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Dictionnaire de l’argot des typographes/Poivreau

La bibliothèque libre.
Marpon et Flammarion (p. 91-92).
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Poivreau, s. m. Ivrogne. Le mot poivreau tire évidemment son origine du poivre, que certains débitants de liquides ne craignent pas de mêler à l’eau-de-vie qu’ils vendent à leurs clients. Ils obtiennent ainsi un breuvage sans nom, capable d’enivrer un bœuf. Que d’anecdotes on pourrait raconter au sujet des poivreaux ! Bornons-nous à la suivante : Un poivreau, que le « culte de Bacchus » a plongé dans la plus grande débine, se fit, un jour entre autres, renvoyer de son atelier. Par pitié pour son dénuement, ses camarades font entre eux une collecte et réunissent une petite somme qu’on lui remet pour qu’il puisse se procurer une blouse. C’était une grave imprudence ; notre poivreau, en effet, revient une heure après complètement ivre.

— Vous n’êtes pas honteux, lui dit le prote, de vous mettre dans un état pareil avec l’argent que l’on vous avait donné pour vous acheter un vêtement ?

— Eh bien ! répondit l’incorrigible ivrogne, j’ai pris une culotte.