Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/861-870

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Fascicules du tome 1
pages 851 à 860

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 861 à 870

pages 871 à 880


Si l’on a dit bers pour berceau, il y a long-temps : dès le VIIIe siècle on disoit berceau, berciolus, ou barciolus, comme il paraît par la vie de S. Pardulphe, Ch. 18. Acta SS. Bened. Sæc. III, P. I, p. 379, 380. Et in agitario quod vulgo berciolum vacant, pannis constrictum imposuit… per se agitari cæpit berciolus. Dans un autre manuscrit barciolus. Ainsi de versus s’est fait versiolus, ou bersiolus, & non pas versellus, & de là berceau. D’autres le dérivent de son primitif bers, qui est un diminutif de l’hébreu rebez, qui signifie cubile.

On dit figurément qu’on a pris quelqu’un au berceau, ou dès le berceau ; pour dire, dès l’enfance, à cunabulis.

Les puissantes faveurs dont Parnasse m’honore,
Non loin de mon berceau commencèrent leur cours,
Je les possedai jeune, & les possede encore
A la fin de mes jours. Malherbe.

Un Poëte a dit, le berceau d’un fleuve, pour sa source. Fons, cunabula. C’est une expression bien placée dans un pur galimatias.

Et bien loin du pays où l’on voit leurs berceaux,
Ils étendent le règne & le bruit de leurs eaux. P. Le M.

On emploie aussi ce mot pour signifier le moment auquel une chose naît, ou paroît. Etouffer l’hérésie dans son berceau. Patr. On le dit des foibles commencemens d’un art, ou d’une science. Il eût fallu marquer le temps où notre langue a commencé à sortir comme d’un cahos, & la représenter comme en son berceau, ne faisant encore que bégayer. Ablanc. On eût dit que cette Province, qui avoit été comme le berceau du Calvinisme, en devoit être le dernier refuge. Flech.

Berceau en termes d’Imprimerie, se dit de la partie de la presse qui roule sur les bras, où est enclavé le marbre.

Berceau, en termes de jardinage, est une espèce de galerie couverte, formée de treillage, & assez souvent garnie de vigne, ou autres plantes sarmenteuses. Vinea arcuata, camerata. Voilà un berceau de vigne. Cette espèce de treillage est ainsi nommé à cause de sa figure, qui représente un berceau renversé. Liger. On dit aussi qu’une allée couverte forme un berceau.

Berceau, en termes d’Architecture, se dit d’une voûte ronde, & en plein cintre. Arcus, apsis. On appelle berceau surbaissé, une voûte plus basse qu’un demi cercle ; & berceau surhaussé, une voûte qui excède en hauteur un demi-cercle. La grande Salle du Palais a deux beaux berceaux. On dit aussi un berceau d’eau, quand il y a sur deux lignes plusieurs rangs de jets d’eau qui s’inclinent les uns vers les autres, & qui par leurs courbures forment des arcades, & représentent un berceau. Arcus aqueus.

Berceau, se dit aussi d’un instrument dont les Graveurs se servent pour faire ce qu’ils appellent le grainage. Voyez ce mot.

BERCELLES. s. f. pl. Petit instrument d’Orfèvre, fait de laiton, qui aboutit d’un côté en petites pincettes, & de l’autre en une petite pelle, qui sert à travailler en diamans, & en d’autres menus ouvrages.

BERCER. v. a. Agiter çà & là, remuer le berceau d’un enfant pour l’endormir. Infantis cunas agitare.

Bercer, se dit figurément des belles promesses, & des belles paroles dont on endort, dont on amuse les gens, sans en exécuter aucunes. Lactare. Il y a long-temps qu’on me berce de l’espérance de me payer. De plaisir mon ame est bercée. Voit. Je sai bien les discours dont il le faut bercer. Mol. Il se berce de ses propres chimères. Boil.

On dit proverbialement, j’ai été bercé de tels contes ; pour dire, il y a long temps que je sai cela, ma nourrice me l’a appris en me berçant.

Se bercer, terme de manége, se dit d’un cheval qui se laisse aller nonchalamment d’un côté & d’autre au pas & au trot, imitant, pour ainsi dire, le mouvement qu’on fait faire au berceau, pour endormir un enfant. Ce dandinement marque très-souvent un cheval mou & sans vigueur.

BERCÉ, ÉE. part.

BERCHE. s. f. terme de Marine. Petite pièce de canon de fonte verte qu’on nomme aussi espoir de fonte. Il y en a aussi de fer fondu qu’on nomme barces. Navale tormentum minus. Elles ne sont plus guère en usage. Borel dit que Berche est une sorte d’Artillerie ancienne, & que l’on s’en sert encore dans les navires.

☞ BERCHEIM. Bercheimum, Berchemium, anciennement Tiberiacum. Petite ville d’Allemagne, sur la rivière d’Esp, dans le Duché de Juliers, entre Cologne & Juliers.

BERCHEROCHT. s. m. Poids dont on se sert à Archangel, & dans tous les Etats du Czar de Moscovie, pour peser les marchandises de grande pesanteur, ou de grand volume.

BERCOWITZ. Poids de Russie, pour charger des navires. Il pèse quatre cens livres du pays.

BERDA. Ville d’Asie, au pays d’Aran, au midi de la Géorgie, & à l’ouest du Schirwan, ou Chirouan.

☞ BERDOA. Ville au milieu d’un désert du même nom, faisant partie du Zaara, dans la Nigritie, en. Afrique.

☞ BERDOÉ. Ville de Perse, à 63°. 15’ de long. & 35°. 30’ de lat.

☞ BERDOUES. Bardum & Berdona. Abbaye de France, ordre de Cîteaux, filiation de Morimond, au diocèse d’Auch.

BÉREBÈRE. s. m. & f. Nom de peuple. Bereberus, a. Les Bérebères sont un peuple de la Barbarie, en Afrique, distingués des Africains naturels, & des Arabes, qui étant entrés dans l’Afrique long-temps après les Bérebères, y ont conservé leur ancien nom. On dit que les Bérebères sont originaires de l’Arabie heureuse, & qu’ils passerent en Afrique avec Melech-Ifiriqui, Roi de l’Arabie heureuse ; que dans le commencement ils peuplèrent la partie orientale de l’Arabie, s’étendirent ensuite, & se rendirent maîtres de la plus grande partie de l’Afrique. Ils étoient divisés en cinq tribus. Les Muçamadins, les Zénétes, les Haoares, les Zinhagiens, & les Gomères. C’est de ces tribus des Bérébères que descendent les Rois qui ont régné à Tunis, à Trémécen, & à Alger, jusqu’à l’invasion des Turcs. Aujourd’hui ils sont sujets des Rois de Fez, ou de Maroc, des Algériens, des Tunétans ou des Turcs ; à la réserve de quelques familles qui ont conservé leur liberté dans les montagnes. Voyez Dapper, p. 20, 203, 205, 215. Marmol. Tom. II, p. 24, & suiv. & p. 183. Tom. III, p. 2. & suiv.

BÉRÉCYNTHIE. s. f. Surnom de Cybèle, qui lui avoit été donné de Bérécynthe, montagne de Phrygie, où elle étoit adorée. Ce nom avoit pénétré dans les Gaules, & la mère des Dieux y étoit aussi honorée sous ce nom. L’Evêque Simplicius détruisit la plus grande idolâtrie qui fut dans l’Autunois de son temps ; car lors les Païens, dont encore la plus grande partie du pays étoit remplie, avoient pour cérémonie, de promener sur un char par les champs une idole qu’ils nommoient Berecynthia, avec cantiques, par lesquels ils prioient cette idole de conserver les fruits de la terre. Parad. Annal. de Bourg.

BÉRÉCYNTHIEN, ENNE. adj. m. & f. Berecinthius. Qui appartient à Bérécynthe. Hésichius parle d’une flûte Bérécinthienne, & Horace, Liv. I, Od. XVIII, d’une trompette ou d’un cor Bérecinthien, ainsi nommés, parce qu’ils étoient en usage dans les fêtes de Bérécinthe. L’Abbé de Marolles a dit Bérécinthe en vers au lieu de Bérécinthien. C’est dans sa traduction de la première Satyre de Perse, v. 93.

Le Bérécinthe Atys,
Le Dauphin qui fendoit le dos bleu de Nérée.

Et le P. Tarteron l’a copié.

BEREDRIAS. s. m. Nom d’un onguent décrit par Aétius. Tetrabib. IV, Serm. cap. 113.

BÉRENGARIEN, ENNE. s. m. & f. & adj. Berengarianus. Nom de Secte hérétique qui soutient les erreurs de Bérenger Archidiacre d’Angers. C’étoit un esprit fort médiocre, qui ne pouvant se faire de nom par la voie des sciences, dans lesquelles il ne brilloir pas, chercha à supléer au défaut de ses talens par la nouveauté de ses opinions, ainsi que le décrit Guimond, Moine de la Croix S. Leufroi & depuis Archevêque d’Averse, qui a écrit contre lui. D’abord il combattit le mariage, soutenant que l’on pouvoit user de toutes sortes de femmes ; il soutint ensuite que le Baptême des enfans étoit nul ; enfin il attaqua le Sacrement de l’Eucharistie ; & voyant que les plus déréglés même rejetoient les deux premières erreurs, il se borna tout entier à la dernière, & nia que Jésus-Christ fût véritablement & réellement présent dans l’Eucharistie. Il eut peu de disciples, qui, en quelque petit nombre qu’ils fussent, ne s’accordèrent pas dans leurs erreurs. Tous disoient que le pain & le vin ne sont pas changés essentiellement ; mais les uns soutenoient qu’il n’y a rien absolument du corps & du sang de Notre-Seigneur dans le Sacrement, & que ce n’est qu’une ombre & une figure ; d’autres, cédant aux raisons de l’Église, sans quitter leur erreur, disoient que le corps & le sang de N. S. y sont en effet contenus, mais cachés par une espèce d’impanation, afin que nous puissions les recevoir. C’étoit là, selon les Bérengariens, l’opinion la plus subtile de leur Maître. D’autres opposés à Bérenger, mais touchés de ses raisons, croyoient que le pain & le vin sont changés en partie, d’autres qu’ils sont entièrement changés ; mais quand on le présente à la Communion sans en être digne, la chair & le sang de Jésus-Christ redeviennent tout à-coup du pain & du vin. C’est ce Guymond, dont j’ai parlé, qui nous rapporte ces différens tours que les Bérengariens donnoient à l’hérésie de leur Chef. Voyez Bibliot. des PP. Tom. XVIII de l’édit. de Lyon, p. 440, 441.

BÉRÉNICE. s. f. Reine d’Egypte, épouse de Ptolémée Evergète, promit aux Dieux le sacrifice de ses cheveux, si son mari revenoit victorieux d’une grande bataille qu’il alloit donner. Le vœu fut exaucé, & la Princesse se dépouilla de cet ornement de sa tête, pour le consacrer dans le temple de Mars. A peine la chevelure y fut-elle déposée, qu’elle disparut, & Conon, célèbre Astronome de ce temps-là, pour consoler Bérénice, ou pour la flatter, voulut lui persuader que son sacrifice avoit été si agréable au Dieu Mars, qu’il avoit placé la chevelure parmi les astres.

☞ BERESCOW. Ville de Russie, dans la Province de Tobolsk, sur l’Oby.

BERETIN. s. m. Fruit que les Matelots trouvèrent dans les Iles Malaga, lors de l’expédition ou du voyage autour du monde par François Drake.

BERG. Le Duché de Berg. Bergarum, ou Montium Ducatus. Province du cercle de Westphalie en Allemagne, entre le duché de Clèves au nord, le comté de la Marck, & le duché de Westphalie au levant, la Wétéravie au midi, & le diocèse de Cologne au couchant. Il est aujourd’hui à l’Electeur Palatin. Voyez Imhoff. Notit. Imp. Proc. Lib. IX, cap. 4.

☞ BERGA. Petite ville d’Espagne, en Catalogne, sur la rivière de Lobrega, à cinq lieues de Puicerda.

BERGAMASQUE. Quelques-uns écrivent BERGAMASC. Pays d’Italie, dans l’état de Venise. Bergomensis ager, Bergomates. Il est borné à l’Orient par le Bressan, au nord par la Walteline, au couchant & au midi par le Milanois. Il n’y a point d’autre ville dans le Bergamasque que Bergame, qui lui donne son nom. Le Langage du Bergamasque est le plus grossier de toute l’Italie.

Bergamasque. adj. m. & f. Qui est du Bergamasque, ou qui appartient au Bergamasque. Bergomensis. Nous avons les Métamorphoses d’Ovide tournées en langue Bergamasque, par un Auteur qui n’a point d’autre nom que Baricocol Dottor di val Bambrena. Mascur.

BERGAME. Bergomum. Les Modernes disent Bergamum ; mais Pline, Liv. III. chap. 17. dit Bergomum. Ville d’Italie, dans le Bergamasque, province de l’Etat de Venise. Bergame est le siège d’un évêché suffragant de Milan. Bergame a été bâtie par les Gaulois Cénomanois. L’origine de son nom le peut confirmer ; car Cluvier, Ital. Ant. Lib. I. cap. 25. prétend avec assez de vraisemblance, qu’il est composé de Berg, qui en langue celtique signifie montagne, & de bonne, qui signifie demeure, domicile, comme on le voit encore dans l’Anglois ; de sorte que Bergomum n’est autre chose que demeure de la montagne ; & Pline, à l’endroit que j’ai cité, rapporte en effet, que Cornélius Alexander disoit que ce nom signifioit des gens qui habitent sur les montagnes ; mais cet ancien Auteur tiroir ce sens & cette étymologie de la langue grecque, parce qu’il ignoroit la langue celtique d’où elle vient. Le P. Célestin Capucin a fait en Italien l’histoire de Bergame. Historia quadripartita di Bergamo, in-4o. à Bergame. 1617.

Bergame. Tapisserie grossière faite d’un tissu de laine, de fil ou de coton, sur le métier, sans représenter aucunes figures. Aulæum levidense. On les appelle maintenant tapisseries de Rouen. Il y a apparence que la première fabrique vint de la ville de Bergame.

BERGAMOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Bergame. Bergomas. Après la mort de Philippe Duc de Milan, les Bergamois se soumirent aux Vénitiens, qui ayant perdu Bergame dans le temps de la célèbre bataille d’Aignadel que Louis XII leur donna le 14 Mai 1509, la reprirent vers l’an 1516, & l’ont toujours gardée depuis ce temps-là. Sur Bergame & les Bergamois, voyez l’ancienne Italie de Cluvier, Liv. I, ch. 25, & la Descript. d’Ital. de Léandre Alberti.

BERGAMOTE. s. f. Sorte de poire verte & ronde. Pirum bergomium. Bergamote de Bugey. Quelques-uns croient que cette poire a été ainsi nommée de Bergame, ville d’Italie. Mais Ménage prétend que ce mot vient du turc Bergamout, c’est-à-dire, poire du Seigneur ; Beg signifiant Seigneur, & armout poire. Bauhin en fait une description particulière, & l’appelle poire Royale. En fait des poires crues, je préfère celles qui ont la chair beurrée, ou tout au moins tendre & délicate, avec une eau douce, sucrée & de bon goût, & sur-tout quand il s’y rencontre un peu de parfum. Telles font les poires de Bergamote, &c. La Quint.

Il y a une Bergamote d’Eté & une Bergamote d’Automne. Mais il n’y a point de bergamote tardive, ou bergamote de Carême, comme quelques-uns l’ont voulu.

La Bergamote d’Eté s’appelle autrement la Milan de la Beurrière, ou poire de Milan, ou de la Beurrière. La Quintinie dit que c’est une poire du dixième Août, & la met parmi les poires médiocres.

La Bergamote d’Automne a sa chair tendre & fondante, son eau douce & sucrée, & un petit parfum. La Quint. Il y a une bergamote d’Automne qui est grise, verdâtre ; & c’est celle-là qu’on nomme simplement bergamote ou bergamote commune, ou de la Hilière, ou du Recous, &c. tout cela n’étant qu’une même chose. Il y en a une autre qui est rayée, c’est à-dire, marquée par bandes jaunes & vertes, & c’est ce qui la fait nommer la bergamote Suisse. Cette bigarrure se trouve dans le bois & dans le fruit ; à l’égard du mérite intérieur, il me paroît égal dans l’un & dans l’autre. La Quint. Le bois du poirier de bergamote est fort délicat, & sujet à la gale aussi-bien que le fruit. Id.

Bergamote crasane. Autre espèce de poire nommée communément crasane, & par d’autres bergamote crasane, bergamote à cause de sa chair, & crasane à cause de la sigure, qui paroît comme écrasée. La Quint.

Bergamote, est aussi une espèce d’orange différente des autres, qui a une odeur très-agréable. On l’appelle souvent cédrat. On prétend que l’origine de l’oranger bergamote vient d’un Italien qui enta une branche de citronnier sur le tronc d’un poirier bergamote, ce qui fait que les citrons qui en proviennent, participent des qualités du citronnier & du poirier.

Bergamote, se dit aussi d’une essence, qu’on appelle essence de cedra, ou de bergamote. Succus subtilissimus ex piro bergomio expressus. Voyez au mot Essence, Essence de cedra.

Bergamote, se dit encore du tabac, qu’on appelle tabac de cedra ou à la Bergamote. Tabacum Bergomio succo conditum, perfusum. Ce n’est que le tabac bien pur, sur lequel on verse quelques gouttes d’essence de bergamote, & on les mêle bien,

☞ BERGAS. Bergulæ, Bergula, Bergulum, anciennement Arcadiopolis Pyrgus, ville de la Turquie, dans la Romanie, avec un Archevêché grec, entre Andrinople & Araclea.

BERGE. s. f. Bord d’une rivière élevé ou escarpé ; ripa prærupta, agger. Le rivage, c’est le bord où l’eau arrive ; mais la berge est la terre qui est élevée auprès, qui garantit la campagne des inondations. Une armée a de la peine a passer une rivière quand la berge est escarpée ; il faut auparavant abattre la berge, y faire une pente.

Berge, en agriculture, se dit particulièrement d’une petite élévation de terre escarpée. On dit la berge d’un fossé pour signifier l’ados que forme la terre qu’on a tirée du fossé. Tumulus, moles.

On appelle aussi en termes de mer, berges ou barges, les grands rochers âpres & élevés à pic, comme les berges ou barges d’Olonne : tels sont Scylla & Carybde vers Messine.

Berge, est aussi une sorte de petit bateau fait à-peu-près comme une barque. Cymba.

☞ BERGEN. Ville capitale de Norvège, à 25° 33′ 48″, de longitude, 60° 0′ 0″ de latitude. Harris.

☞ BERGEN, Duché d’Allemagne. Voyez Berg.

Bergen. Petite ville d’Allemagne, dans la Basse-Saxe, au Comté de Danneberg. Berga.

Bergen. Berga, ville d’Allemagne, capitale de l’Île & principauté de Rugen, sur la mer baltique.

☞ BERGENHUS, province de Norvège, la plus occidentale, ainsi nommée de sa capitale Bergen, quelques-uns écrivent Bergerhusen.

BERGER, ÈRE. s. m. & f. Qui garde les moutons. Pastor gregis, ovium custos. Les Poëtes, & les faiseurs de Romans, traitent l’amour sous des personnages de bergers & de bergères. En Poësie pastorale, berger & bergère se disent figurément pour amant & maîtresse. Un berger fidèle, une bergère inconstante. La Poësie pastorale est apparemment la plus ancienne, parce que la condition de berger est la plus ancienne des conditions. Comme les premiers bergers n’avoient personne au-dessus de leur tête, & qu’ils étoient les Rois de leurs troupeaux, il est vraisemblable qu’une certaine joie, qui suit l’abondance & la Liberté, les porta à chanter leurs plaisirs & leurs amours. Fonten. Il est impossible que la vie des bergers, qui est très-grossière, ne leur abaisse l’esprit, & ne les empêche d’être aussi galans, & aussi spirituels qu’on nous les représente dans les Eglogues. L’Astrée n’est peut être pas moins fabuleuse par les agrémens que d’Urfé y donne à ses bergers, qu’Amadis par ses enchantemens. Les viles occupations des bergers ne font envie à personne : mais on a regardé la vie pastorale comme la plus propre à faire naître l’amour, & à le favoriser.

Peignez-donc, j’y consens, des Héros amoureux ;
Mais ne m’en formez pas des bergers doucereux. Boil.

Telle qu’une bergère au plus beau jour de fête,
Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornemens. Id.

On appelle communément, l’étoile de Vénus, l’étoile du berger.

Quelques uns dérivent ce mot du celtique & de l’allemand berg, qui signifie montagne, à cause que les bergers mènent paître leurs troupeaux sur les montagnes. Mais Ménage prétend qu’il vient de berbicarius, dont a été fait aussi brebis. Nicot le dérive de vervex.

On dit proverbialement, l’heure du berger ; pour dire, l’heure favorable à un amant : figurément on le dit de toutes les occasions propres pour faire réussir une affaire. Le matin est un temps si favorable aux Muses, que s’il étoit permis de prétendre à la galanterie de ces farouches pucelles, la naissance de l’Aurore seroit pour elles l’heure du berger. Saras.

Il est aisé quand on a tant de charmes.
De trouver l’heure du berger.

BERGERAC. Bergeracum. Ville de France, dans le Haut-Périgord, sur la Dordogne.

BERGÈRE. s. f. Les femmes appellent une bergère, certaine coiffure qui n’a pas tant de façon que leurs coiffures ordinaires de parade. Apparemment qu’elle tire son nom de ce qu’elle a quelque rapport à la coiffure d’une bergère. C’est aussi une espèce de long fauteuil.

☞ BERGERETTE. s. f. Vieux diminutif de bergère, petite fille qui garde les troupeaux. Rab.

BERGERÉTE. s. f. C’est le nom d’une sorte de vin mixtionné avec du miel, que les Médecins nomment œnomeli, du grec οἶνος, vin, & μέλι, miel.

BERGERIE. s. f. Lieu d’une basse-cour où l’on enferme les moutons. Ovile. Voilà une bergerie capable de tenir deux cens moutons. On dit étable pour le lieu où l’on héberge les gros bestiaux. Écurie pour les gros chevaux.

Bergerie, se dit figurément en matière spirituelle du lieu où se retirent les Fidèles qui sont sous la conduite d’un Pasteur. Il faut que le vrai Pasteur entre dans la bergerie par la porte, dit Saint Jean. Il se dit aussi de toute maison qui est sous la conduite de quelqu’un, tant pour le temporel, que pour le spirituel. Elle voit le feu dans sa bergerie. Patr. Les mauvais Pasteurs font périr malheureusement la bergerie du souverain Pasteur, au lieu de la conserver. Abb. de la Tr. La bergerie sacrée de Jésus-Christ. Id. Et qu’y a-t-il à souhaiter davantage que d’être tous rassemblés, selon le désir du Fils de Dieu, dans une même bergerie, & sous un même pasteur. Bourdal. Exh. T. I. pag. 127.

On dit figurément enfermer le loup dans la bergerie, pour dire, laisser fermer une plaie qui n’a pas assez suppuré, ou avant que d’en avoir fait sortir tout ce qui pouvoit être nuisible.

Bergeries, sont aussi des Pastorales, ou Histoires amoureuses décrites sous le nom de bergers. Pastorale Carmen. Les Bergeries de Racan font une très-belle Pastorale. L’illusion, & en même temps l’agrément des Bergeries, consiste à n’offrir aux yeux que la tranquillité de la vie pastorale, à en dissimuler la bassesse, & la misère, & à n’en laisser voir que la simplicité. Fonten.

Avec quelques moutons à peine ramassés,
Retablissons la Bergerie.
Dans l’éclat des siècles passés. Id.

BERGERONNETTE, ou BERGERETTE. s. f. Vieux mot qui signifioit autrefois petite bergère. Puella gregis custos.

Bergeronnette, est aussi un petit oiseau qu’on appelle autrement hochequeue, vattemare, lavandière, qui est noir & blanc, & qui fréquente les rivières. Cinclus, Motacilla.

Bergeronnette jaune. Motacilla flava. Elle est de la grandeur de la grande Mésange : elle remue incessamment la queue, qui est fourchue, & beaucoup plus longue que le reste du corps ; elle est composée de huit plumes, desquelles les deux qui sont à l’extrémité de part & d’autre, sont de trois couleurs, beaucoup de blanc, un peu moins de noir, & très-peu de jaune. Les deux du milieu, sont noirâtres avec un peu de jaune, & sont un peu plus courtes que les autres. Elle a le bec long, droit, grêle & noirâtre ; le crâne & la tête fort délicats. Son ventre est blanchâtre, avec un peu de jaune. Cette couleur paroît au commencement de sa queue ; à l’extrémité elle est d’un jaune plus couvert ; proche du croupion ses plumes sont mélangées de jaune & de vert. Sa tête & son dos sont bruns. Les pennes de ses ailes sont noirâtres, & au milieu par le travers blanchâtres, hormis les derrières, qui sont entièrement noires. Ses ailes sont courtes ; sa tête est petite à proportion de son corps ; & ses jambes menues & brunes. On distingue le mâle de la femelle, en ce qu’il a le ventre tout-à-fait jaune. Il a aussi des lignes jaune-paille, qui lui prennent depuis le bec jusqu’aux sourcils, & descendent vers le cou. Sa poitrine est orangée. Mais la femelle a le dessus de la tête & le cou cendrés ; au lieu que le mâle a les sourcils orangés, elles les a blancs. Ils ont l’un & l’autre une plume blanche à chaque côté de la queue. La Bergeronnette jaune fait sa demeure aux mêmes endroits que la Bergeronnette blanche, qui s’en va & nous quitte en certain temps de l’année ; mais celle-ci demeure toujours avec nous : elle suit toujours les troupeaux, ainsi que l’autre, à cause des mouches qu’elle y rencontre ; elle ne vit point en cage. Lorsqu’elle a été poursuivie de l’épervier, & qu’elle en est échappée, elle chante incontinent, en signe de réjouissance : elle est très-bonne pour les Faucons, & les autres oiseaux de proie qui sont à la mue.

Il y a une autre espèce de Bergeronnettes jaunes. Celle-ci est depuis le gosier jusqu’au-dessous du commencement de la queue d’un jaune plus couvert que la précédente. Sa tête & son dos sont presque de couleur de rouille, laquelle règne au commencement du gosier, & forme comme une espèce de collier, bien qu’elle soit plus claire en cet endroit. La partie qui est jointe au-dessous du bec, est garnie d’une tache blanche qui l’environne. Ses ailes à l’endroit qu’elles touchent le dos, sont pareillement de couleur de rouille, ainsi que les côtés. Son bec est grêle, noir, longuet, & un peu courbé à l’extrémité. Les plumes de la queue sont noires, bordées d’un peu de blanc. Son croupion est jaune, les pieds bruns, les ongles longs & assez crochus.

BERGEROT. s. m. Petit Berger. La Nièce de Dom Quichotte lui dit : Qu’est-ce donc que ceci, mon oncle : Quand nous croyons que vous vous retirez dans votre maison pour vivre en paix, vous vous allez encore jeter en de nouveaux labyrinthes, en vous faisant un petit bergerot.

BERGEROTTE. s. f. vieux mot qui signifie bergerette, petite bergère. Chloé étoit seulette aux champs assise, en gardant ses moutons, & ploroit chaudement, en disant ce que peut dire une pauvre bergerotte comme elle. Amours de Daphnis & de Chloé. Il y a un exemple plus moderne de bergerotte dans Dom Quichotte, Tom. IV, ch. 73, p. 556. Ce Chevalier venoit de vanter la beauté de la bonne grâce de son incomparable Dulcinée du Toboso. Il faut demeurer d’accord de tous ces avantages, répartit le Curé : pour nous autres, nous chercherons ici autour quelques petites bergerottes, qui, sans aller jusqu’à ce degré de perfection, ne laissent pas d’être passables.

BERGIME. s. m. Divinité particulière aux habitans de Bresse en Italie. Il avoit un Temple & une Prêtresse. Il y a un monument qui le représente avec un habit à la Romaine. C’étoit peut-être quelque héros du pays.

BERGLBLEAU. s. m. C’est ce qu’on nomme autrement, cendre verte, ou vert de terre.

BERGOPSOM. On dit en Flamand BERG-OP-SOOM, ou ZOOM, c’est-à-dire, Berg ou montagne sur la rivière de Zoom, Ville des Provinces-Unies, dans le Brabant Hollandois. Bergopsom est situé sur une petite colline, & s’étend jusqu’à la rivière de Zoom. Elle a titre de Marquisat. Berga ad Zoomam.

☞ On observe dans le Dict. de la Martinière, qu’il n’y a jamais eu de rivière de Zoom ; que les Géographes qui se sont copiés, ont pris pour une rivière un canal creuse pour transporter dans la ville des tombes dont les habitans se servent pour faire du feu : & qu’il est plus vraisemblable de dire qu’on a donné à cette ville le nom de Berg-Op-Zoom, qui signifie Montagne sur le bord, parce qu’en effet elle se trouve sur une montagne, qui s’appelle Berg en langue vulgaire, & que le pays des environs est nommé Zoom, bord dans les anciens titres, parce qu’il est sur le bord de la mer, & à l’extrémité du Brabant. M. de Lowendal emporta cette ville l’épée à la main le 15 Septembre 1747, après un siège d’environ deux mois.

☞ BERGUES S. VINOX, ou BERGH-S. WINOC. Ville des Pays-Bas, dans la Flandre Françoise, Diocèse d’Ipres. Elle tire son nom de S. Vinox, ou Vinoc qui y fit bâtir un monastère, auprès duquel elle s’est formée.

☞ BERG-ZABERN. Tabernæ Montanæ. Ville d’Allemagne, au Duché des Deux Ponts. Cette Ville, & l’autre qui s’appelle aussi Zabern, & que nous appelons en françois Saverne, conservent encore leur ancien nom, ad Tabernas, que les Romains leur avoient donné.

BERIBÉRII. s. m. Espèce de paralysie fort commune, dans quelques contrées des Indes orientales. Le terme de Beribérii signifie dans la langue du pays, brebis ; & Bontius pense que les Naturels ont donné ce nom à cette maladie, parce que ceux qui en sont attaqués, semblent imiter les mouvemens de la brebis, lorsqu’elle marche ; car ils élancent les genoux & les jambes en devant. Diction. de James.

BÉRICHOT. s. m. Oiseau appelé autrement Bœuf de Dieu, en Normandie Rebetre. C’est le Passereau Troglodyte. Passer Troglodyta. Voyez Passereau Troglodyte. Le Poëte sans fard appelle le Bérichot Roitelet, comme il paroît par les vers suivans.

Quant au Bérichot, plus pour rire,
Que pour l’honorer en effet.
Par un plaisant trait de satyre
Chacun le nomma Roitelet.

BERIL. s. m. Pierre précieuse que les Italiens appellent eau marine, à cause de sa couleur, qui est d’un vert pâle, en quoi elle diffère de la couleur de l’émeraude, qui est aussi verte, mais plus chargée. Beryllus.

Quand le Beril jette quelques rayons dorés un peu vifs, il se nomme Chysoberillus ; mais sa couleur ordinairement délayée est d’un vert pâle & léger. Quand il est taillé à six faces, il est plus transparent.

Il s’en trouve quelquefois de si grosses pièces, qu’elles peuvent servir à faire de fort beaux vases. M. Félibien dit qu’il y en a beaucoup à Camboge, à Wartaban, au Pegu, & dans l’Ile de Ceilan. Plus le béril approche du vert de mer, plus il est estimé. Solin, ch. 52, & Pline, Liv. XXXVII, V, distinguent plusieurs espèces de bérils. Saumaise sur Solin, p. 567 & 115, dit bien des choses du béril. il croit que le béril est la pierre précieuse que nous nommons œil de chat. L’anneau du Roi Porsenna étoit un béril. Le béril est la huitième des pierres qui composent les fondemens de la nouvelle Jérusalem. Apoc. XXI, 20. Le huitième (ondement) de béril. Port-R.

BERILLISTIQUE. s. f. Espèce prétendue d’Art magique, qui consiste à tirer des augures, des apparences extraordinaires qui se font dans les miroirs. Berillistica. Ces miroirs s’appellent berilli, d’où est venu le mot berillistica. Ruland, cité par James.

☞ BERINGEN. Petite ville des Pays-bas, dans l’Evêché de Liège.

☞ BERISSA. Ville d’Afrique, en Nigritie, au royaume de Guber, sur le Sénégal.

BERLAN. Voyez Brelan.

BERLANDER. Voyez Brelander.

BERLANDIER. Voyez Brelandier.

☞ BERLANGA, ou VERLANGA. Berlanga. Petite ville de la vieille Castille, en Espagne, dans des montagnes.

BERLE. s. f. Sium, ou Berula. Plante ombellifère, dont les feuilles sont rangées par paires, sur une côte terminée par une seule feuille. La berle ordinaire vient dans l’eau & s’y étend beaucoup, au lieu que hors de l’eau elle devient plus maigre, plus petite & plus ramassée. Ses racines sont blanches & chevelues : elles poussent une tige ronde, creuse, noueuse, couchée, & qui donne plusieurs racines de chacun de ses nœuds : de cette manière, toute la plante s’étend & se multiplie. De chacun de ses nœuds naît une côte qui enveloppe & embrasse étroitement, par sa base, la tige. Cette côte sert de queue à quatre à cinq paires de feuilles qui sont rangées, crénelées dans leur contour, & d’une odeur de Chervi. Il sort encore de chacun de ces nœuds ou une branche, ou un pédicule, qui soutient une ombelle de fleurs blanchâtres, petites, auxquelles succèdent des graines menues, cannelées sur leurs dos, âcres & piquantes au goût. Celle-ci est le Sium umbellatum, repens, espèce plus commune que celle qui est nommée Sium, sive apium palustre foliis oblongis, dont les feuilles sont plus étroites & dentelées plus profondément. Il y a une troisième espèce de berle qu’on nomme la grande berle, & dont les feuilles ont à peu près le volume de celle du panais. La berle est antiscorbutique, apéritive & diurétique.

Le nom de berle étoit appliqué autrefois indifféremment à plusieurs plantes de différens genres, telles que le becabunga, qui est une espèce de Véronique, & à l’Œnantha. Plusieurs Auteurs ont fait mention d’une plante ombellifère & aquatique, nommée Sium Erucæ foliis, & qu’on croit être très-venimeuse. Vepserus a cru que cette dernière plante étoit la ciguë aquatique des Anciens. Daléchamp fait venir l’étymologie de Sium du grec, ἀπὸ τοῦ σείειν, à cause que cette plante est continuellement agitée par l’eau courante dans laquelle elle croît.

☞ BERLEBOURG. Berleburgum. Petite ville d’Allemagne, avec un château, dans la Vetéravie, au Comté de Witgenstein, sur la rivière d’Eder.

BERLIN. Berolinum, Berlinum. Ville du Cercle de la haute Saxe, en Allemagne, dans la moyenne marche de Brandebourg, sur la Sprée, capitale des Etats de Brandebourg, & la résidence ordinaire des Electeurs de ce nom. Berlin été fondé par Albert l’Ours, en 1162, & a de longitude 30° 58′ 34″, & de latitude 52° 33′ 0″. Kirk, Heffan & De Lisle. Maty, Corv. Il y a dans la Suisse une ville de ce même nom.

BERLINE. s. f. Espèce de Carrosse venue de Berlin, ville d’Allemagne, dont nous venons de parler. Currus Berolinensis. C’est de-là que ces carrosses ont pris leur nom. Quelques-uns néanmoins en donnent l’invention aux Italiens. Il y a des Ordonnances du Roi pour les Postes, qui défendent aux Officiers de courir la poste en berline. Dans les commencemens qu’on en vit à Paris, quelques personnes disoient brelingue, ou brelinde, mais mal. On dit berline, & l’étymologie montre qu’il le faut dire.

La Berline est une voiture commode pour aller en campagne, parce qu’elle est plus légère, & moins sujette à verser qu’un carrosse. C’est une machine posée sur deux brancards, soutenue par des soupentes. On y entre par des étriers ou marchepieds. Les berlines sont fort à la mode depuis quelque temps. On s’en sert même à la ville autant qu’en campagne. On y met des mantelets qu’on baisse dans le mauvais temps, & qu’on lève quand il fait beau, au lieu de glaces aux côtés. Il y a des berlines à ressort. Une berline a beaucoup de commodité, des poches, des accoudoirs, une cave, &c.

BERLINGOT. s. m. Berline coupée. On dit plus ordinairement, brélingot.

BERLU, ou BRELU. Terme bas & populaire. On dit d’un homme léger, inconsidéré, qui agit avec précipitation & sans attention, que c’est un berlu berlu, ou un brelu brelu ; car on ne dit jamais ce mot seul : on le répète toujours deux fois.

BERLUCHE. Voyez Breluche.

BERLUE. s. f. ☞ Eblouissement passager, qui fait voir les objets autrement qu’ils ne sont. Avoir la berlue. Donner la berlue. Oculos perstringere. Il est du style familier.

L’autre jour à l’Observatoire,
Les ennemis du tranquille sommeil
Voulurent, par malice noire,
Me faire voir des taches au Soleil ;
Leurs longs tuyaux, au lieu d’aider ma vue,
Me donnaient la berlue.

Avoir la berlue se dit figurément & familièrement pour, juger mal des choses, en juger de travers. Caligare. Quand vous avez avancé une telle proposition, vous aviez la berlue sans doute.

BERME. s. f. Terme de fortification. Relais. C’est un petit espace de trois ou quatre pieds entre le rempart ou la fausse braie, & le fossé : elle sert à recevoir les terres qui s’éboulent par le canon, afin que le fossé n’en soit pas comblé. C’est pour cela qu’on a coutume de palissader les bermes, ou de les défendre par une haie vive. On l’appelle aussi retraite, lisière, le pas de la souris.

☞ BERME, chez les Amydonniers, est un tonneau dans lequel ils mettent les recoupes de froment, ou le froment dont ils composent l’amydon, pour y fermenter & y recevoir les autres préparations.

☞ BERMEO, ou Vermeo. Petite ville d’Espagne, en Biscaye, sur la côte de l’Océan.

☞ BERMIERS, ou Bermieres. C’est ainsi qu’on appelle dans les salines, des ouvriers & des ouvrières occupés à bâtir & à porter la muire au tripot. Voyez Muire & Tripot.

BERMUDES. Les Isles Bermudes. Bermudæ, Æstivæ Insulæ. Îles de l’Amérique Septentrionale, ainsi appellées du nom de Jean Bermudo, qui les découvrit. Herrera les met au 33e degré de latitude Septentrionale ; mais les Anglois, qui les ont observées plus exactement, les placent au 32d 30′, au Levant de la Virginie & de la Caroline. Ces Îles sont par les 114d 3′ 48″, de longitude, & par les 32d 25′ 0″ de latitude nord. Harris. Les Bermudes sont fort petites. Corn. Maty. Les Anglois les nomment aussi les Isles de Sommer, Sommeriæ, du nom de George Sommer Anglois, qui y fut poussé par la violence des vents en 1609. Le Grand Atlas, & M. Corneille qui l’a copié, ne parle que d’une Bermude ; mais il y en a cependant plusieurs, comme il paroît par la carte même de l’Atlas. Maty s’est trompé quand il a dit que la plus grande des Bermudes porte le nom de Saint George ; elle s’appelle la Grande Ile, & celle de saint George est beaucoup plus petite. Voyez le grand Atlas.

BERMUDIENNE. s. f. Bermudiana. Cette plante tire son nom des Iles Bermudes, d’où nous vient sa semence. Elle a la fleur du lys, elle est composée de six pétales, dont le calice dégénère en un fruit triangulaire qui s’ouvre en trois endroits, & qui est partagé en trois cellules pleines de graines rondes.

BERNABITE. ☞ Voyez Barnabite. C’est ainsi qu’il faut dire.

BERNABLE. adj. Qui mérite d’être berné, moqué. Il est du style familier.

… Un mariage à me rendre bernable,
Si j’étois pour le faire assez peu raisonnable.

Rousseau.

Cet excellent Poëte François n’a pas apparemment été content de cette expression, puisqu’il l’a changée dans une édition suivante, où il a mis,

… Un mariage à me mettre en tutelle
Si j’avois pour le faire assez peu de cervelle,

BERNACHE. Voyez Bernacle.

BERNACHON. s. m. Le petit d’une bernache. Anaticula marina, anatis marinæ pullus.

BERNACLE, ou BERNACHE. s. f. C’est la même chose que la macreuse. Journ. d. S. 1671, p. 177. Voyez Macreuse. C’est un oiseau marin. Quelques-uns disent qu’il croit & sort de la Conque anatifère, & que ce poisson tire son origine du bois pourri des vaisseaux & de l’écume de la mer. D’autres disent que ces oiseaux croissent des feuilles des arbres où les coquillages s’attachent. Ces sortes de générations ne sont plus admises dans la Physique.

☞ BERNACLE. s. f. Concha anatifera. Le bernacle est un coquillage, dont la coquille est composée de cinq pièces. Les bernacles sont adhérentes aux rochers & aux vaisseaux. On croyoit autrefois qu’il sortoit de ce coquillage une espèce de canard. Acad. Fr.

BERNAGE. s. m. Vieux mot. Le train, le bagage, l’équipage d’un grand Seigneur. Comitatus, sarcinæ, impedimenta. Il signifie aussi la Maison du Roi, & toute sa suite. On trouve dans un ancien Auteur : le Roi tint Cour plenière, & en icelle manda tout son bernage : c’est pourquoi M. Ménage le fait venir de baronagium, c’est-à-dire, l’assemblée des Barons : on a dit Ber pour Baron. Voyez Ber.

Parmi les Laboureurs, bernage signifioit un mélange de diverses espèces de grains, comme froment, seigle, orge, &c. En ce sens le P. Labbe le fait venir d’hybernagium. Voyez Du Cange sur le mot Hybernagium.

BERNARD. s. m. Bernardus. Nom d’homme. Selon quelques-uns il vient de l’allemand, & signifie, qui a un esprit d’ours ; art en allemand veut dire, esprit naturel, & ber, ou beer, ou bar, ours. D’autres prétendent qu’il signifie filialis indoles. On le trouve écrit avec aspiration, Bernhard ; & parce qu’on change souvent l’aspiration en W, on trouve aussi S. Bernward, évêque de Hildesheim. Mais c’est toujours le même mot. L’Auteur de la vie de S. Barnard, ou Bernard, Evêque de Vienne, dit que ce nom signifie fils de bonne odeur ; c’est-à-dire, qu’il le dérive du syriac, ou chaldéen בר, filius, & de l’hébreu נרד, Nered, en chaldéen נרדא, nardus. Il ne faut point chercher si loin l’étymologie de ce nom. Bern est un ancien nom des peuples du nord. Il est parlé d’un Roi Bern, ou Born, qui régnoit vers la mer Baltique. Il y a de l’apparence que ce sont les Bourguignons ou les François qui ont apporté ce nom dans les Gaules.

Saint Bernard a écrit autrefois à un grand Prélat touchant les dépenses inutiles & superflues. De Rancé. Saint Bernard, l’un des plus grands ornemens de l’Eglise de France, naquit l’an 1091, au village de Fontaine en Bourgogne, à trois quarts de lieues de Dijon. Son père Técelin, surnommé Sorus, ou Rousseau, Seigneur du lieu, étoit de l’une des plus anciennes noblesses de la Province ; & sa mère la B. Alerte ou Alix, étoit fille de Bertrand, Seigneur de Mombard, qui étoit parent des Ducs de Bourgogne. Baillet. Voyez aussi Barnart.

Bernard l’Hermite. s. m. Cancellus. C’est le nom d’un poisson de mer qu’on appelle aussi le pauvre homme, ou absolument l’hermite. Les Naturalistes lui ont donné ce nom, parce qu’ils ont remarqué qu’il vit toujours seul dans une cellule où il est logé aux dépens d’autrui. Ce poisson, qui est presque fait comme la crevette ou salicoque, a une écaille trop foible pour le garantir. Il cherche une écaille vide, proportionnée à sa grosseur, où il habite jusqu’à ce qu’il soit devenu trop gros pour y pouvoir tenir. Il cherche pour lors un autre domicile, & continue toujours de grosseur en grosseur, jusqu’à ce qu’il ait atteint toute sa crue ; alors il en reste à cette dernière maison qui lui sert de tombeau.

BERNARDE. s. f. Nom de femme, qui a saint Bernard pour Patron. Bernarda. La Mère Bernarde de Vignol fut une des cinq Réformatrices des Bernardines, en Savoye. P. Héliot, T. V. C. 42.

BERNARDIÈRE. s. f. Espèce de poire dont parle La Quintinie, P. III, T. III, p. 322. C’est une mauvaise poire des mois d’Avril & de Mai. Id. p. 386.

BERNARDIN. s. m. Nom de Religieux, dont l’Ordre est fort étendu dans l’Europe. C’est une Réforme de l’Ordre de S. Benoît faite par Robert Abbé de Molesme, & depuis par S. Bernard Abbé de Clervaux. Monachi Ordinis sancti Bernardi. Leur habit est une robe blanche, avec un scapulaire noir ; & lorsqu’ils officient, ils sont vêtus d’une coule ample & large, qui est toute blanche, & qui a de grandes manches, avec un chaperon de la même couleur. Il y a cinq Abbayes Chefs d’Ordre de S. Bernard en France ; Cîteaux, Clervaux, Pontigny, La Ferté, & Morimont. Les Ordres de Calatrava & d’Alcantara en Espagne, sont sous la Règle de S. Bernard.

BERNARDINE. s. f. Religieuse de l’Ordre de Cîteaux. Bernardina monialis. On ne s’accorde pas sur leur origine. Quelques Auteurs prétendent qu’elles ont été fondées par sainte Humbeline, sœur de saint Bernard. Voici ce qu’il y a de plus probable. Milon, Comte de Bar, accorda le Monastère de Juilly à l’Abbaye de Molesme, afin qu’il servît de retraite à des Religieuses, qui y vécussent sous l’obéissance de l’Abbé de Molesme, qui leur donneroit quatre de ses Religieuses pour les conduire. Or Molesme a Toujours été de l’Ordre de S. Benoît. De plus, le premier Monastère de filles de cet Ordre ne fut fondé à Tart, diocèse de Langres, que l’an 1120, par saint Etienne, & non pas par saint Bernard ; ce qui se prouve par les Chapitres généraux des Religieuses de cet Ordre en France, qui se tenoit autrefois à Tart, comme la plus ancienne Abbaye de tout l’Ordre. Les Bernardines sont habillées comme les Bernardins, & elles ont de bonnes Abbayes, auxquelles le Roi nomme.

Il y a aussi des filles de cet Ordre en Espagne, qu’on appelle Bernardines de la Récollection, ou Déchaussées.

Mais puisqu’elles sont de l’Ordre, & non pas de la Filiation de Clervaux, pourquoi les appelle-t-on Bernardines ? Je n’en trouve point la raison : mais c’est l’usage : cela suffit.

Il y a encore en France & en Savoie d’autres Religieuses de Cîteaux, que l’on nomme Bernardines réformées des Congrégations de la Divine Providence, & de saint Bernard. Leur Fondatrice fut la Mère Louise-Blanche-Thérèse de Ballon, parente de saint François de Sales, par les conseils duquel elle se conduisit dans cet établissement. Rumilly, petite ville de Savoie, fut le lieu où elle jeta les fondemens de sa réforme l’an 1622. En 1624 elles s’établirent à Grenoble, & là furent dressées les constitutions de cette réforme. Elles furent imprimées pour la première fois en 1631 à Paris, avec les approbations nécessaires, excepté celle de Rome, que l’on n’obtint qu’en 1634.

Les Religieuses du précieux Sang à Paris, sont encore des Bernardines sorties de celles que la Mère du Ballon avoit établies & fondées en 1636 ; mais qui ont formé depuis une autre congrégation, ou réforme de l’Ordre de Cîteaux en 1655. En 1659 elles prirent la règle de saint Bernard & les coutumes de Cîteaux, & en 1660 elles commencèrent à les observer. La même année on leur fit des règlemens, qui, le 14 Août de l’année suivante, furent approuvés par l’Abbé de Prièves, Vicaire général de l’Etroite Observance de Cîteaux en France, & par le Prieur de saint Germain des Prés, comme Vicaire général du Cardinal de Bourbon, Abbé de saint Germain.

☞ BERNAUDOIR. s. m. Grand panier d’osier où l’on met les brins de laine qui tombent pendant qu’on la bat sur la claie. Avec une baguette on les agite circulairement jusqu’à ce qu’ils soient ouverts & assez nettoyés pour être ajoutés au reste de la laine battue.

☞ BERNAVI. s. m. Plante dont les Américains usent pour se rendre gais, comme les Turcs font de leur opium. Pierre Petit parle de cette plante dans son traité du Nepenthès.

☞ BERNAW. Ville d’Allemagne, dans la basse Saxe, dans la moyenne marche de Brandebourg, à trois milles de Berlin.

☞ BERNAY. Petite ville de France, dans la haute Normandie, avec titre de comté, bailliage & élection, renommée par une grande & riche Abbaye de Bénédictins de la Congrégation de S. Maur.

☞ BERNBOURG. Petite ville d’Allemagne, dans le cercle de la haute Saxe, & dans la principauté d’Anhalt, sur la Sala.

BERN-CASTEL, ou BERENCASTEL ou BERNE-CASTEL. Ville d’Allemagne, dans l’Electorat de Trêves. Castellum Tabernarum.

BERNE. Berna, Ville de Suisse, capitale du canton, sur une colline entourée de trois côtés de la rivière d’Aar. Le nom de Berne signifie Ours. Cette ville en a un dans ses armes, & en entretient plusieurs dans une fosse fort propre. M. Corneille dit qu’elle fut nommée Berne, ours, parce qu’on trouva un ours dans ses fondemens. Hoffman dit que Berne fut commencée par Berthold IV, Duc de Zeringhen, achevée par son fils Berthold V, qui lui donna le nom de Berne, ours, de la première chose qu’il rencontra dans la ville, en 1191. De-là vient que quelques-uns la nomment en latin Arctopolis. A Berne l’adultère & la prostitution sont des crimes punis de mort, & la simple fornication rend un homme incapable d’aucune charge pour toute sa vie. Maty.

Le Canton de Berne est le plus puissant des XIII, qui composent la République des Suisses. Il occupe seul plus d’un tiers de tout le pays. Bernensis Pagus. Il se divise en deux parties, le pays allemand & le pays roman. Voyez Simler. De Rep. Helvet. & Burnet, Voyage de Suisse.

BERNE. s. f. Saut en l’air qu’on fait faire à quelqu’un, soit par divertissement, soit par malice, en le secouant dans un drap ou dans une couverture. ☞ Quatre personnes tiennent les quatre coins d’une couverture, mettent quelqu’un au milieu, & le font fauter en l’air. Ludicra alicujus è sago linteo in altum jactatio, ludicrum sagi supplicium.

Jamais sot ne mérita mieux
D’être poussé d’un coup de berne,
Jusqu’à moitié chemin des cieux. Main.

C’est aussi un supplice cruel chez les Maures ou peuples de Maroc. Trois ou quatre nègres des plus forts prennent le patient par les jarrets, & le lancent en l’air aussi haut que leurs forces le permettent. Hist. de l’Emp. des Cherifs.

Berne, se dit figurément de ceux qu’on raille, qu’on tourne en ridicule dans une compagnie. Une proposition si déraisonnable mérite la berne.

On dit en termes de Marine, mettre le pavillon en berne ; pour dire, le tenir ferlé le long de son bâton :c’est un signal que donnent les vaisseaux pavillons aux vaisseaux intérieurs, pour les avertir de venir à bord.

☞ BERNE-CASTEL. Voyez Bern-castel.

BERNEMENT. s. m. Action de berner. Manière dont on berne quelqu’un. In sublime jactatio. Le bernement de Sancho Pança. Acad. Fr. 1740. La description de ce bernement est dans le premier tome de l’Histoire de Dom Quichotte, à la fin du chapitre 16, p. 231, & suivantes.

Bernement, se prend aussi pour raillerie, moquerie, dérision, & c’est en ce dernier sens que Sganarelle dit à Ariste son frere, au sujet de Léonor.

Nous avons intérêt que l’hymen prétendu
Répare sur le champ l’honneur qu’elle a perdu ;
Car je ne pense pas que vous soyez si lâche,
De vouloir l’épouser avec que cette tache ;
Si vous n’avez encor quelques raisonnemens,
Pour vous mettre au dessus de tous les bernemens.

Molière, Ecole des Maris, Act. 3, Sc. 5.

BERNER. v. a. Faire sauter quelqu’un en l’air dans une couverture, par jeu, ou par dérision. Aliquem è linteo in altum jaclare. Sancho Pança, valet de Dom Quichotte, fut violemment berné dans la taverne. Suétone rapporte que c’étoit un des plaisirs de l’Empereur Othon de se faire berner.

Ménage & Borel prétendent que ce mot vient de berne, qui est, comme dit Cujas, un ancien mot françois, qui signifie un certain habillement, que les Latins ont appelé fagum, avec lequel on bernoit ; & Nicot dit qu’il vient de Hibernia, où il prétend qu’on porte encore de semblables vêtemens faits d’un drap grossier & velu, qu’on appelle bernée. Covatruvias appelle aussi bernia un manteau fort large fait d’un gros drap.

Berner, se dit aussi figurément pour railler quelqu’un le faire servir de jouet à une compagnie. Ludere, illudere, irridere. Cet homme est un ridicule, qui se fait berner par-tout où il se rencontre.

Puis un chacun contre moi déchaîné
Je fus honni, réprimandé, berné :
Des malheureux c’est assez le partage.

Originairement ce mot ne signifioit autre chose que vanner, ou jeter en haut avec le van.

BERNÉ, ÉE. part. Jactatus in altum, irrisus, illusus. Les cris affreux que faisoit le misérable berné, allèrent jusqu’aux oreilles de son maître. D. Quich.

☞ BERNEVAL. Gros village de France, en haute Normandie, au pays de Caux, à une lieue de Dièpe.

BERNEUR. s. m. Celui qui berne. Jactator, illusor. Monsieur, dit Sancho à son maître, ôtons-nous d’ici, & cherchons à loger pour cette nuit, & Dieu veuille que ce soit dans un endroit où il n’y ait ni Berne, ni Berneurs, ni phantôme, ni Mores enchantés ; car, par ma foi, si j’en trouve, je suis serviteur à la Chevalerie, & j’en donne ma part à tous les diables. Hist. de Dom Quichotte, to. 10, ch. 17, p. 255.

Au reste, Berneur se trouve en d’autres endroits du Dom Quichotte : il est employé deux fois à la page 233 du premier tome, & une fois à la page 235, chap. 16.

☞ BERNICHE, BERENICE, ou VERNICHE. Ville d’Afrique, en Barbarie, au royaume de Barca, dans la province de Mesrate.

BERNICLES. Mot populaire, pour dire, rien. Il s’attendoit à avoir un gros profit, & il a eu bernicles. C’étoit encore une sorte de géhenne des Sarrasins, décrite par Joinville. Borel. « Le Sultan menaça S. Louis de le mettre aux bernicles, tourment cruel, où un homme attaché entre deux pièces de bois avoit tous les os brisés ; & il se contenta de dire à ceux qui lui firent cette menace, qu’il étoit leur prisonnier, & qu’ils pouvoient faire de lui ce qu’ils voudroient. » Fleury. « Les bernicles sont deux grands tisons de bois qui sont entretenans en chief. Et quand ils veulent y mettre aucun, ils le couchent sur le cousté entre ces deux tisons, & lui font passer les jambes à travers de grosses chevilles, puis couchent la pièce de bois qui est là dessus, & font asseoir ung homme dessus les tisons, dont il advient qu’il ne demeure à celui qui est là couché point demi-pied d’ossemens, qu’il ne soit tout dérompu & escaché. Et pour pis lui faire, au bout de trois jours lui remettent les jambes, qui sont grosses & enflées, dedans celles bernicles, & les brisent de rechief. Joinville.

BERNIESQUE. s & adj. m. Ludicrus, scurrilis. C’est une espèce de style burlesque, qui diffère pourtant du burlesque ordinaire, en ce qu’il est un peu moins négligé, & qu’il demande un peu plus de génie. Ce mot vient du Berni ou Bernia, Poëte italien du seizième siècle, qui fit son Orlandino dans ce style, & qu’il publia sous le faux nom de Limerno Pitocco da Mantoa. Baillet s’est trempé lorsqu’il a cru que le style berniesque étoit un style ampoullé. Aussi M. de la Monnoye l’en a t-il repris. Le style berniesque, dit-il, étant un style goguenard, négligé en apparence, comme celui d’Horace, mais d’une négligence qu’il n’est pas aisé d’attraper, n’est rien moins qu’ampoullé. Le P. Chérubin Bozzome, Jacobin, a publié des berniesques : mais il l’a fait sous le faux nom de Buonchier, pour ne pas deshonorer son habit. On dit : je viens de lire, je viens de composer du berniesque. Le berniesque est difficile à attraper. Dans ces occasions il est substantif ; mais lorsqu’on le joint au mot style, il devient adjectif. La première manière du style burlesque des Italiens, est semblable à la nôtre, & a été, si non trouvée, au moins premièrement pratiquée avec réputation par un Chanoine de Florence, natif de Bibiena, sur la cime des Alpes, & nommé Francesco Bernia, qui mit l’Orlando inamorato dell’Ariosto en vers burlesques ou berniesques, & fit plusieurs Capitoli, comme disent les Italiens, de même style. Masc. p. 216.

BERNIQUET. s. m. Terme tout-à fait populaire, qui ne se dit qu’en ces phrases proverbiales, envoyer quelqu’un au berniquet. Il est allé au berniquet ; pour dire, qu’il est ruiné, qu’il a mal fait ses affaires, qu’il est réduit à la besace.

BERNOIS, OISE. s. m. & f. Qui est de Berne. Bernensis, Arctopolita. En 1355 les Bernois firent alliance avec les autres Cantons.

BERNOUS. s. m. Terme de relation. C’est une espèco de manteau à frange avec un capuce, d’où pend une touffe. Pænula cucullata. Mouley Ismaël se couvroit le menton de son bernous. Hist. de Mouley Ismaël.

☞ BERNSTADT. Bernardostadium. Petite ville du royaume de Bohème, en Silésie, au duché d’Olh.

☞ BERNTHALER. s. m. Écu du canton de Berne, valant à-peu-près cinq livres de notre monnoie, un peu moins.

☞ BERNY. Château de France, sur la Bièvre, au midi Paris, sur la route d’Orléans, appartenant aujourd’hui aux Abbés de S. Germain des Prés de Paris.

BÉROÉ. Une des Nymphes que Virgile donne pour compagne à Cyrrène, mère d’Aristée.

☞ BERRE. Petite ville de France, en Provence, près de l’étang de Martigues, que l’on appelle aussi l’étang de Berre.

☞ BERRE. Rivière. Voyez Bera.

BERRETIN. s. m. Nom de Religieux. Berretinus. On nommoit autrefois Berretins de la Pénitence, les Religieux qu’on a depuis appelés les Humiliés ; & on les nommoit ainsi, parce qu’ils portoient un bonnet que les Italiens appellent Barretino, sous l’Empereur Henri V en 1114, tant à cause de l’humilité de la sainte Vierge, qu’ils prirent pour leur protectrice, qu’a cause que l’Empereur, lorsqu’ils se prosternerent à ses pieds, leur avoit dit qu’ils étoient enfin humiliés, ils prirent le nom d’Humiliés, & quittèrent celui de Berretins. P. Hélyot, T. VI, p. 136. Ce furent les Berretins qui introdusirent dans la Lombardie non-seulement les manufactures de laine, mais aussi les fabriques d’étoffes d’or & d’argent. Id, p. 163.

BERRI, ou BERRY. Bituriges, Cubi, Bituricensis Provincia, ou Ducatus. Province de France qui a titre de Duché. Elle a la Sologne au nord, le Nivernois & le Bourbonnois à l’orient, la Marche au midi, le Poitou & la Touraine au couchant. Le Cher divise cette Province en haut & bas Berry. La capitale du Berry est Bourges. Le Berry fut érigé en Duché & Pairie par le Roi Jean, & donné à Jean son fils en Octobre 1560, Du Till. Les laines du Berry sont admirables. Le Berry est fertile en blé, en vin, en pâturages & en bétail. Les habitans du Berry s’appeloient autrefois Bituriges ; & s’appellent aujourd’hui Berruyers. Voyez ces mots. L’Histoire du Berry a été écrite par Chaumeau & par La Thaumassière, qui a fait aussi un Commentaire sur la Coutume de Berry.

M. Catherinot a fait aussi beaucoup de petits Ouvrages sur l’histoire & les antiquités de Berry. Les fondateurs de Berry, les Ducs & les Duchesses de Berry, la Chronologie de Berry, le Bullaire de Berry, le Diplomataire de Berry, les Dominateurs de Berry, le Calvinisme de Berry, les Alliances de Berry, les Philippes du Berry, les Annales ecclésiastiques de Berry, les Annales Thémistiques de Berry, le Sanctuaire de Berrv, les Antiquités Romaines de Berry, les Illustres de Berry, le Droit de Berry, le Nobiliaire de Berry, les Patronages de Berry, les Recherches de Berry, le Nécrologe de Berry ; tout cela est plein d’antiquités & de remarques curieuses. Voyez encore Mézeray dans Philippe 1, Tom. I, p. 409 & 410.

Ce mot s’est formé du latin Bituriges, Beturiges, Betri, Berri. Mézerai croit que la dérivation du mot de Berry n’a rien de certain ; mais il a tort. De Biturige s’est fait Béturige, Bétrige, Bétri, Berri, ou Berry.

On dit proverbialement, c’est un mouton de Berry, ou bien, il est doux comme un mouton de Berry ; pour marquer l’humeur douce de ceux de cette Province, par allusion aux excellens moutons qu’elle produit en abondance. On dit aussi d’une personne qui a quelque tache au visage : il est marqué, ou elle est marquée sur le nez comme les moutons de Berry, parce qu’on marque les moutons de chaque troupeau pour les reconnoître, quand ils s’égarent ou le mêlent, quoique ce ne soit pas souvent sur le nez qu’on les marque.

BERRICHON, ONNE. s. m. & f. Qui est de Berry. Bituricus, Bituricensis. Le peuple dit : c’est un Berrichon, une Berrichonne ; pour dire, un homme ou une femme de Berry ; mais il n’y a que le peuple qui parle ainsi. Il faut dire un Berruyer, une Berruyère. Si les honnêtes gens disent quelquefois Berrichon, ils n’en usent que comme d’un terme populaire, ou d’un diminutif en badinant.

BERRIE. s. f. Vieux mot, C’est une plaine, une campagne, un désert, un lieu uni, tel que les déserts où habitent les Bédouins ou Arabes du désert. Et disoient qu’ils étoient venus nés & concréés d’une grande berrie de sablon, là où il ne croissoit nul bien. Joinville. Bena, locus planus, campestris.

BERRIOIS, ou BERRYOIS, OISE. s. m. & f. De Vigenère appelle ainsi les habitans de Berry, mais ce mot ne le dit point. Il faut dire Berruyer.

BERRUYER, ou BERRUIER, ÈRE. s. m. & f. Biturix, Bituricus. Qui est de Berry, originaire, natif de Berry. Il ne se dit que des personnes. Il n’y a point d’adjectif pour exprimer les choses qui sont de Berry. Ainsi il faut dire, des moutons de Berry, les laines de Berry, les draps de Berry, &c. Berruyers sont ceux de Berry. Ménage. Le P. Labbe, Cathérinot, le P. des Champs, de la Thaumadière, le P. Bourdaloue étoient Berruyers. Quelques uns penserent qu’il n’étoit pas tant coupable de ce crime, comme d’avoir été un des principaux Ministres de la tyrannie du Berruyer. Mezer. C’est à dire, du Duc de Berry.

Quelques-uns disent aussi Berruyers, pour signifier les anciens peuples du Berry. Les Berruyers, peuples anciens, qui ont possédé la Gaule Celtique, & qui formoient une Monarchie très puissante dans les Gaules. T. Corn. J’aimerois mieux imiter M. de Cordemoy & d’autres, & me servir du mot Bituriges, en parlant de ces anciens habitans de Berry. ☞ Le mot de Berruyer ne répond point entièrement à celui de Bituriges, qui s’étendoient bien au delà du Berry.

BERS. s. m. Berceau. Vieux mot. On ne s’en sert plus que dans quelques Provinces. Cunæ.

On a dit Bers par abréviation.

Ce qu’on apprend au ber.
On le retient jusqu’au ver.

Ce proverbe signifie, qu’on conserve toujours les impressions & les habitudes de l’enfance, & qu’on les porte jusqu’au tombeau.

Bers. Espèce d’électuaire dont les Egytiens font usage dans la débauche, pour exciter en eux un désire gai & momentané, dans lequel ils trouvent vraisemblablement la même satistaction monstrueuse que les Européens dans l’ivresse. Dict. de James.

BERSABÉE. Bersabee. Ville de la Palestine, dans la tribu de Siméon, aux extrémités de la Terre Sainte, du côté du midi. Ce nom est composé de deux mots hébreux, באר, Beer, un puits, & שבע, seba, ou saber, sabée ; c’est à-dire, jurement, & signifie, Le puits du jurement. Il fut donné à ce lieu par Abraham, parce que ce fut-là que ce Patriarche & Abimelech Roi de Gérat, jurèrent une alliance ensemble. Abraham y avoir fait creuser un puits ; le Patriarche, aussi bien que son fils Isaac, y demeurèrent long-temps, à cause de la commodité de cette eau. Que le trône de David soit élevé sur Israël & sur Juda, depuis Dan jusqu’à Bersabée. Sacy. C’est une expression fort ordinaire aux Ecrivains sacrés, pour marquer les deux extrémités de la Terre-Sainte, & tout le peuple de Dieu, toute la Terre-Sainte, d’un bout à l’autre.

BERSARIEN. s. m. Bersarius. Nom de certains bas Officiers de la Cour de Charlemagne, qu’on appelle aussi Bévérariens. Beverarii, & dont Hinemar parle, Epitre 3, c. 13. Quelques-uns croient que les Bersariens étoient les gladiateurs qui combattoient avec les bêtes, & qu’on nommoit pour cela Bestiarii ; mais Spelman prétend que les Bersariens étoient les Officiers des chasses, sur-tout de celle du loup ; & par les Bévérariens, il entend les chasseurs du castor, parce que cet animal est appelé presque par-tout Bever ou Beber, comme écrit le Scholiaste de Juvenal.

BERSAULT. s. m. Vieux mot. But.

BERSERKE. s. m. Terme de l’ancienne milice suédoise. Berserkus. Les Berserkes étoient proprement les braves du Roi de Suède, tous gens déterminés, dont la peau, dit un ancien Historien, étoit à l’épreuve du fer, & dont les cris imitoient les rugissemens des lions. Ils combattoient la tête nue, & ils étoient uniquement occupés de meurtres, de vols & de brigandages, du reste entièrement dévoués au service du Prince qui les employoit. Le Roi de Suède avoir douze Berserkes. Journ. D.S. 1716, p. 562.

☞ BERSUIRE. Bersuria, ou Bercorium. Ville du haut Poitou, à trois lieues de Partenai.

BERTAUD, ou BERTAUT, Nom propre d’homme, diminutif de Philibert. Voyez Philibert.

Bertaud. adj. m. Vieux mot. Châtré, celui à qui on a retranché les parties propres à la génération. Eviratus. Martial dit dans le Parnasse réformé, p. 18, que sans les libertés qu’il a prises, les vers seroient aussi désagréables au Lecteur, qu’un mari bertaud seroit odieux à sa femme.

BERTAUDER, ou BRETAUDER, quelques-uns même disent BERTOUDER. Vieux mot, qui signifioit autrefois, tondre inégalement, inæquailiter tondere, & qui a depuis signifié, couper les oreilles à un cheval. Aures equi mutilare. Et ensuite, châtrer. On s’en sert encore dans le burlesque. Castrare, evirare.

BERTAUDIN. s. m. Dans la Comédie de la Femme Docteur, on a donné le nom de M. Bertaudin à un fourbe, dont le caractère est imité de celui du Tartuffe de Molière, excepté qu’il n’est pas amoureux de Madame Lucrèce. Son imbécille neveu, M. de Bertaudière, est aussi une copie de Thomas Dyafoirus dans le Malade imaginaire : & la Baronne de Harpignac en est une autre de la Comtesse de Pimbêche dans les Plaideurs de Racine. L’Auteur paroît avoir assez d’esprit & d’imagination pour faire croire qu’il auroit pu inventer d’autres personnages, sans recourir à l’emprunt.

BERTE, ou BERTHE. s. f. Nom propre de femme. Berta, Bertha. Berth, ou Bert en lombard signifie Prince, selon les Jésuites d’Anvers, Acta Sanct. Mart. Tom. II, p, 54, & en allemand, éclatant, brillant, selon la remarque du P. Mabillon, Acta Sanct. B. Sæc. I, pag. 8, 16. Le même Auteur a fait une dissertation sur le temps auquel le Roi Robert répudia Berte pour épouser Constance, Act. Sanct. Bened. Sæc. VI, Part. I, præs. §. 7, p. 29. On appelle une dévote, une Berte, mais ce terme a quelque chose de méprisant.

BERTHAIRE. s. m. Bertharius. Ancien nom propre d’homme, dont on a fait Berthier. On trouve Berthierus, & Bercharius pour Bertharius. Berthaire ou Berthier étoit Maire du Palais sous Thierry.

BERTHIER. s. m. Berthierus. Voyez Berthaire.

☞ BERTINORO, BERTINORE ou BERTINARO, Britinorium, Bertinorium. Ville d’Italie, dans l’Etat de l’Eglise, dans la Romagne, avec un Evêché suffragant de Ravenne.

BERTOIS. s. m. Dans les carrières d’ardoise, on appelle ainsi les cordes qui sont attachées au bassicot, & qui servent à l’enlever hors de la carrière, par le moyen de l’engin.

BERTOU, ou BERTOUL. s. m. Bertulphus. Nom propre d’homme, qui s’est formé de Bertulphus. On a dit d’abord Bertulphe, prononçant l’u comme notre ou, & ensuite Berthoul, puis Bertou. S. Bertoul naquit en Allemagne, sous le règne de S. Sigebert, en Austrasie, au 7e siècle. Baill. 5e. Févr. Voyez les Notes de M. Chastelain le même jour, p. 542.

BERTRAN. s. m. Nom d’homme différent de Bertrand. Berti-Chrammus, Bertramus, & non pas Bertrandus. Ce nom s’est formé du latin. Bert-Chram, Berttran, Bertran. Bertran, né de famille noble dans le Poitou, se consacra à Dieu dans la ville de Tours, où il reçut la tonsure cléricale, & fut ensuite Evêque du Mans. Voyez Baillet au 3e Juillet.

BERTRAND. s. m. Nom propre qui est venu en usage dans cette phrase proverbiale tirée de l’italien. Qui aime Bertrand, aime son chien. Bertrandus. Bertrand. C’est aussi un nom que l’on donne aux singes. Men.

St. BERTRAND DE COMMINGES. Voyez Comminges.

BERTRANDILLE. s. f. Nom, ou plutôt surnom de femme, tiré de celui de Bertrand. Bertrandilla. Henri IV, Roi de Castille, surnommé l’Impuissant, après avoir répudié Blanche de Navarre, épousa Jeanne, Infante de Portugal. Elle eut une fille nommée Jeanne ; mais tout le Royaume persuadé de l’impuissance du Roi, & d’ailleurs scandalisé de la mauvaise conduite de la Reine, tint pour certain que le Roi avoit consenti aux amours de la Reine avec Bertrand de la Cuéva, favori de ce Prince ; & l’on nommoit ordinairement la Princesse Jeanne par mépris, & par dérision la Princesse Bertrandille. Flech. Hist. de Xim. L. 1, , p. 33.

BERTRESCHÉ, ÉE part. & adj. Vieux mot. Fortifié. On lit dans Froissard, un château bien bretresché.

☞ BERVA. Ville d’Afrique, dans la partie la plus méridionale du pays que nous appelons Cafrerie.

☞ BERVAN. Ville d’Asie, dans la grande Tartarie, au royaume de Thibet. Bervana, sur le lac Bervan.

BÉRUSE. s. f. Sorte d’étoffe donc il se fait quelque commerce à Lyon.

☞ BERWALDT. Petite ville d’Allemagne, dans la nouvelle Marche de Brandebourg. Zeyler écrit Bernwalde & Berwalde.

BERWICH. Voyez Barwich.

BERYLLIEN, ENNE. adj. Nom de secte. Beryllianus. a, um. Cette secte prit son nom d’un certain Beryllus, Evêque de Bofia, en Arabie. Cet Hérésiarque enseignoit que Notre Seigneur n’avoir point subsisté d’une subsistance personnelle, avant que de paroître entre les hommes, & qu’il n’avoit point d’autre divinité que celle du père qui habitoit en lui. Ainsi il anéantissoit la Personne divine du Verbe éternel. Fleury. Plusieurs Evêques disputerent contre Bérille, peur le tirer de cette erreur ; & ne pouvant le réduire, ils appelerent Origène, qui le pressa par des raisons si fortes, qu’il le convainquit, & le ramena à la saine Doctrine. Il paroit cependant que sa secte ne tomba pas sitôt ; & un Concile assemblé 100 ans après fit encore des Canons contre lui. Voyez Eusèbe Hist. Ecclés, L. VI, C. 3, & les Notes de Valois.

BÉRYTE. Berytus. Ancienne ville d’Asie, dans la Phénicie, entre la ville de Tripoli & celle de Sidon. Béryte étoit autrefois considérable, & avoit un Archevêché dépendant du Patriarche d’Antioche. On dit qu’elle fut bâtie par Gergesée, cinquième fils de Chanaan, qui la nomma Geris. Les Phéniciens lui donnèrent dans la fuite le nom de Béryte.

Ce nom Bérite semble venir de באר, beer, & au pluriel בארות, Beerot, des puits. Il a été donné à cette ville à cause des sources d’eau, ou de quelques sources d’eau qu’il y avoit en cet endroit. D’autres prétendent que Beryth s’est dit pour Abyrith, & qu’il vient de אבירות, force, puissance, de אביר, mot hébreu & phénicien qui signifie fort, puissant. La première étymalogie est d’Etienne de Byzance, qui avec raison la préfère à la seconde, qui est d’Isthæus, au rapport du même Etienne.

Auguste accorda à Béryte de grands privilèges, & la nomma Julia Felix. Aujourd’hui c’est Barut, & Bayrut, selon Maty, & Béroot, selon M. Corneille ; mais probablement il a pris ce dernier nom dans quelque Voyageur Anglois. Les Anglois prononcent oo comme hous prononçons ou.

BERYTION. s. m. Collyre décrit par Galien, qui le recommande dans les inflammations des yeux. C’est aussi le nom d’une pastille dont le même Auteur fait mention, & qu’il dit être bonne dans la dysenterie.

BES.

BESA. s. m. Nom d’un faux Dieu adoré à Abyde, dans la Thébaïde. Besa. Constance envoya cette année (359) le Secrétaire Paul, célèbre par ses cruautés, pour poursuivre diverses personnes accusées d’avoir consulté l’oracle de l’idole appelée Besa, qui étoit à Abyde, à l’extrémité de la Thébaïde. Tillem. La manière de consulter cet oracle étoit de donner des billets cachetés aux Prêtres, qui les portoient dans le sanctuaire du Temple, & en rapportoient les réponses.

Il y avoit aussi une Ville dans la Thébaïde, qui portoit le nom de ce Dieu, & qu’Adrien appela ensuite Antinoüs, on Antinople, Antinopolis, & que les habitans nommèrent Besantinoüs. Voyez sur ce Dieu Ammien Marc. Liv. XIX, p. 150, 161. Saumaise dans ses Notes sur Spartien, in Hadrian. c. 14, & sur Solin, p. 71.

BESACE. s. m. Bissac, longue pièce de toile cousue en forme de sac, ouvert par le milieu, & fermé par les deux bouts, qui forment chacun une poche. Les Religieux mendians portent la besace. Pera, mantica. On dit figurément réduire quelqu’un à la besace ; c’est-à-dire, à l’aumône, & à la dernière misère. Porter la besace, c’est être gueux & misérable. Expressions familières.

Etre né Gentilhomme, & porter la besace.
Il n’est rien de plus douloureux. S. Evr.

Ce mot vient de bis sacca, qu’on a dit pour bis saccus. Men. & Nicot. Ou trouve le mot de bisacium dans Pétrone. Icquez dérive le mot besace de bedesac, ou betelsac, mot de la langue des Francs, qui signifie la même chose.

On dit proverbialement, qu’une besace bien promenée nourrit son maître. On dit d’un homme qui est extrêmement attaché à quelque chose, qu’il en est jaloux comme un gueux de sa besace.

BESACIER. s. m. Qui porte une besace. Mendicus.

Le fabricateur souverain
Nous créa, besaciers, tous de même manière :
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d’autrui.

La Font.

On le dit quelquefois par mépris de certains Moines. Il est familier.

BESAIGRE. adj. Du vin besaigre. C’est ainsi qu’on appelle du vin qui tourne à l’aigre, parce qu’il est au bas.

BESAIGUË, ou BESIGUË. s. f. Outil de fer servant aux Charpentiers pour unir & tailler le bois. Bipennis. C’est une barre de fer acérée par les deux bouts en forme de ciseau, ayant un manche de fer au milieu, qui sert particulièrement à faire des mortoises & des tenons.

Ce mot vient de bis acuta, à cause de ses deux taillans. Nicot. de bis acutus ; car l’on trouve l’un & l’autre dans la basse latinité, pour signifier un instrument qui a deux taillans. Un Glossaire manuscrit de l’Abbaye de sainte Marie de Cambron, cité par le sçavant Roqweid, le définit ainsi, Bis acuta, ferramentum quoddam utrimque incidens. Dans la vie de saint Antoine, & dans celle de Fontonius, on lit bis acutum & bisacutos. Voyez Rosweid, p. 1018. Bollandus, Act. Sanct. Janu. Tom. II, p. 131 ; dans la vie de S. Antoine le grec, met πελεκεν.

On appelle encore de ce nom un marteau dont les Vitriers se servent.

BESALU. Bisuldunum, petite ville d’Espagne, en Catalogne, dans l’Ampourdan, sur la rivière du Fluvian,

BESANÇON, prononcez Bezanson. Ville capitale du comté de Bourgogne, l’une des plus anciennes de l’Europe, avec Université, Parlement & Archevêché, sur le Doux. Vesontio, ou Besuntio, Vesuntium, ou Bisuntium, Vesunticum, Chrysopolis. César, Lib. I, cap. 9, de Bell. Gall. dit que Besançon étoit la plus grande & la plus forte ville des Séquaniens. Besançon étoit ville libre & Impériale, mais l’an 1631, elle fut cédée aux Espagnols par l’Empereur. Besançon est à la France depuis 1674, qu’il fut pris par le Roi. Il y a plusieurs restes d’antiquités dans Besançon, entr’autres un arc de triomphe élevé en l’honneur de l’Empereur Aurélien. La longitude de Besançon, selon l’Académie, est de 24° d′. Sa latitude est de 47° 20′ d″. Besançon porte de gueule à l’aigle d’or. Jean-Jacq. Chiflet a fait une Histoire latine de Besançon, imprimée en 1618, à Lyon in-4°.

Ce nom purement celtique doit signifier un cimetière, ou des sépulchres dans une vallée. Voyez la Descript. Géogr. & Hist. de la Haute-Norm. Tom. I. pag. 32, & Tom. II, pag. 211.

Besançon. s. m. Terme de Fleuriste. Le Besançon est une renoncule simple de double couleur, d’un jaune pâle marqueté de rouge, sur un fond jaune. Cult. des Fl.

BESANT, ou BESAN. s. m. Nom d’une espèce de monnoie qui a été d’abord battue, du temps des Empereurs, à Constantinople, qu’on appeloit autrefois Byzance : elle étoit d’or pur, ou de 24 carats. On en présentoit treize à la Messe du Sacre des Rois, & Henri II en fit battre treize expressément pour cela, qui furent nommés byzantins. Ceux-là valoient un double ducat la pièce. On ne sait pourquoi nos Princes se servoient d’une monnoie étrangère dans leur Sacre. Quelques-uns ont cru que c’est parce qu’ils n’en faisoient point frapper d’or ; mais on en a plusieurs d’or de Hugues Capet & de Robert, &c. Le Blanc conjecture qu’en ce temps-là on donnoit le nom de besant à toute monnoie d’or, quoiqu’elle ne fût pas frappée à Constantinople, comme dans la suite on donna le nom de florin généralement à toutes les espèces d’or, quoiqu’elles ne fussent pas de Florence, où l’on prétendoit que le florin avoit pris son origine. Et ce qui pourroit appuyer cette conjecture, c’est que les Sarrazins appeloient leur monnoie d’or besant, bien qu’elle ne fût pas fabriquée à Constantinople. Quoiqu’il en soit, les besans ont eu long-temps cours en France, & il en est parlé dans plusieurs anciens titres depuis 1148 jusqu’à 1297. Le Blanc les a cités pag. 170. Le Roman de la Rose en parle plus d’une fois, & de manière à faire voir que c’étoit la monnoie d’or la plus usitée en France. Cependant, comme il n’en est fait mention dans aucune des Ordonnances de Philippe le Bel, le Blanc conjecture encore que besant étoit un terme général que le peuple donnoit à toutes les monnoies d’or.

On est en doute de la valeur du besant ancien. Ragueau & Baquet l’évaluent à 50 livres. Le Sire de Joinville dit qu’on demanda pour la rançon de S. Louis, deux cent mille besans d’or, qui valoient cinq cent mille livres, c’est à raison de 50 sous pour chacun. Dans plusieurs titres d’abonnemens de fief, le besant n’est apprécié qu’à 20 sous. Dans un compte des Baillifs de France de l’an 1297, le besant est évalué a 9 sous. Le denier tournois étoit alors à 1 denier 6 grains de loi, à la taille de 200 au marc ; ainsi il valoit de notre monnoie courante quatre deniers & un quart de denier ; & par conséquent le besant vaudroit 21 sous, 3 deniers de la monnoie d’aujourd’hui. Le Blanc.

Dans un vieux titre du commencement du XIIIe siècle cité dans les Act. Sanct. Maii, Tom. I, p. 64, par le P. Papebrock, on lit besond au lieu de besant. Et promittuntur pro pretio viginti tria scuta in saluts, testarts, & besonds soluenda. Et dans l’Index Onomasticus, on dit que c’est la même chose que besant, besond, byzantinus, genus pecuniæ ; mais à la pag. 65 de l’ouvrage, le P. Papebrock prétend que besons signifie jumeaux, gemelli, & que cette monnoie fut ainsi appelée, parce qu’il y avoit deux têtes ; de même, dit-il, que l’on appelle baisoir la monnoie d’or de l’Archiduc Albert & d’Isabelle, parce que leurs têtes y sont, & qu’elles semblent se baiser.

BESANT. s. m. Terme de Blason. C est une pièce de métal ronde & pleine, dont on charge l’écu, à la différence des tourteaux qui sont de couleur, & des cercles & anneaux qui sont à jour. Byzanti nummi. Messieurs Du Puy portent d’or à la bande d’azur chargée de trois besans d’or. Les Paladins François mirent sur leurs écus de ces sortes de besans, pour faire voir qu’ils avoient fait le voyage de la Terre-Sainte.

On appelle besant-tourteau, celui qui est parti moitié de métal, & moitié de couleur.

Les Espagnols confondent les besans & les tourteaux, & les appellent indifféremment roeles. Plusieurs appellent les besans d’argent plates, ce qui vient du met espagnol plata, qui signifie argent. Upton nomme les besans d’or talens, & ceux d’argent palets. Il y a aussi des besans saracéniques.

BESANTÉ, ÉE. adj. Qui se dit d’un écu orné, ou chargé de besans. Bysantis nummis instructus. Une bordure besantée, chargée de tant de besans.

☞ BESARA. Voyez BEZAT.