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Dictionnaire de la Bible/Alphabet

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Letouzey et Ané (Volume Ip. 401-402-415-416).
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ALPHABET HÉBREU

ALPHABET HÉBREU. On appelle alphabet la série des caractères qui, dans l'écriture des différents peuples, représentent conventionnellement à l’œil les sons et les articulations de leur langue. Ce nom nous vient, par l’intermédiaire des Grecs, des Phéniciens, qui avaient la même écriture que les Hébreux, et donnaient à leurs lettres les mêmes noms. Les deux premières lettres s’appelant aleph et beth en phénicien et en hébreu, alpha et bêta en grec, on a désigné par leurs noms toute la série des lettres, et l’on en a fait le mot « alphabet, alphabetum. » S. Jérôme, Epist. cxxv ad Rustic., 12, t. xxii, col. 1079. Cf. Tertullien, De præscr., 50, t. ii, col. 70 (variante).

I. Histoire de l’invention de l’alphabet. — L’alphabet proprement dit a été inventé par les Phéniciens, mais ce ne fut qu’après de longs siècles de tâtonnements. La première écriture fut idéographique ou hiéroglyphique, c’est-à-dire qu’elle figura les idées par les images les plus propres à les représenter, avant de figurer les sons par des signes, plus ou moins arbitraires ou conventionnels, qui expriment directement les sons, et indirectement seulement les idées. Un dessin représentant un lion peut être considéré comme une écriture idéographique, qui nous donne l’idée de ce quadrupède sans nous apprendre par quels sons cette idée est exprimée dans le langage articulé. Les quatre lettres qui entrent dans le mot lion sont, au contraire, de l'écriture phonétique, parce qu’elles nous représentent directement quatre sons distincts, qui réveillent dans l’esprit de celui qui sait notre langue l’idée du lion. L’idéographisme ou représentation peinte des idées, sans tenir compte des sons qui les expriment, devait naturellement précéder le phonétisme ou représentation peinte des sons, et c’est ce qui a eu lieu en effet. Partout, et en particulier en Égypte, où nous devons rechercher l’origine de l’alphabet hébreu, l’écriture a commencé par ce qu’on appelle l’hiéroglyphisme, ou imitation plus ou moins parfaite, par un procédé plus ou moins rudimentaire, d’objets matériels empruntés à la nature ou aux œuvres de l’industrie humaine.

Les découvertes géologiques nous ont montré chez les premiers hommes comme un instinct et un goût inné pour le dessin, qui les portait à représenter sur les grossiers instruments dont ils se servaient les animaux qu’ils connaissaient (voir plus haut, fig. 24, col. 190). Ce sont là comme les commencements de l’écriture hiéroglyphique.

Cette écriture, on le conçoit facilement, est très imparfaite. Par sa nature même, elle ne peut exprimer qu’un petit nombre d’idées, d’un ordre exclusivement matériel et sensible. Elle est impuissante à rendre les idées abstraites, ou si, ayant déjà accompli un premier progrès, elle parvient à les figurer par des symboles, elle ne peut néanmoins présenter à l’esprit aucune idée nette et bien définie, parce qu’elle n’a aucun moyen d’indiquer la liaison des différents signes entre eux, de distinguer les diverses parties du discours, de produire, en un mot, des phrases complètes, formant un tout organique et vivant : c’est un obscur rébus, très difficile à déchiffrer, et souvent susceptible de plusieurs sens.

Le vague de l’écriture hiéroglyphique amena peu à peu quelques-uns des peuples qui s’en servaient à attacher à chaque image ou symbole hiéroglyphique une valeur phonétique déterminée. Les Assyro-Chaldéens, ou les inventeurs, quels qu’ils soient, de l'écriture assyrienne, parvinrent ainsi à donner à leurs signes primitivement hiéroglyphiques une valeur syllabique ; mais ils s’arrêtèrent là, et ne réussirent point à décomposer la syllabe en ses éléments constitutifs. Les Égyptiens allèrent plus loin : ils analysèrent la syllabe et distinguèrent l’articulation de la voix, la consonne de la voyelle. Ils sont donc le premier peuple qui ait possédé de véritables lettres, et c’est chez eux qu’il faut chercher l’origine primitive de l’alphabet.

Les lettres alphabétiques de l’écriture égyptienne sont des figures hiéroglyphiques, à qui l’on a donné comme valeur phonétique la valeur de la première lettre de l’objet dont elles sont les images : c’est ainsi que l’aigle, 𓄿, dont le nom commence par un a en égyptien comme en français, a la valeur a, et que le lion, 𓃭, a la valeur l. Aussi haut que les monuments nous permettent de remonter, c’est-à-dire jusqu’à l’époque de la troisième dynastie, environ 3 000 ans ou plus avant notre ère, 1 500 ans avant Moïse, nous trouvons l’écriture égyptienne complètement constituée.

Cette écriture, quels que soient les progrès qu’elle ait réalisés, par rapport aux autres écritures antérieures, est cependant encore fort imparfaite. En se développant et se perfectionnant, elle n’a pas su, pour ainsi dire, se dégager des langes de l’enfance ; elle a conservé jusqu’à la fin des vestiges de tous les états par lesquels elle a successivement passé, depuis l’idéographisme proprement dit jusqu’à l’alphabétisme. De là une complication presque infinie de signes et de caractères.

Les anciens Égyptiens avaient trois espèces d’écritures : l’écriture hiéroglyphique, dont il vient d’être parlé, ou représentation des objets sensibles par leur image dessinée ; l’écriture hiératique ou sacrée, espèce de tachygraphie dans laquelle les dessins hiéroglyphiques sont simplifiés par le scribe pour accélérer la rapidité de son travail (voir les signes hiératiques reproduits fig. 105), et enfin l’écriture démotique ou populaire, qui est une simplification de l’hiératique par la réduction du nombre des signes et l’abréviation de leurs formes. La première espèce est surtout une écriture monumentale : c’est celle qu’on voit fig. 22, col. 179 ; fig. 45, col. 277 ; fig. 46-48, col. 283, etc. On s’en servait aussi dans les livres religieux. Les deux autres espèces sont employées principalement dans les papyrus.

Les hiéroglyphes se partagent en trois classes : les uns sont purement alphabétiques, comme 𓇋, la feuille de roseau, a ; 𓅓, le hibou, m ; ils sont au nombre de vingt-sept, d’après la division de la Grammaire hiéroglyphique de M. H. Brugsch, in-4o, Leipzig, 1872, p. 2 ; les autres sont syllabiques et expriment une syllabe entière. C’est ainsi que 𓅮, représente la syllabe pa ; 𓉐, per ; 𓄤, nofer. Enfin quelques autres sont idéographiques.

Les signes syllabiques sont souvent accompagnés d’un complément phonétique, qui sert à déterminer la prononciation du groupe hiéroglyphique, lorsque celui-ci est susceptible de plusieurs sons. Ainsi 𓄜 ayant la valeur de ab et de mer, pour faire prononcer ce signe ab, on le fait suivre de la lettre b, 𓄜𓃀, et pour le faire prononcer mer, on écrit 𓄜𓂋.

Ces signes syllabiques sont plus souvent encore suivis d’un ou de plusieurs signes idéographiques, qui ne se prononcent point, et dont le but est d’indiquer aux yeux le genre ou l’espèce à laquelle appartient le mot qui précède. Ainsi un nom d’arbre est suivi de l’image d’un arbre : 𓆭 ; par exemple, 𓈖 𓉔 𓆭, neh, « le sycomore. » Ces signes, à cause de leurs fonctions, sont appelés déterminatifs. Le nombre total des signes hiéroglyphiques des diverses catégories est d’environ trois mille, en y comprenant les variantes.

Il était réservé aux Phéniciens de débrouiller ce chaos confus de signes de toute espèce, de simplifier cette écriture si surchargée et si compliquée, et de la porter, à peu de choses près, à son dernier degré de perfection, en inventant l’alphabet proprement dit. Ils empruntèrent aux Égyptiens l’idée première de leur écriture, mais ils surent lui imprimer le caractère de leur esprit commercial, l’ordre, la netteté, la clarté. Ils éliminèrent d’abord sévèrement tout ce qui était inutile. Ils n’eurent donc qu’une espèce d’écriture, au lieu des trois espèces d’écriture égyptienne. Tandis que l’écriture hiéroglyphique va de droite à gauche ou de gauche à droite dans le sens horizontal, ou bien verticalement de haut en bas, l’écriture phénicienne suit toujours la même direction de droite à gauche. Mais ce qui caractérise le mieux le génie simplificateur des Phéniciens, et a fait de leur invention une des plus précieuses et des plus importantes pour l’humanité tout entière, c’est que, parmi cette multitude innombrable de signes usités en Égypte, ils n’adoptèrent que ceux qui étaient strictement nécessaires ; ils surent analyser très exactement le nombre de consonnes contenues dans leur langue ; ils choisirent vingt-deux signes alphabétiques, qui leur permirent d’écrire tous les mots phéniciens, et ils rejetèrent avec raison tous les autres comme une superfétation et un embarras. La seule imperfection qui reste dans l’écriture phénicienne, c’est qu’elle n’a aucun signe pour exprimer les voyelles ; elle ne reproduit que les consonnes. Les Grecs devaient plus tard remédier à ce dernier défaut et inventer les voyelles. Mais les Phéniciens avaient fait le principal et créé réellement l’alphabet : les premiers d’entre les hommes, au moins d’après ce que nous savons aujourd’hui, ils ont employé une écriture exclusivement phonétique, réduite, par une analyse exacte, à ses éléments constitutifs, et ils ont doté ainsi le genre humain de l’un de ses plus puissants instruments de civilisation. Toutes les écritures alphabétiques connues, qui ont été ou sont encore en usage sur la surface de notre globe, se rattachent plus ou moins immédiatement à l’invention des marchands chananéens. L’ancienne écriture hébraïque est identique à l’écriture phénicienne. Notre propre écriture n’est que la même écriture transformée par l’usage, dans la suite des siècles. C’est de Cadmus, c’est-à-dire de « l’Oriental », du Phénicien, que nous avons reçu nous-mêmes notre écriture, par l’intermédiaire des Grecs et des Latins :


Phœnices primi, famæ si creditur, ausi
Mansuram rudibus vocem signare figuris.

Lucain, Pharsale, iii, 220-221, édit. Lemaire, t. i, p. 289.

C’est de lui que nous vient cet art ingénieux
De peindre la parole et de parler aux yeux,
Et, par les traits divers des figures tracées,
Donner de la couleur et du corps aux pensées.
Brébeuf, La Pharsale en vers françois, in-12, Paris, 1682, p. 80.

Les travaux de M. Emmanuel de Rougé et de M. François Lenormant, dont les conclusions, sans être absolument démontrées, sont du moins très probables, établissent que les Phéniciens empruntèrent leurs signes alphabétiques primitifs, non à l’écriture hiéroglyphique, mais à l’écriture hiératique. Voir, fig. 105, le tableau comparé des signes hiératiques égyptiens, et des signes alphabétiques phéniciens. La raison du choix fait par les marchands de Tyr et de Sidon est aisée à découvrir : c’est que le dessin hiératique, réduit à ses traits essentiels et élémentaires, est plus facile à tracer rapidement, et que l’une des conditions principales d’une écriture commode, c’est d’être cursive et expéditive.

II. Date de l’invention de l’écriture phénicienne. — Il n’est pas possible de fixer exactement la date de l’invention des Phéniciens ; il est d’ailleurs à croire que, comme toutes les inventions humaines, elle ne se fit pas d’un seul coup, mais graduellement, et que les caractères phéniciens ne prirent la forme sous laquelle ils nous sont connus qu’après une série de transformations plus ou moins importantes. Cependant, malgré notre ignorance sur ces divers points, la paléographie comparée nous révèle un fait important pour la critique biblique : c’est que l’écriture phénicienne est antérieure à l’époque de Moïse. En voici la preuve.
105. — Tableau comparé des signes hiératiques égyptiens et des signes alphabétiques phéniciens.

L’écriture hiératique égyptienne a deux types fondamentaux et tout à fait distincts : l’un, antérieur à la dix-huitième dynastie pharaonique, celle qui chassa du Delta les rois pasteurs, d’origine asiatique, qui avaient envahi et conquis la vallée du Nil ; l’autre, qui prit son origine à cette époque, après cette grande victoire remportée sur les étrangers.
106. — Alphabet phénicien-hébreu à ses diverses époques.
Le rapprochement des formes de l’écriture chananéenne avec les caractères égyptiens démontre que la première a été empruntée à l’hiératique de l’ancien empire, et qu’elle est par conséquent antérieure à la dix-huitième dynastie. Les papyrus de la dix-huitième dynastie et des époques postérieures n’offrent plus, avec les caractères phéniciens, la même ressemblance que les papyrus des époques qui ont précédé l’expulsion des rois pasteurs.
107. — Tableau de l’alphabet arabe et de l’alphabet nabatéen.
Les Phéniciens ont par conséquent inventé leur alphabet avant cette époque. L’écriture alphabétique existait donc avant Moïse, qui n’a fleuri que du temps de la dix-neuvième dynastie égyptienne ; il a donc pu écrire l’hébreu, qui ne différait presque en rien de la langue phénicienne, avec les caractères phéniciens.
108. — Tableau de l’alphabet araméen.

Lorsque Abraham arriva en Palestine, il devait connaître l’écriture cunéiforme, usitée dans la Chaldée, sa patrie. Cette écriture se répandit dans toute l’Asie antérieure, et en particulier en Chanaan, comme l’a prouvé la correspondance cunéiforme adressée aux Aménophis, et trouvée en 1887 à Tell el-Amarna.
109. — Tableau des alphabets yaqtanide et éthiopien, comparés aux alphabets hébreu et nabatéen.
Abraham, dans la Terre Promise, adopta-t-il l’écriture phénicienne, beaucoup plus simple, plus facile, et même plus apte à rendre les articulations propres de sa langue, on ne saurait le dire. Mais si nous ignorons ce que fit ce patriarche, il y a tout lieu de penser que Moïse se servit des caractères alphabétiques des Chananéens. Il existait des comptoirs phéniciens dans le Delta, sur les côtes de la Méditerranée. Les Phéniciens ont eu de très bonne heure des relations suivies avec l’Égypte. Les habitants de la vallée du Nil ne pouvaient se passer des productions des pays étrangers : ils avaient besoin d’esclaves, de parfums pour l’embaumement des momies, etc., qu’on amenait ou qu’on apportait d’Asie ; ils vendaient eux-mêmes une partie de leurs produits indigènes. Pour ce commerce, les intermédiaires leur étaient indispensables. À toutes les époques de leur histoire, ils avaient manifesté une grande aversion pour les voyages lointains, et surtout pour les voyages maritimes. Il fallait donc qu’on transportât chez eux du dehors les objets qui leur étaient nécessaires, et qu’ils ne voulaient point aller acheter eux-mêmes dans les pays d’origine. Les Phéniciens leur rendaient ce service. De là le bon accueil qu’ils recevaient dans la vallée du Nil, et le grand nombre de marchands de Tyr et de Sidon qu’on rencontrait dans le Delta. Ces marchands faisaient usage de leur écriture pour tenir leurs livres de compte, et ils parlaient la même langue que les Hébreux qui habitaient la terre de Gessen. Les enfants de Jacob, mêlés souvent avec eux, s’initièrent à leur écriture, et ils l’adoptèrent naturellement pour écrire leur langue, qui ne différait pas de celle des Chananéens. On a tout lieu de penser qu’ils s’en servaient même avant la naissance de Moïse. Malheureusement les documents nous manquent pour déterminer à quel moment précis les Hébreux commencèrent à faire usage des caractères phéniciens. Que si l’on voulait abuser de cette absence de documents pour prétendre que Moïse n’a pas connu l’écriture phénicienne, nous devons faire observer qu’on n’aurait pas le droit d’en conclure qu’il n’a pas pu écrire le Pentateuque, parce qu’il est tout à fait certain que rien ne l’empêchait d’employer l’écriture hiératique ou même hiéroglyphique des Égyptiens, puisque nous possédons, en ces diverses écritures, des livres fort longs, tels que le Livre des morts, dont il est venu jusqu’à nous des exemplaires antérieurs de plusieurs siècles à l’époque de Moïse.

III. Éléments de l’alphabet phénicien. — L’écriture adoptée par les Phéniciens et transmise par eux aux Hébreux se composa de vingt-deux éléments ou signes, correspondant exactement au nombre de consonnes ou d’aspirations usitées dans leur langue. Le nom donné à chacune des vingt-deux lettres de leur alphabet nous permet de nous rendre compte de la manière dont ils le formèrent. Ils appelèrent chaque lettre du nom de l’objet animé ou inanimé qu’elle représentait plus ou moins exactement ; par exemple, la troisième lettre, le g, s’appela ghimel ou « chameau », parce qu’elle figurait l’image d’un chameau, cet animal précieux, qui servait à leurs caravanes pour transporter les marchandises dans l’intérieur des terres. Conformément à ce qu’ils avaient vu faire aux Égyptiens, qui exprimaient, par exemple, la lettre l par un lion, ils choisirent donc pour figurer chaque consonne un objet dont le nom commençait par cette consonne, et ce signe, partout où il fut reproduit, eut la valeur exclusive de la consonne initiale, telle que g dans ghimel. Ils empruntèrent donc aux Égyptiens leur méthode et leurs signes, mais en ayant soin de substituer au nom égyptien un nom phénicien commençant par la même lettre ; et en modifiant sans doute un peu les signes eux-mêmes, pour qu’ils ressemblassent autant que possible à l’objet dont ils portaient le nom dans leur langue. Il est probable que tout d’abord l’image de la lettre phénicienne reproduisit plus exactement que dans la suite l’objet figuré. Toutes les écritures tendent par leur nature à devenir cursives et à simplifier les traits et les formes, pour qu’il soit possible de tracer les lettres plus rapidement. Les caractères phéniciens durent par conséquent se modifier chez le peuple qui en fit le premier usage, comme ils se modifièrent ensuite en Grèce et chez les peuples divers qui les adoptèrent.

Malheureusement les monuments de l’écriture phénicienne primitive sont perdus, ceux qui nous restent sont de date relativement récente (voir le Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, in-fo, Paris, 1881), et il est impossible de suivre l’histoire de l’alphabet phénicien dans les diverses phases de son développement depuis ses origines. Ce n’est que dans les siècles qui ont précédé immédiatement notre ère que l’épigraphie nous fournit ses premiers documents. Nous réunissons ici, dans quatre tableaux comparés, les éléments qu’elle nous fournit pour la reconstitution de l’alphabet phénicien et hébreu et des autres alphabets sémitiques qui en dérivent. (D’après les meilleurs auteurs qui ont traité cette matière, Taylor, Fr. Lenormant, M. de Vogüé.)

Voir le tableau 106 pour les vingt-deux consonnes de l’alphabet phénicien-hébreu, avec les différentes modifications que leur forme a subies dans la suite des temps. Pour la signification et la valeur de chaque lettre hébraïque, en particulier, voir au nom de chaque lettre.

Les autres écritures sémitiques, à l’exception de l’assyrien, dérivent de l’alphabet phénicien. Voir, fig. 107, le tableau de l’alphabet arabe, à ses diverses époques, dans l’ordre des lettres hébraïques ; fig. 108, le tableau de l’alphabet des langues araméennes, également selon l’ordre de l’alphabet hébreu ; et enfin, fig. 109, le tableau des signes alphabétiques yaqtanides et éthiopiens comparés aux caractères hébreux et nabatéens.

L’écriture exerce sur ceux qui l’emploient, comme la langue elle-même, quoique à un moindre degré, une influence inévitable. Elle se transforme aussi insensiblement, comme toutes les choses humaines. Les transformations de l’alphabet phénicien adopté par les Hébreux et l’influence que cette écriture a exercée sur la composition et la transmission des Livres Saints seront étudiées à l’article Écriture hébraïque, en même temps que la suite de l’histoire de cette écriture, dont nous venons de voir ici l’origine. Pour l’introduction dans la Bible hébraïque des voyelles, qui lui ont manqué tant que l’hébreu a été une langue vivante, voir Points-voyelles.

IV. Bibliographie. — É. de Rougé, Mémoire sur l’origine égyptienne de l’alphabet phénicien, dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions, t. iii, 1859, p. 115-124 ; Id., publié par les soins de M. J. de Rougé, avec trois tableaux, in-8o, Paris, 1874 ; Fr. Lenormant, Introduction à un mémoire sur la propagation de l’alphabet phénicien, in-8o, Paris, 1866 ; Essai sur la propagation de l’alphabet phénicien dans l’ancien monde, 3 in-8o, Paris, 1872-1873 (resté inachevé) ; M. de Vogüé, L’alphabet araméen et l’alphabet hébraïque, dans ses Mélanges d’archéologie orientale, Paris, 1868 ; C. Faulmann, Neue Untersuchungen über die Enstehung der Buchstabenschrift, Vienne, 1876 ; Id., Das Buch der Schrift, enthaltend die Schriften und Alphabeten aller Zeiten und aller Völker, in-4o, Vienne, 1878 ; Id., Illustrierte Geschichte der Schrift, in-8o, Vienne, 1880 ; J. Taylor, The Alphabet, an account of the Origin and Development of Letters, 2 in-8o, Londres, 1883 ; J. C. C. Clarke, The Origin and Varieties of the Semitic Alphabet, with specimens, 2e édit., in-8o, Chicago, 1884 ; J. Halévy, Inscriptions du Safa, dans le Journal asiatique, 1877, t. x, p. 293-450 ; E. S. Roberts, An Introduction to Greek Epigraphy, in-8o, Cambridge, 1887, t. i, p. 4 et suiv. ; A. Kirchhoff, Studien zur Geschichte der griechischen Alphabets, 4e édit., in-8o, Gütersloh, 1887.

F. Vigouroux.