Dictionnaire de la Bible/Avertissement

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Dictionnaire de la Bible
Letouzey et Ané (Volume Ip. 59-62).
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AVERTISSEMENT

On vient de voir, dans la Préface magistrale de Mgr Mignot, évêque de Fréjus, ce que l’on se propose de faire dans ce Dictionnaire. Voici maintenant sur le plan, l’ordre et la marche de l’ouvrage, quelques indications qui pourront être utiles au lecteur.

  1. Ce Dictionnaire est une œuvre catholique ; mais il est en même temps, autant qu’il a dépendu de ses rédacteurs, une œuvre scientifique, parce qu’il n’existe aucune incompatibilité ni aucune contradiction entre la véritable science et la foi. Comme l’a très bien dit Léon XIII dans son Encyclique Providentissimus Deus : Nulla quidem inter theologum et physicum vera dissensio intercesserit, dum suis uterque finibus se contineant.
  2. Le but du Dictionnaire est avant tout d’éclaircir et d’expliquer le texte de l’Écriture, à l’aide des ressources que fournissent les travaux des Pères de l’Église et les sciences modernes : linguistique, philologie, histoire, géographie, archéologie, etc., en condensant et résumant, dans la mesure du possible, tout ce qui a été écrit d’utile sur les Saints Livres et ce qui, dans les différentes branches des connaissances humaines, peut aider à les mieux comprendre. Cet ouvrage n’est donc pas, à proprement parler, une œuvre d’apologétique, encore moins de controverse. Les objections mêmes qu’on peut faire contre les Écritures n’y sont généralement réfutées que d’une façon indirecte, par l’exposition de la vérité. Les rédacteurs se sont efforcés de se tenir toujours en garde contre tout parti pris ; ils ont voulu s’affranchir de tout esprit de système. Dans les questions les plus importantes, comme dans les matières secondaires et accessoires, leur ambition est, non pas de faire prévaloir leurs idées personnelles, mais d’être des rapporteurs fidèles de ce que l’on sait aujourd’hui sur le sujet qu’ils traitent, affirmant ce qu’il y a lieu de regarder comme certain, exposant simplement comme vraisemblable, douteux ou inacceptable, ce qui n’est pas suffisamment établi ou prouvé. Sans laisser complètement de côté les discussions de pure critique, qui occupent aujourd’hui une si large place dans les travaux de certains exégètes contemporains, ils s’attachent principalement, comme il a été dit dans la Préface, aux choses positives, indépendantes des théories subjectives et des hypothèses changeantes, nées d’hier et oubliées demain.
  3. Le champ du Dictionnaire est d’ailleurs très vaste. D’abord un article spécial est consacré à chacun des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ; il en explique le nom, fait l’histoire du texte, recherche quel en est l’auteur, le lieu et la date de composition, en analyse le contenu, résout les difficultés qu’il peut présenter et énumère enfin les principaux commentaires. Toutes

les questions générales : théologiques, scientifiques, historiques, archéologiques, géographiques ou autres relatives aux saintes Écritures et propres à jeter quelque jour sur leur contenu sont l’objet d’articles d’ensemble. Lorsque ces divers articles ont une certaine étendue, des subdivisions et des sous-titres permettent au lecteur de s’orienter aisément et de trouver tout de suite le point particulier sur lequel il désire avoir immédiatement des éclaircissements ou des explications. La même méthode a été adoptée pour tous les articles de longue haleine, quelle qu’en soit la matière et le sujet.

4° Les articles généraux sont les moins nombreux. Ce sont les articles spéciaux et, si l’on peut dire, individuels, qui tiennent la plus large place.

5° Tous les noms de personnes et de villes sont traités séparément. On réunit au sujet de chaque personnage tout ce que nous apprennent sur lui les sources bibliques, et aussi extrabibliques, s’il y a lieu ; on apprécie son caractère et ses actes. Quant aux localités, on en raconte l’histoire et l’on en fait la description topographique ; lorsqu’il n’est pas possible de les identifier, on expose et on discute les opinions principales.

6° Le classement alphabétique des noms propres offrait une double difficulté, celle de l’orthographe, qui n’est pas la même dans le texte hébreu et dans les versions, et celle de l’ordre et de la place à attribuer aux personnages et aux villes qui portent le même nom. Voici la règle qui a été suivie :

7° L’orthographe des noms propres est toujours celle de la Vulgate latine. Elle a été adoptée de préférence, non seulement parce que la Vulgate est l’édition officielle de l’Église catholique, mais aussi parce qu’elle est la plus répandue et presque la seule connue en France. Elle dérive, pour le fond, de la traduction des Septante et du texte grec du Nouveau Testament. De tout temps elle a été en usage dans l’Église d’Occident : elle y a été introduite, dès l’origine, par les premières versions latines faites directement sur les Septante ; saint Jérôme, en donnant une traduction nouvelle sur l’hébreu , conserva les formes reçues à son époque et qu’il était difficile de changer. Du reste, les auteurs mêmes du Nouveau Testament les avaient en partie consacrées, en s’appropriant les transcriptions grecques qui étaient familières aux Juifs hellénistes : c’est ainsi qu’ils avaient appelé, par exemple, Act. viii, 40, la ville où fut transporté le diacre saint Philippe, après avoir converti l’eunuque de la reine Candace, non Asdod, selon son nom hébreu, mais Azot, comme la nomment les Septante. Les traductions protestantes ont essayé, il est vrai, de reproduire, au moins partiellement, la prononciation hébraïque, et, dans ces dernières années , quelques orientalistes ont fait dans le même sens diverses tentatives. Elles paraissent avoir obtenu un médiocre succès. Les transcriptions nouvelles ont le tort d’être souvent par à peu près, arbitraires, contradictoires et, qui pis est, ignorées de la masse du public. Nous avons donc préféré, sans hésiter, l’orthographe de la Vulgate, en ayant soin d’ailleurs d’indiquer concurremment la forme originale. Ainsi, le lecteur devra chercher le nom de la mère de Salomon à Bethsabée, comme l’écrit notre version latine, et non à Batséba’, comme le porte le texte hébreu ; et le nom de la ville philistine où fut transportée l’arche d’alliance après sa capture au temps d’Héli, à Accaron, conformément à son orthographe grecque et latine, et non à ’Éqrôn. La nécessité de suivre rigoureusement une règle fixe, afin d’éviter tout changement arbitraire, nous a fait garder l’orthographe de la Vulgate, même dans les cas où l’usage tend à la modifier en français. Le lieu de naissance de Notre-Seigneur est donc écrit Bethléhem, et non pas Bethléem, comme on le fait souvent aujourd’hui.

Force a été cependant de classer quelques noms propres à la place que leur assigne leur orthographe hébraïque : c’est lorsque la Vulgate a traduit ces noms propres en latin, comme si c'étaient des noms communs ; cas qui se présente plusieurs fois. Afin que notre nomenclature fût complète, ces noms devaient avoir un article spécial, au même titre que les autres noms de personnes et de localités, qui nous ont été transmis sous leur forme sémitique; nous les avons donc mis à leur rang alphabétique, en les transcrivant d'après les règles de transcription dont on trouvera le tableau ci-après. Par exemple, au livre des Proverbes, xxx, 1, saint Jérôme a traduit comme substantifs communs plusieurs mots que les exégètes modernes prennent pour des noms propres : de 'Àgur il a fait congregans, « collectionneur, » et de Yaqéh, vornens, « vomissant. » Le lecteur trouvera ce qui se rapporte à ces deux personnages aux mots 'Agur et Yâqéh. Les noms de villes , qui ont été rendus d'une façon analogue , sont également placés selon leur orthographe hébraïque, tels que 'Abêl Misraïm, 'Êlôn Môréh, dont la Vulgate a fait : Planctus AEgypti, « deuil de l'Egypte; » Convallis illustris, « vallée célèbre. »

8° Quant au classement des homonymes, il a été fait d'après les principes suivants : En premier lieu, les noms bibliques sont toujours placés avant les noms extra-bibliques, lorsqu'il y en a. En second lieu, si des personnes et des localités portent le même nom, les personnes sont mises avant les noms géographiques : ainsi Abel, fils d'Adam, est traité avant Abel, district situé à l'est du Jourdain. Troisièmement, lorsque plusieurs personnes ou plusieurs villes portent le même nom, elles sont classées selon l'ordre des livres de la Vulgate dans lesquels elles sont mentionnées pour la première fois. En conséquence, Abiézer, fils de Galaad, qui apparaît d'abord dans les Nombres, xxvi, 30, a la préséance sur Abiézer d'Anatoth, guerrier de David, dont le nom ne se lit que plus tard, II Reg. xxiii, 27. Pareillement, parmi les villes appelées Bethsamès, le premier rang est donné à la ville sacerdotale de la tribu de Dan, nommée d'abord dans Josué, xv, 10; le second à Bethsamès d'Issachar, nommée dans Josué, xix, 22; le troisième à Bethsamès de Nephthali, nommée dans Josué, xix, 38; le quatrième enfin à Bethsamès d'Egypte, nommée dans Jérémie, xliii, 13. Quatrièmement, les noms propres qui ne sont pas bibliques sont classés alphabétiquement en tenant compte des prénoms. Ainsi Adams Richard a la première place, et Adams Thomas seulement la seconde, quoique ce dernier lui soit chronologiquement antérieur.

9° La faune et la flore bibliques , de même que la minéralogie , ont naturellement leur place marquée dans un Dictionnaire des Saintes Écritures. Tous les animaux et toutes les plantes nommés par les écrivains sacrés sont l'objet d'une étude spéciale; leur identification est discutée, s'il y a lieu; ils sont décrits et figurés; les passages qui s'y rapportent dans le texte sont cités et expliqués.

10° Les principaux manuscrits bibliques sont aussi étudiés ; les versions anciennes et modernes des Saintes Écritures, mentionnées et appréciées; la littérature apocryphe relative à l'Ancien et au Nouveau Testament est exposée avec les développements convenables.

11° Pour compléter les renseignements qu'il peut être utile aux lecteurs de l'Écriture Sainte de connaître, le Dictionnaire de la Bible donne une place dans ses colonnes aux écrivains qui ont expliqué l'Ancien et le Nouveau Testament. Cependant, comme d'une part le cadre de cet ouvrage ne peut s'étendre outre mesure, et que d'autre part ceux qui ont écrit sur les Livres Saints sont innombrables, il est impossible de parler de tous; l'on a donc exclu, en général, les auteurs qui n'ont touché qu'en passant aux questions scripturaires, qui n'en ont parlé qu'au point de vue homilétique ou ascétique , ou n'ont publié que des dissertations spéciales relatives à l'histoire, à la chronologie, à la numismatique, etc. Les simples traducteurs, les poètes qui ont mis en vers des parties de la Bible, les grammairiens, les lexicographes, les philologues, qui ont composé des ouvrages sur la langue hébraïque, les pèlerins et les voyageurs, qui ont décrit les lieux qu'ils ont visités, etc., ne sont d'ordinaire nommés qu'en passant, lorsque l’occasion se présente de signaler leurs opinions et leurs écrits. Mais la majeure partie des commentateurs proprement dits, à l’exception des vivants, sont l’objet d’une notice particulière, quelle que soit l’époque, la contrée ou la croyance à laquelle ils appartiennent : une courte notice résume leur biographie et énumère leurs œuvres exégétiques. On n’entre dans de plus longs développements que lorsque des découvertes ou des recherches nouvelles le réclament. Enfin des articles d’ensemble ont pour objet les travaux faits sur les Écritures par les ordres religieux.

12° Afin que le lecteur puisse vérifier l’exactitude des articles du Dictionnaire ou se livrer à de plus amples recherches sur les sujets traités, on a soin de citer les autorités auxquelles on a eu recours, et de donner de copieux renseignements bibliographiques. Toutes les citations des Pères de l’Église sont faites, sauf indication contraire, d’après la Patrologie gréco-latine de Migne, pour les auteurs grecs, et d’après la Patrologie latine, pour les auteurs latins.

F. V.