Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/731-740

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Fascicules du tome 1
pages 721 à 730

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 731 à 740

pages 741 à 750


François, comme on le voit assez par sa description.

Le P. du Tertre décrit les bananiers, & les bananes de l’Amérique, dans son Hist. des Antil. Traité II, ch. 2, §. 6. Il dit, qu’Acosta en a mieux écrit que tous les autres ; qu’il se trompe néanmoins en rangeant cette plante sous le nombre des arbres. Il distingue les figues des bananes, qui, dit-il, sont plus longues & pour l’ordinaire plus grosses. Il y en a de grosses comme la bras, & longues d’un grand pied, & un peu courbées comme les cornes de vaches. Le suc de cette plante fait une vilaine tache sur le linge, qu’on ne peut jamais ôter. L’eau dont le tronc spongieux de cette plante est rempli, est extrêmement froide, & l’on s’en sert avec succès contre toutes sortes d’inflammations. Quand on coupe la banane, on voit une belle croix imprimée sur chaque tronçon. On appelle le bananier, figuier d’Adam, ou Pomme de Paradis, comme si c’étoit l’arbre du fruit défendu qu’Adam mangea dans le Paradis terrestre. Le bananier a beaucoup de rapport à un figuier des Indes : il en differe néanmoins comme on le peut voir dans Lonvillers, Hist. nat. des Antil. Liv. I, c. 9, art. 3, dans l’Hist. des Antil du P. du Tertre, Tr. III, ch. 2, §. 6.

☞ BANARA. Ville des Indes, au Royaume de Bengale, sur la rive gauche du Cange. On écrit plus ordinairement Banarous, Banares, & Benares.

BANARBAN. s. m. Vieux mot. Charroi que les Vassaux sont obligés de faire pour leur Seigneur.

BANARDS. s. m. pl. Vieux mot. Gardes des fruits. Borel dit qu’en Languedoc on les appelle Bandiers.

☞ BANAUÇON. s. m. Terme d’Architecture, nom du troisième genre de machine des anciens, qui servoient à tirer des fardeaux. Encyc.

BANAUSE. s. m. pl. Sorte d’Esclaves qui travailloient des mains. S. Jérôme en fait mention, l. I, cont. Pélage. Cœl. Rhodiginus en parle aussi, l. 25, c. 18. en grec Βάναυσοι.

BANC. s. m. Siége de bois où plusieurs se peuvent asseoir de rang. Sacmnum. Ce banc est capable de tenir tant d’écoliers. Les anciens Marguilliers ont un banc dans une Paroisse auprès du chœur. La concession des bancs dans une Eglise, n’en transfère point la propriété, & l’usage n’en est point transmissible aux héritiers. Louet. Il n’y a que le Patron & le haut justicier qui aient droit d’avoir un banc à perpétuité.

Ménage dérive ce mot de l’italien banco, ou du latin bancus, ou bancum, qu’on a aussi écrit banchum, qui signifie la même chose ; & qui, selon les Bollandistes, Mart. T. II, pag. 252, signifie la table autour de laquelle des Juges sont assis pour rendre la justice, ou des Banquiers pour faire leurs comptes, & d’où est venu aussi le mot de banqueter. D’autres le dérivent de l’allemand pank. Nicot le dérive de abacus ; d’autres du saxon benc. Covarruvias remarque que quelques-uns tiennent que ce mot vient de l’Arabe bancq. Angelo Rocca dit que c’est un mot gothique. Icquez dit que c’est un mot de la langue des Francs, qui disoient benc, ou banc que nous avons retenu ; & Chorier dit qu’il nous est resté de l’ancienne langue des Allobroges, qui disoient bank dans le même sens. Le P. Pezron dit qu’il est celtique. C’est la même chose.

Banc, se dit aussi en parlant du temps d’étude qu’on doit faire dans les Universités pour parvenir aux degrés. Studiorum curriculum. Il faut avoir été cinq ans sur les bancs, avant que d’être Docteur, c’est-à-dire, il faut avoir étudié cinq ans. Au Palais on appelle Messieurs du grand banc les Présidens à Mortier. Judices primi subsellii, ☞ parce qu’en effet le banc sur lequel ils sont assis, est plus élevé que les siéges des Conseillers.

Banc, est aussi une espèce de bureau, ou de rendez-vous, où les Avocats & Procureurs se rangent pour parler à leurs Parties, pour y signer leurs expéditions, ou pour y serrer leur bonnet. Procuratorum ac Vausidicorum mensa. Les règlemens du Palais portent, que les Procureurs doivent se tenir demi-heure à leur banc entre 10 & 11 heures.

Banc du Roi. C’est un Tribunal de Justice, & une Cour Souveraine en Angleterre. Tribunal primarium. On l’appelle banc du Roi, parce que le Roi y présidoit autrefois en personne, & prenoit place sur un banc élevé, les Juges étant assis aux pieds du Roi sur un banc inférieur. C’est dans cette Cour que l’on plaide les causes de la Couronne entre le Roi & ses sujets, & toutes celles qui regardent la vie des sujets. Elle prend aussi connoissance des trahisons, complots, ou machinations qui se font contre le Gouvernement. Elle est ordinairement composée de quatre Juges, dont le premier est appelé le Lord Chef de Justice du banc du Roi. Il porte des robes, & des livrées de la grande garde-robe. La Juridiction de la Cour du banc du Roi est générale, & s’étend par toute l’Angleterre. Il n’y en a point dans le Royaume qui soit plus indépendante, parce que la Loi suppose que le Roi y préside toujours. Voyez Spelman.

Ban commun. C’est la seconde Cour de Justice en Angleterre. Tribunal secundarium. On l’appelle banc commun, parce qu’on y plaide les causes communes & ordinaires entre sujet & sujet. On y juge toutes les affaires civiles, réelles ou personnelles, à la rigueur de la loi. Le premier Juge de la Cour des Plaidoyers communs est appelé, le Chef de la Justice des causes communes, ou du banc commun. Il n’y a présentement que quatre Juges. Autrefois il y en a eu tantôt 8, tantôt 7, tantôt 6, & tantôt 5. Voyez Spelman sur ces deux dernières significations de banc, dans son Gloss. Archæol. On pourroit aussi s’en servir en parlant d’affaire d’Italie, car le mot bancus & banco se prend aussi pour tribunal, ou selon les Académiciens de la Crusca, pour la table autour de laquelle les Juges & Magistrats sont assis dans leurs assemblées. Voyez Du Cange au mot bancus.

Banc, en terme de Marine, est dans les galères un siége où on met quatre ou cinq rameurs de rang pour tirer une même rame. Transtra. Les galères ont vingt-cinq bancs de chaque côté. Les Galéasses ont 32 bancs, & ont six ou spet forçats par banc. Le nombre des bancs est ce qui fait différence entre les galères, & autres vaisseaux à rames, pour la grandeur & pour la force.

Bancs de Chaloupes, sont les bancs qui sont joints autour de l’arrière de la chaloupe en dedans, pour la commodité de ceux qui y navigent. Sedilia.

Banc, signifie aussi, un lieu dans la mer où il n’y a pas assez d’eau pour porter un vaisseau. On le dit aussi des sables & des rochers qui s’élèvent un peu au-dessus de la surface de l’eau. Arenariæ moles. Ce vaisseau est échoué sur un banc de sable. Le grand banc des morues vers le canada a plus de cent lieues de long, & n’est pas dangereux ; car on y peut flotter. Il se nomme autrement, le grand banc. ☞ C’est là qu’on pêche la morue qui y trouve pour sa nourriture différens coquillages. Le banc de l’Acadie, dans l’Amérique Septentrionale, sur la côte méridionale de l’Acadie. Le banc aux baleines, au couchant du grand banc. Le banc à vert, près de la côte méridionale de l’île de Terre-Neuve. Le banc de bimini, dans la mer du nord, en Amérique, proche de l’île de Bimini. Le banc de la cassie, dans la mer méditerranée, au couchant de la Sardaigne. Le banc du chien, à l’Orient d’Angleterre. Le banc de S. George, sur la côte Orientale de l’Acadie. Le banc de l’île de sable, proche de cette île, au midi de l’Acadie. Le banc des îles, au midi de l’île de Terre-Neuve. Le banc jacquet, ou le petit banc, au levant du grand banc. Le banc des orphelins, dans le golfe de S. Laurent. Le banc des perles. Il y en a deux en Amérique de ce nom ; l’un dans la mer du Nord, & l’autre sur la côte de l’Acadie au levant : on l’appelle autrement le banc aux anglois. La mer de la Manche & celle du Pont-Euxin sont pleines de bancs, & de difficile navigation.

☞ En général le banc est une hauteur d’un fond de mer inégal, qui s’élevant vers la surface de l’eau, paroît quelquefois au-dessus, ou au moins ne laisser pas assez de fond pour y mettre le vaisseau à flot. Il y a des bancs qui portent assez d’eau pour faire flotter le vaisseau, & qui par-là ne sont pas dangereux : tel est le grand banc de Terre-Neuve, au-dessus duquel il y a vingt-cinq brasses d’eau, & dans quelques endroits beaucoup plus. C’est là qu’on pêche la morue qui y trouve quantité de coquillages pour sa nourriture.

☞ Les bancs de pierres sont nommés par quelques-uns hayes de pierres ; & les grands glaçons, des bancs de glaces.

☞ Les Mariniers nomment bas-fond, ou pays-somme, un fond où il y a peu d’eau, & où la crainte d’échouer oblige à prendre des pilotes-côtiers.

☞ On appelle basse, ou bature, un fond mêlé de sable, de roche ou de pierre qui s’élève vers la surface de l’eau ; & quand la mer y vient briser de basse eau, c’est proprement une batture ou un brisant.

☞ Les Cayes ou Caiches sont des bancs de sable ou de roche couverts d’une vase épaisse ou de quantité d’herbages. Quelques-uns appellent ces bancs roches molles.

☞ Les bancs de sable ou de roche sont nommés dangers dans la méditerranée.

☞ On donne aux bancs le nom d’écueil, formé du latin scopulus. Les Latins appeloient pulvini, c’est-à-dire, coussins, les bancs de sable, & Syrtes, les écueils mêlés de roches.

☞ On appelle écore, le bord ou les approches d’un banc, c’est-à-dire, un précipice à l’extrémité d’un banc ; & une petite écore s’appelle pilon.

Banc, se prend aussi figurément pour le peu de succès que nous avons dans nos entreprises, aussi-bien que le mot d’écueil. En écrivant l’histoire, je crains de donner à travers quelque banc ou quelque écueil caché sous l’eau. Ablanc.

Banc de jardin, est un siége qui se fait de gazon, ou de marbre, ou de bois dans un jardin. Sedile cespititium.

Banc, signifie aussi un lit de pierre, ou un étage dans les carrières. Le banc du ciel est celui d’enhaut qui est le plus dur, & soutenu sur des piliers qu’on y laisse d’espace en espace : ensorte qu’il sert de ciel ou de plafond à la carrière. Il y a des carrières où l’on trouve deux bancs de ciel. Une carrière de bon banc.

Banc à dégrosser. Terme de Tireur d’or. Espèce de petite argue, que deux hommes font tourner, pour réduire les lingots d’or, d’argent ou de cuivre, à la grosseur d’un ferret de lacet.

Banc à tirer. Autre terme de Tireur d’or, qui signifie la machine dont ils se servent, pour tirer le fil d’or ou d’argent, tant fin que faux, à travers les pertuis d’une petite filière appelée Pregaton.

Banc. On appelle aussi de la sorte dans les Manufactures des glaces, une espèce de grande table, composée de plusieurs sortes de planches, sur laquelle se pose la pierre de liais, où se mettent les glaces que l’on veut dégrossir, ou adoucir.

Banc d’Hippocrate, Hippocratis scamnum. Machine dont on se servoit autrfois pour réduire les luxations & les fractures. C’étoit une espèce de bois de lit sur lequel on étendoit le malade. Il y avoit un aissieu à chaque bout, qui se tournoit avec une manivelle. On attachoit des lacs aux parties luxées ou fracturées d’un côté, & aux aissieux de l’autre. En tournant les aissieux, ces lacs qui s’entortilloient autour, faisoient l’extension & la contre extension autant qu’il étoit nécessaire, pendant que le Chirurgien réduisoit les os dans leur situation naturelle. Oribase fait la description de ce banc. Hippocrate l’avoit inventé, d’où étoit venu ce nom.

Les bancs des Salpétriers sont de longues pièces de bois en forme de madrier, sur lesquelles sont posés les cuviers aux lessives.

Banc de cuve, dans les Brasseries, sont les planchers qui entourent les cuves.

Banc, chez les Cardeurs, est une planche d’un pied de large, allant en pente par un bout, & qui porte toutes les parties du rouet.

Banc à tirer, chez les Chaînetiers ; il leur sert pour passer à la filière le fil de fer, de cuivre ou de laiton qu’ils veulent employer à des chaînes, & pour les diminuer de grosseur.

Banc à couper, chez les Cloutiers d’épingles. C’est un banc de figure presque carrée, garni de rebords. Les cisailles sont attachés au milieu par une de leurs branches.

Banc à tirer, chez les Epingliers. Espèce d’établi adossé d’un bout sur un billot fendu à deux ou trois endroits pour y battre la filière.

Banc, chez les Fondeurs de caractères d’Imprimerie, servant à recevoir les lettres à mesure qu’on les fond, & de décharge pour plusieurs choses nécessaires à l’ouvrier.

Banc d’Imprimerie, servant d’un bout à mettre le papier trempé prêt à être imprimé, de l’autre pour chaque feuille au sortir de la presse.

Banc, dans les Verreries. C’est un siége sur lequel le maître s’assied pour faire l’embouchure, & pour poser la cordeline.

☞ En venerie on appelle banc les lits des chiens.

☞ Dans les salines on appelle banc un endroit clos, couvert, pratiqué à côté de la poêle, où le sel demeure dix-huit jours avant que d’être porté dans les magasins.

☞ BANCA, ou BANKA, Île des Indes, près celle de Sumatra.

Banca, est aussi une petite place dans l’Île de même nom, où les Hollandois ont un fort.

☞ BANCALIS, ville de l’Inde, au royaume d’Achem, dans l’Île de Sumatra, au fond d’une baye.

☞ BANCALLE. s. f. Terme de mépris qui se dit populairement d’une femme qui a les jambes tortues.

BANCELLE. s. f. Petit banc long & étroit comme celui qu’on met aux tables des petits cabaret. Scabellum. La bancelle nous y sert de tabouret. Scarron.

BANCHE. s. f. Terme de Marine. C’est le nom que l’on donne à un fond de rochers tendres & unies, qui se trouvent en certains lieux au fond de la mer. ☞ Sa surface supérieure est assez dure, un peu au-dessous elle est un peu plus molle. Plus on la prend bas, moins elle est dure ; desorte qu’en approchant du lit de glaise pure, elle paroît s’approcher de la nature de cette terre : ce qui fait croire à M. de Réaumur que ce n’est autre chose que de la glaise durcie, par ce qu’il y a de visqueux dans la mer.

☞ BANCHISCH. Province de l’Indoustan, dans les Etats du Mogol, au midi de Cachemire.

BANCLOCHE. s. f. Vieux mot. Alarme formée par la cloche.

BANCROCHE. s. m. & f. Varus. Nom de mépris & du style familier que l’on donne aux personnes petites, contrefaites, ou qui ont les jambes tortues.

☞ BANDA. Îles de l’Asie, ainsi nommées à cause de la principale d’entr’elles qui est à trente lieues de celle d’Amboine. Ces Îles sont sujettes à de grands tremblemens de terre.

Mer de Banda. On nomme ainsi une partie de l’Archipel des Moluques, dans l’océan Indien, près des Îles de Banda.

Banda. Ville de la presqu’Île de l’Inde, deçà le Gange, au royaume de Decan.

BANDAGE. s. m. Art de bander les plaies suivant les diverses parties du corps où elles se trouvent. Un Professeur en chirurgie doit faire plusieurs leçons des bandages.

Bandage, se dit aussi de l’application d’une ou de plusieurs bandes autour d’une plaie ou d’une partie malade, pour contenir les parties dérangées, comprimer quelque vaisseau, & maintenir les médicamens & l’appareil.

Les bandages sont simples ou composés. Le bandage simple est égal ou inégal. L’égal s’appelle circulaire, parce que la bande tourne également sur les mêmes circonvallations, sans les découvrir ; on l’applique aux fractures simples, pour serrer également. Le bandage inégal est celui dont les circonvolutions sont obliques : il est de quatre espèces. Le premier se nomme doloire, en latin ascia, coignée, à cause de sa figure. Les seconds tours de bande ne découvrent que les premier. Le deuxième est le mousse ou l’obtus, dans lequel les deux tiers des circonvolutions sont découvertes. Le troisième est le rampant ; on le fait en spirale autour de la partie. Le quatrième est le renversé. Il est ainsi appelé parce qu’on est obligé de faire des renversés avec la bande, quand la partie n’est pas d’une égale grosseur par-tout. Les bandages composés sont ceux qui se font avec plusieurs bandes cousues ensemble, ou avec une bande coupée à plusieurs chefs. Les bandages prennent encore le nom de contentifs, lorsqu’ils ne servent qu’à contenir les médicamens sur la partie malade ; d’unissans ou incarnatifs, quand on les fait pour réunie les plaies simples ; é de divisifs, lorsqu’ils en empêchent la réunion.

Bandage à dix-huit chefs. C’est un bandage composé d’un linge plié en trois, & coupé par les côtés en trois endroits, pour faire dix-huit chefs, d’où vient son nom : on l’emploie aux fractures compliquées. Col de Villars.

Bandage de Galien ou des pauvres. Espèce de couvre-chef à six chefs, dont on peut se servir pour toutes les grandes blessures de la tête. Voyez le Dict. de M. Col de Villars.

On appelle plus particulièrement bandages, les brayets, qu’on est obligé de porter quand on a des hernies, ou descentes ; ou quelqu’autre maladie su scrotum. Fascia herniæ coercendæ.

Bandage, se dit aussi des ferremens qui lient, ou qui fortifient des roues, ou des pièces d’une machine. vincula, ligamina. Bandage de roue ; ce sont des bandes de fer courbées & percées de distance en distance pour les attacher avec de gros clous autour des jantes des roues. Liger. Ces roues ne valent rien, mais le bandage en est encore bon.

Bandage, terme de Fonderie. Les Fondeurs donnent ce nom à un assemblage de bandes de fer plat qu’ils appliquent sur les moules des ouvrages qu’on veut jeter en fonte, pour empêcher qu’ils ne s’écrasent, & ne s’éboulent par leur propre pesanteur.

Bandage, se dit aussi des pièces qui servent à bander une arbalète, un pistolet, & autres choses qui font ressort. Il y avoit autrefois bien plus de pièces pour le bandage d’une arquebuse, qu’il n’en faut à présent.

Bandage. Espèce de caractère magique ou de sortilège. Apollonius fut mené devant l’Empereur : en entrant on le fouilla, de peur qu’il ne portât quelque bandage, quelque billet, ou quelqu’autre sorte de caractère. Fleury.

BANDAGISTE. s. m. C’est un faiseur de bandages. Fasciarum ad coercendam herniam artifex. Il est du Corps des Chirurgiens ; c’est à S. Côme qu’on le reçoit.

BANDE. s. f. Pièce d’étoffe coupée en longueur, & qui a peu de largeur. Tænia. Les Suisses portent des habits découpés par bandes. Il y a des bandes de velours sur les habits du train de cet Ambassadeur. Dans les guerres civiles des maisons d’Orléans & de bourgogne sous Charles VI, l’Orléanois portoit des écharpes, que le peuple appeloit, comme il fait encore maintenant, bandes. Pasq. Recherch. Liv. VIII, Ch. 51. Le Comte d’Armagnac Connétable avoit pour devise une bande ; c’est pour cela qu’ayant été tué dans la prise de Paris par les Bourguignons, on lui leva une bande de sa peau de la largeur de trois ou quatre doigts depuis les épaules jusqu’au genouil, & on la lui mit en écharpe. Parad.

Bande, est aussi un lien large & plat, servant à lier, serrer ou contenir quelque chose. Fascia. Les bandes d’un enfant en maillot, d’une femme en couche, d’un cautère.

Ménage, après Lipse & Saumaise sur Solin 1130, dérive ce mot de l’allemand bande, qu’ils disent être aussi un mot persan & arabes ; mais que les Persans & les François l’on pris du bas grec bandon, ou du latin bandum, signifiant une enseigne d’une pièce d’étoffe ou de linge, plus longue que large. Bandum se trouve dans la vie de saint Anastase Persan, qui vivoit au commencement du VIIe siècle, & dont la vie a été écrite au même siècle par un Auteur témoin oculaire ; bandum s’y trouve, dis-je, pour signifier un étendard, un drapeau, une enseigne militaire. Voyez Bollandus. Acta SS. Jan Tom. II, p. 439. Un vieux Glossaire grec manuscrit de la Bibliothèque de M. Séguier, cité dans le Glossaire qui est à la tête de l’histoire de Théophilacte Sinéocartes, dit qu’il se tire du latin, & que les Italiens appellent Βάνδα les étendards. Nous ne l’avons donc pas pris du grec moderne bandon, mais plutôt les Grecs ont pris bandon du bas latin bandum, qui probablement s’est formé selon les étymologies qui sont suivre.

Du Cange dit qu’il vient du Saxon bend, dont la basse latinité a fait bende & bendellus, bandeau ; d’où sont venus aussi les mots de banderolle & de bannière, les bandes des gens de guerre, parce qu’ils étoient distingués par bandes & par enseignes. Dans la vie de saint Zite, on trouve Binda dans le même sens ; sur quoi le P. Papebrock remarque qu’il vient de l’allemand Binden, qui signifie lier. Act. Sanct. April. T. III, p. 519. Voyez encore Maii T. IV., p. 389. A. & dans Anastase, sur le retour de Léon III à Rome, on lit, cum signis & bandis, avec les étendards & bannières ; la lettre du Pape Hadrien à Charlemagne ; Procope, de Bello Vand. 2, p. 123, qui appelle Βανδόφοροι, ceux qui portoient les étendards, ou bannières, Liv. II, p. 134. Voyez le Glossaire de Pabretti, qui est à la tête de Cédrenus de l’édit. du Louvre, & celui de Meursius. Ce mot néanmoins ne vient point du grec, comme on l’a déjà dit. Du Cange croit que bande s’est fait de ban, banum, parce que ceux qui mettoient le ban à quelque chose, ou qui mettoient quelque chose au ban, y attachoient un voile, ou un morceau d’étoffe. Enfin d’autres le dérivent de bannar, ancien mot britannique, ou cambrobritannique, qui signifie étendard, & qui a été formé de bann, élévation ; car bann, comme on le peut voir dans Boxhornius, signifie être haut, être élevé.

On appelle aussi des bandes de broderie, ou de tapisserie, les ornemens faits à l’aiguille, qui sont étendus en long & avec peu de largeur sur des lits, sur des paremens d’Autels, sur des habits, &c. Instita opere Phrygio texta.

Bande, se dit aussi du fer battu en long, qui sert à lier ou contenir quelque chose. Ferrea lamina. Il faut trois bandes de fer pour attacher une flèche de carrosse. Il faut mettre deux bandes à cette roue. Voyez Bandage.

On appelle bandes flamandes, une espèce de peinteures.

Bande d’une selle, se dit de deux pièces de fer plattes, larges de trois doigts, clouées aux arçons pour la tenir en état.

Bande, est aussi un terme de Pâtissier, qui se dit d’un morceau de pâte étendue, qu’on coupe en long, pour mettre sur des tourtes de godiveaux & autres ouvrages de pâtisserie.

Bande, en Chirurgie. On appelle bande roulée à un chef, une bande roulée par un bout, & bande roulée à deux chefs, celle qui est roulée par les deux bouts.

Bande d’Héliodore. Fascia Heliodori. Espèce de bandage ou suspendoir pour les mammelles. Voyez-en la description dans le Dict. de M. Col. de Villars.

Bande, en terme d’Anatomie. Dans la Planète de Jupiter, outre les taches, nous voyons plusieurs bandes parallèles qui traversent son disque apparent. Elles ne sont cependant par toujours de même grandeur, ni à même distance ; il semble qu’elles augmentent ou diminuent alternativement. Tantôt elles sont fort éloignées l’une de l’autre, tantôt elles paroissent se rapprocher ; mais c’est toujours avec quelque nouveau changement. Institut. Astronomiq. p. 54.

Bande, en Architecture, se dit de plusieurs membres plats & unis, qui représentent en effet des bandes, ou lisières ; comme les frises, qu’on appelle autrement plates-bandes en fasces, les architraves, & autres pièces moindres, dont quelques-unes sont susceptibles d’ornemens. Fascia. Il y a aussi des bandes de trémie, qui sont des barres de fer qui servent à soutenir les atres, les manteaux & les languettes des cheminées. Vectis. Les bandes de colonnes sont une espèce de bossage, dont on orne le fût des colonnes. Fascia. Il y en a de diverses sortes, selon les divers ordres d’Architecture.

Bandes, chez les Imprimeurs, se dit des pièces de fer sur lesquelles roule le train de la presse.

Bandes ligamenteuses, en Anatomie. Ce sont trois bandes adhérentes à la tunique membraneuse ou commune du cœcum.

Bande, chez les Charcutier. Bande de Cervelas, six Cervelas attachés l’un au bout de l’autre.

Bande, terme de Potier, signifie plusieurs carreaux arrangés de suite ; car alors on dit bande de carreaux.

Bande, chez les Ceinturiers, qui appellent bandes de baudrier, presque tout le corps du baudrier.

Bande, terme de Balson. La bande est une des pièces qu’on appelle honorables dans l’Ecu. Tænia. Elle est de métal ou de couleur, traverse l’Ecu d’angle en angle, & prend depuis le chef du côté droit, & aboutit à la pointe au côté gauche. La bande, quand elle est seule, doit régulièrement occuper le tiers de l’Ecu ; car si elle ne contient que les deux tiers de son ordinaire, on l’appelle cotice, tæniola ; & quand elle n’est que du tiers, ou moins de ce tiers, on l’appelle bâton, ou bande en devise. Obliquum bacillum. Bande dentelée, engrélée, denchée, bretessée, échiquetée, ondée, potencée, chargée, accompagnée, &c. Et quand il y en a plusieurs, on en spécifie le nombre, & on dit, un Ecu bandé, de 6, de 8 pièces, &c. On l’appelle aussi bandé, quand les principales pièces sont chargées de bandes, comme le chef, la fasce, le chevron, &c. Le Landgrave de Hesse porte d’azur au lion bande d’argent & de gueule de 8 pièces. On le dit aussi des bandeaux qui sont sur les têtes des figures du Blason. Quand le bâton ne touche pas les bords de l’Ecu, on l’appelle péri en bande. Les bandes, les barres, les fasces représentent les écharpes que les Dames donnoient aux Chevaliers dans les tournois. Les bandes qui sont dans les armoiries de plusieurs familles, viennent de ce que leurs ancêtres dans les divisions des maisons d’Orléans & de Bourgogne, avoient pris parti pour les Duc d’Orléans, dont les partisans portoient des bandes ou des écharpes blanches.

Bande, dans le Commerce. Petit poids d’environ deux onces, dont on se sert en quelques endroits de la côte de Guinée, pour peser la poudre d’or.

Bande de glace. Terme de Miroitier. Pièce de glace qui n’est propre qu’à faire des bordures de miroirs.

Bandes, en termes de Carreleurs, sont divers carreaux carrés de terre cuite, dont on forme des espèces de bandes entre lesquelles on renferme les carreaux hexagones. On ne se sert plus guère à Paris de cette manière de carreler en bandes.

Bande. Terme de Conchyliologie. Voyez Fascie.

Bande, en terme de Marine, signifie, côté. Plaga, regio. Nous navigeons à deux degrés de la ligne de la bande du Nord. La déclinaison de l’aiguille est là de tant de degrés de la bande du Sud.

On dit aussi, mettre son vaisseau à la bande, quand on le fait pencher sur un côté, pour lui donner le radoub, ou le suif.

Bande, signifie encore une multitude de personnes associées séparées des autres, & pour un même dessein. Caterva, turba. La grande bande des Violons se dit des 24 Violons du Roi. On dit aussi bande de séditieux, bande de factieux, bande de ligueurs, bande de voleurs. On a pris des voleurs, qui ont déclaré tous ceux qui sont de leur bande. On dit encore, bande de Bohémiens, bande d’Egyptiens.

Monsieur, l’on vous demande ;
C’est un Comédien. Parbieu voici la bande.
Dites Troupe. L’on dit, Bande d’Egyptiens,
Et bande offenseroit tous les Comédiens.

Poisson, Bar. de la Crasse.

Bande, troupe & compagnie sont synonymes, en ce qu’ils marquent tous multitude de personnes ou d’animaux ; mais ces trois mots sont distingués l’un de l’autre par quelque idées accessoire & particulière à chacun d’eux. Plusieurs personnes jointes pour aller ensemble, dit M. l’Abbé Girard, font la troupe. Plusieurs personnes séparées des autres pour se suivre & ne se point quitter, font le bande. Plusieurs personnes réunies par l’occupation, l’emploi ou l’intérêt font la compagnie. Il ne faut pas se séparer de sa troupe, pour faire bande à part, & il faut avoir & prendre l’intérêt de la compagnie où l’on se trouve. On dit une troupe de Comédiens, une bande de violons, & la compagnie des Indes. On dit aussi une bande d’étourneaux, des loups en troupe, deux tourterelles de compagnie.

Bande, se disoit autrefois des troupes de gens de guerre. militum manus ; mais il n’est demeuré en usage que dans cette phrase, le Prévôt des bandes ; pour dire, le Juge des soldats du Régiment des Gardes. Cependant Vaugelas dit dans son Quint-Curce, que les bandes Grecques avoient joint le gros de l’armée. Et M. De Harlai dans son Tacite, il falloit aller droit au camp s’assurer des bandes prétoriennes. Ce mot vient en ce sens de ce que l’on a dit bandum pour un drapeau, une enseigne militaire, comme nous l’avons marqué ce-dessus. Les Clossæ Nomicæ disent que ce nom étoit en usage chez les Romains, ce qu’il faut entendre du bas Empire.

On dit encore, qu’un Général va de bande en bande pour animer ses soldats.

On le dit aussi des corps qui sont unis, & qu’on sépare. Quand on est trop de personnes ensemble pour se réjouir, il faut se séparer en plusieurs bandes. Le gros de la Cavalerie s’est séparé en deux bandes pour aller couper les ennemis.

Bande, se dit aussi de plusieurs personnes assemblées pour se divertir. Ainsi on dit la bande joyeuse, la bande bachique ; mais ce n’est que dans le style simple & comique.

Ensuite avec solennité
Toute notre bachique bandeauBut un grand verre à ta santé. La Chap.

Bande, se dit aussi parmi les Bouchers de plusieurs bœufs qu’on mene de compagnie. Boum armentum. il vient d’arriver une belle bande de bœufs au marché.

Bande, est encore un terme de jeu de billard. La bande est le bord de la table sur laquelle on joue, ora. La bande est haute de deux ou trois pouce. On dit, collé sous la bande ; ou simplement collé, en parlant d’une bille qui touche à la bande, & qui s’y arrête.

On dit proverbialement, faire bande à part ; pour dire, se séparer d’une troupe, d’un parti avec lequel on avoit quelque liaison. Ab aluus discedere, sejungere se.

L’origine de ce mot en cette dernière signification vient, selon Pasquier, des guerres civiles des maisons d’Orléans & de Bourgogne sous le regne de Charles VI qui se distinguoient, parce que ceux qui tenoient pour la maison de Bougogne, portoient une Croix rouge de S. André, qu’on appelle encore Croix de Bourgogne ; & ceux qui suivoient le parti de la maison d’Orléans, portoient des écharpes, que le peuple appeloit bandes, desorte qu’on les appeloit les Bandés, comme on avoit dit ailleurs les Croisés ; & comme ils étoient fortement ligués, on a dit que des gens se bandoient contre quelqu’un, quand ils se liguoient contre lui, a qu’ils étoient de sa bande ; pour dire, de son parti.

Bande. Ordre militaire. L’Ordre de la Bande. Les Chevaliers de la Bande, Bandæ militia, dit Miræus dans ses Origines Ordin. Equestr. cap. 5. C’est un Ordre militaire d’Espagne, institué par Alphonse XI, ou selon d’autres XII. Roi de Castille l’an 1332, sous le pontificat de Jean XXII. Il prit son nom d’une bande, ou ruban rouge, que les Chevaliers portoient croisé, passant de dessus l’épaule droite sous le bras gauche. Banda signifie en espagnol la même chose que bande en françois. On n’y recevoit que des gens nobles ; mais les aînés des Grands en étoient exclus. Il falloit avoir servi au moins dix ans dans les armées, ou à la Cour. Ils devoient prendre les armes pour la Foi Catholique contre les Infidèles. Le Roi étoit Grand-Maître de l’Ordre. Leur Règle, que Justiniani rapporte, consiste en 38 articles. Justiniani l’appelle l’Ordre de la Bande, ou de l’écharpe. Les Chevaliers de S. Jacques semblent avoir succédé à ceux de la Bande. Ceux qui ont écrit de cet Ordre sont Mariana, Hist. d’Esp. Liv. XVI. ch. 11. Antoine Guevara, Paul Maurigia, Lib. II. Orig. Monast. cap. 9. Justiniani, Tom. II, ch. 52, p. 634, & ceux qui ont traité des ordres militaires en général, & que nous indiquerons au mot Ordre.

Dom Jean I, Roi de Castille & de Léon, prit soin d’agrandir l’Ordre de la Bande, & donna l’écharpe à cent Chevaliers le jour de son couronnement, qui se fit dans la ville de Burgos l’an 1379. Cet Ordre fut ensuite aboli, & a été renouvelé de nos jours, depuis que Philippe V, de la maison de Bourbon, & petit-fils de Louis le Grand Roi de France, est monté sur le trône d’Espagne. P. Hélyot, T. VIII. C. 42.

BANDÉ. s. m. Nom que l’on donna sous Charles VI, à ceux de la faction d’Orléand. Aurelianensis factionis homo. Voyez ci-dessus, faire bande à part.

BANDEAU. s. m. Bande que l’on met sur le front, ou sur les yeux. Fascia, velum. On met un bandeau à ceux qui reçoivent la Confirmation. Il y a 50 ou 60 ans, que les veuves portoient un bandeau, comme les Religieuses. M. tel est mort : pouvez-vous représenter sa femme affligée avec un bandeau ? Mad. de Sév. Le bandeau que l’on met à ceux qui sont confirmés, doit être de linge : autrefois on devoit le porter durant sept jours : dans la suite on se contenta de le porter trois : enfin, le Concile de Chartres en 1526, ordonna qu’on le garderoit au moins pendant vingt-quatre heures, au bout desquelles après avoir ôté le bandeau, on laveroit avec de l’eau & du sel le front de la personne qui auroit été confirmée, & on brûleroit le bandeau. Les Auteurs Ecclésiastiques appellent ce bandeau, vitta, linea, chrismale, bandellus. Voyez le P. Martène Bénédictin.

Bandeau de Religieuse. C’est une bande de toile que les Religieuses portent sur le front, pour signifier quelles ferment volontairement les yeux, pour ne plus voir les folies du monde, auxquelles elles ont renoncé.

Bandeau, en termes d’Architecture, se dit d’un architrave ou moulure qui s’étend depuis une imposte à l’autre, en se courbant en arc par-dessus une porte ou fenêtre. On le dit aussi des chambranles des portes carrées.

On appelle le Diadème, un bandeau royal, parce que la marque de la Royauté étoit autrefois un bandeau, que les Rois mettoient sur leur front. Fascia candida.

☞ On appelle proprement bandeau, la partie de la couronne qui la termine par en-bas, & qui ceint le front.

☞ On appelle aussi bandeau, une bande qu’on met sur les yeux de quelqu’un pour l’empêcher de voir. Les Poëtes & les Peintres représentent l’amour avec un bandeau sur les yeux.

On dit figurément, qu’un homme a un bandeau sur les yeux ; pour dire, qu’il est aveugle, qu’il est préoccupé de quelque passion, qui l’empêche de voir la vérité. L’amour-propre est comme un bandeau épais qui nous empêche d’appercevoir nos défauts. Bell. La discorde avoit mis un bandeau fatal sur tous les yeux. Racin.

On met aussi un bandeau aux figures qui représentent la Justice ; pour signifier que les Juges ne doivent connoître, ni favoriser personnes, & qu’ils sont obligés de rendre également la Justice, & sans distinction.

Bandeau, se dit aussi d’un médicament externe, qu’on applique sur le front, composé de fleurs, de semences concassées, de décoctions de plantes, ou d’huiles & d’onguens pour apaiser les douleurs de tête, & faire dormir.

Bandeau, en menuiserie, est une planche mince & étroite qu’on met au pourtour des lambris par le haut, qui tient lieu de corniche.

BANDÉE. s. f. Terme de Coutume. C’est l’ouverture des vendanges dont la proclamation se fait par ordonnance de Justice. Vindemiæ denunciatio. Ce mot vient apparemment de ban, qui se dit dans le même sens, comme on le peut voir en son lieu ; & l’on a dit bandée pour bannées ; c’est-à-dire, proclamation du ban des vendanges.

BANDÉGE. s. m. C’est ce qu’on appelle autrement cabaret, plateau, ou espèce de table à petits rebords, & ordinairement sans pieds, sur laquelle on met des tasses à café, des soucoupes, un sucrier, & des cuilliers lorsqu’on prend du thé, du café, ou du chocolat. Quatre grands bandéges garnis d’argent, ouvrage du Japon. Vingt-six sortes de bandéges du plus beau vernis du Japon. De Chaumont. Un bandége garni d’une cafetière & de tout le petit meuble qu’il faut pour prendre du café. Merc. de Juin 1720. On apporte ensuite des tasses de thé sur un bandége. A la Chine, au commencement du second service, chaque convié fait apporter par un de ses valets un bandége, où sont divers petits sacs de papier rouge, qui contiennent un peu d’argent pour le cuisinier, pour les maîtres d’hôtel, pour les comédiens (car dans les festins il y a toujours une comédie qu’on représente pendant le repas) & pour ceux qui servent à table. Les bandéges se portent devant le maître du logis. Observ. sur le Ecrits Mod. M. Dellon, c. 46, p. 353, du I tome de ses Voyages, dit que les Indiens appellent bandeja un grand bassin de bois vernis.

BANDELETTE. s. f. Petite bande avec laquelle on lie, on entoure quelque chose. Tænia, tæniola, vitta. On tient les cheveux retroussés avec des bandelettres. Les victimes des Païens étoient ornées de bandelettes. Les Pontifes se couvroient aussi la tête de bandelettes qu’on appeloit sacrées, pour faire des sacrifices, ou des prières publiques dans les cérémonies extraordinaires. Les Dames Romaines se coiffoient avec de petites bandelettes, qui étoient la marque de la pudeur & de la chasteté, & que les courtisannes n’osoient porter ; Ovide le dit : Este procul vittæ tenues, onsigne pudoris.

Bandelette, est aussi un ornement d’Architecture, qu’on appelle aussi règle, qui est plus petite que la platebande, & plus grande que le liteau. C’est comme la moulure plate qui couronne l’architrave Dorique.

Bandelette, ou ruban, terme de conchyologie, est une espèce de fascie très-étroite, qui se distingue sur la superficie d’une coquille.

BANDER. v. a. Lier avec une bande. Fasciis vincire, astringere, alligare, obligare. Il faut bander une plaie, afin d’empêcher que le sang ne se perde. On bande la tête de ceux qui ont la migraine.

Bander, signifie aussi mettre un bandeau sur les yeux de quelqu’un, pour l’empêcher de voir. ☞ On bande les yeux d’un criminel qu’on va exécuter. On bande le colin-maillard. Alicujus velum adbucere.

Bander, en parlant des choses qui font ressort, c’est les tendre avec effort. Intendere, contendere. On bande un arc, un ressort, un arbalête. On le dit aussi des autres choses. Bander une corde. Bander la corde d’une grue, d’un cabestan, bander un cable, pour élever un fardeau. Il faut bander davantage la corde de ce théorbe. Il faut bien bander cette toile sur ce châssis.

☞ On dit proverbialement & figurément, bander son esprit, avoir l’esprit bandé ; pour dire, s’appliquer fortement à une chose avec une grande contention d’esprit. Nervos omnes, ou omnibus nervis contendere. Il faut bander son esprit pour jouer aux échecs.

bander une balle, au jeu de peaume, ou simplement bander. C’est enlever avec la raquette, & jeter dans les filets une balle qui roule sur le pavé. Pilam extrà sphœristerri parietes mittere. Jouer à bander, ou bander à l’acquit, jouer à qui payera les fraisn en enlevant les balles de cette sorte.

Bander, en termes d’Architecture, c’est assembler les voussoirs & claveaux sur les cintres de charpente, & les fermer avec la clef.

Bander, en termes de Pâtissier, c’est mettre de petites bandes de pâte sur des tourtes & autres pièces de four. Il faut bander cette tourte, ce godiveau.

Bander les dames au trictrac. C’est les charger, en mettre trop sur la même flèche.

Bander une voile, en termes de marine. C’est coudre à une voile des morceaux de toile pour la fortifier.

Bander, dans le sens propre, se dit aussi au neutre. Cette corde bande trop. Elle est trop tendue. Le vent faisoit bander les voiles. Acad. Fr. Ce ressort bande trop.

☞ En Fauconnerie, on dit qu’un oiseau bande au vent, quand il se tient sur les chiens faisant la crecerelle.

☞ Ce verbe se prend encore neutralement pour désigner l’érection naturelle de la verge. Arrigere. On le dit principalement des hommes. Juvenal a dit, rigidæ tentiginæ vulvæ. Dans ce sens il est obscène, & ne se dit point parmi les honnêtes gens.

☞ Se bander, se dit quelquefois au propre ; pour dire, se mettre une bande. Il eut la force de se bander lui-même pour arrêter son sang. Il s’emploie plus souvent au figuré ; pour dire, liguer, se roidir opiniâtrement contre quelqu’un. Adversari, obsistere. Il se sont tous bandés les uns contre les autres. Tous les Seigneurs du Parlement d’Angleterre s’étoient alors bandés contre le Roi. Tous les principaux Sénateurs s’étoient bandés contre lui. Ablanc. Cette expression vient de ce que dans les guerres civiles des maisons de Bougogne & d’Orléans, ceux qui tenoient pour la maison d’Orléans portoient des écharpes qu’on appeloit bandes ; d’où vient que ceux qui suivoient le parti des Ducs d’Orléans, de Berry, & du Comte d’Armagnac, qui s’étoient ligués ensemble, furent appelés les bandés ; & l’on dit, se bander ; pour dire, prendre parti contre le Duc de Bourgogne. Et de-là s’est dit en général, se bander contre quelqu’un ; pour dire, se déclarer, se liguer contre lui. Voyez Pasquier, Recherch. Liv. VIII. ch. 51.

On dit proverbialement, bander la caisse ; pour dire s’enfuir, s’en aller, parce qu’en effet on bande la peau d’une caisse, ou tambour, quand on veut battre la marche ou la retraite : par la même figure on dit, bander ses voiles ; pour dire, s’en aller, parce qu’en effet le vent fait bander les voiles d’un vaisseau qui sort d’un port. On dit qu’il faut se bander les yeux ; pour dire, qu’il ne faut pas prendre garde à quelque perte, à quelques désordres domestiques qu’on ne peut empêcher.

☞ BANDÉ, ÉE, part. Il a les mêmes significations que son verbe en latin comme en françois.

Montreuil dit à Madame de Sévigny qui jouoit à Colin-Maillard.

De toutes les façons vous avez l’art de plaire ;
Mais sur-tout vous savez nous charmer en ce jour :
Voyant vos yeux bandés, on vous prend pour l’Amour,
Les voyant découverts, on vous prend pour sa mere.

C’est aussi un terme de Blason, qui se dit de tout l’écu lorsqu’il est couvert de bandes, ou d’une piède bandée, comme le chef, le pal, la fasce. Bandé d’or & de gueules.

BANDER. s. m. Nom Persan, que les Turcs ont aussi pris des Persans, comme beaucoup d’autres mots. Il signifie proprement Ville de Douanne, ville où l’on s’arrête pour payer les droits d’entrée sur les marchandises. Et parce que ces droits se payent à l’entrée ou à la frontière d’un Royaume, un grand nombre de villes frontières en Turquie & en Perse portent ce nom. Le Roi de suède a été long-temps à Bander, où il s’est retiré après la bataille de Pultowa.

BANDEREAU. s. m. Nom qu’on donne au cordon qui sert à pendre la trompette au cou de celui qui sonne. Funiculi.

BANDERET. s. m. Chef de la milice. Dux, Præfectus copiarum. Ce nom se donne aux Chefs de la milice de tout le canton de Berne. Je ne sais s’il se dit ailleurs. Il y a dans Berne quatre Banderets, qui sont les Chefs de la milice de tout le canton. Maty. Peut-être que Banderet se dit pour Banneret, comme bandée pour bannée ; ou bien il vient de bandé, qui signifie Chef des bandes, c’est-à-dire, des troupes de milice.

BANDEROLLE. s. f. Petit étendard en forme de guidon, étendu plus en longueur qu’en largeur, qu’on met sur les mâts des vaisseaux, & sur les pains bénits des personnes de condition qui veulent faire voir leurs armoiries. Parvum, minus vexillum. On dit aussi, une banderolle de trompette, qui est un petit étendard armoirié attaché aux branches.

Ce mot est un diminutif de bande.

Banderolle, étoit une enseigne diminutive de la bande. Elle a été d’usage parmi les François. Son nom & son peu de grandeur montrent qu’elle étoit plus petite que la bande. Les petites enseignes ont toujours été du goût des peuples errans. Les Scythes & les Esclavons aimoient ces sortes d’enseignes. Il a été un temps où la banderoll plaisoit tant aux guerriers, qu’il n’y avoit presque point de cavaliers qui n’en eût une à sa lance. On voit par des monumens anciens, que les lances des cavaliers étoient ornées de banderolles. Cette mode s’est passée parmi nous, nous n’avons plus d’enseignes de cette espèce.

Banderolle, dans le négoce des bois à brûler, & du charbon, signifie une petite planchette de bois, ou feuille de fer blanc, carrée-longue, sur laquelle est collé le tarif du prix de ces marchandises.

☞ BANDIER. adj. Dans quelques coutumes c’est la même chose que bannal.

BANDIÈRE. s. f. Terme de mer. Paremens de damas, ou de taffetas, que l’on met au-dessus des mâts, & qui portent les armes des Souverains. Dans ce sens ce mot est synonyme avec bannière. On dit aussi d’une armée, qu’elle est rangée en front de bandière, lorsqu’elle est assemblée & rangée en campagne avec les étendards & les drapeaux à la tête du corps. Cette situation d’une armée est opposée à celle qu’on exprime, quand on dit qu’elle est cantonnée, c’est-à-dire, par troupes en différens endroits, bourgs, villages, ou cantons.

BANDILLE. s. m. Nom d’homme, qui se fit en Lyonnois pour Baudille. Voyez ce mot.

BANDIMENT. s. m. Terme de coutume. C’est proprement une proclamation que le Seigneur haut justicier fait faire par son sergent. Denunciatio, promulgatio. C’est lorsque le Seigneur Justicier, ou de fief, fait crier par un de ses sergens les héritages, ou biens-meubles, être saisis par lui comme vacans par défaut d’hoirs ; ou lorsque le Seigneur fait savoir à tous ses sujets de lui payer ses rentes ; ou quand les héritages sont en saisie, criées & subhastations, & qu’il y a main mise de justice sur les meubles ou héritages, & la chose qui est saisie ou arrêtée, est bannie ; ou quand on fait publier le procès d’interdiction de biens : Voyez les coutumes de Baionne, de Bretagne, & M. de Laurière sur Ragueau.

BANDINS. s. m. pl. Clathri, cancelli. Terme d emer. Ce sont les lieux où l’on s’appuie étant debout dans la poupe du vaisseau. Ils sortent en dehors presque d’une toise pour soutenir les grandes consoles, qui sont ordinairement formées en Hercules, ou Amazones, en façon de banc fermé par dehors de balustrades, qu’on appelle Jalousie de Mezze poupe.

BANDIT. s. m. Exilé, voleur, assassin, qui court le pays à main armée. Celui qui ayant été banni de son pays pour crime, s’est mis dans une troupe de voleurs. Exul, extorris, latro, grassator. Il y a plusieurs Bandits dans les Pyrénées, dans l’Apennin, dans toute l’Italie. Les Princes sont souvent obligés d’envoyer des troupes pour nettoyer leurs pays de Bandits.

Bandit, se dit aussi par extension, des vagabonds & gens sans aveu. Voyez Bandoulière.

☞ Dans l’usage ordinaire, le bandit, dit M. l’Abbé Girard, est celui qui péche par le cœur & la probité : il ne se conforme pas aux lois civiles.

Le Vagabond manque par la conduite, l’indocilité ou l’amour excessif de la liberté l’écarte des bonnes compagnies.

Le Libertin péche proprement contre les bonnes mœurs ; la passion ou l’amour du plaisir le domine.

Le déréglement est le partage des trois, mais avec des nuances particulières.

☞ BANDO. Royaume de l’Indoustan, dans l’Empire du Mogol, & presque au milieu de ses états. On nomme aussi le Royaume ou la Province d’Asmer du nom de sa capitale.

BANDOIR. s. m. Les Tissutiers-Rubaniers, qui travaillent aux tissus, & galons d’or & d’argent, appellent bandoir, une espèce de roue, ou de poulie de buis, qui sert à bander le battant de leur métier.

BANDON. s. m. vieux mot. Enseigne sous laquelle on se doit ranger.

Et de mener à son bandon,
Si comme bêtes en langon.

BANDOULIER. s. m. Sorte de vagabond. Voleurs de campagne qui volent en troupes, ou avec armes à feu. Latroner, grassatores. S’étant écartés pour aller au fourrage, ils furent chargés par des Bandouliers qui descendirent des montagnes. Vaug. Les montagnes des Pyrenées sont pleines de Bandouliers, & ce sont les voleurs de ce lieu-là qui ont donné le nom à tous les autres. Ils sont nommés ainsi, de ce qu’ils vont en bandes, comme qui diroit ban de voliers, ban de voleurs.

BANDOULIÈRE. s. f. Espèce de baudrier qu’on met sur le corps de gauche à droite ; qui sert à ceux qui combattent avec des armes à feu, soit pour porter des carabines, soit pour porter le fourniment de poudre & de balles. Baltheus. La bandoulière est la marque d’un Cavalier, d’un Mousquetaire, d’un Garde : mais avec cette différence, que les bandoulières des Mousquetaires & des Gardes du Corps, sont d’ordinaire enjolivées, couvertes de velours, bordées d’un galon, & attachées avec un crochet ; au lieu que les bandoulières des simples soldats ne sont garnies que de leurs charges.

On dit donner la bandoulière à quelqu’un ; pour dire, l’établir Garde dans une terre. Porter la bandoulière ; pour dire, être Garde ; & ôter la bandoulière à un Garde ; pour dire le casser.

☞ Ce mot vient originairement de ces bandits qui infestoient les Pyrenées ; qui étoient distingués par cette pièce de fourniture & nommés eux-mêmes Bandouliers.

BANDURE. s. f. Bandura. Plante qui ressemble à la Gentiane par ses semences & par son fruit ; mais elle est particulièrement remarquable par une gaine ou follicule qui a la figure d’un pénis, laquelle a quelquefois plus d’un pied de long, & est beaucoup plus grosse que le bras d’un homme : elle est attachée à l’arbre par une feuille, & est à moitié remplie d’une liqueur fort agréable à boire. Sa racine a une qualité astringente ; ses feuilles rafraîchissent.

BANG. s. m. Arbre du pays des Négres en Afrique, fort semblable au palmier. On en tire du vin rouge, appelé Makensy. Ses feuilles ont plus de quatre pieds de long, & son écorce est propre à faire des nattes, des sacs, & des cordes. Ses rameaux sont longs & épais, & servent aux Négres de toises pour mesurer. Dapper.

BANGAR. Lieu des Indes, dont l’eau passe pour la plus excellente eau des Indes. Bouh. Xav. Liv. VI.

BANGE de Bourgogne. s. f. Etoffe qui se fabrique dans cette Province, & dont il se fait un assez grand commerce à Lyon.

BANGMER. s. m. Espèce de camelot façonné, qui se fabriquoit autrefois à Amiens.

☞ BANGOR. Ville d’Angleterre, au pays de Galles, au comté de Caernawan, avec un évêché suffragant de Cantorbery.

Bangor. Petite ville d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté de Downe.

BANGUE, ou BENGE, ou plutôt BENGHE, s. m. est une plante presque semblable au chanvre, quoique pourtant d’une espèce fort différente. M. Herman, Professeur de Leyde, veut qu’elle soit une espèce de guimauve des Indes. Sa tige est carrée, & a cinq paumes de longueur. Elle est de couleur verte & difficile à rompre, & n’est pas si creuse que celle du chanvre : son écorce peut se filer aussi bien que celle du chanvre ; ses feuilles sont semblables à celles du chanvre, vertes par-dessus, & couvertes par-dessous de duvet, d’un goût terrestre & insipide. Les Indiens s’en servent pour exciter leur appetit, & pour se rendre plus propres au plaisir des femmes. Les grands Seigneurs & les Chefs d’armées, pour oublier leurs travaux, & pour dormir plus tranquillement, prennent de la poudre de la graine & des feuilles avec de l’areca verte, un peu d’opium & du sucre. S’ils veulent rever agréablement, ils y ajoutent du camphre, des clous de girofle & du macis. S’ils veulent être gais & enjoués, & sur-tout plus disposés à l’amour, ils y mêlent du musc & de l’ambre, & en font un électuaire.

☞ BANI. Province d’Afrique dans la Nigritie, au midi de la province de Moco.

☞ BANIALUCA, BANIALUCH, BAGUALUC, ou ULAMMELUCCA. Capitale du royaume de Bosnie, sur les frontières de Dalmatie, résidence du Beglierbey de Bosnie.

BANIANES, ou BANIANS. s. m. pl. Banianes. Osorius les appelle Baneanes en latin, & son Traducteur Baneanes en françois ; & Ludolph, Baneani en latin. Ce sont des Idolatres des Indes qui croient à la Métempsychose, & qui sont si supersticieux, qu’ils ne mangent d’aucun animal qui ait vie. Ils ne veulent pas même tuer des pous ; au contraire, ils les rachetent, quand ils les voient entre les mains des étrangers. Ils ont tant de peur d’avoir quelque communication avec d’autres nations, qu’ils cassent leurs pots, si quelqu’un d’une autre religion y a bu, ou y a seulement touché. Ils font écouler toute l’eau d’un étang, s’il s’y est lavé. S’ils se touchent même entr’eux, il faut qu’ils se lavent, & se purifient avant que de boire ou manger, ou rentrer seulement dans leur maison. Osorius dit, L. IV, de Reb. gest. Emman. qu’il portent pendue au cou une pierre de la grosseur d’un œuf, percée par le milieu, d’où sortent trois filets ; qu’ils disent que cette pierre représente leur grand Dieu ; que pour cela ils sont fort respectés de tous les Indiens, & que cette pierre si révérée se nomme Tambarane. On a imprimé un livre de la Religion des Banianes, traduit de l’anglois de Henri Loyd.

☞ Les Banianes Baneasnes, Banians, ou Banjans ont beaucoup d’adresse. Ils se mêlent ordinairement de trafic. Les Hollandois & les Anglois s’en servent pour courtiers & pour truchemens dans le commerce qu’ils font aux Indes. On leur donne souvent le nom de Cherafs, c’est-à-dire Banquiers ; parce qu’ils facilitent le négoce, en faisant la fonction d’Agens de change. Il n’y a point de métier qu’ils n’exercent, ni de marchandises qu’ils ne vendent, excepté la chair des animaux & le poisson, & en général tout ce qui a eu vie ; parce que, croyant à la métempsychose, ils craignent de vendre un corps dans lequel pouroit avoir passé l’ame de leur pere. Ils portent le scrupule jusqu’à avoir des valets qui agitent l’air avec un éventail, pendant qu’ils mangent, afin d’éloigner les moucherons qui sont en grand nombre dans les Indes. Ils sont divisés en plusieurs sectes principales, qui se multiplient presqu’à l’infini, chaque famille ayant ses superstitions & ses cérémonies particulières. Mor. qui cite Mandesso, t. 2.

☞ Tavernier dit qu’on trouve en Perse beaucoup de Banianes qui y vont trafiquer. Il paroît donner ce nom aux Indiens qui trafiquent en Perse, de quelque secte qu’ils soient.

Arbre des Banianes. C’est un arbre de l’Inde & de la Perse, qui d’un seul tronc fait une petite forêt, parce que ses branches pendant jusqu’à terre, elles y prennent racine, & produisent un nouveau tronc, dont les branches en produisent d’autres de 15 pas en 15 pas, jusqu’à 300 pas à la ronde. Les Anciens, & entr’autres Quint-Curce, ont parlé de cet arbre. Il porte un fruit de la grosseur d’une noix ; la peau en est rouge, & renferme une graine semblable au millet. Il y a de grosses chauvesouris qui en mangent, & qui font leurs nids sur ces arbres. Elles ne branchent point, mais elles s’accrochent à ces arbres, & s’y pendent par le pied ayant la tête en bas. Les Persans appellent cet arbre lul, les Portugais, arbol de Reves, arbre des Rois, & les François, arbre des Banianes, parce que les Banianes se retirent dessous, & y bâtissent des Pagodes & des Caravanseras. Voyez Tavernier, Voyage de Perse ; & Lifl.

☞ BANIE. Vieux mot, qui signifioit ban, publication. Banier, le sergent qui dénonçoit le ban.

BANILLE. s. f. Ce mot ne se dit pas en françois, on dit vanille. Ecrivez & voyez Vanille. Ceux qui écrivent banille, changent l’v en b, parce que les Espagnols prononcent l’v consonne à peu près comme nous prononçons le b.

BANIR. Voyez Bannir.

BANISTÈRE. s. f. C’est une plante qui porte le nom d’un célèbre Botaniste qui mourut dans la Virginie, où il avoit été pour chercher des plantes. Sa fleur, qui est papillonnacée, est remplacée par une semence unie, dont la membrane extérieure forme une feuille taillée, de la même manière que la semence de l’érable.

☞ BANLIEUE. s. f. Environs d’une ville, certaine étendue de pays, plus ou moins considérable, qui est autour d’une ville, & qui en dépend, en sorte que le juge de police peut y faire les mêmes publications que dans la ville. Banleuca urbanæ juridictionis extra pomœrium fines, ou simplement, ditionis fines, ou territorium. La banlieu, selon Loisel, est estimée à deux mille pas, chacun valant cinq pieds ; ou à six vingt cordes, chacune de six vingt pieds. Ces publications ont été faites dans Paris & dans sa banlieue. Il a été banni de la ville & de sa banlieue, c’est-à-dire, des environs. On le dit aussi des bornes & de l’étendue d’une Juridiction, de son enclave, ou détroit, qu’on appelle en quelques lieux quintaine, ou septaine, dans laquelle le Juge ordinaire de la ville peut faire bannie & proclamation. On appelle aussi banlieue de moulin, l’espace dans lequel s’étend la bannalité.

Ce mot vient du latin banleuga, ou bannileuga, ou banluega, c’est-à-dire, juridiction d’une lieue ; car bannum, ban, signifie juridiction, & la banlieue ordinaire ne s’étend guère qu’une lieue à la ronde d’une ville. C’est ce que les Latins appeloient territoire, territorium ; & à Rome, selon quelques-uns, les Régions urbicaires ou suburbicaire. Regiones urbicariæ, ou surbubicariæ. Dans une ancienne inscription, la banlieue de rome est appelée Regio Romana. Ainsi banlieue en latin c’est Regio. Voyez Ménage ; Du Cange, & Saumaise, dans ses Notes sur les XXX Tyrans de Trebellius Pollion, C. 24, dans l’Hist. Aug. p. 315, 316.

☞ BANNAL, ou plus ordinairement BANAL, ALE. adj. Terme de Coutume qui s’applique à certaines choses à l’usage desquelles le Seigneur de fief est en droit d’assujettir ses vassaux, pour en retirer un certain droit. Indictivæ legi obnoxius. Un four bannal ; furnus indictivæ legis. Pressoir bannal ; legis indictivæ pistrinum. Il y a aussi un droit de taureau bannal, & en certains lieux des mulets bannaux pour fouler les grains. Anciennement on disoit bannier. Pasquier, Liv. VIII, ch. 36.

On appelle aussi rivières bannales, ou rivières de cense, celles qui appartiennent en propriété à quelqu’un, qu’il peut donner à ferme & à cens.

Bannal, se dit aussi dans un sens métaphorique. La réputation de doucereux bannal. Bussy. On appelle figurément témoin bannal celui qui est toujours prêt de servir de témoin à tout le monde. Et on dit dans le même sens, caution bannale, galant bannal. Acad. Fran.

BANNALITÉ, ou BANALITÉ. s. f. Droit d’un Seigneur, d’avoir un moulin, un four, un pressoir, un taureau bannal, & de contraindre ses vassaux à y moudre leurs grains, à y cuire leur pain, à y amener leurs vaches. Indictivum jus dominicum, bannalitas. Les Seigneurs Haut-Justiciers ne peuvent avoir droit de bannalité que par des concessions du Roi, & des titres ou dénombremens anciens ; car ils ne le peuvent acquérir par une possession immémoriale. C’est une servitude qu’on ne peut prescrire même par cent ans, parce qu’elle est odieuse.

Le droit de bannalité étoit inconnu aux Anciens ; il n’en est fait aucune mention dans les lois du digeste, ni du code, & l’histoire ne nous en apprend pas davantage. On lit bien à la vérité & très-fréquemment dans les ordonnances ou capitulaires de nos premiers Rois, & dans les Auteurs leurs contemporains, ces mots bannum, bannire, bannitas, d’où celui de bannalité tire son origine ; mais il ne se trouve en aucun lieu dans cette signification. De la Mare. La violence des Seigneurs & la pauvreté des peuples en ont apparemment été la première origine. Dans les siècles suivans, plus doux & plus tranquilles, on ajoute pour troisième cause les manumissions & affranchissemens des serfs. Idem. Tous les Auteurs qui ont écrit de la bannalité ne remontent pas plus haut que vers les fin du Xe, ou le commencement du XIe siècle. Les Seigneurs faisoient bâtir des moulins, & obligeoient leurs vassaux à y venir moudre ; & de-là s’est introduit le droit de bannalité, qui n’étoit qu’une usurpation dans son commencement. La bannalité produit au Seigneur un profit réglé ; on l’appelle droit de moute pour le moulin. Quand le moulin, le pressoir, le four du Seigneur sont détruits, & que pendant vingt-quatre heures ils ne peuvent servir, il est permis aux vassaux d’aller ailleurs. Voyez la Coutume de Paris, & Brodeau sur M. Louet. M. le Prêtre.

La bannalité des moulins a toujourd paru si peu favorable en France, que de 280 Coutumes qui sont reçues pour loi, dans autant de différentes provinces ou lieux particuliers, il n’y en a que 31 où cette servitude soit en usage. De celles-ci il y en a dix qui la mettent au nombre des droits féodaux & de justice, ensorte que quiconque a justice, a droit de bannalité sur ses justiciables, sans être obligé d’en rapporter d’autres preuves. Ces coutumes sont celles de Touraine, Loudunois, Anjou, le Maine, le Perche, Poitou, la Marche, Angoumois, Saintonge & Bretagne : toutes les autres, plus conformes aux sentimens des Docteurs, réduisent la bannalité au rang des servitudes personnelles, qui ne s’acquierent point sans titres. De la Mare, T. I, p. 799.

Dans les commencemens la bannalité n’avoit point d’étendue fixée. Fulbert, Evêque de Chartres, & Chancelier de France, sous le Roi Robert, dans le dixième siècle, se plaint à Richard, Duc de Normandie, &p. 14, qu’il y avoit des moulins bannaux éloignés de cinq lieues de la demeure de ses sujets, que l’on contraignoit d’y aller moudre. Toutes nos coutumes y ont pourvu, & renferment toutes ce droit dans l’étendue d’une lieue. Selon quelques-unes cette lieue doit avoir 2000 pas de 5 pieds chacun, à prendre depuis l’entrée de la maison du sujet jusqu’à la huche du moulin. D’autres portent qu’elle doit contenir mille tours d’une roue de 15 pieds de circonférence par dehors, à prendre depuis la maison jusqu’au moulin. Celle de Bretagne porte que la banlieue doit avoir d’étendue 120 cordes de 120 pieds chaque corde. De la Marre.

M. Bordier, dans ses Conférences sur les nouvelles Ordonnances, croit que le mot de bannalité vient de bannir, qui signifie prohiber, ou empêcher, parce que ceux qui sont sujets au droit de bannalité, ne peuvent aller à un autre moulin, four, ou pressoir, qu’à celui qui est bannal. D’autres le dérivent du mot ban, qui signifie proclamation avec injonction sous quelque peine. En effet, on a coutume en quelques lieux d’appeler & crier à haute voix, à cor & à cri que l’on vienne au four, au moulin, ou au pressoir. Id. M. de la Mare, Trait. de la Pol. L. V, T. IX, C. 3, dit que comme dans la suite cette sujétion fut limitée à l’étendue de la banlieue, les moulins en prirent le nom de bannaux ou banniers. Voyez sur la bannalité des moulins tout le Ch. III du Tit. IX, du Liv. V du Traité de la Police de M. de la Mare ; & sur la bannalité des fours, Liv. V, Tit. XI.

☞ BANNASSE. s. f. Instrument dont on se sert dans les salines. C’est le nom qu’on donne aux civières dont les Soiqueurs se servent pour porter les cendres du fourneau au Cendrier.

☞ BANNAT, ou BANAT. Voyez au mot Bans.

BANNE. s. f. Grande toile, ou couverture, qu’on met sur les bateaux de voiture, pour se garantir de la pluie & du soleil. Velum.

On appelle aussi banne, la petite loge de bois qu’on bâtit au milieu du bateau, pour le même dessein.

On appelle de même banne, la pièce de toile que les Rouliers mettent sur les marchandises qu’ils voiturent, pour les conserver.

Banne, est aussi une pièce de grosse toile, longue de cinq aunes, que les lingères attachent sous l’auvent de leur boutique.

Banne, ou Benne, est aussi une petite cuve, ou tinette oblongue, qu’on met des deux côtés d’une bête de somme, pour transporter plusieurs sortes de marchandises. Benna, cista. C’est presque la même chose que banneau. Elle contient environ un minot de Paris.

On appelle aussi du charbon en banne, celui qu’on amène par charroi. En ce sens le mot de banne signifie une espèce de grande manne faite de branchages.

Banne, dans le Languedoc signifie, Corne.


☞ BANNE, ou BANOW. Petite ville d’Irlande, dans la province d’Alster, au Comté de Wexford.

☞ Il y a une rivière & une baye qui portent le même nom.

BANNEAU, ou BENNEAU. s. m. Petite tine, vaisseau de bois qui sert à contenir les liquides, à les transporter sur des bêtes de somme, & aussi à les mesurer. Il ne se dit pas tant à Paris, que dans les Provinces, comme en Normandie, Picardie, Lyonnois, &c. où on dit un banneau de chaux, un banneau de blé, un banneau de vendange.

Ce mot signifioit autrefois un tombereau, & vient comme croit Ménage, de benellus, diminutif de benna, qui est un mot celtique, signifiant une espèce de chariot à deux roues, selon le témoignage de Festus. Benna, dit Festus, linguâ gallicâ genus vehiculi appellatur ; undè vocantur combennones, in eâdem bennâ sedentes. Ce mot de benna est fort ancien, car il se trouve dans Varron : en quelques lieux de Normandie & de Picardie, le peuple dit beneau pour tombereau, & il appelle par raillerie benal de cuir un vieux carosse.

BANNÉE. s. f. Terme de Coutume. Indictivum jus dominicum. C’est le droit qu’a un Seigneur de contraindre ses sujets de moudre à son moulin : & de la part des sujets c’est l’obligation qu’ils ont de moudre au moulin du Seigneur. Voyez les Coutumes d’Amiens & Ponthieu.

BANNER. v. a. Couvrir d’une banne. Velare, operire. Banner un bachot. Banner des sacs de blés.

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BANNERET. adj. m. Seigneur dominant, qui a droit de porter bannière pour faire assembler ses vassaux, quand l’arrière-ban est convoqué, & qui en peut faire une compagnie de gens de cheval. Justi vexilli as scuti Dynastes, Banneretus, Bannerarius, Vexillaris minor. Cambden, p. 124, remarque que ceux-là se trompent qui les nomment Baroneti. Ainsi ce nom s’est formé de celui de bannière, ou plutôt de ban, ou bande, qui autrefois signifioit bannière. C’est le sentiment de Loiseau & de Justianiani, qui néanmoins justifie ceux qui appelle les bannerets, baronets, parce qu’il étoient au-dessous des Barons. Il y avoit de grands & de petits Chevaliers. Les grands s’appeloient Bannerets, les petits s’appeloient Bacheliers. Les premiers composoient la haute Noblesse, & les seconds n’étoient que de la moyenne. Il falloit que le Banneret fut Gentilhomme de nom & d’armes, c’est-à-dire, d’ancienne noblesse ; qu’il eût droit de mettre sur pied une certain nombre d’hommes d’armes, & du bien pour en défrayer au moins 28 ou 30. C’étoit une grande dépense, parce que chaque homme d’armes avoit outre ses valets deux cavaliers pour le servir, armés l’un d’une arbaléte, l’autre d’un arc & d’une hache, se sorte que cent hommes d’armes faisoient au moins 300 chevaux. Le Gendre. Un jour de bataille le Gentilhomme qui désiroit être fait Banneret, présentoit son pennon roulé au Roi, ou au Général, qui en faisoit une bannière en coupant la queue du pennon. Id. En effet du Tillet rapporte que le Comte de Laval débattit que Messire Raoul de Couequen n’étoit Baron, mais seulement Banneret, & qu’il avoit levé bannière, dont on se moquoit, & l’appeloit-on le Chevalier au drapeau carré. Ce qui montre la forme de la bannière du Banneret. P. de S. Julien, qui sans ses Antiquit. des Bourg. C. XXVI, remarque la même chose, que la bannière du Banneret étoit différente de celle des Barons, en ce qu’elle étoit carrée ; & non à pennons & queue, ajoute que nuls hors les Bers, Sires & Barons, ne doivent mettre sur leurs tours, & poteaux de leurs châteaux, & places fortes, bannières, banderolles, ou pennons, mais seulement des penonceaux, qui sont girouettes carrées ; & que l’enseigne a retenu la forme de bannières des anciens Barons, & la Cornette celles des anciens Bannerets. Voy. encore Favin, Hist. de Navarre, Liv. XI, p. 620 & suiv.

D’autres disent que les Bannerets étoient ceux qui avoient eu en leur partage quelque portion d’une Baronie, pour en jouir, au titre de Baron près, avec les même prérogatives que le Baron. Quelques Auteurs attribuent l’institution des Bannerets à Conan Lieutenant de Maximus, qui commandoit les Légions Romaines en Angleterre sous l’Empire de Gratien en 383. Ce Général s’étant révolté, partagea le royaume d’Angleterre, & la Bretagne, qu’il avoit conquise, en 40 cantons, & distribua dans ces 40 cantons 40 Chevaliers, avec pouvoir de rallier sous leur bannière ceux de leur quartier qui pourroient porter les armes. De-là ils furent appelés Bannerets. Ce Conan établit sur les Bannerets trois Chefs, ou Lieutenans, qu’on appeloit Mathiberts. Le Docteur Camberlaine, dans son état présent d’Angleterre, prétent que l’origine des Bannerets est en effet très-ancienne dans l’île de la grande Bretagne. Ces premières dignités de la Bretagne passerent depuis en France ; ensorte qu’avant les Ordonnances des gens de cheval dressées par Charles VII, il y avoit deux sortes de Chevaliers. Le Banneret, qui avoit assez de vassaux pour lever sa bannières, & le Bachelier, qui combattoit sous la bannière de son Seigneur. Quoi qu’il en soit, l’on peut recueillir de Froissart & de Monstrelet, que les Chevaliers Bannerets étoient autrefois ceux d’entre les Chevaliers qui étoient assez riches & assez puissans pour obtenir du Roi la permission de lever la bannière ; c’est-à-dire, une compagnie de gens de pied, ou de cheval, ou, comme dit Loiseau, ceux qui avoient si grand nombre de vassaux relevant de leurs Seigneuries, qu’ils étoient suffisans pour faire une compagnie complette de gens de cheval, étoient appelés Chevaliers Bannerets ; non que pourtant ladite suffisance les rendit Chevaliers, mais Bannerets ; le mot de Chevaliers, y ayant été ajouté, parce qu’il étoient ou de haute noblesse, ou Chevaliers simples auparavant. Il ajoute que néanmoins les Bannerets ont été quelquefois appelés Chevaliers Bannerets, sans avoir été créés Chevaliers; mais seulement parce qu’ils servoient à cheval. Ainsi avant que les ordonnances des gens de cheval fussent dressées en ce royaume par Charles VII, dit du Tillet, il y avoit deux sortes de Chevaliers ; le Banneret, qui avoit assez de vassaux pour lever bannière ; & le Bachelier, qui marchoit sous la bannière d’autrui.

On commettoit des Hérauts d’armes pour vérifier si le Seigneur étoit assez puissant pour lever une bannière, & s’il avoit assez de vassaux pour la garder en guerre, c’est-à-dire, 24 Gentils hommes bien montés, avec chacun son Sergent & son Ecuyer. Voyez une création de Bannerets dans l’Hist. de Bret. T. II, p. 1147 & 1148, au mot Bannière.

Le chevalier Banneret à la guerre avoit double solde du Bachelier, Froiss. & Du Til. le Bachelier double de l’Ecuyer. La colde accoutumée étoit de ving-sols pour Banneret, dix pour simple Chevalier, & cinq sols pour Ecuyer par chaque jour. Du Tillet. Recueil des Rois de France, p. 432.

Banneret s’est dit aussi de ceux qui devoient servir avec bannière. Dans un Arrêt du Parlement de Paris du 23 Février 1585, le Chevalier Banneret est appelé miles vexillatus. Chez les Espagnols les Bannerets sont connus par le nom de Riccos hombres. Justiniani en rapporte l’origine en Espagne au regne de D. Silo, & d’Adosinde, fille d’Alphone I le Catholique, qui regnoit sur la fin du VIIIe siècle. Camberlayne dit qu’en Angleterre leur droit étoit de porter une bannière, où étoient leurs armes. M. Larrey prétend que dans ce Royaume-là les Chevalier Bannerets étoient ainsi nommés de la bannière, ou étendard, qu’on déployoit à la tête de l’armée, lorsqu’on leur donnoit l’Ordre. Ils ne cédoient autrefois qu’aux Chevaliers de la Jarretière, mais ils déchurent peu-à-eu, & furent enfin abolis par l’Ordre des Chevaliers Baronnets institué par Jacques I. On ne faisoit Chevaliers Bannerets que ceux qui s’étoient signalés dans les batailles.

Quand à l’abolissement des Bannerets en France, voici ce qu’en dit M. le Gendre dans les Mœurs & Cout. des Fr. p. 204, 205. Les Seigneurs épuisés par la cruelle guerre qui duroit depuis si long-temps entre la France & l’Angleterre, ayant remontré à Charles VII, qu’ils ne pourroient de plusieurs années ni lever, ni entretenir leurs Compagnies de Gendarmes, qui n’avoient point d’autres Capitaines, que les Chevaliers Bannerets, Charles bien conseillé les en dispensa pour toujours. Par-là il les désarma. Depuis ce temps-là on n’a plus oui parler de Bannerets, ni de Bacheliers.

M. de Brieux a fait imprimer à Caen une petite pièce en vers françois composée par un Moine, il y a près de 400 ans, touchant l’ordre & l’origine des Bannerets de Bretagne. Elle commence par ces vers.

Banneret est moult grand honor,
Tant à Roi, Prince, que Signor,
Et sa fondation première
Vint d’Alexandre & sa Bannière,
Quand la Perse alloit conquérant
Et toute l’Asie querant.
L’Ordre de Banneret est plus que Chevalier,
Comme après Chevalier acconsuit Bachelier,
Puis après Bachelier, Escuyer, de manière
Qu’après le Duc ou Roi est toujours la bannière.

Voyez aussi Pasq. Reche. Li. II, ch. 16. Faucher, de l’Origine des Dignités, la Colombière dans sa Science Héroïque, Franc. Mennenio. Delicio de gli Ord. Eq. & Justiniani, Hist. di tutti gl Ord. mil. T. I. C. XII, p. 132. Du Tillet, Recueil des Rois de France, p. 432, 433, les Titles of honour de Selden ; la Britannia de Cambden, & Thomas Smith, L. de Reb. Angl. c. 18.

Banneret. En termes de Blason on appelle vol banneret, celui qui se met sur le cimier, & qui est fait en bannière, le dessus coupé en carré, comme l’écu des anciens Chevaliers.

Banneret, est encore le nom de certains Officiers ou Magistrats de Rome. Sur la fin du XIVe siècle, les Romains s’étoient faits dans Rome, & dans tout le territoire de l’Eglise, une espèce de gouvernement républicain. Toute la puissance étoit entre les mains d’un Magistrat qui prenoit la qualité de Sénateur, & de 12 Chefs de quartiers, qu’on appeloit du nom de Bannerets, à cause des bannières, dont chacun avoit la sienne dans son district. P. Dan. T. II, p. 107. Le Sénateur & les Bannerets voyoient avec plaisir cette division des François. Id. Le Sénateur & les Bannerets entrerent dans le Conclave, obligerent les Cardinaux à s’assembler, &c. Id.

BANNERIE. s. f. Office de Bannier. Ce nom n’est en usage qu’en Dauphié. Bannerii munus. Le Dauphin Jean donna des provisions en 1311, à Hugues de Commiers, Chevalier de la Mistralie & Bannerie de Saint Laurent du Lac : elles contiennent un détail exact des fonctions qui y étoient attachés. Valbonnays, p. 123. Ces fonctions sont de faire exécuter les sentences des Juges, de contraindre les taillables, & les gens taxés à payer leur taille, ou leur taxe ; de saisir, ajourner, citer, imposer des peines & des amendes, en faire le recouvrement & les lever, faire payer les dettes. Voyez les provisions dont nous venons de parler au même endroit, p. 149.

BANNETON. s. m. Terme de Pêche, qui se dit d’une espèce de coffre que les Pêcheurs construisent dans les rivières, fermant à clef, dont ils font des réservoirs pour y garder leur poisson. Cistula piscatoria. Il est percé dans l’eau, comme sont les boutiques dans lesquelles on le transporte.

BANNETTE. s. f. Espèce de panier fait de menus brins de bois de châtaignier, fendus en deux, & entrelacés les uns dans les autres, qui sert à mettre des marchandises, pour les pouvoir faire voiturer & transporter.

Les Boucaniers François de l’île de S. Domingue dans l’Amérique, se servent aussi de ce terme pour signifier un certain nombre de peaux de taureaux, de bouvarts & de vaches, dont ils composent ce qu’ils appellent une charge de cuirs.

BANNIE. s. f. Publication. Promulgatio. On appelle en termes de Coutumes, le temps des bannies, celui auquelles prairies sont défendues, où l’on n’y peut mener le bétail. On dit banon en Normandie. On dit aussi à l’adjectif, une terre bannie, une épave bannie, quand elle est criée & publiée en Justice.

BANNIER. s. m. Terme de Coutume qui a plusieurs sens. C’est dans la Coutume de Bresse celui qui est établi à la garde des vignes. Bannerius, vinearum custos, vinearum custodiæ præfectus. Il en est de même en Dauphiné. Il est ainsi appelé, parce qu’il dénonçoit les coupables au Châtelain, qui leur faisoit payer le ban, ou amende. Quelquefois le Bannier en faisoit lui-même la recette. A cette fonction de Garde des fruits & de Dénonciateur étoit jointe ordinairement celle de Sergent ; d’où vient peut-être que les noms de Bannier & de Meinier, se trouvent souvent ensemble. Il y a eu des Nobles qui n’ont pas dédaigné d’exercer ces offices en Dauphiné. Valbon, pag. 123, 149. Aux environs de Paris, & dans beaucoup d’autres endroits, on dit Messier, & non par Bannier. Le droit de nommer le Bannier appartient au Seigneur, ou au Châtelain en son absence.

Bannier, est aussi adjectif, & signifie la même chose que bannal. M. de la Mare, dans son Traité de la Police, dit fours bannaux, ou banniers. On dit aussi en quelques endroits, un taureau bannier, taurus admissarius, ou emissarius, dans le même sens que l’on dit, un moulin bannal, ou une boucherie bannière.

Bannier, Bannarius, Bannerius, se dit encore de ceux qui sont sujets au droit de ban. Les banniers sont obligés de se servir d’un four bannal.

BANNIÈRE. s. f. Vexillum. Terme de Marine. Etendard d’un vaisseau : drapeau qu’on arbore sur la poupe du vaisseau, qui marque de quelle nation il est. On navigue surement sur la Méditerranée sous la bannière de France. On dit ordinairement pavillon. Le mot bannière n’est en usage que dans quelques endroits de la Méditerranée. On dit, mettre le perroquet en bannière, lorsqu’on lâche la voile du perroquet, & qu’on la laisser voltiger au gré du vent.

On appelle bannière de partance, le pavillon que l’on met à la poupe du vaisseau, pour faire signal à l’équipage qui est à terre de venir s’embarquer.

Bannière de conseil, est la bannière blanche que l’amiral fait arborer en poupe, quand il veut prendre avis de ses Capitaines. C’est aussi la bannière de paix.

Bannière de combat, est le pavillon de gueules. Bannière d’aide & d’assistance. La bannière royale ne se doit jamais abaisser. Des vaisseaux de semblable bannière, c’est-à-dire, de même nation.

Bannière, se dit aussi de l’enseigne sous laquelle se rangent les vassaux d’un même fief, quand l’arrière-ban est convoqué. Bandum. C’est ainsi que la bannière est appelée par les Auteurs de la basse latinité. Vexillum. La bannière étoit autrefois de forme carrée, & c’étoit plus de porter ses armes en bannière qu’en écusson. On disoit autrefois relever bannière, pour être fait Banneret ; & relever quelqu’un en bannière, pour le faire Banneret. Issu d’ancienne bannière ; terre de bannière. Messire Olivier de la Marche, en son Histoire, met la façon ancienne de relever bannière, disant que le Roi d’armes présenta au Duc de Bourgogne étant en expédition de guerre le Seigneur de Sains, qui tenoit en une lance le pennon de ses pleines armes, en lui disant, M. voici le Seigneur de Sains qui est issu