce mot est Gaulois d’origine, & le passage de César dont on vient de parler, semble favoriser ce sentiment. M. Dacier sur Festus le croit latin. Amb ne signifie que circum, & ambactus, circum actus. Voyez Saumaise de Usur. D’autres le dérivent de l’allemand, ampt, office, charge, & acht, achten, honorer, estimer. Le P. Lubin observe qu’ambactum ou ambacta est un mot en usage dans la Flandre Flamingante, où l’on nomme ambacten, pluriel d’ambacht, une espèce de territoire de la juridiction d’une sorte de banc, scamnum, ou séances & offices de judicatures, comme sont les ambachts de Bourbourg, de Bergues, de Furnes, de Cassel & d’Ypres. C’est à-peu-près la même chose que les châtellenies.

AMBADARA. Ville du royaume de Bagamédrie, en Abissinie. Ambadara. On n’en sait pas bien la situation juste. On la place sur le Nil, tel que les Anciens en décrivoient le cours, au sud-est de la ville d’Ambiancativa.

AMBAGES. s. f. plur. Vieux mot, qui signifioit autrefois un amas confus & obscur de paroles, dont on a de la peine à deviner la signification. Ambages. Les Chimistes ne parlent que par ambages, & ne sont point entendus. Ce mot est plus latin que françois. Ablancourt s’en est servi.

AMBAIBA. s. m. Arbre du Brésil, extrêmement haut, presqu’à plomb, & en général sans branches, & lorsqu’il en a, elles sortent seulement du sommet. L’écorce extérieure ressemble à celle du figuier, & est d’abord composée d’une peau mince de couleur de cendre, sous laquelle est une écorce épaisse, verte & gluante. Le bois est blanc. Le tronc est d’une grosseur moyenne, & entièrement creux depuis la racine jusqu’au sommet, &c. Les feuilles sortent du sommet en ordre circulaire. Elles sont larges, rondes, de la largeur d’une feuille de moyen papier, & quelquefois davantage, découpées en neuf ou dix lanières qui ont à leur centre un pédicule d’où part une côte de couleur rouge foncé, qui traverse de long en long chaque lanière qui est parsemée d’un grand nombre de nervures obliques, &c. La cavité qui est au sommet de l’arbre, contient une moelle blanche, grasse & succulente, dont les Nègres se servent pour guérir leurs blessures.

AMBAINTINGA. s. m. Arbre sauvage du Brésil. Il tient du pin, & du cyprès, sans être précisement ni l’un ni l’autre. Sa feuille a le grain si rude qu’on s’en sert comme d’une lime pour polir.

AMBALAM. s. m. Grand arbre des Indes. Il croît dans les lieux sablonneux. Son tronc est si gros, qu’à peine un homme peut-il l’embrasser. Sa racine est longue & fibreuse. Son bois est lisse & poli, & couvert d’une écorce épaisse. Les branches les plus grandes sont de couleur verte, & couvertes d’une poussière bleue. Ses feuilles sont composées de deux paires de feuilles plus petites, terminées par une feuille de figure irrégulière, &c. Il sort des jets que poussent les branches les plus grandes un grand nombre de fleurs. Ces jets, de même que les feuilles, ont un goût amer & acide, approchant de celui du fruit du Mango, & une odeur forte & acide. Ses fleurs sont blanches & petites, & ressemblent à de petites étoiles. Elles sont composées de cinq ou six pétales minces & pointus, & un peu durs & luisans, &c. Lorsque les boutons des fleurs viennent à pousser, l’arbre se dépouille de ses feuilles, & ne les reprend que lorsque le fruit paroît.

AMBARA, ou AMBARE. s. m. Grand poisson qui se trouve dans l’Océan Atlantique, vis-à-vis les côtes d’Afrique. Jean Léon l’Africain, dans la IXe partie de son Afrique, rapporte qu’il est d’une forme & d’une grandeur énorme ; qu’on ne le voit jamais que quand il est mort, parce qu’alors la mer le jette sur le rivage ; que sa tête est dure comme si elle étoit de pierre ; qu’on en a trouvé qui avoient vingt-cinq brasses de long, & d’autres encore plus ; que les Africains qui demeurent sur les côtes, disent que c’est le poisson qui jette l’ambre, & que les uns disent que c’est son excrément, & d’autres sa semence. Il paroît par-là que c’est le même que d’autres appellent Ambracan.

AMBARE d’Inde, est un arbre dont les feuilles sont grandes comme celles du noyer, d’un vert plus clair, parsemées de plusieurs veines ou nerfs : ses fleurs sont petites, blanches : son fruit est gros comme une noix, vert au commencement ; en mûrissant il devient jaune, d’une odeur agréable, & d’un goût aigrelet : l’odeur ambrée du fruit lui a fait donner ce nom.

AMBARVALES. s. m. plur. ou plutôt adjectif pris substantivement. Ambarvalia. Ambarvale sacrum. Fête, ou cérémonie qui se faisoit chez les anciens Romains, pour obtenir des Dieux une bonne récolte. On immoloit une génisse, ou une laie pleine, ou une brebis ; & avant le sacrifice on la conduisoit en procession autour des champs. C’est de-là que cette fête a pris son nom. Rosinus la met parmi celles qui n’étoient point fixées à un certain jour ; mais qui se faisoient néanmoins tous les ans. Le titre du chap. 141 de Caton, De Re Rust, semble marquer qu’il étoit libre de faire cette cérémonie. Quelques Auteurs disent que les Ambarvales se célébroient deux fois l’année : 1.o à la fin de Janvier, ou au mois d’Avril, & la seconde fois au mois de Juillet. Rosinus dit qu’elle se célébroit vers le temps de la moisson, maturis frugibus. Ce sentiment me paroît d’autant plus vraisemblable, que dans les fastes d’Ovide, qui nous décrit toutes les fêtes des six premiers mois de l’année, depuis Janvier jusqu’à Juin inclusivement, il n’est point parlé des Ambarvales. Il faut donc qu’ils ne tombassent point dans ces six premiers mois, mais apparemment en Juillet. Caton, De Re Rust. ch. 141. Virg. Ecl. III. v. 77. Tibul. Liv. II. Eleg. I. v. 15. & suiv. Servius, sur l’endroit de Virgile que j’ai cité. Macrob. Liv. III. Ch. 5. Turnébe, Advers. Liv. XVIII. Ch. 17. parlent des Ambarvales ; & Johannes Rosinus les décrit exactement dans son Ve Liv. des Antiquités Romaines, Ch. 17.

AMBARVALE, est aussi un adjectif m. & f. Victime Ambarvale, Ambarvalis hostia. On faisoit faire à la victime Ambarvale trois tours autour des champs. Le sacrifice Ambarvale étoit composé d’une truie, d’une brebis, & d’une génisse, ou d’un taureau, & s’appeloit Suovetaurilia. (Sus, ovis, taurus). La prière Ambarvale, Ambarvale carmen, c’est la prière que l’on faisoit dans cette cérémonie, & dont Caton nous a conservé la formule dans son 141 Ch. De Re Rust. Cette cérémonie se faisoit non-seulement à la campagne, mais encore à Rome, & l’on appeloit ceux qui en avoient le soin & la conduite, Fratres Arvales.

Ambarvale, est formé de Ambio, je tourne autour, & arva, les champs, pour la raison que j’ai dite.

☞ AMBA-SANET. Gouvernement d’Abissinie, au royaume de Tigre. Il y a dans ce gouvernement une roche, qui est une espèce de forteresse imprenable.

AMBASSADE. s. f. Envoi que les Souverains se font les uns aux autres de quelque personne habile, expérimentée, & ordinairement de qualité, pour négocier les affaires qu’ils ont ensemble. Legatio. Il s’en fait aussi pour quelques complimens, ou cérémonies solennelles. L’Ambassade de Rome est tenue pour la plus honorable. L’Ambassade de Nimègue pour la paix étoit composée de trois Plénipotentiaires. Il envoya quelqu’un en Ambassade. Aller en Ambassade.

Ambassade, se prend aussi pour la charge d’Ambassadeur, pour la fonction d’Ambassadeur. Faire bien son Ambassade. S’acquitter glorieusement de son Ambassade.

Ambassade, se prend encore pour les gens mêmes qui sont envoyés en Ambassade. Il lui arriva une Ambassade des Scythes. Vaug. On dit, qu’une Ambassade est magnifique ; pour dire, que la suite de l’Ambassadeur est nombreuse & magnifique. Acad. Fr.

Ambassade, signifie aussi en termes familiers, un petit message qu’on fait faire par un ami, ou par un domestique, pour quelque affaire particulière. Elle a reçu une Ambassade de la part de son galant. Mol. Je ne veux point me charger d’une pareille Ambassade.

On dit proverbialement, pour se moquer d’un train en désordre, c’est l’Ambassade de Viarron, deux chevaux & une mule.

AMBASSADEUR. s. m. Ministre public envoyé par un Souverain à un autre Souverain, pour y représenter sa personne. Legatus, Orator. Wicq. Ce mot a une signification bien plus ample que celui de Legatus chez les Romains, & à la réserve de la protection que le droit des gens donne à l’un & à l’autre, ils n’ont presque rien de commun. L’Ambassadeur est un espion honorable à couvert par le droit des gens. Wicq. Tout le rafinement d’un Ambassadeur, & toute la politique tendent à tromper, & à n’être point trompé. La Bruy. Un Ambassadeur, après avoir bien joué son rôle sur le théâtre de la Cour, doit quitter son personnage en particulier. Wicq. Ce composé de formalités, & de bienséances, peut bien former un pédant politique, & non pas un parfait Ambassadeur, qui doit être honnête-homme quand il ne joue plus la Comédie. Id. Ambassadeur ordinaire, est celui qui réside en la Cour d’un autre Prince par honneur, & pour entretenir réciproquement l’amitié, ou pour négocier les affaires survenantes. Legatus, Orator ordinarius. A proprement parler, les ambassades ordinaires ne sont point du droit des gens. Il y a 200 ans qu’elles étoient inconnues. Tous les Ambassadeurs étoient extraordinaires, & se retiroient sitôt qu’ils avoient achevé l’affaire qu’ils avoient à négocier. Ambassadeur extraordinaire, est celui qui vient en la Cour d’un Prince pour quelque affaire particulière, comme pour conclure une paix, un mariage, conduire une Reine, faire des complimens, &c. Legatus, Orator extraordinarius. Il n’y a nulle différence essentielle entr’eux, & ils jouissent également de toutes les prérogatives que le droit des gens leur accorde. Il n’est point nécessaire qu’un Ambassadeur soit homme de bien. Il suffit qu’il ait un grand extérieur, & une belle apparence, dont il tirera de plus grands avantages que de la vertu même. Wicq. Le nom d’Ambassadeur est un nom de respect & d’autorité. Cicéron, Orat. 6. in Verr. n. 85. David fit la guerre aux Ammonites pour venger l’injure faite à ses Ambassadeurs. Liv. II. des Rois, Ch. 29. I. Paral. Ch. 19. Alexandre fit passer au fil de l’épée les habitans de Tyr, qui avoient insulté ses Ambassadeurs. La jeunesse de Rome ayant outragé les Ambassadeurs de Vallonne fut livrée entre leurs mains pour se venger à discrétion. Jean Basilowitz, Duc de Moscovie, fit clouer le chapeau sur la tête d’un Ambassadeur d’un Prince étranger, qui avoit osé se couvrir en sa présence. Journ. des Sav. Août 1679. De Roch. Les Ambassadeurs des Rois ne doivent aller aux noces, aux enterremens, ni aux assemblées publiques & solennelles, si leur maître n’y a intérêt ; ils ne doivent point aussi porter le deuil, parce qu’ils représentent la personne du Prince. Scaliger au mot Ambassadeur. Id. Cela ne se doit entendre que d’un deuil que leur maître ne porte point. On fait des entrées aux Ambassadeurs ; c’est-à-dire, qu’on les envoie recevoir avec cérémonie ; les carrosses du Roi & des Princes vont au-devant d’eux. Il y a des charges d’Introducteurs des Ambassadeurs chez le Roi & chez Monsieur. C’étoit la coutume sous nos premiers Rois, & cette coutume dura long-temps en France, d’envoyer plusieurs Ambassadeurs, qui composoient comme une espèce de conseil. P. Dan. Avant Louis XI, la manière étoit, que quand un Prince avoit du mécontentement d’un autre pour quelque sujet qui ne méritoit point une déclaration de guerre, il rompoit toute liaison avec lui, ne lui envoyoit plus d’Ambassadeurs, veilloit seulement sur ses démarches dans les Cours étrangères ; & jusqu’à ce que quelque conjoncture eût rétabli la bonne intelligence, ils n’avoient plus aucun rapport ensemble. La coutume fut alors toute contraire : quelque soupçon, quelque défiance que l’on eût les uns des autres, quelques différents qui survinssent, on étoit en négociations continuelles, & l’adresse des Princes, ou des Ambassadeurs, étoit de fournir toujours quelque matière pour les continuer. Id. L’Auteur des Mémoires & Instructions pour servir dans les négociations, & affaires concernant les droits du Roi, imprimées chez Cramoisi en 1666, observe que les Cardinaux peuvent, sans se faire tort, être Ambassadeurs des Princes séculiers. Ce mot vient de Ambasciator dont se sont servis les Auteurs de la basse latinité, qui a été fait de ambactus, vieux mot latin tiré du Gaulois, signifiant, Serviteur, Client, Domestique, ou Officier, selon Borel & Ménage, & Chiflet dans son Glossarium salicum, après Saumaise & Spelman. Les Jésuites d’Anvers, dans les Acta Sanct. Mart. Tom. II. pag. 128. rejettent cette opinion, parce que l’ambact des Gaulois avoit cessé d’être en usage long-temps avant que le terme d’ambascia, & d’ambassade s’introduisit. Mais cela n’est pas vrai ; car on trouve ambascia dans la Loi Salique, tit. 19. qui s’est fait d’ambactia, en prononçant le t comme dans actio : & ambactia vient d’ambactus. Lindenbrock le dérive de l’Allemand ambacht, qui signifie œuvre, comme si on se louoit pour faire quelque ouvrage ou légation. Chorier, dans son Histoire de Dauphiné, sur l’ambascia qui se trouve dans la loi des Bourguignons, dit la même chose que Lindenbrock ; & il ajoute, parmi les ouvriers des plus bas métiers, ambauche & ambaucher, sont des mots connus qui viennent de cette origine. Albertus Acharisius, en son Dictionnaire Italien, le dérive de ambulare. Les Jésuites d’Anvers, à l’endroit que j’ai cité, disent que l’on trouve ambascia dans les lois des Bourguignons ; que c’est de-là qu’on a fait ambassicatores & ambasciatores, pour dire, les Envoyés, les Agens d’un Prince, ou d’un Etat, à un autre Prince, ou Etat. Ils croient donc que chez les Barbares qui inonderent l’Europe, ambascia signifioit le discours d’un homme qui s’humilie, qui s’abaisse devant un autre en le priant ; & qu’il vient de la même racine qu’abaisser, en ajoutant un m, pour rendre le nom plus doux ; ou bien que c’est le discours par lequel un homme reconnoît qu’un autre est son Seigneur, & que ce nom est composé de an, ou am, qui signifie ad, & de bâs, qui vouloit dire Seigneur. Enfin, ils ne doutent nullement que ce mot, dans son origine, n’emporte de la soumission & de l’infériorité, de même que celui d’Orator, que l’on a donné à ceux que nous appelons Ambassadeurs.

On dit, qu’un homme a un train, un équipage d’Ambassadeur ; pour dire, qu’il a un train, un équipage magnifique.

A Athènes, les Ambassadeurs étrangers montoient dans la tribune des Orateurs, pour exposer leur commission, & pour se faire mieux entendre du peuple. A Rome, ils étoient introduits au Sénat, auquel ils exposoient leurs ordres. Athènes & Sparthe florissantes n’avoient autrefois rien tant aimé, que de voir & d’entendre dans leurs assemblées divers Ambassadeurs, qui recherchoient la protection, ou l’alliance de l’une ou de l’autre. C’étoit, à leur gré, le plus bel hommage qu’on leur pût rendre ; & celle qui recevoit le plus d’ambassades, croyoit l’emporter sur sa rivale. Tourr.

Ambassadeur. s. m. Du temps de S. Charles Borromée, Archevêque de Milan, on appela Ambassadeurs du Carnaval, ceux qui furent envoyés à Rome pour s’opposer au règlement que ce saint Prélat avoit publié pour faire commencer à Milan le jeûne & l’observance du Carême dès le Mercredi des Cendres, au lieu que par un abus on ne commençoit qu’après le Dimanche de la Quadragésime.

Ambassadeur, se dit aussi de quelques personnes qu’on envoie pour faire quelque petit message, ou négociation ; mais ce n’est que dans le discours familier & en badinant. C’est un Ambassadeur d’amour. Il a bien choisi son monde, que de te prendre pour son Ambassadeur. Mol.

AMBASSADRICE. s. f. C’est la femme de l’Ambassadeur. Legaci uxor, Oratoris conjux. La Maréchale de Guébriant a été la première femme, & peut-être la seule, qui ait eu cette qualité de son chef. Wicq. Le Roi de Perse envoya une Dame de sa Cour en Ambassade vers le Grand-Seigneur pendant les troubles de l’Empire. Matth. Liv. IV. Vie de Henri IV. De Roch. On appelle aussi une Ambassadrice d’amour, celle qui en est l’entremetteuse. Je suis une Ambassadrice de joie. Mol. ☞ On le dit généralement dans le discours familier de toutes les personnes qu’on emploie pour quelque message. Vous m’avez envoyé une jolie Ambassadrice.

AMBAYBA. Arbre des Indes Occidentales. Voyez Ambaiba.

AMBELA. s. m. Nom que les Turcs & les Persans donnent à un arbre dont il y a deux espèces. L’un est aussi grand que le néflier ; ses feuilles ressemblent à celles du poirier, & son fruit approche de la noisette, & a le même goût que le verjus, quoique beaucoup plus agréable. On le confit avant & dans sa maturité, & on le mange avec du sel. L’autre est de la même grandeur, mais ses feuilles sont plus petites que celles du pommier, & son fruit plus gros. Les Indiens font bouillir son bois avec le sandal, & en donnent la décoction contre les fièvres.

AMBER. Rivière d’Allemagne. Amber, Ambra, Ambro. Elle est en Bavière. Elle prend sa source dans le Tirol, traverse l’Ammerzée, ou lac d’Amber, & se joint à l’Iser au-dessus de Mosburg.

AMBERG. Ville d’Allemagne. Amberga. C’est la capitale du Palannat de Bavière. Elle est aux confins de la Franconie, sur la petite rivière de Wils, au nord de Ratisbonne.

AMBERGOIS, OISE. s. m. & f. Habitant d’Amberg. Ambergensis, e. Les Ambergois font grand commerce de fer & d’autres minéraux qui se tirent des montagnes voisines.

AMBERT. Lieu situé dans la forêt d’Orléans. Les deux premiers Monastères qu’aient eu les Célestins en France, sont celui d’Ambert & celui du Mont de Chartres, dans la forêt de Compiégne. P. Hélyot, T. VI. p. 188.

Ambert. Petite ville de France, dans la basse Auvergne, chef-lieu d’un petit pays appelé Livradois. Il y a des Manufactures de camelots & de papier.

AMBERZÉE, ou AMMERZÉE, qui signifie Mer d’Amber, c’est-à-dire, Lac d’Amber. Ambræ, ou Ambronis lacus. Il est en Bavière près de Landsberg, & formé par la rivière d’Amber.

AMBESAS. s. m. Terme de Jeu de trictrac, qui se dit quand avec les deux dés on amene deux as. Lusoriæ tesseræa punctorum duella. Ce mot vient du latin ambo. On trouve dans le Roman de la Rose ambedeux. Les Italiens disent aussi ambedue. Nous disons plus communément beset.

AMBI. s. m. Machine ou instrument de Chirurgie propre à réduire la luxation du bras, dans laquelle la tête de l’humérus est tombée sous l’aisselle. On l’appelle Ambi d’Hippocrate, du nom de son auteur. Il est composé de deux pièces de bois jointes ensemble par une charnière ou un aissieu. L’une sert de pied, l’autre de levier. Le mot ambi vient du grec ἄμβη, sommet ou éminence en manière de sourcil ; parce que la tête du levier est taillée en rond comme un sourcil, pour s’adapter à la cavité de l’aisselle.

AMBIA-MONARDI. C’est un bitume liquide, jaune, dont l’odeur approche de celle du Tacamahaca : il coule d’une fontaine située aux environs de la mer des Indes : il est résolutif, adoucissant : il guérit les dartres.

AMBIAM. Royaume d’Abissinie, en Afrique. Ambiamum. Il ne se trouve point sur la carte d’Afrique de M. De Lisle. D’autres le placent entre le Nil des Anciens, & une rivière qui sortant du lac de Zaflan, va se joindre au Nil, sous le troisième degré de latitude nord, & lui donnent pour capitale une ville de même nom, qu’ils mettent sous le second degré 30 minutes de latitude septentrionale. Le royaume & la ville sont imaginaires.

AMBIANCATIVA. Royaume de l’Abissinie. Ambiancativa. On le place dans les cartes, entre le Nil des Anciens, le Niger, la Nubie, & le royaume de Dambéa, & on lui donne une ville de même nom pour capitale. Cela a de la peine à s’accorder avec nos cartes les plus récentes ; & M. De Lisle n’a point mis ce royaume dans sa carte. Aussi n’existe-t-il pas.

AMBIANOIS. Voyez Amienois.

AMBIANT, ANTE. adj. Ambiens. Qui environne, qui entoure, qui enveloppe. Il n’y a guère que les Physiciens qui se servent de ce terme, mais il leur est d’une grande utilité pour expliquer des choses qu’ils auroient peine à faire entendre clairement sans de longues périphrases. On a cru long-temps que les vapeurs qui s’élèvent dans l’air étant formées en petites bulles remplies d’un air plus subtil, devenoient plus légères que l’air ambiant, ce qui les faisoit monter ; mais on est revenu de cette opinion. Des Aguiliers.

☞ On l’emploie aussi substantivement. Tout corps fait effort pour agir au dehors, & agiroit notablement, si les efforts contraires des ambians ne l’en empêchoient. Leibnitzs, Lettre à M. Pelisson, imprimée dans son Traité de la Tolérance des Religions, p. 63.

AMBIBARE. s. m. & f. Ancien peuple des Gaules. Voyez Ambie. Ambibarus, a. Quelques-uns disent Ambibarius ; mais toutes les éditions anciennes que j’ai vues ont Ambibarus.

AMBIDEXTRE. adj. de t. g. Qui se sert également de ses deux mains, de la gauche aussi-bien que de la droite. Ambidexter. Sinistrâ perinde utens ac dextrâ. Hippocrate en ses Aphorismes, dit que cela n’arrive jamais aux femmes. C’est une erreur. Du Cange dit qu’on a aussi appelé ambidextre, dans un sens métaphorique, un Juge, un Expert, un Solliciteur, celui qui prend à droite & à gauche ; qui reçoit des présens de l’une & de l’autre des parties. Ce mot est tiré du latin ambidexter, qui signifie la même chose.

AMBIE. Bourg de Normandie. Ambia. On croit que ce nom vient des anciens Ambibariens, Ambibarii dans César, peuples qui habitoient dans ce qui fait aujourd’hui le diocèse d’Avranches. C’est le sentiment de Vigenère, qui met Ambie près du mont Saint Michel. Il est entre Avranches & Coutances. César dans la guerre des Gaules, L. VII, met Ambie, ou les Ambibares, au nombre des Armoriques.

AMBIERLE. Bourg du Forez, en France. Amberta. Il est sur les confins du Bourbonnois, au nord-ouest de Roanne.

☞ AMBIGU, UE. adj. Ambiguus. Ce mot, disent les Vocabulistes, désigne au propre, ce qui est obscur, équivoque, douteux, qui peut avoir un double sens. Pourquoi tous ces prétendus synonymes ? Le mot ambigu s’applique proprement aux choses tellement susceptibles de diverses interprétations, qu’il est très-difficile, quelquefois même impossible de démêler au juste la pensée précise de l’auteur, ou de celui qui parle. Voyez les autres mots & ambiguité. Parler en termes ambigus. Les réponses des Oracles des Anciens étoient ambigues. Le sens de ce passage est fort ambigu. Signes ambigus. Preuves ambigues.

Ambigu. s. m. est une collation mêlée, & où l’on sert la viande & le fruit ensemble ; en sorte qu’on doute si c’est une simple collation, ou un souper. Cœna dubia, Dubiæ epulæ. ☞ On nous servit un magnifique ambigu.

☞ On le dit figurément d’un mélange de choses opposées. C’est un ambigu de précieuse & de coquette, que leur personne. Mol. Cette femme est un ambigu de prude & de coquette.

Ambigu. Terme de jeu. C’est le nom d’un jeu de cartes qui se joue avec le jeu entier, dont on a ôté toutes les figures. On le joue depuis deux joueurs jusqu’à six ; mais il est plus agréable & plus récréatif à cinq ou six qu’à deux. On le nomme l’ambigu, parce qu’il est composé de plusieurs autres jeux.

AMBIGUITÉ. s. f. Obscurité de paroles, qui fait qu’on a de la peine à démêler au juste la pensée de quelqu’un. Ambiguitas. Il faut que les termes des loix & des édits soient clairs, & sans ambiguité. Un cœur droit & sincère s’explique sans détour, & sans ambiguité. S. Evr.

Ambiguité. Équivoque, double sens, dans une signification synonyme. L’Ambiguité, dit M. l’Abbé Girard, a un sens général, susceptible de diverses interprétations ; ce qui fait qu’on a de la peine à démêler la pensée précise de l’Auteur, & qu’il est même quelquefois impossible de la démêler au juste. Le double sens a deux significations naturelles & convenables, par l’une desquelles il se présente littéralement pour être compris de tout le monde, & par l’autre il fait une fine allusion, pour n’être entendu que de certaines personnes. L’Equivoque a deux sens, l’un naturel qui paroît être celui qu’on veut faire entendre & qui est effectivement entendu de ceux qui écoutent ; l’autre détourné, qui n’est entendu que de la personne qui parle, & qu’on ne soupçonne pas même pouvoir être celui qu’elle veut faire entendre.

☞ Ces trois façons de parler, sont dans l’occasion des subterfuges, pour cacher sa véritable pensée. Mais on se sert de l’équivoque pour tromper ; de l’ambiguité, pour ne pas trop instruire ; & du double sens, pour instruire avec précaution. L’ambiguité est peut-être plus souvent l’effet d’une confusion d’idées, que d’un dessein prémédité de ne point éclairer ceux qui écoutent. On ne doit en faire usage que dans les occasions où il est dangereux de trop instruire.

AMBIGUMENT. adv. D’une manière ambigue. Ambiguè. Ce criminel répond toujours ambigument. Un habile négociateur fait parler ambigument, & d’une manière enveloppée, pour faire valoir, ou pour diminuer dans la suite la force des mots, selon ses intérêts. La Bruy. Ces mots viennent d’ambo, deux, & ago, je pousse. Et l’on appelle ambigu & ambiguité, ce qui tient l’esprit en suspens, qui le divise çà & là, sans qu’il puisse se résoudre à un parti fixe & déterminé. De Roch. Ce qui le pousse, l’entraîne, le porte également de deux côtés, en lui offrant deux sens, dont il ne sait lequel prendre.

AMBION. Nom que quelques-uns donne au ruisseau qui passe à Caudebec. Voyez la Descr. géogr. & hist. de la haute Norm. tom. I. pag. 7.

☞ AMBITÉ. adj. Terme de Verrerie, qui se dit du verre quand il est mou, quand il n’y a pas assez de sable : alors il est tout parsemé de petits grumeaux & casse facilement.

AMBITIEUX, EUSE. adj. Rempli d’un desir, déréglé de gloire, de dignité, de fortune, qui a une passion excessive de s’agrandir. Ambitiosus. C’est un homme ambitieux d’honneur. Le P. Bouhours désapprouve cette phrase, & a raison. Un Prince ambitieux est mauvais voisin. César étoit ambitieux outre mesure. Il faut être délicatement ambitieux. Esp.

La fortune capricieuse
Fait acheter trop cher le suprême crédit :
Et la crainte, & l’espoir d’une ame ambitieuse,
La font plus souffrir qu’on ne dit. M. Scud.

On appelle Ornemens ambitieux, dans un discours, des ornemens trop recherchés, trop affectés.

☞ Ce mot est souvent employé substantivement. Un ambitieux a autant de maîtres qu’il y a de gens qui lui sont utiles. La Bruy. L’ambitieux ne cherche les dignités que par le plaisir d’être élevé au-dessus des autres. Abad. L’ambitieux sacrifie tout à sa passion. Voyez un ambitieux, l’obscurité de son nom l’importune : il aime mieux périr, pourvu qu’il fasse du bruit en tombant. Du R. Sénéque étoit un ambitieux qui prétendoit à l’Empire. S. Evr. Catherine de Médicis étoit une ambitieuse, qui n’aspiroit qu’à régner souverainement. Alors il est toujours pris en mauvaise part. On a donné pour devise à un ambitieux, un Caméléon, Vescitur aurâ, il se nourrit d’air ; une chandelle, Luce perit fuâ ; une flamme Semper sursùm ; du feu, Splendet & absumit ; un oiseau dans une cage, Lesca mi dona, & libertà mi toglie.

On appelle en termes de Banquier en cour de Rome, une course ambitieuse, quand on envoie un courrier à Rome pour impétrer le bénéfice d’un homme qui n’est pas encore mort ; & quand cela est prouvé, l’impétration est nulle.

AMBITIEUSEMENT. adv. D’une manière ambitieuse. Ambitiosè. L’instruction morale ou politique, ne doit point être ambitieusement étalée. Vall. Ce n’étoit point un esprit de supériorité qui cherchât à s’élever ambitieusement au-dessus des autres. S. Evr.

Ambitieusement, se dit aussi figuré, du style, & signifie, pompeusement, avec enflure, & d’une manière trop élevée. Il a retenu son style dans une juste médiocrité, sans lui permettre de s’élever trop ambitieusement. Pell.

AMBITION. s. f. Passion déréglée qu’on a pour la gloire & pour la fortune. ☞ Passion qui nous porte avec excès à nous agrandir. Ambitio. L’amour propre se portant vers les dignités avec une passion qui choque la raison & la justice, se nomme ambition. Abad. Ambitio. L’ambition est un desir ardent de surpasser les autres en mérite & en gloire. Cail. L’ambition est une passion turbulente qui bouleverse tout, & qui sert de supplice à ceux-mêmes qui en sont tourmentés. Du R. Il y a aussi une honnête, une noble, une louable ambition, qui fait arriver aux honneurs par le chemin de la vertu. L’ambition d’Alexandre a ruiné toute l’Asie. Quoi ! s’écria S. Canut, lorsque les Danois s’offrirent à chasser son frere, & à le mettre sur le trône, quoi ! mon ambition désoleroit ma patrie ? Ah ! C’est Dieu qui dispose des couronnes, je ne la méritois pas, puisqu’il ne me l’a pas donnée. Ab. de Choisy. Il y a des gens qui ne renoncent à l’ambition que par paresse, & pour s’épargner les mouvemens, & les agitations qui en sont inséparables. S. Evr. L’ambition fait tout entreprendre pour acquérir l’estime des hommes ; & par-là il n’y a point de vertu si utile que cette folle passion. Du R. L’ambition, parce qu’elle est trop contraire au repos, n’est ni une passion générale, ni une passion délicieuse. Fonten. Le sage se guérit de l’ambition, par l’ambition même. La Bruy. Depuis que l’ambition s’est emparée d’un cœur, elle lui donne plus de désir d’acquérir la gloire, que de force pour la supporter. Le Gend. ☞ L’ambition est vice, ou vertu, selon le choix des moyens par lesquels les ambitieux vont à leur but.

☞ Ce mot quand il est seul, se prend ordinairement en mauvaise part, & ne peut être pris dans un sens favorable, que quand il est joint à quelque épithète qui le modifie, ou quand ce qui précède, ou ce qui suit le détourne de sa signification ordinaire. C’est ainsi qu’on dit une louable ambition, une noble ambition. Un bon Prince n’a d’autre ambition que de rendre ses sujets heureux.

☞ AMBITIONNER. v. a. rechercher avec empressement, avec ardeur. Ambire. Ambitionner les honneurs, les premières places, les dignités. Vaugelas n’approuve point ce mot. Tous ceux qui font profession de parler & d’écrire purement, l’ont toujours condamné. Tous les efforts qu’on a faits pour l’introduire, ont, dit-il, été inutiles, & il n’y a pas d’apparence qu’il s’établisse jamais. Il est si mauvais, ajoute-t-il, que même il ne vaut rien au participe, & que ceux qui rejettent le verbe, rejettent aussi ambitionné. Il ne déplaît pas moins au P. Bouhours. Ménage le trouve beau, & dit qu’il ne feroit point difficulté de s’en servir dans le style sublime. Vaugelas paroît avoir jugé ce mot trop rigoureusement. Il y a des occasions où il ne figure pas mal. On dit très bien, ambitionner les honneurs, &c.

☞ On s’en sert aussi par exagération dans les formules de civilité. La gloire de vous servir, est la chose que j’ambitionne le plus. T. Corn.

On appeloit proprement ambitiosi chez les Romains, ceux qui briguoient les charges. Ils alloient tout alentour de l’assemblée, pour mendier les suffrages. Ambibant, c’est-à-dire, Ibant circùm comitia. Am, en ancien latin signifioit, Circùm, Alentour.

AMBITIONNÉ, ÉE. part. Recherché avec ardeur. Cupicus, Quæsitus ambitiosè. Servir son pays est un honneur ambitionné de tout le monde. T. Corn. La belle gloire est ambitionnée de tous les honnêtes gens.

AMBLE. s. m. Train, ou certaine allure de cheval, lorsque les deux jambes du même côté se meuvent ensemble & que les deux autres se meuvent après. Asturconis mollis alterno crurum explicatu glomeratio. Tolutarii gradus ; Asturconis incessus ; Tolutarius incessus. C’est la première allure des poulains quand ils ne sont pas assez forts pour trotter. Pour leur entretenir cette allure, on leur met des entraves, & on leur attache des bouchons de foin autour des paturons des jambes de derrière. Cette allure est bannie des manéges, où l’on ne veut que le pas, le trot, & le galop. La haquenée est un cheval qui va l’amble. On appelle un cheval franc d’amble, quand il va l’amble, lorsqu’on le mene en main seulement avec le licou, quand il se met de lui-même à l’amble. On dit d’un cheval, qu’il va l’amble comme une poule d’inde, lorsqu’il a ses allures froides. On dit aussi au pluriel les grands ambles. On a dit ambleure en vieux Gaulois, du latin ambulatura.

Vegéce dit, que l’amble est un petit pas de cheval fort vite, qui plaît à celui qui le monte, qui ne s’enseigne point par art, mais qui vient plutôt naturellement.

On dit proverbialement, mettre quelqu’un aux ambles, ou à l’amble ; pour dire, le ranger à son devoir.

Ménage dérive ce mot de ambulare, qu’on trouve chez les Auteurs latins en la même signification. Nicod le dérive du grec ἀμβλύνω, qui signifie tarder, rompre, parce que l’amble est un train rompu. Les Latins ont appelé un cheval d’amble, ou haquenée, ambulator equus ; Sénéque, tolutarius ; Pline, asturco ; d’autres, gradarius, &c.

Quelques-uns appellent Fausse jambe de devant, un amble dans la vitesse du galop, ou les deux actions du trot & de l’amble dans la vitesse du galop. Newc. Il y a plusieurs chevaux, qui bien qu’ils ne puissent que trotter, étant pressés au manége, vont souvent un amble confus, par fois un amble très-parfait. Id.

AMBLÉ, ÉE. part. Vieux mot. Surpris, enlevé. Poësies du Roi de Navarre.

AMBLER. v. n. Aller l’amble. Tolutìm incedere, Asturconis more incedere. Il y a plusieurs chevaux bien forts, qui amblent étant pressés au manége ; mais le plus souvent, c’est par foiblesse, ou naturelle, ou de latitude. Newc. Il vieillit.

AMBLESINDE. Village du comté de Westmorland, en Angleterre. Amblesinda. Il est sur le lac de Wynaudermeer, entre les villes de Kindal & de Keswick. On croit que c’est l’Ancienne Amblioglana des Brigantes. Cambden dit Amboglana old ruines at Cambec in Cumberland, c’est-à-dire, Amboglana, vieilles ruines à Cambeck dans le Cumberland ; mais il voudroit pouvoir lire dans l’ancienne notice de l’île Britannique Camboglana, c’est-à-dire, Campiripa, au lieu d’Amboglana ; & alors il prendroit Camboglana pour Cambeck, parce que Cambeck est sur un ruisseau.

AMBLETEUSE. Ambletosa. Port de mer dans la Picardie, à deux lieues de Boulogne. ☞ Ce fut à Ambleteuse que Jacques II, Roi d’Angleterre, après l’entrée du Prince d’Orange & des troupes Hollandoises dans ses états, fuyant la persécution de ses sujets révoltés contre lui, aborda dans une barque de pêcheur le 4 Janvier 1689, accompagné du Duc de Barwick & de quelques domestiques.

AMBLEVE. Rivière des Pays-Bas. Amblavia. Elle coule dans le duché de Luxembourg & dans l’évêché de Liége, & se joint à l’Ourte entre Liége & Durbuy.

AMBLEUR. s. m. Officier de la grande & de la petite écurie du Roi.

AMBLOYER. Vieux v. a. Adoucir, attirer par douces paroles.

AMBLYGONE. s. m. Terme de Géométrie. Angle obtus, ou qui a plus de 90 degrés. Ambligonium. Il est aussi adj. Un triangle amblygone, qui a un angle plus grand que le droit. Ce mur fait en cet endroit un coude qui est amblygone, ou obtusangle. Ce mot est grec, composé d’ἀμβλύς, obtus, & de γωνία, angle.

AMBLYOPIE. s. f. Terme de Médecine. Maladie des yeux, qui se dit d’une hébétation ou éblouissement continuel de la vue, sans apparence que l’œil soit aucunement offensé. Amblyopia. Ce mot est composé du grec ἀμβλύς, hebes, obtus, & de ὤψ, ὠπός, oculus, œil.

AMBOHITSMENE. s. m. & f. Nom de peuples & de montagnes. Ambohitsmenius, a, um. Les Ambohitsmenes sont dans la partie orientale de l’île de Madagascar. Ils habitent de fort hautes montagnes, auxquelles ils donnent leur nom. Ambohitsmenii montes.

AMBOINE. Amboina. Maty écrit AMBONE ; mais l’usage est d’écrire & de prononcer Amboine. Le P. Bouhours écrit même par un y Amboyne, selon l’ancienne manière, qui met souvent un y où il ne faut qu’un i. Amboine est une petite île des Indes, découverte par les Portugais en 1515. Les Hollandois les en ont chassés, & y ont trois forteresses, Victoria, Hiton, & Low. L’île d’Amboine est éloignée de Malaca d’environ 250 lieues ; elle en a 30 de circuit à peu près. Bouh. L’Amboine n’a qu’environ 16 grandes lieues de circuit. Maty.

AMBOINES. Amboinæ. Les Amboines sont quelques petites îles autour d’Amboine, & auxquelles elle donne son nom. Les Amboines produisent une grande quantité de cloux de girofle. Maty.

L’Archipel d’Amboine. Amboinæ Archipelagus. C’est la partie de l’Archipel des Moluques, qui est autour d’Amboine. Maty.

AMBOISE. Ambasia, Ambacia. Ville de France dans la Touraine, sur la Loire. Charles VIII naquit à Amboise en 1470, & y mourut en 1498. La conjuration d’Amboise est fameuse dans les troubles des Calvinistes de France, qui voulurent en 1560 se saisir de François II, de Catherine de Médicis, & des Princes de Guise qui étoient à Amboise ; mais les conjurés furent tous passés au fil de l’épée à Amboise, où ils s’étoient rendus pour exécuter leur crime. Les Edits d’Amboise, sont trois Edits portés à Amboise en Février & Mars 1559, sur les affaires de la Religion. C’est dans le château d’Amboise que Louis XI institua l’Ordre des Chevaliers de S. Michel le premier Août de l’an 1469.

AMBOISE, est aussi le nom d’une famille illustre de France, qui a possédé la seigneurie d’Amboise. George d’Amboise. Nom d’une grosse cloche de la cathédrale de Rouen, dont le Cardinal de ce nom fut parain.

AMBON. s. m. Ambo, Analogium. C’est une tribune, qui étoit autrefois dans les églises, & sur laquelle on montoit pour lire ou chanter certaines parties de l’office divin, & pour prêcher au peuple. Il y avoit des degrés pour y monter. Après la lecture de l’épître, le chantre montoit sur l’ambon avec son livre, nommé Graduel ou Antiphonier, & chantoit le répons que nous nommons Graduel, à cause des degrés de l’ambon ; & Répons, à cause que le chœur répond au chantre. Fleury. Le diacre montoit seul sur l’ambon, & lisoit, tourné vers le midi. Id. Il est dit dans le premier livre des miracles de S. Othmar, c. 4, que l’Évêque ordonna à l’Archiprêtre de monter sur l’ambon, & de faire le sermon au peuple à sa place. Et Odilon, moine du Xe siècle, auteur du livre de la Translation des Reliques de S. Sébastien & de S. Grégoire, dit que l’Évêque monta sur l’ambon pour prêcher au peuple. Voyez Annales Francor. ad an. 800, l’Histoire Tripartite, Liv. X, Ch. 4. Socrate, L. VI, Ch. 5. Prudence, hymn. 4, de S. Hippol. v. 225. Les Arabes appellent l’ambon, Mambar, ajoutant une m au commencement, selon leur coutume. De-là vient qu’au Ch. XXIII de S. Matthieu, v. 2, ou la Vulgate a traduit Super cathedram Moysis, sur la chaire de Moyse ; l’arabe dit, sur le mambar de Moyse. Les Latins l’ont appelé quelquefois Analogium, parce que c’est-là qu’on lit. Car les Grecs récens entendent autre chose par analogium ; c’est chez eux le pupitre, ou coussin, sur lequel on appuie le livre. On montoit à l’ambon de deux côtés ; c’est pour cela que quelques Auteurs, comme Balde & Durand, ont cru que ce nom étoit tiré de ambo, qui signifie deux. L’Evangile se lisoit tout haut de l’ambon ; l’Epître se lisoit un degré plus bas, comme il paroît par l’Ordre Romain. Les Empereurs étoient aussi couronnés sur l’ambon. Voyez Théophanes, p. 405, 418, 419, 426, 431. Saumaise croit que ce nom a été donné à cette tribune, parce qu’elle étoit ronde, de même que les Grecs ont appelé ἄμβωνα, le ventre d’une bouteille, parce qu’il est rond, & qu’ils disent ἄμβιξ, pour signifier une marmite. Il vient d’ἀναβαίνω, ascendo, je monte, d’où en retranchant un a se fait ἀνβαίνω & parce que n, qui est une lettre palatiale, ne peut soutenir une lettre labiale, telle qu’est b, selon les judicieuses remarques de M. l’Abbé Dangeau, qui se vérifient dans toutes les langues, cette n s’est changée en m, & l’on dit ἄμβαίνω, je monte, d’où s’est formé ἄμβων, ambo.

☞ AMBOSIANGULO. s. m. Dans la rivière de Coanza, au royaume d’Angola, on trouve une espèce de monstre aquatique, que les Négres nomment Ambosiangulo & Pesiangoni, les Portugais Pezzer Mouler, & les Pilotes François Sirène. Il y en a de mâles & de femelles. Ils ont huit pieds de long & quatre pieds de large, les bras courts, & les doigts de la main longs : mais quoique leurs doigts soient divisés comme les nôtres en trois articulations, ils ne sauroient fermer tout-à-fait la main. Ces monstres ont la tête & les yeux ovales, le front élevé, le nez plat & la bouche grande ; mais ils n’ont ni oreilles, ni menton. On leur tend des piéges, & lorsqu’ils y tombent, on les tue à coups de dards, malgré les cris lugubres qu’ils poussent, assez semblables à ceux des hommes. Leurs entrailles & leur chair ont l’odeur, le goût & la figure de celles d’un pourceau. Le lard en est fort épais & n’a pas beaucoup de maigre.

☞ AMBOSINE. Province d’Afrique au royaume de Benin, ayant au Levant le Camarones, & au couchant la rivière qu’on appelle Rio del rei.

AMBOTE. Bourg de Pologne. Ambota. Il est dans la Samogitie sur la rivière de Wirwita, un peu au-dessus de son confluent avec le Wetz.

☞ AMBOUCHOIR. s. m. Nom que les Botier donnent au moule sur lequel ils font la tige d’une botte.

AMBOULE. La vallée d’Amboule. Vallis ambula. Nom d’une contrée de l’île de Madagascar. Elle est près de la côte orientale & de la côte méridionale de l’île, & s’étend le long de la rivière Manaupani, au nord du pays de Carcanossi,

AMBOURNAY. Bourg du Bugey, en France. Ambroniacum. Il y a une abbaye de l’ordre de Saint Benoît. Il est près de la rivière de Drin, & de la ville de Bourg en Bresse.

AMBOUTIR, ou EMBOUTIR. Terme d’Orfévres, qui se dit quand ils rendent quelque pièce d’argent ou d’autre métal convexe d’un côté, & concave de l’autre : ce qui se fait est la travaillant sur une petite machine qu’on appelle Etampe ; & la pièce ainsi forgée s’appelle Amboutie. Convexum facere, reddere.

☞ Ce terme convient dans le même sens au Chaudronnier, au Ferblantier, & à la plupart des autres ouvriers qui emploient des métaux ou des matières flexibles, quand il est question de leur donner de la profondeur.

C’est aussi un terme de Plombier, qui signifie revêtir un ornement d’architecture, ou de sculpture, de tables de plomb blanchi, qui soient minces & qui n’empêchent pas que le profil ne se conserve. Voyez Amboutir.

☞ AMBOUTI, IE. part.

AMBOUTISSOIR. s. m. Outil de Serrurier, qui sert à former la tête des gros cloux qui ont la figure d’un champignon. Inducendæ, ou faciendæ convexitatis instrumentum.

☞ On le dit encore d’un outil d’Eperonnier, servant à faire prendre la forme convenable aux pièces de fer qui doivent former les fonceaux.

AMBRACAN. s. m. Voyez Ambare. C’est la même chose.

AMBRACIE. Ancienne ville de l’Epire. Ambracia. Ce nom, dit Etienne de Bisance, s’écrivoit aussi par un p, Ampracia. C’étoit une ville de la Thesprotie, qui avoit pris son nom d’Ambrax, fils de Thesprote, & petits-fils de Lycaon, ou bien à d’Ambracie, fille d’Augée. Elle étoit sur le golfe auquel elle donnoit son nom, & qu’on appelle aujourd’hui le Golfe d’Aria. Pyrrhus avoir fait son séjour à Ambracie, au rapport de Plutarque. Quand le Consul Fulvius Nobilior s’en rendit maître l’an de Rome 563, on y trouva un très-grand nombre de rareté, sur-tout en statues & en tableaux. La bataille d’Actium se donna dans le golfe d’Ambracie.

AMBRACIEN, ENNE, AMBRACIOTE. s. m. & f. Habitant, citoyen d’Ambracie. Ambraciensis, Ambraciotes, ou Ampraciotes, Ambracius, a, um. Les médailles sur lesquelles on lit AMBP, sont des médailles d’Ambracie.

AMBRAQUE. Ancienne petite ville de l’Epire, peu éloignée d’Ambracie. Ambracus. Voyez Etienne de Bysance.

AMBRE. s. m. Autrement Karabé, ou Carabé, ou Succin. Succinum, Lyncurium, Electrum, Crysolectrum, Karabé. Il y a eu jusqu’ici bien des sentimens différens sur l’ambre. Selon Pline, c’est une résine qui découle des pins, ou des sapins ; & selon d’autres, elle vient des peupliers, & c’est ce qui lui a fait donner par les Anciens le nom de Succinum. La fable dit que c’est la matière des larmes des sœurs de Phaëton. L’on a crû que c’étoit une concrétion des larmes d’un oiseau, ou l’urine d’un animal qui s’appelle Lynx. D’autres ont dit qu’il venoit d’un lac appelé Céphiside, voisin de la mer Atlantique ; & que son limon échauffé du soleil produisoit l’ambre. Et d’autres, que c’est une congélation qui se trouve dans la mer Baltique, & dans quelques fontaines, où il nage comme une espèce de bitume. Agricola est de ce sentiment. Mais enfin l’on connoît aujourd’hui la véritable nature de l’ambre. C’est une substance bitumineuse, d’un goût résineux, & un peu acre, d’une odeur d’huile de thérebentine, lorsqu’on en frotte des morceaux les uns contre les autres, un peu désagréable étant brûlée, communément jaune & transparente, quelquefois opaque, quelquefois rouge, & quelquefois blanchâtre, ou plutôt pâle, & qui étant échauffée par le frottement attire les brins de paille. Comme le Karabé, ou Carabé se ramasse sur les côtes de la mer Baltique, & sur-tout celles de Prusse, on a cru que ce bitume étoit d’abord formé dans la mer, qu’il y couloit par des sources souterraines, & qu’il étoit jetté sur les côtes par les vagues. Mais on s’est détrompé de cette erreur, en fouillant à quelque distance de la mer ; car on y a trouvé du Karabé pareil à celui qu’on ramasse sur la côte. Certains indices font découvrir les endroits où se peut trouver ce bitume. La surface de la terre y est couverte d’une pierre tendre qui s’écaille facilement. Le vitriol y est aussi commun, tantôt blanc dans les terres noires, tantôt réduit en matière semblable à du verre fondu, & tantôt figuré de manière qu’on diroit que ce sont des morceaux de bois pétrifiés, parmi lesquels il s’en trouve de très-considérables. Où ils sont fréquens, c’est marque qu’il y a abondance de Karabé, & on ne manque guère de le trouver renfermé dans ces bois vitrioliques. Il y a lieu de soupçonner que la Prusse, & les autres pays qui donnent du Karabé, sont abreuvés d’une matière bitumineuse qui se congèle & se fige en morceaux, ou en petites miettes, à proportion de la quantité de cette partie grasse & bitumineuse, & des sels vitrioliques qui sont plus ou moins dégagés. Voici comment Hartman raisonne sur la formation de l’ambre. Le terroir de la Prusse est tout bitumineux, & plein par conséquent d’exhalaisons bitumineuses répandues de tous côtés dans son sein ; la chaleur souterraine les rassemble & les réunit en gouttes. Ce terroir étant plein aussi, non-seulement de vitriol, mais encore d’alun de Mars, de nitre & d’autres sels, comme les lessives le démontrent, la chaleur naturelle pénétrant de même ces sels, elle entraîne des exhalaisons avec soi, & les mêle aux gouttes bitumineuses qu’elle a formées ; les pointes de ces sels mêlés au bitume, en fixent la fluidité. Et c’est ce mélange qui fait l’ambre, lequel est plus ou moins pur, brillant, & ferme, de bonne odeur, selon la pureté & la proportion de ces parties de bitume & de sels. L’ambre qui se trouve dans la mer se produit de la même manière dans les montagnes, ou collines de la mer, c’est-à dire, dans les bans & les grèves. La mer venant dans la suite à les bouleverser, elle en tire l’ambre, & le jette sur les côtes. Il se peut faire aussi qu’une partie du Karabé qui se ramasse sur la côte est tombée des falaises dans la mer, & qu’il en est rejetté ensuite par le mouvement de ses flots.

Pour tirer l’ambre de la terre, l’on a un louchet emmanché au bout d’un long bois. On l’enfonce dans la terre pour sonder les endroits où il y a quelques couches de bois ; quand on l’a senti, on racle ce bois, & l’on reçoit sur le louchet panché les morceaux d’ambre. Ce n’est que depuis l’Electeur Frédéric-Guillaume qu’on fouit les montagnes & les falaises pour suivre les veines que l’on trouve, quand la nature du terroir le permet ; comme en celles d’Eross, Gubuicken, Eckoss, Dirsschkeim, Warnicken, Strobschnec, & Palming. L’antiquité, si l’on en croit Hartman, n’a point su tirer l’ambre de la terre. Cependant Philémon dit qu’en deux endroits de Scythie, l’ambre se fouit en terre.

Les morceaux d’ambre prennent toutes sortes de figure dans la terre ; celle d’une poire, d’une amande, d’un oignon, d’un pois, &c. On y trouve des lettres marquées, & quelquefois même des caractères arabes, ou hébreux. M. Hartman en a une qui représente un vieillard tenant un enfant entre ses bras.

Il se trouve des morceaux de Karabé qui renferment des insectes, des feuilles, des morceaux de bois, &c. Ce ne peut être que parce que cette matière a pu être fluide, ou parce qu’étant exposée au soleil dans les falaises, elle s’y est amollie, & y est devenue comme une glu qui a enveloppé les herbes, les insectes, & autres corps sur lesquels elle a passé. M. Hartman croit que ces animaux s’étoient retirés pendant de mauvais temps dans de petits trous de falaises, ou des montagnes, dans lesquels la vapeur bitumineuse venant à pénétrer, elle les a enveloppés ; mais il remarque qu’il y en a beaucoup qui ont été mis dans des morceaux d’ambre après coup & par art. On les connoît en ce que ceux-ci sont au milieu de l’ambre, & les autres plus près de la superficie : outre cela, quand l’ambre où ils sont enclavés, est pur, solide, & sans fente, c’est un signe que c’est l’art & non la nature qui les y a placés. Les bois, les graines, les pailles, les feuilles, les fleurs, l’eau, &c. que l’ambre renferme souvent, se sont aussi trouvés dans ces petits trous, où l’exhalaison bitumineuse a été poussée, & s’est formée en ambre par le mélange des sels dont nous avons parlé.

Quoique l’ambre se tire de la terre, ce n’est point un minéral, car il n’est ni ductile, ni fusible. Il approche plus du bitume & du soufre. Sa dureté le fait mettre au rang des pierres, & son éclat au rang des pierres précieuses.

Ce qu’on ramasse de Karabé sur les côtes de la mer Baltique, dans les états du Roi de Prusse, fait à ce Prince un revenu considérable. La Prusse n’est pas le seul endroit où l’on trouve du Karabé : on en ramasse sur le bord du Pô, sur les côtes de Marseille, en Provence. M. Hartman, non-seulement révoque ce fait en doute, aussi-bien que tout ce que l’on a dit de l’ambre d’Asie, d’Afrique, & d’Amérique ; mais il le traite même de fable. Il soutient qu’on n’en trouve qu’en Pologne, en Silésie, en Bohème, mais rarement ; plus souvent en plusieurs endroits de l’Allemagne septentrionale, de Suède, de Danemarck, de Jutland, du Holstein ; plus encore sur les côtes de Samogitie, de Curlande, de Livonie, où il s’en trouve aussi dans la terre ; mais qu’en nul endroit, ni la mer, ni la terre, n’en fournissent tant qu’en Prusse, dans le pays appelé Sambie, depuis Nève Tiff jusqu’à Vrantz Vrug ; & après la Prusse, en Poméranie, sur-tout depuis Dantzic jusqu’à l’île de Rugen. Quoi qu’il en soit, les plus beaux morceaux viennent de la mer Baltique : le Roi de Prusse en a de très-belles pièces, & conserve plusieurs ouvrages faits de cette matière. On a vu à Paris un morceau d’ambre jaune d’un pied & demi de haut, taillé en crucifix avec les figures de la Sainte Vierge & de Saint Jean. Comme le Karabé est moins friable que les résines des arbres, on le tourne pour en faire des colliers, des pommes de canne ; on en fait aussi différentes figures, en y ajoutant à propos deux ou trois nuances de Karabé, afin que les parties que ces figures représentent puissent être distinguées les unes des autres. On colle si proprement ces pièces de rapport, qu’on auroit peine à les croire collées sans la diversité de leurs couleurs.

Les habitans des côtes où l’ambre se trouve en plus grande abondance, ont remarqué, que tous les animaux terrestres, volatiles & aquatiques, en sont fort friands. De-là vient qu’on en trouve très-souvent dans leurs excrémens, ou dans leurs corps quand on les ouvre.

Les propriétés de l’ambre sont d’attirer les corps étrangers ; ceux même, dit Hartman, avec lesquels les Anciens ont cru qu’il avoit de l’Antipathie, comme sont le Basilic, les corps huileux & humides, & les gouttes d’eau. Il attire même une petite sueur à la partie du corps où on l’applique. Rehault explique la cause de cette qualité attractive, Part. IIIe ch. 8, Phys. Hartman l’attribue à des particules huileuses qui sortent de l’ambre. Son odeur vient de la même cause ; elle est différente selon ses différentes couleurs.

Le Karabé est employé dans des suffumigations pour dissiper des fluxions, & en poudre comme un altérant, absorbant, adoucissant & astringent. Dans un temps de peste, les ouvriers qui travailloient l’ambre, Electrotorentæ, n’en furent point attaqués à Konisberg. Il chasse le mauvais air, & jamais on n’en sentit aux côtes de Sudavie, d’où on le tire en abondance. Pris en poudre, il est diurétique, il chasse la pierre, il excite les mois des femmes. Il a les mêmes effets, mais avec moins de force, quand on le prend en poudre dans le vin chaud où il a bouilli. En Médecine le blanc est le meilleur, parce qu’il a plus de sels. En pilules il est diurétique, & consume la pituite & les humeurs superflues. Il s’emploie avec succès dans les emplâtres céphaliques, diaphorétiques, & stomachiques, & sur-tout contre la paralysie, l’apoplexie, l’épilepsie & la gangrène.

On en tire une huile fœtide par la distillation, & un sel volatil, huileux & acide. Hartman ajoute, qu’il a trouvé un baume d’ambre qui a plutôt, plus sûrement & plus agréablement tous les mêmes effets que l’ambre, ou préparé, ou employé sans préparation. Il explique aussi les propriétés du bois vitriolique qui produit l’ambre dans la terre, & les épreuves chimiques auxquelles il l’a mis.

Kerkring a trouvé le moyen, sans ôter la transparence de l’ambre jaune, d’en faire une enveloppe, ou plutôt un cercueil pour les corps morts. Peut-être a-t-il pensé aux Ethiopiens, qui ensevelissoient leurs morts dans du verre. Un Ethiopien bien noir sous un beau cristal de venise, feroit un bel émail, & encore quelque chose de plus beau dans une enveloppe d’ambre jaune. De Vig. Mar.

Comme le Karabé est ordinairement jaune, on l’appelle Ambre jaune ; & sous ce nom l’on comprend les autres espèces, qui ont des nuances plus ou moins claires, ou plus ou moins foncées.

Il y a de l’ambre factice, tant de l’ambre jaune que du gris. On trouvera la composition de l’un & de l’autre dans le Dict. Œconomique, au mot Ambre.

Ce mot, ambre, vient de l’italien ambra, dérivé de l’arabe ambar. Ménage, ou anbar, comme écrit d’Herbelot. On trouve ambar, & ambarum, dans la basse latinité. Voyez Bollandus, T. II, p. 290. Joannes de Janua le dérive d’ambrosia sans aucun fondement. On l’a aussi appelé Harpaga, du grec ἁρπάζω, rapio ; eò quod folia & vestium fimbrias & paleas rapiat.

On dit proverbialement de ceux aux habits desquels quelques pailles se sont attachées, parce qu’ils se sont assis en quelque endroit où il y en avoit, qu’ils ont le cul d’ambre, qu’il attire la paille.

Voyez sur l’ambre Hevelius Polonois, Schefferus Professeur Suédois, & Cœlius ; & les Transactions philosophiques. T. II, p. 473, & suiv. Il y a une Histoire de l’ambre en latin par Juste Klobius, Docteur de l’Université de Wittemberg. Mais celui qui a le mieux écrit sur l’ambre, & qui a découvert sa véritable nature, est un Médecin nommé Phil. Jacq. Hartman, dont nous avons deux ouvrages sur cette matière. L’un a pour titre, Succini Prussici Physica & Civilis Historia : il parut en 1677. Et l’autre, qui parut à Berlin en 1699. Succincta succini Prussici Historia & Demonstratio. On l’a inséré dans les Transactions Philosophiques N. 248, p. 5 & T. II p. 473.

Ambre gris. s. m. Ambarum. Ambra grisca. Drogue qui se fond à-peu-près comme la cire, d’une couleur tantôt gris de souris clair, tantôt cendrée, ou blanchâtre, tantôt mêlée de blanc, de gris & de jaune, & quelquefois noirâtre, d’une odeur très-douce, lorsqu’elle est étendue, ou mêlée parmi quelqu’autre drogue odoriférante ; car étant nouvelle, elle répand très-peu d’odeur. Elle se ramasse au bord de la mer dans différentes contrées, mais sur-tout aux Maldives. Il n’y a guère de voyageur qui n’ait parlé de l’ambre, & qui n’ait donné ses conjectures sur cette matière : il semble même que la plûpart aient pris plaisir d’en hasarder de nouvelles, soit afin de passer pour plus habiles observateurs, soit peut-être pour avoir le plaisir de contredire ceux qui en avoient écrit avant eux. On pourroit faire un juste volume, si on vouloit ramasser tous les différens sentimens, & les prétendues observations rapportées dans toutes les relations, & tous les raisonnemens qu’on y fait, souvent aussi peu solides que les observations sont peu sûres.

Les sentimens qui ont le plus prévalu chez les Naturalistes sont 1.o Que c’est l’excrément d’une espèce d’oiseau commun dans certaines îles, comme Madagascar, les Maldives, au rapport de quelques voyageurs ; & que ces excrémens se fondent à la chaleur du soleil, se réduisent en masse & sont entraînés par les vagues de la mer, qui vient flotter sur les rochers où ces excrémens se sont amassés. Ou bien, comme Barbosa rapporte l’avoir appris des Mores habitans des Maldives, où il se trouve beaucoup d’ambre, & de fort gros morceaux, les uns blancs, les autres bruns, & d’autres noirs ; ces excrémens exposés au soleil, à la lune, & au grand air, s’affinent sur ces rochers, d’où la mer les détache quand elle s’enfle. Ils ajoutoient que les baleines en avaloient plusieurs ; que c’étoient les noirs qui prenoient cette teinture dans le corps de ces animaux ; que les bruns sont ceux qui ont le plus long-temps flotté sur la mer ; & les blancs ceux qui n’y avoient pas été long-temps, & qu’ils estimoient davantage. Voyez le Recueil de Ramusio, Tom. I, fol. 313.

II. Certains Voyageurs disent que c’est excrément d’un poisson cetacée, parce qu’on a trouvé de l’ambre auprès de ces excrémens, ou qu’on en a tiré du ventre de ces poissons. Justus Klobius, en son Histoire de l’ambre, dit que ce poisson est une baleine, appelée la Trompe, parce qu’elle a sur la tête une trompe où il y a des dents longues d’un pied, & grosses comme le poing, & que c’est aussi dans sa tête qu’on trouve le sperma ceti. Le sentiment le plus commun est, qu’en effet c’est la baleine qui jette l’ambre. Cependant quelques Orientaux, au rapport de M. d’Herbelot, & en particulier les Persans, disent que c’est l’excrément du veau marin, agité par les flots de la mer, & cuit par l’ardeur du soleil. Quelques Africains, si l’on en croit Marmol, disent aussi que ce n’est pas la baleine qui jette l’ambre, mais un autre poisson nommé Ambracan, au rapport de Lonvillers. Quelques-uns se sont imaginés que l’ambre vient des crocodilles, parce que leur chair est parfumée. Mais on oppose à ces deux premiers sentimens, qu’on n’a point encore trouvé d’excrément qui pût se fondre comme de la cire. D’ailleurs, si c’étoit l’excrément de la baleine, il s’en devroit plus trouver aux plages où ces animaux sont en plus grand nombre, comme en Groenland, Spitsberg, &c. qu’aux endroits où ils ne vont point ; ce qui n’arrive pourtant pas, n’y ayant point de lieu où il se voie plus d’ambre gris qu’aux Maldives, à Soffala, à Melinde, à Sarsume, au cap de Comorin, & en quelques autres lieux des Indes, où il n’y a point de baleines.

Le IIIe sentiment dit, que c’est une espèce de cire qui tombe des arbres, ou des rochers dans la mer, qui s’y déguise & devient ambre ; ou bien que ce sont des rayons de miel, qui étant recuits, avec le temps, se détachent des rochers, & tombent dans la mer, dont le sel & les flots agités achevent la digestion, & lui donnent la consistance où on le trouve. Ce sentiment est fondé sur ce qu’on a rencontré dans des pièces d’ambre des rayons de ruches, dont les alvéoles étoient encore remplis de miel & de mouches. Mais comment les flots de la mer agiront-ils, pour convertir une matière qui n’a aucune odeur, en une approchante de l’ambre ? Comment pourront-ils la faire changer, de manière qu’elle puisse pousser une odeur particulière, comme est celle de l’ambre ?

IVe sentiment. Plusieurs Orientaux, ainsi que le rapporte M. d’Herbelot, croient qu’il sort du fond de la mer, comme la Naphte sort de certaines fontaines. Ils ajoutent que ces sources d’ambre gris ne se trouvent que dans la mer d’Oman, entre le golfe Arabique, & le golfe Persique. Edrissi, qui est de ce sentiment, écrit dans le premier climat de sa Géographie, que l’on a trouvé des morceaux d’ambre gris sur les côtes de cette mer qui pesoient plus d’un quintal. Quelques-uns veulent que ce soit une espèce de champignon marin que la tempête arrache du fond de la mer, & qu’elle pousse au rivage ; car l’ambre gris ne s’y trouve qu’après une grande agitation des flots ; & c’est un présent que la mer ne fait aux hommes que dans sa colère. Bouh. Le rapport de cette matière à une plante n’est pas juste. Ve. Quelques-uns disent que c’est le sperme de la baleine. VIe. D’autres disent que c’est une écume de mer. VIIe. Quelques autres que ce sont des pièces d’îles, & des fragmens de rochers cachés en mer.

VIIIe. Isaac Vigny croit que c’est une viscosité maritime qui devient ambre étant séchée au soleil. IXe. D’autres soutiennent que c’est une terre spongieuse que l’agitation de la mer tire de dessus les rochers, & qui, comme elle est légère, surnage sur la superficie de l’eau. Paludanus & Linschoot prétendent que c’est une sorte de poix qui se détache insensiblement du fond de la mer, & se durcit aux rayons du soleil, de même que l’ambre jaune & le corail ; & l’Auteur des Ambassades de la Compagnie Hollandoise des Indes, croit que c’est l’opinion qui approche le plus de la vérité.

Xe. Enfin, le dernier sentiment enseigne que c’est une matière bitumineuse, & c’est le plus vraisemblable ; car, que ce bitume soit liquide, & qu’il coule dans la mer, ou qu’il tombe en masse, peu importe. Comme il est souvent en morceaux composés de plusieurs couches appliquées les unes sur les autres ; qu’il renferme des pierres, ou autres corps, & que les couches sont quelquefois remplies de quelques coquillages qui paroissent être d’une espèce de concha anatifera, ce qu’on a pris faussement pour des becs de perroquets ; on doit soupçonner qu’il a été liquide, ou qu’au moins il a dû se fondre, & couler sur ces corps à différentes reprises, embarrasser même avec eux des coquillages. On a apporté des Indes en Europe de fort gros morceaux d’ambre. Les Hollandois en ont long-temps conservé une des plus considérables pièces qu’on ait jamais vues.

Quelques Auteurs tiennent qu’il y a un poisson nommé azel, qui est fort friand de l’ambre gris ; desorte qu’il est toujours occupé à le chercher ; mais il n’en a pas sitôt mangé, qu’il en meurt ; & les pêcheurs voyant flotter ce poisson mort, tâchent de l’attraper, pour tirer de son ventre l’ambre qu’il a englouti. Le P. de Urreta, Liv. I de son Histoire d’Ethiopie, dit, que les baleines dans un certain temps de l’année mangent d’un fruit qui croît dans le fond de la mer, & qui ressemble à des fèves ; mais dont l’odeur est si forte & les vapeurs si violentes, qu’elles entêtent ces animaux & leur cause une espèce de fureur ; que pour se guérir, leur remède est de boire de l’eau douce ; qu’elles viennent en bande dans le fleuve appelé el Rio Negro ; qu’elles prennent de son eau, qui les fait vomir, & rendre tout ce qu’elles ont dans l’estomac avec tant d’impétuosité, qu’elles en poussent une partie jusque sur le rivage ; que ces ordures qui sortent de l’estomac de la baleine font l’ambre ; que comme on sait le temps où cela arrive, on dispose des gens proche de l’embouchure de ce fleuve, qui, les uns sur le bord du fleuve, les autres dans des barques, ramassent ce que ces animaux rejetent, en levant la tête au-dessus de l’eau ; que ces gens ont grand soin de se boucher le nez, parce que l’odeur est si forte, qu’elle les entêteroit violemment ; qu’ainsi l’ambre n’est autre chose que les ordures que vomit la baleine. Le P. d’Ouagli rapporte aussi ce sentiment dans son Histoire du Chili, où il assure qu’il s’en trouve une grande quantité, parce qu’il y a aussi une quantité prodigieuse de baleines.

l’Ambre gris se trouve en plus grande abondance sur les côtes de la Floride, qu’en aucune des autres contrées de l’Amérique. On en a aussi ramassé quelquefois sur les rades de Tabago, de la Barbade, & des autres Antilles. Lonvillers. Hist. nat. des Antilles, ch. 20. Le meilleur ambre gris se trouve dans l’île Mauricius, & se trouve communément après une tempête. Les pourceaux le sentent à une grande distance, & y courent comme enragés. Isaac Vigny, grand voyageur François, dit, qu’en une certaine côte il en trouva une si grande quantité, qu’on en eût pû charger 1000 vaisseaux. Il en prit une pièce qu’il vendit 1300 livres sterling. Mais on n’a pû retrouver ce lieu-là, quoiqu’on ait croisé sur cette côte six semaines durant. Christoval de Acosta, dans son livre De las drogas, rapporte après Orta, que des vaisseaux avoient trouvé une île entière d’ambre ; qu’ayant remarqué l’endroit, & y étant retournés, ils n’avoient plus rien trouvé, d’où ils avoient conclu qu’elle étoit flottante, dit le P. de Urreta, Liv. I. de l’Histoire d’Ethiop. ch. 29. où il rapporte encore que le même Acosta assure qu’il a vu un morceau d’ambre de la grandeur d’un homme, & un autre long de 90 palmes, & large de 18, & qu’en 1555 on trouva par le travers du cap de Comorin une malle d’ambre, qui pesoit quinze mille livres. L’Ambassade mémorable à l’Empereur du Japon, Part. II. pag. 90. parle d’un morceau d’ambre gris pesant 130 livres, que le Seigneur de Sarsuma vouloit vendre 14000 tails.

Ce qu’on nomme ambre blanc est quelquefois une variété de l’ambre gris, d’autres fois on entend le Blanc de la baleine, ou Sperma ceti. A l’égard de l’ambre noir, tantôt c’est le jayet, Cagates, tantôt une matière noire, grasse & odorante, que nos Droguistes nomment ambre noir, ambre renardé. Est-il naturel ou factice ? C’est ce que nous ne savons pas. Les Parfumeurs emploient le gris & le noir. L’ambre fortifie ; mais on n’oseroit à présent le mettre en usage, à cause que la plûpart des personnes en craignent l’odeur, & qu’elle leur cause des vapeurs. On fond l’ambre sur un petit feu, & on en fait des extraits, des essences & des teintures. On le mêle aussi avec d’autres aromates. Voy. Rumphius Cœsius, & les Trans. Philos. Tom. II pag. 490. On dit d’un homme qui sent bon, qu’il sent le musc & l’ambre. On dit aussi d’un homme fin, il est fin comme l’ambre.

Ambre. Espèce de Saule appelé Salix amerina. Ce mot n’est guère usité que dans le Lyonnois.

La prune d’ambre. Espèce de prune qui a la chair séche. La Quint. Elle est de celles qui ne quittent point le noyau. Id.

Ambre. Voyez Amber.

AMBRÉADE. s. f. On nomme ainsi l’ambre faux ou factice dont on se sert pour la traite sur quelques côtes d’Afrique, particulièrement au Sénégal.

AMBRER. v. a. Parfumer avec de l’ambre gris. Ambaro suffire, imbuere. Des gants ambrés, ou d’ambrette. Hypocras ambré.

AMBRÉ, ÉE. part. Du rossoli ambré.

AMBRESBURY. Bourg du Comté de Wiltz en Angleterre. Ambrosburia, Ambrosii vicus. il est sur la rivière d’Avon, au nord de Salisburi. Le Concile d’Ambresbourg se tint en 977. Il se voit près de ce bourg un monument sur lequel on a beaucoup raisonné. Ce sont de grandes pierres de 7 pieds de large & de 28 de haut, élevées au milieu de la campagne. Comme il n’y a point de carrières aux environs, & qu’il ne paroît pas qu’elles aient pû être transportées de loin, quelques-uns croient que la nature les a produites en ce lieu. D’autres disent qu’elles ont été érigées à la mémoire d’un Prince Saxon, qui fut assassiné en ce lieu-là. D’autres s’imaginent qu’elles ont été faites sur le lieu, de sable & de ciment. Il y a des espèces de portes qu’on appelle Gonds de pierre. Sur deux de ces pierres posées de champ, est enclavée une autre pierre mise horizontalement en manière de plate-forme, ce qui fait une espèce de porte.

AMBRETTE. s. f. Cyanus odoratus, Turcicus, &c. Tourn. Inst R. Herb. Plante annuelle qui nous vient de Constantinople, & qu’on a rangée sous le genre de Bluet, ou Cyanus. Ses feuilles ressemblent assez aux premières feuilles du bluet des champs ou barbeau ; mais elles sont plus larges, plus déchiquetées & moins blanches. Ses tiges ne s’élevent guère que de deux à trois pieds ; elles sont branchues, garnies de feuilles, & terminées chacune par une tête écailleuse, qu’on appelle Fleur, plus grosse que celle du barbeau. Elle renferme une infinité de fleurons de différentes couleurs ; ceux de la circonférence sont plus grands, & d’une couleur différente de ceux du centre, qui sont plus petits. Ses semences sont oblongues, noirâtres, & chargées d’une aigrette ; l’odeur de ses fleurs est très-douce, & tient de l’ambre & de la civette ; c’est à cause de son odeur qu’elle a été appelée ambrette. Il y a plusieurs espèces d’ambrette qui ne different sur-tout que par la couleur de leurs fleurs, qui est le plus souvent purpurine, quelquefois blanche, & jaune dans certaines espèces. L’ambrette s’appelle aussi Fleur du Grand Seigneur.

M. Danty d’Isnard, de l’Académie des Sciences, dans les Mémoires de 1719. pag. 169. décrit une nouvelle espèce d’ambrette qu’il appelle Amberboi Erucæ folio, minus. La racine de cette espèce d’ambrette est simple, un peu tortue, longue de deux ou trois pouces, épaisse à son collet d’environ deux lignes ; de-là diminuant insensiblement, elle se termine en filet, & donne d’espace en espace quelques fibres capillaires. Son écorce est d’un blanc sale ; elle couvre un corps ligneux, qui est plus blanc.

De cette racine part une tige ailée par intervalles, branchue d’espace en espace, laquelle s’éleve de neuf à onze pouces, & qui de son origine où elle a environ deux lignes de grosseur, va insensiblement en diminuant jusqu’à l’extrémité de ses branches & de leurs rameaux ; desorte qu’ils n’ont en cet endroit qu’un tiers ou un quart de ligne d’épaisseur. Cette tige est solide ou pleine, vert pâle, légérement striée dans toute sa longueur, parsemée de poils blanc sale, dont les plus longs n’ont pas une ligne. Etant coupée, son intérieur paroît d’un vert plus clair & plus blanchâtre que son écorce. Les feuilles de cette plante sont d’un vert mat, assez foncé en-dessus, & plus pâle en-dessous. Elles sont presque plates, minces, sans queue, disposées alternativement, & parsemées de poils comme la tige. Les grandes accompagnent le bas, & la partie moyenne de la tige & des principales branches : les petites feuilles garnissent le reste. Les branches & rameaux partent chacun de l’aisselle d’une feuille. Entre ces grandes feuilles, qui ressemblent assez à celles de quelque espèce de Roquette, il s’en rencontre qui ont jusqu’à trois pouces & demi de longueur, sur un pouce ou quinze lignes de largeur, se découpant de chaque côté très-profondément, les unes en quatre & les autres en cinq lobes, qui ont six à sept lignes de longueur sur trois à quatre de largeur ; recoupés chacun en plusieurs parties un peu arrondies & terminées par une pointe d’un vert jaunâtre, & comme seche, très-courte, & qui ne pique pas. Les deux grands lobes qui conjointement terminent chaque feuille, sont aussi recoupés dans leur contour. Les ailes ondées & dentelées qui se remarquent dans quelques endroits de la tige & des branches, semblent appartenir à ces feuilles, n’étant que des appendices de leurs feuillets. Entre les feuilles qui garnissent le haut des branches & des rameaux, il s’en trouve qui ont depuis deux jusqu’à neuf lignes de longueur, sur une demie ligne jusqu’à une ligne & demie de largeur, dont quelques-unes se trouvent simplement dentelées, quelques autres sont entières ; ces dernières ressemblent à des feuilles de linaire. La côte ou la carêne de ces différentes sortes de feuilles & leurs nervures sont d’un vert blanchâtre : elles forment des sillons en-dessus, & des côtes arondies en-dessous.

Les fleurs de cette plante n’ont presque point d’odeur. Elles sont colorées de gris de lin, à couronne de fleurons neutres ; la tige, les branches & les rameaux, n’en donnent jamais à leur extrémité qu’une seule chacun, lesquelles sont distantes chacune de six lignes & tantôt d’un pouce & demi de la dernière feuille. Le diamètre de chaque fleur est d’environ neuf lignes, dont le disque en emporte ordinairement deux à trois. Ce disque est composé de quinze ou dix-huit fleurons réguliers & hermaphrodites, longs de trois lignes, saillans hors du calice de deux tiers de ligne, qui est à peu-près la longueur des découpures de leur pavillon, & la moitié de sa profondeur ; l’autre moitié qui est blanche, aussi bien que son tuyau cylindrique qui a environ une ligne & demie sur presque la cinquième partie d’une ligne de diamètre, sont plongés dans le calice. Ce pavillon est aussi cylindrique, découpé en cinq lanières égales, gris de lin ; il s’évase fort peu, & n’a qu’environ une demi-ligne de diamètre ; le bout de ses découpures ou de ses cinq lanières, se roule & se recoquille en-dedans. De la partie inférieure & interne de ce pavillon s’élevent cinq étamines, dont les sommets forment par leur union une gaine cylindrique, striée, longue d’une ligne & demie, épaisse d’un quart de ligne, enfoncée d’une demi-ligne dans la bouche du pavillon : cette partie enfoncée est blanche, & le reste qui déborde cette bouche, est couleur de pourpre.

Le bas de chaque fleuron porte sur un ovaire blanc, haut d’environ demi-ligne sur un tiers de ligne d’épaisseur, dont la tête est chargée d’une couronne antique qui n’a guère plus de hauteur. De la tête de l’ovaire part une trompe capillaire, laquelle après avoir enfilé le fleuron & la gaîne, déborde enfin celle-ci d’environ demi-ligne, y comprises ses deux cornes, qui sont teintes en gris de lin. Dix à douze fleurons neutres & irréguliers portant chacun sur un faux germe, forment ordinairement la couronne de cette fleur. Le tuyau de chaque fleuron est blanc, cylindrique, long de deux lignes, du diamètre de plus de la cinquième partie d’une ligne, totalement enfoncé dans le calice, terminé par un pavillon long de trois à quatre lignes, large de deux dans sa partie antérieure. Ce pavillon est une espèce de gueule presque close, dont la levre supérieure est fendue, à une ligne en deçà de l’origine du pavillon, en trois lanières à peu-près semblables, & quelquefois en deux. La levre inférieure est entière, tant soit peu plus courte que la supérieure, & un peu plus large que ne sont ses lanières. Le placenta est hérissé de poils blancs, longs de deux ou deux lignes & demie, entre lesquels les ovaires sont nichés.

Toutes ces parties sont contenues dans un calice écailleux, pyriforme, long d’environ quatre lignes sur deux & demie, ou trois environ de diamètre dans le fort de son épaisseur, qui est vers sa base. Ses écailles sont oblongues, entières, vertes sur le dos, blanchâtres sur les bords, chargées de poils, tirant sur le blanc, & terminées par un bequillon sec, long d’environ une ligne, couleur de bois, dont la base est brune. Ces écailles sont luisantes & comme argentées du côté qui regarde la cavité du calice. Les plus grandes n’ont qu’environ deux lignes & demie de longueur entre le bequillon & la racine de l’ongle, sur presqu’une ligne de largeur.

Les ovaires étant dans leur parfaite maturité sont de figure conique, couleur de bois, velus, cannelés selon leur longueur, qui n’est que d’une ligne sur moitié moins de largeur à leur base, sur laquelle porte la couronne antique. Cette couronne pour lors ouverte d’une ligne & demie ; ses rayons sont blancs, luisans, inégaux, les plus longs ayant deux tiers de ligne, & les plus courts un quart seulement. On remarque à la pointe de l’ovaire une petite cavité dans laquelle s’articuloit le mammelon fistuleux, d’où partoit le cordon ombilical, qui fournissoit la nourriture à la semence que cet ovaire contient.

Cette plante est annuelle : elle fleurit en Juin & Juillet, & donne des semences mûres dès le commencement de ce dernier mois. Augustin Lipi, Médecin de la Faculté de Paris, a découvert cette plante en Egypte, entre Alexandrie & Rosette. Amberboi est le nom que les Turcs ont donné à quelques espèces de ce genre.

Ambrette, ou Semence musquée, en latin Bamia moschata. C’est la semence d’une plante nommée par les Arabes Abel mosch, qui signifie en leur langue, graine de musc. Cette semence est petite, grisâtre, taillée en rein, & a une odeur d’ambre & de musc très-forte ; elle est ambrée & douceâtre au goût. La plante qui donne cette semence est appelée Ketmia Ægyptiaca, semine moschato. Inst. R. herb. Elle est commune en Egypte ; & Prosper Alpin rapporte, que dans son temps on en prenoit la poudre dans du caffé, pour fortifier le cerveau & réjouir le cœur : les Américains l’emploient au lieu de musc, & nos Parfumeurs la mêlent parmi leurs poudres & leurs compositions odoriférantes.

Ambrette, se dit aussi d’une sorte de petite poire qui a l’odeur d’ambre gris, & qu’on appelle à cause de cela, Poire d’ambrette. Ambretta. L’ambrette a la chair tendre & délicate avec une eau douce, sucrée & de bon goût, & un peu de parfum. La Quint. Elle porte en certains pays le nom de Trompe Valet. Id. L’ambrette est à-peu-près ronde, cependant un peu plus plate, & a l’œil plus enfoncé que la leschasserie ; sa grosseur est d’environ deux pouces en tout sens, son coloris verdâtre & tiqueté, d’ordinaire plus couvert & plus roussâtre que celui de la leschasserie ; sa queue est droite & assez longue. Elle mûrit en Novembre & Décembre, & quelquefois en Janvier. Son bois est épineux & piquant.

☞ AMBRIORES. Ville & Baronie de France, dans la province du Maine, Election de Mayenne, sur la Grete qui se jete dans la Mayenne.

AMBRISE. s. m. Terme de Fleuriste. Espèce de tulipe. L’Ambrise est colombin rouge & blanc.

AMBRISI. Rivière du Congo. Ambrisius. Elle naît dans la province du Pemba, ou Pembo, près du bourg de Lemba, traverse la province de Bamba, & se décharge dans la mer du Congo.

AMBROIS. s. m. Nom d’homme. Ambrosius. Ambroise, que le vulgaire appelle plus ordinairement Saint Ambrois, fut fait Evêque de Cahors vers l’an 752. Baill. Il y a des endroits où ce Saint est appelé Ambroise, & il n’y a que le bas peuple qui dise Ambrois,

AMBROISE. s. m. Ambrosius. Il y a S. Ambroise, Archevêque de Milan au IVe siècle, & S. Ambroise Evêque de Cahors au VIIIe siècle.

Saint Ambroise au bois, en italien, Al nemo. Ordre religieux, sous la règle de S. Augustin, confirmé par Eugène IV en 1431. Les Religieux de S. Ambroise, al nemo portent l’image de S. Ambroise, gravée sur une petite plaque, & gardent l’office ambrosien. Il n’y en a qu’en Italie, & presque que dans le Milanez. Ils ont pris leur nom de leur Eglise de Milan, qui s’appelle S. Ambroise au bois, ou al nemo. On appelle en Berry les Chanoines réguliers de S. Augustin, les Peres de S. Ambroise, parce que l’église de leur abbaye à Bourges est dédiée à S. Ambroise de Cahors.