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Dictionnaire de la Bible/Nanée

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(Volume IVp. 1473-1474).
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NANÉE

NANÉE (grec : Ναναία ; Vulgate : Nanæa), déesse perse. — Le roi Antiochus III le Grand, obligé par les Romains à payer un tribut très onéreux, se rendit en Perse, à la tête d’une forte armée, afin de piller le temple de la déesse Nanée, qui renfermait de riches trésors. Les prêtres du temple agirent de ruse pour préserver leurs richesses. Il savaient que le roi de Syrie prétendait épouser la déesse et ensuite s’adjuger les trésors à titre de dot. Ils le firent donc entrer dans le temple, avec une faible escorte, afin de les lui exposer. Quand il fut dans l’enceinte sacrée, ils fermèrent la porte et, par une ouverture ménagée dans le plafond, l’assommèrent à coups de pierres avec toute sa suite. Ils coupèrent les cadavres en morceaux et jetèrent les têtes à ceux qui étaient dehors. II Mach., i, 13-16. Voir Antiochus III, t. i, col. 691-692. — Antiochus IV Épiphane tenta à son tour de piller un temple de Perse, situé en Élymaïde, voir Élymaïde, t. ii, col. 1711 ; mais il en fut honteusement écarté par les habitants du pays. I Mach., vi, 1-4 ; II Mach., ix, 1-2. Bien que ces deux derniers textes ne disent pas que le temple en question soit celui de Nanée, il est à peu près certain que le même temple excita les convoitises des deux rois et qu’Antiochus IV voulut d’ailleurs venger la mort de son père. Les textes placent ce temple à Persépolis ; mais il est très probable que ce nom signifie ici « la ville des Perses », leur capitale, peut-être Suse, en Élymaïde. Néanmoins, l’emplacement du temple demeure inconnu. Quant à Nanée, les anciens ont cherché à l’identifier avec une divinité grecque. Polybe, xxxi, 11, cité par Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 1, et Porphyre, dans saint Jérôme, In Dan., xi, 44, t. xxv, col. 575, assimilent la Nanée d’Élymaïde à Diane Artémis, et Appien, Syriac., 66, la rapproche d’Aphrodite. Döllinger, Paganisme et judaïsme, Bruxelles, 1858, trad. J. de P., t. ii, p. 231, regarde Nanée comme une déesse de la guerre, qui paraît correspondre à Athéné. D’après lui, c’est dans le sanctuaire qu’elle avait à Pasagardes que les rois de Perse venaient ceindre la couronne. Plutarque, Artaxerxes, 3. Strabon, XV, iii, 16, appelle Nanée Ἀναῖτις. Cette Anaïtis ou Anahita est bien une divinité perse ; Artaxerxès présente comme ses dieux Ahura-Mazda, Anahita et Mithra. Cf. Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 454. Anahita est analogue à la Mylitta babylonienne, qu’Hérodote, i, 131, identifie avec Vénus et confond même avec Mithra. Son nom complet est Ardvi-Soûra Anahita, qui paraît signifier la « haute puissante sans tache ». Cf. J. Darmstetter, Le Zend-Avesta, Paris, 1892, t. ii, p. 363-366. Anahita était la déesse de l’amour et de la fécondité. Tous, même les dieux, réclamaient ses faveurs. Dans la mythologie assyrienne, Istar, déesse de la guerre, était la même que Nana et que Vénus. Cf. Lagrange, Études, p. 138. Une monnaie du roi scythe Ranickka représente Nana-Anahita avec la légende NANA (fig. 399). Sous l’influence babylonienne, Anahita finit par devenir une divinité d’un caractère très licencieux. Théglathphalasar appelle Nana bilit Babilu, « maîtresse de Babylone. » Cf. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, p. 107, 109 ; cf. Die Keilinschriften und das Alte Testament, 2e édit., p. 136. On a voulu aussi faire de Nanée une déesse lunaire, identique à Méni ou même à Astarthé.
399. — La déesse Nanée sur une monnaie indo-scythe.
ΡΑΟΝΑΝΟΡΑΟΚΑ ΝΗΡΚΙΚΟΡΑΝΟ. Le roi debout, à gauche.
℞. NANA. La déesse Nanée debout, à droite.
Les noms et les caractères de Nanée changèrent naturellement avec les pays. Les mêmes noms ou les noms analogues ne désignent pas toujours des divinités absolument identiques. On n’a pas de renseignements précis sur la Nanée du temple visité par les Antiochus. Toutes les indications données à son sujet sont donc approximatives, comme le suppose d’ailleurs la variété des identifications proposées. Nanée devait avoir son caractère particulier, fixé par les anciens Perses qui l’avaient imaginée, caractère assez vague pour se prêter aux additions et aux modifications.

H. Lesêtre.