Dictionnaire de la Bible/Tome 3.1 G-I

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Dictionnaire de la Bible
(Volume IIIp. 1-2-311-312).

DICTIONNAIRE
DE LA BIBLE
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G

G, troisième lettre de l’alphabet hébreu. Voir Ghimel.

GAAB Johann Friedrich, théologien protestant allemand, né à Goppingen (Wurtemberg) le 10 octobre 1761, mort à Tubingue le 2 mars 1832. Nommé professeur extraordinaire à Tubingue en 1792, il y devint professeur ordinaire en 1798 et bibliothécaire en -1814. Promu en 1822 surintendant général, il garda cette charge jusqu’à sa mort. On a de lui : Beitrâge zur Erklärung der 1., 2. und 3. Bücher Mosis, in-8°, Tubingue, 1776 ; Observationes ad historiam judaicam, in-8°, Tubingue, 1787 ; Dogmengeschichte der alten griechischen Kirche, in-8°, Jena, 1790 ; Das Buch Hiob, in-8°, Tubingue, 1809 ; Erklärung schwerer Stellen Jeremias, in-8°, Tubingue, 1824 ; Handbuch zum philologischen Verstehen der apocryphen Schriften der Alten Testaments, in-8°, Tubingue, 1818-1819, etc.

GAAL (hébreu : Ga’al ; Septante : Γαάλ), fils d’Obed, aventurier, qui, avec ses frères, porta secours aux Sichémites en révolte contre Abimélech. Jud., IX, 26. Durant la fête où les habitants de la ville offraient les prémices de la vendange à Baal leur dieu, Gaal les affermit dans leurs desseins de rébellion et chercha à se faire mettre à leur tête. Zébul, lieutenant d’Abimélech à Sichem, avertit son maître, en lui indiquant les moyens de saisir l’aventurier. Abimélech vint avec une armée et défit le fils d’Obed qui était sorti de la ville pour le combattre. Gaal voulut se réfugier dans Sichem, mais Zébul l’en empêcha. La suite du récit ne dit pas ce qu’il devint. Jud., ix, 2641.Josèphe, Ant. jud., V, vil, 3, 4, qui raconte les mêmes faits, l’appelle Γαάλης.

E. Levesque.

GAAS (hébreu : Gâ’aš), nom d’une montagne et d’un torrent de Palestine.

1. GAAS (Septante : Codex Vaticanus, Γαλαάδ ; Codex Alexandrinus, Γαάς, Jos., xxiv, 30 ; Totàc, Jud., ii, 9), montagne au nord de laquelle se trouvait le tombeau de Josué. Jos., xxiv, 30 ; Jud., ii, 9. Elle fait partie du massif central de la Palestine ou des « monts d’Éphraïm », et n’est mentionnée dans l’Écriture que pour déterminer la position de Thamnathsaré. Cependant comme cette dernière ville est le point le plus important, c’est de son identification que dépend celle de la colline en question. M. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 98, qui croyait avoir retrouvé le tombeau de Josué près de Khirbet Tibnéh, à sept heures et demie environ au nord-nord-ouest de Jérusalem, assimilait la montagne de Gaas à une colline assez haute située en face de ce village, au sud, et sur les flancs septentrionaux de laquelle on voit encore un certain nombre d’excavations sépulcrales. Cette opinion, reçue presque unanimement jusqu’ici, a été ébranlée par des recherches plus récentes. Le P. Séjourné pense que le successeur de Moïse fut enterré plus haut, au centre d’une vaste nécropole qui se trouve à une heure environ à l’ouest-ouest-sud de Kéfil-Harés, entre les deux villages de Serta et de Berukin, à l’endroit appelé Khirbet et Fakhâkhir. Voir la carte d’Éphraïm, col. 1876. Dans ce cas, Gaas serait la montagne située en face du Khirbet au sud et qui, au témoignage formel des indigènes, porte le nom de Djebel el-Ghassânéh. Le village qui en occupe le centre s’appelle Deir el-Ghassanéh. Mais quelle relation y a-t-il entre l’arabe ÂJUiXàJl, El-Ghassânéh, et l’hébreu ועש, Gâ’aš ? En retranchant la terminaison ânéh, ajoutée par les Arabes, on peut voir dans Ghass une contraction de Gâ’aš. Le changement du ג, ghimel, en ε, ghaïn (r grasseyé), s’appuie sur des principes sérieux de philologie. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palästina und Syrien, dans

la Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 17. D’un autre côté, la gutturale ע, ’aïn, s’est en quelque sorte confondue avec le ghimel dans l’unique lettre ghaïn. C’est une des raisons qu’invoque le P. Séjourné pour identifier Thamnathsaré avec Harês ou Kefil Harès. Cf. Revue biblique, Paris, 1893, p. 608-626. Voir Thamnathsaré.
A. Legendre.

2. GAAS (Septante : omis dans le Codex Vaticanus ; Codex Alexandrinus, Νααλέας, union et contraction des deux mots hébreux naḥălĕ Gā’aš, II Reg., xxiii, 30 ; Γαάς, I Par., xi, 32), torrent mentionné deux fois dans l’Écriture, à propos d’un des héros (gibbôrim) de David, appelé Heddaî, II Reg., xxiii, 30, et Huraï, I Par., xi, 32, dont il indique la patrie. Le mot naḥălĕ, au pluriel état construit, signifie donc ici « les vallées » plutôt que « le torrent ». C’est l’équivalent de l’arabe ouadi, qui s’applique aussi bien au torrent qu’à la vallée dans laquelle il coule. L’ouadi Gaas devait ainsi prendre naissance ou passer au pied de la montagne du même nom. Si l’on suit l’opinion de V. Guérin, ce sera l’un des torrents qui partent des environs de Khirbet Tibnéh. D’après le P. Séjourné, ce serait plutôt celui qui, partant du pied

du Djebel El-Ghassânéh, sort des montagnes à gauche de Medjdel Yaba, traverse la plaine, et va se joindre aux eaux de Ras el-Aïn pour former le Nahr el-Audjéh. Cf. Revue biblique, Paris, 1893, p. 621. Déjà Mgr  Mislin, Les Saints Lieux, Paris, 1876, t. II, p. 137, avait donné le Nahr Ugéh (el-Audjéh), qui se jette dans la mer à une lieue au nord de Jaffa, comme étant le torrent de Gaas de l'Écriture, et comme formant la limite entre la Samarie et la Judée. Voir Gaas 1.

GABA (hébreu : Géba' ; omis dans les Septante), ville dé Palestine, mentionnée entre Machmas et Rama. Is., x, 29. Voir Gabaa 2.

GABAA (hébreu : Géba’, Gâba’, Gib’âh ; Septante : Γαϐαά, Γαϐαέ, Γαϐεέ), nom de plusieurs villes de Palestine. L’hébreu Géba', Gib'âh, indique « la colline », ainsi distinguée de « la montagne », har ; c’est le rapport du tell arabe avec le djébel. Aussi, dans les Septante, trouve-t-on plus d’une fois βουνός, là où la Vulgate a mis Gabaa. Ce mot a été appliqué comme nom propre à plusieurs des sommets arrondis qui dominent les hauts plateaux de Juda, principalement dans les environs de Jérusalem. Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 497.

1. GABAA (hébreu : Gib'âh ; Septante : Γαϐαά), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 57. Elle fait partie du troisième groupe de « la montagne », où elle est citée entre Accain et Thamna. L’ensemble des villes qui composent ce groupe en fixe parfaitement la position au sud d’Hébron : Maon (Khirbet Ma’in), Carmel (El-Kurmul), Ziph (Tell ez-Zîf), Jota (Yutta), Accain (Kirbet Yaqîn). Voir la carte de la tribu de Juda. On ne trouve dans ce district aucun nom qui réponde à celui de Gabaa ; mais plus haut, au sud-ouest de Bethléhem, on rencontre un village, Djébâ'a, qui reproduit exactement la dénomination hébraïque. Situé sur le sommet d’une éminence, il ne renferme guère qu’une centaine d’habitants ; mais il contient plusieurs maisons qui paraissent fort anciennes. Quelques cavernes artificielles, deux citernes et un tombeau creusé dans le roc appartiennent sans conteste, d’après V. Guérin, Judée, t. iii, p. 382, à la cité judaïque, peut-être même chananéenne, dont le village actuel occupe remplacement et dont il a conservé le nom. Pour le savant auteur, en effet, Djéba’a paraît être l’antique cité de Juda dont nous parlons. Telle est aussi l’opinion de Robinson, Biblical researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 6, 16, et des explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. iii, p. 25 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 70. D’après Robinson et le Survey, la même localité représenterait aussi la Gabatha, d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246, donnée comme étant à douze milles (près de dix-sept kilomètres) d’Eleuthéropolis (aujourd’hui Beit-Djibrin) et comme renfermant le tombeau du prophète Habacuc. Cette dernière identification est admissible ; mais nous doutons fort de la première. Malgré le rapprochement onomastique, d’une incontestable exactitude, entre Djeba’a et Gib’âh, il manque ici un point d’appui très important, le groupement méthodique suivi par Josué dans la description géographique des tribus, facile à saisir surtout dans la tribu de Juda. Voir Juda. Le premier livre des Paralipomènes, ii, 49, attribue à Sué la fondation ou la principauté de Gabaa (hébreu :

Gib’â’ ; Septante : Codex Vaticanus, Γαιϐάλ ; Codex Alexandrinus, Γαιϐαά).
A. Legendre.

2. GABAA (hébreu : Gâba’, Jos., xviii, 24 ; I Reg., xjv, 5 ; I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Géba’, Jos., xxi, 17 ; I Reg., xiii, 3 ; II Reg., v, 25 ; IV Reg., xxiii, S ; I Par., ti, 60 ; viii, 6 ; II Par., xvi, 6 ; U Esd., xii, 29 ; Is., x, 29 ; Zach., xiv, 10 ; Septante : Γαϐαά, Jos., xviii, 24 ; I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Γαϐαί, I Reg., xiv, 5 ; II Par., xvi, 6 ; Faêat, I Par., vi, 60 ; Taëeé, I Par., viii, 6 ; Γαϐεέ, Zach., xiv, 10 ; Codex Vaticanus, Γάθέθ ; Codex Alexandrinus, Γαϐεέ, Jos., xxi, 17 ; Cod. Vat. Γαιϐάλ, Cod. Alex., r « 8adt, IV Reg., xxiii, 8 ; TaBaùv, II Reg., v, 25 ; pouv<5ç, I Reg., xiii, 3 ; Vulgate : Gabaa, I Reg., xiii, 3 ; xiv, 5 ; II Reg., v, 25 ; IV Reg., xxiii, 8 ; I Par., viii, 6 ; II Par., xvi, 6 ; Gabaé, Jos., xxi, 17 ; Goba, Is., x, 29 ; Gobée, Jos., xviii, 24 ; I Par., VI, 60 ; Géba, II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; XII, 29 ; collis, Zach., xiv, 10), ville de la tribu de Benjamin, mentionnée entre Ophni (probablement Djifnéh) et Gabaon (Elr-Djib). Jos., xviii, 24. Elle fut, avec ses faubourgs, attribuée aux prêtres en même temps que Gabaon, Anathoth ('Anâta) et Almath ou Almon (Khirbet 'Almit). Jos, , xxi, 17-18 ; I Par., vi, 60. Elle est citée avec Rama (Er-Râm) et Machmas (Mukhmas). I Esd., ii, 26 ; II Esd., vn, 30 ; xi, 31. Le récit de I Reg., xiv, 4, 5, nous montre qu’elle était au sud de Machmas ; c’est ce qui ressort également du tableau idéal dans lequel Isaïe, x, 28-32, contemple la marche des Assyriens contre Jérusalem. Laissant, pour être plus libres, leurs bagages à Machmas, ceux-ci « passent le défilé » (d’après l’hébreu), c’est-à-dire l’ouadi es-Suéïnit, gorge profonde et abrupte, creusée entre les rochers au sud de Machmas ; puis ils se disent : « Que Géba soit notre quartier pour la nuit ! » s’encourageant ainsi, au milieu de ces difficultés, par la perspective du repos qui les attend dans la belle et fertile Djéba', au sud-ouest. À la nouvelle de l’approche des ennemis, les villes situées sur leur passage sont saisies d’effroi, Rama, Gabaath de Saùl, etc. Tous ces détails réunis fixent d’une façon certaine la position de Gabaa au village actuel de Djéba', au nord-nord-est de Jérusalem. Voir Benjamin 4, tribu et carte, 1. 1, col. 1589. Aux indications précises fournies par l'Écriture se joint ici l’exacte identité des noms : צבא, Géba', p - >-, Djéba'.

Sur le changement du ג, ghimel, en פ, djim, cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palastina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 18 ; t. xvi, 1893, p. 28.

Le village de Djéba' couronne la montagne sur les flancs rocheux de laquelle serpente un sentier très raide, pratiqué, sur plusieurs points, en escalier, et qui monte de l’ouadi Souéïnit. Il compte actuellement à peine deux cents âmes. « Beaucoup de maisons sont renversées ; une trentaine seulement sont maintenant debout. Sur le point culminant du plateau où elles s'élèvent, on observe un petit fort ou bordj, dont les assises inférieures sont, sinon antiques, du moins composées de pierres de taille qui le sont. Çà et là des citernes et des caveaux creusés dans le roc datent évidemment de l’antiquité. Il en est de même d’un mur d’enceinte en gros blocs rectangulaires, dont quelques vestiges sont encore reconnaissables. » V. Guérin, Judée, t. iii, p. 68. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 9, 94.

La position de Gabaa lui donna une importance qui fait tout le fond de son histoire dans les quelques passages où elle est citée. À l'époque des luttes entre Saül et les Philistins, ceux-ci, qui avaient pénétré jusqu’au cœur du pays, avaient, pour le maintenir dans la soumission, établi une garnison à Gabaa. Par un heureux coup de main, qui fut le signal de la guerre d’indépendance, Jonathas la repoussa. I Reg., xiii, 3. David, lui aussi, battit un jour les Philistins et les poursuivit depuis Gabaa jusqu'à Gézer (Tell Djézer). II Reg., v, 25. (Les

Septante ont mis ici Gabaon, de même que la Vulgate dans le passage parallèle de I Par., xiv, 16.) Après le schisme, cette ville semble avoir marqué la frontière septentrionale du royaume de Juda. Il est dit, en effet, IV Reg., xxiii, 8, que le roi Josias détruisit et profana tous les hauts lieux « depuis Gabaa jusqu'à Bersabée ». L’ouadi Souéînit, qui court au nord de Djébà', est, en réalité, une ligne de démarcation profonde, bien propre à séparer jadis, de ce côté, les deux royaumes de Juda et d’Israël. — Gabaa fut réhabitée au retour de la captivité, avec Rama, sa voisine. I Esd., ii, 26 ; II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; xii, 29. — Le prophète Zacharie, xiv, 10, déterminant les limites du pays dont il vient de prédire la transformation, cite Géba’ au nord et Remmon au sud. (Au lieu de dire avec la Vulgate : « Depuis la colline, … » il faut lire avec l’hébreu et le grec : « depuis Géba’ jusqu'à Rimmôn. ») Cette Gabaa est probablement distincte de Gabaa de Benjamin ; elle l’est certainement de Gabaa de Saül. Voir Gabaa 4, 5.

[Image à insérer] i. — Djéba. D’après une photographie de M. L. Heidet

3. GABAA (hébreu : Gib'âh, Jud., xix, 12, 14, 16 ; xx, 4, 9, 13, 14, 15, 19, 21, 25, 29, 43 ; une fois Géba’, Jud., xx, 10 ; et Gâba', Jud., xx, 34 ; Septante : Γαϐαά), ville de la tribu de Benjamin, comme l’indique, outre le contexte, l’expression deux fois répétée : hag Gib’âh ǎšér le-Binyâmîn ; Septante : ἡ Γαϐαά, ἥ ἐστιν ἔν τῷ Βενιαμίν ; Vulgate : Gabaa, quæ est in tribu Benjamin, Jud., xix, 14 ; Γαϐαά τῆς Βενιαμίν ; Gabaa Benjamin, Jud., xx, 4. On trouve aussi Géba’ Binyamîn ; Γαϐαά Βενιαμίν ; Gabaa Benjamin. Jud., xx, 10. Elle est tristement célèbre par l’indigne outrage que plusieurs de ses habitants firent subir à la femme du lévite d'Éphraïm, crime qui attira l’extermination de la cité et de la tribu. Jud., xix, xx. C'était une « ville », ’ir, Jud., XIX, 15, avec une « place publique », rehôb, 1. 15, 20, et pouvant fournir une troupe d'élite de sept cents hommes, xx, 15, 16. La précision des détails donnés par le récit nous permet d’en déterminer la position. Le lévite, accompagné de sa femme et d’un serviteur, quitte Bethléhem dans la soirée, Jud., xix, 9, prenant, pour s’en retourner chez lui, la direction du nord. Au moment où les trois voyageurs arrivent près de Jébus ou Jérusalem, le jour commence à baisser, v. 11. Le trajet n’a dû guère durer que deux heures. Cependant, pour n'être pas surpris par la nuit dans des chemins peu sûrs, le serviteur dit à son maître : « Allons, je vous prie, à la ville des Jébuséens, et demeurons-y. » Celui-ci refuse de demander asile à « la cité d’une nation étrangère », et répond : « Je passerai jusqu'à Gabaa, et, quand je serai arrivé là, nous y séjournerons, ou du moins dans la ville de Rama. » v. 12, 13. Continuant leur chemin, ils se trouvent au coucher du soleil près de Gabaa. v. 14. Le temps du crépuscule est très court en Orient ; force leur est donc de s’arrêter. C’est pendant cette nuit, où ils reçoivent l’hospitalité chez un Éphraïmite, que les habitants de la ville commettent leur crime infâme, v. 15-25. D’après cette première partie du récit, nous savons ainsi que Gabaa se trouvait au nord de Jérusalem et au sud de Rama, sur la route de Silo, c’est-à-dire celle qui va de la ville sainte à Naplouse. Elle ne devait pas être très éloignée de Jébus, puisque la chute du jour ne permettait plus un long trajet.

On sait quel cri d’horreur souleva dans tout Israël un pareil forfait. La guerre fut vite décidée, et, comme les Benjamites refusaient de livrer les coupables, elle eut lieu entre les tribus alliées d’Israël et celle de Benjamin. Le théâtre fut la ville ainsi que les environs de Gabaa. Deux fois vaincus, les assiégeants livrèrent une bataille décisive. Après avoir dressé des embuscades autour de la place, ils simulèrent la fuite, se partageant en deux corps, dont l’un se dirigeait vers Béthel, au nord, et l’autre vers Gabaa, Gib'âṭâh baš-šâdéh, d’après l’hébreu ; Γαϐαά ἔν ἀγϱῷ, d’après les Septante. Jud., xx, 31. Qu’indique cette « Gabaa dans la campagne » ? On ne sait au juste. Pour les uns, il s’agit des districts ruraux de la ville assiégée ; pour les autres, de Géba’, aujourd’hui Djéba’, au nord-est de Tell el-Foul. Voir Gabaa 2. Le plan des confédérés était de faire sortir l’ennemi et de l’entraîner loin de la cité qu’ils voulaient prendre. Pendant ce temps, l’embuscade y pénétrerait et y mettrait tout à feu et à sang ; C’est ce qui arriva. « Tous les enfants d’Israël, se levant donc du lieu où ils étaient, se mirent en bataille à l’endroit appelé Baal-Thamar. Les embuscades dressées autour de la ville commencèrent aussi à paraître peu à peu, et à s’avancer du côté de la ville qui regarde l’occident. » xx, 33, 34. L’hébreu porte ici : L’embuscade s'élança, mim-Ma'ârêh-Gâba' ; Septante : Ϻαρααγαϐὲ. Ce passage obscur a été différemment rendu par les versions et diversement interprété par les commentateurs. Le Codex Alexandrinus, ἀπὸ δυσμῶν τῆς Γαϐαά, est d’accord avec la Vulgate, qui fait venir « de l’occident » les troupes embusquées. La manière la plus simple, en effet, d’entendre le texte, est probablement de voir la ville attaquée à l’ouest et au sud, les deux côtés pour lesquels les assiégés craignaient le moins, puisqu’ils croyaient tout Israël enfui vers le nord et peut-être vers l’est. Cf. F. de Hummelauer, Comment. in lib. Judicum, Paris, 1888, p. 334. Pressés rudement, les Benjamites finirent par succomber et s’enfuirent en prenant le chemin du désert, c’est-à-dire vers l’est. Jud., xx, 35-43. — Cette seconde partie du récit ne nous apporte aucune lumière, sinon que Gabaa se trouvait près de Baal-Thamar, et, suivant l’interprétation qu’on peut donner à Jud., xx, 31, au carrefour de deux routes, mesillôṭ, l’une se dirigeant au nord, l’autre probablement à l’est.

[Image à insérer] Tell el-Foûl. D’après une photographie.

De tous les renseignements fournis par l'Écriture, il ne ressort que deux points bien déterminés, entre lesquels il faut chercher Gabaa : Jérusalem, au sud, et, au nord, Rama, aujourd’hui Er-Râm, à environ dix kilomètres plus loin. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. L’ouadi Samri ou Zamri, à l’est de Tell el-Foûl, rappelle peut-être Baal-Thamar, Voir Baalthamar, t. i, col. 1342. Josèphe, Ant. jud., V, ii, 8, rapportant l’histoire du lévite, nous dit que celui-ci, en passant devant Jébus, ne voulut pas séjourner dans une ville chananéenne, et préféra parcourir vingt stades (3 kilomètres 700 mètres) de plus pour s’arrêter dans une ville d’Israélites ; ce que faisant, il vint à Gabaa de la tribu de Benjamin. Cette distance conduit à peine à Scha’fât, village situé sur un plateau élevé, d’où l’on découvre parfaitement les coupoles et les minarets de Jérusalem. « Il y avait une ville où est ce village ; les citernes antiques et d’autres restes le disent assez : elle était la première que devait trouver le lévite sur sa route. » L. Heidet, Maspha et les villes de Benjamin, Gabaa, Gabaon et Béroth, dans la Revue biblique, Paris, 1894, p. 337. D’après l’auteur de cet article, Scha’fât ne peut représenter que Gabaa. Il est cependant un autre passage du même historien juif qu’on peut rapprocher de celui-ci. Parlant, Bell. jud., V, ii, 1, de la marche de Titus sur Jérusalem, il nous apprend qu’il s’avança à travers la Samarie jusqu'à Gophna (aujourd’hui Djifnéh). « Là, dit-il, il campa une nuit, et le matin continua sa marche ; ayant fait une étape d’une journée, il établit son camp dans le lieu appelé des Juifs en leur langue la vallée des Épines, près d’un village appelé Γαϐαθσαούλη, Gabath-Saül (ce qui veut dire « la hauteur de Saül »), éloigné (δίεχων) de Jérusalem d’environ trente stades. » Dans le texte grec, il est clair, que le mot δίεχων, « éloigné, » ne se rapporte pas au village de Gabath-Saül, puisque ϰώμη est du féminin, mais à Titus ou à son camp. C’est donc, en réalité, la vallée des Épines qui est distante de trente stades, ou cinq kilomètres 548 mètres. Ce chiffre, d’après M. Heidet lui-même, Revue biblique, p. 337, note, « nous conduit… à l’ouadi ed-Dumm, « vallée des Doumm, » arbuste épineux, peut-être celui que Joséphe désigne sous le nom générique de Ἄϰανθα. » Or, l’ouadi en question est un peu au-dessus de Tell el-Fûl, localité avec laquelle on identifie généralement notre Gabaa. On peut donc croire que le bourg indiqué par l’historien comme voisin du camp est celui-ci, plutôt

que Sçha’fât, situé plus bas ; on ne comprendrait guère, en effet, qu’il eût choisi comme point de repère le site le plus éloigné. Mais comment concilier les deux passages, et quel chiffre fout-il préférer ? On répond que, dans le premier, les vingt stades peuvent bien n’avoir qu’une valeur approximative : « Marchons encore une vingtaine de stades, dit le lévite, et nous rencontrerons une ville habitée par des gens de notre nation. » Cette explication est d’autant plus plausible que nous voyons, dans le même paragraphe de Josèphe, Ant. jud., V, ii, 8, quelques lignes au-dessus, combien les chiffres manquent d’exactitude ou tout au moins ont une certaine élasticité, puisqu’il place Bethléhem à trente stades de Jérusalem, alors qu’il aurait dû dire quarante (sept kilomètres 398 mètres). Ensuite, à la distance précise de 3 700 mètres, on ne trouve sur la route même suivie par le lévite aucune ruine de ville qui puisse répondre à celle de Gabaa ; tandis que, un peu plus loin, à une demi-heure environ au sud de Rama, où il n’eut pas le temps de parvenir, à cause de la nuit qui l’avait surpris en chemin, s'élève une colline répondant parfaitement aux données de l'Écriture et à celles dé Josèphe. Elle s’appelle Tell el-Fûl ou « la colline des fèves » (fig. 2).

Cette hauteur, par son élévation et sa forme conique, justifie très bien la dénomination de gib’dh. Elle est actuellement cultivée d'étage en étage. Sur la plate-forme supérieure, on remarque les restes d’une tour rectangulaire mesurant approximativement dix-huit mètres de long sur seize de large. Les fondations en ont été sondées par le lieutenant Warren, au mois de mai 1868, jusqu'à une assez grande profondeur : elles consistent en moellons peu réguliers cimentés seulement avec de la terre. Quant à la tour proprement dite, elle devait être bâtie avec des blocs plus considérables, dont quelques-uns sont encore en place. Au centre avait été construit une sorte de puits carré, aboutissant, dans sa partie inférieure, à une grande pierre percée d’un orifice circulaire et placée au-dessus d’une cavité peu considérable. Autour régnaient un chemin de ronde et une enceinte, aujourd’hui en grande partie démolie ; elle était construite avec des blocs assez mal équarris ; les vides étaient remplis avec des blocailles. Au nord et au bas de cette colline, s'étendent, le long de la route conduisant de Jérusalem à Naplouse, pendant l’espace de plusieurs centaines de mètres, des ruines assez indistinctes, au milieu desquelles on remarque quelques gros blocs et des citernes creusées dans le roc. Ces ruines appartiennent à la même localité antique, dont la colline était l’acropole naturelle, que l’art avait ensuite fortifiée. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 188 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 158.

On appuie encore l’identification de Gabaa avec Tell el-Foûl sur un passage de saint Jérôme, racontant le pèlerinage de sainte Paule en Palestine. Il nous la montre se rendant d’Emmaûs par Béthoron à Jérusalem, laissant à droite Aïalon et Gabaon, puis « s’arrêtant quelque temps dans la ville de Gabaa, détruite jusqu’aux fondements », entrant enfin dans Jérusalem. Cf. S. Jérôme, Epis. t. cviii, t. xxii, col. 883. La seule conclusion certaine à tirer de ce texte, c’est que Gabaa est distincte de Gabaon et qu’elle se trouvait au nord et non loin de Jérusalem. Mais il est difficile d’y voir un argument pour ou contre Tell el-Foûl, de même que pour Sçha’fât. Il n’est pas moins impossible de confondre la ville dont nous parlons avec Géba', actuellement Djéba', trop éloignée pour que le lévite eût pu l’atteindre dans le court intervalle qui s'écoula entre le moment où il passa devant Jérusalem et celui où le soleil disparut complètement à l’horizon.

C’est en 1843 qu’un savant allemand, M. Gross, dans les Theolog. Studien und Kritiken, 1843, p. 1082, cherchant

Gabaa au sud de Rama, émit la conjecture qu’elle pouvait être à Tell el-Foûl. Depuis, Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, 1. 1 ; p. 577-579, s’appuyant sur les textes de Josèphe et de saint Jérôme que nous avons rapportés, a mis cette hypothèse plus en lumière, en sorte que la plupart des voyageurs et des exégètes l’ont acceptée. Telle est en particulier l’opinion de Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 213 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, Londres, 1881, t. i, p. 436, 437 ; V. Guérin, Samarie, t. i, p. 188197 ; Mühlau, dans Riehm, Handwörterbuch des Biblischen Altertums, Leipzig, 1884, t. i, p. 511 ; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1899, t. ii, p. 182 ; F. de Hummelauer, Comment. in lib. Judicum, Paris, 1888, p. 315, etc. — On identifie généralement Gabaa du livre des Juges avec Gabaa de Saül, mais est-elle identique à Gabaa de Benjamin ? Voir Gabaa 4.
A. Legendre.

4. GABAA DE BENJAMIN (hébreu : Gib’af Binyâmîn, I Reg., xiii, 2, 15 ; xiv, 16 ; Gib’af benê Binyâmîn, II Reg., xxiii, 29 ; Géba' Binyâmîn, I Règ., xiii, 16 ; III Reg., xv, 22 ; Gib’dh, I Reg., xi-v, 2 ; Septante : Γαϐεὲ τοῦ Βενιαμείν, I Reg., xiii, 2 ; Γαϐεὲ Βενιαμείν, I Reg., xiii, 15 ; Γαϐεὲ Βενιαμείν, I Reg., xiii, 16 ; xiv, 16 ; Γαϐαεθ υἱὸς Βενιαμείν, II Reg., xxiii, 29 ; βουνὸς Βενιαμείν, III Reg., xv, 22 ; βουνός, I Reg., xiv, 2 ; Vulgate : Gabaa Benjamin, I Reg., xiii, 2, 15, 16 ; xiv, 16 ; IV Reg., xv, 22 ; Gabaath filiorum Benjamin, II Reg., xxiii, 23 ; Gabaa, I Reg., xiv, 2), ville de la tribu de Benjamin qu’on identifie ou avec Gabaa de Jud., xix, xx, ou avec Gabaa de Jos., xviii, 24, aujourd’hui Djéba'. Voir Gabaa 2 et 3. Disons tout de suite que la Gabaa Benjamin de Jud., xx, 10, se rapporte incontestablement à la première, comme le prouve le contexte. Mais la question devient difficile lorsqu’on examine le récit du premier livre des Rois, xiii, xiv, dans lequel apparaît plus pleinement la forme « Gabaa de Benjamin ». Il est nécessaire de déterminer les points essentiels de ces luttes entre Saül et les Philistins. Nous trouvons d’abord Saül établi, avec un corps de deux mille hommes, à Machmas, aujourd’hui Mukhmas, et sur la montagne de Béthel (Beitin), c’est-à-dire dans le district élevé et accidenté qui s'étend entre ces deux localités. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. Un second corps de mille hommes, commandé par Jonathas, fils aîné du roi, se tient à Gabaa de Benjamin, au sud. I Reg., xiii, 2. Les Philistins, qui ont çà et là placé des garnisons à travers le pays hébreu, pour le maintenir dans la soumission, ont entre autres à Gabaa (hébreu : Géba') un poste que Jonathas enlève dans un heureux coup de main. I Reg., xiii, 3. Il faut remarquer ici qu’au v. 3, le texte original donne, non plus Gib’dh, comme au v. 2, mais Géba', nom courant de la ville sacerdotale mentionnée dans Josué, xviii, 24, et ailleurs (Voir Gabaa 2) et située entre Tell el-Foûl et Moukhmas. On peut, il est vrai, objecter que Gabaa de Jud., xix, xx, est également appelée Géba', Jud., xx, 10. Mais on peut répondre aussi qu’alors elle est déterminée par le mot Binyâmîn. Puis, s’il s’agit de la même place, pourquoi lui donner deux dénominations différentes à dix mots d’intervalles ? Là du reste n’est pas la plus grande difficulté. — La victoire de Jonathas est le signal d’une guerre d’indépendance. Saül fait un appel aux armes, et le peuple se rassemble à Galgala. Les Philistins, de leur côté, se préparent à la lutte, et viennent prendre position à Machmas, que le roi a abandonné pour se rendre à Galgala. I Reg., xiii, 5. Les Israélites effrayés, resserrés entre le Jourdain et les montagnes, se cachent dans les cavernes ou s’enfuient dans le pays de Gad et de Galaad. Ceux mêmes qui demeurent avec Saül tremblent derrière lui. Après l’holocauste indûment offert en l’absence de Samuel, le prince désobéissant vient, avec Jonathas et une petite troupe de six cents hommes, à Gabaa de Benjamin, hébreu : Géba' Binyâmîn, v. 16, comme Jud., il

GABAA

12

sx, 10. On peut donc retrouver ici le premier poste de Jonathas, j>. 2,. ou Tell el-Foûl. Avant d’en venir aux mains, les Philistins organisent le pillage, en envoyant trois bandes de' maraudeurs, l’une vers le nord, l’autre vers l’ouest, la dernière vers l’est ; mais ils n’osent s’avancer vers le sud, où Saül et les siens sont retranchés dans une forte position, p. 17, 18.

Telle est, à la fin du chapitre xiii, la situation respective des deux armées ; mais, au p. 23, l’hébreu nous montre les Philistins faisant un pas en avant : « Le poste des Philistins sortit vers la passe de Mikmas, » c’est-à-dire vers l’ouadi Es-Suéïnit, ravin profond dont les parois s'élèvent comme des murs, et qui forme un immense fossé entre Mpukhmas et Djéba'. Il semble que Saül s’est avancé de son côté. « Cependant Saül se tenait à l’extrémité de Gabaa (hébreu : Gib’dh), sous le grenadier qui était à Magron (Septante : MaySiôv). » I Reg., xiv, 2. « L’extrémité de Gabaa » peut représenter ici le nord ou le nord-est du territoire de Gib’dh. C’est alors que Jonathas tente et accomplit un second exploit. Ne pouvant supporter l’inaction en face de l’ennemi, il dit à son écuyer : « Viens, et passons jusqu'à ce poste des Philistins, qui est au delà de ce lieu, » c’est-à-dire au delà de l’ouadi Souéïnit. I Reg., xiv, 1. Franchissant tous deux, à l’insu du roi, les ravins et la vallée principale, où se dressent, comme des dents, deux collines isolées, l’une du côté de Machmas, l’autre du côté de Gabaa (hébreu : Gaba'), ils montent, grimpant avec les mains et les pieds le long des rochers, et tuent vingt hommes du poste, ꝟ. 4, 5, 13, 14. Le gros de l’armée philistine croit à une attaque de toutes les forces israélites et s’enfuit épouvanté, ꝟ. 15. Remarquons ici comment, aux p. 2, 5, est nettement marquée la distinction entre les deux Gabaa, l’une appelée Gib’dh, p. 2, et l’autre Géba' ou Gdba', à cause de la pause, la dernière désignant certainement Djéba'. « Or, continue le texte sacré, les sentinelles de Saûl, qui étaient à Gabaa de Benjamin (hébreu : Gib’af Binydmîn), regardèrent, et voici une multitude abattue ou fuyant çà et là… Et pendant que Saül parlait au prêtre, le tumulte qui était dans le camp des Philistins allait en s'étendant et en augmentant… Et Saül jeta un cri, ainsi que tout le peuple qui était avec lui, et ils vinrent jusqu’au lieu du combat. » p. 16, 19, 20. Il est clair que les sentinelles israélites ne pouvaient être à Tell el-Foûl. Bien que la colline soit très élevée, sa distance de Machmas ne permet pas de voir jusque-là, encore moins d’entendre le bruit qui s’y fait. Il s’agit donc ici de « l’extrémité du territoire de Gabaa », p. 2, c’est-à-dire des hauteurs assez rapprochées de Djéba'. Nous savons bien que, dans ce même ꝟ. 2, les Septante ont pris le mot haggib’dh pour un nom commun, « la colline ; » en sorte que le sens peut être : « Saül se tenait à l’extrémité de la colline ; » mais cette manière de lire ne tranche la question ni dans un sens ni dans l’autre. Il n’en reste pas moins t’tabli : 1° que Géba' tout seul s’applique toujours à Djéba', jamais à Tell el-Fûl, en admettant l’identification proposée ; 2° que Géba' Binydmîn se , rapporte certainement dans un endroit, Jud., xx, 10, à Tell el-Foûl et non à Djéba", et que, dans l’autre, I Reg., xiii, 16, rien n’oblige à changer la signification ; 3° que le texte sacré semble bien nettement distinguer Géba' de Gib’at Binydmîn. I Reg., xiii, 2, 3 ; xiv, 2, 5. — Reste un passage du troisième livre des Rois, xv, 22, dans lequel nous voyons Asa rebâtir ou fortifier Gabaa de Benjamin avec les matériaux arrachés à Rama (Er-Rdm). Le texte hébreu porte ici Géba' Binyamîn, mais le récit parallèle de II Par., xvi, 6, donne Géba', Septante : raêas. Il y a donc lieu d’hésiter. D’ailleurs Djéba' et Tell el-Foûl sont deux points rapprochés d’Er-Ràm et occupent une position stratégique importante, le premier commandant le large fossé d’EsSiiétnit et pouvant .barrer le passage à l’ennemi dans le cas où celui-ci, pour

éviter les obstacles de la voie ordinaire, tenterait de se frayer un chemin vers l’est ; le second défendant la grande route de Jérusalem à Naplouse. Les textes que nous venons d’expliquer ont leur obscurité, que nous sommes loin de méconnaître. L’identification de Gabaa de Benjamin avec Gabaa de Jud., xix, xx, est plus généralement acceptée. Quelques auteurs cependant préfèrent l’assimilation avec Gabaa-Djéba'. Voir entre autres F. de Hummelauer, Comment, in libfos Samuelis,

Paris, 1886, p. 143.
A. Legendre.
'

5. GABAA DÉ SAUL (hébreu : Gib'âpdh, avec hé local, I Reg., x, 26 ; Gib’dh, I Reg., xxii, 6 ; xxiii, 19 ; xxvi, 1 ; Gib’af Sâ'ùl, I Reg., xi, 4 ; xv, 34 ; II Reg., xxi, 6 ; Is., x, 29 ; Septante : r<xëao ; Codex Alexandrinus, TaôBaflà, I Reg., X, 26 ; Taéai wpoî SaovX,

I Reg., XI, 4 ; Tixêixi, I Reg., xv, 34 ; Taêaûv SaoOX,

II Reg., xxi, 6 ; itoXU Ebo-jX, Is., x, 29 ; (iouvôç, I Reg., xxii, 6 ; xxiii, 19 ; xxvi, 1 ; Vulgate : Gabaa, I Reg., x, 26 ; xv, 34 ; xxii, 6 ; xxiii, 19 ; xxvi, 1 ; Gabaa Saul, Il Reg., xxi, 6 ; Gabaa Saulis, I Reg., xi, 4 ; Gabaath Saulis, Is., x, 29), ville mentionnée comme la demeure de Saûl, après qu’il fut élu roi. I Reg., x, 26 ; xx.il, 6. C’est là que vinrent le trouver les envoyés de Jabès Galaad pour solliciter son appui, I Reg., XI, 4 ; là qu’il retourna après la sentence de réprobation portée contre lui par Samuel, I Reg., xv, 34 ; là qua les habitants de Ziph vinrent lui découvrir la retraite de David. I Reg., xxiii, 19 ; xxvi, 1. Les Gabaonites demandèrent un jour à David qu’on leur livrât sept des enfants de Saül pour les crucifier dans cette ville. II Reg., xxi, 6. Cette Gabaa est parfaitement distincte de celle que l’hébreu appelle Géba' ou Gdba'. Jos., xviii, 24, etc. Voir Gabaa 2. Isaïe, en effet, x, 28-32, décrivant la marche des Assyriens contre Jérusalem, nous les montre passant à Machmas (Mukhmas), puis à Gaba (Djéba') au sud, portant l'épouvante à Rama (Ef-Rdm), faisant fuir les habitants de Gabaath de Saûl. Cette ville était donc au sud de Rama, ce qui la fait identifier avec la Gabaa de Jud., xix, xx, la Gabaa de Benjamin, suivant bon nombre d’auteurs. Josèphe, du reste, Bell, jud., V, ii, 1, mentionne une raéatKrao’JXy) à trente stades de Jérusalem, ce qui correspond au village actuel de Tell el-Fûl. Voir Gabaa 3. — Corider assimile à tort la cité de Saül avec Géba' ou Djéba', qui aurait été la capitale d’un district représenté par le nom féminin gib’dh. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1877,

p. 104-105 ; 1881, p. 89.
A. Legendre.

6. GABAA (hébreu : bag-gib’dh, I Reg., vii, l ; II Reg., vi, 3, 4 ; Septante : èv tû pouvû, ï Reg., vii, 1 ; II Reg., vi, 3), lieu où se trouvait la maison d’Abinadab, dans laquelle fut transportée l’arche d’alliance, lorsqu’on l’amena de Bethsamés à Cariathiarim, I Reg., vil, 1, et où David vint la prendre pour l’emmener à Jérusalem. II Reg., vi, 3, 4. La Vulgate a traduit le mot gib’dh par le nom propre Gabaa ; les Septante y ont vu plus justementale nom commun, èv tu (iovvû, « sur la colline. » Il désigne, en effet, la partie haute de la ville, où était la demeure d’Abinadab, à moins que l’on ne fasse de Gabaa un quartier spécial, comprenant le point culminant de la cité. Ce qu’il y a de certain, c’est que les habitants de Cariathiarim ne transportèrent pas ailleurs l’objet sacré qui leur était confié. Voir t. ii, Cariath,

col. 268 ; Cariathiarim, col. 273.
A. Legendre.
    1. GABAA (Codex Vaticanm##


7. GABAA (Codex Vaticanm, Tatêal ; Codex Alexandrinus, TæSS ; Codex Sinaiticus, Taiêàv), pays dan » lequel vint Holopherne après avoir « traversé la Syrie de Sobal, toute l’Apamée et toute la Mésopotamie ». Judith, iii, 14. La Vulgate, qui donne ce détail, place la « terre de Gabaa » dans l’Idumée, où elle est complètement inconnue. Ce district n’est du reste mentionné 13

GABAA — GABAATH DE PHINÉES

U

nulle part ailleurs. Le grec porte : « Et il vint devant Esdrelon, près de Dothaîa, qui est en face de la grande Scie de la Judée, et il campa entre Gaba et Scythopolis. » Judith, iii, 9, 10. Esdrelon est la plaine bien connue, qui coupe la Palestine aux deux tiers de sa longueur ; Dothaîa est Dothatn, aujourd’hui Tell Dôthân, au sud du Sâhel 'Arrabéh ; Scythopolis n’est autre que Béisan, l’ancienne Bethsan. Dans ces conditions, Gabaa peut donc avoir pour représentant le village actuel de Djéba', au sud de Tell Dothân, sur la route de Sébastiyéh ou Samafie à Djéntn. Bâti sur le flanc d’une colline, ce bourg florissant est entouré de beaux bouquets d’oliviers. C’est apparemment un site antique, avec des grottes sépulcrales taillées dans le roc, à l’est. Cf. Survcy of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 155, 185 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament,

Londres, 1889, p. 67.
A. Legendre.

8. GABAA HACHILA (hébreu : Gib’af ha-Ifâkildh ; Septante : èv tù flouvôi t<û 'Ey_0.â). I Reg., Xxvi, 3. Il s’agit ici de « la colline d’Hachila », comme la Vulgate a mieux traduit. I Reg., xxiii, 19. Voir Hachila.

    1. GABAATH##

GABAATH (hébreu : Gib’af, état construit/ de Gib’dh), nom de plusieurs villes de Palestine.

1. GABAATH (Septante : Codex Vaticanus, Vtx6au>81apeï[i. ; Codex Alexandrinus, Ta6aà8 xai 7t<Sài « 'lapin), ville de la tribu de Benjamin. Jos., xviii, 28. Elle fait partie du dernier groupe et doit être cherchée dans les environs de Jérusalem ; mais son identification donne lieu à plusieurs difficultés. Comme Gib’af en hébreu est à l'état construit et n’est pas distingué par la conjonction et du mot suivant, Qiryaf (Cariath), on a supposé que les deux noms ne désignaient qu’une seule ville, Gib’af Qiryaf. Cf. R. J. Schwarz, Das heilige Land, 1852, p. 98, 102. Mais il faut remarquer que les plus anciennes versions ont admis la conjonction : nous la trouvons dans le manuscrit alexandrin des Septante, dans la Vulgate et dans la Peschito, qui porte : et Gebeath et Qurialhin. Ajoutons que le vav manque plus d’une fois, dans certaines énumérations, entre des villes certainement distinctes, comme Adullam et Socho, Jos., xv, 35 ; Accaïn et Gabaa. Jos., xv, 57. Il est juste enfin de dire que le mot Qiryaf étant lui-même à l'état construit suppose un complément ; voilà pourquoi on a conjecturé que la lecture primitive pouvait être Qiryaf Ye’drîm, « la ville des forêts, » Cariathiarim. On peut, il est vrai, même dans ce cas-là, regarder Gib’af comme un quartier spécial ou un faubourg de Cariathiarim, celui où fut transportée l’arche d’alliance, I Reg., vii, 1 (voir Gabaa 6), en sorte que Gib’at-Qiryaf signifierait Gabaa de Cariatl>[iarim]. Mais d’abord il n’est pas sûr que Gabaa de I Reg., vii, 1 ; II Reg., vi, 3, 4, soit un nom propre ; il "est plus probable même qu’il faut, avec les Septante, le prendre pour le nom commun « colline », [Joûvoc. Ensuite il paraît singulier qu’on ait fait passer la frontière de Juda et de Benjamin juste entre la ville et son faubourg, bien^que celle-ci soit sur la limite extrême des deux tribus et puisse à la rigueur avoir appartenu à l’une et' à l’autre. Voir pour plus de détails ce que nous avons dit à propos de Cariath, t. ii, col. 268.

Nous sommes ici dans les conjectures. Il est permis toutefois de suivre l’autorité des anciennes versions et de prendre Gabaath pour une ville distincte. Mais dans ce cas où la placer ? Faut-il l’identifier avec Gabaa de Benjamin ou Gabaa de Saûl, qu’on croit généralement retrouver à Tell eUFoul, au nord de Jérusalem ? Voir Gabaa 3, 4, 5. Le voisinage de la ville sainte fait pencher M. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 191, vers cette opinion. On peut néanmoins se demander pourquoi alors,

dans l'énumération de Josué, xviii, 21-28, la cité en question n’est pas mentionnée avant Jébus, dans le même groupe que Gabaon, Rama et Mesphé. Voir Benjamin 4, t. i, col. 1589. La place qu’elle occupe ici semble la mettre plutôt à l’ouest de Jérusalem, du côté de Cariathiarim (Qariet el-'Enab). Les explorateurs anglais l’assimilent à DjibVa, localité située à près de cinq kilomètres au nord de cette dernière. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 43 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 70. L’ordre d'énumération conduirait plus exactement à Khirbet el-Djubéi’ah, à gauche de la route qui va de Jérusalem à Qariet el-'Énab, et près de

Qastal.
A. Legendre.

2. GABAATH DE PHINÉES (hébreu : Gib’af Pinelyâs ; Septante : Codex Vaticanus, Taëaàp *EtvEéc ; Codex Alexandrinus, ra60t « 6 ♦iveéc), lieu de la sépulture d'Éléazar, fils d’Aaron. Jos., xxiv, 33. Il se trouvait dans la montagne d'Éphraïm, sur un terrain donné à Phinées. Josèphè, Ant. jud., V, I, 29, place « le monument et le tombeau » du grand-prêtre « dans la ville de Gabatha ». Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246, appellent la ville de Planées Gabiath, raëotac, et l’assignent à la tribu de Benjamin. Saint Jérôme, Epist. cvni, t. xxii, col. 888, rapporte que sainte Paule, montant de la vallée du Jourdain vers Béthel et Naplouse, vénéra sur la montagne d'Éphraïm les tombeaux de Josué et d'Éléazar, situés, l’un à Thamnath-Saré au nord du mont Gaas, l’autre à Gabaa de Phinéès. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 106109, s’est appuyé sur ce passage pour identifier Gabaath avec Djîbî'a, au nord-ouest de Djifnéh. Voir la carte de la tribu d'ÉpHRAi’M, col. 1876. Ce village, en effet, n’est qu'à quelques kilomètres de Khirbet Tibnéh, où le savant explorateur croit avoir retrouvé le tombeau de Josué. Voir Thamnathsaré. Les deux monuments vénérés par l’illustre Romaine se répondaient ainsi en quelque sorte sur deux hauteurs voisines, au milieu du massif d'Éphraïm. Le nom arabe, tel que l'écrit V. Guérin, g-s^Aù-, Djîbî'a, peut représenter l’hébreu nyaa, Gib'âh.

Il y a difficulté cependant pour l’orthographe. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palàstina, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, t. xvi, 1893, p. 28-31. Djîbî'a ne renferme actuellement qu’un fort petit nombre d’habitants ; on y remarque une dizaine de citernes et un birket ou réservoir antique, creusé dans le roc, qui mesure treize pas de long sur autant de large. À cinq minutes à l’est, et sur le même plateau élevé dont ce village occupe la partie occidentale, s'étendent, au milieu d’un petit bois de vieux oliviers ou de hautes broussailles, des ruines appelées Khirbet Seîà. À côté de maisons renversées, qui paraissent avoir été bâties avec des pierres assez régulièrement taillées et de dimension moyenne, on observe les vestiges encore reconnaissantes d’une ancienne église chrétienne. Plusieurs tronçons de colonnes séparés de leurs bases et de leurs chapiteaux sont gisants sur le sol. — La tradition juive place le tombeau d'Éléazar plus haut, à 'Auerlah, au sud de Naplouse, sur les bords du Sahel Makhnah. Telle est celle des rabbins dont les écrits et témoignages ont été recueillis par E. Garmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 186, 212, 386, 445. Tel est aussi le sentiment de R. J. Schwarz, Das heilige Land, 1852, p. 118, 355. Des auteurs modernes ont accepté cette opinion. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 288 ; Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 256, 412. D’autre part, on a contesté, ces derniers temps, l’emplacement du tombeau de Josué à Khirbet Tibiiéh, et l’on

a cru le reconnaître plus loin vers le nord, entre les deux villages de Serta et de Berukin, à l’endroit "appelé Khirbet el-Fakhdkhir. On ajoute que l’indication tirée du voyage de sainte Paule est vague, et que le rappro--chement entre les deux sépulcres, inspiré par le texte de la Bible, n’en exige pas le voisinage. Cf. P. Séjourné, Thimnath-Serach et Thimnath-Hérès, dans la Revue biblique, Paris, 1893, p. 625. — Des fouilles pourraient seules nous donner ici une solution.

A. Legendre.

3. GABAATH DE8 FIL8 DE BENJAMIN. II Reg., XXIII, 29 ; I Par., xi, 31. Voir Gabaa 4.

    1. GABAATH DE SAUL##


4. GABAATH DE SAUL. Is., X,

Voir Gabaa 5.

Benjamin, Jos., xviii, 25, et donnée aux enfants d’Aaron. Jos., xxi, 17.

I. Situation.

Les villes avec lesquelles elle est mentionnée nous permettent de fixer, au moins d’une façon générale, son emplacement. La confédération dont’elle était le centre comprenait : Cariathiarim, aujourd’hui Qariet el-’Énab, au nord-ouest de Jérusalem, Caphira ou Caphara, actuellement Kefiréh, au nord de la première, et Béroth ou El-Biréh, sur la route de la ville sainte à Naplouse. Voir la carte de la tribu de Benjamin, 1. 1, col. 1588. Dans rénumération des localités appartenant à la tribu, Jos., xviii, 25, elle est citée avant Rama, Er-Rdtn, qui se trouve entre Jérusalem et El-Biréh, C’est donc dans la partie occidentale de Benja 3. — El-Djîb. D’après une photographie de M. Roinard.

    1. GABAATHITE##

GABAATHITE (hébreu : hag-Gibe’dfi ; Septante : 6 r<16a61xr, ;), originaire de Gabaa 4. I Par., xii, 3. Voir Sam aa 4.

GABAÉ. Jos., xxi, 17 ; Voir Gabaa 2.

    1. GABAEL##

GABAEL (Septante : Taêar, ; Codex Alexandrinus : ranarj).), ancêtre de Tobie d’après le texte des Septante. Tob., i, 1. Selon le Codex Vaticanus, ce Gabaël est dit simplement de la race d’Asiel, tandis que, d’après le Codex Sinaiticus, il est dit, de plus, fils de Raphaël, lequel l’était de Raguël. La vulgate omet complètement cette généalogie.

    1. GABAON##

GABAON (hébreu : Gib’ôti, « qui appartient à une colline ; » Septante : Taëaûv), ville de Palestine, primitivement habitée par les Hévéens. Jos., xi, 19. C’était « une grande cité, une des cités royales, » Jos., x, 2, de laquelle dépendaient Caphira, Béroth et Cariathiarim. Jos., ix, 17. À l’arrivée des Hébreux, elle surprit par ruse la bonne foi de Josué, et échappa ainsi à l’extermination. Jos., ix. Elle fut assignée à la tribu de

min, et dans le rayon déterminé par ces différents points qu’il faut la chercher. Or, à l’ouest â’Er-Ràm, existe un village dont le nom rappelle, bien qu’imparfaitement, la forme hébraïque, et dans lequel on a généralement, pour ne pas dire unanimement, jusqu’à nos jours reconnu Gabaon. C’est El-Djib (fi g. 3). Les données traditionnelles sont malheureusement peu précises et prêtent matière à difficultés. Josèphe, Bell, jud., II, six, 1, place le bourg (xm^) de Vaêa(J> à cinquante stades (9 kilomètres 247 mètres) de Jérusalem ; mais dans ses Antiquités judaïques, VII, XI, 7, il n’indique que quarante stades (7 kilomètres 398 mètres). En réalité, l’intervalle compris eatre les deux endroits est d’environ dix kilomètres. Eusèbe et saint Jérôme. Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 127, 243, parlant de Gabaon, « métropole et cité royale des Hévéens, » disent qu’il y avait encore de leur temps « un bourg ainsi appelé près deBéthel, du côté de l’occident à quatre milles environ (près de six kilomètres), et voisin de Rama, » ’Cette dernière condition est parfaitement remplie par El-Djîb, qui se trouve d’ailleurs au sud-sud-ouest de Beitin, l’ancienne Bélhel, mais à onze kilomètres an lieu de

six. Les mêmes auteurs, à propos de Bëroth, Onomattica, p. 103, 233, semblent, si l’on prend à la lettre et physiquement l’expression « sous Gabaon », placer cette dernière à moins de sept milles (dix kilomètres) de Jérusalem sur la route de Nicopolis, ’Amoas, suivant Eusèbe, de Néapolis, Naplouse, suivant saint Jérôme. Nous avons exposé, à l’article Béroth 2, t. i, col. 1621, les difficultés qui naissent de ces textes et les réponses qu’on y peut faire.

C’est principalement sur l’autorité de cette assertion, concernant directement Béroth, indirectement Gabaon, qu’une opinion récente place la première de ces localités à El-Djîb, et la seconde à Nébi-Samuïl. Cf. L. Heidet, Maspha et les villes de Benjamin, dans la -Revue biblique, Paris, 1894, p. 321-356. Depuis plusieurs siècles on désigne par le nom du « prophète Samuel », Nébi Samtril, la mosquée bâtie au sommet de la plus haute colline (895 mètres) des environs de Jérusalem ; le sanctuaire a communiqué son nom au petit village arabe qui s’est formé autour et à la montagne « Ile-même. Du haut du minaret le regard embrasse un vaste horizon, d’un côté vers la Méditerranée, de l’autre vers, le Jourdain. De nombreux débris du passé, une piscine, des tombeaux taillés dans le roc, attestent l’existence d’une antique cité. El-Djib, situé à une petite distance au nord, est un bourg de cinq cents habitants, couronnant une belle colline, moins élevée (710 mètres), aux gradins à la fois naturels et artificiels. Plusieurs maisons, intérieurement voûtées, paraissent fort anciennes. Quelques citernes, creusées dans le roc, doivent remonter à une époque assez reculée. Tous les palestinologues, s’appuyant sur le nom et les données générales de l’Écriture indiquées plus haut, reconnaissent là Gabaon.

Quelles seraient donc les raisons de préférer Nébi-Samouïl V Outre le témoignage d’Eusèbe et de saint Jérôme, on apporte celui de saint Épiphane, Adv. hesr., XL VI, 5, t. xli, col. 844, qui, parlant des points les plus élevés aux alentours de Jérusalem, cite le mont des Oliviers, puis ajoute : « À huit milles, est Gabaon, le plus élevé de tous. » Mais on convient que la distance ne s’applique pas exactement à Nébi-Samouïl. — Ensuite, , dans l’Itinéraire de sainte Paule, nous voyons la pieuse pèlerine montant d’Emmaûs par. Béthoron à Jérusalem, et « apercevant à droite Aïalon et Gabaon » (cf. saint Jérôme, Jsjpist. erm, t. xxii, col. 883), ce qui suppose que cette dernière ville n’était pas sur l’ancien chemin de Béthoron à Jérusalem, détail vrai pour Nébi-Samouïl, mais non pour El-Djlb. En réalité, El-Djib est à une petite distance de la route en question, qui laisse le village un peu à droite. — Les quarante stades de Josèphe, Ant. jud., VII, xi, 7, conviennent à Nébi-Samouïl. Oui, mais les cinquante de Bell, jud., II, XIX, 1, conviennent mieux à El-Djib. C’est une autorité qui se neutralise, et qu’il vaut mieux laisser de côté. — La Bible enfin, III Reg., iii, 4, appelle Gabaon « le haut lieu le plus grand », .hab-bâmâh hag-gedôldh ; les Septante ont traduit : afrri] [ra6esû>v] û4°l^<, T< « ’r/l xaV (uyiy^, « Gabaon était la plus élevée et la plus grande, » paraphrasant ainsi, croit-on, le mot gedôlâh, pour qu’on ne le prenne point dans le sens purement moral. Il y a pour ncus ici une mauvaise traduction ; il fallait littéralement : « CÎTY) tô v+riXdv t4 (léya, « Gabaon était le haut Heu le plus grand, » c’est-à-dire le plus important. On sait que le bâmâh ou les bâmôf,-ci u^r.Xi, désignent les collines ou les « hauts lieux » sur lesquels en offrait des sacrifices. Or, parmi ceux qui étaient’consacrés à Jéhovah, « le plus grand, » non au point de vue physique, mais au point de vue moral, était Gabaon. Si l’arche d’alliance était à ce moment sur le mont Sion, l’ancien tabernacle et l’autel des holocaustes étaient bdb-bâniâh âsjér be-Gib’ôn, il sur le haut lieu qui était -àGcbaon. » I Par., xvi, 39 ; II Par., i, 3, 4. C’est pour

cela que cet endroit était réputé le plus grand des lieux de sacrifice et que Salomon s’y rendit. On ne comprendrait guère, du reste, que le roi l’eût choisi de préférence uniquement en raison des 150 ou 200 mètres qui l’élèvent au-dessus des collines environnantes. C’est cette grandeur morale qu’y voient généralement les commentateurs et qui ressort le plus naturellement du contexte.

Ajoutons maintenant en faveur d’El-Djîb deux considérations tirées de l’histoire. Les rois amorrhéens vaincus par Josué sous les murs de Gabaon s’enfuient du côté de l’ouest, « par le chemin qui monte vers Béthoron. » Jos., x, 10. Cette marche s’explique très bien avec El-Djîb qui se trouve sur la voie en question ; tandis que, pour Nébi-Samouïl, il semble que les ennemis devaient plutôt se précipiter par la route de Biddou et de Qoubéibéh. Le même fait se reproduit plus tard sous Cestius Gallus, qui, laissant le siège de Jérusalem pour battre en retraite, gagne avec peine son camp de Gabaon, puis, après deux jours de perplexités, s’avance vers Béthoron, ayant abandonné tout ce qui pouvait le retarder. C’est d’ailleurs le chemin qu’il avait suivi pour venir attaquer la ville sainte. Cf. Josèphe, Ant. jud., VII, xi, 7 ; Bell, jud., II, xix, 1.

Nous ne faisons pas difficulté d’avouer que le nom actuel i_, «  « »  », El-Djib, ne représente qu’à demi l’hébreu faô.1, Gib’ôn. On peut s’étonner surtout de la chute de la gutturale, 7, âïn, alors que ç^-, Djeba’, a gardé celle de yaî, Géba’. Voir Gabaa2. Iiàrrive parfois cependant qu’une gutturale, à la fin des mots, disparaît, compensée seulement par une voyelle longue, ainsi : Gilbo’a est dévenu Djelbûn ; Yânôah, Ydnûn ; Neftôafy Liftd. Cf. G. Kampffmeyer, À UeNamenim heutigen Palâslina, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, t. xv, 1892, p. 26, 71. El-Djib peut donc être regardé comme une forme abrégée de Gabaon ; il la reproduit assez bien pour ne céder que devant des témoignages historiques incontestables qu’il nous faut attendre encore. On avouera, en tous cas, que ce mot rappelle mieux Gabaon que Béroth. — On trouve sur les listes égyptiennes de Karnak, peu après Bierôtu, la Béroth de

Benjamin (n » 109), le nom de j

, Gabâu (n « 114).

A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 43, y voit Gabaa de Juda ; mais M. Maspero, Sur lés noms géographiques de la liste de Thoutmès 111, qu’on peut rapporter à la Judée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, 1888, p. 19, y reconnaît plutôt « Gib’âh, aujourd’hui El-Djib ». Le savant auteur a sans doute voulu dire Gib’ôn, puisque le combat entre les gens de Joab et d’Abner, qu’il mentionne, eut lieu, non auprès de Gabaa, mais de Gabaon. Cf. II Reg., ii, 12, 13. C’est ainsi que, pour lui, le n » 112 de la liste, Khalokatu, est identique à ce Ifélqap ha$surîm, ou « champ des vaillants », d’après la Vulgate, où se passa l’épisode en question. Cf. II Reg., ii, 16. Il partage l’opinion de M. Tyrwhitt Drake, dans le Palestine Exploration Fund, Quarierly Statement, Londres, 1873, p. 101, qui pense que l’ouadi el-Askar, « la vallée des soldats, » au nord du village d’El-Djtb, représente cet endroit, et est une traduction ou une réminiscence du nom hébreu. Dans ce cas, le mot qui précède immédiatement Gabaon, c’est-à-dire’En-ganàmu, serait la source d’El-Djib.

Il y a, en effet, une source abondante appelée’Ain el-Djîb, à une faible distance à l’est du village, au pied d’un monticule actuellement cultivé et couvert de superbes oliviers et de grenadiers, autrefois compris dans l’enceinte de l’antique cité. Elle est renfermée dans une grotte oblongue, qui a été régularisée et agrandie par la main de l’homme. On y descend par plusieurs degrés ; l’eau est fraîche et limpide. Avec plusieurs autres, qu’on voit autour de la ville, elle représente bien (les eaux

abondantes « ’dont parle Jérémie, xii, 12. À cent mètres de là, est un vieux réservoir, piscine ou birket, de forme rectangulaire, mesurant vingt-quatre pas de long sur quatorze de large. Construit avec des pierres d’un appareil moyen, du moins dans la partie qui subsiste encore, il est à présent aux trois quarts comblé (fig. 4). La vallée que domine la petite montagne d’El-Djib est plantée d’oliviers, de figuiers et de grenadiers ; ailleurs, elle est ensemencée de blé et d’orge. Les steppes qui s’étendent vers l’est sont ce que l’Écriture appelle « le désert de Gabaon (midbdr Gib’ôri) ». II Reg., ii, 24. Voir Désert, t. ii, col. 1287. Cf. V. Guérin, /udee, 1. 1, p.385 ; Robinson, Bïblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i,

les voilà maintenant tout secs et tombant en morceaux. Les Israélites se laissèrent tromper et, sans consulter le Seigneur, firent alliance avec eux, promettant de leur sauver la vie. Mais, trois jours plus tard, apprenant que ces gens demeuraient dans le voisinage, ils vinrent dans les villes de la confédération c’est-à-dire Gabaon, Caphira, Béroth et Cariathiarim. Fidèles à leurs serments, ils en épargnèrent les habitants, mais les obligèrent à couper du bois et à porter de l’eau pour le service de tout le peuple, et les divers besoins de la maison de Dieu. Les Gabaonites et leurs alliés acceptèrent volontiers ce rôle de serviteurs. Cependant les rois amorrhéens du sud, ayant appris la défection de Gabaon, qui était tne grande ville,

Ancienne piscine de Gabaon. D’après une photographie de M. Roinard. La piscine est à droite, marquée par les personnages qui sont à" ses quatre extrémités.

p. 455 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 94-100.

IL Histoire. — 1° L’histoire des Gabaonites commence par un acte de ruse audacieuse. L’arrivée des Hébreux dans la Terre Promise avait effrayé tous les habitants du pays, qui se liguèrent contre eux. Ceux de Gabaon, apprenant ce que Josué avait fait aux villes de Jéricho et d’Haï, et craignant de subir le même sort, usèrent d’adresse pour obtenir la paix sans combat. Prenant avec eux des vivres, comme des hommes qui entreprennent un très long voyage, ils mirent de vieux sacs sur leurs ânes, avec des outres de peau toutes rompues et recousues. Couverts de vieux habits, ils portaient’aux pieds des souliers rapiécés. C’est dans cet état qu’ils se présentèrent à Josué, qui était alors à Galgala, dans la plaine du Jourdain, et lui dirent qu’ils venaient d’une contrée très éloignée, dans le désir de faire la paix. Poussant jusqu’au bout la finesse, ils firent l’éloge de Jéhovah, au nom duquel ils prétendaient être venus, et dont ils connaissaient les merveilles antérieures. Voyez, ajoutent-ils, ces pains que nous avons pris tout chauds en partant ;

et dont les gens de guerre étaient très vaillants, résolurent de châtier la cité coupable de trahison et d’enlever par là-méme une très forte position aux Hébreux. Ils vinrent donc l’assiéger. Les amis de Josué implorèrent son secours. Celui-ci, montant de Galgala, arriva, par une marche forcée, dans une seule nuit, et, tombant à l’improviste sur les assiégeants, les mit en déroute. Après leur avoir infligé une grande défaite sous les murs de Gabaon, il les poursuivit par la montée de Bethoron. C’est dans cette mémorable journée qu’il arrêta le soleil. Cf. Jos., ix, x, 1-15. Voir Bethoron 1, Histoire, 1. 1, col. 1702. — 2° Gabaon fut également le théâtre d’une lutte acharnée entre les partisans de David et ceux d’Isboseth. Abner et Joab, avec leurs troupes, s’y rencontrèrent près de la piscine de Ta ville, probablement celle dont nous avons parlé plus haut. Le premier proposa de s’en remettre aux chances d’un combat singulier. Le second acceptant, douze champions de chaque côté entrèrent en lice, et leur ardeur fut telle qu’« ils se passèrent tous l’épée au travers du corps, et tombèrent morts tous ensemble ; et ce lieu s’appela le Champ des vaillants à Gabaon ». La

mêlée devint alors générale, Abner fut battu et mis en fuite. Cf. II Reg., ii, 12-17. — 3° C’est aussi « près de la grande pierre qui est à Gabaon », probablement quelque rocher isolé, bien connu, que, plus tard, le même Joab tua traîtreusement Amasa. II, Reg., xx, 8-10. — 4° Lorsque David ramena l’arche d’alliance à Jérusalem, le tabernacle resta à Gabaon. Sadoc et les autres prêtres y offraient sur l’autel le sacrifice quotidien. I Par., xvi, 39, 40 ; xxi, 29. C’est là que Salomon vint, au début de son règne, offrir mille victimes en holocauste au Seigneur, qui lui apparut en songe et lui demanda ce qu’il désirait. Le roi sollicita la sagesse comme le don le plus précieux ; il la reçut avec les richesses et la gloire qu’il n’avait point demandées. III Reg., iii, 4-15 ; ix, 2 ; II Par., i, 3-13. — 5° Isaïe, xxviii, 21, voulant montrer comment Jéhovah délivrera son peuple menacé par Sennachérib, rappelle la victoire miraculeuse de Josué « dans la vallée de Gabaon ». — 6° C’est « auprès des grandes eaux qui sont à Gabaon », que Johanan, fils de Carée, et ses guerriers rencontrèrent Ismahel, fils de Nathanias, le meurtrier de Godolias, et qui, n’osant lutter contre des forces supérieures, s’enfuit chez les enfants d’Ammon. Jer., xli, 12, 16. — 7° Après la captivité, les Gabaonites travaillèrent à la reconstruction des murs de Jérusalem. II Esd., iii, 7. Quatre-vingt-quinze revinrent avec Zorobabel. II Esd., vii, 25.

, A. Legendbe.

    1. GABAONITE##

GABAONITE (hébreu : Gibe’ônî, yoëbê Gibe’on, etc. ; Septante : raëautvhri ;  ; Vulgate : Gabaonita), habitant de Gabaon ou originaire de cette ville. Le nom ethnique, Gibe’ônî, ne se lit en hébreu que dans le chapitre xxi de II Samuel, où il est question des Gabaonites qu’avait fait massacrer Saûl, et I Par., xii, 4. Partout ailleurs les Gabaonites sont désignés par une périphrase. Jos., ix, 3 ; x, 6, etc. — Plusieurs personnages sont nommés comme Gabaonites dans les Écritures : « Hananie, fils d’Azur, prophète de Gabaon, » Jer., xxviii, 1 ; Sémaias,

I Par., xii, 4 ; Meltias, II Esd., iii, 7 ; Jadon Méronathite.

II Esd., iii, 7. — Sur Jéhiel, qui peut être regardé comme le fondateur de Gabaon, voir Abigabaon, t. i, col. 47, et Jéhiel.

    1. GABATHON##

GABATHON (hébreu : Gibbefôn ; Septante : re9e8ôv), ville de la tribu de Dan, Jos., XXI, 23, appelée ailleurs

Gebbéthon. Voir Gebbéthon.

    1. GABBATHA##

GABBATHA (ra66a05), mot « ar « iméen, probablement Nros (cf. hébreu 35 gab, « dos » ), qui signifie « lieu

élevé », d’après l’explication la plus commune. C’est l’endroit où siégeait Ponce Pilate, en dehors du Prétoire, lorsque Jésus-Christ fut amené devant son tribunal. Il portait en grec le nom de Lithostrotos, « pavé en pierres, mosaïque. » Joa., xix, 13. Voir Lithostrotos. Cf. Frz. Delitzsch, Horx hebraicx, dans la Zeitschrift fur die lutherische Théologie, 1876, p. 605 ; P. Schanz, Commentai 1 ûber das Evang. des Johannes, Abth. 11, Tubingue, 1885, p. 552.

    1. GABÉE##

GABÉE (hébreu : Gâba’, Jos., xviii, 24 ; Géba’, IPar., Vi, 60 ; Septante : rot6ai, Jos., xviii, 24 ; ra6a(, I Par., vi, 60), ville de la tribu de Benjamin. Jos. r rvhï, 24 ; I Par., vi, 60. Voir Gabaa 2.

    1. QABÉLUS##

QABÉLUS (Septante : rafaTJXo ;  ; Codex Sinaiticus : Tag^iot ; Vulgate : Gabelus) était, d’après la Vulgate, Tob., 1, 17, un pauvre Israélite de Rages en Médie auquel Tobie avait prêté sur un reçu dix talents d’argent. Selon les Septante, 1, 14, Gabélus, qu’on ne fait pas indigent, est dit frère de Gabrias et la somme remise est à simple titre de dépôt. Au jour de l’épreuve, Tobie avertit son fils de ce prêt (Vulgate, Tob., iv, 21), ou de ce dépôt (Septante, Tob., iv, 1, 20). L’ange Raphaël, qui se donne pour Azarias et s’offre pour con duire le jeune Tobie, dit connaître parfaitement Gabélus et être même demeuré chez lui à Rages. Tob., v, 8 (Septante : 6). Après son mariage avec Sara, le jeune Tobie prie le prétendu Azarias d’aller seul à Rages réclamer l’argent qui lui était dû : celui-ci fait le voyage, rend à Gabélus son reçu et reprend la somme prêtée. Gabélus sur son invitation vient à Ecbatane chez Raguel et à la vue du fils de son ami, il se jette dans ses bras avec larmes et bénit le Seigneur. Tob., ix, 1, 8.

— Pendant ce temps, le vieux Tobie s’inquiétait de ne point voir revenir son fils ; anxieux il se demandait quelle pouvait bien être la cause de ce retard. Gabélus serait-il mort ? pensait-il, et personne n’a-t-il pu lui rendre l’argent ? Tob., x, 2. E. Levesque.

    1. GABER##

GABER (hébreu : Gébér, homme ; Septante : Taëép), fils d’Uri, intendant de Salomon pour la province de Galaad et de Basan au delà du Jourdain. III Reg., iv, 19. Les Septante le font fils d’Adaï et le placent, d’après le Codex Vaticanus, dans la terre de Gad ; mais le Codex Alexandrinus a, comme l’hébreu, Galaad. — Sur le Gaber de III Reg., iv, 13, dans les Septante, ylô ; Na6fp (pour râ6sp), « fils de Gaber. » Voir Bengaber, t. 1, col. 1585. E. Levesque.

    1. GABIM##

GABIM (hébreu : hag-Gêbim, avec l’article ; Septante : Tiëësip), ville mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Is., x, 31. Le prophète, décrivant dans un tableau idéal la marche triomphale des Assyriens contre Jérusalem, la trace du nord au sud par Aïath, l’antique Aï, Magron, Machmas (aujourd’hui Mukhmas), Gaba (Djéba’), Rama (Er-Rdm), Gabaath de Saùl (Tell eUFûl). Voir la carte de Benjamin, t. 1, col. 1588. Puis, s’étant adressé à Anathoth (’Anâta), il ajoute (d’après l’hébreu) :

Madmênah s’enfuit ;

Les habitants de Gabîm se sauvent.

Encore un jour de halte à Nob,

Et il agite sa main vers la montagne de Slon,

Vers la colline de Jérusalem.

Tout ce que nous pouvons savoir d’après ce texte, c’est que Gabim était assez rapprochée de la ville sainte. Aussi Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 130, 248, ont-ils tort d’identifier « Gébin, Yvfizh, dont parle Isaïe, avec le village de Géba, à cinq milles (plus de sept kilomètres) de Gophna (Djifnéh) en allant vers Naplouse ». Le bourg de Djibia qu’on trouve dans cette direction ne saurait convenir à l’itinéraire tracé par Isaïe. Aussi fausse est l’opinion de R. J. Schwarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 101, qui assimile cette localité à Gob, II Reg., xxi, 18, ou Gazer, I Par., xx, 4, à l’ouest de Jérusalem. On a voulu également la chercher au sud-est de Djéba’. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1877, p. 57, 58 ; 1880, p. 108. Saint Jérôme, Comment.in Ts., t. xxiv, col. 142, interprète Gébîm par « collines ». Le nom, qui se rencontre IV Reg., iii, 16, signifie plutôt « fosses, citernes » ; mais la ville qui le portait autrefois

est inconnue.
A. Legendre.
    1. GABRIAS##

GABRIAS (Septante : rrôpcac ; Codex Sinaiticus ; r « 6pet’)7 frère de Gabélus, d’après le texte de Tob., 1, 14, dans les Septante ; mais selon Tob., iv, 20, dans la même version, il est donné comme son père : raêar, X c<3 toû ToépeCa. Il doit y avoir là quelque erreur dé copiste ou de traducteur ; le nom même est altéré dans d’autres versions, comme dans l’ancienne Italique qui a : Gabelo fratri meo filio Gabahel. Tob., 1, 14 ; iv, 20.

    1. GABRIEL##

GABRIEL (hébreu : Gabri’ël ; Septante : raëpir> ; Vulgate : Gabriel), l’un des trois anges nommés dans la Sainte Écriture. — 1° Gabriel apparaît deux fois à Daniel dans ses visions, une première fois pour lui expliquer le symbole du bélier et du bouc, qui figurent les empires des Mèdes et des Grecs, Dan., viii, 16, et une.

seconde fois pour loi révéler la prophétie des soixante-dix semaines. Dan., ix, 21. — Le nom donné à l’ange, formé de gébér, « homme fort, » et de’êl, « Dieu, » signifie « homme » ou « héros de Dieu ». Il ne s’agit pourtant pas ici d’un homme, mais d’un être supérieur qui se montre avec une apparence d’homme, Dan., viii, 45, obéit à un autre être mystérieux, ꝟ. 16, relève le prophète tombé à terre, 1. 18, et a des ailes qui lui permettent de voler rapidement, ix, 21. Il se peut que Daniel ait vu l’ange sous la figure d’un homme ailé, analogue à ceux qui se voyaient sur les palais de Babylone, voir 1. 1, col. 1155 ; t. ii, col. 666, et symbolisaient par leur mâle attitude la force du gébér, et par leurs ailes leur agilité surhumaine. C’est sous des images analogues qu’Ézéchiel avait vu d’autres esprits célestes. Voir Chérubins, t. ii, col. 662. Gabriel est certainement un ange au service de Dieu, puisqu’il fait des révélations et formule des prophéties qui ne peuvent venir que de Dieu. — 2° Gabriel apparaît de nouveau, avec une forme sensible, au prêtre Zacharie pour lui annoncer la naissance de Jean-Baptiste. 11 énonce lui-même son nom et déclare qu’« il se tient devant Dieu », Luc, I, 19, qu’il est par conséquent, comme Raphaël, « l’un des sept anges qui se tiennent devant Dieu, » Tob., xii, 15 ; Apoc, viii, 2, pour être prêts à accomplir ses ordres en qualité de hauts dignitaires célestes. De là le nom d’archange décerné à Gabriel. — 3 « Enfin, le même ange est choisi pour porter à Marie le message de l’incarnation et il commence par la saluer avec un souverain respect. Luc, i, 28. Dans ces deux dernières apparitions, la forme dont l’ange est revêtu n’est pas décrite ; il est dit seulement qu’il se tint debout. Luc, i, 11. Quand il entre chez Marie ou qu’il la quitte, Luc, i, 28, 38, rien ne marque qu’il se serve d’ailes, comme dans l’apparition à Daniel. Gabriel est appelé l’ange de l’incarnation à cause de la triple mission qu’il a reçue pour annoncer à Daniel l’époque de l’accomplissement du mystère, à Zacharie la naissance du précurseur et à Marie celle du Messie. C’est le messager des bonnes nouvelles : il réconforte Daniel, Dan., vm, 18, il annonce la haute mission de saint Jean-Baptiste, Luc, 1, 13-17, et le salut que le fils de Marie apportera au monde. Luc, 1, 31-32. — Les légendes juives racontent que Gabriel fut un des anges qui ensevelirent Moïse (Targum sur Deut., xxxiv, 16) et qu’il détruisit l’armée de Sennachërib (Targum sur II Par., xxxil, 21). — Mahomet, qui connaissait le rôle de Gabriel dans les Ecritures, prétendit recevoir par son intermédiaire les chapitres du Coran, ix, 1 ; xx, 7, etc. Gabriel figure aussi dans le livre d’Hénoch, comme un des grands archanges. A. Lods, Le livre d’Hénoch, in-8°, Paris, 1894,

p. 44, 53, 85, etc.
H. Lesêtre.

GAD (hébreu : Gâd ; Septante : TàS), nom d’un patriarche, d’une tribu d’Israël, d’une vallée et d’une divinité.

1. GAD, septième fils de Jacob, le premier que lui donna Zelpha, servante de Lia, né, comme Aser son frère,

. en Mésopotamie. Gen., xxx, 11 ; xxxv, 26. Pour l’origine de son nom, voir Gad 3. U occupe l’avant-dernier rang dans l’énumération des enfants du patriarche. Exod., i, 4 ; I Par., ii, 2. Il eut sept fils, Gen., xlvi, 16, qui donnèrent naissance à autant de familles. Num., xxvi, 15-18. C’est tout ce que nous savons sur sa personne. Les autres passages de l’Écriture où se trouve son nom, la prophétie de Jacob, Gen., xlix, 19, et la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 20, se rapportent à la tribu. Voir Gad 4.

A. Legendre.

2. GAD, prophète, ami de David, qui est appelé tantôt « le voyant, » hâ-hôzéh, l Par., xxix, 29, tantôt « l’inspiré » ou prophète, han-ndbf, I Reg., XXll, 5 ; IIReg., xxiir, U, ou plus spécialement, comme son titre officiel, le « voyant du roi ». II Reg., xxiir, 11 ; 1 Par., xxi, 9 ; I Par., xxii, 25 ;

II Par., xxix, 29. La première fois que nous le voyons paraître, c’est lorsque David se retire au pays de Moab devant la persécution de Saül et pourvoit à la sûreté de son père et de sa mère en les établissant à Maspha sous la protection du roi de Moab. I Reg., xxii, 5. Le prophète Gad, envoyé peut-être par Samuel, vint trouver David et lui conseilla de rentrer dans la terre de Juda. Quand plus tard David, par un sentiment d’orgueil, fit faire le dénombrement du peuple, Gad vint le lui reprocher au nom du Seigneur et le menacer d’un châtiment : seulement il lui laissa le choix entre une famine de sept ans, une guerre malheureuse de trois mois, ou une peste de trois jours. Le roi choisit le fléau du Seigneur, la peste. II Reg., xxiv, 11-15 ; I Par., xxi, 9-14. La peste s.’vit donc à Jérusalem et dans le royaume ; mais le Seigneur, touché de compassion pour le peuple et de l’humble repentir du roi, arrêta l’ange exterminateur et fit prescrire à David, par le prophète Gad, de lui élever un autel dans l’aire d’Ornan. II Reg., xxiv, 16-19 ; I Par., xxi, 15-19. — Quand Ézéchias rétablit la musique sacrée dans le temple, II Par., xxix, 25, telle que David l’avait organisée, il est rappelé que cette organisation s’était faite d’après les avis des prophètes Gad et Nathan. — La fin du premier livre des Paralipomènes, xxix, 29, signalant les sources de l’histoire de David, mentionne le livre de Gad le voyant, Dibrê Gâd hà-hôzéh. E. Levesque.

3. GAD (hébreu : hag-Gad, avec l’article ; Septante : 8ai]iôviov ; dans plusieurs manuscrits : Tu^i) ; Vulgate : Fortuna), nom d’une divinité.

I. Ce qu’était le dieu Gad. — Ce nom se rattache à. la racine gâdad, « couper, déterminer, » comme Moîpa, « Parque, » de >.tiç>ox.a. :. Il signifie donc la destinée, le sort, mais pris en bonne part et marquant par conséquent le bonheur. Gad fut employé d’abord dans un sens appellatif, comme substantif commun. On le personnifia ensuite et l’on en fit une divinité, Frd. Bæthgen, Beitràge zur semitische Religionsgeschichte, 1888, p. 77 ; mais, dans cette dernière signification, Gad est précédé de l’article : hag-Gad. Is., lxv, 11. Les deux sens sont comme mêlés et réunis dans des formules de serment usitées dans lese siècles qui précédèrent et suivirent immédiatement la naissance de Notre-Seigneur. On jurait alors par la fortune, gaddd, du roL^ comme on lit dans les Actes dés martyrs ; Act. martyr., édit. Assemani, t. i, p. 217 ; P. Smith, Thésaurus syriacus, 1. 1, col. 649 ; par la tû^r) de Séleucus ou par celle de l’empereur, etc. G. Hoffmann, dans la Zeitschrift der deutschen niorgent &ndischen GeselUchaft, t. xxxil, 1878, p. 742.

On a assimilé autrefois le dieu Gad à des planètes diverses ; aujourd’hui on s’accorde assez communément à y voir la planète Jupiter, mais cette identification ne doit pas être primitive. Gesenius, Conimentar ûber Jesaia, t. ii, p. 285-286 ; Movers, Die Phànizier, t. i, p. 174 (lui-même identifie Gad avec la planète Vénus, ibid., p. 636, à cause de Gad-Astoret mentionné dans la 3’inscription de Carthage, ibid., p. 650) ; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, 3e édit., t. i, p. 283 ; D. Chwolson, Die Ssabier, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. ii, p. 226 ; C. Siegfried, Gad-Meni, dans les Jahrbïicher fur protestantische Théologie, 1875, p. 360 ; P. Smith, Thésaurus syriacus, t. i, col. 649. Cette planète était considérée par les Arabes comme portant bonheur.

Les Grecs et les Romains transformèrent Gad en une divinité femelle : TÔ-/15, Fortuna, et la déesse devint, comme le dieu, la personnification de l’heureuse chance, de la prospérité et des succès. On la représente avec des attributs divers, , une corne d’abondance et un gouvernail, comme dans la statue du musée du Vatican (Braccio nuovo, n° 86), etc. Voir W. H. Roscher, Ausfihrliehes Lexicon der griechischen und rômischen Mythologie, t 1, 1884-1890, col. 1503-1558. Plutarque raconte, De for

Ut. rom., 4, qu’en entrant à Rome, cette déesse enleva ses ailes et sa chaussure et jeta. loin d’elle le globe qu’elle portait afin de marquer qu’elle résiderait désormais d’une manière permanente dans la ville éternelle. La Foituna différait à plusieurs égards du Gad araméen, mais ces deux divinités avaient de commun leur trait le plus caractéristique, celui de porter bonheur, c’est pourquoi saint Jérôme a traduit avec raison Gad par Fortuna. Is., LXV, 11.

II. Le dieu Gad dans l’Ancien Testament. — 1° Isaïe, lxv, 11, reprochant aux impies d’abandonner le vrai Dieu, les interpelle en disant : « Vous qui dressez une table pour Gad et remplissez une coupe pour Meni » (texte hébreu). Meni personnifiait le destin comme Gad. Voir Meni. Gad était une divinité chananéenne et araméenne. Elle ne figure point dans le panthéon chaldéoassyrien. — 2° Dès une haute antiquité, elle avait été honorée dans le pays de Chanaan, comme le prouvent les dénominations géographiques de « Baalgad », t. i, col. 1336 ; Jos., xi, 17 ; xii, 7 ; xiii, 5, et de Magdal-Gad. Jos., xv, 37. — 3° Une des familles juives qui retournèrent de Babylone en Palestine avec Zorobabel s’appelait Benê'Azgâd. I Esd., ii, .12 ; II Esd., vii, 17. 'Azgâd peut signifier : « Gad est force ou secours. » Ce nom est cependant susceptible de recevoir d’autres interprétations. D’autres noms propres hébreux où l’on a cru retrouver le nom de Gad, Num., xiii, 12 ; I Mach., ii, 2, etc., sont encore plus douteux, à l’exception de celui du fils de Jacob, qui mérite d'être examiné à part. — 4° Un certain nombre de commentateurs (voir J. Selden, De Dits Syris, in-12, Londres, 1617, i, 1, p. 2-15), veulent retrouver le dieu Gad dans le nom d’un des fils de Jacob ; ils appuient leur opinion sur le texte même de la Genèse, xxx, 11 : « Zelpha, servante de Lia, enfanta un fils à Jacob, et Lia dit :-js, ba-gad, et elle l’appela du nom de Gad. » La Vulgate traduit ba-gad par féliciter, « heureusement, » et les Septante, dans un sens analogue, par iv t-j/t, . Mais parmi les anciens Juifs, plusieurs ont décomposé le mot ba-gad en is N3, bd' Gad, « Gad est venu, » et l’ont ainsi expliqué aiio Std N3, bâ' mazal tôb, « la Bonne Fortune est venue, » c’est-à-dire un astre propice ou un démon favorable. D’après les Massorètes, ba-gad est en effet une des quinze locutions de la Bible hébraïque qui s'écrivent en un seul mot, mais qui doivent être décomposées en deux, de manière à lire ici bâ' Gad. Cette opinion est ancienne, car, dans, le Targum d’Onkelos, ce que dit Lia est interprété en chaldéen par 'afa' Gad, « Gad est venu. » Jonathas ben-Uzziel paraphrase ainsi : 'afa' Mazala' ioba', « Mazala (la Bonne Fortune) est venue. » Le Targum de Jérusalem s’accorde avec ces interprétations : 'a(a' Geda' toba', « le bon Gad est venu. » Cette explication rabbinique du nom du fils de Jacob n’est-elle pas plus ingénieuse que solide ? S’il est difficile d’en prouver la fausseté, il est aussi difficile d’en établir l’exactitude. Lia, originaire du pays d’Aram, pouvait connaître le dieu Gad et même lui rendre un culte, comme le dit saint Augustin, Qusest. in Heptat., i, 91, t. xxxiv, col. 571, mais cela n’est point démontré.

III. Culte rendu a Gad-Tyché.

Le culte de Gad fut très répandu en Syrie. Pausanias, vi, 2, 4. Il s’y maintint fort longtemps, comme le prouvent* les inscriptions recueillies dans le pays. Bæthgen, Beitràge, p. 77-78. Les Acta martyrum Orient., édit. Assemani, t. ii, p.l24 ; cf. P. Smith, Thésaurus syriacus, 1. 1, 1879, col. 650, mentionnent un bêf Gado', ou temple de la Fortune, à Samosate (voir aussi Jacques de Sarug, Homélie, trad. P. Martin, dans la Zeitschrift der deutschen morgent ândischen Gesellschaft, t. xxix, 1875, p. 138) ; les monuments épigraphiques parlent de ses prêtresses, Le Bas etWaddington, Voyage archéologique, Inscriptions, t. iii, 1870, 2413 g, comme de ses temples, Tûjnrjç îepôv, ibid., 2176 (Batanée) ; Tuxertov, ibid., 2413 f ; "2512, 2514, et de sa statue ou représentation appelée : t) Tvr/éa, ibid., 2413 h.

La même divinité apparaît sur les monnaies de plusieurs villes, à Laodicée, à Édraï (fig. 5), etc., F. de Saulcy, Numismatique de la Teire Sainte, in-4°, Paris, 1874, p. 4-5 ; 373-374 ; pl. xxiii, 1-3 ; et de plusieurs empereurs, par exemple d'Élagabale. H. Cohen, Description historique des monnaies frappées tous l’empire romain, 2e édit., 8 in-8°, Paris, 1880-1802, t. nr, p. 328, n » 46 ; cf. t. viii, p. 385. Sur une inscription bilingue de Palmyre, Gad est nommé comme le dieu protecteur de la tribu des Benê-Theima. De Vogué, Inscriptions sémitiques, in-4°, Paris, 1868-1877, n » 3. Cf. J. H. Mordtmann, Gad-Tyche, dans la Zeitschrift der deutsch. morgent . Gesellschaft, t. xxxi, 1877, p. 99-101. Plusieurs noms propres palmyréniens, ti, n » ii, rftna, Nriyia, istti, de même que phéniciens, nti, iii, Dm, Dyrn, nayrn, nyu, etc., renferment comme élément essentiel l’appellation de Gad. G. Kerber, Hebrâische Eigennamen, 1897, p. 68.

Son culte se perpétua longtemps en Syrie. Isaac d’Anticche, Opéra, xxxv, édit. Bickell, 2 in-8°, Giessen, 1873-1877, t. ii, p. 210, 211, raconte que, à son époque, on dressait encore des tables sur les toits des maisons au dieu Gad, et le Talmud mentionne aussi ces offrandes. P. Scholz, Gbtzendienst und Zauberwesen bei den alten Hebrâern, in-8°, Ratisbonne, 1877, p. 410. Du temps de saint Porphyre, évêque de Gaza, , qui fut martyrisé en 421 de notre ère, il y avait encore dans cette

5. — Gad-Tyché sur una monnaie d’tdraï. Monnaie de LuciUe, frappée à Édraï. AYrOYCTA|AOÏ"KIÀAA. Buste de LuciUe, à droite. — i^.TrXH AAP| AHNQNv Buste, à droite, tourelé, de la T15 ; <i) d'Édraï.

ville un Tychéon ou temple de la Fortune. Acta sanctorunx, februarii t. iii, p. 655, n » 64. Voir F. Vigouroux, Le dieu Gad et son culte en Orient, dans le Bulletin de l’Institut catholique de Paris, juillet 1899, p. 324-334. On honorait le dieu Gad en dressant pour lui une table et en lui offrant des libations, en faisant pour lui ce que les Latins appelèrent lectisternia. Voir S. Jérôme, Inls., lxv, 11, t. xxiv, col. 639. Aux iv’et Ve siècles de notre ère, les Juifs avaient encore, dans une partie de leur maison, un lit préparé pour Gad. Voir Chwolson, Die Ssabier, t. ii, p. 226. Un auteur arabe, En Nedlm, dans le Fihrist, t. IX, c. v, § 8, ouvrage composé en l’an 987 de notre ère, nous a laissé une curieuse description de la manière dont les Sabéens honoraient encore de son temps le dieu de la Fortune. « Au second Tischri (novembre), à partir du 21 de ce mois, dit-il, ils jeûnent neuf jours. Le dernier jour (de ce mois), le 29, est consacré en l’honneur du dieu Rab elBacht (le dieu de la Fortune ou du Bonheur). Chaque nuit (des jours de fête), ils emiettent du pain tendre, ils le mélangent avec de l’orge, de la paille, de l’encens et du myrte frais ; ils versent de l’huile dessus, remuent le tout ensemble et le répandent dans leurs demeures en disant : Voyageurs nocturnes de la Fortune ! vous avez ici du pain pour vos chiens, de l’orge et de la litière pour vos bêtes, de l’huile pour vos lampes et du myrte pour vos couronnes. Entrez en paix et sortez en paix et laissez pour nous et pour nos enfants une bonne récompense. » Voir le texte et la traduction publiés par Chwolson, dans Die Ssabier, t. ii, p. 32.

F. Vigouroux.

4. GAD, une, des douze tribus d’Israël.

I. Géographie.

La tribu de Gad occupait, au delà, c’est-à-dire à l’est du Jourdain, Num., xxxii, 32 ; Jos., XHI, 8, dans le pays de Galaad, Num., xxxii, 29 ; Deut., iii, 12, 16, le territoire compris entre Ruben au sud, et Manassé au nord. Elle avait partagé avec la première le royaume de Séhon, roi des Amorrhéens, dont elle posséda la partie septentrionale. Num., xxxii, 38 ; Jos., xiii, 8-10, 21, 27. Voir la carte.

I. limites.

Ses limites précises sont ainsi décrites par Josué, xiii, 24-28 : « Moïse donna aussi à la tribu de Gad, aux enfants de Gad selon leurs familles [la terre dont voici la division] : Leurs possessions étaient Jazer, toutes les villes de Galaad (pu plutôt la moitié de la province, comme on le dit ailleurs, Deut., iii, 12 ; Jos., xiii, 31) et la moitié de la terre des enfants d’Ammon jusqu'à Aroër, qui est en face de Rabba ; depuis Hésébon jusqu'à Râmat-ham-mispéh (Vulgate : Ramoth, Masphé) et fiétonim, et depuis Mahanaïm jusqu'à la frontière de Lidbir (Vulgate : Dabir). Dans la vallée [ils possédaient] Bétharan, et Bethnemra, et Soçoth, et Saphon, le reste du royaume de Séhon, roi d’Hésébon ; le Jourdain [formait] la limite jusqu'à l’extrémité de la mer de Cénéreth, au delà du Jourdain vers l’orient. Tel est l’héritage des enfants de Gad selon leurs familles, [avec] leurs villes et leurs villages ; » La frontière est nettement tracée de deux côtés. Au sud, elle comprend une iigne droite allant du Jourdain vers l’est et passant au-dessus d’Hesbdn. Cette ville représente, en effet, l’ancienne Hésébon, qui terminait au nord le territoire de Ruben, Jos., xiii, 17, et marquait au sud, nous venons de le voir, la limite de Gad. Il faut dire cependant que cette ligne de démarcation est ici un peu flottante, comme ailleurs du reste, par exemple entre Dan et Juda. Ainsi Hésébon, bien qu’attribuée à Ruben, Jos., xiii, 17, est néanmoins comptée parmi les villes lévitiques de Gad. Jos., xxi, 37 ; I Par., vi, 80, 81. Peut-être lui fut-elle réellement donnée plus tard, ou bien faut-il tenir compte d’une certaine indécision entre les villes frontières. Noué savons, d’autre part, que la tribu voisine possédait de ce même côté Bethjésimotb, aujourd’hui Khirbet Suéiméh, Jos., xiii, 20, Asédoth, Ayun Muça, Jos., xiii, 20, et Éléalé, El’Al. Num., xxxii, 37. À l’ouest, le Jourdain constituait la limite naturelle. Deut, iii, 17 ; Jos., xiii, 27. Gad possédait ainsi toute la plaine ou l’Arabah depuis l’extrémité méridionale du lac de Génésareth jusque près de la mer Morte. Deut., iii, 17 ; Jos., xiii, 27. Cependant la partie montagneuse qui lui appartenait n’allait pas si haut vers le nord. Le texte sacré, en effet, lui assigne, dans un passage, Deut., iii, 16, comme frontière septentrionale, le torrent de Jaboc, c’est-à-dire le Nahr ez-Zerqa, qui séparait autrefois les deux royaumes amorrhéens et devait séparer de même Gad de Manassé oriental. Mais ailleurs, Jos., xiii, 26, 30, la limite entre les deux tribus est fixée par Mahanaïm (Vulgate : Manalm). Cette localité se trouvait au nord du Jaboc. Cf. Gen., xxxii, 2, 22. Malheureusement son emplacement exact n’est pas connu. Plusieurs auteurs ont cru la retrouver sous un nom qui la rappelle assez bien, Mahnéh, à une certaine distance au nord du Nahr ez-Zerqa. Voir Mahanaïm. Si l’on adopte cette opinion, il faut donc reculer jusque-là la frontière de Gad. L’expression de Josué, xiii, 26 : « Depuis Mahanaim jusqu'à la frontière de Lidbir, » ne nous apporte aucune lumière. Voir Dabir 3, t. ii, col. 1200 ; Lodabar. De même en est-il pour celle qui indique la ligné de démarcation du côté de l’est : « Jusqu'à Aroër, qui est en face de Rabba. » Jos., xiii, 25. Rabba est bien l’ancienne Rabbath-Ammon, aujourd’hui Amman ; mais l’Aroër mentionnée ici est inconnue. Voir Aroer 2, 1. 1, col. 1021. Nous devons croire cependant que le territoire de Gad ne dépassait pas la capitale des Ammonites, puisque cette tribu n’avait reçu que « la moitié de la terre des fils d’Ammon ». Jos., xm^28. Nous marquons en pointillé

sur la carte une limite fictive, mais assez probable. Voir Ammon 4, t. i, col. 489, et fig. 119. Il faut remarquer néanmoins que plus tard elle s’agrandit assez considérablement et s'étendit « dans la terre de Basan jusqu'à Selcha », aujourd’hui Salkhad, au sud du Djebel Hauran, à l’extrême limite des possessions israélites. Cf. I Par., v, 11, 16.

IL. villes principales- — Les villes attribuées à Gad par Josué, xiii, 25, sont les suivantes :

1. Jaser (hébreu : Ya’zêr ; Septante : 'IaÇirjp) ou Jazer, Num., xxxii, 1, 3. Eusèbe et saint Jérôme, Onoriiastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 131, 264, la placent à dix milles (près de quinze kilomètres) à l’ouest de Philadelphie, c’est-à-dire Rabbath Ammon ou Ammdn, et à quinze milles (vingt-deux kilomètres) d’Hésébon ou Hesbân. On a proposé de la reconnaître dans Beit Zér’ah, à cinq kilomètres environ au nord-est d’Hesbân, à seize kilomètres au sud-ouest d’Amman. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 97. Khirbet Sâr ou Sir, à l’ouest d’Amman, répondent bien mieux aux indications de VOnomasticon.

2. Ramoth-Masphé (hébreu : Râmaf ham-tniçpéh ; Septante : 'Apotêwè xotrà ri)V Mauoviqîi). Plusieurs identifications sont proposées ici, suivant qu’on sépare ou qu’on unit les deux mots. Une opinion assez commune est en faveur d' Es-Salt ; mais elle n’a rien de certain. On trouve ailleurs Ramoth en Galaad (hébreu : Ra’môt bagGil’dd ; Septante : 'Apï)u.8 £v T>j Ta^aâB ; 'Pau.o>9 iv t » j TaXaâB) comme cité lévitique et' ville de refuge. Jos., xx, 8 ; xxi, 38 ; I Par., vi, 80.

3. Bétonim (hébreu : Betônîm ; Septante : Botocve !  ; Codex Alexandrinus, Botocviv), généralement reconnue aujourd’hui dans Batânah ou Batnéh, à quelque distance au sud-ouest d’Es-Salt. Cf. Van de Velde, Meraoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 298. Voir t. i, col. 1764.

4. Manaïm (hébreu : Mahanaim ; Septante : Maiv), citée ailleurs comme ville de refuge et donnée aux enfants de Lévi. Jos., xxi, 38 ; I Par., vi, 80. C’est peut-être Mahnéh ou Mihnéh. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places, p. 120 ; F. Buhl, Géographie des Allen Palàstina, 1896, p. 257.

5. Bétharan (hébreu : Bêp hârâm ; Septante : Cofiex Alexandrinus, Bnjôapàn), aujourd’hui Tell er-Ramêh, au nord-est de l’embouchure du Jourdain dans la mer Morte. Voir t. i, col. 1664.

6. Bethnemra (hébreu : BêfNimràh ; Septante : Boeiflava6pi), voisine de Bétharan, avec laquelle elle est toujours citée (cf. Num., xxxii, 36), se retrouve actuellement sous le nom à peine changé de Tell Nimrin, au nord de Tell ei'-Raméh. Voir t. i, col. 1697.

7. Socoth (hébreu : Sukkôf, Septante : Eûx^mûs). On propose de l’identifier avec Tell Dar’ala, au-dessus du Nahr ez-Zerqa. Cf. G. Armstrong, Names and places, p. 170. C’est problématique.

8. Saphon (hébreu : Sâfôn ; Septante : Eeeçâv). C’est V’Amatfio du Talmud (cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 249), l"Au.a806 « de Josèphe, Ant. jud., XIILxiii, 5, etc. Les uns la placent à ElHamméh, sur lés bords du Schériat el-Menddiréh ou Yarmouk, au sud-est du lac de Tibériade. Cf. Names and places, p. 180. D’autres la cherchent à Tell Amatéh, près de l’embouchure de Youadi Radjib dans le Jourdain. Cf. F. Buhl, Géographie, p. 259.

A cette liste il faut ajouter, d’après celle des Nombres, xxxii, 34-36 :

9. Jegbaa (hébreu : Yogbehâh ; Septante : (tybxrav avede) paraît bien identifiée avec El-Djubéihdt, au nord-ouest d’Amman.

Faut-il ajouter également Étroth et Sophan, qui précèdent Jazer et Jegbaa, Num., xxxii, 35? L’hébreu porte : 'Atrof Sôfdn, Il y a là une obscurité dont on te

peut guère sortir. Voir Étroth, col. 2011. Ce qui nous parait certain, c’est que les autres villes « rebâties par les fils de Gad », comme Dibon (aujourd’hui Dhibân), Ataroth (Atlàrus), et Aroër (Ard ici, N’uni., xxxii, 34, n’appartinrent pas à la tribu, niais firent partie du territoire de Ruben. Les enfants de Gad et de Huben, après avoir réclamé et obtenu la part de leur héritage à l’est du Jourdain, réparèrent et fortilièrent indistinctement les antiques cités. Le pays, resté un certain temps indivis, fut plus tard partagé, avec les limites que nous avons indiquées.

111. hèCSt Hll’TluX. — La tribu de Cad occupait ainsi, <1° dflù du Jourdain, un territoire composé de deux parties distinctes, la [daine et la montagne. I.a première comprenait l'étroite vallée qui suit le Meuve presque dans toute sa longueur depuis le lac de Tibériade jusqu'à la la mer.Morte. C’est une bande de terre profondément encaissée entre les fourrés qui bordent la rive gauche et la ligne parallèle des montagnes de l’est. Coupée dans le sens transversal par les nombreux ouadis qui descendent de ces hauteurs, elle s’enfonce de plus en plus au-dessous du niveau de la Méditerranée à mesure qu’elle avance vers le sud. Bien abritée, chauffée par un s, il' il ardent, et d’un autre cé>té rafraîchie par de nombreux cours d’eau, elle était d’une grande fertilité. Voir lliiôu, Jnt luivtN. Ile cette vallée, on monte à la zone montagneuse par des étages successifs. Dans son ensemble, celle seconde partie forme un massif qui domine le Chnr de plus de douze cents mètres, tandis que, ver* l’est, il constitue un rebord de collines à peine élevé de deux cents mètres. C’est à peu près la moitié des anciens monts de Ualaad, le nord de ce que l’on appelle aujourd’hui le Beli/ti, le sud de VAiljlïm. De nombreux ravins et torrents coupent cette chaîne. De l’oiuirfi lleabàn ou Kahr ei-'£f>ifa, on peut distinguer aux environs d.-Immuu et de Djubéilmt comme un centre d’où ils partent en sens inverse, les uns vers l’ouest ou le sudouest, les autres vers le sud. d’autres vers l’est, d’autres enfin vers le nord. Ceux de la direction orientale et septentrionale sont les affluents du Jaboc, dont le cours très long et très singulier contourne le plateau montueux en le coupant profondément. Ce torrent reçoit aussi une partie des eaux qui descendent du Djebel Adjlùn, et tombe dans le Jourdain près de l’ancien pont de Ddmiyéh, en face de (Jnrn Sartabéli. Il est bordé sur presque tout son parcours de massifs de roseaux et de lauriers roses, dont les Heurs lui donnent au printemps un riant aspect. Cependant la gorge sauvage au milieu de laquelle il roule contraste avec la beauté du plateau. Tout ce pays, en effet, oITre l’aspect d’un vrai bocage, dont les bosquets gracieusement groupés sont séparés par des champs cultivés. C’est une heureuse variété de terre arable, de pâturages et de belles forêts. Cf. L. Oliphant, The Land of Gilead, in-8°, tdimbourg et Londres, 1880, p. 197-223. À l’exception du Thabor. dont les bois sont bien diminués, des taillis du Carmel, et des fourrés de Banias, la Palestine occidentale ne présente rien qui puisse lui être comparé. Au lieu des contrées dénudées et brûlées que le voyageur traverse de l’autre côté du Jourdain, il trouve là, avec les clairs ruisseaux qui descendent des montagnes, des forêts de chênes et de térébinthes, auxquels se mêlent le sycomore, le hêtre et le figuier sauvage, des pentes escarpées couvertes de feuillage, des vallées verdoyantes. Au printemps, c’est presque partout un tapis de fleurs, anémones, cyclamens, asphodèles, etc. Cf. C. R. Conder, tlelh and }foab, in-8°, Londres, 1880. p. 102. L’ensemble du plateau est dominé par des sommets qui dépassent mille mètres. Citons seulement, au nord, le Djebel lin kart (1085 mètres), et, au centre, le Djebel Osarh (1096 mètres). Du haut de ce dernier, qui est le pic le plus élevé de la chaîne de Galaad, une vue magnifique s'étend sur le massif palestinien, la vallée du Jourdain,

le Djebel Adjlùn, jusqu’au cône de l’Uerinon. Au pied de cette montagne, vers le sud, se trouve la ville la plus importante, chef-lieu du district, Es-Hall. On renconte en plusieurs endroits des vestiges de l’antiquité préhistorique, dolmens et autres, et des ruines très intéressantes, comme à Araq el-Émir, l’ancienne Tyrtu, k Djérasch ou Gcrasa, Kliirbet Fahil ou l’ella. Voir Ualaad. On comprend, d’après ce simple aspect que nous donnons de la contrée, qu’elle ait excité l’envie des fds de Cad, riches en troupeaux. Num., xxxii, 1, 4. Aujourd’hui encore, c’est la ressource des bédouins, alors qu’il n’y a plus un brin d’herbe ailleurs.

II. Histoire.

Au moment où Jacob descendait en Egypte, les sept fils de Cad formaient le noyau de la tribu. Gen., xlvi, 16. Lors du premier recensement fait au Sinaï, elle avait pour chef Éliasaph, fils de Duel, N’um., i, 4 ; ii, 14 ; x, 20, et elle comptait 45 650 hommes en état de porter les armes. N’urn., i, 24. Elle avait sa place au sud du tabernacle avec Ruben et Siméon. N’um., it, 14. D’après l’ordre prescrit pour les marches et les campements, elle offrit à l’autel, par les mains de son prince, les mêmes dons que les autres tribus. Num., vii, 42. Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, celui qui la représentait était Guël, fils de Machir. Num., xili, 16. Au second dénombrement, dans les plaines de Moab, elle ne comptait plus que 40500 hommes ; c'était donc une perte de 5150. N’um., xxvi, 15-18. Après la conquête du territoire situé à l’est du Jourdain, Gad et Ruben, qui avaient pendant de longues années campé l’un près de l’autre et désiraient ne pas se séparer, demandèrent, comme part d’héritage, les terres de Jaier et de Galaad, propres à nourrir leurs nombreux troupeaux. À prendre leur requête à la lettre, on peut croire qu’ils désiraient s’installer immédiatement dans le district convoité, dont ils énuméraient complaisamment les villes, et qu’ils n’avaient nul souci de participer à la conquête de la Palestine. Num., xxxii, 1-5. Cet égoïsme et ce manque de patriotisme blessèrent vivement Moïse, qui leur fit de graves représentations. Alors les suppliants, rachetant leur faiblesse par une décision courageuse, promirent de marcher les premiers au combat, après avoir mis leurs troupeaux dans des parcs bien clos et leurs familles dans des villes fortes, sans doute celles qui avaient été conquises sur les Amorrhéens. N’um., xxxii, 6-27. Moïse prit acte de cette promesse, annulant la donation au cas où elle ne serait pas tenue. Après un engagement renouvelé pour la troisième fois, les deux tribus furent installées dans le pays qu’elles avaient demandé, et commencèrent par rebâtir certaines villes des plus importantes. N’um., xxxii, 2836 ; xxxiv, 14. Lorsque les Hébreux, entrés dans la Terre Promise, prononcèrent dans la vallée de Sichem les bénédictions et les malédictions, elles se trouvèrent côte à cote sur le mont Hébal pour les malédictions. Deut., xxvii, 13. Accomplissant, en effet, fidèlement leur promesse, elles avaient marché en tête des enfants d’Israël, Jos., iv, 12, et leurs possessions au delà du Jourdain furent confirmées. Jos., xiii, 24-28 ; xviii, 7. Gad fournit comme villes lévitiques : Ramoth-Galaad, Manafm, Hésébon et Jaser. Jos., xxi, 37 ; I Par., vi, 80, 81. Les guerriers transjordaniens furent licenciés avec honneur par Josué, qui leur rappela en même temps leurs principaux devoirs, recommandation utile, parce qu’i.'s s’en allaient asseï loin du centre religieux. Jos., xxif, 1-6. — Arrivés sur la rive droite du Jourdain, ils y érigèrent un autel d’une grandeur considérable. Ce fait causa dans les autres tribus cisjordaniennes une vive surexcitation : elles l’interprétèrent comme un acte de rébellion contre la loi divine, comme une véritable apostasie. Assemblées à Silo, elles envoyèrent une ambassade en Galaad. Les délégués protestèrent contre ce qu’ils regardaient comme un grave attentat aux droits de Dieu, attentat qui risquait d’amener sur le reste du fc

peuple de cruelles représailles. Les accusés protestèrent énergiquement de la pureté de leurs intentions, et expliquèrent leur conduite en disant que, loin de vouloir se séparer de Jéhovah et de leurs frères, ils n’avaient songé au contraire qu'à revendiquer et assurer pour l’avenir leur union étroite avec Dieu et le reste d’Israël. L’incident fut doife conclu pacifiquement, et « les enfants de Ruben et les enfants de Gad appelèrent l’autel qu’ils avaient bâti : Témoin entre nous que Jéhovah est Dieu ». Jos., xxii, 7-34. — Lorsque David était caché dans le désert, à Odollam ou à Engaddi (cf. I Reg., xïii, 1, 4 ; xxiv, 1-2), des hommes de Gad, très forts et excellents guerriers, vinrent lui offrir leur concours. I Par., xii, 8-15. — La tribu fournitaussi son contingent pour l'élection royale de David à Hébron. I Par., xii, 37. — Vers la fin du règne de Jéhu, elle succomba, comme les autres tribus transjordaniennes, sous une invasion victorieuse d’Hazaël, roi de Syrie. IV Reg., x, 32, 33. — Elle prit part avec elles à une expédition contre les Agaréniens, I Par., v, 18, 19, et avec elles fut emmenée en captivité par les Assyriens. I Par., v, 26. — Lorsqu’elle fut ainsi déportée, les Ammonites, ses voisins, s’emparèrent de son territoire et de ses villes, crime que Dieu leur reprocha vivement et ne laissa pas impuni. Jer., xlix, 1. — Dans le nouveau partage de la Terre Sainte, d’après Ezéchiel, Gad occupe la dernière place au. sud. Ezech., xlviii, 27, 28. Dans sa reconstitution idéale de la cité sainte, le même prophète, xlviii, 31, met à l’ouest « la porte de Gad », avec celles d’Aser et de Nephthali. — Enfin saint Jean, Apoc, vii, 5, cite Gad entre Ruben et Aser.

III. Caractère.

L’esprit guerrier de Gad, son rôle dans la conquête de la Terre Promise, sa vaillante activité contre des voisins envahissants, une bravoure mêlée de fierté, tous ces caractères sont marqués, bien que d’une manière générale et parfois obscure, dans la prophétie de Jacob et la bénédiction de Moïse. La première, Gen., xlix, 19, renferme une suite très remarquable de jeux tle mots sur Gad :

Gâd gedûd yegûdénnù

Vehû' yagùd 'âqèb.

Gad, la foule [des ennemis, sous ses pieds] le foule,

Mais lui, [a son tour, ] sous son talon les foulera.

On sait que "l’est du Jourdain fut longtemps opprimé par les Ammonites, mais que Jephté fut un puissant libérateur. Jud., x, 8, 17 ; xi, 4-33. La bénédiction de Moïse n’est pas moins expressive. Deut., xxxiii, 20, 21.

Béni soit Celui [Jéhovah] qui met Gad au large !

Gomme le lion il est couché,

Il déchire l'épaule et la tête [de sa proie].

Il a vu [choisi] pour lui les premiers [du pays],

Car là était réservée la part du chef.

Il marche à la tête du peuple,

Exécute les justices de Jéhovah.

Et ses arrêts à l'égard d’Israël.

Gad est donc le lion oriental, comme Juda est le lion occidental. Gen., xlix, 9. Il a su se tailler une belle part dans « les prémices » du pays conquis, c’est-à-dire l’est du Jourdain, faisant bonne garde contre les tribus arabes, qui voulaient envahir le territoire d’Israël. Il a vaillamment marché à la tête du peuple pour la conquête de Chanaan. Ses qualités guerrières sont parfaitement exprimées dans ces paroles : « De Gad accoururent auprès de David, lorsqu’il était caché dans le désert, des hommes forts et d’excellents guerriers, maniant le bouclier et la lance, ayant un visage de lion, agiles comme les chèvres des montagnes… Le moindre pouvait résister à cent, le plus vaillant à mille. » I Par., xii, 8, 14. Les exploits de ces héros gadites sont rappelés, I.Par., xii, 15, par une simple et rapide allusion à un fait qui était resté dans toutes les mémoires : « Ce sont eux qui traversèrent le Jourdain au premier mois (abib ou nisan,

mars ou avril), lorsqu’il a coutume de déborder sur ses rives (à la suite des pluies printanières et à la fonte des neiges de l’Hermon) ; ils mirent en fuite tous ceux qui demeuraient dans les vallées tant à l’orient qu'à l’occident. » Les tribus transjordaniennes étaient d’ailleurs renommées pour leur valeur guerrière, cf. I Par., v, 18, que dut exciter et développer le voisinage des

Arabes pillards. Voir Jephté.
A. Legendre.

5. GAD (VALLÉE DE) (hébreu : ffem^nahal hag*Gâd ; Septante : ^ çapâfï TâS), vallée mentionnée à propos d’Aroër, ville située au delà du Jourdain. II Reg., xxiv, 5. Le texte présente ici certaines difficultés qu’on trouvera expliquées à l’article Aroer 2, t. i, col. 1025.

    1. GADARÉNIENS##

GADARÉNIENS (grec rata^vot'), Marc, v, 1 ; Luc, viii, 26, 37 (texte grec). Voir Géraseniens.

    1. GADDEL##

GADDEL (hébreu : Giddel ; Septante : KeSéS ; Codex Alexandrinu8 : r155r{k), chef d’une famille de Nathinéens dont les membres revinrent de la captivité avec Zorobabel, I Esdr., ii, 47. Dans la liste parallèle de II Esdr., vu, 49, il estappelé Geddel par la Vulgate. Voir Geddel 2.

1. GADDI (hébreu : Gaddi ; Septante : TaSSi), fils de Susi, de la tribu de Manassé, fut un des douze espions envoyés par Moïse pour explorer Chanaan. Num., xiii, 12 (hébr., 11).

2. GADDI (hébreu : hag-Gâdî ; Septante : 6 TeSSî), nom dont la Vulgate, I Par., xii, 8, semble faire un nom de lieu, alors que c’est un mot ethnique désignant les hommes de la tribu de Gad. Il s’agit des guerriers qui vinrent offrir leur concours à David, réfugié dans le

désert. Voir Gad 4 et Gadi t.
A. Legendre.
    1. GADDIS##

GADDIS (Septante : VaSSk), surnom de Jean, un des frères de Judas Machabée. I Mach., ii, 2. TaSSiç parait être avec une terminaison grecque (cf. accusatif TaSSiv dans Josèphe, Ant. jud., XIII, i, 2) le nom hébreu Gaddi, >u, « fortuné. »

    1. GADER##

GADER (hébreu : Gédér, « mur ; « Septante : TaSÉp), ville de Palestine, dont le roi fut vaincu par Josué au moment de la conqdête. Jos., xii, 13. Elle se trouvait dans la partie méridionale, comme le prouvent évidemment les aatres cités au milieu desquelles elle est mentionnée, Gazer, Dabir, Herma, Héred. Elle paraît identique à une localité de la tribu de Juda appelée, I Par., ii, 51, Bethgader (hébreu : Bêf-Gâdêr, « maison de la muraille » ). Voir t. i, col. 1685. On l’identifie tantôt avec Gédor (hébreu ? Gedôr), de la même tribu, Jos., xv, 58, aujourd’hui Djédur, à l’ouest de la route qui conduit de Bethléhem à Hébron, à peu près à égale distance des deux ; tantôt avec Gédéra (hébreu : hag-Gedèrâh), située dans la Séphélah, Jos., xv, 36 (voir Gédéra) ; parfois même avec Gidéroth (hébreu : Gedêrôt), dans la même plaine, et appartenant également à Juda. Jos., xv, 41. Faute de renseignements, le choix est difficile à faire.

A. Legendre.
    1. GADÉROTH##

GADÉROTH (hébreu : hag-Gedêrôf, au pluriel et avec l’article, « les parcs à brebis ; » Septante : Codex Vatieanus, Takrifm ; Codex Alexandrinus, rorôï]p<à(l), ville de Palestine, située dans la Séphélah et prise par les Philistins sous le règne d’Achaz. II Par., xxviii, 18. Elle est appelée Gidéroth, dans la Vulgate, Jos., xv, 41 ; mais le nom hébreu est le même, Gedêrôt, sans l’article ; Septante : TeSoiûp. Dans ce dernier passage, elle est mentionnée parmi les villes du second groupe de « la plaine », après Églon (Khirbet 'Adjldn), Chebbon (ElrQubéibéh), Léhéman (Khirbet el-Lam) et Cethlis (inconnue). Voir la carte de la tribu de Juda. Elle est distincte de Gédéra (hébreu : hag-Gedêrâh) et de Gédérothaïm (hébreu i 33 GADÊROTH — GAÉLIQUES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES 34

Gedêrô(dîm), qui disaient partie du premier groupe. Jos., xv, 36. On a voulu l’identifier avec Qatrah, village situé au sùd-est de Yebna. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 410 ; R. von Riess, BibeUAtlas, 2e édit., 1887, p. 12. Mais c’est

plus bas, croyons-nous, qu’il faut chercher l’emplacement de Gadêroth.
A. Legendre.
    1. GADÉROTHITE##

GADÉROTHITE (hébreu : hag-gedêrâfi ; Septante : i raBapoe8eie(|i ; Vulgate : Gaderothites), natif de Gader, de Gador ou de Gédéra. Parmi les Benjamites qui abandonnèrent le parti de Saül et se joignirent à David, le texte sacré nomme « Jézabad le Gadérothite ». I Par., xii, , 4. Il est difficile de déterminer où était située la ville dont Jézabad était originaire. Elle devait être dans la tribu de Benjamin. Cf. I Par., xii, 2. Or les villes nommées dans l'Écriture Gader, Gédéra, Gadêroth, Gédor (excepté probablement Gédor de I Par., xii, 7, qui devait être en Benjamin) étaient de la tribu de Juda. Gedêrdh, signifiant en hébreu « parc de troupeaux », était d’ailleurs un nom de lieu assez commun en Palestine. Quelquesuns pensent que Jézabad était originaire du village actuel de Djédiréh près A’EUDjïb (Gabaon). Palestine Exploration Fund, Memoirs, t. iii, p. 9-10.

    1. GADGAD##

GADGAD (hébreu : Hôr hag-Gidgâd, « la caverne de Gidgad, » Num., xxxiii, 32 ; hag-Gudgôdâh, avec hé local, Deut., x, 7 ; Septante : tô opo ; TaSyâS, « la montagne de Gadgad, » Num., xxxiii, 32, 33 ; taSyàà, Deut., x, 7 ; Vulgate : mons Gadgad, Num., xxxiii, 32 ; Gadgad, Deut., x, 7), une des stations des Israélites dans leur marche vers le pays de Chanaan. Num., xxxiii, 32 ; Deut., x, 7. Elle est placée après Benéjaacan, Num., xxxiii, 32 ; après Moséra, Deut., x, 6, 7. Voir Moséroth, Moséra. Les Septante et la Vulgate en ont fait une « montagne », en lisant iii, har, au lieu de iii, Jfôr.

Il règne une très grande obscurité dans toutes les stations mentionnées à partir du Sinaï. Tout ce que nous savons, c’est que Gadgad n’est séparée que par deux campements, Jétébatha et Hébrona, d’Asiongaber, -ville située à la pointe septentrionale du golfe Èlanitique. Num., xxxiii, 32-35. Il est probable qu’elle se trouvait au-dessus, non loin de l’ouadi Arabah. Les voyageurs signalent dans ces parages, à l’ouest, une -vallée appelée ouadi el-Ghudhâghidh, qui rejoint, dans la direction du sud-ouest au nord-est, l’ouadi el-Djerâfêh. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 181, et la carte. On pourrait voir nn certain rapprochement entre l’hébreu Tins, Gidgad, niVii, Gudgôdâh, et l’arabe, _J » iL « » àJ, EUGhud hdghid ; mais il n’est pas sans difficultés, et il est bon de n’y pas trop insister, bien que les données scripturaires puissent plus ou moins appuyer la convenance

topographique.
A. Legendre.

GADI, nom ethnique et nom d’un Israélite.

1. GADI (hébreu : hag-Gâdi ; Septante : Codex Vatvcanus, ulô ; raXaaêBe !  ; Codex Alexandrinus, vbt Ta&Sl), donné dans la Vulgate, de Gadi, comme la patrie de Bonni, un des vaillants guerriers de David, signifie en réalité Gadite, c’est-à-dire descendant de Gad. II Reg.,

rail, 36.
A. Legendre.

8. GADI (hébreu : Gâdî ; Septante : Taôôii ; Codex Alexandrinus, reSSeî), père de Manahem, roi d’Israël. IV Reg., xv, 14, 17.

    1. GADITE##

GADITE (hébreu : hag-gâdi, Deut., iii, 12, 16 ; iv, 43 ; Jos., xxir, 1, 9, etc. ; Septante : i VàS, <5 TaSSi, oî viol Tiê ; Vulgate : Gaditse, Jos., i, 12 ; xii, 6 ; xxii, 1 ; I Par., xii, 8 (voir Gaddi 2), xxvi, 32), descendant de Gad. Voir Gad 1, col. 23. — Un Gadite, nommé Bonni, estmentionné II Reg., xxiii, 36. Voir Gadi 1 et Bonni 1, t. i,


col. 1846. — Nous apprenons, I Par., xi, 8, 14, que des Gadites, guerriers vaillants, allèrent se joindre à David dans le désert, quand il fuyait Saûl. La Vulgate a traduit inexactement, I Par., xii, 8, de Gaddi, comme si c'était un nom de lieu, au lieu de traduire Gaditee. Voir Gaddi 2, col. 32.

    1. GADOR##

GADOR (hébreu : Gedôr ; Septante : répapa), ville mentionnée une seule fois dans l'Écriture à propos des migrations de la tribu de Siméon. I Par., iv, 39. Les Siméonites, resserrés entre les Philistins et Juda, cherchèrent, comme les Danites, à étendre leurs possessions. « Ils partirent donc, dit le texte sacré, pour entrer dans Gador jusqu'à l’orient de la vallée, et chercher des pâturages pour leurs troupeaux. Ils en trouvèrent de fertiles et d’excellents, et une terre très spacieuse, paisible et fertile, où s'étaient établis des gens de la postérité de Cham. Ces hommes… vinrent donc sous le règne d'Ézéchias, roi de Juda ; ils renversèrent leurs tentes, et tuèrent ceux qui y habitaient (d’après l’hébreu, les Me'ûnîm), et ils en sont demeurés jusqu'à présent les maîtres, s’y étant établis à leur place, à cause des pâturages très gras qu’ils y trouvèrent. » I Par., iv, 39-41. Rien dans ce récit ne nous permet de déterminer la position de Gador. Il n’est pas probable cependant qu’elle soit identique à Gédor de Juda, Jos., xv, 58, aujourd’hui Khirbet Djédur, à l’ouest de la route qui va de Béthléhem à Hébron. Outre que le site ne paraît guère convenir, il est peu croyable que les enfants de Siméon aient fait des conquêtes de ce côté. La mention des Méonnites (Me'ûnîm) ou habitants de Maon, ville située aux environs de Pétra, ferait supposer que l’expédition eut lieu dans la direction du sud-est, conjecture que pourrait appuyer le récit de la seconde expédition, I Par., iv, 42, si elle se rattachait à la première. Quelques historiens et critiques contemporains, entre autres H. Ewald, Geèchichte des Volkes Israël, Gœttingue, 1864, t. i, p. 344, préfèrent la leçon des Septante, qui ont lu m », Gerâr, au lieu de mi

Gedôr, La confusion se comprend à cause de la ressemblance des lettres, et Gérare, au sud de Gaza, est bien connue dans la Bible pour ses pâturages. D’autres regardent ce changement comme peu vraisemblable et ce territoire comme peu conforme aux limites des possessions de la tribu de Siméon. Cf. C. F. Keil, Chronik,

Leipzig, 1870, p. 72.
A. Legendre.
    1. GAÉLIQUES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES##


GAÉLIQUES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES. — Le gaélique est une des deux branches du celtique. De même que l’autre branche, le britannique, comprend trois grands rameaux distincts (breton armoricain, breton gallois et breton comique), de même le gaélique se divise actuellement en deux grands rameaux, le gaélique d’Ecosse et le gaélique d’Irlande, auxquels il faut ajouter le dialecte moins important de l'île du Man. L’histoire des versions gaéliques de la Bible peut se diviser en trois périodes, correspondant aux trois grandes phases de la langue et de la littérature des Gaëls : une période de formation, qui va du vnie siècle environ après Jésus-Christ jusqu’au xie ; une période de transition, qui s'étend du xi' au xvie siècle environ ; et la période moderne, qui va du xvi° siècle jusqu'à nos jours.

I. La période de formation, ou du gaélique ancien, ne contient pas de versions suivies proprement dites, mais un certain nombre de fragments épars, qui sont conservés, ordinairement sous forme de gloses plus ou moins étendues, dans divers manuscrits, principalement liturgiques ou bibliques. Voici les plus importants. — 1. Le plus ancien fragment connu de la littérature gaélique consiste dans les nombreuses gloses d’un commentaire latin sur les Psaumes qui se trouve à la bibliothèque Ambrosienne de Milan. Ce manuscrit est coté C. 301, et remonte au viiie siècle. Un certain nombre de

III. - 2

ces gloses ont été publiées par Zeuss et Ebel, Grammatica celtica, Berlin, 1853, p : 1063-1071 ; par Nigra, dans la Revue celtique, t. i, p. 60-84 ; et par M. Whitley Stokes, Goidelica, old and early-niiddle-irish gloses, prose and versé, Londres, 1872, 2e édit., p. 20-51. Depuis, une édition complète du manuscrit a été publiée par M. Ascoli, dans VArchivio glottologico italiano, t. v, Tome et Turin, 1878-1889. — 2. La bibliothèque de l’Universiti de Turin contient un manuscrit du commencement du ixe siècle, écrit par un scribe irlandais, et qui renferme le texte latin d’un commentaire sur saint Marc, avec des gloses, les unes latines, les autres gaéliques. Ce document a été publié par Nigra, Glossse hibernicse veteres codicis taurinensis, Paris, 1869 ; par W. Stokes, Goidelica, ' Londres, 1872, p. 3-13 ; et par Zimmer, dans ses Glosste hibernicse, Berlin, 1881, p. 199le nom de Psautier de saint Caimin, qui appartient aux franciscains de Dublin, ne remontent pas, comme le croient plusieurs savants irlandais, au MF ni même au vin » siècle, mais sont d’une époque plus tardive, le si » siècle probablement. Voir la^ Revue celtique, janvier 1886, p. 96. — 4. The old-irish glosses at Wûrsburg, edited with a translation and glossarial index, by Whitley Stokes, Part ii, The glosses and translation, Londres, 1887. Cette publication contient les gloses gaéliques, importantes et nombreuses, qui se trouvent dans un manuscrit de saint Paul, conservé à Wurzbourg, et qui paraît être du xi » ou xe siècle ; mais les gloses sont antérieures comme rédaction à cette date paléographique, et remontent au ixe ou même au viiie siècle. Elles ont été écrites, sous forme de commentaire des Épitres, par un moine Irlandais, qui semble avoir tiré son travail, du moins en grande partie, d’un ou de plusieurs commentaires latins plus anciens. Il avait certainement sous les yeux les œuvres de son compatriote Pelage, car il en cite quelques extraits latins. Tout porte à croire que le texte gaélique a d’ailleurs d’autres sources, dont la détermination précise éclairciràit sans doute bien des passages obscurs de la glose. Ajoutons que les gloses de Wurzbourg ont d’abord été publiées, du moins pour la plupart, dans la Grammatica celtica de Zeuss, Berlin, 1853 ; et, quelque temps après, par Zimmer, dans ses Glossse Hibernicse, Berlin, 1881 ; mais Ces éditions sont incomplètes et contiennent beaucoup de mauvaises lectures. En outre, M. W. Stokes a reproduit, dans son édition, la plus grande partie du texte latin des Épitres, ' tel que le donne le manuscrit de Wurzbourg, au lieu que M. Zimmer a seulement copié les passages de la Vulgatè qui correspondent aux gloses gaéliques. L'édition de ce dernier ne contient d’ailleurs pas la traduction du texte gaélique, et ne peut dès lors servir qu’aux celtistes ; tandis que M. Stokes a ajouté une traduction anglaise à sa publication. — 5. Un court fragment de gaélique ancien, l’Oraison dominicale, se trouve dans le Leabhar Breac (folio 124), manuscrit important de Dublin dont nous reparlerons tout à l’heure, et qui est du xiv> siècle. Mais le texte de l’Oraison dominicale est certainement antérieur de plusieurs siècles au manuscrit qui le contient, car on "y trouve un exemple de pronom infixe, ro-n soer, « délivre-nous. » — 6. Un des livres liturgiques les plus anciens de l'Église d’Irlande, le Liber Hymnorum, contient aussi un grand nombre de formules et de traits bibliques. Le Liber Hymnorum, ou recueil d’hymnes latins et gaéliques, est conservé dans deux manuscrits, dont le plus important est de la fin du XIe siècle, mais a été exécuté lui-même sur un manuscrit plus ancien. La haute antiquité de ces textes résulte de ce fait, que les hymnes gaéliques n'étaient plus compris des Irlandais eux-mêmes an xie siècle, comme on le voit par le grand nombre de glosés qui en expliquent ou cherchent à en expliquer lés obscurités. D’ailleurs, la langue même de ces pièces

liturgiques nous reporte, par ses archaïsmes, & la date des plus anciens morceaux gaéliques, ceux du viiie siècle. Les deux manuscrits du Liber Hymnorum sont à Dublin, au collège de la Trinité et chez les franciscains. Ils ont été publiés pour la première fois par le D r Todd, Book of Hymns of the ancient Irish church, Dublin, fasc. i, 1855 ; fasc. ii, 1869. La publication, qui était restée inachevée, a été heureusement complétée par une savante édition du même ouvrage, due aux soins de MM. Bernard et Atkinson, The Irish Liber Hymnorum, 2 in-8°, formant les tomes xiii et xiv de la collection Bradshaw, Dublin, 1897. L'édition comprend un index des citations bibliques, t. i, p. 211-213. La partie gaélique de ce recueil avait d’ailleurs été éditée au complet par M. WStokes dans ses Goidelica, 2e édit., Londres, 1872 ; et par Windisch, dans ses Irische Texte, Leipzig, 1880. Des 48 morceaux liturgiques que comprend le Liber Hymnorum, l’hymne de Colman est peut-être le plus biblique. Écrit dans le genre de ce qu’on a appelé plus tard des « pièces farcies », c’est-à-dire en un mélange de latin et de langue vulgaire, il contient une foule d’invocations bibliques, qui rappellent les prières analogues qu’on récite pour les agonisants. — 7. Un fragment d’un traité sur les Psaumes en gaélique ancien, a été publié par M. Kuno Meyer sous le titre de Hibernica minora, being a Fragment of an old-irish Treatise on the Psalter, Oxford, 1894. Ce volume fait partie des Anecdota Oxoniensia, Texts, documents and extracts, mediœval and modem séries, part. viii. Il a été publié d’après le manuscrit 512, Bawlison B, de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, qui est du XVe siècle, mais qui procède lui-mèmed’un texte original remontantau viiie siècle, d’après M. Kuno Meyer. Ce traité gaélique sur les Psaumes a une certaine importance, surtout par son antiquité. — 8. Sous le titre de Hibemica, M. W. Stokes a publié, dans la Revue de Kuhn, Zeitschrift fur vergleiçhende Sprachforschung, t. xxxi, 232-255, un recueil de gloses et de divers textes gaéliques très courts, qu’il a tirés en grande partie de trois manuscrits bibliques, à savoir : un commentaire des Psaumes, manuscrit palatin 68 de la bibliothèque Vaticane, qui est du yiiie siècle ; un évangile dé saint Matthieu, côté Mp. th. ꝟ. 61, ^ la bibliothèque de Wurzbourg, et qui est du vme ou IXe siècle ; un commentaire latin sur Job, qui forme le n° 460 du fonds Laud dans la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, et qui est du XIe ou xiie siècle. — 9. Sans être absolument biblique, le Félire Œngusso, ou martyrologe d'Œngus le Culdée, doit être noté ici, parce qu’il contient, dans le prologue et surtout l'épilogue, une foule de traits et d’invocations bibliques. Le Félire, qui est écrit sous forme de poème, est conservé dans des manuscrits du XIVe siècle ; mais le texte est de beaucoup plus ancien, et remonte certainement au Xe ou même au IXe siècle. Voir la Revue celtique, août 1881, p. 99. Il a été publié par M. W. Stokes, d’abord dans les Transactions of the Royal I)nsh Academy, Dublin, 1876 ; puis, en volume détaché, sous le titre : The Calendar of Œngus, text, translation, glossarial index, and notes, Londres, 1880. — 10. Le Livre d’Armagh, manuscrit du IXe siècle, qui appartient au collège de la Trinité de Dublin, contient un certain nombre de gloses et notes gaéliques relatives au Nouveau Testament. Elles ont été publiées par le P. Hogan, dans son ouvrage : Documenta de sancto Patritio Hibernoi-um apostolo, ex libro Amiachano ; Pars II a, Dublin, 1890. Quelques-unes d’entre elles avaient déjà été éditées par M. W. Stokes, dans son article Hibernica, paru dans la Revue de Kuhn, loc. cit. M. Stokes a donné également une description savante et détaillée du Livre d’Armaghdans l’ouvrage The tripartite life of Patrick, with other ; documents relating to that saint, Londres, 1887. Voir l’Introduction, p. xc-xcix. — 11. Notons encore de courts fragments dans le Traité sur la Messe, qui se

trouve à la fin du Missel de Stowe, manuscrit liturgique datant en partie du viiie siècle, et en partie du Xe. Voir Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 148. Ce Missel a été publié par Warren, The Liturgy and ritual of the Celtic church, Oxford, 1881, p. 207gaéliques du livre, The Irish passages in the Stowe Missal, Calcutta, 1881. — 12. Enfin à Cambridge, dans la bibliothèque de Saint-John’s Collège, il existe un psautier latin manuscrit du Xe siècle, qui contient des gloses gaéliques. Elles ont été publiées, d’abord par M. W. Stokes, Goidelica, 2e édit., p. 58-60 ; puis par -Zimmer, Glosste Bibernicse, p. 209-211.

II. La période du gaélique moyen, ou période de transition, qui va du xie siècle, environ, jusqu’au xvi », ne contient pas davantage de versions bibliques proprement dites ; mais elle est cependant plus riche que la période précédente, comme littérature biblique générale. Il serait d’ailleurs difficile, à l’heure actuelle, de donner la liste complète des morceaux bibliques, attendu qu’un grand nombre sont encore en manuscrit et ont été jusqu’ici peu ou point étudiés. Voici seulement les principaux par ordre chronologique. — 1. Entre le xi « et le XIVe siècle, il y a peu de chose. Notons cependant, dans, le British Muséum, le manuscrit 1802 du fonds Harléien, petit in-4° de 156 feuillets, écrit à Armagh, l’an 1139, par le scribe irlandais Mælbrigte Hua Mælunaig, et qui contient d’abord le texte latin des quatre évangiles, apparenté de très près à la Vulgate, avec quelques gloses gaéliques ; puis surtout quatre poèmes gaéliques : le premier, sur les Mages ; le second, sur le Christ et ses apôtres ; le troisième, sur leur mort ; le quatrième, en vers mnémoniques, sur la guerre qui éclata entre la tribu de Benjamin et les autres enfants d’Israël. Notons encore la Vision d’Adamnan dans le Leabhar na huidhre (Livre de la vache brune), manuscrit du xiie siècle, à la bibliothèque de l’Académie royale d’Irlande, à Dublin. La Vision d’Adamnan est un morceau religieux, rempli de formules bibliques sur le ciel et l’enfer. Cette pièce a été publiée par M. W. Stokes, Simla, 1870, et par M. Windisch, dans les Irische Texte, Leipzig, 1880. Le même manuscrit contient quelques sermons et homélies, dont une, entre autres, sur le jugement dernier, donne à peu près tous les passages de l’Évangile ayant trait au jugement, avec des textes de saint Paul et de l’Apocalypse. Cette homélie a été publiée, pour la première fois, dans la Revue celtique, t. iv, p. 245-255, par M. W. Stokes.

— 2. Au xive siècle, on trouve une histoire d’Israël dans un manuscrit volumineux et important, le Leabhar Breac (livre tacheté), à la bibliothèque de l’Académie royale d’Irlande, aujourd’hui cote 23, P. 16, et auparavant 40.6 de l’ancien fonds de l’Académie. Ce manuscrit, qui est une compilation de morceaux bibliques et religieux, a été publié sous le titre suivant : Leabhar Breac, the « Speckled Book », otherwise styled Leabhar tnor Duna Doighre, the « great Book of Dun Doighre », a collection of pièces in Irish and Latin, compiled front ancient sources about the close of the fourteenth ccntury : now for the first time published from the original manuscript in the library of the Royal Irish Academy, part, i, Dublin, 1872 ; part. ii, Dublin, 1875. Cette publication est un fac-similé lithographique exécuté sous la direction de M. Gilbert, qui contient, outre l’histoire d’Israël, p. 113-132, une histoire abrégée du Nouveau Testament, p. 132-150 ; et, çà et là, des sermons, des homélies, des Passions remplis de textes bibliques. La Passion de Jésus-Christ, qui est à la page 160, n’est pas autre chose qu’une traduction de l’Évangile apocryphe de Nicodème. Au reste, il est difficile de dire sur quel texte ces passages bibliques ont été directement traduits. Les savants qui ont étudié le Leabhar Breac, n’ont pas, jusqu’ici, porté suffisamment leur attention sur ce point. M. YI. Stokes semble croire à une traduc tion faite sur la version latine antéhiéronyniienner Revue celtique, t. ii, p. 382. Peut-être, d’ailleurs, selon plusieurs celtistes, ces différents passages ne seraient-ils que des fragments d’une version gaélique plus ancienne de la Bible. En attendant une étude d’ensemble sur cette question, on consultera avec fruit le travail que M. R. Atkinson a récemment consacré aux Passions et aux homélies du Leabhar Breac, sous ce titre : The Passions and the Homilies from Leabhar Breac ; text, translation and glossary, Londres, 1887. Ce volume contient la reproduction des textes gaéliques, p. 41-275 ; la traduction anglaise de ces textes, p. 277-514 ; un glossaire gaélique-anglais, p. 515-910. Voir dans la Bévue celtique, janvier 1888, p. 127-132, une appréciation de cet ouvrage par M. d’Arbois de Jubainville. Dans la même Revue, t. ii, p. 381-383, M. W. Stokes donne une liste, d’ailleurs incomplète, des homélies du Leabhar Breac. D’autres textes de ce manuscrit qui contiennent, des légendes relatives à l’enfance de Jésus-Christ, sont imités ou traduits des évangiles apocryphes. Ils ont été publiés par le P. Hogan, avec une traduction anglaise, dans le t. vi des Todd Lectures séries, sous le titre de Homilies and legends from Leabhar Breac, Londres, 1895. — 3. Après le Leabhar Breac, le manuscrit biblique le plus important du XIVe siècle est le Leabhar Buide Lecain, « livre jaune de Lecan, » que possède la bibliothèque du collège de la Trinité, à Dublin. Il est coté H. 2.16, et a 958 colonnes. On y trouve un résumé de l’histoire de l’Ancien Testament, p. 62 et suiv., 281et suiv., ainsi que la Passion du Christ, simple traduction de l’évangile apocryphe de Nicodème, p. 141 et suiv., comme celle du Leabhar Breac. Voir, pour l’analyse du manuscrit, O’Curry, Lectures on the manuscript materials of ancient Irish History, Londres, 1861, p. 190-192. — 4. Au XIVe siècle appartient encore le manuscrit 23. P. 12, autrefois 41.6, dans l’ancien fonds de l’Académie royale d’Irlande, à Dublin. Il est connu sous le nom de Livre de Ballymote, et contient aussi, avec quelques variantes de rédaction, l’histoire d’Israël, qui se trouve dans le Leabhar Breac. — 5. Au XIVe siècle également, remonte le manuscrit que possède la bibliothèque de l’Université de Rennes. C’est un in-quarto de 125 feuillets. La première partie contient divers morceaux religieux plus ou moins bibliques, et notamment une homélie qui commence par un récit de la création et des premiers temps du monde, traduit librement de la Genèse ; un recueil de sentences sur la patience, tirées de saint Jacques, saint Paul, Job, les Nombres, l’Ecclésiaste, le Lévitique, le Deutéronome et Isaïe ; un recueil de sentences sur la charité, tirées des mêmes auteurs ; enfin un autre recueil de sentences sur les peines de l’enfer, tirées d’Isaïe, de l’Ecclésiaste, de saint Matthieu, saint Luc et les Actes des Apôtres. Voir, dans la Revue celtique, janvier 1894, une analyse détaillée de ce manuscrit, par G. Dottin. — 6. Parmi les manuscrits du xve siècle, les principaux sont : le n » 23. P. 3, autrefois Hodge and Smith 142, à la bibliothèque de l’Académie royale d’Irlande, à Dublin, qui contient une Vie de Jésus-Christ et une Vie de la Sainte Vierge ; le manuscrit côté V, par Gilbert, dans l’ouvrage où il a catalogué les manuscrits du couvent des franciscaines de Dublin, Fourth report of the royal Cor » mission on historical manuscripts, Dublin, 1874 ; on y trouve une Vie de Jésus-Christ. Un manuscrit plus important est le n°l du fonds celtique de la Bibliothèque Nationale, à Paris, qui a été décrit par Todd dans les Proceedings of the Royal Irish Academy, Dublin, 1846, t. iii, p. 223-229. Il contient, dans la première partie, fol. 1-8, sous le titre : Stair claindi Israël, une histoire abrégée du peuple juif, qui commence par ces mots : « Voici la détermination, le récit et le commencement de l’histoire du second âge du monde. » Ce morceau, qui a été écrit en 1473, d’après une note du manuscrit,

est le même, avec quelques variantes, que celui du livre de Ilallymote. La seconde et la quatrième partie, fol. 8-9 et 22-29, contiennent, sous le titre : Enseigner ment du roi Salorhon, plusieurs passages de l’Ecclésiaste et de la Sagesse. Dans la cinquième partie, fol. 30-57, il y a plusieurs homélies sur des vies de saints, avec-des passages bibliques, et surtout sous forme de Vie de Joseph d’Arimathie, une traduction de l’Évangile apocryphe de Nicodème, plus complète que celle qui a été publiée par Atkinson. La septième partie, fol. 74-117, contient également diverses homélies, avec des citations bibliques ; la Vision d’Adamnan, dont nous avons parlé plus haut ; et d’autres morceaux qui se trouvent pour la plupart dans Atkinson, The Passion and the HomiUes front Leabhar Breac, Londres, 1887. Voir une analyse détaillée de ce manuscrit par M. d’Arbois de Jubainville, dans la Revue celtique, octobre 1890, p. 390-404.

III. La troisième période du gaélique, ou gaélique moderne, a ceci de particulier, qu’elle se divise en deux branches principales, dont chacune a. sa littérature à part, et, par conséquent, des versions de la Bible qui sont distinctes. Dans les deux périodes précédentes, c’est l’Irlande qui était le point de départ du mouvement intellectuel gaélique, et c’est à elle que revient l’initiative de la littérature biblique dont nous avons résumé l’histoire. Mais, à partir du XVIe siècle, les troubles politiques et surtout religieux qui accompagnèrent l’établissement de la Réforme, dans les lies Britanniques, déterminèrent une scission parmi les populations de langue gaélique. Il y eut les Gaëls d’Irlande et les Gaëls de l’Ecosse occidentale, ou Higklanders (habitants des hautes terres). C’est à la langue de ces derniers qu’on réserve ordinairement, dans l’histoire littéraire de la Grande-Bretagne, le nom de gaélique proprement dit. Le gaélique d’Irlande est plus communément appelé l’irlandais. Venant d’ailleurs de la même souche, les deux langues ont entre elles la plus étroite affinité.

Gaélique d’Irlande.

Un certain nombre de

morceaux-bibliques sont encore en manuscrit. Ainsi, par exemple, une Vie de Jésus-Christ, remontant au xvi » siècle, est signalée. comme faisant partie de la collection Stowe, dans le catalogue publié par O’Conor sous le titre Bibliotheca manuscripta Stowensis, a descriptive catalogue of the manuscripts in the Stowe library, Buckingham, 1818. Cette collection est devenue, en 1849, la propriété de lord Ashburnham qui l’a cédée, croyons-nous, en 1883, au British Muséum. Une autre Vie de Jésus-Christ, composée au xviie siècle, est contenue dans le manuscrit n » 28 de la bibliothèque des franciscains de Dublin. On signale également des parties bibliques dans les manuscrits 18.205 Additional, 137 Egerton, E. H. Cottonian Vespasian du British Muséum, tous du xvi » siècle. Voir d’Arbois de Jubainville, Essai d’un catalogue de la littérature épique de l’Irlande, précédé d’une étude sur les manuscrits en langue irlandaise conservés dans les îles Britanniques et sur le continent, Paris, 1883.

La première version imprimée est celle du Nouveau Testament, à la fin du xvie siècle. Elle fut entreprise, vers 1574, par John Kearney, trésorier de l’église Saint-Patrick à Dublin ; Nicolas Walsh, plus tardévêque d’Ossory ; et Néhémie Dovellan, qui devint archevêque de Tuam en 1595. Mais des difficultés de diverse nature les empêchèrent de terminer leur travail ; et ce fut William O’Donnell, successeur de Dovellan sur le siège archiépiscopal de Tuam, qui mit la dernière main à cette traduction, avec l’aide de Mortogh O’Cionga, plus connu sous le nom de King. L’ouvrage, fut imprimé en 1602, en caractères irlandais, et tiré à cinq cents exemplaires, in-fol., sous le titre suivant : An Twmna Nuad ar dtigearna agus ar slanuigteora Josa Criosd, air na larruing go firinneach as an ngreigis ngdarac, « Le

Nouveau Testament de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Ghrist, traduit exactement de l’original grec, i Dublin, 1603. C’est au même William O’Donnell qu’on doit la traduction irlandaise des parties bibliques du Book of Common Prayer, qui parut en 1608.

La version de l’Ancien Testament fut entreprise, quelques années après, par Bedell, un linguiste distingué, qui avait appris l’hébreu à Venise, sous la direction d’un rabbin très instruit, pendant qu’il était chapelain de sir Henry Wotton. Élevé en 1629 au siège épiscopal de Kilmore et Ardagh, Bedell, qui ne savait pas l’irlandais, se mit aussitôt à l’apprendre ; et, peu après, il pouvait commencer son travail. Sur le conseil du primat d’Irlande, Jacques Usher, il s’était d’ailleurs assuré le concours de King, qui avait déjà collaboré à la traduction du Nouveau Testament, ainsi que du Rév. Denis O’Sheriden. Le travail fut mené assez vite, et il était à peu près terminé en 1640. On se disposait à l’imprimer, quand de sérieuses difficultés survinrent qui a Tétèrent la publication. L’exactitude de la traduction était contestée, et le travail de King spécialement attaqué. Bientôt le peuple s’en mêla, et une émeute força Bedell et sa famille à quitter le pays. Il mourut en 1641, chez son ami O’Sheriden, en lui confiant son manuscrit.

Les troubles politiques et religieux qui agitaient alors la Grande-Bretagne empêchèrent longtemps d’imprimer l’ouvrage. Ce fut seulement en 1680, lorsque la première édition du Nouveau Testament fut complètement épuisée, qu’on se décida à la réimprimer et à publier en même temps laversion de Bedell. Un gentilhomme de Londres, Robert Boyle, avança les fonds nécessaires, et le D’André Sali fut chargé de reviser le manuscrit, de concert avec le D r Higgins, professeur au collège de la Trinité, à Dublin. Sali, étant venu à mourir en 1682, fut remplacé par Réilly, et le travail de revision fut continué sous la haute direction du D r Marsh, qui devint ensuite primat d’Irlande. De cette manière, la version de Bedell parut enfin en 1686, sous ce titre : Leabair an tsean Twmna, air na dtarruing on teanguid ugdarac go gaidlig, tre curam agus saotar an doctur Bedel, roime easppg Cillenwire a n’Erin, « Les livres.de l’Ancien Testament traduits, du texte original en gaélique, paroles soins et le travail du D r Bedel, jadis évêque de Kilmore, en Irlande, » in-4°, Londres, 1686. L’édition fut tirée à cinq cents exemplaires, dont deux cents étaient destinés aux Gaëls de l’Ecosse occidentale. La version irlandaise de la Bible par Bedell et O’Donnell est restée depuis lors la plus populaire dans cette partie de l’Ecosse. À la fin du xviii » siècle, en 1790, on publia une seconde édition de la Bible irlandaise ; mais elle était en caractères romains ordinaires, et spécialement destinée aux Higklanders de l’Ecosse. En 1799, le D r Stokes fit faire un tirage à part de saint Luc et des Actes des Apôtres, suivi en 1806 d’une édition spéciale des quatre Évangiles et des Actes, avec une traduction anglaise en face du texte irlandais. La « Société biblique britannique et étrangère » publia également, à partir de 1809, plusieurs éditions complètes ou partielles, de la Bible irlandaise. Ces publications ne sont guère que la reproduction plus ou moins fidèle de la version de Bedell et O’Donnell. Notons encore la traduction de la Genèse et de l’Exode par Convellan, Londres, 1820 ; et par Mac Haie, devenu plus tard archevêque catholique de Tuam, Dublin, 1840.

Gaélique d’Ecosse.

Le premier livre imprimé

en gaélique écossais est le livre de prière intitulé The Book of common order, plus connu sous le titre John Knoafs Liturgy, Edimbourg, 1567. C’est à la demande des Réformés d’Ecosse, qui voulaient propager, 1a doctrine "de Knox, dans les endroits où le peuple ne comprenait ni l’anglais ni le latin, que cet ouvrage fut traduit en gaélique, par Jean Carswell, surintendant d’Argyll et des lies Hébrides pour l’Église presbytérienne. Ce

livre, qui contient une foule de sentences et de prières publiques, a été réimprimé à Edimbourg, en 1873, par Thomas Mac Lauchlan, un des celtistes les plus compétents de la Grande-Bretagne. C’est seulement en 1659 qu’on trouve la première version biblique proprement dite, sous ce titre : An ceud chaogad do schalmaibh Dhaibhidh, ar a tarruing as an eabhra a meadar dhana ghaoidhile, « Les 50 premiers Psaumes de David, traduits de l’hébreu en vers gaéliques. » Cette version, publiée à Glasgow, fut l’oeuvre du synode d’Argyll, lequel ordonna de chanter ces Psaumes dans les églises et les familles où le gaélique était en usage. En 1684, parut à Edimbourg une nouvelle version des Psaumes, cette fois complète, sous ce titre : Psalma Dhaibhidh a n’meadrachd, do reir an phrionik-chanamain, « Les Psaumes de David en vers, d’après le texte original. » Cette traduction est de Robert Kirk, « ministre de l’évangile du Christ à Balguhidder. » On la désigne communément sous le nom de « Psautier de Kirk ». En 1694 fut terminée la version commencée par le synode d’Argyll. Elle est intitulée Sailm Dhaibhidh a meadar dhana ghaodheilg, do reir na heabhra, agus na translasioin is fearr a mbèarla agus nladin, Edimbourg, 1715, « Les Psaumes de David en vers gaéliques, d’après l’hébreu et les meilleures traductions faites en anglais et en latin. » Deux autres éditions de cet ouvrage parurent à Glasgow, en 1738 et 1751. Comme la traduction laissait à désirer sur certains points, le synode d’Argyll la fit reviser par Alexandre Macfarlane, ministre presbytérien de Kilmelfort et de Kilninver, Glasgow, 1753. À cette version revisée on ajouta ça et là, sous forme d’hymnes et de paraphrases, quarante-cinq morceaux bibliques en vers, choisis dans les différentes parties de l’Écriture. Le choix et la composition de ces différents morceaux fut l’œuvre d’une commission nommée par l’assemblée générale de l’Église presbytérienne. Macfarlane les traduisit d’ailleurs, comme le reste. Cet ouvrage eut de nombreuses éditions à Glasgow, à Perth, à Inverness, à Edimbourg. Quelques années après, en 1767, paraissait -a Edimbourg la première version complète du Nouveau Testament, sous le titre suivant : Tiomnadh nuadh ar Tighearna agus ar slanuighir Josa Criosd, eidir-theangaichf o’n ghreugais chun gaidhlig albannaich, maille ri sedlannaibh aith-ghearra chum a chan’ain sin a leughadh, « Le Nouveau Testament de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, traduit du grec en gaélique d’Ecosse, avec une méthode pour lire facilement cette langue. » Cette version est l’œuvre de James Stewart, ministre presbytérien de Killin. Elle fut faite sur l’initiative et aux frais de la Société établie en Ecosse pour la propagation de la religion réformée. En 1796, parut une seconde édition de cette version par Stewart, fils du précédent, qui revisa et modifia quelque peu l’œuvre de son père. Trois éditions successives parurent ensuite, également à Edimbourg, mais sans changement notable, en 1813, 1819 et 1821. Celles qui ont suivi, en assez grand nombre, jusqu’en 1860, soit à Edimbourg, soit à Londres, à Perth et à Inverness, n’ont guère fait que reproduire l’une ou l’autre de ces premières éditions. La plus ancienne version complète de l’Ancien Testament remonte à 1783, du moins pour la première partie, qui contient le Pentateuque. Leabhraiche an Tseann Tiomnaidh air an tarruing o’n cheud chanain chum Gælic albannaich, ann an ceithir earrannaibh, « Les Livres de l’Ancien Testament traduits de la langue originale en gaélique d’tcosse, en quatre parties, » Edimbourg, 1783-1801. Cette version est l’œuvre de John Smart, ministre presbytérien de Luss, à l’exception des Prophètes, qui furent traduits par John Smith, ministre de Campbeltown, Edimbourg, 1786. Elle parut à la demande et sous le patronage de la société qui est connue sous le nom de Society for the Propagation of the Christian Knowledge through the Eighlands and

Islands of Scotland. Une édition révisée de cette version fut publiée, à la demande de la même société, par Alexandre Stewart, ministre de Dingwall, en collaboration avec J. Stuart, ministre de Luss, Edimbourg, 1807. La même année, parut à Londres la première Bible gaélique complète, sous ce titre : Leabhraichean an Tseann Tiomnadh agus an Tiomnadh Nuadh, air an tarruing o na ceud clianuineabh chum gælic albanaich. Cette version, qui fut faite pour la Société biblique de Londres, passe généralement pour une reproduction de celle d’Edimbourg, 1807, en ce qui concerne du moins l’Ancien Testament. Il y a pourtant quelques différences entre les deux, notamment pour les Prophètes, où l’éditeur, Daniel Dewar, a suivi la traduction de Smith, de préférence à celle d’Alexandre Stewart. En 1820, une nouvelle revision de la Bible fut décidée par l’assemblée générale de l’Église presbytérienne, et confiée aux deux ministres presbytériens John Stuart et Alexandre Stewart. Mais ceux-ci moururent tous deux l’année suivante, après avoir mené leur travail seulement jusquau premier livre des Rois. L’œuvre fut alors confiée à une commission, dont les principaux membres étaient Heming, Anderson, Macleod, Graham, Irvine, John Stewart, Mac’Neil, Dewan. La version ainsi révisée parut à Edimbourg, en 1826. On fit aussi une édition spéciale des Psaumes « pour être chantés dans le service divin », selon la formule imprimée à la suite du titre, Edimbourg, 1826. Précédemment, le synode d’Argyll avait autorisé la publication d’une nouvelle traduction des psaumes par J. Smith, sous ce titre : Sailm Dhaibhidh maille ri laoidhean o’n Scrioptur naomha, chum bhi air an sein ann an aora’Dhia, « Les Psaumes de David, avec des hymnes tirées des saintes Écritures, pour être chantées dans le service divin, » Edimbourg, 1787. L’ouvrage contenait aussi cinquante hymnes bibliques, le Credo, l’Oraison dominicale et les dix commandements, en vers, avec des tons pour chanter les psaumes. La version de Smith a eu, depuis cette époque, de nombreuses éditions à Edimbourg, Glasgow et Inverness. L’une d’elles porte ces mots en sous-titre : A new gælic version of the Psalms of David, more adapted to Christian worship and to the capacity of ptain and illiterate persans, Glasgow, 1801. — Une autre version des psaumes, assez répandue en Ecosse, est celle de Thomas Ross, ministre presbytérien de Lochbroom, qui est intitulé : Sailm Dhaibhidh ann an Dan Gaidhealach do reir na heabhra agus an eadartheangaichaidh a’s fearr an laidin, an gaidhlig, ’s an gaill-bheurla, & Les Psaumes de David mis en vers gaéliques, d’après l’hébreu et les meilleures versions latines, gaéliques et anglaises, » Edimbourg, 1807. A cette traduction on joignit plus tard les hymnes et le psautier de Macfarlane, Inverness, 1818 ; Glasgow, 1830. Cette dernière édition, qui fut publiée par Francis Orr, est ordinairement désignée sous le nom de « Psautier de Ross ». — En 1800, parut à Edimbourg une version du Livre des Proverbes, sous ce titre : Leabhar nan gnath-fhocal, air a thionndadh o’n cheud chanain chum gælic albannaich. C’est un extrait de la première version de l’Ancien Testament. En 1815, parut à Glasgow la traduction de l’évangile de saint Luc, à l’usage des écoles et des collèges. Le texte gaélique est accompagné de la version anglaise ordinaire, qui se trouve en regard. C’est également en vue des élèves et des étudiants écossais qu’on publia l’ouvrage suivant : Earrannan do na Scriobtuiribh air an cur n’a cheile air son sgoilean, « Morceaux choisis de la Bible, à l’usage des écoles, » Edimbourg, 1825. — La seconde moitié du XIXe siècle n’a guère vu paraître que des éditions revisées des traductions précédentes par différents ministres de l’église presbytérienne, entre autres Maclachlan, Clark, Neil et Dewar. Il n’y a à signaler qu’une version catholique dii Nouveau Testament, sous ce titre : Tiomnadh nuadh, m GAÉLIQUES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES — G AL À AD 44

ar tighearna agus ar slanair Josa Criosta, air a thionrtdadh as an laidinn gu gaidhlig, « Le Nouveau Testament de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, traduit du latin en gaélique, » Aberdeen, 1875. Cette version, qui parut avec l’approbation des évêques d’Ecosse, est l’œuvre du P. Mac-Eachain, et a été publiée par le P. Grant, nommé plus tard évoque d’Aberdeen, et par le P. Macintosh.

Gaélique de Vile du Man.

La version la plus

importante de ce dialecte, et même, croyons-nous, la seule traduction complète de la Bible est intitulée : Yn Chenn Conaant, as yn Conaant Noa, « L’Ancien Testament et le Nouveau Testament, » Londres, 1819. Cette publication est l’œuvre de la Société biblique. Parmi les traductions partielles de la Bible, on peut signaler celle du Cantique des Cantiques qui a paru dans les Celtic Hexapla, in-folio de 63 feuillets, Londres, 1858. Des six versions parallèles que contient ce volume, la troisième est eh mannois, la seconde en gaélique d’Ecosse, et la première en gaélique d’Irlande. Voir Bretonnes (Versions), t. i, col. 1927. Une version mannoise partielle des épîtres et des évangiles lus à la Messe se trouve aussi dans les Liherieu hag Avieleu, or the catholic epistles and gospels for the day up to Ascension. .. into the brehonec of Brittany, also in three other parallel columns a new version of the same into gælic or tnanx or cernaweg, by Christoll Terrien and Charles Waring Saxton, in-folio de 70 feuillets, Londres, Trûbner, sans date.

Voir Eugène O’Curry, Lectures on the manuscript materials of ancient Jrkh History, Londres, 1861 ; Dublin University Magazine, Dublin, octobre 1867 ; John Reid, Bibliotheca Scoto-Celtica, or an account of ail the books which hâve been printed in the gælic language, in-8°, Glasgow, 1833. J. Bellamy.

GAGE (hébreu : hâbôl et hàbôlâh, de hâbal, « prendre en gage ; v’âbôt, de’abat, « donner en gage ; » ârubbdh - et’êrdbôn, de’àrab, « donner en gage ; » Septante : èvexûpa<r|ia, hs.x^Ç>a< ! [>.6(, àppaëwv ; Vulgate : pignus, arrhabo), objet d’une certaine valeur donné en garantie de l’exécution d’une promesse ou du paiement d’une dette.

I. À l’époque patriarcale. — Juda, prenant sa bru Thamar pour une femme de mauvaise vie, lui promet un chevreau de son troupeau, et, sur sa demande, lui donne en gage son cachet, son cordon et son bâton. Thamar représente ensuite ces gages pour se faire reconnaître et échapper au châtiment. Gen., xxxviii, 16-25.

II. Sous la loi mosaïque.

La législation.

Diverses

raisons pouvaient obliger certains Israélites à emprunter de l’argent. Il était recommandé de ne point se montrer dur à leur égard et de leur prêter ce dont ils avaient besoin. Deut., xv, 8. Mais il était en même temps défendu de réclamer un intérêt pour l’argent ainsi prêté. Exod., xxii, 25 ; Lev., xxv, 37 ; Deut., xxiii, 30. Pour que le prêteur se décidât à aliéner son argent durant un temps donné, il fallait donc au moins qu’il reçût de l’emprunteur une garantie. La loi avait prévu le cas, et elle autorisait le prêteur à se faire remettre ungage. En même temps, elle prenait des mesures pour défendre l’indigent contre les exigences exagérées du prêteur. Celui-ci n’avait pas le droit de pénétrer dans la maison de l’emprunteur pour y saisir ce qui était à sa convenance. Il devait se tenir à la porte, et c’est là que le gage lui était présenté. Deut., xxiv, 10, 11. On ne pouvait prendre en gage les objets de première nécessité, le vêtement de la veuve, Deut., xxiv, 17, les deux meules, ni même la meule de dessus, sans laquelle il devenait impossible de moudre le blé. Deut., xxiv, 6. Si l’emprunteur se trouvait dans un dénuement tel qu’il n’eût que son manteau pour s’abriter contre la fraîcheur des nuits, on devait le lui rendre le soir, sans doute pour le reprendre le lendemain matin. Exod., xxii, 25 ; Deut.,

xxiv, 12, 13. Ces quelques prescriptions indiqua : 3nt assez l’esprit de la loi et servaient de base pour résoudre les difficultés relatives aux emprunts sur gages. — 2° La pratique. — Les Juifs du temps de Néhémie engagent leurs champs, leurs vignes et leurs maisons pour avoir du blé dans un temps de disette. II Esdr., v, 3. Parfois, des hommes durs et malhonnêtes prenaient en gage les vêtements de leurs frères, sans motif suffisant, Job, xxii, 6, et en faisaient un scandaleux étalage. Am., ii, 8. Ils allaient même jusqu’à saisir le bœuf de la veuve, l’âne de l’orphelin, les ustensiles du pauvre. Job, xxiv, 3, 9. D’autres fois, bien que remboursés, ils ne rendaient pas le gage. Ezech., xviii, 12. La chose devint si commune à une époque, qu’Ezéchiel, xviii, 7, 16 ; xxxiii, 15, caractérise l’homme de bien en disant qu’il rend les gages au débiteur qui s’est acquitté. — On se portait caution, en fournissant un gage à la place de l’emprunteur ou en répondant pour lui. Les auteurs sacrés ne favorisent pas cet usage. Voir Dette, 3° et 4°, t. ii, col. 1394-1395.

III. Le gage spirituel.

Saint Paul dit à plusieurs reprises que le Saint-Esprit nous a été donné comme gage. II Cor., i, 22 ; v, 5 ; Eph., 1, 14. C’est un bien présent qui nous garantit la possession d’un bien futur, la gloire éternelle. Dans le même sens, l’Église appelle la sainte Eucharistie futurse glorix pignus, en se référant aux paroles de la promesse. Joa., vi, 51, 54.

H. Lesêtre.
    1. GAHAM##

GAHAM (hébreu r Gaham ; Septante : r « a|x.), fils de Nachor, le frère d’Abraham. C’est un des quatre enfants qu’il eut de Roma sa concubine ou épouse de second rang. Gen., xxii, 24. On n’est pas parvenu à retrouver les traces de la tribu dont Gaham fut le père.

    1. GAHER##

GAHER (hébreu : Gahar ; Septante : Tâek et TaBi^ ; Codex Alexandrinus, Taâç>), chef d’une famille de Nathinéens dont les membres revinrent de la captivité avec Zorobabel. I Esdr., ii, 47 ; II Esdr., vii, 49.

    1. GAÏUS (riïoç)##


GAÏUS (riïoç), nom, dans le texte grec du Nouveau Testament, de quatre chrétiens dont l’un, originaire de Corinthe, Rom., xvi, 23 ; I Cor., i, 15, est appelé Catus par la Vulgate (voir t. ii, col. 47) ; elle a conservé pour les trois autres la lorme grecque Gaïus.

1. GAIUS, Macédonien, compagnon de saint Paul, qui fut saisi par les Éphésiens, avec Aristarque, son compatriote, lorsque Démétrius souleva les habitants de cette ville contre l’apôtre des Gentils. Act., xix, 29. Plusieurs commentateurs l’ont confondu, mais sans raison suffisante, avec Caïus de Corinthe. On ne sait plus rien de son histoire.

    1. GAÏUS de Derbé##


2. GAÏUS de Derbé, en Lycaonie, compagnon de saint Paul dans son dernier voyage à Jérusalem. Act., xx, 4. C’est le seul fait connu de sa vie.

3. GAIUS, chrétien d’Asie Mineure, selon toutes les probabilités. Saint Jean lui adressa sa troisième Épitre, III Joa., 1, et il y fait l’éloge de son zèle et de sa charité à" exercer les devoirs de l’hospitalité envers ses frères. Plusieurs l’ont identifié avec Gaïus de Derbé ou même avec Gaïus le Macédonien, mais comme cette identification ne repose que sur la similitude de nom, elle est peu probable, le nom de Gaïus ou Caïus étant très commun dans tout l’empire romain.

    1. GALAAD##

GALAAD (hébreu : Gil’âd ; Septante : r<xXa<iô), .nom de trois personnes, d’un monument élevé par Jacob, d’une ville, et d’une contrée montagneuse.

    1. GALAAD##


1. GALAAD, fils de Machir, lequel était fils de Manassé et petit-fils de Joseph. U fut le père de la famille des

Galaadites. Num., xxvi, 29 ; I Par., ii, 21, 23 ; I Par., vn, 14. D’après Jos., xvii, 3, il était père de Hépher. Le livre des Nombres, xxvi, 30-33, et la liste de I Par., vii, 15-17, donnent avec des variantes tous ses enfants.

    1. GALAAD##


2. GALAAD, père de Jephté, qu’il eut, non de sa femme légitime, mais d’une prostituée. Jud., xi, 1, 2.

    1. GALAAD##


3. GALAAD, fils de Michaël et père de Jara de la tribu de Gad. Il était descendant de Buz dont les familles habitaient le centre du pays de Galaad. I Par., v, 14-16.

    1. GALAAD##


4. GALAAD, nom donné par Jacob au monument ou cippe élevé par lui, dans la montagne du même nom, à son retour de Haran.

Histoire.

Après vingt années de séjour au pays

de sa mère, Jacob s’était déterminé à retourner dans la terre de Chanaan où il était né, prenant avec lui toute sa famille. Trois jours après, Laban, son beau-père, ayant appris cette fuite, se mit à sa poursuite et l’atteignit aux monts de Galaad. L’accord s’étant fait entre eux, Laban proposa un pacte et l’érection d’un monument qui en serait la preuve et le mémorial. Jacob accepta, et aussitôt il choisit un bloc de pierre et l’érigea en monument. Laban appela ce tas en araméen sa langue Yegar Sâhâdûfâ’, « monceau-témoin ; » Jacob le nomma Galaad hihi gal’êd) dont la signification en hébreu est la

même. Gen., xxxi, 47. « Laban dit, continue le texte sacré : Ce monceau (h gai) est témoin h ?’éd) aujourd’hui entre moi et toi. » Pour cela il fut appelé Gal’êd et encore ham-Mispâh, « l’observation, » parce qu’il avait ajouté : « Jéhovah observera /*]ï> îséf), lorsque

nous nous serons séparés. Si tu maltraites mes filles et que tu prennes d’autres femmes à côté d’elles, personne [de nous] ne sera là, mais Dieu le verra et il sera témoin entre moi et toi. » Et Laban dit [encore] à Jacob : « Tu vois ce monceau (gai), tu vois ce monument, je les ai établis témoins (êd) entre moi et toi. Témoin est ce monceau, témoin est ce monument que je ne les dépasserai pas pour aller vers toi et que tu ne les dépasseras pas pour venir vers moi dans des intentions mauvaises. Que le Dieu d’Abraham, que le Dieu de Nachor, le Dieu de nos pères soit juge entre moi et toi. » Jacob fit serment sur l’honneur de son père Isaac ; il égorgea des animaux sur ces montagnes et il invita ses parents à manger. Ils mangèrent et ils passèrent la nuit dans ces montagnes. Gen., xxxi, 54-55. Le traducteur de la Vulgate a laissé, sans les rendre, les mots du ꝟ. 49 : et encore ham-Mispdh parce qu’il avait dit, qui suivent « il fut appelé Gal’êd > ». Les Septante les ont traduits par cette phrase peu intelligible : %a ô’pairtç îjv elitev, et Visio quam dixit. Le Targum d’Onkélos traduit ham-Mispâhpar Sekkûfâ’. La plupart des interprètes considèrent Mispâh comme un nom propre employé simultanément avec Galaad. Ce monument, selon Josèphe, avait la forme d’un autel. Ant. jud., i, xix, 11. Il était sans doute de la nature de ces innombrables monuments qui se trouvent presque à chaque pas dans tout l’ancien pays de Galaad, et sont désignés sous le nom de dolmens, menhirs ou cromlechs. Il paraît être devenu, après l’occupation du pays par les Israélites, un but de pèlerinages et Jephté y alla prier le Seigneur. Jud., xi, 11. Des abus se mêlèrent ensuite à ce culte contre lesquels s’éleva avec force le prophète Osée, vi, 8 ; cf. v, 1 (hébreu).

Situation.

L’identité de la montagne de Galaad

où Jacob éleva le monceau de pierres commémoratif du même nom, avec la montagne de Galaad occupant le territoire des tribus Israélites transjordaniennes, ne peut être douteuse. La parenthèse du ꝟ. 48 du même chapitre xxxi de la Genèse, indique qu’il s’agit des mêmes monts de Galaad appelés ultérieurement ainsi chez les Hébreux. Les autres passages du Pentateuque où Galaad

est nommé, supposent la même identité. Ces montagnes sont celles appelées aujourd’hui le Djebel’Adjlûn et le Djebel es-Salf, les premières au nord du Zerqa’, les secondes au sud.

La stèle de Jacob devait être située au nord du Zerqa’, l’ancien Jaboc. Jacob, venant du nord, ne l’avait pas encore franchi. Le targum arabe de R. Sa’adiâh traduit ordinairement Galaad par DjérdS, mais il semble avoir en vue la contrée de Djérâs en général et non un point particulier. Le versetcité du texte hébreu, 49, parait identifier Galaad avec Maspha ; peut-être ce dernier nom est-il celui qui fut donné au territoire où se trouvait le cippe et à la localité qui l’occupa. Plusieurs voyageurs modernes croient reconnaître Maspha dans Sûf, nom porté par un village distant de sept kilomètres au nordouest de Djérâs. Voir Armstrong, Names and Places in the old Testament, in-8°, Londres, 1887, p. 127. DjérâS et Sûf sont au nord du Zerqa’. Le campement de Jacob quand il éleva le monceau de Galaad était à l’est du lieu appelé ensuite Mahanaïm, car c’est après avoir quitté Galaad pour se diriger vers le Jaboc et le Jourdain qu’il arriva en cet endroit. Une ruine appelée aujourd’hui Mahnéh, située à dix kilomètres au nord-ouest de Soûf, semble garder l’ancien nom de Mahanaïm et indiquer au moins la région où se trouvait ce lieu. Le chemin venant de la contrée de Damas et des plaines du Haurân, pour gagner la vallée du Jourdain, atteint les montagnes près de ffoson, dans le district de’Adjlûn, à vingt-deux kilomètres au nord de Soûf. De là, il prend la direction du sud-sud-ouest pour gagner Mahnéh et’Adjlûn, . en passant à dix kilomètres au nord de Sûf et à douze ou quinze de Djérâs. C’est la route qu’a dû suivre Jacob. C’est sur ce chemin, entre Hoson et Mahnéh, et peut-être au point le plus rapproché de Soûf, que l’on doit, semble-t-il, chercher le lieu de campement de Jacob et celui du monceau de pierres qu’il y érigea. Ces pays ont été fort bouleversés et la tradition locale ne paraît pas avoir gardé le souvenir de ce monument. Voir Galaad 3 et 4, Mahanaïm, Maspha en Galaad et Mésopotamie.

L. Heidet.

    1. GALAAD##


5. GALAAD, ville de la contrée transjordanienne du même nom. — On lit, Jud., xii, 7, dans la Vulgate et les Septante : « Jephté le Galaadite jugea Israël six ans, puis mourut et fut enseveli à Galaad sa ville. » Le prophète Osée, vi, 8, qualifie « Galaad ville (qiryaf) d’opérateurs d’iniquité, toute souillée de sang ». De ces deux passages un grand nombre de commentateurs concluent à l’existence d’une ville du nom de Galaad ; plusieurs autres la nient. — 1° D’après les premiers, l’Écriture est claire et formelle. Le texte hébreu actuel porte, il est vrai, Jud., XII, 7 : vay^yqqâber be’arê Gil’âd, « il fut enseveli dans les villes de Galaad ; » les massorètes ont à tort confondu T avec > : la lecture ancienne devait être celle qui est attestée par les traductions : be’îrô Gil’ad, « dans sa ville Galaad. » Le passage d’Osée serait suffisant pour témoigner de l’existence d’une Ville de ce nom. Eusèbe et saint Jérôme l’affirment également. Après avoir parlé des monts de Galaad, Eusèbe ajoute : « Il y a encore dans le mont Liban une ville [appelée] Galaad, située dans la même montagne [de Galaad] ; elle fut enlevée aux Amorrhéens par Galaad, fils de Machir, fils de Manassé. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 140. La traduction de saint Jérôme est un peu différente : « Galaad… c’est de cette montagne que la ville qui y a été bâtie a pris son nom. » De titu et nominibus loc. hebr., t. xxiii, col. 898. L’existence de Maspha de Galaad, en tant que ville, est du reste indubitable et l’identité de Maspha et de Galaad est indiquée Gen., xxxi, 49 (texte hébreu). Voir Galaad 2. Le nom de la ville de Galaad, selon plusieurs, serait sans relation avec le nom du monument élevé par Jacob ; il lui aurait été donné par Galaad, fils de Machir, qui l’aurait fondé ou occupé le premier après la conquête ; et il n’y -47

GALAAD

43

aurait pas à les chercher au même lieu. Ed. Castell, Lexicon heptaglotton, Londres, 1669, t. i, col. 562. — 2° D’autres interprètes nient que la Bible indiqué l’existence d’une ville appelée Galaad. D’après eux, le passage des Juges doit se traduire : « Jephté fut enseveli dans une des villes de Galaad, » ou « dans sa ville [qui est] en Galaad ». Galaad serait un génitif. La ville de Jephté, c’est Maspha, Jud., xi, 34 ; elle ne peut avoir été appelée en même temps Galaad.

Josèphe, Ant. jud., V, vii, 12, traduisant textuellement le passage Jud., xii, 7, appelle la ville de Jephté, où il fut enseveli, Eeësrjc, Sebée ou Sévée. Ce nom est sans doute celui usité de son temps, dérivant par corruption de Maspha. Dans le passage d’Osée, le mot qiriaf, civitas, peut être employé comme collectif, pour toutes les villes de Galaad. Peut-être encore au lieu de Galaad faut-il lire Galgala : c’est la leçon donnée par Théodoret, In Ose., t. xxxi, col. 1585. Le témoignage d’Eusèbe et de saitt Jérôme sur ce point n’est pas celui d’une tradition locale ; ils reproduisent seulement la lecture admise par eux des passages cités ;, ils ont pris à tort, Num., xxxii, 39, le nom de Galaad pour celui d’une ville, il y est questicn de tout le pays alors occupé par les Amorrhéens. Bonfrère, In librum Jud., dans Migne, Cursus Scriptwæ sacrx, t. viii, col. 925, et dans Onomaslicon urbium et locorum Scripturse sacrée, édit. Jean Clerc, Amsterdam, 1707, p. 80, note 7 ; Math. Polus, Synopsis criticorum, Francfort-sur-le-Main, 1712, t. i, In Gènes., col. 1066 ; t. iii, In Ose., col. 1603.

Ces opinions ne sont pas inconciliables. Si les deux passages cités de la Bible permettent la controverse, l’existence d’une Maspha en Galaad est indéniable. Les versets comparés de Gen., xxxi, 49 (hébreu) ; Jud., xi, 11 ; Osée, v, 1 (hébreu), et vi, 8, à cause de la vénération religieuse qui y est constatée à l’égard de Maspha et de Galaad, autorisent à croire, bien qu’ils n’en donnent pas la certitude, Maspha de Jephté où il va prier, Maspha tt Galaad d’Osée identiques à Mispâh de Gen., xxxi, 49. S’il s’agit de ce Maspha, il a pu être appelé à l’occasion Galaad, quoique ce ne fût pas son nom propre et ordinaire, parce que, sur son territoire, s’élevait le monument commémoratif appelé Galaad. Deux ruines conservent aujourd’hui ce même nom : le khirbet Gil’âd, situé à dix kilomètres au nord d’es-Salt et le khirbet Gil’ûd, situé environ trois kilomètres plus au nord ; toutes deux sont sur les collines qui s’abaissent peu à peu vers le Zerqa’, du côté du sud. Elles ne peuvent avoir d’autre rapport avec le Gal’êd-Mispàh que le nom ; le site de celui-ci doit, selon toute vraisemblance, se chercher au nord du Zerqa’, l’ancien Jaboc. Aucun document n’empêcherait mais aucun n’autoriserait non plus d’identifier avec l’une ou l’autre de ces ruines le Galaad d’Osée et le Galaad-Mispah de Jephté. Il faut en dire autant des diverses localités avec lesquelles les géographes modernes identifient souvent Ramoth de Galaad et Ramoth-ham-Mispâh, selon eux identiques aussi à Maspha de Jephté et à Galaad d’Osée. Ce prophète ne donne aucune indication et celles du livre des Juges sont peu précises. Voir Maspha, Ramoth de Galaad et Ramoth-Masphé.

L. Heidet.

    1. GALAAD##


6. GALAAD, contrée montagneuse du pays d’Israël, à l’est du Jourdain.

I. Nom.

Le pays de Galaad est cité environ cent fois dans la Bible ; soixante-quinze ou seize fois il est désigné du seul nom de Galaad, GiVâd, dix-huit fois ou dix-neuf par celui de « terre de Galaad », ’érés Gil’âd, six fois par celui de « mont » ou « monts de Galaad », bar hag-Gil’âd ou har Gil’âd, sans article, dans les livres poétiques. Il se rencontre dans la plupart des livres de l’Ancien Testament et n’apparaît plus dans le Nouveau. Dans la version grecque et dans la latine de I Mach., deux fois exceptées, v, 9 et 55, où se trouve la forme hébraïque usitée dans les autres livres, la dénomination « terre de Galaad » est remplacée par la forme des noms de pays raXaaSréiç, Galaaditis, « Galaditide. » Josèphe emploie encore fréquemment la forme TaXaS-jp^ç, « Galadène. » L’ethnique Gil’adi, pluriel Gil’adim, IV Reg., xv, 25 ; ’anSê Gil’âd, « hommes de Galaad, » Jud., xii r 4, 5 ; ou collectif Gil’âd, Jud., xil, 5, est rendu dans les versions par raXaà51)Tr)i :, Galaaditis, Galaadita, « Galaadite ; » Josèphe fait usage aussi de raXa&riv<S « . Le pays de Galaad prit ce nom du monceau de pierre élevé par Jacob sur son territoire. Gen., xxxi, 48. Voir Galaad 4. Cf. Josèphe, Ant. jud., i, xix, 11.

Le nom de Galaad dut être employé d’abord exclusivement par les fils de Jacob pour désigner d’une manière générale la région où se trouvait le monument élevé par leur père ; Moïse en fit un usage constant et il fut universellement accepté par son peuple après la conquête. Le pays de Galaad était compris auparavant dans la désignation générale de « terre des Amorrhéens », et peut-être dans les dénominations spéciales de Basan ou d’Argob. Cf. Num., xxi, 31, 33 ; Deut., ii, 24 ; iii, 2, 8-16 ; Jos., xin, 4, 10, 21 ; xxiv, 8 ; Jud., i, 36 ; x, 8 ; xi, 19, 21, 23 ; Amos, il, 9, 10. Voir Basan et Argob. Le nom de Galaad, d’origine et usage israëlites, ne paraît pas avoir été cependant complètement ignoré des étrangers. On croit l’avoir reconnu dans la forme mutilée Gala…, d’une inscription cunéiforme dans laquelle Théglathphalasar III raconte sont expédition contre la Syrie et le royaume d’Israël (734). Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 522-524. Sous la domination romaine, le nom de Galaad tomba dans l’oubli et le pays fut désigné de l’appellation commune « au delà du Jourdain », it£pav to0 UopSôvou, trans Jordanem. Les Évangiles ne le désignent plus autrement. Cf. Matth., iv, 15, 25 ; Marc, iii, 8 ; x, 1 ; Joa., i, 28 ; iii, 26 ; x, 40. C’est la traduction littérale de l’expression’êbér hay-Yardên, par laquelle la Bible indique souvent la même région, et qui est constamment employée comme nom propre dans les Talmuds et les écrivains juifs. Mischna, Baba bathra, iii, 2 ; ibid., Kethuboth, xiii, 9, etc. Cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 55. On a fait de là le mot Pérée. Voir Pérée. Depuis la conquête arabe le nord de Galaad est connu sous le nom de Djebel’Àdjlûn et le sud sous celui de Belqa’. Si l’on entend parfois aujourd’hui le nom de Djebel Djile’ad chez les habitants de la contrée pour désigner les montagnes qui s’étendent au nord d’es-Salt jusqu’au Zerqa’, c’est de la bouche des chrétiens qui lisent la Bible ; il est inconnu aux Bédouins et aux autres musulmans.

II. Géographie.

Étendue.

La région de Galaad

est au delà, c’est-à-dire à l’est du Jourdain. Gen., xxxi ; xxxii, 10 ; Jud., v, 17.etc. Elle estau nord de l’Arnon (ouadï Môdjeb), au nord d’Hésébon et avant d’atteindre Dan et le mont Hermon : les Israélites la conquirent avant de traverser le Jourdain et elle fait partie du territoire des tribus orientales d’Israël, compris entre l’Arnon au sud et PHermon au nord, le Jourdain à l’ouest et le désert habité par les Arabes nomades à l’est. Num., xxxii, 1, 29, 30, 39-40 ; Deut., ii, 36 ; iii, 10, 16 ; iv, 41, 49 ; xxxiv, . 1 ; Jos., xii, 1, 2 ; xiii, 8, 11, 25, 31, 32 ; xxii, 9, 32 ; I Par., v, 9, 10, etc. La région de Galaad est bornée à l’ouest par le Jourdain, qui la sépare de la terre de Chanaan ; au nord, à l’est et au sud elle ne paraît jamais avoir eu de frontières fixes et déterminées et son étendue" a été des plus variables. Dans le principe, les fils de Jacob, sous le nom de Galaad, avaient sans doute entendu désigner d’une manière vague seulement le pays où leur père avait dressé le monument de pierre de Galaad : probablement la seule région appelée aujourd’hui « pays » ou « montagne de’Adjloûn », comprise entre le Sertat el-Menâdréh, l’ancien Yarmouk au nord, le Zerqa’ou Jabocau sud, la vallée du Jourdain à l’ouest et le IJamad oa désert au delà de DjérâS à l’est. C’est la moindre étendue qui ait jamais été attribuée à Galaad, mais c’en est néan

moins la partie essentielle qui a donné son nom au reste du pays. Dans son extension la plus large, le pays de Galaad embrasse tout le territoire concédé, au delà du Jourdain, aux tribus de Ruben, de Gad et à la demitribu de Manassé, depuis TArnon an sud, jusqu’à Dan et au Hermon, au nord. Dans cette acception, les frontières du côté de l’orient et du nord-est, et, vers la fin du royaume d’Israël, les frontières du sud, ont souvent varié, s’avançant ou reculaut, suivant les vicissitudes de la puissance d’Israël. Celles de l’est semblent s’être avancées jusqu’aux montagnes du Hauran et jusque dans le désert vers l’Euphrate. Plus d’une fois Galaad paraît avoir cette signification étendue dans la bouche de Moïse, Deut., iii, 8, 16 ; xxxiv, 1 ; de même Josué, xii, 1-6 ; xxii, 9, 13, 15, 32 ; souvent aussi dans les autres livres de la Bible comme Jud., v, 17 ; x, 8, 17, 18 ; xi, 5, 8, 11 ; xii, 4 ; II Reg., ii, 9 ; IV Reg., xv, 29 ; I Par., v, 9, 10 ; xxvil, 21 ; Judith, i, 8 (grec) ; Ezech., xlvii, 18° ; Àmos, i, 3, 13 ; Âbdias, 19 ; Zach., x, 10 ; IMach., généralement. Fréquemment Galaad est distingué des pays de Basan, d’Ârgob et de Gaulon, faisant cependant eux aussi partie du territoire des tribus orientales ; ou encore de la région du sud, depuis Hésébon à PArnon, qui avait jadis appartenu aux Moabites et rentra en leur possession dans la suite. Deut., i, 5 ; iii, 10, 13-16 ; xxxiv, 1, 5, 6, 8 ; Jos., xii, 2, 4, 5 ; xiii, 11, 30, 32 ; IV Reg., x, 33 ; I Par., v, 16 ; Jer., xlviii ; Ezech., xxv, 9 ; Amos, ii, 2. Dans cette condition le pays de Galaad est restreint entre le Yarmouk au nord, l’ouadi Kefrein ou peut-être l’ouaci Hesbdn au sud et DjérâS à l’est. Il forme une sorte de quadrilatère d’une longueur à vol d’oiseau de près de cent kilomètres, et de trente-cinq de largeur. Chacune des deux parties de la contrée, divisée par le Jaboc était appelée une « moitié de Galaad ». C’est Galaad proprement dit, le Galaad de toutes les époques de l’histoire, celui dont nous nous occuperons spécialement.

II. Description.

Montagnes.

Ainsi limité,

Galaad est un massif de montagnes compactes fermant à l’est la vallée du Jourdain, parallèlement aux montagnes de Judée et de Samarie qui la bordent du côté de l’ouest. Elles sont formées par les profonds ravins qui terminent ainsi le haut plateau du IJamâd ou désert de Syrie. Le calcaire se trouve partout ; il est mêlé de basalte dans là partie la plus septentrionale. Du côté de l’ouest les montagnes de Galaad, dominant d’une hauteur de plus de douze cents mètres la vallée du Jourdain, avec leurs gorges nombreuses et profondes, présentent un aspect imposant ; du côté de l’est, s’élevant à peine de deux cents mètres au-dessus du plateau, elles semblent de basses collines formant un rebord à la plaine. L’altitude moyenne des montagnes est de 900 mètres. Les sommets les plus élevés sont, au nord du Zerqa’le Djebel IJakkart dont l’altitude au-dessus de la Méditerranée est de 1 085 mètres ; au sud le Djebel HôSa’près de Sait, le plus élevé de tous, a 1 096 mètres (fig. 7). Ce sommet porte le nom du prophète Osée, Nébi H osa’, du sanctuaire qui lui est consacré sur la montagne. Les musulmans et les chrétiens y viennent de loin en pèlerinage. Ils prétendent que c’est le lieu de sépulture du prophète. Un autre sommet non moins célèbre c’est le Djebel Mâr Elias, « le mont de saint Élie » (fig. 8). Sa hauteur dépasse 900-mètres. Il est situé au nord du Zerqa, à l’ouest de Matynéh et à l’est dUEl-Estéb, tenu pour l’ancienne Thesbé, patrie du prophète. La partie supérieure du mont est couverte de débris de constructions, parmi lesquelles on remarque des colonnes de marbre et des chapiteaux corinthiens, ce sont les restes d’un ancien monastère et d’une église dédiée à Élie, d’après les chrétiens de la contrée, qui chaque année, le jour de la fête du prophète, s’y rendent en foule pour y célébrer les saints mystères.

Cours d’eaux.

Ces montagnes sont découpées

par d’innombrables vallées ou torrents dont les artères principales se rendent toutes en serpentant vers le Jour dain, auquel elles apportent le tribut d’eaux abondantes. Les plus remarquables sont, en descendant du nord au sud, le Seri’at el-Menâdréh, l’ouadi’eWArab, l’ouadi Yâbis, l’ouadi’Adjloûn, l’ouadi Râdjib, l’ouadi Zerqa’, l’ouadi SdHb et l’ouadi Kefrein. Le Seri’at eV-Menâdréh est l’Yarmouk des Juifs et le Hiéromax des Grecs ; ses eaux sont presque aussi abondantes que celles du Jourdain. Le Zerqa’est l’ancien Jaboc. Cette vallée, la plus profonde et aux berges les plus escarpées, divise Galaad en deux parties à peu près égales. Voir JABOC. L’ouadi Yàbis est encore appelé par les indigènes ouadi Mâr Elias, « le torrent de saint Élie, » parce que c’est là, disent-ils, qu’il se cacha lorsqu’il fuyait la colère d’Achàb. Cette tradition est mentionnée au xrve siècle par le rabbin Estori ha-Parchi qui vivait à Beissân. Caftor va-Férach, édit. Luncz, in-12, Jérusalem, 1897, p. 311-312. La contrée qui s’étend sur le bord du Yâbis, au nord, est nommée le Kora’: Xoppâ, Chorra, c’est le nom donné par les Septante au torrent de Carith, usité chez les chrétiens du IVe siècle. Ces renseignements confirment l’identité de l’ouadi Yâbis avec le Carith. Voir Carith, t. ii, col. 286-288.

Flore et faune.

Galaad avait jadis de vastes forêts

djchênes, detérébinthes, d’autresarbres, etcelled’Éphraïm est connue par la mort tragique d’Absalom. II Reg., xviii, 6, 9. Elles produisaient en abondance des résines diverses et des baumes précieux devenus célèbres dans le monde entier. Gen., xxxvii, 26 ; Jér., xiii, 22 ; xlvi, 11 ; voir Balanite, t. i, col. 1406-1409 ; Baumier, col. 15191521. Jérémie, xxii, 6-3, compare Galaad au Liban et semble indiquer parmi ses arbres la présence du cèdre. Les guerres qui ravagèrent le pays en ayant enlevé presque tous les habitants, les arbres envahirent tout. Ils avaient fini par recouvrir jusqu’aux ruines des anciennes villes et tout le pays de Galaad était devenu une immense forêt où croissaient le térébinthe, le lentisque, l’arbre de Judée appelé qêqâb par les Arabes, le pin, le platane, en quelques lieux l’olivier sauvage, mais où dominait le chêne. Dans les fourrés impénétrables vivaient le chacal, le renard, le chat-tigre, le loup, la hyène, la panthère et surtout des légions de sangliers qui n’ont pas entièrement disparu. Le fer et le feu, avec les Circassiens musulmans immigrés après la guerre turco-russe de 1878, sont entrés dans ces grands bois ; il ne faudra pas de longues années pour rendre les monts de Galaad aussi dénudés et désolés que les monts de Judée. Galaad fut recherché par les Rubénites et les Gadites pour ses pâturages. Num., xxxii, 1, 4 ; cf. Michée, vii, 14. Aujourd’hui les Bédouins, alors qu’il n’y a plus un brin d’herbe ailleurs, viennent du fond du désert faire paître, à travers les districts de Salf et de’Adjlûn, leurs innombrables troupeaux de chèvres, de brebis, de bœufs et de chameaux. Salomon, Cant., iv, 1 ; vi, 4, comparait la chevelure de la bien-aimée aux troupeaux de chèvres montant de Galaad ; les animaux, dans cette région, se font encore remarquer par la grandeur de leur taille, la beauté et la noblesse de leur port. Le sol de Galaad n’est guère moins pierreux que celui de la Judée ; la terre végétale y est cependant assez abondante pour permettre à peu près partout la culture. Elle y est de couleur brunâtre et très fertile. Les terrains à pente douce ou presque plats se prêtant à la culture du blé, de l’orge ou des autres céréales, ne font pas défaut ; mais tous semblent plus spécialement disposés pour la culture de la vigne. Les nombreux rochers taillés en pressoirs qui se trouvent en tout lieu, montrent qu’elle n’a pas été négligée par ses anciens habitants ; les beaux vignobles des alentours de Sait, de’Andjéra, de’Adjlûn et d’autres endroits prouvent qu’elle pourrait être reprise avec succès. L’olivier, le figuier, le grenadier, l’amandier, le pêcher et l’abricotier, le prunier, le poirier, le pommier, l’oranger et le citronnier croissent dans les jardins et au bord des ruisseaux ; leurs fruits ne sont 51

GALAAD

m

pas moins bons que ceux de Judée et de Samarie. 4° Villes.

Plusieurs villes de Galaad sont mentionnées dans les saints Livres. Ramoth de Galaad et Jabès

de Galaad qui sont attribuées à cette contrée par leurs noms mêmes, sont fréquemment nommées. Maspha lui est assignée par l’ethnique a galaadite » donnée Jephté qui est originaire de cette ville, Jud., xi, 1 ; de même Mahanaïm, ville de Berzellaï le Galaadite, II Reg., xvii, 27, etc., de, même encore Thesbé, patrie d'Élie le Galaardite. III Reg., xvii, 1. Jaser, Betonim, Jegbaa, BethNimra, Aroër près de Rabbath, Socoth, Phanuel, Éphron, paraissent être de Galaad d’après le contexte biblique, clair pour celles-ci, moins clair pour quelques autres localités. Les villes de Gadara et Gérasa, qui, selon quelques interprètes, ont formé les noms.ethniques de l'Évangile Gadaréniens et Géraséens, appartenaient à Galaad. Josè$he, Ant.jud., XIII, xiii, 5 ; cf.A.Neubauer, Géographie

peu à peu vers le sud-ouest et le Jourdain, lorsqu’il rencontra sur son chemin une troupe d’anges et appela ce lieu Mahanatm, « les deux camps. » De là il envoya des messagers à son frère Ésaû. Jacob était encore en Galaad quand les envoyés vinrent lui annoncer l’approche de son frère avec quatre cents hommes. Jacob était arrivé sur le bord du Jaboc. Après avoir fait franchir cette rivière à sa famille, il soutint la lutte mystérieuse après laquelle il fut appelé par son antagoniste Israël. Jacob appela cet endroit Phanuel, « face de Dieu. » Peu après il était rejoint par Ésaû qui se réconcilia avec lui. Avant de passer le Jourdain et de rentrer en Chanaan, Jacob séjourna quelque temps encore en cette région, au bas des monts de Galaad ; il appela le lieu de son campement Socoth, « les tentes. » Gen., xxii-xxiii. Dès cette époque lointaine, Galaad exerçait déjà le commerce avec ses produits ; les marchands qui achetèrent

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7. — Djebel Hosa, près d’Es-Salt. D’après une photographie de M. L. Heidet.

du Talmud, 1868. p. 250. Ces villes n'étaient pas les seules ; sur la plupart des sommets de Galaad s'élevaient des cités et des bourgades ; c’est ce que démontrent les ruines antiques que l’on trouve dans le pays de 'Adjloûn et dans le Belqa'.

III. Histoire.

À vant la captivité de Babylone.


Dans les temps les plus reculés, on voit le pays de Galaad habité par la race des Raphaïm ou des « Géants ». Vaincus à Astaroth Carnaïm par Chodorlahomor dont ils avaient voulu secouer le joug, ils durent laisser le roi ..d'Élam et ses alliés parcourir la région pour se rendre à Sodome. Gen., xiv, 5. Ces populations étaient appelées les Émim par les Moabites et les Zuzim ou Zomzommin par les Ammonites. Les descendants de Lot s’emparèrent sur elles de toute la région qui devait former, au delà du Jaboc, la partie méridionale de Galaad ; mais les Amorrhéens devenus maîtres du pays au nord du même fleuve, refoulèrent les Moabites au delà de l’Arnon et les Ammonites vers l’est, au delà de Jazer. Gen., xiv, 5 et Deut., ii, 10-11, 20-21 ; iii, 11-13 ; Num., xxi, 2&30. Ce peuple était en possession de toutes les montagnes de Galaad quand Jacob venant de Haran y arriva. Voir Galaad 2. Après s'être séparé de Lacan, Jacob s’avançait

Joseph venaient de Galaad avec leurs chameaux chargés de résines aromatiques qu’ils allaient vendre en Egypte. Gen., xxxvii, 25. — À l’arrivée de Moïse avec les enfants d’Israël, Séhon, roi des Amorrhéens, qui habitait Hésébon et régnait sur le sud de Galaad, voulut s’opposer au passage des Hébreux. Moïse le battit et s’empara de tout le territoire jusqu’au Jaboc. Les Gadites et les Rubénites l’ayant demandé pour leur part, Moïse le leur concéda, à la condition qu’ils assisteraient leurs frères dans la conquête de la terre de Chanaan. Ils laissèrent leurs femmes, leurs enfants et leurs troupeaux dans les villes préparées et fortifiées par eux, et ils passèrent le Jaboc avec le reste de l’armée. Le roi de Basan, Og, rejeton des Raphaïm, régnait sur le pays au nord du fleuve. Il s’avança contre les Israélites et les rencontra près d'Édréi. Il fut défait et toute la partie nord de Galaad devint ainsi la possession des Hébreux. Moïse la donna à Gad et à la famille de Machir, de la tribu de Manassé, qui avait particulièrement contribué à la conquête de la région. Num., xxi t 21-35 ; xxxii, 39-42 ; Deut., ii, 26-37 ; ni, 1-20 ; Jos., iv, 12 ; I Par., ii, 21-22. — La conquête de Chanaan achevée, la propriété de Galaad et de toute la terre transjordanienne fut confirmée par Josné et

l’assemblée de Silo aux denx tribus de Gad et de Ruben et à la demi-tribu de Manassé. Gad reçut toute la région de Galaad au sud du Jaboc, jusqu’à Hésébon et Elealé et une part de la région septentrionale. Cette portion s’étendait d’est à ouest, de Mahanaïm au Jourdain et du snd au nord, du Jaboc au lac de Cinnéreth. Manassé eut le reste et le pays de Basan et d’Argob. Onze villes furent assignées aux lévites pour leur habitation dans la transjordane, dont trois de la tribu de Gad appartenaient au pays de Galaad proprement dit : c’étaient Ramoth, Mahanaïm et Jazer. Ramoth fut désignée en outre pour ville de refuge. Les lévites habitant Galaad appartenaient aux familles de Gerson et de Mérari. Josué, mi, 8-32 ; xvii, 1-6 ; xx, 8 ; xxi, 7, 27, 36-37. Les habitants de Galaad séparés de leurs frères par le Jourdain négligèrent plus d’une fois d’aller les assister contre leurs ennemis. Débora leur reprocha leur indifférence

Londres, 1890, p. 137-138. — Les trente Bis de Jaïr étaient chefs de trente villes appelées Havoth Jaïr dont une partie devait être aux alentours de Camon. — Jephté délivra Galaad du joug des Ammonites qui depuis dix-huit ans l’opprimaient durement. Les Galaadites donnèrent le signal de l’indépendance en rejetant toutes les divinités étrangères. Ils mirent à leur tête Jephté qui fut proclamé à Maspha chef de tout le peuple de Galaad et les délivra du joug de ses ennemis. Jud., x, 8-18 ; xi. Les Éphraïmites, se plaignant de n’avoir pas été* appelés à prendre part à la guerre contre les Ammonites, passèrent le Jourdain et envahirent Galaad. Jephté appela à son aide tous les habitants de Galaad, battit les Éphraïmites et fit immoler les fuyards sur les bords du Jourdain dont il avait fait surveiller les gués. Jud., xo. "Voir Jephté. Cinquante ans environ après la mort de Jephté, les Ammonites, conduits par Naas leur roi, envahirent

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8. — Djebel Mâr-Éiias. D’après une photographie de M. L. Heidet.

pour n’avoir pas pris part à la guerre contre Jabin, roi d’Azor, et les Chananéens coalisés, Jud., v, 17 ; Gédéon châtia sévèrement les habitants de Socoth et de Phanuel, pour avoir refusé de fournir du pain à lui et à ses guerriers, alors qu’il poursuivait à travers le pays de Galaad les Madianites vaincus et en fuite, Ibid., viii, 6-9, 13-17 ; les habitants de Jabès furent exterminés pour n’avoir pas répondu à l’appel de l’assemblée de la nation et n’être pas venus prendre part à la guerre contre Benjamin. Ibid., xxi, 8-11. D’après la lecture actuelle, Jud., Vil, 3, il semblerait que Gédéon, avant d’attaquer les Madianites, fût campé dans les monts de Galaad, mais il faut lire en cet endroit Gelboé au lieu de Galaad : c’est de Gelboé en effet qu’il doit descendre pour se rendre à la fontaine de Harad. Voir IIarad. Plus d’une fois les Galaadites tombèrent dans l’idolâtrie comme leurs frères de l’autre rive du Jourdain, et comme eux ils subirent la domination étrangère etsa tyrannie. Deux juges originaires de Galaad, les défendirent et les délivrèrent : Jaïr et Jephté. Jaïr appartenait à Manassé. Il jugea son peuple vingt-deux ans et fut enseveli à Camon sa patrie. Jud., x, 3-6. Cf. Estori Parchi, Caftor va-Phérach, ch. 21, édit J.uncz, p. 311 ; G. Schumacher, Northern’Adjlûn, in-8°,

de nouveau le pays de Galaad, passèrent le Jaboc et vinrent mettre le siège devant Jabès. Saûl, qui venait d’être proclamé roi, franchit le Jourdain avec une immense armée, tomba sur le camp des Ammonites avant la fin de la nuit et les mit en complète déroute. 1 Reg., xi, 1-11. Peu de temps après, Galaad servit de refuge aux fuyards abandonnant la région à l’Occident du Jourdain devant l’invasion des Philistins. I Reg., xiii, 7. II offrit quelque temps la sépulture aux ossements du roi Saûl et de Jonathas son fils, ensevelis par les habitants de Jabès dans un bosquet voisin de leur ville, jusqu’au jour où David les fit prendre pour les ensevelir dans le tombeau des ancêtres de Saûl. I Reg., xxxi, 8-13 ; II Reg., H, 4-7 ; xxi, 12-14. À la mort de Saûl, le pays de Galaad se soumit à Isboseth son fils. II Reg., ii, 9. Abner, chef de l’armée d’Isboseth, vaincu par Joab, chef de l’armée de David, chercha un asile en Galaad et vint à Mahanaïm. Ibid., 29. David fuyant devant Absalom se retira aussi en Galaad et à Mahanaïm. Il fut généreusement accueilli par les Galaadites qui lui offrirent un lit, de la vaisselle et toutes sortes de provisions pour lui et ses hommes. II Reg., xvii, 22, 24, 27-29 ; xix, 32. (La Vulgate dans ces passages traduit Mahanaïm par Castra.) Absalom

poursuivant son père, passa à son tour en Galaad. II Reg., xvii, 26. Le combat entre l’armée de David et l’armée du révolté se livra dans la forêt d’Éphraïm, au nord du Jaboc et non loin sans doute de la localité appelée aujourd’hui Fâra’. Voir Épiiraïm (Forêt d’), t. ii, col. 1880. L’armée d’AJbsalom fut vaincue et dispersée et Galaad devint le tombeau de son chef. II Reg., xviii. Des délégués de Juda vinrent en Galaad prendre David pour le ramener en Judée. Le vieux Galaadite Berzellai qui avait assisté David de ses biens, l’accompagna jusqu’au Jourdain, mais ne voulut’point quitter son pays. II Reg., xix, 9-40. Le recensement exécuté par Joab, la quarantième année du règne de David, constata en Galaad deux mille sept chefs de groupes de famille de grande valeur ; ils furent préposés au pays pour tout ce qui concernait le culte divin et le service du roi. II Reg., xxiv, 5-6 ; I Par., xxvi, 31-32. Jaddo, fils de Zacharie, était chargé de la demi-tribu de Manassé. I Par., xxvii, 21. Sous Salomon, les préfets de tribut en Galaad étaient Bengaberà Ramoth de Galaad et Ahinadab fils d’Addo à Mahanaîm ; Gaber, filsd’Uri, avait sous lui le pays qui avait appartenu à Séhon et à Og (probablement la portion du royaume de ce dernier qui se trouvait au sud du Jaboc). III Reg., iv, 13-14. La gloire la plus pure de Galaad est d’avoir donné la naissance au prophète Élie et de l’avoir dérobé à la fureur d’Achab et de Jézabel. Peut-être est-il en droit de revendiquer encore le prophète Osée, comme le prétend une tradition actuelle.

Les Syriens, avec leur roi Bénadad II, envahirent Galaad au temps d’Achab, et s’emparèrent de Ramoth. Achab, voulant reprendre cette ville, s’avança en Galaad, accompagné par Josaphat, roi de Juda ; mais il fut atteint d’une flèche dès le commencement du combat, mourut le même jour et son armée s’éloigna. III Reg., xxii, 1-36 ; II Par., xviii. Joram, fils et deuxième successeur d’Achab, porta de nouveau la guerre en Galaad ; il ne réussit pas mieux que son père j blessé comme lui d’une flèche, il se retira laissant Jéhu général des troupes continuer la lutte. Un disciple d’Elisée envoyé par le prophète vint à Jéhu, le sacra roi et le chargea, au nom du Seigneur, de venger les crimes commis par la maison d’Achab. L’expédition paraît avoir été abandonnée. IV Reg., viii, 26-29 ; ix ; II Par, , xxii, 5-6. Tandis que Jéhu régnait sur Israël, Hazaël, successeur de Bénadad II, sur le trône de Damas, se jeta sur Galaad et le parcourut en tout sens, pillant, incendiant et commettant les plus affreuses atrocités. IV Reg., x, 32-33 ; xiii, 3. Cf. viii, 10-12 ; Jos., Ant. jud., IX, vin, 1. Le prophète Amos, i, 3, 13, annonce des châtiments à Damas etaux Ammonites pouravoir écrasé Galaad sous les herses de fer et éventré les femmes enceintes. Sous lés règnes de Joachaz, fils de Jéhu, et de Joas, frère et successeur de Joachaz, Galaad avait été délivré quelques instants, ainsi que le reste d’Israël, de la longue et dure tyrannie des Syriens. IV Reg., xiii, 4-5, 23-25. Jéroboam II, fils de Joas et son successeur, brisa le joug de Damas et l’assujettit elle-même. IV Reg., Xiv, 26-28. Galaad eut encore quelques jours de prospérité. Le recensement opéré’sous ce roi compte pour le pays transjordanien quarante-quatre mille sept cent soixante guerriers munis de boucliers, d’épées et d’arcs, parfaitement formés à la guerre. Aidés de leurs voisins, ils combattirent les Agaréens vivant à l’est de Galaad, leur tuèrent un grand nombre d’hommes, firent prisonniers cent mille autres et ramenèrent cinquante mille chameaux, deux cent cinquante mille brebis et deux mille ânes. Le peuple de Galaad était innombrable ; il occupa le pays des Agi réens jusqu’à la captivité. II Par., v, 11-23.

Les Galaadites, quand éclata le schisme de Jéroboam l’r, avaient accepté le culte du veau d’or et s’étaient livrés à tous les désordres qu’il entraînait à sa suite ; ils devaient subir le châtiment annoncé par les prophètes à

Israël coupable et être emmenés en captivité. Ose., vi, 8 ; xii, 11. Cf. x, 6 ; IV Reg., xvii, 23. Sous le règne de Phacée, Théglathphalasar envahit le nord et l’est du royaume d’Israël et transporta les habitants de Galaad, avec ceux de la Galilée supérieure, en Assyrie (731). IV Reg., xv, 29. Les inscriptions cunéiformes font mention de l’événement et ajoutent que le roi assyrien institua ses généraux gouverneurs de ces provinces dépeuplées. Western Asiatic Inscription, t. iii, p. 10, n° 2. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iii, p. 522-524. Treize ans plus tard, les restes des tribus de Gad, de Ruben et de Manassé oriental demeurés en Galaad furent déportés à Hala, à Habor et sur les rives du fleuve Gozan (721), avec les autres Israélites faits captifs après la prise de Samarie. I Par., v, 26. Cf. IV Reg., xvii, 23.

Le pays de Galaad fut occupé alors par les Ammonites, les Moabites et probablement aussi par les Arabes ismaélites, iduméens ou madianites qui habitaient le désert à l’orient. Cf. Is., xv ; Jer., xlviii ; xlix, 1 ; Amos, i, 13. Ces populations s’unirent aux Syriens et à leurs voisins pour repousser les prétentions du roi d’Assyrie [Assurbanipal] leur demandant de s’assujettir à lui payer le tribut. Judith, grec, i, 8. (Dans la Vulgate on lit Cédar au lieu de Galaad.) Une armée conduite par Holopherne vint venger le roi d’Assyrie de ce refus. La terre de Moab et d’Ammon, dont Galaad formait la principale partie, est spécialement mentionnée parmi les pays qui furent dévastés et dont les habitants furent passés au fil de l’épée. Judith, i, 12. Les villes de la région du Jaboc, d’après la version Peschito, Judith, ii, 14, furent détruites. La Vulgate lit Mambré pour Jaboc ; le grec, ii, 24, porte’A6p<iva. Les populations terrifiées députèrent des ambassadeurs au puissant monarque pour faire acte de la plus entière soumission. Cette démarche n’évita pas à leurs pays une nouvelle dévastation. Les villes furent détruites, les arbres coupés et les habitants enrôlés par force dans les troupes auxiliaires réunies pour marcher avec les troupes régulières contre la Samarie et la Judée. Les peuples occupant Galaad, Moabites, Ammonites, Iduméens, se trouvaient dans l’armée faisant le siège de Béthulie. Judith, m. Cf. Judith, Vulgate, v, 23 ; vil, 8 ; grec, vi, 1 ; vii, 8, 17-18. La concentration des forces eut lieu, d’après la Vulgate, Judith, ii, 14-15, dans la terre de Gabaa, habitée par les Iduméens. Peut-être faudrait-il lire Galaad. Les habitants de Galaad, en apprenant la mort d’Holopherne, se joignirent aux Juifs et aux Galiléens pour poursuivre les soldats assyriens en fuite. Judith, xv, 5 (grec).

Plus d’une fois, pendant les invasions de Sennachérib et de Nabuchodonosor, les fugitifs juifs cherchèrent une retraite en Galaad ; il y furent mal accueillis par les-Ammonites et les Moabites possesseurs du pays. Les prophètes reprennent ceux-ci et leur annoncent qu’eux aussi seront expulsés à leur Itour, que Galaad reverra, ses anciens habitants, les fils d’Israël, et reprendra son antique splendeur. Jer., xlix, 1-3 ; l, 19 ; Amos, i, 1315 ; Abdias, 19 ; Zach., x, 10. Cf. Is., xvi ; Ezech., xxv ; Soph., ii, 8-10.

Depuis la captivité jusqu’à Jésus-Christ.

De retour

de Babylone, les Juifs ne tardèrent pas à s’établir dans le pays de Galaad. Hyrcan, fils de Joseph, neveu lui-même par sa mère du grand prêtre Onias, repoussé par ses frères parce qu’il était le plus jeune, alla se fixer au de la du Jourdain, dans la partie méridionale de Galaad. Là, non loin d’Hésébon, sur un rocher environné de profonds ravins, il s’éleva une puissante forteresse. De vastes constructions devaient servir à son habitation et à recevoir ses amis.. Les murailles étaient ornées de représentions d’animaux gigantesques ; des jardin » arrosés par des eaux courantes faisaient l’agrément dece séjour. Ce château fut appelé Tyr. Il est connu au

jourd’hui sous le nom de 'Arâq-él-Émir, « la roche du Prince, » et ses grandes ruines font encore l’admiration des visiteurs ; elles sont à dix-sept kilomètres, nord-nordest, de Hesbân. Dans cette situation, Hyrcan fut comme le roi de la contrée. Il faisait la guerre aux Arabes, leur tuait du monde et faisait de nombreux prisonniers. Il se maintint ainsi sept ans, jusqu'à l’avènement d’Antiochus IV Épipharie (175). Redoutant la puissance de ce prince et des représailles, il se donna la mort. Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 11. Cf. de Saulcy, Voyage en Terre Sainte, in-8°, Paris, 1865, p. 211-234. Les Juifs, établis dans les diverses localités de Galaad, y vécurent assez tranquilles jusqu'à la persécution d’Antiochus IV qui surexcita le fanatisme des Grecs et des Syriens. Ces païens maltraitèrent les Juifs. Juda Mâcha bée passa en Galaad, au sud du Jaboc, pour les réprimer. Il trouva Timothée, chef des Ammonites, à la tête de forces puissantes. Il lui livra de nombreux combats, finit par le réduire, s’empara de Jazer (Vulgate : Gazer) et de tous les pays des alentours et retourna en Judée. Tous les peuples de Galaad se réunirent alors et décidèrent de massacrer tous les Juifs vivant parmi eux. Timothée était le chef du mouvement. Ils commencèrent à mettre leur dessein à exécution dans le pays de Tubin (grec : Tn)610u, probablement l’ancien pays de Tob, au nord du Jaboc). Plus de mille hommes y périrent ; les femmes et les enfants furent réduits en esclavage et tous les biens pillés. Tous les autres Juifs du pays se réfugièrent dans la forteresse de Dathéman et écrivirent à Juda pour l’informer du péril extrême où ils se trouvaient. Juda et Jonathas son frère passèrent le Jourdain et s’avancèrent à trois journées de marche. Les Nabathéens leur racontèrent tout ce qu’avaient souffert leurs frères, leur firent connaître la situation critique des Juifs en Galaad et le dessein de leurs ennemis d’attaquer dès le lendemain les villes occupées par les Juifs et de s’emparer de toutes le même jour. Juda marcha toute la nuit avec sa troupe et sur le matin arriva à la forteresse ennemie. À sa vue, les ennemis, qui se préparaient à l’assaut, prennent la fuite. Juda les poursuit et en fait un grand carnage. De là, il se dirige sur Maspha, la prend, la brûle et en massacre tous ses habitants mâles. Il s’empare de même de la plupart des villes de Galaad. Timothée avait réuni une nouvelle et nombreuse armée composée d’Arabes mercenaires. Juda va à sa rencontre et le met en déroute. Voyant cependant que les Israélites n'étaient pas assez nombreux ni assez forts pour se défendre et se maintenir en Galaad en face de leurs adversaires, il les réunit tous avec leurs femmes et leurs enfants pour les emmener en Judée. Arrivé avec toute cette multitude à Éphron, les habitants de cette ville veulent l’empêcher de passer outre. Juda en fait immédiatement le siège, la prend d’assaut le lendemain matin, la rase, passe sur les cadavres de ses habitants et va franchir le Jourdain en face de Bethsan (164). I Mach., v, 1-62. Galaad retombe au pouvoir des Arabes et des Gréco-Syriens. — Alexandre Jannée, devenu roi de Judée (106-79), y fait plusieurs expéditions militaires et, malgré quelques échecs, finit par le réduire. Les habitants de Pella ayant refusé de se soumettre à la religion des Juifs, leur ville fut détruite. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 3-4 ; Bell, jud., i, iv, 3. — Bientôt après les armées de Rome envahirent la contrée et Pompée passa par Pella pour aller assiéger Jérusalem (63). À son retour, il rendit l’indépendance aux villes soumises par Alexandre. Le nom de Galaad disparaît ; il est remplacé par celui de Pérée. La Pérée unie à la Cœlésyrie est souvent confondue avec elle et elle est placée sous le gouvernement d’un prêteur romain. Ant. jud., XIV, iii, 4 ; iv, 4 ; Bell, jud., i, vi, 5 ; vii, 7. Gabinius y érigea deux tribunaux (ouvISpia) pour l’administration du pays, l’un à Gadara, l’autre à Amathonte. Ant. jud., XIV, v, 4 ; Bell, jud., i, viii, 5. Les principales

villes de la Pérée, Gérasa, Gadara, Pella, Abila, Dios, s’unirent aux villes des pays voisins de Gaulanitide, de Batanée, de Galilée et formèrent une sorte de confédération connue sous le nom de Décapole. Voir Décapole, t. ii, col. 1333-1336. Auguste joignit Gadara au royaume d’Herode. Ant. jud., XV, vii, 3. À la mort de ce prince, la province de Pérée, s'é tendant de Pella à Machéronte, fit partie de la tétrarehie d’Hérode Antipas ; mais Gadara, qui était une ville grecque, fut réuni à la Syrie (39). Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3.

Depuis Jésus-Christ.

Sous les Hérode, les Juifs

se rétablirent en colonies en Décapole et en Pérée. Un grand nombre d’entre eux vinrent écouter les enseignements de Jésus. Math., iv, 25 ; Marc, iii, 8. Le Seigneur se rendit plus d’une fois au milieu d’eux. Marc., vii, 31 ; x, 1. Jean avait baptisé Jésus dans cette partie de la Pérée qui appartenait à la Gala.iditide largement entendue. Joa., i, 28 ; iii, 26 ; x, 40. Machéronte, où Jean fut emprisonné et mis à mort par Hérode Antipas, était de la même contrée. Josèphe, Ant. jud., XVII, v, 2. Lorsque ce prince eut été exilé dans les Gaules, la Pérée fut annexée au royaume d’Hérode Agrippa (39-44). Ant. jud., XVIII, vii, 2 ; Bell, jud., II, ix, 6. À sa mort, la région transjordanienne retomba sous la domination directe de Rome. Ant. jud., XIX, ix, 2. Le massacre des Juifs à Césarée par les Syriens, sous le procurateur Florus, provoqua le soulèvement des Juifs de la Pérée ; ils tuèrent une multitude de païens, à Gérasa, à Pella, à Philadelphie, à Hésébon et dans tout les pays des alentours. Les Syriens exercèrent des représailles (64). Bell, jud., II, xviii, 1-2. Les Juifs de Jérusalem organisant le pays, après la défaite de Cestius et des troupes romaines, nommèrent Manassé préfet de Pérée (65). Bell, jud., II, xx, 4. Pella était la capitale de la toparchie formée dans cette région. Bell, jud., III, iii, 5. Vespasien, aussitôt arrivé pour réprimer la révolte de Judée, vint à Gadara, métropole de la Pérée, où il fut accueilli par une partie de ses habitants comme un libérateur. Il chargea son lieutenant Placide de soumettre le reste de la Pérée. Bell, jud., IV, vii, 3-6. L’ancien pays de Galaad, pendant toute la durée de la guerre, donna l’hospitalité à la chrétienté de Jérusalem. Avertis par les prophéties de Jésus, les fidèles conduits par leur évêque Siméon, fils de Cléophas, s'étaient retirés à Pella où sans doute se trouvaient déjà d’autres disciples du Seigneur (67-70). Eusèbe, H. E., iv, 5, t. xx, col. 221-224 ; S. Épiphane, Advers. hær., xxix, t. xli, col. 401 ; De mens, et pond., xv, t. xliii, col. 261. — La guerre finie, des colonies gréco-romaines s'élevèrent en tout lieu, Vmm-Keis (Gadara), Fahêl (Pella), Beit-Râs (Capitolias), Irbid (Abila), DjéraS (Gérasa) surtout, avec les ruines de leurs temples, de leurs théâtres, de leurs bains, de leurs palais et leurs immenses portiques, témoignent combien grande fut leur splendeur et le luxe de leur civilisation. De nombreuses voies de communication, dont on peut encore suivre les traces, les reliaient entre elles.

Le christianisme, qui n’avait point quitté le pays avec Siméon reconduisant son peuple à Jérusalem, s’y développa à la faveur de la liberté et de la protection qu’accordèrent aux chrétiens les empereurs de Byzance (325-636). Les noms de Gadara, Pella, Abila, Philadelphie ("Amman), Esbus (Hésébon), Mâdâba, Livias et de plusieurs de leurs évêques, se lisent dans les actes des anciens conciles ou sur les listes des villes épiscopales du patriarcat de Jérusalem. Voir Le Quien, Oriens christianus, in-f », Paris, 1740, t. iii, p. 698-719 ; Ad. Reland, Palxstina, t. I, cap. xxxv, in-4°, Utrecht* 1714, p. 214-229. Pendant cette période, les souvenirs bibliques de l’antique terre de Galaad y attirèrent souvent les pèlerins. Sainte Sylvie, ou la pèlerine du rv » siècle désignée sous ce nom, après avoir visité Livias (l’ancienne Bétharan, aujourd’hui 1 éllrRâméh), centre du campement desHébrsux avant le

passage du Jourdain, après avoir gravi les pentes raides du Nébo, célèbre par la mort de Moïse, voulut voir le tombeau de Jephté, la ville où naquit Élie et le torrent où il se cacha, avant de se rendre au pays de Job, dans l’ancien territoire de Manassé oriental. Des monastères s’élevaient dans la plupart de ces lieux et des moines nombreux étaient venus de loin s’y enfermer pour méditer et prier. Peregrinatio, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, p. 58-60. La grande victoire gagnée sur les bords du Yarmouk, non loin d’Umm-Keis, par les généraux de’Omar sur les armées d’Héraclius, arracha ces pays à Byzance et les plaça sous le joug de l’Islam (636). ïhéophane, Chronogr., A. M. 6126, t. cviii, col. 692. — Les croisés y établirent leur domination éphémère (1100-1187) ; un immense château, semblable à celui de Kérak et assez bien conservé jusqu’à ce jour, fut élevé au sommet de la montagne, à deux kilomètres à l’ouest du village de’Adjloun, pour surveiller et protéger là contrée au nord du Zerqa’, au centre de laquelle il se trouve : il est appelé Qala’at er-Rabbad. Depuis le départ des croisés, il servit de résidence à un chef arabe qui se regardait comme le maître du pays. L’an 1632, ’Aly, fils de Fahr ed-Dîn, émir des Druzes, l’assiégea et s’en empara. Il y mit une forte garnison pour arrêter les courses des Arabes bédouins qui souvent infestaient la région et allaient même porter leurs ravages au delà du Jourdain. Sous cet émir, le pays cie’Adjloun, délivré de la tyrannie des pachas de Damas, continuait à jouir d’un régime de liberté et de justice : les cultivateurs et les chrétiens y vinrent nombreux pour l’habiter et le travailler. L’année suivante, une armée turque vint attaquer les soldats de l’émir ; ils résistèrent jusqu’en 1637. Eug. Roger, La Terre Sainte, 1. 1, ch. xviii, in-4°, Paris, 1646, p. 190-192. Les chrétiens se sont maintenus dans la plupart des villages du district de’Adjloun, relevés alors ; il y en a’Adjlun, à’Aïn Djennéh, à’Andjéra, à Sûf, à Hoson, à’Qrdjân, à Djedeita’à Kefr’AMI, à Fâra’, à Kéfrendji et en plusieurs autres lieux. Le patriarcat latin de Jérusalem a fondé, depuis quelques années, des missions et des écoles dans plusieurs de ces localités, au nord du Zerqa’et, au sud, à Sait, à Feheis, à Er-Rememîn. La population musulmane a été augmentée, en 1878, par une immigration de Circassiens fuyant leur pays conquis par les Russes. Ils ont occupé les campagnes les plus fertiles de l’ancien Galaad et ont élevé des villages au milieu des ruines de’Amman et de Djéràs, dans l’ouadi Sir, non loin de Sait, près du Khirbet-Sàr, dont le nom rappelle peut-être l’ancien Jazer, et en plusieurs endroits du Hauràn et du Djolàn. L’antique pays de Galaad proprement dit est divisé actuellement en deux districts (Qada’), subdivisés eux-mêmes en divers cantons (nâhïiet) : le district de’Adjloun, avec’Irbid, une des Arbela de l’histoire, pour chef-lieu, comprend toute la partie au nord du Zerqa’jusqu’au âeri’at el-Menâdréh ou Yarmouk ; celui du Belqa’, au sud, a Es-Salt pour chef-lieu : les deux dépendent du gouvernement général (oualâiiet) de Damas.

IV. Bibliographie.

A. Reland, dans Palœstina, 1. 1, c. xxxii, Departibus Terne trans-Jordanise, Persea, etc., in-4°, Utrecht, 1714, p. 193-204 ; Seetzen, dans Reisen dârch Syrien, Palâstina, in-8°, Berlin, 1854, p. 362417 ; G. Schumacher, Northern’Adjlun, within the Decapolis, in-8°, Londres, 1890 ; Guy le Strange, À ride through Adjlun and the Belka, dans G. Schumacher, Across the Jordan, in-8°, Londres, 1889, p. 268323 ; S. Merill, East of the Jordan, 2e édit., in-8°, New-York, 1883 ; Van Kasteren, Bemerkungen ûber einige alte Ortschaften inOst Jordanland, dans la Zeitschrift des Deutsçhen Palâstina Vereins, Leipzig, t..xiii, 1890, p. 205-219 ; F. Buh’l, Géographie des Alten Palâstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 241-267.

L. Heidet.

    1. GALAADITE##

GALAADITE (hébreu : Gil’ddi ; Septante : Talocat ;, ra.aallviii’< Vulgate : Galaadila, Galaadites), descendant de Galaad ou habitant du pays de ce nom. — 1° Les Galaadites en général sont mentionnés, Num., xxvi, 29 ; Jud., xi, 40 ; xii, 5 ; IV Reg., xv, 25. — 2° Le texte sacré parle de trois Galaadites en particulier : de Jaïr, Jud., x, 3 ; de Jephté, xi, 1 ; xii, 7 ; de Berzellaï, II Reg., xvii, 27 ; xix, 31, 32 ; III Reg., ii, 7 ; I Esd., ii, 61 ; II Esd., vii, 63. Voir Galaad 1.

    1. GALAADITIDE##

GALAADITIDE (Septante : ^ TaXanSîTiç ; Vulgate : Galaaditis), nom donné dans I Mach., v, 17, 20, 25, 27, 36, 45, et xiii, 22, au pays de Galaad. Voir Galaad 3.

    1. GALAL##

GALAL (hébreu : Galâl ; Septante : V<xl<xal), nom de deux lévites.

1. GALAL, lévite de la famille d’Asaph, I Par., IX, 15. du nombre de ceux qui habitèrent Jérusalem au temps de Néhêmie. Il n’est pas nommé dans la liste parallèle. II Esdr., xi, 17.

2. GALAL, lévite, fils d’Idithun, et père de Samua, ’lequel l’était d’Abda. Ce dernier fut du nombre de ceux qui habitèrent Jérusalem au retour de la captivité, du temps de Néhémie.IIEsdr., xi, 17. Dans la liste parallèle de I Par., rx, 16, ce Galal est nommé, mais les noms de Samua et d’Abda sont changés en Séméias et Obdia.

    1. GALALAÏ##

GALALAÏ (hébreu : Gilâlaî ; Septante : reXwX), un des fils des prêtres qui jouèrent des instruments prescrits par David, à la dédicace des murs de Jérusalem au temps de Néhémie. II Esdr., xii, 35 (hébr. 36).

    1. GALATE##

GALATE (grec : TaXir/a ; Vulgate, Galata), habitant de la Galatie (fig. 9). 1° Ce mot s’applique dans la Bible

9.— Berger galate. D’après E. Kannenberg, Kleinasien, p. 26.

aux Gaulois d’Asie et par extension aux habitants de la province romaine de Galatie. Il est question de Galates dans II Mach., viii, 20. Judas, pour encourager ses. Ci

GALATE — GALATES (ËPITRE AUX)

62

troupes, leur rappelle la bataille livrée contre les Galates en Babylonie. Les Macédoniens, c’est-à-dire l’armée du roi de Syrie, allaient être battus, quand les 6000 Juifs, qui servaient comme auxiliaires, remportèrent la victoire et défirent à eux seuls 120 000 Galates, à l’aide du secours que leur donna le ciel. Le résultat de cette victoire fut pour les Juifs d’obtenir un grand nombre de faveurs de la part des rois de Syrie. La Sainte Écriture ne s’explique pas sur la nature du secours que le ciel donna aux Juifs. S’agit-il (d’un orage, de grêle ou de tonnerre ? Nous l’ignorons. La bataille à laquelle il est fait allusion ici fut livrée dans la guerre qu’Antiochus III le Grand fit à Molon, satrape rebelle de Médie, qui avait à sa solde des mercenaires galates, comme en avait Antiochus lui-même. Polybe, v, 53. Cf. G. Wernsdorf, De republica Galatarum, in-8°, Nuremberg, 1743, p. 137 ; Id., Commentalio historico-critica de fide librorum Machabmorum, in-4°, Vratislav, 1747, p. 97 ; C. F. Keil, Commentât- ïtber die Bûcher der Makhabâer, in-8°, Leipzig, 1875, p. 361-362.

2° Les Galates sont encore nommés dans l'Épltre qui leur est adressée. Gal., iii, 1. « Galates insensés ! leur écrit l’Apôtre, qui vous a fascinés au point de vous empêcher d’obéir à la vérité, vous aux yeux de qui JésusChrist a été peint comme crucifié ? » Les Galates sont dépeints comme inconstants, se détournant promptement de celui qui les a appelés par la grâce de JésusChrist pour passer à un autre Évangile, et cela uniquement parce qu’il y a des gens qui les troublent et qui veulent renverser l'Évangile du Christ. Gal., i, 6-7. Ces adversaires de saint Paul et de l'Évangile étaient les Juifs et les judaîsants. Il y avait en effet un grand nombre de Juifs en Galatie. Josèphe, Ant. jud., XVI, vi, 2. Voir Galatie, Galates (Épitre aux).

E. Beurlier. GALATES (ÉPITRE AUX). - Titre et souscription. — Les manuscrits onciaux les plus anciens, N ABK et plusieurs minuscules, 3, 17, 37, 47, 80, 108, portent en tète de cette Épitre : irpo ; TaXaTa ;  ; d’autres ajoutent : ejci<jToXr|. Voir Tischendorf, Tfovum Testamentum grsece, editio octava major, t. ii, p. 627. Les manuscrits N AB*C, 6, 17, 135 ont pour souscription : npo ? yaXaxa ? ; quelques codex y ajoutent omo pu|iri ;, aito scpsaou, 51a tito-j, Sca titoo xat Xouxa, Bia tujjixou. Pour les souscriptions plus développées, voir Tischendorf, Nov. Test., t. ii, p. 662.

I. Destinataires dé l'Épitre. — Cette' lettre est adressée « aux églises de Galatie ». i, 3. Mais, ainsi qu’on l’a vu à l’article précédent, ce terme : Galatie, au temps de saint Paul, désignait ou le pays des Galates, ou la province romaine de Galatie. L'Épitre peut donc avoir été écrite aux Galates proprement dits, que Paul aurait évangélisés pendant son second et son troisième voyage missionnaire, Act., xvi, 6 ; xviii, 23, ou aux habitants de la province romaine de Galatie, c’est-à-dire aux Églises d’Antioche de Pisidie, d’Iconium, de Lystre et de Derbé, que Paul avait fondées, lors de son premier voyage missionnaire, Act., xiii, 14-xiv, 22, et qu’il visita ensuite à deux reprises. Act., xvi, 1-5 ; xviii, 23. Les deux opinions ont pour elle des défenseurs et des arguments de valeur, au point qu’il est difficile de prononcer un verdict définitif.

Reste à déterminer si les Galates, à qui la lettre était adressée, étaient Juifs ou Gentils, ou s’il y avait des uns et des autres et dans quelle proportion ils étaient. . Les Gentils ou les incirconcis étaient certainement en majorité, v, 2 ; vi, 12 ; iv, 8 ; iii, 28, 29. En effet, toute l’argumentation de l'Épitre tend à établir que les lecteurs ne doivent pas se faire circoncire, car ce n’est pas la circoncision qui justifie, mais la foi en Jésus-Christ. S’ils se font circoncire, le Christ ne leur servira de rien, S 2 ; s’ils sont au Christ, ils deviendront postérité d’Abraham, iii, 29. Cependant plusieurs textes prouvent qu’il

y avait parmi les lecteurs des Juifs de naissance et des prosélytes, ii, 15 ; iii, 13, 23, 25, 28 ; iv, 3. En outre, les lecteurs de l'Épitre devaient être très familiers avec l’Ancien Testament, et même habitués à la dialectique rabbinique ; autrement Paul n’aurait pas cité aussi souvent les Livres saints et appuyé presque toute son argumentation doctrinale sur l’autorité de l'Écriture. Si nous exceptons l'Épitre aux Romains il n’est aucune Épitre de saint Paul, où l’on trouve une aussi forte proportion de citations de l’Ancien Testament. Donc les destinataires de cette Épitre étaient en majorité des païens et pour la plupart probablement des prosélytes et une minorité de Juifs de naissance.

IL Occasion et but de l'Épitre. — L'Épitre aux Galates est une lettre toute de circonstance ; c’est donc en relevant les allusions qui y sont contenues, que nous pourrons retracer les rapports de Paul avec les Églises de Galatie et les circonstances qui ont donné naissance à cette lettre. Saint Paul avait évangélisé lui-même ces Églises, i, 8, 9, et cela, lorsqu’il souffrait de cette maladie, dont il parle aussi aux Corinthiens. II Cor., xii, 7. Malgré cet état, qui aurait pu faire de lui un objet de mépris et de dégoût, iv, 14, les Galates l’avaient reçu comme un ange de Dieu, comme Jésus-Christ. IV, 14. Il se souvient de leurs témoignages d’affection ; ils se seraient arraché les yeux pour les lui donner, iv, 15. Aussi les appelle-t-il ses petits enfants ; il souffre encore pour eux les douleurs de l’enfantement, iv, 19. Son ministère avait été fructueux, car les Galates avaient reçu le Saint-Esprit, iii, 2 ; des églises avaient été fondées ; des miracles avaient été faits parmi eux, iii, 5 ; Dieu avait envoyé dans leurs cœurs l’Esprit de son fils, iv, 6 ; ils couraient bien, v, 7. Après la première évangélisation Paul fit aux Galates, au moins une seconde visite, Gal., iv, 13, si l’on restreint le sens de np<Stepov, et déjà, peut-être, à ce moment s’aperçut-il que les sentiments des Galates étaient changés à son égard et que leur foi t’tait chancelante, puisqu’il eut besoin de l’affermir, Act., xvi, 5 ; xviii, 25, et que, dans sa lettre, il dit aux Galates : Gomme nous l’avons dit précédemment et maintenant je le répète : si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu qu’il soit anathème. I, 9. Il ne s’agit pas ici de ce que Paul vient de dire, car la répétition ne renforce pas la phrase précédente. Mais bientôt après Paul apprit que le mal avait fait des progrès nouveaux. Est-ce par une lettre ou par des délégués venus de ces Églises qu’il connut cet état ? Nous ne pouvons le savoir, mais l’Apôtre paraît très bien informé et certain de la vérité des renseignements qu’il a, car il ne paraît pas mettre un seul instant en doute leur exactitude. Des gens, venus probablement d’Antioche, avaient enseigné aux Galates un Évangile différent de celui de Paul, i, 6-8. Qui étaientils ? nous l’ignorons, car Paul en parle toujours à mots couverts et même assez dédaigneux ; il les appelle Ttve ;. i, 7. C'étaient des chrétiens d’origine juive, IV, 29 ; I, 3 ; vi, 12-17, et il est probable qu’il y en avait plusieurs ; cela ressort du pluriel employé à leur sujet, i, 7 ; iv, 17 ; v, 12 ; mais un d’entre eux prédominait et devait être un homme d’une autorité reconnue, car Paul dit de lui : Celui qui vous trouble, quel qu’il soit, en portera le jugement, v, 10.

La lettre de l’Apôtre nous indique très nettement par les réponses qu’il y fait la tactique de ses adversaires. Elle était dirigée contre son autorité apostolique et contre ses enseignements dogmatiques et moraux. — 1° On attaquait la vie apostolique de Paul et surtout son indépendance à l'égard des premiers Apôtres. Il n’avait eu à leur égard tout d’abord, c’est-à-dire après sa conversion, qu’une position subordonnée, 1, 1, 16-20 ; c’est d’eux qu’il avait reçu son enseignement et même, au concile de Jérusalem, il avait dû le leur soumettre, ii, 1-11 ; à Antioche, Pierre n’avait pas approuvé sa conduite avec les Gentils, et s'était ostensiblement séparé de lui. ii, 41-15. Il n’avait aucun mandat pour remplir une mission parmi les païens, ii, 7-9 ; car il n’avait rien, ni personne qui attestât cette mission, sinon lui-même. La manière de vivre qu’il préconisait était contraire aux usages des Églises de Palestine et à la prédication des Apôtres. C'était pour plaire aux nouveaux convertis et obtenir de plus grands succès, i, 10, qu’il diminuait l'Évangile dans ses parties essentielles. Il sait d’ailleurs s’adapter aux circonstances, faire des concessions, i, 10 ; v, 11, et parler aux Juifs d’une tout autre manière. — 2° On attaquait surtout l'Évangile de Paul. La loi mosaïque avait été donnée aux hommes par Dieu comme un signe éternel d’alliance ; par conséquent, si les Galates voulaient participer à cette alliance, être des chrétiens complets, des membres de la communauté chrétienne, avoir part au salut messianique, ils devaient se faire circoncire, v, 2 ; vi, 12, observer les jours et les fêtes des Juifs, iv, 10. Mais les adversaires de Paul n’insistaient pas sur les autres obligations, imposées par la loi mosaïque ; ils n’avaient pas osé enseigner que le circoncis devait s’astreindre à toute la loi, v, 3 ; cette loi que les Juifs de naissance eux-mêmes n’observaient pas en entier. VI, 13. Ils rappelaient que les convertis du paganisme, « n se faisant circoncire, participaient à tous les privilèges que les Juifs avaient obtenus du pouvoir civil, et qu’ainsi ils évitaient la persécution, v, 11. — 3° En proclamant la déchéance de la loi, Paul met en doute la valeur des promesses divines, enlève toutes les barrières qui restreignaient le péché, et la liberté chrétienne, qu’il proclame, est la licence, l’autorisation de se livrer à tous les vices.

L’attaque des judaïsants était habile, car leur doctrine paraissait avoir pour elle l’Ancien Testament, la pratique de Jésus-Christ lui-même, des premiers Apôtres et des Églises de Palestine ; elle frappait au cœur même l'Évangile de l’Apôtre. Le salut est-il accordé à l’homme uniquement par la foi en Jésus-Christ ou a-t-il, pour condition nécessaire, l’observance de la loi mosaïque ? Paul a nettement posé la question lorsqu’il dit aux Galates : Je vous déclare que, si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien, v, 2. La question était donc de savoir si la loi était une institution transitoire, actuellement dépassée, qui avait produit tous ses effets et qui maintenant était remplacée par une nouvelle alliance, dont Jésus-Christ était l’initiateur et la condition. La question était certes difficile à résoudre, et il est possible que les judaïsants aient été de bonne foi. L’on ne peut donc s'étonner que ces insinuations contre la personne de l’Apôtre, que ces attaques contre son autorité et ses enseignements aient troublé profondément les Galates et que leur foi ait été ébranlée, i, 6. Us étaient fascinés, iii, l, et leur marche en avant fut arrêtée, v, 7 ; ils croyaient que Paul ne leur avait appris qu’un Évangile incomplet, que, n'étant pas un disciple immédiat du Seigneur, il ne savait pas tout. Ils étaient sur le point d’accepter un autre Évangile, i, 6, et de finir par les œuvres de la chair, après avoir si bien commencé par celles de l’esprit.-in, 3. Déjà ils observent les jours et les mois, les temps et les années, iv, 10 ; ils veulent se placer entièrement sous la loi. iv, 21. Il ne semble pas cependant qu’ils se soient déjà fait circoncire, v, 2, ni que les adhérents du nouvel Évangile aient été encore bien nombreux, et que tout espoir de les ramener et de rétablir les Galates dans la foi en Jésus-Christ ait été perdu, car Paul, tour à tour, exprime son anxiété, iv, 20, et sa confiance, v, 10 ; il éprouve de nouveau pour eux les douleurs de l’enfantement, mais enfin il espère qu’ils obéiront à la vérité et qu’ils persévéreront comme lui. v, 10. Quel qu’eût été le succès de ses adversaires auprès de ses enfants tendrement chéris, Paul fut très inquiet, IV, 20, et il aurait voulu être auprès d’eux pour changer de langage et les exhorter plus vivement. IV, 20. Dans l’impossibilité où il est d’aller les visiter, il prend la plume et, au lieu de dicter sa lettre, comme il le faisait d’ordinaire, il écrit de sa propre main aux Galates, vi, 11, persuadé que ce témoignage de sollicitude les touchera et que sa propre écriture aura plus d’efficacité que celle d’un secrétaire. Personne ne s’interposera entre lui et ses chers Galates. Il est vrai que le sens de cette phrase, vi, 11, n’est pas très clair. Saint Paul a-t-il voulu dire : Vous voyez quelle grande lettre je vous ai écrite de ma propre main, ou bien : Voyez avec quelles grandes lettres je vous ai écrit de ma propre main. De plus, Paul veut-il parler ici de toute sa lettre ou bien appeler l’attention des Galates seulement sur les dernières phrases, vi, 11-18, qu’il aurait ajoutées lui-même ? Ce petit problème, soulevé depuis longtemps, n’a pas été encore résolu. Cf. Cornely, Comm. in Gal., p. 604.

En résumé, l’argumentation des adversaires de l’Apôtre pouvait être réduite à trois points : 1° L'Évangile de Paul n'était pas d’origine divine et son apostolat était secondaire. — 2° En détruisant la loi, il est en opposition avec Dieu lui-même, qui a établi celle-ci comme condition de son alliance avec l’homme. — 3° Il ouvre la porte à toutes les licences. Il est peu probable que les attaques des judaïsants aient revêtu cette forme logique, et c’est Paul lui-même qui leur a imprimé cette puissance de dialectique. Il suit donc ses adversaires dans toutes leurs attaques et leur répond en établissant : 1. l’origine divine de son Évangile et son indépendance à l'égard des autres apôtres ; — 2. que la justification nous est accordée par la foi en Jésus-Christ crucifié et ressuscité, et non par la loi ; que celle-ci n’a été qu’une alliance transitoire entre Dieu et l’homme ; — 3. que la déchéance de la loi ne brise pas tout frein moral, car, désormais, la charité chrétienne sera la règle de nos actions. Telles sont les vérités que saint Paul établit dans sa lettre aux Galates.

III. Date et lieu de composition. — On ne sait ni la date exacte de l'Épitre aux Galates, ni la place que celle-ci occupe dans l’ordre des autres Épîtres de saint Paul. Il existe sur ces deux points, ainsi que sur le lieu de composition, des opinions très diverses et cela dès les temps anciens. Marcion, d’après S. Ëpiphane, Hær., xiii, 9, t. xli, col. 708, place l'Épitre aux Galates en tête des autres Épîtres de saint Paul. Victorin, vers 380 (Mai, Script. vet. nova coll., iii, 2, 1), rapporte que Paul écrivit cette épître, au temps où il prêchait à Éphèse, par conséquent pendant son troisième voyage missionnaire. Saint Jean Chrysostome, In Rom. hom. I, —, t. lx, col. 393, conjecture qu’elle est plus ancienne que l'Épitre aux Romains et qu’elle a dû être écrite vers la fin du troisième voyage de Paul. Théodoret, Comm. in Ep. Pauli Præf., t. Lxxxii, col. 41 et 504 ; saint Jérôme, In Gal., iv, 20, vi, 11, t. xxvi, col. 414 et 452 ; Euthalius, Argum. in Epi st. Pauli, t. lxxxv, col. 760 ; Pseudo-Athanase, Syn. S. Script., 62, t. xxviii, col. 417 ; Œcuménius, Comm. in Ep. Pauli, t. cxviii, col. 1089, pensent qu’elle fut écrite à Rome, pendant la première captivité de saint Paul. Les manuscrits, B" » KPL, 37, 47, 48, les deux versions syriaques, la version copte portent en souscription απο Ρωμης. Cette opinion a encore de nos jours quelques représentants, Halmel, Koehler, et cela à cause des passages, iv, 20 ; vi, 17, où l’on voit des allusions à la captivité de saint Paul, et de l’emploi qu’il fait des termes de droit romain, iv, 2 ; iii, 20. Zahn, Einl. in das N. T., t. I, p. 140-143, a montré que ces preuves étaient insuffisantes et qu’en particulier, si Paul avait été captif au moment où il écrivait, il l’aurait dit plus nettement, ainsi qu’il le fait dans les Épîtres, écrites certainement pendant sa captivité. De la diversité d’opinion sur les destinataires de l'Épitre est née la divergence des hypothèses sur la date et le lieu de composition. Elle est, a-t-on dit, la première Épître de saint Paul (Marcion, Zahn) ; la dernière (Koehler) ; elle a été écrite avant l’an 54 (Calvin, Michaêlis, Keil) ; peu de temps après la conférence de Jérusalem (Cornely, Hausrath, Pfleiderer) ; à Antioche (Renan, Ramsay) ; à Éphèse, pendant le troisième voyage missionnaire (Meyer, Reuss, Holtzmann, Lipsius) ; à Corinthe, après son séjour de trois ans à Éphèse (Bleek, Lightfoot) ; à Rome (saint Jérôme, Schrader). Établissons d’abord les faits auxquels doit satisfaire une solution du problème. L’Épître a dû être écrite après le concile de Jérusalem, puisque, de l’aveu de presque tous les critiques, le voyage à Jérusalem et les entretiens de Paul avec les chrétiens de cette ville et les apôtres, Gal., ii, 1-10, doivent être identifiés, avec le voyage de Paul, raconté au ch. XV des Actes. En outre, elle a été écrite après une seconde visite aux Églises de Galatie, car saint Paul dit à ses lecteurs : Vous savez que je vous ai pour la première fois annoncé l’Évangile à cause d’une infirmité de la chair, IV, 13 ; ce qui suppose que l’apôtre a visité ces Églises au moins une seconde fois. Il est vrai que πρότερον ne signifie pas nécessairement une première fois, mais peut être traduit par : auparavant, antérieurement. Cependant, qu’il y ait eu une seconde visite aux Églises de Galatie avant l’envoi de l’Épître, cela ressort assez nettement du ch. i, 8, fi : « Mais quand nous-même, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! Comme nous l’avons dit précédemment et maintenant je le dis de nouveau : si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème. » Il est impossible que ces mots, comme nous l’avons dit précédemment, se rapportent à ce qui vient d’être dit, que ce soit une simple répétition. Ils font allusion à une parole prononcée, lors d’une visite aux Églises évangélisées. Or, elles n’ont pu être dites lors de la première évangélisation, car, à cette époque, il n’y avait pas lieu de prémunir les convertis contre un autre Évangile qui leur aurait été prêché. En outre, la lettre fut écrite peu de temps après cette seconde visite, car saint Paul exprime aux Galates son étonnement de ce qu’ils se sont détournés aussi promptement de celui qui les a appelés par la grâce du Christ, i, 6. Le terme ταχέως est, il est vrai, assez vague, mais cependant ne permet pas de supposer un trop grand espace de temps entre la conversion des Galates et leur défection. À quel moment eut donc lieu cette seconde visite aux Églises de Galatie ? Pour les uns la seconde visite est celle dont il est parlé au ch. xvi, 6, des Actes. L’évangélisation du pays est racontée aux ch. xiii et xiv. Paul aurait donc écrit sa lettre pendant, son deuxième voyage missionnaire ; à quel moment précis et en quel lieu, il est difficile de le dire exactement. Le P. Cornely, Comm. in Gal., p. 368, pense qu’elle a pu être écrite à Troade, où Paul aurait appris par Luc les menées des judaïsants et les succès de leur prédication chez les Galates. L’Épître aux Galates aurait donc été la première en date des lettres de saint Paul. Cependant, pour rester, en accord avec les Pères et les critiques catholiques, qui placent en première ligne les Épîtres aux Thessaloniciens, il suppose que l’Épître aux Galates a été écrite à Corinthe vers l’an 53. Il pense même que le porteur de la lettre fut Silas, le compagnon de saint Paul, pendant ce voyage. Chargé par les apôtres, Act., xv, 22, de porter à Antioche le décret de Jérusalem, il était mieux à même que personne de rétablir l’exactitude des faits, dénaturés par les judaïsants. La première épître de Pierre, v, 12, prouve que Silas ou Silvanus était bien connu des Églises de Galatie. Zahn, Einleit., t. i, p. 140, pense aussi que l’Épître aux Galates a été écrite à Corinthe, probablement vers mars 53, mais avant les Épîtres aux Thessaloniciens, parce que dans la lettre aux Galates il n’est fait aucune mention de Silas et de Timothée, bien connus cependant des Galates ; c’est donc qu’elle a été écrite avant que les deux missionnaires, qui s’étaient séparés de Paul à Bérée, Act., xvii, 15, ne l’eussent rejoint à Corinthe. Act., xviii, 30. Pour d’autres critiques, l’évangélisation est racontée au ch. xvi, 6, des Actes et la seconde visite est mentionnée au ch. xviii, 23. Ce serait donc à Éphèse, où Paul se rendit après avoir parcouru les hautes provinces de l’Asie, Act., xix, 1, qu’il écrivit sa lettre aux Galates. À peu près à cette époque, en l’espace de deux ou trois ans, l’apôtre écrivit ses Épîtres aux Galates, aux Corinthiens et aux Romains. Or, il y a entre ces lettres, surtout celles aux Galates et aux Romains, des ressemblances indéniables, ressemblances d’idées et même très souvent d’expressions. Nous le montrerons bientôt d’une manière précise. Il faut donc placer l’Épître aux Galates, à peu près au même temps que les autres Épîtres aux Romains et aux Corinthiens, par conséquent à Éphèse, vers l’an 55-57, ou à Corinthe en 58. La conclusion n’est pas inattaquable. Elle peut avoir sa valeur pour les critiques, qui admettent chez l’apôtre un développement doctrinal et pensent que ses idées ont suivi le cours des événements, et que Paul n’avait pas de son Évangile une idée complète et définitive avant les controverses avec les judaïsants. C’est pour répondre à leurs attaques que l’apôtre aurait esquissé, d’abord dans sa lettre aux Galates, son système théologique et qu’il l’aurait développé ensuite dans l’Épître aux Romains. Dans la première lettre il avait établi la déchéance de la loi et montré la raison d’être de la loi mosaïque dans le plan divin ; dans la deuxième, il développe dans son ensemble le plan de Dieu dans l’histoire de l’humanité et prouve que la loi mosaïque n’a été qu’un moment de cette histoire. Nous dirons plus loin quels sont les rapports entre les Épîtres aux Galates et aux Romains, et nous reconnaîtrons que la seconde peut être regardée comme un complément ou un développement de la première, mais cette constatation ne nous oblige pas du tout à croire que saint Paul n’a vu que peu à peu l’ensemble de sa doctrine. — Dans l’Épître aux Galates, épître de circonstance, il adapte ses enseignements à une situation donnée, et, par suite, traite une partie seulement de la question, celle qui était l’objet des attaques des judaïsants, tandis que, dans l’Épître aux Romains, il présente un exposé complet de son Évangile, destiné à préparer les chrétiens de Rome à le recevoir et à accepter sa doctrine. En outre, la situation de l’Église de Corinthe, telle qu’elle nous est présentée surtout dans la seconde Épître aux Corinthiens, offre des analogies frappantes avec celle des Églises de Galatie. Des deux côtés, ce sont les mêmes insinuations, les mêmes attaques contre l’autorité apostolique de Paul, les mêmes adversaires, des judaïsants. Les Épîtres aux Galates, aux Corinthiens et aux Romains ont donc certainement été écrites à peu près à la même époque, et à un moment où la situation était à peu près identique, mais il peut y avoir eu entre elles un intervalle de quelques années. Le contenu même de ces lettres le prouve. Dans les premières, la polémique est ardente, elle est personnelle ; dans la dernière il semble qu’elle est apaisée. L’Épître aux Romains est une exposition large et tranquille d’une vérité désormais assurée. Il est donc possible que Paul ait écrit l’Épître aux Galates vers l’an 53, les Épîtres aux Corinthiens en 57 et l’Épître aux Romains en 58, à moins qu’on ne préfère rapprocher davantage l’Épître aux Galates des autres Épîtres et la placer en l’an 56-57.

IV. Canonicité. — La canonicité de l’Épître aux Galates ressort de ce fait que, ainsi qne nous allons le démontrer, elle a été très probablement connue des Pères apostoliques, qu’elle a été certainement employée par les Pères de l’Église, dès le milieu du iie siècle, et qu’elle est cataloguée dans la plus ancienne liste d’écrits canoniques, le canon de Muratori, et dans les autres canons. Elle est dans les vieilles versions latines, syriaques, égyptiennes, et dans les plus anciens manuscrits, Vaticanus, Sinaiticus, Alexandrinus, etc. V. Authenticité.— L’authenticité de l’Épître aux Galates aurait à peine besoin d’être établie, tellement elle ressort avec évidence des faits racontés dans la lettre et des doctrines qui y sont exposées. Aussi l’a-t-on, dès les temps les plus anciens, reconnue comme ayant été écrite par l’apôtre Paul. Si nous ne tenons pas compte des doutes émis par l’Anglais Evanson (1792), c’est en notre siècle surtout que des critiques ont nié l’authenticité de cette lettre.

Le premier en date fut Bruno Bauer, qui l’attaqua dans la première partie de sa Kritik der paulinischen Briefe, Berlin, 1852. Le point de départ était une réaction contre le système de Christian Baur, sur l’authenticité des quatre grandes Épîtres et le rejet des autres Épîtres et des Actes des Apôtres. Naber et Pierson, Verisimilia, laceram conditionem N. T. exemplis illustraverunt et ab origine repetierunt, Amsterdam, 1887 ; Loman, Qusestiones Paulinæ, Leyde, 1882 ; van Manen, Bezwaren tegen de echtheit van Paulus brief aan de Galatiërs, Th. Tijdsch, 1886 ; Völter, Die Composition der paulinischen Hauptbriefe ; I, Der Römer und Galater-Brief, Tubingue, 1890 ; Scholten, Bijdragen, 1882, ont marché dans la même direction et attaqué les quatre grandes Épîtres. Ils les ont remaniées, dépecées, mutilées, n’en ont même conservé que des fragments ou les ont déclarées entièrement supposées. Rudolf Steck, Der Galaterbrief nach seiner Echtheit untersucht, Berlin, 1888, a concentré ses efforts sur l’Épître aux Galates. J. Friedrich (Mähliss), Die Unechtheit des Galaterbriefes, Halle, 1899, a résumé les objections des uns et des autres, surtout de Bauer et de Steck. Toutes leurs objections seront réfutées par l’établissement de l’authenticité par des preuves positives. Quelques mots suffiront ensuite pour résoudre celles de leurs difficultés, qui n’auront pas encore été éclaircies, principalement celles qui naissent des rapports entre l’Épître aux Galates et les Actes des Apôtres.

Preuves extrinsèques.— Saint Irénée est le premier qui ait formellement attribué l’Épître aux Galates à saint Paul ; mais des écrivains ecclésiastiques, plus anciens que lui, l’ont connue, car on trouve dans leurs écrits quelquefois des citations presque textuelles et souvent des passages qui la rappellent de près. — Les rapprochements avec l’Épître de Clément Romain sont très vagues. Cf. I Cor., ii, 1, t. i, col. 209, et Gal., iii, 16 ; I Cor., 49, 6, t. i, col. 312 et Gal., i, 4 ; II Cor., qui n’est pas de Clément Romain, mais remonte au milieu du iie siècle, l’auteur, ii, 1, t. i, col. 332, cite le passage d’Isaïe, liv, 1, comme le fait saint Paul, Gal., iv, 27, et l’Interprète de la même façon. Tous deux reproduisent les Septante. Les autres comparaisons, ix, 7, t. i, col. 228, et Gal., iv, 10 ; xvii, 3, t. i, col. 244, et Gal., i, 14, sont très vagues. — On trouve dans les lettres authentiques d’Ignace martyr plusieurs coïncidences, mais on ne pourrait affirmer qu’elles prouvent une relation entre ces lettres et l’Épître aux Galates. Voir Ephes., xvi, 1, t. v, col. 658 et Gal., v, 21 ; Polyc, i, t. v, col. 720, et Gal., vi, 2 ; Rom., va, t. v, col. 693 et Gal., v, 24 ; vi, 14 ; Philad., i, t. v, col. 697 et Gal., i, 1 ; Rom., ii, t. v, col. 688 et Gal., i, 10, etc. — Les rapports avec l’Épître de saint Polycarpe paraissent plus nets ; l’évêque de Smyrne emploie des membres de phrase, qu’il a dû lire dans l’Épître aux Galates. Ainsi v, 1, t. v, col. 1009 :εἰδότες οὔν ὅτι θεὸς οῦ μοκτερίζεται. Cf. Gal., VI, 7. Cependant cette expression : on ne se moque pas de Dieu, peut être une expression proverbiale. Cette formule : courir en vain, qu’emploie saint Paul, ii, 2, se retrouve, IX, 2, t. v, col. 1013. Πεπεισμένους ὅτι οὗτοι πάντες οὐϰ εἰς ϰενόν ἔδραμον, ἀλλ' ἐν πίστει ϰαὶ δικαιοσύνῃ. Cf. encore, iii, 2, t. y, col. 1008, et Gal., iv, 26 ; vi, 3, t. v, col. 1012, Gal., iv, 18 ; xii, 2, t. v, col. 1014, et Gal. t. i, 1. — Saint Justin a certainement connu cette Épître. Dans son dialogue avec Tryphon, xcv, il cite, t. vi, col. 701, le même pas sage du Deutéronome, xxiii, 26, que saint Paul, Gal., m, 10, et xevi, t. vi, col. 70t, il cite encore un autre passage du Deutéronome, xxi, 23, de la même façon que saint Paul, Gal., iii, 13, et il s’en sert pour faire un raisonnement, analogue à celui de saint Paul. Il introduit le premier par Une phrase, qui ressemble beaucoup à celle de Gal., iii, 10. Ce qui paraît décisif sur l’emprunt, fait par saint Justin à saint Paul, c’est que ces deux textes sont, mot pour mot, semblables à ceux de l’Épître aux Galates. Or, ici, Paul n’a reproduit ni les Septante que nous avons, ni le texte hébreu. — Athénagore dans son Apologie, iii, t. vi, col. 921, parle comme saint Paul, IV, 9, des :τὰ πτωχὰ ϰαὶ ἀσθνῆ στοιχεῖα, les éléments faibles et pauvres, expression très singulière et qu’il a dû emprunter à saint Paul. Ces textes, on le voit, à part un ou deux, sont peu probants. — Ceux des hérétiques le sont davantage. Lightfoot, Ep. to the Gal., p. 61, dit que les Ophites ont fait un grand usage de cette lettre. On en trouve des citations textuelles dans leurs écrits. Ainsi ils auraient cité Gal., iv, 26 ; voir Philosophumena, l, Pat. gr., . xvi, col. 3139 ; Gal., iv, 27, et Philos., v, 8, col. 3150, etc. Les Valentiniens d’après Irénée, i, 3, 5, Adv. Hær., t. vii, col. 478, s’en seraient servis aussi. Marcion l’avait placée dans son Canon en tête des Épîtres de Paul. Voir les parties qui nous en restent dans Zahn, Gesch. des N. T. Kanons, p. 495-505. Celse parle de ces hommes qui disent : ἐμοὶ ϰόσμος ἐσταύρται ϰάγὸ τῷ ϰόσμῳ. Gal., vi, 14. C’est, dit Origène, la seule sentence que Celse ait empruntée à saint Paul. Cont. Cels., v, 65, t. xi, col. 1288. L’auteur ébionite des Homélies clémentines, xvii, 19, t. ii, col. 401, met dans la bouche de saint Pierre un discours, où celui-ci reproche à Simon le Magicien, c’est-à-dire à Paul, de s’être opposé à lui,ἐναντίος ἀντεστηϰάς μοι, de l’avoir condamné, ϰατεγνοσμένον, paroles qui rappellent Gal., ii, 11. Il s’y trouve encore d’autres allusions à l’Épître aux Galates. On pourrait trouver d’autres rapprochements dans Justin le gnostique, dans Tatien, les Actes de Paul et de Thècle, XL. Gal., ii, 8. Mais pour ce temps-là, deuxième moitié du il » siècle, nous avons les textes précis de saint Irénée : Hær., v, 21, 1, t. vii, col. 1179, Voir aussi iii, 6, t. vii, col. 863. Au ine siècle, Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 15, t. viii, col. 1200. Tertullien, De præscript., c. vi, t. ii, col. 18, etc.

Preuves internes. — Ce témoignage de la tradition est fortement corroboré par l’étude de l’Épître elle-même. 1° Cette Épître rentre bien dans la suite des événements, que nous présentent pour cette époque les autres Épîtrees de Paul et les Actes des Apôtres, et l’on ne retrouve pas au IIe siècle une situation historique, qui puisse l’expliquer ; 2° les doctrines sont en accord avec celles qu’a enseignées saint Paul et 3° le style est identique à celui des lettres de l’apôtre. — 1° L’Épître aux Galates est une des premières Épîtres de saint Paul, et, quelle que soit l’hypothèse que l’on adopte sur sa date ou ses destinataires, elle doit être placée à peu près au même temps que les Épîtres aux Corinthiens, quelques années après les discussions d’Antioche sur les conditions d’admission des païens dans la communauté chrétienne, après le concile de Jérusalem, où fut réglée la question et avant ou après la deuxième aux Corinthiens, où se, discute encore l’autorité apostolique de Paul. Elle répond de tout point à ces diverses situations et n’a pu être : écrite qu’à cette époque, car ces questions n’ont pas été posées de nouveau dans les temps postérieurs. L’Église chrétienne se rattachait étroitement au judaïsme par ses origines, ses doctrines et ses premiers prédicateurs. Une question se posa donc, dès les premiers jours où des incirconcis écoutèrent la parole apostolique. Devait-on les admettre dans la société chrétienne et à quelles conditions ? Saint Pierre trancha la première question en baptisant le centurion Corneille et sa maison. Act., x. La deuxième question était plus délicate. Les chrétiens GALATES (EPITRE AUX)

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avaient des assemblées, où ils mangeaient en commun. Act., ii, 46 ; xx, 7. Or, le Juif et surtout le pharisien ne pouvaient, d’après leur coutume, participer à un repas, où se trouvaient des incirconcis. La conclusion était donc qu’il fallait circoncire les païens convertis. La discussion sur ce point, soulevée à Antioche, fut réglée par le concile de Jérusalem. Les incirconcis furent admis dans la société chrétienne sans être astreints à la circoncision et à l’observance de la loi mosaïque. Mais certains Juifs, surtout parmi les pharisiens, ne désarmèrent pas tout d’abord, et la question, de purement doctrinale, devint personnelle. Ils attaquèrent celui qui représentait cette doctrine de la déchéance de la loi, saint Paul, et le représentèrent comme un apôtre secondaire, un homme qui n’avait aucune autorité, sinon celle qu’il se donnait lui-même. Nous trouvons dans les Actes les faits qui trahissent cette hostilité contre saint Paul et dans la deuxième Épître aux Corinthiens, sinon déjà dans la première, nous voyons saint Paul défendre son autorité apostolique contre les judaïsants. Or, si nous examinons PÉpltre aux Galates, nous constatons que son contenu répond à l’ensemble de ces faits et de ces doctrines. 1. Saint Paul établit son indépendance apostolique, en racontant à sa manière ce qui nous est connu par ailleurs ; en y ajoutant des détails tout personnels, que nous ne connaissons pas par d’autres écrits, ce qu’un faussaire n’aurait pu faire ; en procédant souvent par des allusions, que nous ne comprenons plus, et qui engendrent des difficultés inextricables pour nous, mais très intelligibles pour les lecteurs du temps. Or, à quelle autre époque, sinon du vivant de Paul, était-il nécessaire de démontrer son indépendance apostolique ? et a-t-elle été discutée plus tard ? Tout au contraire. Un grand nombre d’Églises réclamèrent saint Paul comme leur fondateur et bientôt il fut appelé l’apôtre par excellence et réuni à saint Pierre comme un des piliers de l’Église naissante. Si, dans le milieu du IIe siècle, une secte infime, issue du judéo-christianisme, les ébionites, attaqua saint Paul, ce ne fut pas comme apôtre qu’il fut pris à parti, mais comme menteur, imposteur ; ce qui n’est pas du tout le cas des adversaires, dont il est parlé dans l’Épltre aux Galates. — 2. Dans l’Épitre aux Galates on voit que la controverse sur les observances légales, close en principe, renaît sous une forme atténuée ; les Galates se sont laissé persuader que, pour faire partie de la vraie communauté chrétienne ou, tout au moins, pour atteindre à un plus haut degré de perfection, il fallait être circoncis, sinon, on restait dans un état inférieur. C’était bien la manière devoir de certains chrétiens primitifs de Jérusalem, telle qu’elle ressort du récit des Actes. Mais voit-on que, plus tard, c’est-à-dire après leur tentative auprès des chrétiens de Galatie, les Juifs convertis aient voulu imposer là circoncision ? Ce fut leur dernier effort et peu après, à Corinthe, ils n’essayent plus de le faire ; ils attaquent surtout l’autorité de Paul. À quoi donc aurait servi au n » siècle la démonstration, que donne saint Paul, de l’inutilité de la circoncision pour le salut ? C’était une question tranchée depuis longtemps. Aussi, aucun document dé la fin du I er ou du iie siècle ne fait allusion à cette controverse, et l’on voit les païens convertis entrer de plain pied dans la communauté chrétienne. Les ébionites attaquèrent l’enseignement de saint Paul, mais n’essayèrent pas d’imposer la circoncision aux païens convertis. Le contenu de l’Épitre aux Galates s’adapte donc bien aux circonstances historiques et doctrinales du temps de saint Paul et ne répond à aucune des situations historiques postérieures. Donc elle a été écrite par saint Paul, car on ne peut supposer qu’un contemporain ait pu avec succès prendre son nom. Comme confirmation, on pourrait trouver, en comparant cette Épître aux autres lettres de Paul ou anx Actes, des rapports de faits, qui ne s’expliquent pas, si l’auteur n’est pas l’Apôtre. Citons seulement les allusions, que

fait Panl à des souffrances, qu’il a éprouvées en sa chair chez les Galates, IV, 11-16, souffrances, dont il parle aussi aux Corinthiens, II Cor., xii, 7, mais en les mêlant à des idées totalement différentes, ce qui exclut toute idée de copie. Citons encore ce qui est dit de saint Jacques, ch. i et ii, et qui se trouve en parfaite conformité avec ce qu’en disent tes Actes, ch. rv. On trouve, v, 19, une de ces énumérations de péchés et de vertus, qui leur sont opposées, très familières à saint Paul ; Rom., i, 29 ; I Cor., vi, 9 ; II Cor., xii, 20 ; Eph., v, 3, 5, 9 ; Col., iii, 5, 12, etc. — 2° Nous retrouvons dans l’Épitre aux Galates les doctrines des autres Épitres de saint Paul et principalement celles de l’Épitre aux Romains. Les points de contact entre ces deux lettres sont très nombreux ; ils le sont même tellement qu’on a pu soutenir que l’une est, en partie, empruntée à l’autre. Il faut donc reconnaître les rapports étroits q’ii existent entre elles, mais montrer que les arguments, tout en étant les mêmes, sont employés de telle façon, qu’ils prouvent l’identité d’auteur et non des emprunts, faits par un faussaire. Les idées, ainsi que la doctrine à établir, sont identiques, mais ni l’ordre dans lequel elles sont disposées, ni les termes qui les expriment ne sont les mêmes. Il y a rapprochement et non dépendance littéraire. Relevons d’abord les idées exprimées en termes assez rapprochés. On a signalé vingt-quatre ressemblances avec l’Épitre aux Romains ; Gal., iii, 11 ; Rom., iii, 20 ; Gal., iii, 19 ; Rom., v, 20 ; Gal., iii, 23 ; Rom., iii, 18 ; Gal., iii, 27 ; Rom., vi, 3, etc., quatorze avec la première Épttre aux Corinthiens, Gal., i, 8, 9 ; I Cor., xvi, 22 ; Gal., iii, 26 ; I Cor., xii, 13, etc., et onze avec la deuxième Épître aux Corinthiens. Gal., iv, 17 ; II Cor., xi, 2 ; Gal., x, 10 ; II Cor., ii, 3, etc. Ce sont, pour la très grande majorité, des phrases, exprimant, il est vrai, la même idée, ce qui prouve l’identité d’auteur, mais en des termes différents, quoique très rapprochés, ce qui exclut la dépendance littéraire. Citons quelques exemples : Gal., i, 20 : & Se YP^w 6| « v, 150ù êv<iirtov to0 6eo0, ott où ^eûSonou, et Rom., ix, 1 : àlrflzuxv lfu> iv Xpi<rt<S, où’J/eySoiiai, et II Cor., xi, 31 : <5 9eô ; … olSev oti où ij/eOSonai. Ou encore : Gal., iii, 27, oW eW Xpio-rbv à6 « im<rf>Y]Te Xpiutôv ivefiûffaofle, et Rom., xiii, 14, êvS-jaaofle xôv xûpiov’Irjaoviv Xpio-roV Les rapprochements les plus textuels sont les suivants : Gal., iv, 30, àU « t£ Xéysi r| yP « ?*Ij et Rom., iv, 3, xi y « p *i YP a 1°î ^yet ; Gal., i, 11, YvwpiÇio Si û|iîv, &Ht ?oi, tô s0aYY^'O"'> tô eùaYY^’iflèv ûit’èjioO, et I Cor., xv, 1, YVdipiîdi 8s (i[J.ïv, àSe), ço(, to t>orc(é<.ai, h eOaYY^KTaixïiv û|iîv ; Gal., v, 9, (iixpà ïv|M) 8), ov tô çiipapa C’jjjloî, et I Cor., v, 6, oùx opaxe ô’ti (iixpà Ç’V r i ô’Xov tô 9Ûp « |ia Çu(toï. Cf. encore Gal., iii, 6 ; Rom v iv, 3 ; Gal., m, 12 ; Rom., x, 5 ; Gal., v, 14 ; Rom., xiii, 9. Or, ces ressemblances textuelles, bien peu nombreuses, on le voit, ne prouvent pas du tout qu’un faussaire a copié les -Épitres de Paul pour écrire la lettre aux Galates. La première est une formule de citation, la troisième un proverbe et la deuxième une idée très générale, toutes formes, qu’on ne peut s’étonner de retrouver sous la plume de saint Paul à plusieurs reprises. Les autres textes mis en présence sont des citations de l’Ancien Testament. Un faussaire empruntant à saint Paul des passages en aussi grand nombre les aurait copiés plus textuellement et n’aurait pas su les varier ainsi par des formules différentes, quoique reproduisant la même idée. C’est l’Apotre lui-même qui, ayant à exprimer des idées analogues, n’a pas craint de se répéter lui-même mais non servilement. Pourquoi d’ailleurs n’aurait-il pas agi ainsi dans ses différentes lettres lorsqu’on le voit suivre ce procédé dans le cours d’une même lettre ? Cf. Rom., m, 17 ; ix, 4, etc. (consulter les références marginales de l’Épitre aux Romains).

Si maintenant nous étudions la doctrine des deux épîtres dans son ensemble, nous constatons que, des deux côtés, ’il est établi que la circoncision est inutile

pour la justification ; dans l’Epi tre aux Calâtes tont l’effort de l’Apôtre est donné pour établir cette proposition seule et l’argumentation est entièrement dirigée dans ce sens ; dans l’Épltre aux Romains, Paul expose, dans son ensemble, sa doctrine sur la justification, et l’inutilité de la.circoncision pour le salut entre dans l’exposé général comme une partie. Toutes les idées et les preuves qui, dans l’Épltre aux Galates, établissent l’inutilité de la circoncision, se retrouvent dans l’Épltre aux Romains, mais dans un ordre différent et avec une portée plus générale ; elles sont introduites à leur place dans la démonstration du plan de Dieu dans l’histoire de l’humanité. Mises en face l’une de l’autre, il faut reconnaître que l’Épltre aux Galates est une ébauche partielle, dont l’Épltre aux Romains est le tableau définitif. Il suffit de suivre les principales idées pour s’en convaincre. Paul affirme dans la première que l’homme est incapable d’accomplir toutes les œuvres de la loi ; or, il prouve dans les trois premiers chapitres de la seconde qu’en fait ni le Gentil, ni le Juif n’ont observé la loi. L’homme n’est pas justifié par la loi, car le juste vivra par la foi, Gal., ii, 11 ; Rom., i, 17 ; ce mode de justification est le plus ancien, puisque Abraham a été justifié par sa foi, avant d’être circoncis, Rom., iv, 11, et longtemps avant la promulgation de la loi. Gal., iii, 6 ; iv, 3. La promesse est faite à Abraham et à sa postérité et cette postérité c’est le Christ et ceux qui croient en lui, Gal., ii, 16, car Abraham n’a pas été le père des Juifs seulement, mais il a été le père de tous ceux qui croient sans être circoncis. Rom., iv, 11. Les conséquences morales de cette doctrine de la justification par la loi sont exposées rapidement dans l’Épltre aux Galates, v, 13, tandis gue, dans l’Épltre aux Romains, Paul s’y arrête longuement et établit en détail ce que sera la vie du fidèle dans le Christ. Rom., vi, vil, vin. Peut-on conclure de cette comparaison que l’épître abrégée est un résumé ou que l’épître la plus’longue est un développement de l’autre ? Non, car, bien que les doctrines de l’Épltre aux Galates se retrouvent dans l’Épitre aux Romains, elles sont présentées d’une façon trop indépendante, elles s’enchaînent trop logi^ quement pour marcher à une conclusion très, particulière, pour qu’on puisse les croire glanées, une à une, dans un autre exposé. Elles viennent du même fond, mais ne sont pas empruntées l’une à l’autre. On comprend très bien qu’un écrivain, ayant à exposer deux fois la même doctrine, se soit répété de cette façon, tantôt littérale, tantôt indépendante ; tandis qu’on ne voit pas pourquoi un faussaire aurait reproduit les textes ici servilement, ici très largement. Il aurait été bien habile. Le plus simple est de croire que saint Paul a écrit les deux Épltres.

Style de l’Épitre.

Il est inutile de prouver dans

le détail que le style de l’Épitre aux Galates est bien celui de l’Apôtre dans les lettres, que tous reconnaissent comme authentiques. Le nier, c’est nier l’évidence et il suffit de lire attentivement une page de cette Épître et une page de l’Épltre aux Romains, par exemple, pour être convaincu de l’identité d’écrivain. On relève des âitaÇ XsYÔ(ieva, mais toutes les Épltres de saint Paul en ont et même en de plus fortes proportions que l’Épitre aux Galates. On n’y trouve pas certaines figures de rhétorique qui sont fréquentes dans les Épltres aux Corinthiens. Mais peut-on obliger l’Apôtre à employer toujours les mêmes formes de langage ? En fait, il a usé à peu près de toutes les formes de rhétorique, les unes, plus souvent dans telle Épltre, les autres dans telle autre Épltre, mais que conclure de là ? Rien, sinon que sa disposition d’esprit ou son sujet n’étaient pas le même. — De cette ressemblance de style avec l’Épitre aux Romains, de ces mêmes expressions, de ces mêmes mots, employés dans les deux lettres, peut-on conclure à une imitation, exécutée par un faussaire ? Ce serait supposer un faussaire trop habile et tel qu’il n’y en eut jamais. Le style

de saint Paul est absolument inimitable, parce qu’il ne suit pas des règles fixes et déterminées. On peut imiter le style d’un écrivain, qui travaille à tête reposée, qui emploie toujours les mêmes procédés, mais comment imiter un style, tel que Celui de Paul, un style dont les procédés varient avec les circonstances, qui change i chaque instant, tout en restant au fond le même, un style où souvent les règles de la grammaire sont violées, Paul se préoccupant seulement d’exprimer sa pensée et s’inquiétantpeu de la forme ? C’est d’ailleurs supposer à ce faussaire une préoccupation qui n’était pas du tout de son temps. Aux premiers siècles du christianisme il y a eu des livres pseudépigraphes, mais dans aucun de ces écrits, on ne voit que l’auteur ait essayé d’imiter le style de l’auteur supposé.

4° Rapports entre l’Épitre aux Galates et les Actes des Apôtres. — Toutes les divergences qu’on a relevées entre l’Épitre aux Galates et les Actes, s’expliquent si l’on se place au point de vue particulier des deux écrivains. Saint Luc a écrit en historien et saint Paul en apologiste de sa conduite. Le premier raconte ce qui intéresse l’Église tout entière, ce qui importe à l’histoire de sa fondation et de son extension, il laisse de côté tous les faits personnels ou de détail ; le second raconte seulement ce qui lui est personnel. Luc a voulu en faire un récit complet et objectif. Paul choisit parmi les faits ceux qui conviennent à sa thèse. Il n’a pas l’intention d’écrire une page d’histoire ; il veut démontrer que son Évangile lui vient directement de Dieu, qu’il n’a reçu aucun enseignement humain, qu’il ne dépend pas des premiers Apôtres, qu’il est avec eux sur un pied d’égalité ; pour démontrer cette indépendance apostolique il cite seulement les faits qui la prouvent, car il n’avait pas à faire un récit détaillé des événements, bien connus de ses lecteurs. D’ailleurs, si l’on prend une à une les divergences, elles s’expliquent à la condition de ne pas presser les termes, de leur donner, au contraire, un sens large et de tenir compte des exigences de la polémique. Les divergences entre Act., ix, 1-21, et Gal., i, 15, 16, s’expliquent facilement à la condition de suivre les principes d’exégèse que nous venons de rappeler. Entre Act., ix, 19-30, et Gal., i, 16-24, il y a deux divergences plus difficiles à concilier. 1° Paul dit qu’après sa conversion il se retira en Arabie et que c’est après trois ans seulement qu’il alla à Jérusalem, i, 17-18. Les Actes, ix, 23, ne parlent pas du voyage en Arabie et rapportent que Paul alla à Jérusalem, « c 8k iîiXïipoûvTo 7)[ « .épxi ixavai, « lorsque furent accomplis des jours nombreux ; » i-*.a161 „a aussi ce sens, car la Vulgate le traduit toujours par multus et saint Luc l’emploie lorsqu’il ne connaît pas exactement le temps écoulé ; il n’y a donc aucune contradiction réelle entre les deux récits. — 2° Saint Paul, Gal., i, 19, dit que, pendant son séjour à Jérusalem, il ne vit que Pierre et Jacques et qu’il était inconnu de visage aux Églises de Judée, tandis que les Actes, îx, 26-29, rapportent qu’à Jérusalem il essaya de se mettre en rapport avec les disciples, qui se défiaient de lui ; Barnabe le conduisit aux Apôtres et, depuis lors, il allait et venait avec eux dans la ville et discutait avec les Gentils. — Les deux récits donnent aux faits une physionomie différente, mais non contradictoire. Saint Paul appuie principalement sur ce fait qu’il n’a vu que Pierre et Jacques parce qu’ils étaient les Apôtres les plus en vue et les seuls qui auraient pu lui imposer une doctrine ; or, ils ne l’ont pas fait. Les rapports qu’il a pu avoir avec les autres n’avaient, à son point de vue, aucune importance ; aussi n’en parle-t-il pas. — Les divergences entre Gal., ii, 1-10, et Act., xv, 1-35, ne sont pas réelles, parce que Paul s’est placé dans son récit à un point de vue tout à fait personnel et les Actes, au contraire, ont donné l’ensemble des faits ; les événements mentionnés sont, en définitive, les mêmes dans leur origine, dans leurs grandes lignes et dans leur résultat. Saint Paul ne

mentionne que ses rapports privés avec les Apôtres parce que cela seul importait à sa thèse, tandis que saint Luc raconte les faits publics, qui seuls intéressaient l’histoire. Paul fait cependant une allusion très claire à l’exposition qu’il a faite de sa prédication à toute la communauté, II, 1, 2.’Avs6ï]v eiç’IepddoXujia… xa àve6é(jLi)v ai-oli tô eùaYYÉXtov 5 xi)p - j(i<Tci> Èv toïç É’Ovecrtv, xccr’iSîav ?ot ; Soxoûaiv : je montai à Jérusalem et je leur (à ceux de Jérusalem) exposai l’Évangile que j’annonce aux nations, et, en particulier, à ceux qui paraissent (aux plus considérés), car o-jtoiç ne peut se rapporter ici aux Apôtres ; il est commandé par’ÏEprfotvupa ; il y eut donc un exposé aux fidèles de Jérusalem et des conférences privées avec les Apôtres, toïç Joxoûctiv. La seule difficulté véritable est dans l’affirmation de Paul que les Apôtres ne lui ont rien imposé, ii, 6, tandis que d’après les Actes, xv, 28, 29, on a exigé des païens convertis l’observance de quatre préceptes. Saint Paul, il est vrai, ne parle pas de ces quatre défenses, mais il ne les exclut pas non plus, car les paroles que l’on cite ne s’y rapportent en aucune façon. Saint Paul dit, ii, 6 : èjjloV yàp o Soxoûvre ; oùSsv npoiravéŒvro. Quel est le sens exact de 7cpo<nxv£8evro ? Faut-il traduire par « ils ne m’ont rien imposé » ou : « ils ne m’ont rien communiqué ? » Le contulerunt de la Vulgate, entre les sens divers qu’il comporte, a ce dernier sens. C’est d’ailleurs la signification primitive de uponavéSevio, qui vçut dire : « communiquer de plus. »

V. Texte de l’Épitre. — Des vingt manuscrits onciaux qui contiennent les Épîtres de saint Paul, dix possèdent l’Épitre aux Galates en entier, nABCDEFGKLP, trois F « HN en ont des fragments ; on la trouve aussi dans les cursifs qui, pour saint Paul, sont du nombre de 480, ainsi que dans 265 lectionnaires ; nous ne pouvons dire si tous contiennent cette Épître. Voir Tischendorf, Novum Testamentum grsece, t. iii, Prolegomena, auctore C. R. Gregory, p. 418-435, 653-675, 778-791. Les manuscrits présentent un certain nombre de variantes ; une douzaine seulement ont quelque importance. Voir Tischendorf, Novum Testamentum grsece, t. ii, p. 627-662 ; t. iii, p. 1291-1292.

VI. Citations de l’Ancien Testament. — Il y a dix-neuf citations de l’Ancien Testament dans l’Épitre aux Galates ; neuf livres sont cités : la Genèse, six fois, xii, 3 ; xv, 6 ; xxii, 18 ; xxi, 10 ; xvii, 8 ; xxiv, 7 ; le Deutéronome, deux fois, xxvii, 26 ; xxi, 23 ; les Psaumes, trois fois pour le même texte, cxxii, 3 ; cxxiv, 5 ; cxxvii, 6 ; Isaïe, deux fois, xltx, 1 ; nv, 1 ; le Lévitique, deux fois, xviii, 5 ; xix, 8 ; Habacuc, une fois, ii, 4, ainsi que l’Exode, xii, 40 ; Néhémie, ix, 29, et Ézéchiel, xx, 11. Huit citations, iii, 6, 8, 10, 11, 12, 13 ; iv, 27, 30 sont textuelles ou presque textuelles et empruntées aux Septante ; trois sont introduites par ^iypnmou yâp, iii, 10 ; iv, 22, 27 ; une par ti Mfii ^ ypa ?^, iv, 30, et une autre, iii, 13, par 8ti féypxtrcai.

VIL Analyse de l’Épitre. — On peut distinguer le préambule, le corps de l’Épître et l’épilogue. Le corps de l’Épître se subdivise en trois parties : la première est l’apologie de l’apôtre ; la seconde partie est dogmatique et expose l’Évangile de Paul, tandis que la troisième partie établit les conséquences morales, qui en découlent.

1° Préambule, i, 1-10. — Salutation de Paul, apôtre par la seule vocation divine, et des frères aux Églises de Galatie, i, 1, 2 ; actions de grâces et souhaits de paix de la part de Dieu et de Jésus-Christ qui nous a sauvés, 3-5. JËtonnement de l’Apôtre en apprenant l’inconstance des Galates, 6 ; anathème à quiconque, fût-ce lui ou un ange, qui prêcherait un autre Évangile que celui qu’il leur a annoncé, 7-9 ; s’il parle ainsi, c’est qu’il veut plaire à Dieu et non aux hommes, 10.

Première partie. — Apologie de l’Apôtre, i, 11-n, 21.

— i. Saint Paul établit son indépendance apostolique, i, 11 24 ; il déclare qu’il n’a pas reçu son Évangile d’un homme, mais dé Jésus-Christ, i, 11, 12. Première-preuve, sa conversion et sa vocation, i, 13-17 ; il a été d’abord juif zélé et persécuteur des chrétiens, 13, 14, jusqu’au jour où Dieu lui révéla son fils, 15, 16, et sans consulter personne ni monter à Jérusalem, il se retira en Arabie, puis vint à Damas, 17. Deuxième preuve, i, 18-24. Trois ans après, il visita Pierre et ne vit que lui et Jacques, 18-20 ; il viut ensuite en Syrie et en Cilicie, étant inconnu aux Églises de Judée, qui, cependant, ayant appris que l’ancien persécuteur prêchait la foi, glorifiaient Dieu à cause de lui, 21-24. — il. Saint Paul montre que sa doctrine a été reconnue conforme à celle des Apôtres, II, 1-21, par deux faits : 1° à la conférence de Jérusalem, ii, 1-10 il a exposé à toute l’Église et aux Apôtres en particulier son Évangile, ii, 1-2, et l’on n’obligea pas Tite à être circoncis, ꝟ. 3, malgré les faux frères qui voulaient entraver la liberté en Jésus-Christ, ꝟ. 4, et Paul ne leur a point cédé, ꝟ. 5 ; les apôtres, les plus considérés, n’ont rien ajouté à son Évangile, ꝟ. 6, mais, voyant que l’Évangile lui avait été confié pour les incirconcis comme à Pierre pour les circoncis, Jacques et Céphas et Jean lui donnèrent la main d’association, ꝟ. 7-9, lui demandant seulement de se souvenir des frères, j^. 10 — 2° La controverse avec Pierre à Antioche prouve aussi son indépendance apostolique, II, 11-21. Paul en fait le récit ; il’a résisté en face à Pierre qui, tout d’abord, mangeaitavec les païens, mais se retira, lorsque arrivèrent des émissaires de Jérusalem, ꝟ. 11-12 ; d’autres Juifs et Barnabe imitèrent son exemple, ꝟ. 13. Voyant cette conduite, qui n’était pas selon l’Évangile, Paul lui dit : Si toi, Juif, tu vis à la manière des païens, pourquoi obliges-tu les païens à judaïser ? ꝟ. 14 ; nous, Juifs, sachant que l’on n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi, nous avons cru en Jésus-Christ pour être justifies par la foi en lui, ꝟ. 15-16, de sorte que si, en cherchant à être justifiés par le Christ, nous sommes trouvés pécheurs, ce n’est pas que le Christ soit le ministre du péché ; mais je suis transgresseur, si je rebâtis ce que j’ai détruit, ꝟ. 17-18 ; mais non, par la loi je suis mort à la loi ; crucifié avec le Christ ; c’est lui qui, étant mort pour moi, vit en moi, ꝟ. 19-20. Si la justice s’obtient par la loi, le Christ est mort en vain, ꝟ. 21.

Deuxième partie. — Partie dogmatique, iii, lr-rv, 31.

— i. Saint Paul prouve que la justification nous est accordée non par la loi, mais par la foi. — 1° Preuve d’expérience, m, 1-7. Qui donc a fasciné les Galates Iꝟ. 1. C’est par la foi et non par la loi qu’ils ont reçu l’Esprit ; ils ont commencé par l’Esprit, finiront-ils par la chair ? y. 2-4 ; serait-ce en vain qu’ils ont souffert ?ꝟ. 5. — 2° Preuve d’Écriture, iii, 8-iv, 20 — 1. Abraham fut justifié par la foi ; tous ceux qui croient comme lui sont ses fils, ꝟ. 6-7. Dieu en disant que toutes les nations seront bénies en lui, annonçait que les païens seraient justifiés par la foi, ꝟ. 8 ; et ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant, j^. 9. Car, 2. la loi ne confère pas cette bénédiction ; au contraire, elle prononce la malédiction sur ceux qui s’attachent aux csuvres de la loi, qu’il est impossible d’accomplir en entier, ꝟ. 10, et l’Écriture dit que le juste sera justifié par la foi, y. Il ; car la loi ne parle pas de ce qu’il faut croire, mais de ce qu’il faut faire, ꝟ. 12. Mais le Christ nous a rachetés de la malédiction, lorsqu’il l’a prise sur lui, afin que la bénédiction d’Abraham parvint aux païens, ꝟ. 13-14. — 3° a) Paul prouve que la loi n’a pas annulé la promesse faite à Abraham, ii, 15-18 ; les contrats faits entre les hommes ne sont pas annulés, à plus forte raison ceux qui ont été faits entre Dieu et les hommes, ꝟ. 15 ; or, la promesse a été faite par Dieu à Abraham et & sa postérité, qui est dans le Christ, et la loi, venue quatre cents ans plus tard, ne peut annuler la promesse faite gratuitement à Abraham, ꝟ. 16-18. — b) Il établit la raison d’être de la loi et ses caractères, iii, 19-rv, 7. La loi a été

ajoutée à la promesse pour faire ressortir les transgressions, mais elle est temporaire et n’a pas été donnée directement par Dieu, mais par les anges et transmisé par un médiateur, J. 19-20. La loi n’est pas contraire à la promesse ; elle le serait, si elle pouvait justifier, car alors la justice viendrait de la loi, ꝟ. 21 ; elle a enfermé tous les hommes sous le péché, elle a été notre garde et notre pédagogue pour nous amener au Christ, j. 2221. Les Galates ne sont plus sous ce pédadogue, étant fils de Dieu par Jésus-Christ, ꝟ. 25-26 ; ils ont revêtu le Christ par le baptême et il n’y a plus aucune distinction de nationalité ou de religion ; tous sont la postérité d’Abraham et les héritiers de la promesse, j>. 27-29. L’héritier, tant qu’il est enfant, est sous la tutelle ; ainsi en était-il de nous, asservis sous la tutelle de la loi, iv, 1-3 ; mais Dieu a envoyé son fils pour racheter ceux qui étaient sous la loi et faire de nous ses enfants d’adoption, jꝟ. 4-5 ; et par l’Esprit du Fils ils ne sont plus esclaves mais fils et héritiers, jL 6-7. — h. Conclusions et exhortations, iv, 8-20. — 1° Comment donc, connaissant Dieu maintenant, retournez-vous à ces pauvres éléments auxquels vous voulez être encore asservis ? ai-je donc travaillé en vain à votre égard ? t. 8-11. Soyons unis ; rappelez-vous l’accueil que vous m’avez fait ; vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, vous m’étiez tout dévoué, ꝟ. 12-16 ; d’autres sont zélés pour vous, mais afin de vous détacher de moi et de vous attirer à eux, ꝟ. 1718 ; mes petits enfants, je souffre de nouveau pour vous les douleurs de l’enfantement et je voudrais être au milieu de vous, ꝟ. 19-20. — 2° Preuve de la déchéance de la loi par l’allégorie des deux fils d’Abraham, types des deux alliances, iv, 21-31. Paul demande aux Galates s’ils comprennent la loi. Abraham eut deux fils : l’un, fils de l’esclave et né selon la chair ; l’autre, fils de la femme libre et né selon la promesse, ꝟ. 21-23 ; ces deux mères représentent les deux alliances ; l’une, Agar, esclave, représente l’alliance du Sinaï et la Jérusalem déchue et enfante des esclaves, J. 24-26 ; l’autre, Sara, représente la Jérusalem d’en haut et, bien que stérile, a, suivant la promesse, enfanté de nombreux enfants, parmi lesquels nous sommes, ꝟ. 27-28 ; comme Ismaël a persécuté Isaac, ainsi maintenant ceux qui sont nés selon la chair persécutent ceux qui sont nés selon l’esprit, mais l’esclave a été chassée, et seul le fils de la femme libre sera héritier. Et nous, nous sommes les enfants de la femme libre, ? 29-31.

Partie morale, v, 1-vi, 10. — 1. Conclusions pratiques, v, 1-25. — 1° Si les Galates se remettent sous le joug de la loi et s’ils se soumettent à la circoncision, le Christ leur devient, inutile ; ils doivent observer toute la loi et ils sont déchus de la grâce, v, 1-4 ; car, nous, c’est de la foi que nous attendons la justice, t. 5 ; en Jésus-Christ, il ne sert de rien d’être circoncis ou non, il faut avoir la foi, agissant par la charité, jt. G — 2° Ce n’est pas Dieu qui a détourné les Galates de la voie où ils couraient si bien ; celui qui les a troublés en portera le jugement, ꝟ. 7-10 ; et si moi, je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je persécuté ? J. Il ; que ceux qui vous troublent soient retranchés, ꝟ. 12 — 3° Que les frères, appelés à la liberté, n’en abusent pas pour vivre selon la chair, mais qu’ils se soumettent les uns les autres par la charité, qui est toute la loi, ꝟ. 13-14 ; car s’ils se haïssent, ils seront détruits les uns par les autres, ꝟ. 15. Qu’ils vivent selon l’Esprit et ils n’accompliront pas les œuvres de la chair, car ces deux vies sont contraires l’une à l’autre, }. 16-18 ; l’esprit les délivrera de la loi et des œuvres de la chair, ꝟ. 19 ; ceux qui commettent ces choses, qu’il énumère, n’hériteront pas le royaume de Dieu, ꝟ. 20-21 ; les fruits de l’esprit, qu’il énumère, sont l’œuvre de ceux qui ont été crucifiés avec Jésus-Christ et qui marchent selon l’esprit, ꝟ. 22-25.

n. Conseils, v, 26-yi, 10. — Évitons la vaine gloire et l’envie, v, 26 ; redressez avec douceur ceux qui sont

tombés, prenez garde à vous-même, vi, 1 ; aidez-vous mutuellement, f.’ï ; celui qui s’enorgueillit se trompe lui-même, ꝟ. 3 ; que chacun s’examine, mais non par rapport à autrui, }. 4-5 ; qu’ils fessent part de leurs biens à ceux qui leur enseignent la parole, ꝟ. 6. Qu’ils ne s’abusent point ; on moissonne ce qu’on a semé ; la chair engendre la corruption et l’esprit la vie éternelle, ꝟ. 7-8 ; faisons du bien à tous, surtout aux fidèles, et nous moissonnerons en son temps, ꝟ. 9-10.

Épilogue, vi, 11-18. — Paul a écrit cette longue lettre de sa propre main, ꝟ. Il ; ceux qui leur imposent la circoncision, quoiqu’ils ne gardent pas la loi, veulent éviter la persécution et se glorifier à cause d’eux, ꝟ. 1114 ; pour lui, il ne se glorifie que de la croix de Jésus-Christ, car la circoncision n’est rien ; être une nouvelle créature est tout, ꝟ. 15 ; paix et miséricorde à ceux qui suivront cette règle, ꝟ. 16. Que personne ne l’attaque désormais, car il porte sur lui les stigmates du Seigneur Jésus, ꝟ. 17 ; que la grâce du Seigneur soit avec leur esprit, ꝟ. 18.

VI. Bibliographie.

Pères grecs : S. Jean Chrysostome, Homiliæ in Epist. ad Galatàs, t. lxi, col. 610-682 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Fragmenta eœplanationis, t. lxxiv, col. 916 ; Théodoret de Cyr, Interpretatio, t. lxxxii, col. 459-504 ; Théodore de Mopsueste, Commentaire sur les Épîlres de saint Paul, dans Pitra, Spicilegium Solesmense, t. 1, p. 49 ; Eusèbe d’Emèse et Sevérien, Catenx grsecorum Patrum in N. T., éd. Cramer ; Œcuménius, Commentàrius, t. cxviii, col. 1093- ; 1168 ; Théophylacte, Explanatio, t. cxxiv, col. 951-1032 ; S. Jean Damascène, Loci selecti, t. xcv, col. 775-832. Euthymius Zigabène, Comm. in XIV Epist. S. Pauli, Athènes, 1887. — Pères latins : Victorinus Afer, Libri duo in Epist. ad Galatas, t. viii, col. 1145-1198 ; Am-. brosiaster, Commentàrius, t. xvii, col. 805-824 ; Pelage ou un Pélagien, Commentàrius, t. xxx, col. 337-272 ; S. Jérôme, Comm. in Ep. ad Galatas, libri très, t. xxvi, col. 307-438 ; S.Augustin, Epistolse ad Galatas expositionis liber unus, t. xxxv, col. 2105-2147 ; Cajsiodore, Complexiones in Epistolas Apostolorum, t. lxx, col. 1343-1346 ; Primasius d’Adrumète, Commentaria, t. lxviii, col.’415-608 ; Seduiius Scotus, Collectanea, t. ciii, col. 181-194 ; Claudius Taurinensis, Commentàrius, t. civ, col. 838-912 ; Florus Lugdunensis, Commentàrius, t. cxix, col. 363-374 ; Raban Maur, Enarrationum in Epist. Pauli libri XXX, t. cxii, col. 246-382 ; Walafrid Strabon, Glossa ordinaria, t. exiv, col. 570588, — Moyen âge : Haymon d’Alberstadt, Expositio, t. cxvii, coï 669-700 ; Hugues de Saint-Victor, Quæstiones, t. clxxv, col. 553-568 ; Hervé de Bourges, Commentàrius, t. clxxxi, col. 1129-1202 ; Pierre Lombard, Collectanea, t. cxci, col. 93-190 ; Hugues de Saint-Cher, Postilla ; S. Thomas d’Aquin, Commentàrius, Paris, 1880 ; Nicolas de Lyre, Postilla ; Denys le Chartreux, Commentaria. — xvi », xviie, xviiie siècles : Cajetan, Literalis Expositio, Rome, 1529 ; J. Gagnseus, Brevissima Scholia, Paris, 1543 ; Salmeron, Commentariorum, t. xiv, Cologne, 1602 ; Mayer, Der Brief Pauli an die Galater, Vienne, 1788. — xixe siècle : Catholiques (commentaires spéciaux) : F. Windischmann, Erklârimg des Brief es an die Galater, Mayence, 1843 ; Messmer, Erklârung des Brief es an die Galater, Brixen, 1862 ; A. Bisping, Erklârung des Brief es an die Galater, Munster, 1863 ; Fr. Reithmayr, Commentar zum Brief an die Galater, Munich, 1865 ; Drach, Les Épîtres de saint Paul, Paris, 1871 ; D. Palmieri, Commentàrius in Epist. ad Galatas, Gulpen, 1886 ; Al. Schâfer, Die Briefe Pauli an die Tkess. und an die Galater, Munster, 1890 ; Cornely, Commentàrius in Epist. ad Galatas, Païis, 1892 ; Seidenpfenning, Der Brief an die Galater, Munich, 1892 ; Niglutch, Brevis Commentàrius in S. Pauli Epist. ad Galatas, Trente, 1899 ; Belser, Die Selbstvertheidigung des kl. Paulus im Galater’

hrièfe, Fribourg, 1890. — Non catholiques : Winer, Pauli ad Galatas Epist., Leipzig, 1821 ; Paulus, Des Ap. Paulus Lehrbrief an die Galater, 1831 ; Rûckert,

Kom. ûber den Brief an die Galater, 1833 ; Usteri, Kom. ûber den Brief an die Galater, 1833 ; Sardinoux, Commentaire sur l’ÉpUre aux Galates, Valence, 1837 ; Hilgedfeld, Galaterbrief, Leipzig, 1852 ; Ellicott, St. Paul’s Epistle to the Galalians, Londres, 1854, Wieseler, Kom. ûber den Brief an die Galater, Gœttingue, 1859 ; Hofmann, Der Brief an die Galater, 1863 ; Lightfoot, St. Paul’s Epistle to the Galatians, Londres, 1865 ; Holsten, Inhalt und Gedankengang des Brief s an die Galater, Rostock, 1859 ; Id. Der Brief an die Geniein den Galatiens, Berlin, 1880 ; Schaff, Tfte Epistles ofPaul, Galatians, New-York, 1881 ; Beet, Corn, on St. Paul’s Epist. to the Galatians, Londres, 1885 ; Corssen, Epistula ad Galatas, Berlin, 1885 ; Steck, Der Galaterbrief nach seiner Echteit untersucht, Berlin, 1888 ; Findlay, The Epist. to the Galatians, New-York, 1889 ; Schlatter, Der Galaterbrief, Cal, 1890 ; Gloël, Die jungste Kritik des Galaterbrief es, Leipzig, 1890 ; Lipsius, Der Brief an die Galater, Fribourg, 1891 ; Schmidt, Der Galaterbrief im Feuer der neûesten Kritik, Leipzig, 1892 ; Drummond, The Epistle of St. Paul to the Galatians, Londres, 1893 ; Jowet, Epistle to the Galatians, Londres, 1894 ; Dalmer, Der Brief Pauli an die Galater, Gùtersloh, 1897 ; Sieffert, Der Brief an die Galater, 1899 ; V. Weber, Die Abfassung des Galaterbrief » vor dem Apostelkonzil, Ravensburg, 1900.

E. Jacquier.

    1. GALATIE##


GALATIE. Le mot grec rocXoccfoc avait trois acceptions différentes. Il désignait : 1° le pays d’Europe habité par les Gaulois et appelé en latin GaUia. Ce pays comprenait la Gaule transalpine située entre le Rhin, l’Océan, les Pyrénées et les Alpes, et la Gaule cisalpine, c’est-à-dire la partie nord de l’Italie ou la plaine du Pô ;

— 2° la région d’Asie-Mineure occupée par les Gaulois à la suite de l’invasion qu’ils firent en Asie-Mineure au IV » siècle. Trois tribus qui avaient fait partie de l’immigration, après la défaite que leur infligea Prusias, roi de Bithynie, en 216 avant J.-C, s’installèrent définitivement dans la région située entre le Sangarius et l’Halys ; les Troémiens au nord-est avec Tavia pour capitale, les Tolisboïens à l’ouest à Pessinonte et les Tectosages, entre les deux, à Ancyre ; — 3° la province romaine de Galatie, formée du royaume d’Amyntas après la mort de ce roi en 24 après J.-C. Antoine et Auguste avaient ajouté aux domaines de ce prince la Pisidie, la partie orientale de la Phrygie, la Lycaonie, l’Isaurie, le Pont galatique. La province romaine comprit tous ces pays. (Voir la carte.) Dion Cassius, xux, 32 ; li, 2 ; lui, 26. Cf. Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des Antiquités romaines, trad. fr., in-8°, Paris, 1892, t. IX ; Organisation de l’Empire romain, t. ii, p. 276-281. La province romaine de Galatie dépendait de l’empereur et était gouvernée par un légat propréteur de rang prétorien. Corpus inscriptionum latinarum, t. iii, part, i, n° 248 ; t. iv, n » 1544. Cf. J. Marquardt, Manuel, p. 281-285. Le Gouverneur résidait à Ancyre, métropole 4e la Galatie, Corpus inscriptionum greecarum, n<" 4011, 4020, 4030, 4042, 5896 ; Eckhel, Doctrina numorum, t.m, p.177. Dans bette ville se réunissait une assemblée appelée xolvôv TaXaTùv, commune Galatiæ, à la tête de laquelle était un galatarque, et qui célébrait le culte de Rome et d’Auguste dans le temple dédié à ces divinités. C’est sur les murs de ce temple qu’on a retrouvé l’inscription célèbre qui contient les Res gestæ divi Augusti. Voir Corpus inscr. grsec, n° 4039 ; Corpus inscr. latin., t. iii, p. I, n » 252. Cf. Th. Mommsen, Res gestæ divivugusti, %° êdit., in-8°, Berlin, 1883. Voir G. Perrot, De Galatia provincia romana, in-8°, Paris, 1867 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 62 ; Th. Mommsen, Histoire ro maine, trad. franc., t. x, in-8°, Paris, 1887, p. 94-118.-I. La. Gaiatie a.u temps des Machabées. ^- D’après I Mach., vhi, 2, Judas entendit parler des combats livrés par les Romains, des prodiges de valeur qu’ils avaient faits dans la Galatie (èv toîç l’aXâ-ratç, Vulgate : ira Galatia), dont ils s’étaient emparés et qu’ils avaient réduite à payer tribut. Les commentateurs hésitent sur la question de savoir quel est le pays désigné ici sous le nom de Galatie. S’agit-il des Gaulois d’Europe ou des Gaulois d’Asie ? L’un et l’autre sont également admissibles. En effet, à cet époque, les Romains avaient remporté des victoires à la fois sur les Gaulois d’Asie et sur les Gaulois d’Europe. En 189, le consul Cn. Manlius Valso avait envahi la Galatie, accompagné d’Attale, frère du roi de Pergàme, et avait défait les Galates. Les auteurs romains évaluent à 40000 le nombre de ceux qui étaient restés sur le champ de bataille et une foule con I, . T^itiïTIhtt’fi’t :

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10. — Carte de la Galatie.

sidérable avait été faite prisonnière ; Tite Live xxxviii, 12, 18-23, 34 ; Florus, ii, ll ; Polybe, xxii, 24. Les Galates furent obligés de faire la paix avec Eumène, roi de Pergàme, et de se confiner dans les limites de leur territoire d’où ils tentaient à chaque instant de sortir. Tite Live, xxxviii, 40. Cette victoire contribua beaucoup à répandre la terreur du nom romain dans l’Asie entière, il est donc naturel que l’écho en soit arrivé jusqu’aux Juifs. C’est pourquoi tous les commentateurs anciens avaient vu dans le passage des Machabées une allusion réelle aux victoires de Cn. Manlius. M. Th. Mommsen, dans C. L. Grimm, Dos erste Buch der Makkabâer, in-8°, Leipzig, 1853, p. 235, a émis le premier l’opinion qu’il s’agissait au contraire des victoires remportées sur les Gaulois d’Europe dont il est question dans Polybe, ii, 14-34. Les raisons qu’il donne sont les suivantes : 1° à l’époque de Judas, les Gaulois d’Europe payaient tribut et non ceux d’Asie ; 2° la Galatie est nommée avant l’Espagne ; or, la Galatie d’Asie n’a été envahie qu’après la conquête espagnole. Aujourd’hui les commentateurs hésitent entre les deux opinions qui sont également plausibles. Cf. C. F. Keil, Commentar ûber die Bûcher der Makkabâer, in-8°, Leipzig, 1875, p. 111. Pour II Mach., viii, 28, où il est question des Galates, voir Galates. II. La Galatie dans le’Noii.vkau Testament. — Dans

son premier voyage, saint Paul traversa la partie sud de la province romaine de Galatie. Il fonda des Églises à Antiocbe de Pisidie, à Iconium, à Lystres et à Derbé. Act., xiv, 1-24. Ces Églises prospérèrent et l’apôtre les visita à son second voyage pour les confirmer dans la foi et pour leur porter le décret du concile de Jérusalem. Act., xvi, 1-5. Puis, parlant d’Iconium, il se dirigea vers le nord et traversa la Phrygie se dirigeant vers la partie nord de la province, il pénétra donc dans la Galatie celtique, raXotTtxr) x^P" » Galatica regio, et de là se rendit en Mysie. Act., xyi, 6, 7. À son troisième voyage, il revint par le même chemin. Act., xviii, 23 ; xix, 1. La Galatie, TaKazix, est également nommée parmi les contrées où sont les chrétiens auxquels est adressée la première Épltre de saint Pierre. I Petr., i, 1. Un des disciples de saint Paul, Crescens, quitta son maître pour aller en Galatie, TaXatta. I Tim., iv, 10. Saint Paul avait ordonné aux Églises de Galaiie de faire des quêtes pour le soulagement des pauvres. I Cor., xvi, 1.

Les commentateurs de l’Épltre aux Galates se sont demandé ou étaient situées les Églises auxquelles l’Apôtre envoie sa lettre. S’agit-il de celles qu’il fonda dans la partie méridionale de la province, lors de son premier voyage, c’est-à-dire des Eglises d’Àntioche, d’Iconium, de Lystres et de Derbé, ou bien des Églises de la Galatie du nord, c’est-à-dire du pays celtique proprement dit ? Il est très probable qu’il s’agit des premières. C’est l’opinion la plus généralement adoptée et celle qui s’appuie sur les meilleurs arguments. Les principales raisons qui militent en sa faveur sont les suivantes : 1° Saint Paul a l’habitude de désigner les pays d’après la terminologie administrative romaine. Il en est ainsi pour l’Achaïe, Rom., xv, 26 ; I Cor., xvi, 15 ; etc., pour la Macédoine, Rom., xv, 25 ; I Cor., xvi, 5 ; etc., pour l’Asie, I Cor., xvi, 19 ; II Tim., i, 15 ; etc. Or les Romains se servaient du mot Galatie pour désigner la province tout entière. C’est ce que démontrent les inscriptions d’Iconium, Corpus inscript, grxc, n » 3991 ; American Journal of Philology, 1886, p. 129 ; 1888, p. 267. — 2’Saint Barnabe avait une autorité manifeste sur les^ chrétiens des Églises de Galatie, Gal., Il, i, 9-13 ; or il ne fut le compagnon de saint Paul que lorsqu’il fonda les Églises de la Galatie du sud et non lorsqu’il alla dans la Galatie du nord. Yoir Barnabe, t. i, col. 14611464. —3° La Galatie dont il est question dans l’éplire est un pays où saint Paul séjourna longtemps, ce qu’il ne fit que dans le sud. — 4° Le sud de la Galatie était en rapports-avec les judaïsants, puisque saint Paul dut y porter le décret de l’Église de Jérusalem, il n’y a aucune raison de penser qu’il en ait été de même de la région celtique. —5° C’est bien au voyage dans le sud de la Galatie que peut s’appliquer la phrase de saint Paul qui dit qu’il fut l’ait per infirmitatem camis. Gal., iv, 13. L’Apôtre était alors malade et persécuté. Les Actes ne parlent ni de maladie, ni de persécution au temps de son passage dans la Galatie du nord. Cf. Cornely, Historica et critica introductio in scripturam sacrant, in- », Paris, 1885-1887, t. iii, p. 415-422 ; C. Fouard, Saint Paul, ses missions, in-8°, Paris, 1892, p. 54, n. 1 ; W. Ramsay, The Church in Ihe Roman empire, in-8°, Londres, 1894, p. 97-104 ; Id., Saint Paul, The travelter and the roman citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 89-195. Ceux qui croient que la Galatie où sont situées les Eglises destinataires de l’épître est la Galatie du nord, prétendent que le caractère des Galates, tel qu’il est décrit par l’apôtre, est bien le caractère d’une population celtique. Cet argument n’a guère de valeur, car on peut trouver de grandes ressemblances entre les Galates et les populations.orientales. Hais ils insistent surtout sur les difficultés qu’offre l’autre théorie. E. Schûrer, dans la Theologische Literaturzeitung, 1892, p. 468, et Jahrbûcher fur protestantische Théologie, 1893, p. 471, affirme que jamais il n’y eut de province portant offi ciellement le nom’de Galatie ; Cheetham, dans la Classical Review, 1894, p. 396, soutient la même thèse. Les arguments que nous avons donnés plus haut et en particulier les inscriptions d’Iconium prouvent que la province romaine portait bien ce nom. Cf. Ptolémée, V, iv, 11, 12 ; W. Ramsay, The Church in the Roman empire, p. 13, note. E. Schûrer s’est rétracté dans le Theologische Literaturzeitung, 30 sept. 1893. Il faut enfin remarquer que saint Luc, lorsqu’il parle de la Galatie celtique, l’appelle TaXarixT] x^P" et non r « Xat(a ; il est donc vraisemblable que ce dernier mot désigne la province romaine. Dans I Petr., i, 1, il est également selon toutes les vraisemblances que le mot Galatie désigne la province romaine et non le district celtique.

E. Beurlier.

    1. GALBANUM (hébreu -##


GALBANUM (hébreu -.hélbenâh ; Septante : ya’tëivriii Vulgate : galbanus), gomme-résine odorante.

I. Description.

C’est le suc concrète en forme de larmes qui exsude spontanément vers le bas de la tige d’une ombellifère de la Perse, le Ferula galbaniftua de Boissier (fîg. 11). Il diffère surtout par son odeur spé C&l :

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11. — Ferula galbaniftua.

ciale, forte et persistante, des produits analogues fournis par diverses espèces de férule de la même région orientale, et composés aussi essentiellement de gomme et de résine avec une proportion variable d’huile volatile : la gomme ammoniaque qui lui ressemble beaucoup est plus franchement aromatique, Y Assa-fœtida et le Sagapenum au contraire étant plutôt fétides et alliacés. — Le genre Ferula comprend des plantes vivaces de haute taille, à tiges devenant très grosses mais fistuleuses et de consistance purement herbacée. Les feuilles à pétiole qui embrasse largement la tige, ont un vaste limbe divisé jusqu’à quatre fois en un très grand nombre de petites découpures linéaires parfois un peu élargies. Les fleurs d’un jaune verdâtre sont groupées en inflorescence terminale comprenant une grande ombelle primaire fertile, entourée à sa base de plusieurs ombelles secondaires, souvent rapprochées en faux-verticilles et stériles, les unes et les autres sans involucre ou entourées seulement de quelques bractées décidues. — Le Ferula galbaniftua a le limbe des feuilles radicales couvert d’un tomentum cendré ; celles de la tige sont réduites à des gaines oblongues, aiguës et caduques. Ses pétales acuminés à pointes involutées le distinguent d’une espèce

voisine, le Ferula rubricàulis, avec laquelle Boissier l’avait confondu jadis sous le nom de Ferula erubescens. Le Ferula gummosa séparé d’abord spécifiquement du galbanifl.ua par le même auteur lui a été finalement rattaché comme simple variété. Boissier, Flora Orientalis, t. ii, p. 989. F. Hy.

H. Exégèse. — Le hélbenâh était un des quatre ingrédients du parfum sacré. Exod., xxx, 34-38. La similitude de ce nom avec le grec ^axéâv » ) et le latin galbanum ne saurait laisser de doute sur sa signification. — Dans Eccli., xxiv, 21, la sagesse se compare à ce même parfum sacré : les quatre ingrédients énumérés dans l’Exode sont seuls aussi mentionnés dans le texte grec de l’Ecclésiastique (le latin ajoute par erreur un autre nom le storax) et le galbanum est du nombre des quatre. Or le ^aX60tvi) et le galbanum ont une signification bien déterminée dans la littérature grecque et latine. C’est une gomme résine qui entrait dans certaines compositions de parfums. Dioscoride, iii, 87 ; Thëophraste, H. P., ix, 7 ; Pline, H. N., xii, 56 ; xiii, 2. Seule, l’odeur du galbanum n’est pas très agréable, elle est acre et forte. On ajoutait cependant cette gomme résine, sans doute pour fixer l’odeur, comme ledit Pline, H.N., XIII, 2, et en même temps pour chasser les moustiques. Pline, H. N., XIX, 58. Le choix de cet ingrédient pour le parfum sacré pourrait bien avoir sa raison dans cette dernière propriété : il importait d’écarter perpétuellement les moucherons de l’intérieur du saint, où était dressé l’autel des parfums. — Quant à la plante qui produit le galbanum, il y eut incertitude parmi les anciens sur son nom précis. En tout cas, ce ne peut être le Bubon galbanum, plante qui croît au cap de Bonne-Espérance. Pline, H. N., ’xii, 56, y voit une férule, nommée stagonitis, « qui découle, » qu’il fait recueillir sur le mont Amanus en Syrie. Pour Dioscoride, c’est une plante ombellifère que son commentateur, Kûhn, t. ii, p. 532, regarde comme le Ferula ferulago. Il est très possible que les Hébreux appelassent hélbenâh, galbanum, non seulement la gomme résine du Ferula galbaniflua, mais aussi les produits analogues de diverses autres plantes du même genre Ferula.

Dans le texte hébreu de l’Exode, le hélbenâh est suivi du mot sammîm diversement rendu. À suivre la recension massorétique qui place un accent distinctif sur hélbenâh, il faut s’arrêter après ce dernier mot et traduire : « Prends des aromates, du stacté, de l’onyx, du galbanum, ces parfums (dis-je) et de l’encens le plus pur. » Mais il faudrait, dans ce cas, au moins l’article, sinon l’adjectit démonstratif devant sammîm. Il est vrai que le ii, hé, final de hélbenâh pourrait peut-être s’en détacher et s’unir à sammîm, en lisant n>DDn pbn. Quand même ce serait possible, la construction n’en reste pas moins singulière, embarrassée, et il est préférable d’abandonner la ponctuation massorétique et de suivre la manière délire des Septante et celle de la Vulgate qui ont uni le mot sammîm à hélbenâh : x a ^ « .i-ri f)80<j|jiov, galbanum boni odoris. Mais pour l’exactitude de la traduction, il faudrait retrancher le mot boni de la Vulgate : sammîm ne marque pas nécessairement un parfum agréable (ce qui du reste ne conviendrait pas au galbanum à l’odeur acre et forte), mais une odeur péné trante. Toutefois il reste une difficulté dans l’hypothèse où il faut unir sammîm à hélbenâh, c’est que ce dernier mot n’est pas à l’état construit. D’autre part si on lisait d>ddh pbn, il pourrait être sans doute à l’état construit, mais le pluriel du mot suivant ne s’explique guère. Aussi en définitive il y aurait plutôt lieu de supposer que le mot sammîm du commencement de ce verset, a été récrit une seconde fois par erreur. Ou bien ne faudrait-il pas voir une confusion dans l’ancienne écriture avec nWa, bésém, qui est le mot généralement employé dans cette locution ? Ex., xxx, 23 ; Celsius, Hierobolanicon, in-18, Amsterdam, 1748, 1. 1, p. 267-271 ; E.Fr.

K. Rosenmûller, Handbueh der biblischen Alterthumskunde, in-8°, 1830, t. iv, p. 151 ; J. D. Michælis, £>pplemenla ad lexica hebrsea, in-8°, Gœttingue, 1792, t. ii, p. 753-756 ; I. Lôw, Aramàische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 163. £. Levesque.

GALE (hébreu : gdrâb, hérés ; Septante : J-wpa àfpia, xviqçT) ; Vulgate : scabies, prurigo), aûection cutanée causant une démangeaison assez vive. Ce mal est dû à l’introduction sous la peau d’un parasite, VAcarus scabiei ou sarcopte de la gale (fig. 12), qui y établit son gîte, s’y développe, s’y multiplie, et creuse de petits sillons dans lesquels il chemine. Dés éruptions se produisent ensuite sur

la peau. Le mal est

contagieux, mais il

se guérit rapidement

par des applications

sulfureuses.Certains

animaux, particuliè rement les brebis,

sont aussi sujets à la

gale. Elle est causée

en eux par une autre

espèce de sarcopte.

— La loi défendait

d’admettre au sacer doce le lévite atteint

de la gale. Lev., xxi,

20. On ignorait sans

doute alors le moyen

de guérir ce mal. On

ne devait’pas non

plus offrir au Sei gneur une victime

galeuse. Lev., xxii,

22. Parmi les maux

dont Dieu menace

les Hébreux prévaricateurs figurent le gdrâb et lo hérés. Deut., xxviii, 27. Le hérés n’est peut-être pas la gale proprement dite, puisqu’il est nommé dans le même texte avec le gârâb, mais c’est une aflection similaire, que les versions appellent xvifo » ], prurigo, par conséquent une maladie de peau caractérisée par une démangeaison pareille à celle que cause la gale. — Le nom de gârêb, « galeux, » a été porté par un homme du temps de David, II Reg., xxiii, 38, et donné à une colline voisine de Jérusalem. Jer., xxxi, 39. Voir Garkb.

— Dans un autre passage, Lev., xiii, 6, est nommée une maladie de peau qui a tout d’abord les apparences de la lèpre et s’en distingue au bout de quelques jours, la mispahaf. Les Septante traduisent par orjuotoia, une « marque », et la Vulgate par scabies. Il s’agit probablement dans ce texte d’une espèce de dartre et non de

la gale.
H. Lesêtre.
    1. GALGAL##

GALGAL (hébreu : Gilgâl, forme pilpel de gâlal, « rouler ; » d’où le sens de « roue, cercle » ; Septante : TxV^&k, YiXyaXa.), nom de deux, peut-être de trois localités de Palestine.,

    1. GALGAL (hébreu -##


1. GALGAL (hébreu -.Gilgâl ; Septante : Codex VatU canus, i Va.XO.aia ; Codex Alexandrinus, Tëk-fiâ), nom d’une ville de Palestine dont le roi fut vaincu par Josué au moment de la conquête de Chanaan. Jos., xii, 23. Le texte hébreu porte exactement : méléh-Gôyîm le-Gilgâl, « le roi de Gôylm de Gilgâl. » La Vulgate a pris le mot Gôyim dans le sens général de « nations » ou « Gentils », rese gentium Galgal. Les Septante y ont vu un nom propre : powUùc Tef (Codex Alexandrinus, rwetp). H est probable qu’il désigne certaine tribu primitive de la contrée, et qu’au lieu de signifier « les nations païennes », comme en d’antres endroits, il a un sens spécial comme

12. — Acare ou sarcopte de la gale. m

GALGAL — GALGALA

84

, .Gen., xiv, 1. 'D’après certains manuscrits grecs, qui donnent îj raXtXaCw, on pourrait croire que les traducteurs ont lu Gdlîl au lieu de Gilgâl. Quelques auteurs pensent que c’est la leçon probable. Cf. F. Buhl, Geographie des alten Palâstina, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 213. Mais les autres versions anciennes, chaldaîque, syriaque et arabe, sont d’accord pour confirmer le texte actuel et la leçon de la Vulgate, — Où se trouvait cette ville royale de Galgal ? Pans la liste de Josué, xii, 9-24, elle appartient à la confédération du nord, ꝟ. 18-24, mais à la contrée méridionale de ce second groupe. Elle est, en effet, mentionnée entre Dor, aujourd’hui Tantura, sur les bords de la Méditerranée, au-dessous du Carmel, et Thersa ou Talluzah, au nord-est de Naplouse. Or, on trouve plus bas, au sud-est de Kefr Saba, un village dont le nom, A^Jj-^A-s., Djeldjuliyéh, répond exactement à la forme hébraïque hih}, Gilgâl, Cf.

G. Kampffmeyer, Alte Namen iiii, hêutigen Palâstina, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, t. xvi, 1893, p. 32. Il représente également bien le bourg de Galgulis, xû|Av) raX-rovXiî, qu’Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica, 1870, p. 127, 245, signalaient de leur temps comme identique à « Gelgel, TeX^éX, que prit Josué ». Ils le placent à six milles (près de neuf kilomètres) au nord d’Antipatris. Si l’on reconnaît cette dernière ville dans Medjdel Yabu, la distance de Djeldjouliyéh est parfaitement exacte. Si on l’identifie avec Qala'àt Bas el-'Aïn, la distance étant insuffisante, quelques auteurs cherchent Galgal à Qalqîliyéh, A^LJLLS, éloigné d’environ dix kilomètres. Si l’on veut enfin la voir dans Kefr Saba, Djeldjouliyéh étant au sud n’est plus dans la position voulue, et Qalqîliyéh est trop près. Voir Antipatris, 1. 1, col. 706, et la carte d'ÉPHRAïM, t. ii, col. 1876. L’emplacement de Galgal dépend donc en somme de celui d’Antipatris, et le choix est entre deux localités assez voisines. — Qalqiliyéh est un village de 1200 habitants, situé sur une colline assez basse, et dont les maisons sont bâties en pisé ou avec de menus matériaux. Djeldjouliyéh, avec 600 âmes, se trouve dans la plaine, sur un faible monticule. Les maisons en sont très grossièrement bâties ; des vestiges de constructions antiques sont épars sur divers points. On voit, au bas du monticule, les restes d’un beau khan, formant un rectangle, avec une cour au centre et des galeries voûtées alentour. — Avec bon nombre d’auteurs, et en particulier V. Guérin, qui a longuement discuté la position d’Antipatris, Samariêj t. ii, p. 356-369, nous regardons Djeldjouliyéh comme le site probable de Galgal. Cette idenr tificatiôn est acceptée par Robinson, Biblical Besearches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 243 ; Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 316 ; W. M. Thomson, The Land and the Booh, Londres, 1881, t. i, p. 51 ; et les explorateurs anglais, Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 288 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 73. — Il est possible que Djeldjuliyéh représente aussi la Galgala dont parle le premier livre des Machabées, lx, 2. Il y est dit que l’armée syrienne, envoyée en Judée par Démétrius pour venger la défaite de Nicanor, alla « par la route qui mène à Galgala ». Cette expression semble indiquer que le chemin suivi fut une voie stratégique, comme celle qui allait d’Egypte à Damas, en passant par la plaine de Saron, où se trouve Djeldjouliyéh. C’est d’ailleurs par la plaine maritime qu’avaient eu lieu les invasions syriennes précédentes. Cf. I Mach., iii, 16, 40 ; iv, 29. Voilà pourquoi l’on y place plus généralement Galgala, de préférence à Djildjilia des montagnes d'Éphraïm, et à Tell Djeldjoul de la plaine du Jourdain. Quelques critiques, pour couper court à la difficulté, supposent qu’il y avait primitivement dans le texte < Galilxa » ou

< Galaad », . au lieu de « Galgala ». C’est une simple conjecture. Cf. Keil, Commentar ûber die Bâchei' der Makkabâer, Leipzig, 1875, p. 148. A. Legendrje.

2. GALGAL (hébreu : Bê( hag-Gilgâl ; omis Septante ; dans les Vulgate : domus Galgal), une des villes qui envoyèrent des chantres à Jérusalem pour la consécration solennelle des murailles rebâties après la captivité. II Esd., xii, 28, 29. Elle est mentionnée avec Géba, aujourd’hui Djéba', et Azmaveth, Hizméh, toutes deux appartenant à la tribu de Benjamin et situées au nord-est de la ville sainte. Avec elles, elle est placée « dans le cercle » _ou « les environs de Jérusalem » (hébreu : hak-kikkâr sebîbôf YerûSdlaim). Que signifie ce cercle ou district de Jérusalem et jusqu’où s'étendait-il ? S’il s’agit de la vallée du Jourdain, qui porte ordinairement ce nom de kikkdr (cf. Gen., xiii, 10, 11 ; III Reg., vii, 46 ; II Esd., iii, 22), Galgal est alors la fameuse Galgala où campèrent les Hébreux après le passage du Jourdain. Voir Galgala 1. Quelques auteurs, cherchant plutôt l’endroit dont nous parlons au nord de la cité sainte, comme Azmaveth et Géba, l’identifient avec Djildjilia, au-dessus de Béthel, à l’ouest de la route qui va de Jérusalem à Naplouse. Voir Galgala 2. Mais le district en question allait-il jusque-là? C’est douteux. Cf. C. F. Keil, Chror.ik Esra,

Nehemia, Leipzig, 1870, p. 584.
A. Legendre.

8. GALGAL (hébreu : Gilgâl ; Septante : TaX-faX, Os., ix, 15 ; roXoôS, Os., xii, 11), ville qui fut, pour les Israélites, un centre d’idolâtrie. Os., ix, 15 ; xii, 11. U s’agit probablement de Galgala située dans la plaine du Jourdain, et non de Galgala des montagnes d'Éphraïm. Cependant les auteurs ne sont pas d’accord. Voir Galgala 1 et 2.

    1. GALGALA##

GALGALA (hébreu : hag-Gilgâl, avec l’article partout, excepté Jos., v, 9 ; Septante : TaX-y-oX, râXY « Xa au pluriel), nom de deux localités de Palestine.

    1. GALGALA##


1. GALGALA, premier campement des Israélites dans la plaine du Jourdain, après qu’ils eurent passé le fleuve ; lieu de la circoncision et de la première pâque célébrée dans la Terre Promise. Jos., iv, 19 ; v, 8, 10. Ce fut un des endroits qui restèrent toujours sacrés aux yeux du peuple hébreu.

I. Situation.

Galgala se trouvait « à l’orient de Jéricho » (hébreu : biqesêh mizrah Yerîhô, « à l’extrémité orientale de Jéricho, » ou du territoire de l’ancienne ville). Jos., iv, 19. Située près de la frontière septentrionalede Juda, elle était « vis-à-vis de la montée d'Àdommim », aujourd’hui Tala’at ed-Denim, ou la voie antique qui montait de Jéricho à Jérusalem. Jos., xv, 7. C’est tout Ce que nous apprend l'Écriture. Josèphe, Ant. jtid., V, i, 4, en fixe l’emplacement à 50 stades (9 kilomètres 247 mètres), à l’ouest du Jourdain, et à 10 stades (1 kilomètre 849 mètres), à l’est de Jéricho. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 102, 126, 233, la placent à deux milles (près de 3 kilomètres) de cette dernière ville. Cette différence vient probablement de ce que le premier historien parle de l’antique Jéricho, tandis que les deux autres parlent de la nouvelle, qui n'était pas tout à fait au même endroit. Voir Jéricho. S’il faut en croire ces derniers, on montrait encore de leur temps, sur le site désert de Galgala, vénéré comme saint, les pierres qui furent apportées du Jourdain. C’est aussi le témoignage de Théodose (vers 530), qui indique ce site à un mille de Jéricho et à cinquante stades du Jourdain. De Terra Sancta, xii, dans les Itinera Terrai Sanctæ de la Société de l’Orient latin, Genève, 1877, t. i, p. 67. Antonin de Plaisance (vers 570), Arculphe (vers 670) et saint Willibald (723-726) y mentionnent une église qui renfermait ces pierres. Cf. Itinera Terræ Sanctx, t. i,

p. 99, 176, 262. Le pèlerin russe Daniel (1106-1107) y signale un couvent et une église consacrés à saint Michel ; là, en effet, dit-il, « à une verste de Jéricho, du côté de l’orient estival, est situé le lieu où le saint archange apparut à Josué, fils de Nun, en présence de l’armée des Israélites. » Jos., v, 13-15. Cf. Itinéraires russes en Orient, Genève, 1889, t. i, p. 31. Enfin R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 99, préteud qu’il y a, dans le voisinage du Jourdain, une colline semblable à un monceau de pierres, que les Arabes appellent Galgala. Personne, cependant, avant 1865, n’avait découvert un nom qui pût rappeler cette localité célèbre. À cette époque, M. Zschokke entendit plusieurs habitants de la contrée appliquer à un tertre de la plaine le nom de Tell Djeldjûl. Cf. H. Zschokke, Beitrâge zur Topographie der westlichen Jordansaue, Vienne, 1866, p. 26. Plus tard, en 1874, les explorateurs anglais remarquèrent, au même endroit, au sud d’un tamaris isolé, une ancienne citerne appelée birket Djildjuliyéh. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 36. L’emplacement .correspond assez exactement aux données de Josèphe, bien que la distance du Jourdain, cinquante stades, soit un peu exagérée. Voir la carte de Benjamin, t. i, col. 1588. La dénomination et les légendes attachées à ce coin de terre peuvent venir d’une tradition chrétienne ; mais celle-ci peut avoir aussi pour base, une tradition juive. Cf. Pal. Expl. Fuiid, Quart. Statement, 1874, p. 70, 170, 174. En tout cas, on ne saurait nier le rapport onomastique entre l’hébreu’îi’îs, Gilgâl, et

l’arabe ^O- »., Djeldjûl, ou À « Ij » - *. >.>, Djeldjûliyêh.

Cf. G. Kampffmeyer, Aile Namen im heutigen Palàstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palastina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 32. L’identification est acceptée par le plus grand nombre des auteurs. Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 117 ; G. Armstrong, VV. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 72 ; R. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 13, etc. Le sol que recouvrent les ruines de Tell Djeldjoûl est parsemé d’amas de pierres, quelques-unes d’assez grandes dimensions, mais la plupart de moyenne grandeur, mêlées à de menus matériaux. On y a trouvé de nombreux petits cubes de mosaïque épars sur une plate-forme où s’élevait sans doute l’ancienne église mentionnée par les vieux pèlerins. Au sud-sud-est du tamaris appelé Schedjerer et-Ithléh, est le réservoir ou birket, long de 30 m 50 sur 25°"60 de large, construit en pierres grossièrement taillées, sans ciment apparent. A l’est et à l’ouest du même arbre, on peut suivre certaines lignes de maçonnerie semblable à celle de la citerne, représentant les fondements de trois constructions. Enfin, au sud et au sud-est de ces ruines, on compte plus d’une vingtaine de petits monticules irrégulièrement espacés, de forme et de grandeur variables. L’un d’eux, fouillé par M. Clermont-Ganneau, a révélé quelques fragments de poterie et de verre. Voir le plan donné dans le Palestine Exploration Fund, Quart. St., 1894, p. 182, et Survey of Western Palestine, Menioirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 173-175, 181-184, 191.

II. Histoire.

Galgala fut un lieu célèbre, principalement sous Josué et Samuel, en raison des événements qui s’y accomplirent dès la prise de possession de la Terre Sainte par les Israélites. Après le miraculeux passage du Jourdain, c’est là qu’ils vinrent camper, le dixième jour du premier mois de la quarante et unième année depuis leur sortie d’Egypte. Josué y fit déposer les douze pierres prises dans le lit du fleuve, et qui devaient rester aux yeux des générations futures et des peuples de la terre comme le monument de la puissance et de la protection de Jéhovah. Jos., iv, 19-25. Ce ne fut d’abord qu’un simple camp retranché, d’où les Hébreux partirent

pour la conquête du pays, et qui leur servit de centre de ralliement. Mais avant d’entreprendre la lutte, ils se sanctifièrent par la circoncision et la pàque. Les hommes nés dans le désert n’avaient pas reçu dans leur chair le signe de l’alliance divine. Sur un ordre donné par Dieu à Josué, ils furent circoncis avec des couteaux de pierre, dont on a retrouvé des spécimens aux environs de Tell-Djeldjoul. C’est alors que, par un jeu de mots conforme à l’esprit des Orientaux, le nom àe Gilgâl tut appliqué au lieu lui-même : « Alors le Seigneur dit à Josué : Aujourd’hui j’ai levé (hébreu : gallôfi, « j’ai roulé » ) de dessus vous l’opprobre de l’Egypte. Et ce lieu fut appelé Galgala, comme on l’appelle encore aujourd’hui. » Jos., Y, 2-9. Le quatorzième jour du mois, le peuple célébra la solennité pascale, la seconde mentionnée depuis la sortie d’Egypte. La manne cessa de tomber, et « les enfants d’Israël mangèrent des fruits que la terre de Chanaan avait portés l’année même ». Jos., v, 10, 12. C’est là que Josué reçut les habitants de Gabaon, qui surprirent sa bonne foi ; de là qu’il partit pour les secourir, et là qu’il revint après la mémorable journée où il arrêta le soleil, comme après ses rapides expéditions dans le sud de la Palestine. Jos., lx, 6 ; x, 6, 7, 9, 15, 43. C’est là aussi qu’il était quand les fils de Juda vinrent appuyer près de lui la requête de Caleb. Jos., xiv, 6. Un ange du Seigneur monta de Galgala à Bôklm ou « le lieu des Pleurants », pour reprocher aux Israélites d’avoir fait alliance avec les Chananéens. Jud., ii, 1. — Cette localité est aussi mentionnée dans l’histoire d’Aod. Jud., iii, 19. La Vulgate en fait un « lieu d’idoles » ; mais le mot hap-pesîlim, qui sert parfois à désigner des statues idolâtriques, est pris ici par certains auteurs dans le sens de « carrières de pierre », et, pour d’autres, indique un lieu spécial situé près de Galgala.

Sous Samuel, Galgala fut, avec Béthel et Mesphath, un des Centres où se tenaient, sous la présidence du prophète, des assemblées plénières de la nation. I Reg., vu, 16. C’était, selon le mot des Septante, un des « lieux saints », ol T)yio « j(i.svoi, et voilà pourquoi Saûl, d’après l’ordre du même prophète, y devait descendre pour offrir un sacrifice et immoler des victimes pacifiques. I Reg., x, 8. Son élection y fut solennellement confirmée.

I Reg., xi, 14, 15. Pendant la guerre contre les Philistins, il y vint de Machinas, et le peuple s’y rassembla près de lui. Comme Samuel tardait de venir, le roi, se voyant peu à peu abandonné, et craignant, dit-il, d’être attaqué par l’ennemi avant d’avoir apaisé le Seigneur, se permit d’offrir l’holocauste. C’est alors qu’il reçut l’annonce de sa future déchéance. IReg., xiii, 4, 7, 8, 12, 15.

II y entendit plus tard sa sentence de réprobation, et Agag, roi d’Amalec, qu’il avait épargné, fut immolé sans pitié. I Reg., xv, 12, 21, 33. Lorsque David, après la mort d’Absalom, revint à Jérusalem, le peuple courut à sa rencontre jusqu’à Galgala. II Reg., xix, 15, 40. — Le souvenir des grands événements qui s’y étaient passés au début de la conquête dut rester toujours gravé dans la mémoire des Hébreux ; Dieu le rappelle par la bouche du prophète Michée, vi, 5. Cependant, en raison même du culte religieux dont cet endroit avait été longtemps le centre, il devint plus tard un foyer d’idolâtrie. C’est ce qui ressort de plusieurs passages prophétiques, plus ou moins obscurs. Cf. Os., iv, 15 ; ix, 15 ; xii, 11 ; Am., iv, 4. Voilà pourquoi Amos, v, 5, annonce sa destruction par ce jeu de mots intraduisible : Gilgâl gdlôh ygléh, Vulgate : « Galgala sera emmenée captive. t> AvecJ. Knabenbauer, Comnientarius inprophetas minores, Paris, 1886, t. i, p. 65, et d’autres commentateurs, nous croyons, en effet, qu’il s’agit, dans ces prophètes, de la Galgala dont nous venons de retracer l’histoire. Certains. exégètes, comme Keil, Biblischer Commentar ûber die zwolf kleinen Propheten, Leipzig, 1888, p. 58, pensent qu’il est plutôt question de Galgala des montagnes d’Éphraïm, célèbre sous Élie et Elisée. 87

GALGALA — GALILÉE

TV Reg., ii, 1 ; ii, 38. Voir Galgaia 2. C’est cette dernière qui est mentionnée dans le Deutéronome, . XI, 30. Galgala dont parle le premier livre des Machabées, IX, 2, ne saurait être celle de la plaine du Jourdain. Voir

Galgal t.
A. Legendre.

2. GALOALAf ville dont il est question dans l’histoire d’Élie et d’Elisée. IV Reg., ii, 1 ; nr, 38. « Lorsque le Seigneur voulut enlever Élie au ciel au moyen d’un tourbillon, il arriva qu’Élie et Elisée venaient de Galgala. Et Élie dit à Elisée : Restez ici, car le Seigneur m’a envoyé jusqu’à Béthel. Elisée lui répondit : Vive le Seigneur, et vive votre âme, je ne vous abandonnerai point. Et ils descendirent (hébreu : yêredû) à Béthel. » IV Reg., ii, 1, 2. On voit tout de suite qu’il ne peut s’agir ici de Galgala ou Tell-Djeldjul de la plaine du Jourdain. Pour aller de ce point, situé au-dessous du niveau de la Méditerranée, à Béthel ou Beitin, qui est à une altitude de 881 mètres, il fallait beaucoup monter. Mais on trouve, au nord de cette dernière localité, un village dont le nom et la position répondent bien aux exigences du texte sacré. C’est Djiîdjilia, bourg de 200 habitants, sur une haute colline, escarpée de trois côtés, avec plusieurs citernes creusées dans le roc et une source jaillissant de dessous un rocher. Cf. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 167. En réalité, il est moins élevé (altitude, 744 mètres) que Beitin, mais quand on vient des hauteurs qui dominent le grand ouadi el-Djïb, qu’il faut traverser pour aller à Béthel, on a l’impression de descendre vers ce point. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1882, t. ii, p. 290. D’ailleurs, l’Écriture dit simplement que les deux prophètes étaient sur le chemin de Galgala à Béthel. Voir la _ carte de la tribu d’ÉPHRAiM, t. ii, col. 1876. C’est là qu’Elisée opéra un de ses miracles en rendant douces et mangeables des herbes amères. IV Reg., iv, 38-41. Voir Coloquinte, t. ii, col. 859. D’après les premiers mots du ꝟ. 38 : « Et ÉJisée retourna à Galgala, » on peut croire qu’il y résidait habituellement avec ses disciples ou les fils des prophètes. — On admet généralement que Djiîdjilia représente aussi la Galgala de Deut., xi, 30, citée pour déterminer la position des monts Hébal et Garizim. — Faut-il y reconnaître également celle qui est mentionnée I Mach., ix, 2 ? On ne sait au juste. Il est plus probable qu’il s’agit là de Galgal, Jos., xil, 23, aujourd’hui Djeldjuliyéh.

Voir Galgal t.
A. Legendre.

1. GALILÉE (hébreu : Gàlil, Jos., xx, 7 ; xxi, 32,

I Par., vi, 76 ; avec l’article, hag-Gâlil, III Reg., ix, 11 ; hag-Gdlildh, IV Reg, , xv, 29 ; à l’état construit, Gelil hag-gôyim, Is., IX, 1 ; Septante et Nouveau Testament : il ra.yu.ala), province septentrionale de la Palestine, célèbre surtout dans les Évangiles.

I. Nom.

Ce nom, qui devait briller d’un si vif éclat dans l’histoire du christianisme, ne se trouve que six fois en hébreu, et encore avec une signification restreinte.

II se rattache à la racine gdlal, « rouler, » d’où le sens dérivé de « cercle » ou « région, district ». Le féminin gelildh, pluriel gelîlôf, est, dans plusieurs passages de la Bible, employé pour désigner certaines parties de la plaine maritime et de la vallée du Jourdain ; ainsi l’expression gelilôf hap-Pelièfim, Jos., xiii, 2, ou gélilôt Peléséf, Joël, iii, 4, indique c le pays des Philistins ». C’est pour cela que la Vulgate a, faussement du reste, traduit Jos., xiii, 2, par Galilœa, Pkilistiim, tandis que les Septante ont mis plus justement opta $uXt<mE ! n. Cf. C. Vercellone, VarUe lectitmes Vulgatse latinse, Rome, 1864, t ii, p. 31. De même gelilôf hay-Yardên, Jos., xxii, 10, correspond à ce que l’Écriture appelle ailleurs, Gen., xiii, 10, etc., kikkar hay-Yardên, « le cercle du Jourdain, » ou la partie du Ghôr qui avoisine son embouchure dans la mer Morte. C’est la même contrée qu’il faut voir dans Vhag-Gelîlâh haq-qadntfmàh, ou

f cercle, district oriental » d’Ézéch., xlvii, 8, au lieu de la « Galilée orientale », t ; roXiiaia-f) itpdç àvgrroXixç, des Septante. Lé mot gâlîl, appliqué à une portion du pays qui tut plus tard la Galilée, apparaît pour la première fois dans l’Ancien Testament à propos d’une ville de refuge, Cédés de Nephthali, appelée QédéS bag-Gâlîl ; Septante : K<x8t)< tv tt| TaXiXaU, Jos., xx, 7 ; xxi, 32 ; I Par., VI, 76, et qui, située au nord-ouest du lac Mérom, a subsisté jusqu’à nos jours sous le même nom de Qadès. La « terre de Galilée », en hébreu’ère ? hag-Gâlil, désigne ensuite, III Reg., IX, 11, le district septentrional de la Palestine qui renfermait les vingt villes données par Salomon à Hiram, roi de Tyr. C’est le même territoire, voisin de la Phénicie, que représente Vhag-Gdlï-Idh, IV Reg., xv, 29, distinguée de « la terre de Nephthali », et soumise par Théglathphalasar. Enfin, comme cette contrée du nord était habitée par une multitude de gentils, Isaïe, ix, 1, l’appelle Gelil hag-gôyim, « la Galilée des nations. »

II. Géographie.

1° Limites, divisions. — Les auteurs hébreux, on le voit, nous éclairent peu sur l’origine du nom de Galilée. Appliqué d’abord à la région septentrionale de la Terre Sainte, il s’étendait, au temps d’Isaïe, jusqu’aux bords du lac de Tibériade. Il finit, plus tard, par désigner tout le massif montagneux situé entre le Jourdain et la Méditerranée, auquel s’adjoignit même la plaine d’Esdrelon. L’Ancien Testament ne nous donne néanmoins aucun renseignement positif ni sur l’époque à laquelle la Galilée devint une province distincte ni sur son étendue. Le livre de Tobie, I, 1, nous parle de la « haute Galilée » (Codex Sinaiticus, h tîj « vu raXeiXasa ; Vulgate : in superioribus Galilxse) ; de’même celui de Judith, I, 8, qui distingue en même temps cette contrée de « la grande plaine d’Esdrelon », rr)v ôfvio TaluXalM xa ! to niya iteSfov’Ecrp^ji (la Vulgate a supprimé la conjonction), À l’époque des Machabées, la province nous apparaît distincte de la Samarie et de la Judée, I Mach., x, 30, ne comprenant ni la plaine de Jezraël, ni le territoire de Ptolémaïde. I Mach., xii, 47, 49.

A l’époque de Notre-Seigneur, la Galilée formait une des trois grandes divisions de la Palestine, à l’ouest du Jourdain. Lucl, xvii, 11 ; Act., ix, 31. (Voir la carte.) Elle renfermait le territoire des anciennes tribus d’Aser, de Nephthali, de Zabulon et d’Issachar. Josèphe, Bell.jud., III, iii, 1, nous la décrit en ces termes, avec ses deux parties et leurs limites : « Il y a, dit-il, deux Galilées, l’une haute et l’autre basse ; la Phénicie et la Syrie les environnent. Au couchant, elles ont pour limites les frontières du territoire de Ptolémaïde et le Carmel, montagne appartenant autrefois aux Galiléens et maintenant aux Tyriens ; au midi, la Samarie et Scythopolis (Béisdn), jusqu’aux rives du Jourdain ; à l’orient, l’Hippène et la Gadaritide, ainsi que la Gaulanitide et les frontières du royaume d’Agrippa ; au nord enfin, Tyr et toute la région des Tyriens. La Galilée inférieure se développe en longueur depuis Tibériade jusqu’à Chabulon (XceêquXûv, peut-être Kabul, au sud-est d’Akka ou Saint-Jean d’Acre ; d’autres lisent ZaêouXùv, peut-être’Abilin, un peu plus bas), qu’avoisine sur la côte Ptolémaïde ; et, en largeur, depuis le bourg de Xaloth (Iksâl), situé dans la Grande Plaine (Esdrelon), jusqu’à Bersabé (inconnue), où commence la Galilée supérieure. Celle-ci s’étend de là en largeur jusqu’à Baca, qui la sépare du pays des Tyriens, et en longueur depuis Thella (Et-Téleil, sur le lac Mérom), bourg voisin du Jourdain, jusqu’à Méroth. » Plus loin, III, iii, 4, le même historien donné comme limite méridionale à la Galilée, non plus Xaloth, mais Ginsea, aujourd’hui Djénîn, au sud de la plaine d’Esdrelon ; c’est là, en effet, dit-il, que a commençait la Samarie, située entre la Judée et la Galilée ». Les Talmuds déterminent de la même façon la frontière de ce côté, en la plaçant à Eefar’Outheni (Kefr Qud ou Kefr Adan), à l’ouest de Djénîn. Mais, s’occupant de la Palestine au point de

vue dogmatique et non au point de vue politique ou stratégique, ils divisent la Galilée en trois parties : « La Galilée supérieure (pays montagneux), au delà de Kefar Hananyah (Kefr’Andn), pays où l’on ne trouve pas de sycomores ; la Galilée inférieure (pays de plaine), en deçà de Kefar Hananyah, qui produit des sycomores ; enfin, le cercle de Tibériade (pays de vallées). » Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 178. Ils mettent ainsi plus haut que Josèphe la ligne de démarcation entre les deux divisions de la province.

Description.

La Galilée est ainsi déterminée, du

côté du sud, par une ligne qui, partant du Carmel, suit le bord septentrional des monts de Samarie, et forme un arc de cercle dont l’extrémité orientale aboutit aux environs de Béïsân et au Jourdain. Du côté de l’est, elle a pour limites le fleuve sacré et les deux lacs de Tibériade et de Mérom. Au nord le Nahr el-Qasimiyéh, ou « fleuve de la séparation », constitue une barrière toute naturelle. Enfin du côté de l’ouest, la plaine côtière s’allonge comme une bordure plus ou moins large entre les monts galiléens et la Méditerranée. Notre description se bornera à la région montagneuse qui donne en somme le vrai relief du pays. Pour la plaine, voir Esdrelon, t. ii, col. 1945.

La Galilée, dans son ensemble, est un système montagneux qui peut être considéré comme le prolongement du Liban. Cependant elle comprend deux massifs distincts, de niveau et d’aspect différents, qui ont justement servi de base à la division bien connue en Haute et Basse Galilée. En suivant les Talmuds, qui nous semblent avoir mieux que Josèphe indiqué la limite entre les deux, tirons une ligne de Saint-Jean d’Acre à l’extrémité nord du lac de Tibériade, et nous rencontrerons une vallée, appelée Medjdel Kérutn, courant de l’ouest à l’est, et située à 250 mètres au-dessus de la Méditerranée. Les montagnes qui la dominent au nord sont sensiblement plus élevées que celles du sud ; l’enchevêtrement des collines et des vallées donne au premier groupe une physionomie que n’a pas le second. Nous avons donc là un trait physique suffisamment caractérisé pour établir une démarcation entre les deux parties de la province.

Le massif septentrional est un vrai labyrinthe de hauteurs, dans lequel on peut cependant distinguer immédiatement au-dessus de la ligne transversale que nous venons de tracer, une arête principale de trois sommets, le Djebel Adâthir (1025 mètres), le Djebel Djarmuk (1198 mètres) et le Djebel Zabud (1114 mètres). Ce faite, avec ses prolongements, forme quatre bassins inégaux, dont trois à l’est et un à l’ouest, bien qu’en réalité il-y ait deux versants méditerranéens et deux jordaniens. Vers le sud-est, plusieurs torrents descendent des monts de Safed à la côte nord-ouest du lac de Tibériade. Plus haut, les ouadis s’en vont dans la direction de l’est, aboutir au Jourdain ou au lac Houléh. Mais, au-dessus du Djebel Hadiréh, un versant se dirige vers le nord pour tomber dans le Nahr el-Qasimiyéh, vers le coude que fait ce fleuve en se rendant à la Méditerranée. A l’ouest, se profilent transversalement ou obliquement des chaînons tourmentés, rattachés entre eux par des contreforts latéraux. À douze kilomètres sud-est d’Iskandérounéh, le Tell Bêlât atteint 750 mètres, et, plus bas, le rebord de Terschiha est à 632 mètres. Sur ce versant, les rivières arrêtées jadis dans les cavités des entrecroisements, ont rompu cette barrière, et quelques marais seulement indiquent aujourd’hui pendant les pluies la place des anciens lacs. De nombreux ouadis descendent de la montagne et viennent déchiqueter la côte méditerranéenne. Les principaux, en allant du nord au sud, sont les ouadis el-Humraniyéh, eUEzziyéh, el-Qurn, le nahr Mef’schukh et le nahr Sémiriyéh. Des sentiers raides, parfois taillés en escaliers et d’une ascension pénible, courent le long de ces chaînons du groupe sep tentrional. Les flancs abruptes sont néanmoins boisés, parfois tapissés de vignes, et portant des terrasses successives soutenues par de gros murs. Du sein de ces broussailles, au milieu d’épais fourrés de chênes verts, d’arbousiers et de caroubiers, surgissent aux yeux de l’explorateur des arasements de murs d’enceinte, de tours et de maisons, des décombres de villes ou de forteresses, perchées comme des nids d’aigles sur des cimes élevées, des vestiges de temples, de synagogues et d’églises. Le roc est percé de tombeaux, de citernes, de magasins souterrains, de pressoirs. Il y a là des ruines de toutes les civilisations, depuis l’époque chananéenne jusqu’à la domination des croisés.

Les monts de la Basse Galilée, moitié moindres de hauteur, atteignent à peine 600 mètres dans leurs plus hauts points. Les principaux sommets sont : le Djebel el-Kummanéh (570 mètres), le Djebel Tur’dn (541 mètres) et le Djebel et-Tur ou Thabor (562 mètres). Ces chaînons méridionaux sont plus symétriquement orientés sur leurs deux versants et entourent quelques hautes plaines. La plus importante est celle de Battaûf, marécageuse à l’est, mais très fertile, longue de 14 à 15 kilomètres, et large de près de 4 kilomètres, à 150 mètres au-dessus de la mer, et entre des montagnes qui la dominent de 350 à 400 mètres. Plus bas, au pied sud du mont Tour’ân, est une vallée du même nom, longue de 8 kilomètres, sur 1 kilomètre et demi de large, également fertile. À l’ouest, le versant méditerranéen forme un double bassin, celui du Nahr Na’man (l’ancien Bélus), dont les branches principales sont les ouadis Schaïb, eUHalazun, ’Abilîn, et celui de l’ouadi el-Malek, affluent du Cison ou Nahr el-Muqatta. A’l’est, Vouadi er-Rabadiyéh et l’ouadi el-Har)iâm descendent au lac de Tibériade. Enfin, dans les directions sud-est, sud et sud-ouest, d’autres torrents s’en vont vers le Jourdain ou ses affluents, et vers le Nahr el-Muqalta. Les villages, encore plus nombreux autrefois qu’aujourd’hui, s’élèvent dans les vallées, sur le penchant ou sur le sommet des montagnes. Celles-ci étaient jadis cultivées jusqu’au plateau supérieur. On voit encore s’étager sur leurs pentes des plantations d’oliviers et de figuiers, ou des bouquets de térébinthes et de chênes, ou des fourrés de lentisques et de houx.

La Galilée se rattache au Liban, on peut dire comme la racine à l’arbre. Et c’est à cette dépendance qu’elle doit en partie la fertilité qui la met, aujourd’hui encore, bien au-dessus de la Samarie et de la Judée. Le Liban, en effet, emmagasine l’humidité que lui envoient" les vents d’ouest saturés des vapeurs de la mer ; il tient en réserve les neiges de l’hiver, et dispense jusque dans ses racines les trésors amassés en son sein. De là viennent, avec des pluies un peu plus abondantes, les nombreuses sources qui arrosent la contrée. Avec cela, la température est douce sur la côte, chaude dans la vallée du Jourdain, et toujours fraîche dans la montagne. L’air y est vivifiant. Autrefois surtout, forêts, prairies, champs cultivés, plaines couvertes de blé et d’orge, jardins, vergers, vignobles, fontaines, lacs et rivières, cités nombreuses et prospères, donnaient à cette région un aspect aussi varié qu’attrayant. Les bénédictions de Jacob et de Moïse, relatives aux tribus du nord, Gen., xlix, 13, 14, 20, 21 ; Deut., xxxiii, 18, 19, 23, 24, font allusion à ces richesses. Au I er siècle de notre ère, ce petit coin de la Palestine était ravissant. La description que nous en a laissée Josèphe, Bell, jud., III, iii, 2 ; x, 8, en fait une véritable merveille. Douceur du climat, beauté de la nature, fécondité inépuisable du sol, tout y était réuni. Le lac de Tibériade surtout était l’orgueil de la contrée. Incessamment animé par les barques des pêcheurs, il offrait sur ses bords la végétation la plus abondante et des arbres de toutes les essences. La fertilité de la Galilée n’est pas moins vantée par les Talmuds. « Le pays de Nephthali, dit celui de Babylone.

Megillalt, 6 a ; Berdkhol, 44, a, est partout couvert de champs féconds et de vignes ; les fruits de cette contrée sont reconnus pour être extrêmement doux. » C’est l’huile surtout qu’on trouvait en abondance dans cette province. « Il est plus facile, dit encore le Talmud, Bereschit rabba, cliap. xx, d'élever une légion (forêt) d’oliviers en Galilée que d'élever un enfant en Palestine. C’est pour cela que d’après l'Écriture, Deut., xxxiii, 24, Aser a trempait son pied dans l’huile ». Le vin y était plus rare, et, pour ce motif, plus estimé. On ne manquait pas non plus de lin ; les femmes y confectionnaient des vêtements de lin filé d’une grande finesse. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 180.

Malgré sa déchéance, le pays garde encore des vestiges de son ancienne beauté. Les forêts y sont plus rares ; mais on y trouve, outre les arbustes et les plantes aromatiques, de nombreuses espèces végétales, l’olivier, le figuier, le chêne, le térébinthe, le noyer, le palmier, le cèdre, le cyprès, le pin, le sycomore, lé mûrier, l’amandier, le grenadier, le citronnier et de magnifiques lauriers-roses. Parmi les principales productions, outre Je blé et l’orge, on peut citer le mil, l’indigo, le riz, la canne à sucre, les oranges, les poires, les abricots, etc. Les poissons du lac de Tibériade sont excellents. La grande plaine d’Esdrelon est un grenier d’abondance, celles de Battaouf et de Tour’an sont également très fertiles. Rien de plus gracieux et de plus frais que les sources du Jourdain vers Tell et Qadi et Banias.

Ajoutons enfin, pour terminer cette description, que le calcaire crétacé qui compose la Galilée est percé de roches volcaniques dans les environs de Safed, de Nazareth, et sur les bords du lac de Génésareth. De là, les sources d’eaux chaudes qu’on trouve sur la rive occidentale à Hammam. Voir Éma.th 3, t. ii, col. 1720. De là aussi les tremblements de terre qui ont plusieurs fois bouleversé la contrée. En 1759 et en 1837, Safed fut ainsi ruinée ; le dernier fit périr près de 5000 personnes dans cette malheureuse ville.

3° Population ; villes. — Josèphe, Bell, jud., III, iii, 2, nous représente la Galilée comme habitée dans les plus petits coins, parsemée de villes, avec une population très nombreuse, dont il exagère même les chiffres. Dans sa Vie, § 45, il compte 204 villages et 15 villes fortifiées. Cette densité de la population peut d’ailleurs s’expliquer, quand on pense à tout ce qui devait la favoriser, les avantages du climat, les richesses du sol, les ressources de l’industrie et du commerce. À l'époque chananéenne, lorsque cette région septentrionale fut partagée entre les quatre tribus d’Aser, de Nephthali, de Zabulon et d’Issachar, on comptait déjà 69 villes importantes, que la Bible cite par leurs noms. Jos., six, 10-39. La tribu dé Nephthali avait 16 villes fortifiées, 'ârê mibsdr. Jos., xix, 35-38. On trouvera à l’article concernant chacune de ces tribus la nomenclature de ces antiques cités. Nous mentionnerons seulement ici, avec les plus connues du Nouveau Testament, celles dont parlent Josèphe et les Talmuds, afin de donner la physionomie de la Galilée à l'époque la plus importante de son histoire.

La vie était surtout concentrée sur les bords du lac de Tibériade. Une seule ville, Tabariyéh, renferme aujourd’hui dans ses murailles ébréchées le mouvement qui animait autrefois ces parages enchanteurs. Mais au temps de Notre-Seigneur, on rencontrait, en montant vers le nord, Magdala, la ville de Marie-Madeleine, Capharnaûm, la patrie d’adoption du Sauveur, Coroiaîn, la cité maudite, Bethsaîde, la patrie de Pierre, d’André et de Philippe, et, en descendant vers l’extrémité méridionale du lac, Tarichée, Taperai, Tappaîai une des places fortifiées par Josèphe et prises par Titus. Cf. Josèphe, Bell, jud., II, xx, 6 ; III, X, 1, 5. Dans le Même cercle, à une certaine distance de la côte, se trou vaient : Beth Maon (aujourd’hui Maoûn), et Arbel ou' Arbela (Irbid), citée dans le Talmud, Midrasch Koheleth, I, 18, pour sa fabrication de tissus communs, et fortifiée par Josèphe, Vita, 37.

Dans la Galilée supérieure, nous mentionnerons : Kefar Hananyah, dont les habitants étaient en majeure partie des marchands de pots de terre noire (Talmud de Jérusalem, Maaséroth, ii, 3) ; 'Akabara (actuellement Akbai-a), où l’on élevait des faisans, ' et que Josèphe fortifia, Bell, jud., II, xx, 6 ; Vita, 3'7 ; Séfathon Safed, une des localités les plus importantes aujourd’hui, et bâtie sur une hauteur d’où l’on jouit d’une vue splendide ; Mérôn (Méiron), presque toujours citée dans les Talmuds conjointement avec Gusch Halab, renommée pour l’abondance de ses huiles ; cette dernière est l’ancienne Giscala, place fortifiée par Josèphe, la dernière qui tint contre les Romains, Bell, jud., II, xx, 6 ; IV, ii, 1-5, et appelée aujourd’hui El-Djisch. Les vieilles cités bibliques de Cédés et de Cana ont subsisté jusqu'à nos jours sous les mêmes noms de Qadès et de Qana. — Dans la Galilée inférieure : Gabara (Khirbet Kabra), qui était, d’après Josèphe, Vita, 25, 46, une des trois plus grandes villes de la Galilée, avec Sepphoris et Tibériade ; Sélamis (Khirbet Sellaméh), fortifiée par Josèphe, Bell, jud., II, xx, 6 ; Sîknîn, la Ew-jâv » ] de Josèphe, Vita, 51, actuellement Sakhnin Kabul ; l’antique cité d’Aser, Jos., xix, 27, la Xa6a>X<ô de Josèphe, Vita, 43, portant encore le même nom de Kabul ; Yôdafat l’ancienne, mentionnée' dans la Mischna, Erakhin, ix, 6, comme un endroit de la Galilée fortifié par Josué ; c’est la 'Itozâitaxa de Josèphe, célèbre par le siège qu’il y soutint contre Vespasien, et où il fut fait prisonnier, Bell, jud., III, vii, 7-36 ; viii, aujourd’hui Khirbet Djéfal ; Schefar’am (Schéfa 'Atnr), ville où le sanhédrin vint tenir ses séances après avoir quitté Uscha (Khirbet Huschéh) ; Talmud de Babylone, Rosch haschanah, 51 6) ; Ruina (Khirbet Ruméh) ; Sippôrî, Sswepcopi ;, cité très importante dont parlent souvent les Talmuds et Josèphe, Ant. jud., XIV, v, 3 ; XVII, x, 9 ; Bell, jud., i, vm, 5, etc., prise par Hérode le Grand, brûlée par Varus, rebâtie par Hérode Antipas, devint la place la plus forte et le chêf-lieu de la Galilée, , actuellement encore une ville de 3, 500 habitants nommée Seffuriyéh ; Beth-Lêhem [Na]$eriyéh, « Belhléhem près de Nazareth, » pour la distinguer de Bethléhem de Judée, est toujours appelée Beit Lahm ; isimônià, Ei[ia>>n « ; (Josèphe, Vita, 24), conservait, à la fin du il » siècle, une population juive, et subsiste sous le nom de Sémuniyéh. Les villes connues surtout dans le Nouveau Testament sont Nazareth et Cana (Kefr Kenna). — Enfin, dans la plaine d’Esdrelon et celle du Jourdain, nous signalerons : Naïm (Naïn), appuyée au Djebel Dahy ou PetitHermon ; Beth Sche’an ou Scythopolis (Béïsân), dont un rabbin disait : « Si le paradis doit se trouver en Palestine, la porte en est à Beth Sche’an ; » Tivaia, Josèphe, Bell, jud., III, iii, 4, c’est-à-dire Djénin, l’ancienne Engannim. — Cette rapide revue, qui n’embrasse que les principales villes de Galilée, nous montre, partout où nous jetons les yeux, sur les hauteurs ou dans la plaine, des centres importants d’agglomération, une population nombreuse, riche et active. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 188-240.

Routes.

l& Galilée fut une province privilégiée

non seulement par la richesse du sol, le nombre des habitants, mais encore par sa position géographique et les voies de communication qui la reliaient aux contrées voisines. Alors que la Judée est toujours restée un pays fermé, la Galilée a été un pays largement ouvert. Des routes la traversaient pour aller des côtes phéniciennes en Samarie, en Galaad, dans le Haurau, à Damas, comme pour aller d’Egypte en Assyrie. Elles suivaient non seulement la plaine d’Esdrelon, la vallée du Jourdain et les hrges plateaux de la Basse Galilée, mais elles couraient

à travers le dédale des monts de la Haute Galilée. Certaines lignes de trafic, quelques khans en ruineet des vestiges de voies romaines les jalonnent encore. Depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, Damas a eu ses débouchés vers la mer. Ils ont varié suivant les âges et les circonstances politiques. Les ports qui servirent d’entrepôts à la grande ville furent tantôt Tripoli, Beyrout, Sidon, tantôt Tyr, Saint-Jean d’Acre ou Khaïfa. Les trois derniers furent longtemps lès préférés et les plus commodes. Une route, longeant le pied de l’Hermon, passait par Banias, traversait le Jourdain à Tell el-Qadi et, par Abrikfia, s’en allait en droite ligne à Tyr. Pour atteindre Akka ou Caïpha, une autre descendait, dans la direction du sud-ouest, vers le Djitr Bendt Yaqub, au sud du lac Mérom, et s’engageait à travers la limite des deux Galilées, ou suivait le lac de Tibériade pour rejoindre la plajne d’Esdrelon, Une troisième avec ses embranchements passait le Jourdain au sud du lac de Génésareth et se rattachait au réseau de la grande plaine, qui fut comme le carrefour dés nations anciennes. Celle qui, par les bords si fréquentés du lac de Tibériade, traversait les tribus de Nephthali et de Zabulon, était cette « voie de la mer » dont parle Isaïe, ix, 1, en annonçant les divines clartés que le Messie devait répandre sur ces contrées. La Galilée était ainsi sillonnée par une foule de routes qui la coupaient de l’est à l’ouest, convergeant vers les points importants de la côte méditerranéenne et du Jourdain. D’autres la parcouraient en sens inverse, suivant la plaine maritime du sud au nord, ou s’engageant à travers les collines, dans la même direction, par exemple, par Safed, Qadès et Hounin vers le Nahr el-Qasimiyèh.

111. Histoire. — Les Israélites, en s’établissant dans le nord de la Palestine, gardèrent au milieu d’eux un grand nombre des Chananéens vaincus. Jud., i, 30-33 ; IV, 2. Cette faiblesse fut pour eux la source de fréquentes difficultés. D’un autre côté, en raison du voisinage des nations idolâtres, l’élément païen resta toujours assez fort dans cette région. Is., ix, 1. il devint prédominant lorsque Théglathphalasar, roi d’Assyrie, eut emmené en captivité les habitants de la Haute Galilée et de la terre de Nephthali. IV Reg., xv, 29 ; Josèphe, Ant.jud., IX, xi, 1. Après le retour de l’exil, à l’époque, asmonéenne, les Juifs étaient peu nombreux au sein de ces populations qui les opprimaient. Ils envoyèrent un jour demander protection à Judas Machabée. en disant que lès gens de Ptolémaïde, de Tyr et de Sidon, et toute a Galilée des nations s’étaient assemblés contre eux pour les perdre. Celui-ci chargea de eur défense Simon, son frère, qui partit avec trois mille hommes, livra de nombreux combats aux gentils, dont près de trois mille tombèrent sous ses coups, puis emmena avec lui en Judée, à la joie de tout le peuple, les Juifs de Galilée, avec leurs femmes, leurs enfants et tout ce qui leur appartenait., 1 Mach., v, 14-23, 55 ; Josèphe, Ant. jud., XII, VIII, 2. Sous Jonathas Machabée, le pouvoir des Asmonéens s’accrut rapidement et s’étendit apparemment sur la Galilée. Ant. jud., XIII, ii, 3 ; iv, 9 ; v, 6. Jonathas défit les généraux de Démétrius à Cadès, I Mach., xi, 63-74 ; Ant. jud., XIII, v, 6 ; mais il finit par se laisser prendre au piège que lui tendit Tryphon, tandis que les deux mille hommes qu’il avait renvoyés en Galilée réussirent à rentrer sains et saufs en Judée. I Mach., xii, 47-52 ; Ant. jud., XIII, vi, 2. La Galilée forma une partie du royaume asmonéen, et participa sans doute à la prospérité générale sous le gouvernement de Jean Hyrcan. C’est peut-être à cette époque que les Juifs commencèrent à s’établir dans la province. On comprend d’ailleurs’que la fertilité du sol et les facilités du commerce aient attiré un bon nombre d’émigrants dès collines moins riches de la Judée. L’an 47 avant Jésus-Christ, Antipater ayant été homme gouverneur de

la Judée, confia le gouvernement de la Galilée à son fila Hérode, âgé de vingt-cinq ans, Ant. jud., XIV, ’ix, 2, qui y domina plus tard en roi. À la mort de celui-ci, Hérode Antipas devint tétrarque de la Galilée et de la Pérée, Ant. jud., XVII, yiii, 1, fonction qu’il garda jusqu’à son bannissement, 39 après Jésus-Christ, c’est-à-dire pendant la période où s’écoula la vie du Sauveur. Luc, iii, 1 ; xxiii, 7. La contrée passa ensuite à Hérode Agrippa I", puis, après lui, fut placée sous l’autorité du procurateur romain de la Judée, à l’exception d’un petit district qui fut donné à Hérode Agrippa II. Elle demeura dans cette situation jusqu’à la ruine finale de la nation.

La Galilée doit surtout à l’évangile la place qu’elle tient dans l’histoire du monde. C’est « dans une ville de Galilée, nommée Nazareth », que le Fils de Diett s’incarna, passa son enfance et sa jeunesse, et fit entendre sa parole au début de son ministère. Cf. Luc, i, 26 ; ii, 4, 39 ; iv, 14, 16 ; Matth., ii, 22, 23 ; iv, 12, 13 ; xxi, 11 ; Marc, i, 9, 14. « Caria de Galilée » fut le théâtre de son premier miracle. Joa., ii, 1, 11 ; iv, 46. g Capharnaûm, ville de Galilée, » lui servit de séjour, quand il eut quitté Nazareth, et recueillit les nombreuses marques de sa puissance et ses divins enseignements. Matth., iv, 13 ; ix, 1 ; xi, 20 ; Luc, iv, 31. « ; La mer de Galilée » fut témoin de plusieurs événements importants de sa vie publique : vocation des apôtres, tempête apaisée, pêche miraculeuse, etc. Matth., iv, 48 ; xv, 29 ; Marc, l, 16 ; vii, 31. Jésus parcourut la Galilée, prodiguant partout, dans les villes et les villages, les marques de sa bonté ; les "foules venaient des moindres hameaux pour le voir et l’entendre. Matth., iv, 23, 25 ; Marc, i, 14, 28, 39 ; iii, 7 ; Luc, iv, 44 ; v, 17 ; xxiii, 5. C’est là qu’il se transfigura sur une montagne, Matth., xvii, 1, Marc, ix, 1 ; Luc, ix, 28, et enfin qu’il se montra à ses Apôtres, des Galiléens eux aussi, après sa résurrection. Matth., xxvi, 32 ; xxviii, 7, 10, 16 ; Marc, xiv, 28 ; xvi, 7. La Galilée fut donc le berceau de la foi chrétienne, le théâtre des actions et de la prédication du Sauveur pendant une bonne partie de son ministère. Est-il étonnant que tant de pages des Évangiles reflètent la physionomie physique et morale de cette contrée ? Les miracles, les discours, les paraboles de Notre-Seigneur, les événements qui marquent chacune de ses journées, tout nous est un tableau faisant revivre à nos yeux les richesses et les beautés de la nature, les mœurs du pays. Qu’on se rappelle, en particulier, le sermon sur la montagne, Matth., v-vn ; la résurrection du fils de (a veuve de Naïm, Luc, vil, 11-16 ; la multiplication des pains, Matth., xiv, 13-21 ; Marc, vi, 31-44 ; les noces de Cana, Joa., ii, 1-41 ; la vocation et le festin de Lévi, Luc, v, 27-39 ; les paraboles de la semence, de l’ivraie, du grain de sénevé, Matth., xiii ; etc. Rien n’échappe au regard et à l’esprit du Maître : le ciel, la terre, la mer, les champs de blé, les fleurs, l’herbe de la prairie, les poissons, les oiseaux, tout sert de base à ses admirables enseignements.

Patrie du Christ et des Apôtres, la Galilée devint, après la ruine de Jérusalem, le centre religieux des Juifs, le siège de leurs plus brillantes écoles, la résidence de leurs plus célèbres rabbins. On trouve encore en plusieurs endroits de beaux restes de leurs synagogues. Tibériade surtout fut leur ville sainte. C’est là que se fixèrent les lois orales et traditionnelles, auxquelles fait si souvent allusion Notre-Seigneur, et qui formèrent, au commencement du iiie siècle, un vaste recueil connu sous le nom de Mischna, « répétition » ou « seconde loi », complété plus tard par la Gémara. Les deux compilations réunies constituent le Talmud de Jérusalem. C’est là également que naquit la Massore ou travail critique sur le texte hébreu de la Bible, fruit de longues et consciencieuses études. — Pour le caractère et le dialecte des habitants de la Galilée, voir Galiléen..

IV. Bibliographie.

H. Reland, Pal&stina, Utrecht, '

1714, t. i, p. 127-129, 180-184, 306-307 ; A. P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, 361-387 ; A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 177240 ; "V. Guérin, Galilée, Paris, 1880, t. i (p. 76-82, limites et description générale) et n ; Survey of western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883* t. i ; S. Merrill, Galilée in the Time of Christ, Boston, 1881 ; Londres, 1885 ; Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 208, 311-314, 318 ; Tent Work in Palestine, Londres, 1889, p. 71-87 ; G. A. Smith, The historital Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 414-435 ; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Fribouwr-en-Brisgau et Leipzig, 1896, p. 72-74, 82, 107, 113, 214>237.

A. Legendre.

2. GALILÉE (MER DE). Voir TmÉMMtE (Lac de).

    1. GALILÉEN (raXcîiaîOî)##


GALILÉEN (raXcîiaîOî). Ce nom, qui ne se trouve que dans le Nouveau Testament, désigne les habitants de la Galilée en général, Luc., xiii, 1, 2 ; Joa., iv, 45, ou bien est appliqué à Notre-Seigneur, Matth., xxvi, 69 ; Luc. xxiii, 6, à saint Pierre, Marc, xiv, 70 ; Luc, xxii, 59, à Nicodème, Joa., vii, 52, aux Apôtres, Act., i, 11 ; n, 7, et à Judas dont parlent les Actes, v, 37.

La Galilée, à l'époque de N.-S., était en majeure partie habitée par les Juifs, mais elle comprenait aussi une population mêlée de Grecs, d’Arabes, de Syriens, de Phéniciens. Le vieux sang hébreu ne s’y était pas conservé pur comme en Judée. Le contraste entre les deux peuples du nord et du sud de la Palestine était aussi frappant que celui qui existait entre les deux pays. D’un côté, une nature tour à tour riante et grandiose et une population à la foi simple et profonde, aux idées neuves et hardies ; de l’autre, un sol aride et désolé et un peuple attaché à ses traditions, ne voulant connaître que la lettre de la loi. L’esprit du paysan galiléen s’ouvrait volontiers aux croyances nouvelles ; chez le Juif de Jérusalem, dominaient au contraire la routine et les préjugés. La Galilée a été le berceau du christianisme, tandis que la Judée était desséchée par un pharisaïsme étroit et un saducéisme à courte vue. Par leurs fréquents contacts avec les nations voisines, les Galiléens avaient acquis une certaine largeur d’idées et un caractère conciliant, qui les faisaient mal voir en Judée. Ils passaient, aux yeux des fervents et des orgueilleux de la ville sainte, pour des ignorants et des sots. Cf. Talmud de Babylone, Eriibin, 53 b. Il était convenu que rien de bon, aucun homme sérieux, aucun prophète, ne pouvait venir de Galilée, et en particulier de Nazareth. Cf. Joa., i, 46 ; vu, 52. Méritaient-ils un tel mépris ? Non. Josèphe, Bell, jud., III, iii, 1, nous les représente comme laborieux, hardis et vaillants.Le Talmud de Jérusalem, Ketuboth, iv, 14, déclare lui-même qu’ils étaient plus soucieux de l’honneur que de l’argent, tout le contraire de ce que l’on trouvait en Judée. En Galilée, la veuve restait dans la maison du mari défunt, tandis qu’en Judée les héritiers avaient la faculté de l'éloigner, en lui rendant sa dot. Mischna, Keluboth, iv, 14. D’autres passages talmudiques nous montrent chez les Galiléens un profond sentiment de charité : « Dans un endroit de la Galilée supérieure, on avait soin de faire servir tous les jours à un pauvre vieillard une portion de volaille, parce qu’il avait l’habitude de prendre cette nourriture aux jours de sa prospérité. » Tosiftah, Péah, ch. vin.

Si les Galiléens avaient dans la douceur de leur caractère quelque chose de la douceur de leur climat, il y avait bien aussi dans leur tempérament, comme dans leur terr*", quelque pointe volcanique. Ils étaient prompts à la révolte, plus irritables que les habitants de la Judée ; le peuple de Tibëriade surtout était par nature ami des changements et se complaisait facilement dans les séditions. Cf. Josèphe, Tito, 17. — Judas le Galiléen, Act., v, 37, se fondant sur le principe que Dieu était le seul souverain de son peuple, et représentant comme une

mesure de servitude la taxe en vue de laquelle était fait le recensement de Cyrinus, travailla de tout son pouvoir à soulever les Juifs contre la domination romaine en les appelant à la liberté. Ant. jud., XVIII, i, 1, 6 ; Bell, jud., II, viii, 1. Il périt ; mais son parti, dispersé, , loin d'être anéanti, reparut plus tard sous le nom de Zélateurs, et joua un grand rôle dans la guerre contre les Romains. — Saint Luc, xiii, 1, 2, fait allusion à un événement tragique qui se passa à Jérusalem au temps de N.-S. Des Galiléens, assaillis tout à coup par les soldats de Pilate dans le parvis du temple, au moment où les prêtres immolaient en leur nom des victimes, furent immolés eux-mêmes sans pitié, de sorte que « leur sang se mêla au sang de leurs sacrifices ». Les soulèvements n'étaient pas rares à cette époque, surtout à l’occasion des fêtes, et les Galiléens se rencontraient toujours parmi les zélotes les plus exaltés et les plus remuants. Pilate réprimait l'émeute sans miséricorde, sans être arrêté par la sainteté du temple juif. — On sait comment la Galilée fut un centre de rébellion aux derniers jours de l’histoire juive, avant la chute de Jérusalem. — Les apôtres avaient bien un peu de ce caractère bouillant, témoin l'épisode de saint Pierre et de Malchus, au Jardin des Oliviers. Joa., xviii, 10.

Au point de vue religieux, les talmuds mentionnent plusieurs différences entre la Galilée et la Judée. Dans ce dernier pays, les jeunes mariés pouvaient se trouver en tête à tête immédiatement après la cérémonie nuptiale, liberté qu’ils n’avaient pas dans le premier, où les mariages, en général, se célébraient avec plus de décorum. Les Galiléens étaient plus sévères dans les pratiques religieuses ; la veille de Pâques on travaillait encore en Judée, tandis qu’en Galilée on avait déjà cessé tout ouvrage. Les talmuds énumèrent encore des différences dans le rite des synagogues, dans la composition des tribunaux civils, dans les poids et mesures. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 182. Les habitants de la Judée étaient plus versés que les Galiléens dans la science religieuse. À cela rien d'étonnant. C’est dans la province du sud que se trouvaient la corporation sacerdotale et la grande école des docteurs. Celle du nord était agitée, toujours considérée comme en état de guerre ; elle n’avait probablement que des maîtres ambulants et non pas des écoles fixes comme la Judée. — Une difficulté peut-être éloignait encore les Galiléens de la chaire des rabbins juifs, c'était leur prononciation défectueuse, qui les rendait presque ridicules aux yeux des méridionaux. On connaît l’histoire de saint Pierre trahissant son origine par son accent. Matth., xxvi, 73. En Galilée, en effet, on ne distinguait pas entre elles les gutturales. « Les habitants de Beth-Schean, de Haïfa et de Tibaon confondaient dans leur prononciation le 'aïn, y, avec le aleph, n ; c’est pourquoi on ne pouvait les admettre pour réciter les prières à haute voix au nom de la communauté. » Talmud de Babylone, Megillah, 24 b. On en cite des exemples : « Un Galiléen demanda un jour un "ibn, 'amr ; on lui répondit : Fou de Galiléen, que demandestu ? est-ce un âne pour monter dessus, nnn, hàmdr, du vin pour boire, non, hémér, un habit pour te couvrir, 137, 'âmar, ou une brebis pour l'égorger,-in>ti, 'êniar1° Talmud de Babylone, Erubin, 53 b. « Si les Judéens et les Galiléens s’aimaient peu, cependant ils n'éprouvaient les uns contre les autres rien qui ressemblât à de la haine. Ils étaient trop voisins pour que leur jalousie mutuelle ne s'éveillât pas, mais leur rivalité portait toujours sur des points de détail, et, dans les grandes questions religieuses et patriotiques, ils savaient être profondément unis. » E. Stapfer, La Palestine, 1885,

p. 119. <
A. Legendre.
    1. GALLAS (VERSIONS) DE LA BIBLE##


GALLAS (VERSIONS) DE LA BIBLE. - Les

Gallas, c envahisseurs, s d’après les uns ; n barbares, » 97

    1. GALLAS##

GALLAS (VERSIONS) DE LA BIBLE — GALLION

d’après les antres, sont des nègres d’un type particulier qui habitent l’est et le sud de l’Abyssinie. Ils s’appellent eux-mêmes Oroma, Ilmorma. Le Nouveau Testament a été traduit en leur langue par un missionnaire protestant, J. L. Krapf. D a publié lui-même Evangelium Matthan translatum in linguam Gallarum, Ankobari, Tegni Shoanorum capitalis, 1841. La Société biblique anglaise a publié le Nouveau Testament entier en caractères amhariques en 1876 ; il a été imprimé à Chrishona près de Bâle, de même que la Genèse, parue en 1872, l’Exode, paru en 1877, et les Psaumes, parus en 1872. Voir J. L. Krapf, Reisen in Ost-Afrika, 2 in-8°, Kornthal, 1858, t. r, p. 484 ; W.Ch. Plowden, Travels in Abys$inia and the Galla Country, in-8°, Londres, 1868 ; Ph. Paulitschke, Beitrâge zur Ethnographie und Anthropologie der Somal, Galla und Harari, 2e édit., in-4°, Leipzig, 1888 ; [le cardinal] J. Massaja, Lectiones grammaticales pro Missionariis qui addiscere volunt linguam amancam necnonet linguam oromonicam, in-8°, Paris, 1867 ; Id., Imiei trentacinque anni diMissioninell’alta Etiopia, 12 in-4°, Rome, 1885-1892 ; Fr. Prsetorius, Zur Grammatik der Gallasprache, in-8°, Berlin, 1893, p. m-v.

    1. GALLIM##

GALLIM (hébreu : Gallîm, « monceaux de pierres » ou « t sources » ), nom de trois localités situées, les deux premières dans les environs de Jérusalem, la troisième dans le pays de Moab.

1. GALLIM (Septante : Codex Alexandrinùs, YaXkiy. ; Codex Vaticanus, r<xXé|t ; correspond à l’hébreu Gallîm), ville de la tribu de Juda, que„ne mentionnent ni le texte hébreu ni la Vulgate, mais qu’on trouve dans les Septante avec dix autres formant un même groupe. Jos., xv, 59. Saint Jérôme, Comment, in Mich, , t. xxv, col. 1198, suit la leçon du Codex Alexandrinùs en l’appelant G-allim. La place qu’elle occupe dans l’énumération de Josué indique tout naturellement sa position, Citée entre Carem, aujourd’hui’Aïn Kdritn, à six kilomètres à l’ouest dé Jérusalem, et Bmther, actuellement Bittir, au nord-ouest de Bethléhem, elle doit être cherchée dans le voisinage de ces deux localités. Or, entre Bittir et Bethléhem, on rencontre un gros village, Beit Bjàld, dont le nom, dans son dernier élément, peut rappeler Gallim. On a voulu l’identifier avec différentes « ités bibliques, Rama, Éphrata, Bézec, Béthel, Séla, Gilo. Cf. T. Tobler, Topographie von Jérusalem und seinen Umgebungen, Berlin, 1854, t. ii, p. 413. Tout au plus pourrait-on tenter une assimilation avec la dernière, hébreu : Gilôh, Jos., xv, 51, comme l’a fait V. Guérin, Judée, 1. 1, p. 118. En tenant compte cependant de l’ordre suivi par Josué dans le groupement des villes de chaque tribu, de Juda en particulier, nous ne croyons pas pouvoir faire remonter si haut un endroit que le contexte place plutôt au sud d’Hébron. Voir Gilo. Nous acceptons plus volontiers l’identification de Beit Djâld avec Gallim ou Galem, déjà proposée par les explorateurs anglais, Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 20. Le village actuel ne renferme aucun débris important de l’antiquité, mais c’est un des plus considérables de la contrée ; il possède, suivant certains renseignements, trois mille habitants, parmi lesquels 2 700 grecs schismatiques et 300 grecs catholiques. « Aucun musulman n’ose y séjourner longtemps ; car, d’après une ancienne légende qui trouve encore quelque créance dans le pays, les sectateurs de Mahomet qui oseraient y demeurer trois jours sans se faire chrétiens courraient risque d’y mourir de mort subite. » V. Guérin, Judée, t. i, p. 113. On y remarque surtout la chapelle et le séminaire bâtis par le patriarche latin de Jérusalem. Les environs sont très fertiles, et le vin qu’on y récolte est renommé.

A. Legendre.


2. GALLIM (Septante : Codex Vaticanus, Voy.y.i ; Codex Alexandrinùs, TaWsl), lieu d’origine de Phalti on Phaltiel, à qui Saül avait donné Michol, femme de David, que celui-ci réclama plus tard. I Reg., xxv, 44. Nous n’avons aucun renseignement pour en déterminer la position. Nous lisons bien, II Reg., iii, 16, qu’Abner, en ramenant à Hébron l’épouse royale, passa par Bahurim, petite localité à l’est de Jérusalem, d’où il renvoya Phalti, qui avait suivi Michol en pleurant. Mais que conclure de là, sinon que Gallim devait se trouver dans la tribu de Benjamin ? C’est peut-être alors la même ville que mentionne Isaïè, x, 30, quand il décrit la marche des Assyriens contre la cité sainte. Après avoir tracé leur route du nord au sud par Aïath, l’antique Aï, Magron, Machinas (Mukhmas), Gaba (Djéba’), Rama (Er’Bâm), Gabaath de Saùl (Tell eh-Fûl), il montre la terreur répandue par l’invasion, en s’écriant :

Fais retentir ta voix, fille de Gallim ! Prends garde, Laïsa ! pauvre Anathoth !

Les dernières localités, depuis Gaba jusqu’à Anathoth (’Anâta), forment un groupe situé au nord-est de Jérusalem. C’est donc de ce côté qu’il serait permis de chercher celle dont nous nous occupons. Aussi trouvons-nous peu fondée l’opinion qui propose de l’identifier avec Beit Djâla, gros village près de Bethléhem. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 20. Ce village représenterait bien plutôt, croyons-nous, la ville de Juda appelée r<xXÉ|i (Codex Alexandrinùs, r<xXXt|i) par les Septante, Jos., xv, 59 (manque dans l’hébreu et la Vulgate), et mentionnée entre Kapéu, actuellement’Aïn Karim, au sud-ouest de Jérusalem, et ©e8rçp (Codex Alexandrinùs, Bat’ôrjp), aujourd’hui Bittir, au sud de la précédente. Voir Gallim 1. — Eusèbe et saint Jérôme, Onontastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 129, 246, à propos de Gallim, patrie de Phalti, parlent d’un bourg situé près d’Accaron, Agir, dans la plaine de Séphélah, et appelé Galla, TaXXata. D’après ce que nous venons de dire, on ne saurait y voir ni Gallim, ni Galem.

A. Legendre.

3. GALLIM (hébreu : ’Églaim, « c les deux étangs ; » Septante : ’AyaXti’iJi, ; Codex Sinaiticus, ’AyaXXipi), ville de Moab, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Is., xv, 8, Le prophète, voulant montrer comment les cris de douleur se feront entendre en Moab d’un bout à l’autre du territoire, prend deux points opposés, Gallim et Béer-Elim ou « le Puits d’Élim ». Celui-ci correspond à une des dernières stations des Israélites au delà, c’està-dire au nord de l’Arnon. Voir Béer^Elim et Béer 2, t. i, col. 1548. Celui-là doit donc être cherché au sud. C’est probablement VAgallim, ’AYaXXei’n, qu’Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 98, 228, signalent à huit milles (près de douze kilomètres) au sud d’Aréopolis, Er-Rabbah. C’est peut-être aussi l"Af aXXa de Josèphe, Ant. jud., XIV, I, 4, une des douze villes prises aux Arabes par Alexandre Jannée. Son emplacement est inconnu. — Quelques auteurs confondent Gallim avec Engallim (hébreu : En-’Églaim ; Septante : ’EvafaXXs(|ji). Ezech., xlvii, 10. Il y a entre les deux noms une différence d’orthographe et de signification qui ne permet guère d’adopter ce sentiment. Voir Engallim, t. ii, col. 1801.

A. Legendre.
    1. GALLION##

GALLION (VaXku&v) (L. Junius Annæus Gallio), proconsul d’Achaïe, au temps où saint Paul évangélisa Corinthe. Les Juifs se soulevèrent contre saint Paul et conduisirent l’Apôtre devant le tribunal de Gallion, en disant : « Cet homme excite les gens à servir Dieu d’une manière contraire à la loi. » Saint Paul allait répondre ; Gallion l’empêcha de parler et dit aux Juifs : « S’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque mauvaise action, je vous écouterais, mais s’il s’agit de discussions sur une parole, sur des noms ou sur votre loi, cela vous regarde ; je no

III. - 4

veux pas être juge de ces choses, s Et il les renvoya du tribunal. Alors tous se saisirent de Sosthène, chef de la synagogue, et le battirent devant la synagogue sans que Gallion s’en mêlât. Act., xviii, 12-18. L. Junius Annœus Gallio était le frère aîné de Sénèque, Par la naissance il portait le nom de M. Annseus Novalus. Adopté par le rhéteur Junius Gallio, il prit le nom qu’il porta depuis. .Pline, H. N., xxxi, 33 ; Tacite, Ann., xvi, 17 ; Quintilien, Inst. orat., IX, ii, 91. Sénèque parle de lui dans la préface du livre II des Quæstiones naturales et le dépeint comme un homme universellement aimé. Cf. Stace, Silv., II, vii, 32. Ce fut également à lui que Sénèque dédia le De Vita beata. Après que Claude eut rendu l’Achaïe au Sénat et que, par conséquent, elle eut pour gouverneur un proconsul (Suétone, Claud., 25), Gallion fut mis à la tête de cette province. Ce fut très probablement après que Sénèque eut été rappelé d’exil. F. Blass, Acta Apostolorum, in-8°, Gœttingue, 1895 ; Prolegom., p. 22. Cf. Wieseler, Chronologie des Apostolischen Zeitalters, in-8°, Gœttingue, 1848, p. 119. Gallion quitta ce gouvernement, parce que le climat du pays était défavorable à sa santé ; Sénèque, Epist. 104. Il ne fut pas des derniers à plaisanter sur la mort de Claude, Dion Cassius, lx, 35*, et il flatta la vanité de Néron. Dion Cassius, lxi, 20. La mort de son frère lui inspira une grande terreur et il implora la pitié de son meurtrier. Tacite, Ann., x, 73. On ignore de quelle façon et à quelle époque il mourut. E. Beurlier.

    1. GALLOISES (VERSIONS) DE LA BIBLE##


GALLOISES (VERSIONS) DE LA BIBLE. —

Le gallois, ou breton-gallois, est un des trois grands rameaux de la branche britannique du celtique. Actuellement, il diffère assez des deux autres, le breton-armoricain et le breton-comique, pour constituer vis-à-vis d’eux un groupe à part. Comme l’indique son nom, on le parle dans la principauté de Galles, en Angleterre.

1° La littérature biblique du gallois du moyen âge est peu importante. Elle se réduit, en somme, à des fragments plus ou moins considérables, dont une partie est contenue dans le Llyvyr agkyr Llandewivrevi, « Livre i de l’anachorète de Llan-dewivrevi, » manuscrit de 1346, conservé à la bibliothèque de Jésus Collège, à Oxford. Ce manuscrit a été publié dans les Anecdota Oxoniensia, mediœval and modem séries, part, vi, par MM. Morris Jones et John Rhys, sous le titre : The Elucidarium and other Tracts in Welsh from the Llyvyr, Oxford, 1894. Les principaux fragments bibliques qu’il contient sont : 1° le récit de l’Annonciation de l’ange Gabriel, Luc, i, 26-38 ; 2° le début de l’Évangile de saint Jean, i, 1-14 ; 3° une explication de l’Oraison dominicale. D’autres fragments se trouvent dans le second volume des extraits de manuscrits gallois qui ont été publiés sous Ce titre : Welsh Manuscript Literature, completion of sélections from the Hengwrt manuscripts preserved in the Peniarth library, edited and translated by theRev. Robert Williams and the Rev. G. Hartwell Jones, 2 in-8°, Cardiff, 1874-1892. Outre plusieurs morceaux apocryphes, comme l’évangile de l’Enfance, l’évangile de Nicodème, l’histoire de Ponce-Pilate, l’histoire de Judas, etc., ce volume contient : 1° le récit de la Passion selon saint Matthieu, p. 250 ; 2° les signes précurseurs du jugement dernier, d’après le même évangéliste, p. 274 ; 3° les mêmes fragments, avec quelques variantes, que ceux du Livre de l’anachorète, p. 291, 296-97. Voir aussi les parties bibliques de l’office de la sainte Vierge, d’après un manuscrit du xrve siècle, dans la Myvirian Archaiology of Wales, publié par Owen Jones, Londres, 1795.

2° La première version galloise de la Bible paraît avoir été exécutée dans la seconde moitié du XVe siècle, vers 1470, à Celydd Sfan, près de Bridgend, dans le comté de Glamorgan. Mais elle n’a jamais été publiée, et même le manuscrit, qui existait encore au commencement de ce siècle, a disparu depuis. Voir S. Bagster, The Bible

of every Land, Londres, 1860, p. 153. Dans la préface de sa traduction du Nouveau Testament, parue en 1567, Richard Davies mentionne aussi une version galloise du Pentateuque, qui existait vers 1527, et dont il avait vu lui-même une copie manuscrite entre les mains d’un de ses parents ; mais il ne donne aucun détail, ni sur le traducteur, ni sur la date de la traduction. En 1526, un décret du Parlement d’Angleterre ordonna de faire une version galloise de toute la Bible, sous la haute direction des évêques de Saint-Asaph, de Bangor, de Saint-David, de Llandaff et d’Hereford. Le travail fut confié à William Salisbury, qui traduisit seulement les Evangiles, les Actes des Apôtres et les Épitres. Encore six de ces dernières, l’Epitre aux Hébreux, les deux à Timothée, l’Épltre de saint Jacques et les deux Épitres de saint Pierre, furent-elles traduites par Richard Davies, évêque de Saint-David. Oh y ajouta la version de l’Apocalypse par Huet, chantre de la paroisse de Saint-David, et l’on eut ainsi la première version complète du Nouveau Testament, sous le titre de : Testament Newydd ein Harg-Iwydd an Hiachawdur Jesu Crist, « Nouveau Testament du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. » La traduction, qui fut faite sur le grec, est assez fidèle en général ; mais elle laisse à désirer sous le rapport littéraire. À l’exception de l’Apocalypse et de quelques Épitres, elle n’est pas divisée en versets, mais seulement en chapitres. Dédiée à la reine Elisabeth, cette traduction parut à Londres, en 1567, in-4°.Voir Archseologia Cambrensis, 3e série, t. xi, Londres, 1865, p. 89.

3° Une vingtaine d’années après, on s’occupa de l’Ancien Testament. Ce fut un pasteur de Llanrhaidr-Mochnant, dans le comté de Denbigh, William Morgan, plus tard évêque de Llandaff en 1595, et de Saint-Asaph en 1601, qui entreprit cette tâche, tie sa propre initiative. Aidé de plusieurs collaborateurs, il traduisit l’Ancien Testament sur le texte original, et revisa la version que Salisbury avait faite du Nouveau Testament. L’ouvrage tout entier fut terminé et imprimé en 1588, sous le titre : Y Bibl Cyssegr-lan, sef yr Hen Destament a’r Newydd, « La Sainte Bible ou l’Ancien Testament et le Nouveau ; » info, Londres. Il existe encore deux exemplaires de cette édition : l’un ; à la Société biblique de Londres et l’autre à la bibliothèque du chapitre de Westminster. On fit un tirage à part de la traduction des psaumes, sous le titre : Psalmau Dafydd, « Psaumes de David, » in-8°, Londres, 1588. Quatre exemplaires de ce tirage à part existent encore : l’un, au collège de l’Université de Cardiff ; deux autres au British Muséum, et le quatrième à la bibliothèque de Shirburn Castle. Au reste, on vient de rééditer ce psautier gallois, avec un fac-similé photographique de la curieuse gravure qui est en tête de l’ouvrage, Londres, 1898. La publication a été dirigée par Thomas Powell, professeur au collège de l’Université de Cardiff. — Le D* Morgan avait entrepris, aussitôt après sa traduction de la Bible, une seconde revision du Nouveau Testament de Salisbury ; et son travail allait être livré à l’impression, en 1604, quand il mourut. L’ouvrage paraît être resté en manuscrit. Voir, pour l’appréciation détaillée des œuvres du D r Morgan, le volume gallois qui est intitulé : Bywyd ac amser yr esgob Morgan, « La vie et l’époque de l’évêque Morgan, » par Charles Ashton, Treherbest, 1891.

4e Les travaux bibliques du D r Morgan furent continués par son successeur sur le siège épiscopal de Saint-Asaph, le D r Richard Parry. Avec l’aide de son savant secrétaire, le D r John Davies, il entreprit une revision complète de toute la Bible galloise, en y apportant des corrections si nombreuses et si importantes, que son travail ressemble plutôt à une version, nouvelle qu’à une revision proprement dite. Cette version est très estimée dans l’église anglicane du pays de Galles ; et la plupart des éditions postérieures n’ont guère fait que la reproduire. Elle parut à Londres, in-f°, en 1620, avec une dédicace au roi

Jacques. L’exemplaire qui fut offert au roi est conservé au British Muséum. Comme le format de l’édition n’était guère portatif, on en fit une autre plus commode, in8°, Londres, 1630, qui contenait, outre l’Ancien et le Nouveau Testament, le Book of Common Frayer, et une traduction du Psautier en vers. Cette traduction, qui est encore en usage dans l’église anglicane du pays de Galles, était l’œuvre du D r Pryce, archidiacre de Merioneth. Précédemment, il avait paru une autre traduction versifiée des Psaumes, par le capitaine Middleton, Londres, 1603.

5° Nous devons signaler aussi, parmi les versions du XVIIe siècle s’étendant à toute la Bible, celle qui fut publiée à Oxford, in-f°, 1690, et qui est connue sous le nom de Bishop Lloyd’s Bible, parce que l’évêque Lloyd en surveilla la publication, et s’occupa spécialement de la chronologie et des notes qui accompagnent le volume. Ce fut la première Bible galloise imprimée en caractères romains. — Voir, pour de plus amples détails sur les versions galloises de la Bible des xvi » et xvih siècles, les remarquables études critiques qui ont été faites à ce sujet par Walter Davies, plus connu sous le nom bardique de Gwalter Mechain, et qui ont été réunies après sa mort (-j- 1849) dans ses œuvres complètes, Gwaith y Walter Davies, 3 in-8°, Carmarthen et Londres, 1868.

6° En 1718, parut à Londres la première Bible de la Society for promoting Christian Knowledge. Elle est plus connue sous le nom de Moses Williams’Bible, du nom d’un pasteur de Dyfinoy, dans le comté de Brecknock, qui en surveilla la publication. Elle contient, outre les deux Testaments, les Psaumes en vers, quelques hymnes et prières bibliques, avec des notes marginales et des sommaires en tête des chapitres. — D’autres éditions de la Bible ont été publiées, dans le courant du xviiie siècle, à Carmarthen, Londres, Cambridge et Oxford. Elles diffèrent peu des précédentes, si ce n’est par des changements orthographiques.

7° Au commencement du xixe siècle, Thomas Charles, pasteur de Bala, trouvant que la diffusion de la Bible se faisait trop lentement dans le pays de Galles, conçut le projet d’une vaste association qui remédierait à cet état de choses. Ce fut l’origine de la Société biblique de Londres (British and Foreign Bible Society), fondée le 7 mars 1804. Un des premiers soins de la société naissante fut de préparer une édition stéréotypée d’une Bible galloise, qui devait être tirée à vingt mille exemplaires in-8°. Le texte devait être celui de l’édition d’Oxford de 1799, que Thomas Charles voulut reviser au préalable. Sur ces entrefaites, le Rév. J. Roberts, pasteur de Tremerchion, dans le comté de Flinth, critiqua vivement l’opportunité et la justesse des modifications projetées par son co lègue ; et, par l’intermédiaire de la Society for promoting Christian Knowledge, il adressa des réclamations en ce sens au président de la Société biblique de Londres. On nomma un comité pour examiner la question. Il fut reconnu quelles changements orthographiques mis à part, le travail de Th. Charles avait au moins le mérite de l’exactitude. Quant aux modifications d’orthographe, la question, dépassant la compétence du comité, fut soumise au savant philologue Walter Davies, pasteur de Meifod, dans le comté de Montgomery. Ce dernier se prononça contre les innovations de Charles, et, en conséquence, l’édition projetée fut abandonnée. La Société biblique de Londres en publia alors une autre en 1806, semblable à celle qui avait paru en 1752, par les soins de la Society for promoting Christian Knowledge. Les nouvelles et nombreuses éditions qui ont été faites depuis cette époque ne diffèrent pas sensiblement des précédentes.

— Il est bon de noter, d’une façon générale, que les bibles galloises, ayant été publiées par des éditeurs non catholiques, ne contiennent pas ordinairement, du moins

en ce siècle, les livres que les protestants appellent « apocryphes », c’est-à-dire les deutérocanoniques.

Voir l’ouvrage gallois : Lyfryddiæth y Cymry, yn cynnwys fumes y llyfrau a gyhoeddwyd yn yr iaith Gmræg, ac mewn perthynas i Gmru a’i thrigolion o’r flwyddyn 15A6 hyd y flwyddyn 1800, « Bibliographie galloise, contenant l’indication des livres en gallois, et de ceux relatifs au pays de Galles, publiés de 1546 à 1800, » in-8°, Llanidloes, 1869. Cet ouvrage, qui est de William Rowlands, a été continué par M. Silvan Evans pour la période 1800-1869, et doit être complété par les suppléments parus dans la Revue celtique, Paris, 18721875, t. i, p. 376-394 ; t. ii, p. 31-43, 346-351.

J. Beliahy.

    1. GAMALIEL##


GAMALIEL, nom de deux personnages, l’un de l’Ancien, l’autre du Nouveau Testament.

1. GAMALIEL (hébreu : Gamlî’êl, « Dieu récompense ; » Septante : TaiiaXt^X), fils de Phadassur, était chef de la tribu de Manassé, à l’époque du séjour au désert du Sinaï. Il était à la tête de 32200 combattants. Comme les autres chefs de tribu, il fit des présents au sanctuaire. Num., i, 10 ; ii, 20 ; vil, 54, 59 ; x, 23.

2. GAMALIEL (Nouveau Testament : ra|iaXtï)X), surnommé l’ancien (haz-zdqêri) ou Gamaliel I er, pour le distinguer de son petit-fils, Gamaliel le jeune ou Gamaliel II, est ordinairement identifié avec le membre du Sanhédrin, du même nom, qui prit en pleine séance la parole en faveur des Apôtres. Il était de la secte des pharisiens et un docteur de la loi, honoré par tout le peuple. Act., v, 34. Chef d’une importante école rabbinique à Jérusalem, il eut pour disciple saint Paul qui déclare avoir été instruit par son maître dans l’exacte et stricte interprétation de la loi paternelle, telle que la concevaient les pharisiens. Act., xxii, 3. Sa famille se considérait comme appartenant à la tribu de Benjamin, quoique plus tard elle ait été comptée au nombre des descendants de David. Si Hillel était de la race de David, on ne peut regarder Gamaliel comme son petit-fils qu’en supposant, ou bien que Hillel descendait de David par sa mère, ou bien que Gamaliel était fils d’Hillel par le côté maternel. G. Dalman, Die Worte Jesu, t. i, Leipzig, 1898, p. 265. La littérature juive le donne comme la souche des derniers patriarches juifs de Palestine, et plusieurs critiques, J. Lightfoot, Horee hebraicee et taV mudicse in Acta Apostolorum, Leipzig, 1679, p. 45 ; J. Cohen, Les Pharisiens, Paris, 1877, t. i, p. 415 ; t. ii, p. 54 ; E. Stapfer, Les idées religieuses en Palestine à l’époque de Jésus-Christ, 2e édit., Paris, 1878, p. 198-199, en avaient conclu que Gamaliel présidait le Sanhédrin, quand Jésus comparut devant cette assemblée. Mais cette conclusion est contraire au livre des Actes, v, 34, qui fait de Gamaliel un simple membre du Sanhédrin, un des scribes ou docteurs qui avaient siège et voix à ce tribunal. J. et A. Lémann, Valeur de l’assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ, 3e édit., Paris, 1881, p. 30 ; E. Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, 3e édit., Paris, 1885, p. 94-98. Gamaliel, quoique siégeant seulement dans le groupe des juges assesseurs, jouissait dans le grand conseil d’une haute considération et y exerçait une réelle influence. On le vit bien à la comparution des Apôtres. Les disciples de Jésus, qui témoignaient avec tant de fermeté en faveur de leur Maître, allaient être condamnés à mort, quand ce docteur si savant et si vanté se leva dans le conseil et demanda qu’on fit momentanément sortir les Apôtres, afin d’exposer en toute liberté son avis. Il fit entendre alors des paroles de prudence et de modération. En conseiller sage et prévoyant, il prémunit les juges contre une résolution violente et précipitée et il tire ses considérants des faits de l’histoire contemporaine. II rappelle l’issue à laquelle avaient abouti, d’elles-mêmes,

les tentatives récentes de Theudas et dé Juda le Gaïilécn. Le cas présent pourra avoir la même solution, et au lieu de recourir à une répression violente, il faut laisser au temps la conclusion de l’affaire. « Si l’idée ou l’entreprise des Apôtres, dit-il en terminant, vient des hommes, elle se dissoudra d’elle-même ; si elle vient de Dieu, vous n'êtes pas capables de l’entraver et vous vous exposez à combattre contre Dieu même. » Cet avis sage et modéré prévalut dans le Sanhédrin qui renvoya les Apôtres après les avoir fait frapper de verges. Act., v, 33-40. On a discuté le mobile qui avait inspiré Gamaliel. .On a prétendu tour à tour qu’il avait parlé ainsi par opposition aux Sadducéens et pour faire échouer leurs projets, : Ou par politique, afin de ménager la situation .dû Sanhédrin en face du peuple et des Romains, ou par un sentiment de droiture naturelle, ou enfin par un secret penchant vers la nouvelle doctrine. H.-J. Crelier, Les Actes des Apôtres, Paris, 1883, p. 67-71 ; C. Fouard, Saint Pierre, Paris, 1886, p. 45-48 ; E. Le Camus, L'Œuvre des Apôtres, Paris, 1891, p. 84-92.

L’enseignement de Gamaliel, que son disciple Saul

.déclare conforme à la plus exacte interprétation de la Loi dans le sens des Pharisiens, Act., xxii, 3, ne nous est connu que par quelques décisions juridiques que lui .attribue la Mischna. Au traité Orla, ii, 12, Talmud de Jérusalem, trad. Schwab, t. iii, Paris, 1879, p. 34, il a .décidé, d’accord avec les sages, que la levure profane tombant dans la pâte avec la levure d’oblation, n’entraîne l’interdit de la pâte que si elle suffit à la faire fermenter. Au traité Yebamoth, xvi, 7, ibid., t. vii, 1885, p. 219220, on rapporte qu’il permettait d'épouser une femme .sur l’avis du décès de son mari, énoncé par un seul témoin, et qu’il autorisait les veuves à se remarier sur l’assertion du décès de leurs époux par un seul témoin. D’après le traité Guitin, iv, 2, ibid., t. ix, 1887, p. 2, il modifia, dans l’intérêt de l’ordre du monde et des bonnes règles, les conditions de l’annulation de l’envoi de l’acte de divorce. Il ne permit plus qu’elle se fit à l’insu de la femme et voulut que l’on inscrivît sur l’acte les noms de l’homme et de la femme avec tous leurs surnoms. Il établit aussi, ibid., iv, 3, p. 5, que la veuve pourrait désormais se faire payer son douaire, en vouant tel olijet que les orphelins désigneront. Il est raconté, Scliabbath, xvi, 1, ibid., t. iv, 1881, p. 161, que Gamaliel, se trouvant debout sur un échafaudage de con. struction à la montagne sainte, reçut un exemplaire de Job transcrit en chaldéen, et qu’il dit aux maçons de l’enfouir sous le mur fondamental. Cette action est rapportée pour prouver qu’il faut enfouir les exemplaires sacrés hors d’usage, en quelque langue qu’ils soient écrits. Les autres paroles de R. Gamaliel, reproduites dans le Talmud, ont été prononcées par Gamaliel II. On ne peut, sur de si faibles indices, déterminer le caractère théorique ou pratique de l’enseignement du maître ." de saint Paul. Cf. Fouard, Saint Pierre, p. 143-150. Gamaliel I er est mort avant l’an 70, puisqu’il n’est pas question de lui dans les récits du siège et de la prise de Jérusalem par les Romains, tandis que son fils Siméon joua alors un rôle important. La Mischna, Sota, ix, 16, ibid., t. vii, p. 342, dit que, depuis cette mort, « la gloire de la Loi s’est éteinte, et avec elle sont ruinés la pureté et le pharisaïsme. » Cela signifie seulement, . d’après le contexte, que depuis son époque l’austérité et la vie religieuse des pharisiens stricts ont disparu. L’auteur des. Récognitions clémentines, i, 65-67, t. i, col. 1242-1244, suppose que Gamaliel, encore membre du Sanhédrin, était secrètement chrétien et n'était resté extérieurement attaché an judaïsme que pour mieux servir ses frères. Au ve siècle, l’ancien sanhédrite apparut au prêtre Lucien et lui révéla l’endroit où il avait ense. veli les restes mortels du diacre Etienne ; il lui apprit qu’il s'était converti au christianisme avec son fils Abib et Nicodème et qu’ils avaient été baptisés par

saint Pierre et saint Jean. Epistola Luciani ad omnem Ecclesiam, 3-4, t. xii, col. 809-812 ; Photius, Bibliotheca, col. 171, t. an, col. 500-501. Cf. Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, Paris, 1694, t. ii, p. 10-13, 27-30. Son corps, découvert alors à Caphargamala avec celui de saint Etienne, serait conservé à Pise. J.-C. Wagenseil, Sota, Altdorꝟ. 1674, p. 992-993. Plusieurs martyrologes citent Gamaliel comme saint et le martyrologe romain mentionne, au 3 août, l’invention de ses restes mortels et de ceux de saint Etienne. — Cf. J. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine, t. i, 1867, p. 241 ; H. Grsetz, Geschichte der Juden, 3e édit., 1878, t. iii, p. 373 ; M. Bloch, Institutionen des Judentums, t. n 1, 1884, p. 118-202 ; E. Schûrer, Geschichte desjûd. Volkes, 2e édit., t. ii, p. 300 ; M. Braunschweiger, Die Lehrer der Mischnah, 1890, p. 50.

E. Mangenot.

    1. GAMARI AS##


GAMARI AS, nom de deux Juifs mentionnés par Jérémie.

1. GAMARIAS (hébreu : Gemaryâh ; Septante : Vajjxpîaç), fils d’Helcias, envoyé à Babylone près de Nabuchodonosor avec Elasa fils de Saphan. Jérémie leur remit une lettre pour les captifs afin de les prémunir contre les faux prophètes qui annonçaient un prompt retour et les engager à s'établir en paix dans la terre d’exil au moins pour soixante-dix ans. Jer., xxix, 3, 4.

2. GAMARIAS (hébreu : Gemaryâhû ; Septante : IV (iapia « ), fils de Saphan, un des conseillers du roi Joachim, devant lesquels Baruch lut, dans la chancellerie, une prophétie de Jérémie. Effrayés de cette lecture, ils en donnèrent connaissance au roi qui déchira le rouleau et le jeta dans le feu, malgré les représentations de Gamarias. Jer., xxxvi, 12, 13, 25.

    1. GAMUL##

GAMUL (hébreu : _Gâmûl ; Septante : rafioyX), chef de la vingt-deuxième des familles sacerdotales, distribuées en vingt-quatre classes par David. I Par., xxiv, 17.

    1. GAMZO##

GAMZO (hébreu : Gimzô, « lieu fertile en sycomores ; » Septante : Codex Vaticanus, TaXeCw ; Codex Alexandrinus, rajiaiîai'), ville de Palestine mentionnée une seule fois dans la Bible. II Par., xxviii, 18. Située dans la plaine de Séphélah, elle fut prise, avec les villages qui en dépendaient, par les Philistins, qui s’y établirent. Cet événement eut lieu sous le règne d’Achaz, roi de Juda. Les autres cités qui eurent le même sort appartiennent ou au nord-ouest de la tribu de Juda, comme Socho (Khirbel Schuéikéh)^ ou à la limite de Juda et de Dan, comme Bethsamès ÇAîn Schems), , Thamna (Khirbet Tïbnéh), pu au sud-est de Dan, comme Aïalon (Yâlô). Gamzo était la plus septentrionale, et elle a subsisté jusqu'à nos jours exactement sous le même nom. On trouve, en effet, un peu au sud-est de Loudd ou Lydda, un village dont le nom arabe i_ » w^-> Djimzû, reproduit parfaitement la forme hébraïque, "itdj Gimzô.

Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heuligen Palâstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t, xvi, 1893, p. 34. Il couronne une colline assez élevée. Des bouquets d’olivier » et quelques palmiers s'élèvent alentour. Il compte 400 habitants, et l’on y rencontre plusieurs puits, probablement antiques, mais celui qui approvisionne actuellement le bourg en est assez éloigné. Cf. V. Guérin, Judée, t. i, p. 335 ; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ri, p. 249 ; Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 297.^— Le Talmud de Babylone, Taanith, 21 a, cite Ginizo comme ville natale d’un certain Nahum, qui avait, dit-il, pour maxime que Dieu dirige toutes choses pour le mieux. Lui arrivait-il un désagrément ou un

malheur, il avait pour coutume de dire philosophiquement : fui » 1) it ai, Gam zû letôbâh, « ceci également est pour le bien. » C’est là un jeu de mots sur le nom de la ville. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 98 ; Reland, PalmsHna, Utrecht, 1714,

t. ii, p. 812.
A. Legendre.
    1. GANGRÈNE##

GANGRÈNE (grec : yâyypatva ; Vulgate : cancer), destruction de la vie dans une partie des tissus du corps (fig. 14), à la suite de contusions, de brûlures, d’altération du sang ou de troubles dans sa circulation, d’introduction de germes putrides, etc. Sous

l’influence de ce mal, les

chairs perdent toute sensi bilité et parfois même entrent

en putréfaction comme des

chairs mortes. Assez souvent

la gangrène s’étend de proche

en proche, envahit rapide ment les tissus et amène la

mort. Saint Paul fait allusion

à cette marche envahissante

du mal, quand il compare

l’enseignement des faux doc teurs à la gangrène qui ronge,

— -1 vo(itiv îÇei. II Tim., Il, 17. Le

— - 3 mot vo|it| signifie l’« action …3 de ronger », en parlant des

ulcères. Hippocrate, Pronos tic, 98. La fausse doctrine

„.. « rongera » donc les âmes et

il. - Gangrène des extrémi-, fera érf comme Ja

tés : 1. rougeur des tissus, r, ’, . ?, ,

sains en arrière du sillon ; grene ronge les chairs et de2. 61llon au niveau du point truit le corps. L’expression d’élimination ; 3. portion gan- énergique du texte grec est gréneuse devant se détacher, rendue dans la Vulgate par un équivalent : ut cancer

serpit, « rampe, » s’étend « comme un cancer ». Le cancer est une tumeur maligne qui Se développe dans un organe, se reproduit après l’ablation et finit par atrophier l’organe et faire périr le malade. L’action du cancer est aussi dangereuse que celle de la gangrène, mais elle est moins apparente et moins répugnante. Voir Cancer,

t. ii, col. 129.
H. Lesêtre.
    1. GARDE DU CORPS##


GARDE DU CORPS. Voir Armée, t. i, col. 973.

    1. GARDIENS DES PORTES DU TEMPLE##


GARDIENS DES PORTES DU TEMPLE. Voir

    1. PORTIERS##


PORTIERS.

    1. GAREB##

GAREB (hébreu : Gârêb ; Septante : Tapée), nom . d’un Israélite et d’une colline.

t. GAREB, un des vaillants guerriers de l’armée de David. II Reg., xxiii, 38 ; I Par., xi, 40. Dans ces deux endroits le nom propre est suivi de l’adjectif pu nom patronymique hay-yifû que la Vulgate rend par Jethrsms dans I Par., xi, 40 et par et ipse Jethrites dans II Reg., xxiii, 38. Elle ajoute et ipse parce que dans ce verset le nom précédent Ira est suivi de la même épithète, Jethrites. Gareb comme Ira seraient-ils fils de Jétber, père d’une famille de Carialhiarim ? I Par., Il, 53. Ou bien ne faudrait-il pas plutôt y voir un nom de lieu hay^yaf(irî, de Yattir (Vulgate : Jéther), ville dans la montagne de Juda’.'I Reg., xxx, 27 ; Jos., xv, 48 ; xxi, 14.

E. Levesque.

2. GAREB, colline voisine de Jérusalem, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jer., xxxi, 39. Le prophète, traçant le pourtour de la nouvelle Jérusalem, part de la tour d’Hananéel, située très probablement vers le nord-est des remparts, puis vient à la porte de l’Angle, Cest-â-dire au nord-ouest. Voir Angle (Porte de L’), t. i.

col. 600. De là il fait passer le cordeau « sur la colline de Gareb et vers Goatha », tourne, ensuite au sud par la. vallée de Hinnom, qu’il appelle « la vallée des cadavres et des cendres », et arrive enfin « au torrent de Cédron, et jusqu’à l’angle de la porte des Chevaux à l’orient ». D’après cette description, il semble clair que la colline dont nous parlons se trouvait à l’ouest ou au sud-ouest de la ville ; mais son emplacement exact est inconnu. La signification du nom fait croire que c’était « la colline des lépreux », c’est-à-dire l’endroit où demeuraient confinés ces malheureux à qui l’on interdisait l’entrée de la cité. Scholz pense que c’est aujourd’hui la montagne du Mauvais-Conseil ou Djebel Deir Abu Tor. Cf. J. Enabenbauer, Comment, in Jer., Paris, 1889, p. 396. D’autres identifient plutôt Gareb avec la montagne que signale le livre de Josué, xv, 8 ; xviii, 16, et « qui est vis-à-vis de Géennom à l’occident, et à l’extrémité de la vallée de Réphaïm ou des Géants vers le nord ». Cf. Keil, Der Prophet Jeremia, Leipzig, 1872, p. 341 ; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1898, t. v, p. 647.

A. Legendre.
    1. GARIZIM##

GARIZIM (hébreu : Gerizzîm ; Septante : Vapph), montagne de la chaîne d’Éphraïm, située au sud de Naplouse, en face du mont Hébal. Deut., xi, 29 ; xxvii, 12 ; Jos., viii, 33 ; Jud., ix, 7 ; II Mach., v, 23 ; vi, 2.

I. nom.

On a différemment interprété le mot hébreu. Gésénius, Thésaurus, p. 301, y voit le nom d’une peuplade, les Gérizéens (hébreu : kag-Girzî ou Gerizzi ; Vulgate : Gerzi), I Reg., xxvii, 8, dont une colonie au moins.aurait habité la contrée, et à laquelle la montagne aurait emprunté sa dénomination, comme une autre du même massif tenait son nom des Amalécites. Jud., xir, 15. Tel est aussi le sentiment de Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 237, note 3. Cependant la leçon de I Reg., xxvii, 8, est douteuse ; le qerî porte Gizrî. D’autres s’en rapportant à la racine gâraz, qui, comparée à l’arabe, veut dire « couper, séparer », ou désigne « une terre stérile », reconnaissent dans Gerizzîm une allusion à l’aspect physique du mont, « abrupt » et « dénudé ». On peut trouver d’autres explications de même valeur, c’est-à-dire également conjecturales. Cf. J. Simonis, Onomasticum Vet. Test., Halle, 1741, p. 67.

II. situation et description.

La situation du Garizim est, avec celle de l’Hébal, déterminée de la manière suivante dans le premier passage de la Bible où il en est question, Deut., xi, 30 (traduit d’après l’hébreu) : « [Ces montagnes] sont au delà du Jourdain, » c’est-à-dire à l’ouest, par opposition aux campements des Hébreux, qui alors se trouvaient à l’est ; « derrière la route de l’occident, » ou au delà de la route qui traverse le pays de Chanaan, conduisant de Syrie en Egypte et passant par le cœur même de la contrée, celle qu’avaient suivie Abraham et Jacob, l’antique voie qui, de la plaine d’Esdrelon, se dirige par les monts de Saniarie vers Jérusalem et le sud ; « dans la terre du chananéen, qui habite dans l’Arabah, » ce dernier mot désignant, non pas, comme le veulent certains auteurs, la vallée de Sicbem ou la plaine d’El Makhnah, mais celle du Jourdain ou le Ghôr, que les Israélites avaient en ce moment sous les yeux et qui leur représentait « la terre de Chanaan » ; « vis-à-vis de Gilgal, » non pas Galgala, premier campement des Hébreux près de Jéricho, Jos., iv, 19, aujourd’hui Tell Djeldjûl, mais la ville dont il est question dans l’histoire d’Élie et d’Elisée, IV Reg., ii, 1 ; îv, 38, actuellement Djildjilia, au nord de Béthel, à l’ouest de la route de Jérusalem à Naplouse (voir Galgala. 2) ; « près des térébinthes de Môréh, » ou cette « vallée illustre » (d’après la Vulgate ; ’êlôn Môréh, d’après l’hébreu), que la Genèse, xii, 6, à propos d’Abraham, mentionne près de Sichem. Pour avoir mal compris ce verset, en ce qui concerne Galgala, Eusèbe.et saint Jérôme, Onomastica sacro, Gœttingue, 1870, p. 126, 242, 243, placent faussement le Garizim et l’Hébal auprès

de Jéricho. Il est clair cependant, en dehors de l’explication qui vient d’être donnée, que l’auteur sacré désigne les deux montagnes non dans le voisinage du Jourdain, mais à l’extrême horizon, où elles sont cachées à sa vue. D’ailleurs l’épisode de Joatham, montant sur un des éperons du Garizim pour adresser la parole aux habitants de Siehem, Jud., ix, 7, l’histoire de la Samaritaine désignant du geste la montagne sur laquelle ses ancêtres avaient leur lieu d’adoration et qui dominait le puits de Jacob, Joa., iv, 20, 21, en déterminent suffisamment la position. C’est là, près de Néapolis ou Naplouse, que les vieux pèlerins ont reconnu le sommet dont nous parlons : le pèlerin de Bordeaux (333), sainte Paule (404), saint

ouadi Râs el-’Aîn. C’est par ce gracieux ravin, qui trace sur les flancs dénudés du Garizim un sillon de verdure, que l’on monte de la ville sur le sommet. De la source qui donne son nom à l’ouadi, on peut d’un coup d’oeil embrasser Naplouse et les magnifiques jardins qui l’entourent. À partir de là, une montée raide et pierreuse, tapissée cependant de fleurs au printemps et cultivée sur certains points, conduit sur un large plateau accidenté, couvert de broussailles et de monceaux de pierres. Du point culminant on jouit d’un splendide panorama : au nord, par de la les monts de Samarie et de Galilée, se dressent dans le lointain les cimes neigeuses du Grand Hermon ; à l’est, au delà de la plaine d’El

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15. — Le mont Garizim, vu du sud. D’après une photographie.

Willibald (723-726), etc. Cf. Itinera Teivse Sanctse, édit. de À Soôiété de l’Orient latin, Genève, 1877, t. i, p. 16, 38, 269.

Le Garizim est appelé aujourd’hui Djebel es-Sumara, « la montagne des Samaritains, » et Djebel et-Tûr ; ce dernier nom lui est commun avec plusieurs autres monts célèbres les Arabes appliquant le mot Tûr, qui signifie « montagne, hauteur », notamment au Sinaï, au Thabor, à la colline des Oliviers. Il domine, de sa paroi septentrionale, la ville de Naplouse et la vallée qui le sépare de l’Hébal (fig. 15) ; du côté de l’est, il borde la plaine d’Elr-Makhnah, projette assez loin ses racines vers le sud, et se rattache, à l’ouest, au massif éphraïmite. Formé presque entièrement de calcaire nummulite, il s’étend de l’est à l’ouest, et s’élève à une hauteur de 868 mètres au-dessus de la Méditerranée. II se termine en un petit plateau protégé à l’est et au nord par un escarpement qui constitue comme un gigantesque escalier sur la plaine orientale. Ce plateau supérieur s’abaisse par une pente douce à l’ouest, où l’escarpement se creuse au nord-ouest en une riante vallée nommée

Makhnah, apparaissent, derrière une chaîne de collines entrecoupée de vallées fertiles, les hauteurs coupées à pie qui resserrent le Ghôr et le Jourdain ; au sud la vue s’étend sur les montagnes d’Éphraïm, et, à l’ouest, sur la plaine de Saron et les flots bleus de la Méditerranée. Plusieurs vestiges de l’antiquité appellent, sur ce plateau, l’attention du voyageur. (Voir fig. 16, et cf. le plan détaillé que donne le Palestine Exploration Fund Quarterly Statement, Londres, 1873, p. 66.) Après avoir passé près de l’endroit où campent les Samaritains, lorsqu’ils viennent célébrer les fêtes de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles, on arrive aux blocs énormes et non taillés connus sous le nom de Tena’scher Baldiah, « les douze pierres plates. » Fendus par le temps et séparés en deux et même trois parties, ce qui rend assez difficile d’estimer au juste leur nombre réel et primitif, ils sont’agencés de manière à constituer, une sorte de plate-forme longue de 25 pas sur 7 de large. Depuis les fouilles du capitaine anglais Anderson, en 1866, il n’est plus permis de les prendre pour des rochers naturels, avec lesquels ils se confondent "faci

lement ; mais il faut admettre qifils ent été apportés et plates là par la main de l’homme. On voit, en effet, qu’ils reposent sur trois assises superposées d’autres blocs moins considérables. Les Samaritains qui, tous les samedis, viennent faire là leurs prières, prétendent que

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16. — Caite du mont Garizim.

ces pierres, représentant par leur nombre les douze tribus, sont celles crue, conformément à leur Pentateuque, Josué aurait, d’après l’ordre de Dieu, placées sur le mont Garizim pour servir d’autel. Mais la Bible, on le sait, porte dans tous les manuscrits hébraïques, à ce sujet, le mot’Ébal au lieu de Garizim. Cf. Deut, xxvii, 4 ; Jos., viii, 30. On soupçonne les Samaritains eux-mêmes d’avoir plus tard érigé ce monument, dans l’intention de consacrer ainsi leur texte erroné.

Un peu au delà, vers l’est, sur le

Au milieu de ce quadrilatère s’élevait un édifice octogone, dont les arasements seuls sont visibles ; il avait été bâti en pierres de taille très régulières et complètement aplanies, à en juger par quelques assises encore en place. L’abside, très exactement tournée vers l’orient, est demi-circulaire et a une profondeur de 9 mètres, égale à la longueur du côté sur lequel elle s’appuie. Abstraction faite de cette abside et des chapelles latérales, qui débordent en dehors, l’édifice devaitoffrir une grande ressemblance avec la mosquée d’Omar. Son orientation semble bien indiquer une ancienne église chrétienne. Aussi y reconnait-on généralement celle de Sainte-Marie, fondée par Zenon, et que Juslinien avait environnée d’une enceinte fortifiée pour la mettre à l’abri des déprédations des Samaritains. De Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 410, a cru retrou-’ver dans les ruines que nous venons de décrire les vestiges de l’ancien temple samaritain fondé par Sanaballète et dont nous parlons plus loin. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 427, pense que l’enceinte en gros blocs à bossage est bien le téménos du temple, téménos qui fut ensuite restauré par Justinien. Par conséquent, l’édifice octogone occupe lui-même l’emplacement de l’ancien sanctuaire samaritain ; mais les débris qu’on voit là ne sont évidemment pas ceux de ce temple, rasé par Jean Hyrcan. Il est probable que Sanaballète, en voulant établir sur le Garizim un temple rival de celui de Jérusalem, avait dû imiter la forme de celui-ci, c’est-à-dire celle d’un rectangle. C’est la même qu’on trouve sur les magnifiques médailles impériales d’Antonin le Pieux, frappées à Néapolis, et représentant sur la montagne en question le temple bâti par Adrien en l’honneur de Jupiter Très-Haut, lequel avait dû succéder à celui de Jupiter Hellénien, identique lui-même avec celui des Samaritains (fig. 17). Quant à l’enceinte extérieure, on l’appelle encore aujourd’hui El-Qala’ah, « la forteresse, » à cause de l’épaisseur des murs qui la délimitent et des tours qui la flanquent. Elle renfermait aussi de nombreuses chambres qui s’appliquaient sur les murs.

En dehors et au nord de cette enceinte, on en remarque une seconde, bâtie comme la précédente, et datant de la même époque. Elle contient une vaste piscine longue de 35 mètres sur une largeur de 18. Ce réservoir, aujourd’hui à sec, a été construit avec des blocs d’un appareil un peu moins considérable ; les murs ont l m 15 centimètres d’épaisseur. Le trop plein de la piscine s’écoulait, par un regard très habilement taillé en forme de niche dans un puits

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17. — Médaille de bronze d’Antonin le Pieux, frappée à Néapolis ( Sichem),

point" culminant ! ANTQNINOS 2EB. EY2E. | AYT0K.KAI2AP. Buste d’Antonin le Pieux, adroite. cre usé à quelques

s’étend une vaste — >? * À - NEA2II0AE02 2YP1A2 IIAAAI2TI | NH2. Le mont Garizim, au mètres p i us i ; ii,

enceinte quadrans ™ 1 "* dw P*<>l est le temple des Samaritains. On trouve là éga

gulaire, encore en

partie debout, flanquée aux quatre angles d’avant-corps ou petites tours carrées. Les murs ont une épaisseur de i m 35, et sont revêtus de gros blocs, la plupart taillés en bossage et posés sans chaux ni ciment. Les faces sud et nord ont 79 mètres de longueur, celles de l’est et de l’ouest, 64 m 50. Sur le milieu de la face méridionale on remarque un avant-corps semblable à ceux des angles, et auquel répond, dans la face opposée, une grande porte, la seule qui donnait jadis accès dans l’enceinte.

lement un assez grand nombre de tombes musulmanes, et c’est probablement ce cimetière qui a éloigné les Samaritains de l’emplacement de leur ancien temple, à la fois profané, d’après eux, par une église chrétienne et par des tombeaux arabes.

A quatre-vingts pas environ au sud du Qala’ah, se trouve une plate-forme rocheuse dont les contours irréguliers sont bordés de pierres. Inclinée de l’est à l’ouest, elle aboutit de ce dernier côté à une large fente, qui

n’est antre chose que l’orifice d’une sorte de puits ou de citerne creusée dans le roc. Parmi les Samaritains, quelques-uns prétendent que ce serait-là l’ancien autel de leurs sacrifices ; d’antres croient que l’arche d’alliance s’est jadis reposée en cet endroit. À quelques pas au sud, ils vénèrent comme le lieu du sacrifice d’Abraham une sorte d’auge oblongue grossièrement taillée dans le roc. Pour eux, en effet, le Garizim est le mont Moria, dont la tradition générale fait plutôt la colline du temple à Jérusalem. Voir Moria. Enfin, à l’ouest, au nord et au sud de la vaste enceinte décrite plus haut, sont éparses ou accumulées sur le sol des ruines appelées Khirbet Lvza. En suivant la direction de plusieurs rues, qu’on distingue encore, on marche entre les débris d’une foule de petites maisons bâties avec des matériaux de moyen appareil. Une vingtaine de citernes recueillaient, avec la grande piscine que nous avons mentionnée, les eaux pluviales destinées aux besoins des habitants. Aucune source, en effet, ne coule sur le plateau de Garizim. Cette ville, d’ailleurs sans histoire, est. sans doute celle qu’Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 135, 274, mentionnent près de Sichem. j III. bistoire. — 1° Le Garizim apparaît pour la première fois dans la Bible à propos de la cérémonie si imposante des bénédictions et des malédictions, prescrite par Moïse, JDeut., xi, 29 ; xxvii, 12, et accomplie par Josué, viii, 33. Les tribus qui se placèrent, non pas évidemment sur le sommet, mais sur les premières pentes de la montagne, étaient Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Joseph et Benjamin. Deut., xxvii, 12. C’est de là également que Joatham, échappé seul au massacre de ses frères, fit entendre son magnifique apologue, pour reprocher aux habitants de Sichem d’avoir élu roi Abimélech. Jud., ix, 7. Le texte hébreu, très fidèlement suivi par les Septante et la Vulgate, porte bien ici : be-rô"s har-Gerizzîm, « [il se tint] sur le sommet du mont Garizim. » Mais il ne faut pas prendre ces mots à la lettre. Quelque puissance, en effet, que Joatham ait pu donner à sa voix, quelles que soient en cet endroit la pureté de l’air et ses propriétés acoustiques, il eût été impossible à l’orateur d’être entendu des Sichémites. On doit donc admettre qu’il gravit derrière la ville un point élevé de la montagne, d’où sa parole pût être saisie, d’où il pût lui-même se soustraire ensuite facilement à la vengeance d’Abimélech. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 156.

2° Longtemps après, les Samaritains, étrangers implantés en Palestine et regardés par les juifs comme idolâtres, avant été exclus par ceux-ci de toute coopération au rétablissement du temple de Jérusalem, résolurent de se bâtir à eux-mêmes un sanctuaire, qui fût le centre de leur culte et de leur nationalité. Ils choisirent pour cela le mont Garizim. Suivant Josèphe, Ant. jud., XI, vii, 2 ; viii, 1-4, ce monument aurait été construit sous le règne d’Alexandre le Grand. Jaddus, fils du grand prêtre Jean et son héritier dans le souverain nontificat, avait un frère nommé Manassès, à qui Sanahallète, satrape de Samarie, avait donné sa fille en mariage, espérant par cette alliance se concilier toute la nation juive. Mais à Jérusalem, les membres du conseil ne purent souffrir que le frère du grand prêtre, devenu l’époux d’une femme étrangère, participât au sacerdoce. Ds finirent par lui enjoindre de divorcer ou de cesser ses fonctions. Jaddus lui-même, cédant à l’indignation générale, écarta de l’autel Manassès, qui alla trouver son beau-père, en lui disant qu’il aimait mieux consentir à une séparation douloureuse que de renoncer à ses droits au sacerdoce. Sànaballète lui promit alors, s’il maintenait son union, non seulement de lui conserver sa dignité, mais encore de le faire parvenir au souverain pontificat, et, avec le consentement du roi Darius, de .bâtir sur le Garizim un temple semblable à celui de Jérusalem. Manassès, ébloui par ces promesses, resta

auprès de son beau-père, et fut suivi par beaucoup d’Israélites et même des prêtres engagés dans des mariages analogues, auxquels le satrape fournit de l’argent, des terres et des maisons. Cependant Alexandre, vainqueur de Darius, s.’avança alors en Syrie et Vint mettre le siège devant Tyr. Sànaballète, pour se ménager les bonnes grâces du conquérant, lui amena des auxiliaires et lui exposa le désir de son gendre Manassès, frère de Jaddus, grand prêtre des Juifs, de construire un temple sur les terres soumises à son autorité. Il lui représentait habilement que la réalisation d’un pareil projet lui serait très utile, parce que c’était diviser la nation juive, qui, unie, pourrait songer à la révolte, comme sous là domination assyrienne. Alexandre se laissa persuader, et Sànaballète bâtit aussitôt un temple sur le mont Garizim, et Manassès fut investi du souverain pontificat. Tel est en résumé le récit de Josèphe. Mais plusieurs critiques font remonter la fondation de ce monument à une soixantaine d’années auparavant, s’appuyant sur le IIe livre d’Esdras, xiii, 28, où il est dit qu’un des fils du grand prêtre Joïada fut exilé par Néhémie pour avoir épousé une fille de Sanaballat le Horonite. Ce dernier était gouverneur de Samarie pour le roi de Perse. Est-il donc probable qu’il y ait eu, à deux époques différentes, deux satrapes de Samarie de même nom et ayant chacun pour gendre un prêtre juif ? D’un autre côté, selon Barges, Les Samaritains de Naplouse, Paris, 1855, p. 118, « le récit de Josèphe est en contradiction avec la tradition des Samaritains d’après laquelle leur temple, construit primitivement par Josué, ruiné ensuite par l’armée de Nabuchodonosor, roi d’Assyrie, aurait été restauré, au retour de la captivité, par Samballat ou Sanaballat, chef de leur nation. Cf. Chronicon Samaritanum arabice conscriptum cui titulus est Liber Josue, Leyde, 1848, p. 216, 298, 314. Il est clair que cette tradition se trompe quand elle fait Sanaballat contemporain de Zorobabel, avec lequel elle semble le confondre ; mais il est, selon toutes les apparences, le même personnage, que le Sanaballat du livre de Néhémie, lequel se montra si hostile aux Juifs revenus de l’exil. »

3° Le Garizim est nommé, II Mach., v, 23, pour représenter le territoire des Samaritains. Comme les Syriens se défiaient de cette nation remuante, qui ne tenait guère moins que les Juifs à sa religion et à ses coutumes, Antiochus Epiphane mit à- la tête des troupes chargées , de la maintenir dans l’obéissance des officiers sans pitié, tels qu’Andronique, qui commandait la garnison établie sur la montagne. Le même roi, voulant profaner le temple de Garizim comme celui de Jérusalem, le fit appeler « temple de Jupiter l’Hospitalier ». II Mach., VI, 2. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 5, prétend que ce fut à la demande des Samaritains eux-mêmes que leur temple fut dédié à Jupiter Hellénien. Le même auteur, Ant. jud., XIII, ix, 1, nous apprend qu’il fut détruit par Jean Hyrcan, l’an 132 avant Jésus-Christ, après avoir duré deux cents ans. Cependant les termes dont il se sert : « Il arriva que ce temple fut dévasté (littéralement, devint désert), » ne veulent pas dire qu’il fut renversé de fond en comble avec l’enceinte sacrée qui l’entourait. Celle-ci put être épargnée, du moins en partie ; le sanctuaire seul, comme ayant été profané par le culte de Jupiter Hellénien, dut être traité avec plus de rigueur. L’an 36 de notre ère, sous le gouvernement de Ponce Pila te, un imposteur attira, par de fallacieuses promesses, une foule de Samaritains sur le Garizim. Mais le gouverneur romain, craignant une sédition, fit occuper par ses. troupes les abords de la montagne, et il y eut un grand nombre de tués ou de prisonniers.

4° Suivant la Chronique des Samaritains, Adrien, , ayant rasé Jérusalem, passa à Naplouse, où il ordonna de tuer tous les Samaritains partout où l’on en rencontrerait. Ensuite il bâtitsur leGarizim un village [qarîyèh} auquel il donna le nom de son père César, et construisit d ! 3

GARIZIM — GATEAU « 4

un temple an pied de la montagne, an-dessus de la ville. Ce temple « était consacré à Jupiter, comme nous l’apprennent Dion Cassius, xv, 12, le philosophe Marinus de Naplouse qui vivait au ve siècle, tous les deux cités par Photius dans sa Bibliothèque (codex 242) : ’Ev ôpei’ApyapfÇû xaXoù|iivû, dit Marions, « sur une montagne appelée Hargarizon (corruption de l’hébreu, ter Gerizzim, « mont Garizim » ), Jupiter Très-Haut possède un temple très vénéré. » Cf. Barges, Les Samaritains, p. 101. C’est celui que nous voyons représenté sur les médailles impériales d’Antonin le Pieux (fig. 17). Il est rectangulaire, à deux frontons, orné d’un péristyle et environné d’une enceinte extérieure ou téménos. Un gigantesque escalier y conduit. Mais quel était l’emplacement de ce sanctuaire ? Barges, p. 100, 102, se fondant sur une phrase de la Chronique samaritaine, le place au pied du Garizim, sur un plateau qui domine Naplouse. D’après V. Guériri, Samarie, t. i, p. 435, il se trouvait plutôt sur le bord extrême du plateau supérieur de la montagne, au milieu de l’enceinte qui avait contenu le sanctuaire samaritain bâti par Sanaballète. L’escalier subsistait encore l’an 333 de notre ère ; car le Pèlerin de Bordeaux dit que l’on montait au sommet du Garizim (nions Agazaren) par trois cents marches. « Ce chiffre, ajoute l’explorateur français, est évidemment insuffisant pour atteindre de Naplouse le sommet de Garizim, qui domine cette ville d’environ 350 mètres ; mais rien ne nous dit qu’il partait de Néapolis ; il pouvait fort bien ne commencer qu’à l’endroit où l’ascension de là montagne devenait plus raide ; dans tous les cas, les mots ad summum montent prouvent qu’il faut chercher, non au pied, mais sur le plateau supérieur de Garizim, le temple représenté sur les médailles d’Antonin le Pieux, et qui, d’ailleurs, étant dédié à Jupiter Très-Haut, semble indiquer par ce nom même, qu’il occupait une position culminante sur la montagne. » Sous le règne de Zenon, les Samaritains furent expulsés de Garizim par ordre de cet empereur, à cause des actes de cruauté qu’ils avaient commis contre les chrétiens, et une église en l’honneur de sainte Marie fut construite sur la montagne et environnée d’un simple mur de défense en pierres amoncelées. Dévastée par les Samaritains sous le règne d’Anastase, elle fut rétablie plus tard par Justinien et entourée alors d’une enceinte plus difficile à forcer. Telle est l’origine des ruines que nous avons étudiées.

Voir Robinson, Biblical researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 274-279 ; F. de Saulcy, Voyage en terre sainte, Paris, 1865, t. ii, p. 246-250 ; Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 400-411 ; Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 248-252 ; V. Guérin, Samarie, Paris, 1874, t. i, p. 424-444 ; Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1873, p. 66-71 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 187-193 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, in-12, Londres, 1890, p. 470477 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1889,

p. 29-35.
A. Legendre.
    1. GARNI I##

GARNI I (hébreu : hag-Gamiî ; Septante : r<xp|i.t) ; nom patronymique qu’il ne faut pas unir au mot précédent Ceïla, lequel est un nom de ville, mais au nom du père ou fondateur de cette cité, Naham. I Par., lY, 19. Ce passage est du reste très obscur et a donné lieu à des interprétations contradictoires et toutes purement hypothétiques.

    1. QASPHA##

QASPHA (hébreu : Gispâ’; omis dans l’édition sixtine des Septante ; mais dans le Codex Alexandrinus, on lit : rcapâ), c hef de Nathinéens, habitant le quartier d’Ophel après le retour de la captivité. II Esdr., xi, 21.

    1. QATEAU##


QATEAU, pâtisserie composée de farine et de quelque autre substance, huile, miel, etc., que l’on fait cuire au four et qui constitue un aliment plus délicat

que le pain ordinaire. Les Égyptiens savaient faire diverses espèces de gâteaux. Wilkinson, Manners and cûstoms of the ancient Egyptians, Londres, 1878, t. ii, p. 385-386. Les Israélites en fabriquèrent aussi, et les écrivains de l’Ancien Testament en font assez souvent mention.

I. Différentes espèces.

1° La halldh, de hâlal, « percer, » gâteau que l’on perforait pour empêcher les gaz de le boursoufler. La hallâh, aptoç, xoMu>p(ç v panis, collyris, collyrida, servait surtout dans les sacrifices. Lev., xxiv, 5, etc. On voit cependant que David en offrit une à chacun de ceux qui avaient assisté à la translation de l’arche à Jérusalem. II Reg., vi, 19.

— 2° Les lebîbôf, de lâbab, « être gras, » xoXXupî8eç, sorbitiunvulse, sont des gâteaux succulents et délicats qu’une fille de David, Thamar, ne dédaignait pas de pétrir elle-même et qu’elle faisait cuire dans la poêle. II Reg., xiil, 6-11. — 3° Les niqqudîm, de nâqad, » percer, » xoUypifia, crustula, sont des gâteaux perforés comme les hallô(. La femme de Jéroboam en emporta à Silo pour les offrir au prophète Ahias. III Reg., xrv, 3. — 4° La’ugâh (nia’ôg, I (III) Reg., xvii, 12 ; Ps. xxxv (xxxiv), 16), de’ûg, « avoir la forme ronde, » èyxpucpici ;, panis subeinericius. C’est une espèce de galette qu’on pouvait préparer rapidement, dans les cas pressés, et emporter avec soi en voyage. On la cuisait sur des pierres chauffées au feu, III Reg., xix, 6, ou sous les cendres d’un combustible quelconque. Ezech., rv, 12. Dans le premier cas, il fallait la retourner afin qu’elle ne fût pas cuite d’un seul côté. Éphraïm, se mêlant aux peuples païens et adoptant leurs usages, est comparé à une « ’ugâh non retournée », Ose., vii, 8, par conséquent brûlée d’un côté, non cuite de l’autre, et en somme bonne à rien. Ce genre de gâteau est préparé à la hâte par Abraham quand il reçoit la visite des trois anges. Gen., xviii, 6. À leur sortie d’Egypte, les Israélites en font dès leur première étape, sans y mettre de levain, leur départ précipité ne leur ayant pas permis de s’en munir. Exod., xii, 39. Sur l’ordre d’Élie, la veuve de Sarepta fait une’ugâh avec ce qui lui reste de farine et d’huile. III Reg., xvii, 13. — 5° Le selûl, de sâlal, « rouler, » gâteau en forme de boule, capable de rouler sur une pente. Quand Gédéon se rend secrètement au camp des Madianites, il entend un soldat racontant un rêve qu’il vient d’avoir : il lui semblait voir un selûl qui roulait sur le camp et renversait sa tente. Il ajoute que ce selûl doit être la figure de Gédéon qui s’apprête à les terrasser. Jud., vii, 13. Le sens du mot selûl est déterminé par les versions : Septante : [lotfi ? ; Symmaque : xoXkipix ; Aquila : êyxpucpsaç ; Josèphe, Ant., jud., V, VT, 4 : iiâÇa ; Vulgate : panis subeinericius. — 6° Le râqiq, de râqaq, « être léger, » lâyavov, gâteau léger à l’huile, laganum. Ce gâteau n’apparaît que dans les sacrifices. Lev., ii, 4, etc. — 7° La sapihîf, de sâfaf, « être large, » èyxpfç, gâteau au miel, large et peu épais, auquel on compare la manne à raison de son goût. Exod., xvi, 31. La Vulgate traduit simplement par simila. — 8° Le lesad, èyxp’i ; iÇ ektxiov, panis oleatus, gâteau à l’huile auquel est aussi comparée la manne à cause de son goût. Num., XI, 8. — 9° Le kikkâr, de kârar, « être rond, » opTo ;, panis, I Reg., ii, 36 ; Prov., vi, 26, etc., est moins un gâteau qu’un pain proprement dit. Voir Pain. — 10° Le kawân, nom d’une espèce de gâteau qu’on offrait à Astarté, la « reine du ciel ». Jer., vii, 18 ; xiiv, 19. Gesenius, Thésaurus, p. 669, rattache ce mot au radical chaldéen kavvèn, « préparer. » Saint Jérôme, In Jerem., Il, 7, t. xxiv, col. 732, adopte cette même étymologie : placentas sive prseparationes. Les Septante traduisent par yavtiv, qui n’a pas de sens en grec et reproduit phonétiquement le mot du texte hébreu, et la Vulgate par placenta. U semble plus probable que kawân est un mot d’origine étrangère, spécialement usité dans le culte de la déesse, et emprunté 1

m

GATEAU — GAULON

lift

par Jérémie pour parler d’une pratique idolâtrique qu’avaient adoptée certains Israélites. Sur ces offrandes de pains et de gâteaux aux idoles, voir Bâhr, Symbolik des tnosaischen Cullus, Heidelberg, 1837, t. i, p. 435438. — 11° La débêlâh, gâteau de forme arrondie, appelé en grec icaiâOr), du syriaque deba.Ua', dont le l, d, initial est tombé, et dans la Vulgate : massa, palatha. La raXâÔT) était une masse de figues ou de raisins secs, formant par compression une sorte de gâteau tantôt tond comme un pain, tantôt carré comme une brique, et qui pouvait se conserver assez longtemps. C’est encore sous cette forme que nous arrivent les figues desséchées. Ce genre de gâteau, dans lequel n’entrait aucune farine, était bien connu chez les différents peuples de l’antiquité. Hérodote, IV, 23 ; Lucien, Piscat., 41 ; Théophraste, Hist. plant., IV, iii, 1 ; S. Jérôme, In Ezech., ii, 7, t. xxv, col. 62. La debêlâh était une conserve que l’on emportait dans les expéditions et les voyages. David en avait dans son camp. I Reg., xxx, 12. Abigaïl lui avait apporté précédemment d’abondantes provisions, entre autres cent débêlîm de raisins secs et deux cents debêlim de figues. I Reg., xxv, 18. À Hébron, on le munit également de provisions et de gâteaux de figues et de raisins. I Par., xii, 40. Quand Judith sortit de Béthulie pour aller trouver Holopherne, elle prit avec elle des provisions au nombre desquelles se trouvaient dès palathee. Judith, x, 6. — On se servait aussi de la debêlâh de figues en médecine. Isaïe en fit appliquer une sur le mal du roi Ezéchias. IV Reg., xx, 7 ; 1s., xxxviii, 21. Saint Jérôme, In 1%., xi, 38, t. xxiv, col. 396, dit que, « d’après la science médicale, les figues desséchées et aplaties ont la propriété d’attirer toute l’humeur à la surface. » Voir Figue, t. ii, col. 2241. — 12° La 'âswâh, gâteau de raisins comprimés, que l’on mangeait pour réparer ses forces, Cant., ii, 5, particulièrement après une marche fatigante. II Reg., vi, 19 ; I Par., xvi, 3. Dans le culte idolâtrique, on faisait usage de ces gâteaux. Ose., iii, 1. Quelques anciennes versions ont fait venir 'âsîsdh de ses, « six, » et lui ont prêté le sens de « setier », sixième partie d’une mesure de vin. Mais la plupart des anciens interprètes ont pris ce mot dans le sens de « gâteau », qui convient beaucoup mieux au contexte dans ces différents passages. Cant., Il, 5, les Septante ont : êv (Jivpoiç, « avec des parfums, » probablement au lieu de âv àjjiôpai ;, « avec des gâteaux de miel ; » Vulgate : floribus ; II Reg., vi, 19 : Xâyavov otcô xuyâvou, « gâteau de la poêle, » simila frixa oleo ; I Par., xvi, 3 : ànopfn]?, frixa oleo simila ; Ose., iii, 1 : itsnp, axa [ASTa axaylSoç, vinacia uvarum. « On peut traduire széy.y.aia par placenta ou crustula, qu’on offre aux idoles et que les Grecs appellent TcdTcava (galettes de sacrifices). » S. Jérôme, In Ose., i, 3, t. xxv, col, 842. Rosenmùller, Hoseas, Leipzig, 1812, p. 102, fait venir 'âsîsdh de 'es, « feu. » Mais ce gâteau de raisins ne devait point passer par le feu. L'étymologie de Gesenius, Thésaurus, p. 166, qui le tire d’un radical 'âSaS, « comprimer » (en assyrien, aSsuSu, « affermir » ), semble préférable.

II. LES GATEAUX OFFERTS DANS LE ÏEMPLE.

1° Deux

sortes de gâteaux seulement apparaissent dans les sacrifices, la halldh et le râqiq. Les hallôp sont des gâteaux gras et épais, composés de fleur de farine sans levain et d’huile, cuits dans une poêle ou sur une plaque et ensuite arrosés d’huile. Le râqiq est une espèce de galette, ayant à peu près la même composition, mais beaucoup plus légère, et ressemblant à une crêpe durcie au feu. Ces gâteaux étaient mangés par les prêtres, après qu’un morceau en avait été brûlé sur l’autel. Cependant, ceux qu’offraient Aaron.et ses fils devaient être entièrement consumés. Lev., VI, 20-22. Cf. Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 195-196. — 2° Un lévite avait la charge de veiller dans le Temple â tout ce qui se rapportait aux gâteaux sacrés, préparation, cuisson à la

poêle, etc. I Par., ix, 31. David en préposa plusieurs à ce service. I Par., xxiii, 29. — 3° La halldh et le râqiq figurent ensemble dans différentes cérémonies liturgiques : les offrandes ordinaires, Lev., ii, 4 ; la consécration des prêtres, Exod., xxix, 2 ; la consécration d’Aaron et des grands-prêtres, Exod., xxix, 23 ; Lev., viii, 26 ; le sacrifice d’actions de grâces, Lev., vii, 12, et celui du nazaréat. Num., vi, 15, 19. Les pains de proposition, renouvelés chaque sabbat, consistaient en douze hallôf. Lev., xxiv, 5. C'étaient également des hallô( qu’il était commandé de faire avec les prémices de la pâte. Num., xv, 20. Au même genre se rapportent les gâteaux de fleur de farine pétrie à l’huile qu’on offrait pour la consécration des lévites. Num., viii, 8. — 4° L’offrande de ces gâteaux, composés de farine et d’huile, avait pour but de consacrer à Dieu les substances qui servent à l’alimentation de l’homme, et de rappeler à ce dernier le souverain domaine du Créateur sur la vie humaine comme sur tout ce qui sert à l’entretenir. Ces gâteaux devaient être azymes, parce que le levain est comme un symbole de corruption par sa nature même. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen

Cullus, t. ii, p. 300-302, 316-320.
H. Lesêtre.
    1. GATHAM##

GATHAM (hébreu : Ga’fdm ; Septante. : ro6d(ji, Gen., xxxvi, 11, Totatiày. ; Codex Alexandrinus, ro6d[i, I Par., i, 36), quatrième fils d'Éliphaz, fils d'Ésaii. Gen., xxxvi, 11 ; I Par., i, 36. Il était 'allûf, « chef » d’une tribu dans la terre d’Edom. Gen., xxxvi, 16. Cette tribu n’a pu encore être identifiée.

    1. GAUCHE (MAIN)##


GAUCHE (MAIN). Voir Main.

    1. GAULANITIDE##


GAULANITIDE. Voir Gaulon.

    1. GAULON##

GAULON (hébreu : Gôlân, Deut., iv, 43 ; Jos., xx, 8 ; xxi, 27 ; I Par., vi, 56 ; le qerï porte Gâlôn, Jos.. xx, 8 ; XXI, 27, mais un grand nombre de manuscrits donnent Gôldn [cf. B. Kennicott, Vet. Testam. cum variis lect., Oxford, 1776, t. i, p. 472, 473] ; Septante : Codex Vaticanus, TauXiiv, Deut., iv, 43 ; Jos., xx, 8 ; xxi, 27 ; r&ùiv, I Par., vi, 71 ; Codex Alexandrinus, TwXâv, Jos., xx, 8 ; xxi, 27 ; FauXiiv, I Par., vi, 71 ; Vulgate : Gaulon, Jos., xx, 8 ; xxi, 27 ; I Par., vi, 71 ; Golan, Deut., iv, 43), ville de refuge située en Basan, dans la tribu de Manassé oriental, Deut., iv, 43 ; Jos., xx, 8, et assignée aux Lévites fils de Gerson. Jos., xxi, 27 ; I Par., VI, 71. Josèphe l’appelle Tavlâva, Ant.jud., IV, vu, 4 ; TauXâvï], Ant.jud., XIII, xv, 3 ; Bell, jud., 1, iv, 4, 8, et nous dit qu’elle fut prise par Alexandre Jannée. Ant. jud., XIII, xv, 3. Le Talmud de Babylone, Makkoth, 9 b, cherchant à établir la situation parallèle des cités de refuge de chaque côté du Jourdain, place Golan en face de Cédés de Nephthali. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 55. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 125, 242, mentionnent Gaulon, T*xvù>v, comme un très gros village, x(&|M) fuyleni, de la Batanée. On trouve encore dans la région transjordane, à la hauteur du lac de Tibériade, sur Youadi escli^Schéféil, une localité importante du nom de Sahem el-Djaûlân, .-^JjaJl, » ~ » -. « o. On peut, à la suite de G. Schumacher, Across the Jor* dan, Londres, 1886, p. 19, 91 ; TheJaulân, Londres, 1888, p. 1, l’identifier avec la ville dont nous parlons. Elle est un peu en dehors des limites géographiques du Djolân actuel, qui représente l’ancienne Gaulanitide ; mais, en réalité, on la regarde toujours comme faisant partie de ce district. Du reste, on ne sait guère jusqu’où s'étendait à l’est cette dernière province. En tout cas, Sahem, el-Djaûlân appartient bien à l’ancien pays de Basan et peut représenter par son nom l’antique cité biblique. Voir la carte du pays de Basan, t. i, col. 1488. C’est aujourd’hui un grand village, mieux bâti que beaucoup

d’autres de la cortrée. Les maisons, dont plusieurs sont abandonnées et en ruine, sont construites en pierre ; très peu ressemblent à ces huttes en terre que l’on voit assez fréquemment dans ces parages. Les rues sont larges et généralement droites. Certains restes d’édifices montrent, par leur ornementation et leur caractère, qu’il y avait là une petite ville chrétienne, que la population actuelle, avec près de 300 âmes, ne remplit pas à moitié. Bien que le climat soit sain, le sol riche, l’eau abondante, cette population va néanmoins en diminuant. Des jardins et des vergers bordent le ruisseau qui coule à l’ouest du village, mais ils sont en mauvais état. D’après une tradition conservée par les habitants, confirmée par les ruines assez étendues, par la grandeur et par le plan général de Sahem el-Djaûlân, cette localité aurait été, dans les temps anciens, « la capitale du Djolân » et le siège du gouvernement. Les principaux vestiges de l’antiquité se trouvent dans le quartier nord. Il y a là un grand édifice construit en pierres de basalte soigneusement taillées, et qui a toute l’apparence d’une église des croisés. Assez bien conservé, il forme, avec trois autres, lin carré qui entoure la cour du scheikh. On y remarque plusieurs ornements en bas-relief. Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, p. 91-99.

Gaulon ou Gôldn a donné son nom à un district de la région transjordane, appelé TauXavtTiç, la Gaulanitide, par Josèphe, Ant. jud., IV, v, 3 ; VI11, ii, 3 ; X11I, xv, 4 ; Bell, jud., II, xx, 6 ; III, iii, 1, 5 ; x, 10 ; IV, i, 1. C’était, à l’époque romaine, une des quatre divisions de l’ancien royaume de Basan ; les autres parties étaient : la Batanée, la Trachonitide, PAuranitide. Bornée au sud par le Schériat el-Menâdiréh ou Yarmouk, elle s’appuyait à l’ouest sur le lac de Tibériade et le Jourdain, s’étendait vers le nord jusqu’au pied de l’Hermon, et confinait à l’est à la grande plaine du Ha’uran. Elle rentraitainsidans le royaume amorrhéen d’Og, que Josèphe, Ant. jud., IV, v, 3, appelle roi de Galadène et de Gaulanitide. Elle avait comme villes principales et fortifiées : Séleucie, Sogane et Gamala. Bell, jud., II, xx, 6. Elle se divisait en deux parties : la Gaulanitide supérieure, avec Sogane comme capitale, et la Gaulanitide inférieure, avec Gamala. Bell, jud, , IV, i, 1. Parmi les autres cités renfermées dans ses limites on trouve : Hippos (aujourd’hui Sûsiyéh), l’ancienne Aphec (Fîk), Alimes (Kefr et Ma), Casbon (Khisfïn). Après la mort d’Hérode le Grand, elle appartint à là tétrarchie de Philippe. Ant. jud., XVIII, iv, 6.

Le nom de cette région survit dans le Djolân actuel, ^N^a-, dont la limite vers l’est s’étend jusqu’au Nahr el’Atlân. C’est un plateau qui monte progressivement vers le nord, avec une hauteur moyenne de sept à huit cents mètres au-dessus de la Méditerranée. De formation basaltique, avec une couche de lave recouvrant le calcaire, il est arrosé par de belles sources et de nombreux ruisseaux, et cultivé aux alentours des villages. Entre le Nahr er-Ruqqâd, qui l’enferme à l’est comme un fossé naturel descendant du nord au sud, et la dépression du Jourdain, à l’ouest, il est coupé par des torrents qui viennent se perdre dans le lac Houléh ou se dirigent vers le lac de Tibériade, principalement à sa pointe nord-est. Au nord, une curieuse chaîne volcanique, parallèle au Jourdain, aligne une série de monts isolés, d’un aspect singulier ; ce sont des cratères de volcans éteints, les tells El-Ahmar (1 238 m.), Abu en-Néda (1257 m.), Abu Yusef (1029 m.), ElrFaras (948 m.). Le sol, couvert de monceaux de rocs basaltiques, ressemblant à des sites ruinés, ne possède pas cet humus fin et rouge qui fait la richesse du Hauran. -Il n’en forme pas moins, surtout dans la partie septentrionale, d’excellents pâturages, où l’herbe pousse très bien au printemps, et où les Arabes Anazéh nourrissent de nombreux troupeaux. Les ruines, les inscriptions, les restes de voies romaines prouvent que ce pays fut au trefois très habité. On y rencontre, comme en Galaadet en Moab, des dolmens remarquables, monuments probables des antiques populations amorrhéennes. Voir Manassé oriental, tribu et carte. Pour les détails, cf. G. Schumacher, Der Dscholan, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. ix, 1886, p. 167-368, avec cartes, plans et gravures ; traduction anglaise, The Jauldn, in-8°, Londres, 1888 ; Across the Jordan, in-8°, Londres, 1886, p. 1-102.

A. Legendre.
    1. GAVER##

GAVER (MONTÉE DE) (hébreu : ma’âlêh-Gtir ; Septante : èv râ àvaêai’vetv Tat ; Vulgate : ascensus Gaver), lieu où fut mortellement frappé Ochozias, roi de Juda, fuyant devant Jéhu, après la mort de Joram. IV Reg., ix, 27, L’Écriture, qui ne le mentionne qu’une seule fois, le place « près de Jéblaam ». Les Septante le confondent même avec cette dernière ville, Tac, rj êcrriv’IeëXain ; mais les autres versions anciennes ont exactement traduit l’hébreu comme la Vulgate. Jéblaam (hébreu ; Yble’dm), ou Baalam (hébreu : BiVârn), la Belma de Judith, vii, 3, est généralement identifiée aujourd’hui avec Khirbet Bel’améh, à deux kilomètres au sud de Djenin. C’est donc une colline des environs qui doit représenter la montée dont nous parlons. Djénin, du reste, l’ancienne’En-Gannîm, ou « source des jardins », est probablement la Bêt hag-gân, « maison du jardin » (Vulgate : domus horti), dans la direction de laquelle s’enfuit Ochozias en quittant Jezraël (Zer’în). Voir Engannim 2, t. ii, col. 1802, et Jéblaam.

A. Legendre.
    1. GAZA (hébreu nw’Azzdh##


GAZA (hébreu nw’Azzdh, « la forte ; » Septante : FctÇa ; en égyptien : Gazatu ; en assyrien : Hazzatu ;

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18. — Drachme d’un dynaste de Gaza.

Double tête janiforme, diadémée. — fi|. AXO (Gaza). Chuustfe entre deux épis.

en arabe : Ghazzéh (ys), Ghazzat-Hachem), ville des Philistins. Cette cité, l’une des plus anciennes du monde encore existantes, est nommée la première fois Gen., x, 19. Elle se trouve dans l’angle sud-ouest de la Palestine, non loin de la frontière égyptienne, à quatre kilomètres environ de la Méditerranée, sur un plateau en grande partie artificiel (^S>ia), élevé d’une vingtaine de mètres au milieu d’une vallée large d’une heure de l’ouest à l’est et longue de deux heures du nord au sud. Cette vallée est remplie de jardins de toute sorte dans toutes les directions ; elle est entourée vers l’ouest des dunes de la mer et vers le nord et l’est de collines peu élevées. La plus remarquable de ces collines, située au sud-est de la ville, est appelée maintenant Djebel El-Mountar, autrefois probablement Aldioma Angaris.

I. Histoire.

Origine.

Tout ce que disent les anciens

auteurs sur la fondation de Gaza ne sont que fables inventées après coup ; on ne sait ni quand ni par qui cette ville a été fondée. Cependant il est très probable qu’elle existait déjà au temps d’Abraham, peut-être depuis des siècles. Les premiers habitants de Gaza, que nous connaissons, étaient les Hévéens, Deut., ir, 23 ; à ceux-ci se réunirent d’autres Chananéens, Gen., x, 19, venant du nord, les Philistins, Deut., ii, 23, venant du sud (Etienne de Byzance, De Vrbibus, in-4°, Leipzig, 1825, aux mots TâÇa et Mtvûa, p. 128, 300, dit que la ville de Gaza était une colonie Cretoise, cf. Soph., ii, 5) et les Rephaïm ou Énacim expulsés de la montagne par

Josué. Jos., xi, 22. La Gaza philistine était la métropole principale des Philistins, entourée de villes et de villages, sous la domination d’un prince appelé aussi roi. Gaza appartenait à la Terre Promise, Gen., xv, 18, et fut attribuée par Josué à la tribu de Juda. Jos., xv, 47. Cependant Josué ne put conquérir cette ville, car elle était entourée d’une haute muraille. Am., i, 7. La tribu de Juda, Jud., i, 18, et plus tard Salomon, III Reg., iv, 24, et Ézéchias, IV Reg., xviii, 8, réussirent à la soumettre passagèrement.

Prophéties contre Gaza.

La haine des habitants

de Gaza contre les Juifs était grande et ils faisaient commerce d’esclaves juifs, Am., i, 6, c’est ce qui leur

4° Gaza à l'époque des Égyptiens, des Assyriens, des Perses et des Grecs. — Étant située sur la seule route qui conduit de l’Asie en Egypte, Gaza était exposée à l’invasion des armées des conquérants, qui se disputaient le. pouvoir en Orient et ne pouvait pas en conséquence toujours garder son indépendance. Tantôt elle dut se soumettre aux Égyptiens, tantôt aux Assyriens et Chaldéens, et à la fin aux Perses. Gaza dut souffrir de ces expéditions continuelles dans les temps historiques et préhistoriques ; car les habitants n'étaient pas disposés à se soumettre à des étrangers. Les anciens auteurs vantent leur courage et la fidélité de ses habitants. Cependant ils étaient toujours inclinés vers l’Egypte. Une des

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19. — Vue de Gaza. D’après une photographie.

attira les malédictions des prophètes d’Israël disant : « Je ne pardonnerai pas à Gaza ; je jetterai le feu sur les murailles de Gaza et il mangera ses palais. » Am., i, 6-7. « Gaza souffrira et le roi de Gaza souffrira. » Zach., ix, 5. « Gaza sera 'âzùbdh, èpT^io ;, déserta, désolée. » Sopli., ii, 4. Jérémie menace cette ville de la colère du Seigneur, xxv, 20, et lui prédit que la « calvitie (deuil, désolation) viendra sur elle ». Jer., xlvii, 5. L’histoire de Gaza prouve que ces malédictions ne sont pas restées sans effet.

3° Samson à Gaza. Jud., xvi, 1-3, 21-31. — La tradition à l'égard de Samson est attachée à la ville actuelle ; les indigènes le connaissent sous le nom é'Abou’lasm, « l'énergique. » Il n’y a plus de traces du temple de Dagon, qui se trouvait probablement dans le voisinage du tombeau fictif érigé à ce héros par les musulmans au sud-èst de la ville, à côté de la porte, dont Samson emporta les battants au Djebel El-Mountar, comme on le croit généralement avec raison. Le moulin à bras de Samson est encore en usage dans le pays malgré deux ou trois moulins à vapeur.

lettres trouvées à Tell-el-Amarna et écrite par Yatibiri à Amenhotep III, nous apprend que cette ville était alors sous la domination des pharaons. Proceedings of the Society of Biblical Arckxology, t. xv, 1893, p. 504. Le pharaon mentionné III Reg., ix, 16, et le pharaon Sésac, III Reg., xiv, 25, passèrent par Gaza. Théglathphalasar III, roi de Ninive.la prit et la rendit tributaire (734). F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t, iii, p. 522. Elle s’allia avec l’Egypte contre les Assyriens, mais Sargon la remit sous le joug et en fit le roi Hannon prisonnier. Ibid., p. 570, 587, 588. Cf. Is., xx, 1. Elle resta soumise à Sennachérib, ibid., t. iv, p. 31, 33 ; à son fils Assaraddon, ibid., p. 71, et à son petit-fils Assurbanipal, ibid., p. 87. Néchao II, roi d’Egypte, reprit Gaza de vive force. Jer., xlvii, 1. Sur le territoire de Gaza, les Scythes furent arrêtés par Psammétique. Hérodote, I, 105.' Après la bataille de Carchamis (606), Gaza fut obligée d’accepter la domination du roi deB abylone. Lorsque Cambyse, roi de Perse, s’avança contre l’Egypte, Gaza seule osa lui résister et subit un siège, dont le résultat nous est inconnu (529). Polybe, xvi. Elle m

GAZA.

122

fut, en tout cas, soumise aux Perses. Kadytis, dont parle Hérodote, ii, 159, était une grande ville sur la seule route qui conduit de la Mésopotamie en Egypte dans le pays des Supot IlaXixicmvos en face des emporta .arabes, entourée d’un territoire qui touchait à la mer ; Hérodote l’a vue lui même et la compare avec Sardes. Stark, Gaza, p. 218, croit, avec plusieurs auteurs, que Kadytis est Gaza, tandis que d’autres l’identifient avec .Jérusalem appelée aujourd’hui eUQods. On pourrait penser aussi à Cadès. H va sans dire, que l’opinion de Stark est beaucoup plus probable que celle des autres. Le nom ne présente pas de difficultés, si on le rapproche de ta prononciation égyptienne Gazatu. Gaza se trouvait en tout cas sur la route prise par Hérodote. Gaza avait comme Sardes une acropole entourée de faubourgs.

Vers l’automne 332, Alexandre le Grand arriva avec son armée à Gaza. Les habitants lui fermèrent les portes et il fut obligé de faire un siège en règle qui dura deux mois. Il n’est pas possible que toute la ville fut alors entourée d’une digue. Un amas de terre au sudouest de la ville appelé aujourd’hui bàb eUdarun, où se fait le carnaval grec, peut être un reste de cette digue. C’est du côté où la ville a été prise, que l’on a bâti plus tard une église nommée Irène. Ce siège fut le troisième que soutint Gaza. La ville fut dévastée à cette occasion, mais pas détruite ; elle fut bientôt rétablie au même lieu avec la permission d’Alexandre. On a voulu prétendre que la nouvelle ville s’élevait à côté de l’ancienne, qui serait restée déserte (£p » )|i.oc) au dire de Strabon, xvi, p. 370. Mais cette opinion est en contradiction avec les données de Diodore, xvii, 49, d’Arrien, il, 23, et d’autres. Donc Gaza continua à exister sur le même emplacement, mais elle cessa d’être une ville philistine pour devenir une ville hellénique.

Le territoire de Gaza devint alors un champ de bataille pour les armées des rois égyptiens, syriens et juifs, jusqu’à la conquête de la Palestine par les Romains. Occupée d’abord en 320 par Etolémée (Appien, Syr., 52), Gaza fut prise en 315 de vive force par Antigone, Diodore, xix, 59, qui y laissa Démétrius. Appien, xix, 69. Celui-ci fut battu en 312 à Gaza (non à Gamala, Justin, xv, 1), par Ptolémée (Diodore, xix, 90), qui abattit les fortifications de la ville. Diodore, XIX, 93. Occupée en 306 par Antigone (Diodore, xx, 73), elle tomba de nouveau en 302 entre les mains de Ptolémée et resta sous la domination égyptienne pendant un siècle. L’armée syrienne se rassembla en 218 et en 217 à Gaza pour la bataille de Raphia à la suite de laquelle la ville fut occupée de nouveau par les Égyptiens. Le texte de Polybe, v, 80, est altéré ; il n’existe pas de Gaza en Egypte entre Péluse et Rhinocolure. L’année 198, Gaza. fut prise par force et dévastée par les Syriens et resta sous leur domination pendant un siècle. La ville se releva bientôt de nouveau sur le même emplacement. Antiochus IV Epiphane passa par Gaza se rendant en Egypte en 170 et 168 ; une armée égyptienne traversa Gaza en 152 et en 147. Josèphe, Ant. jud., XIII, v, 5. L’an 145, Jonathas Machabée arriva avec son armée devant Gaza, qui lui ferma ses portes ; Jonathan incendia les faubourgs et les habitants demandèrent la paix ; ils donnèrent des otages, qui furent envoyés à Jérusalem. I Mach., xi, 61. (Dans I Mach., xiii, 43, il faut lire Gazâra au lieu de Gaza.) En 104, Gaza fut occupée par Lathurus. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 3. Alexandre Jannée assiégea Gaza pendant une année (98) et prit la ville par trahison. Les habitants furent massacrés et la ville dévastée. C’est ainsi que les Juifs eux-mêmes ont exécuté les menaces des Prophètes contre Gaza. La ville détruite fut rebâtie de nouveau sur le même lieu par Pompée, Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 4, et par Gabinius. Appien, Syr., 51 (cꝟ. 54).

II. La nouvelle Gaza.

Une ville commerciale importante comme Gaza ne pouvait pas rester sans port

sur la mer, surtout pendant la période hellénique. Le port appelé d’abord Mayouma devint avec le temps une .ville proprement dite entourée d’une enceinte, dont on peut encore, suivre les traces en partie. Cependant cette ville maritime faisait toujours partie de Gaza, dont elle forma le quartier maritime, jusqu’aux temps de Constantin. Gaza devint donc comme Ascalon, Azot et Jamnia, une ville double, l’une sur le rivage de la mer, l’autre dans l’intérieur des terres. Pour distinguer ces deux villes on se servait de diverses expressions, par exemple : ^ HatetiiaÇa, t| véa Yala, *) itapâXioç, <j ( « (TOYeîoç, f[ £pT)(ioç. La distance était de vingt stades.

Déplacement de Gâta. — On a prétendu que Gaza a t’té déplacée par la suite des temps ; c’est l’opinion de Stark, Gaza, p. 509. Saint Jérôme avait dit expressément (Eusèbe, Onomasticon, édit. Larsow, 1862, p. 137) : « On retrouve à peine des vestiges des fondements de la cité antique ; celle que l’on voit maintenant a été bâtie en un autre lieu que l’ancienne. » On a voulu aussi conclure d’un passage d’un géographe anonyme, que cette prétendue nouvelle Gaza se trouvait au sud de l’ancienne, à une demi-heure à peu près ; la distance de la ville maritime ainsi que du port restait toujours la même. Voici le passage en question : Mexà t’a Pivoxiipoupa T] vèa TâÇa xeïiac rnSXi ; oùaa xat aÙTrj elS’ï| epi]|£OC TiÇai e’xa ^’AiyxaXwv rcâXi ;. L’ancienne Gaza se trouvait donc à Gebalia et son port était Anthédon. Si l’on demande quand a eu lieu ce déplacement, les uns répondent : après la destruction de la ville par Alexandre (332), d’autres après sa destruction par les Syriens (198) et d’autres, après sa destruction par Alexandre Jannée. Il suffit de voir la ville actuelle, pour connaître qu’elle n’a pu jamais être déplacée.

D’abord le passage cité plus haut ne prouve rien pour ce déplacement prétendu, parce que tj via TriÇa n’est pas cette prétendue nouvelle Gaza au sud de l’ancienne, mais Son port, Mayoumas. Après avoir nommé Rhinocolure, l’auteur nomme la nouvelle Gaza, qui se trouvait aussi près de la mer ; ne pouvant pas passer l’ancienne Gaza sous silence, il la place entre la nouvelle et Ascalon. Ce passage prouve, en outre, que l’ancienne Gaza était alors une ville florissante ; car il remarque comme une chose singulière, que la nouvelle Gaza était aussi une ville, donc l’ancienne devait l’être aussi ; du reste il parle de villes florissantes, non ruinées. Donc le mot 6’pTjjj.oc ne signifie ici ni déserte, ni abandonnée, ni désolée, mais tout simplement « terrestre », en arabe barri, par opposition à « maritime ». Le passage de saint Jérôme doit être expliqué par un malentendu ; il parle probablement d’un faubourg ruiné de Gaza, car l’Acropole était alors encore entourée d’une enceinte.

Nous avons encore d’autres raisons contre ce déplacement prétendu. Point de traces d’une ville importante dans le voisinage de Gebalia. Chaque village ruiné a laissé des traces ; peut-on supposer que l’ancienne Gaza ait disparu, sans en laisser ? Si l’ancienne Gaza était à Gebalia, elle devait avoir Anthédon pour port ; mais le port de Gaza était toujours Mayoumas. La ville actuelle se trouve sur un plateau artificiel de 6 à 10 mètres de décombres. Deux mille ans ne suffisent pas pour former un semblable plateau artificiel ; il en faut bien quatre ou cinq mille pour cela. La tradition de Samson est attachée à la ville actuelle. La tradition d’Alexandre le Grand était au iv° siècle chrétien attachée à la ville actuelle. Les indigènes ne savent absolument rien de ce déplacement prétendu de leur ville, au contraire, ils sont pleinement convaincus que Gaza n’a jamais été déplacée.

Le passage des Actes, viii, 26 : hsec est déserta, ne souffre pas la moindre difficulté ; déserta, se rapportant à Gaza, ne dit pas que la ville était ruinée, mais seulementqu’elle se trouvait sur la terre ou dans le désert, non sur la mer. Si l’on demande pourquoi Gaza étant une ville florissante a été appelée ïprinoç, déserta, on pourra répondre, parce qu’elle fut dévastée à plusieurs reprises ou parce qu’elle se trouvait isolée dans l’intérieur du pays.

Malgré tant d’incursions hostiles et de dévastations plusieurs fois répétées, Gaza ne disparaissait pas ; au contraire, la ville devenait toujours plus florissante, grâce aux richesses, fruit d’un commerce considérable et de la fertilité du pays, surtout pendant la domination romaine, qui donna à Gaza beaucoup de libertés. Gaza avait alors ses propres monnaies (fig. 18), sa propre ère, qui commence en l’an 62 avant J.-C. Elle avait les titres de Upà, cïotvoç àvudvonoc, marri, tvatSffi, >.a|17rp<x, (lefiVfi. Les auteurs gTecs la nomment une grande ville, la plus grande ville de la Syrie. Plutarque, Alex., 25. Gaza exportait du blé, du viii, de l’huile, etc. Les auteurs latins vantent Gaza comme civitas insignis, populo frequens et clara, splendida, deliciosa, eminens, in negotio ebulliens et abundans omnibus.

III. Gaza, dans le Nouveau Testament.

Le repos de la sainte famille.

Il n’est pas probable que la sainte famille ait passé par Gaza en allant en Egypte, parce que cette ville était alors sous la domination du roi Hérode ; au contraire, elle a dû passer par Gaza au retour, d’après la tradition des indigènes, qui indique le lieu du repos dans un jardin au sud-est de la ville (non dans l’église grecque). Du reste on n’y voit aucun monument.

Le christianisme à Gaza.

Les habitants de Gaza n’étaient pas disposés à se faire chrétiens, car cette ville était un centre du paganisme hellénique et son temple principal, appelé Marneion, rivalisait avec le Serapeion d’Alexandrie. Au contraire les habitants de Mayoumas ne faisaient pas autant de difficulté à embrasser la religion chrétienne, c’est pourquoi Constantin donna ordre de séparer Mayoumas de Gaza. Mayoumas devint donc une ville indépendante sous le nom de Constantia jusqu’à l’avènement de Julien l’Apostat, qui la réunit de nouveau à Gaza. Enfin vers la fin du IV » siècle le paganisme fut extirpé aussi à Gaza par les miracles de saint Hilarion, l’énergie de saint Porphyre et la force militaire. Le territoire de Gaza avait alors trois évéques, un à Gaza, un à Mayoumas et un à Anthédon. Gaza et Anthédon ont encore des titulaires. L’école chrétienne de Gaza a été illustrée pendant les Ve et vie siècles par Zozime, Procope, Chorikios, Isidore, Ënée, Timothée et Jean. Voir K. Seitz, Die Schule von Gaza, in-8°, Heidelberg, 1892. Il y avait alors à Gaza au moins cinq églises, dont une, YEudoxiana, remplaça le Marneion, probablement la grande mosquée actuelle. Les fêtes se faisaient avec grande solennité. La ville était remplie de palais, lorsqu’elle. tomba au pouvoir des Arabes après la bataille de Tadoun près de Gaza (€35).

IV. État actuel.

Quoique Gaza ne soit plus que l’ombre de son ancienne splendeur, elle est encore néanmoins une des plus grandes villes de la Palestine, avec 30000 habitants à peu près, dont 800 Grecs, 120 juifs, 70 catholiques, 50 protestants et le reste musulman. Gaza est une ville orientale et musulmane sous tous les rapports. Vue du dehors (fig.19), la ville, entourée de jardins, parsemée de palmiers, est charmante ; l’intérieur est rebutant avec ses rues étroites et sales, et ses maisons basses et sans fenêtres par dehors, dont une grande partie est en briques cuites au soleil. La ville est composée de deux parties (fig. 20), une supérieure sur le plateau et une inférieure dans la plaine au sud-est, appelée Sadjaîyé ; chacune est divisée en plusieurs quartiers. Le quartier chrétien se trouve dans la ville haute. L’église, qui contient le tombeau de saint Porphyre, est ancienne. La grande mosquée, dans le centre de la ville haute, est remarquable ; celle de Hachem, au nord de la ville, contient le tombeau de ce personnage, grand-père de Mahomet. Gaza est aussi la patrie de l’amam el-Chafai, le fondateur d’une des quatre sectes orthodoxes de l’Islam. Le bazar est double, l’un en haut, l’autre en bas. Gaza a un kaïmakam avec tous les tribunaux ordinaires et services de poste et télégraphe international. Le district de Gaza comprend tout le pays des Philistins avec 60 villages habités par 50000 fellahs, et la partie méridionale de la Palestine habitée par 50000 bédouins. La population de Gaza est paisible, moins fanatique qu’ailleurs. La fertilité du pays n’a pas changé. On peut encore dire avec Medjir ed-din : « Heureux qui habite à Gaza ! » C’est une des meilleures villes de la Palestine avec beaucoup d’arbres et de palmiers, de légumes et toutes sortes de fruits, avec un climat excellent, un air pur et une trentaine de puits d’eau douce, abondants. Gaza se maintient par ses propres ressources, surtout par le commerce d’orge et de blé, dont l’exportation à Gaza même donne aux habitants, si la récolte est bonne, un revenu d’un à deux millions de francs par an. L’orge est

[Image à insérer] 20. — Plan de Gaza. D’après G. Gatt

fournie par les Bédouins, le blé par les fellahs. Les restes de la ville ancienne sont ensevelis sous les décombres ; partout où l’on creuse, on en trouve des débris. Au-dessus du sol, on ne voit que morceaux de marbre dispersés ça et là en grande quantité. Comme les matériaux de construction sont très rares, on démolit les maisons délabrées pour en bâtir de nouvelles. L’enceinte de la ville a disparu complètement ; cependant on peut en suivre la direction et les portes. La ville sur la mer a complètement disparu, le port ou plutôt la rade est fréquenté par des bateaux à vapeur et voiliers pendant l’été, pour charger les céréales. La mission anglicane a été fondée en 1876, la mission catholique en 1879. La frontière égyptienne se trouve à Rapha, à 8 heures au sud de Gaza. On jouit dans cette ville d’un climat tempéré : on n’y souffre pas du froid pendant l’hiver ni de la chaleur pendant l’été. — Voir Starck, Gaza, in-8°, Iéna, 1852 ; V. Guérin, La Judée, t. ii, p. 196 ; A. von Hörman, Gaza, Brixen, 1876, Çh. Clermont-Ganneau, Archseological Researches in Palestine, t. ii, Londres, 1896, p. 379-427.

G. GATT. GAZABAR (hébreu : hag-gizbâr avec l’article), mot faussement pris pour un nom propre par la Vulgate, qui en fait le père d’un Mithridate. Ce nom d’origine persane signifie « trésorier » : Mithridate le trésorier. Les Septante comme Josèphe, Ant. jud., XI, i, 3, ont bien rendu ce mot par YaÇoçvXaÇ, « trésorier. ï

    1. GAZAM##

GAZAM (hébreu : Gazzàm ; Septante : raÇén), chef d’une famille de Nathinéens qui revinrent de la captivité avec Zorobabel. I Esdr., ii, 48. Dans la liste parallèle, II Esdr., vii, 51, la Vulgate le nomme Gézem.

    1. GAZARA (raÇipa##


GAZARA (raÇipa, Ta^pâ, tantôt au singulier, tantôt au pluriel, en grec comme en latin), place importante de la Palestine, plusieurs fois mentionnée dans l’histoire des Machabées. I Mach., vii, 45 ; ix, 52, etc. Elle est identique à Gazer, l’ancienne cité royale chananéenne. Jos., x, 33, etc. Voir Gazer 1, col. 126.

    1. GAZÉEN##

GAZÉEN (hébreu : kâ-’azzâti ; Septante : TaÇatoç, Jos., xiii, 3 ; ol cm’o TâC/iç, I Mach., xi, 62 ; "Vulgate : Gazsei, Jos., xiii, 3 ; Gazenses, I Mach., xi, 62), habitant de Gaza, Voir Gaza.

    1. GAZELLE##

GAZELLE (hébreu : sebi, féminin : sebiyâh ; Septante : 80pxôç, BopxâSiov ; Vulgate : caprea), quadrupède ruminant, appartenant au genre antilope, voir t. i, col. 669, caractérisé par ses cornes annelées et recourbées en forme de lyre, son œil noir, vif et doux, ses membres très fins, sa queue courte terminée par une touffe noire, son pelage fauve sur le dos et blanc sous le ventre, avec une bande plus foncée séparant les deux teintes. La gazelle (fig. 21) a la taille un peu plus petite que le chamois. Elle est remarquable par sa douceur,

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21. — Gazelle.

sa timidité qui la rend très difficile à approcher, la rapidité de son allure et son port si gracieux que les Hébreux lui ont donné le nom de sebi, qui veut dire en même temps « beauté ». Prise jeune, elle s’apprivoise aisément et ne cherche pas à reconquérir sa liberté. — 1° La gazella dorcas, appelée ghazâl par les Arabes, est le gros gibier le plus abondant de la Palestine, le seul même que les voyageurs aient chance de rencontrer. On en voit parfois jusque sur le mont des Oliviers. Dans le sud, où elles abondent, on aperçoit les gazelles par centaines à la fois. En Galaad se trouve communément la gazella arabica ou cora, plus belle encore que la gazelle ordinaire, dont elle ne constitue qu’une simple variété.

Sa couleur s’harmonise si parfaitement avec celle du désert qu’il est malaisé de la distinguer à quelque distance. La chair de la gazelle est très estimée, bien que moins succulente que celle de la chèvre sauvage. Dans les grandes chasses, on se sert du lévrier pour atteindre la gazelle ; on y joint aussi le faucon. Les Arabes se contentent de se mettre en embuscade pour attendre le passage de l’animal dans les défilés ou sur les sentiers qui mènent aux mares. Dans le Hauran, on attire les gazelles, au moyen d’appâts, dans des enceintes fermées où on les prend dans des pièges. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 127-131 ; Wood, Bible animais, Londres, 1884, p. 133-140 ; Socin-Benzinger, Palâstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. lxi. La gazelle était bien connue et fort estimée sur les bords du Nil. L’un des nomes de la Moyenne-Egypte portait son nom. Au milieu des tombes royales de Deir el-Bahâri, on a trouvé la momie d’une gazelle favorite d’Isimkhobiou. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 523. Le gracieux animal charmait donc les Égyptiens aussi bien que les Hébreux. — 2° La Sainte Écriture parle plusieurs fois de la gazelle. C’est le type de l’agilité. On lui compare les guerriers rapides à la course, II Reg., ii, 18 ;

I Par., xii, 8, et sa vitesse est l’image de l’empressement avec lequel il faut fuir le mal. Eccli., xxvii, 22. Car la gazelle est en éveil à la moindre alerte, Is., xiii, 14, et elle sait même s’échapper de la main du chasseur qui croit la tenir. Prov., vi, 5. Elle est aussi le type de la beauté. Le bien-aimé et l’épouse du Cantique, ii, 9 ; IV, 5, sont représentés avec les qualités de la gazelle, et c’est par les gazelles et les biches, c’est-à-dire par la portion la plus aimable et la plus séduisante de son troupeau, que l’épouse fait ses adjurations. Cant., ii, 7 ; iii, 5. Enfin la chair de la gazelle sert d’aliment, et c’esfmême une nourriture qui peut servir à désigner ce qu’il y a de meilleur. Deut, xii, 15, 22 ; xiv, 5 ; xv, 22. Elle figurait avec honneur sur les tables de Salomon. III Reg., iv, 23.

— 3° Le nom de la gazelle a été donné à des personnes, Sebia, sibyâ", I Par., viii, 9 ; Sebia, sibydh, IV Reg., xii, 1 ;

II Par., xxiv, 1, et à une ville, Seboim, sebo’îm, Gen., x, 19 ; xiv, 2 ; Deut., xxix, 23 ; Os., xi, 8. Sous sa forme araméenne, tabyd’, il devient celui d’une femme de Joppé, Tabîtd’, Tabitha, ressuscitée par saint Pierre,

Act., ix, 36.
H. Lesêtre.
    1. GAZER##

GAZER (hébreu : Gézér ; Septante : TaÇép, Jos., x, 33, etc. ; ’IôÇ/iv ou’IâÇvjp, I Mach., v, 8), nom de deux villes, situées l’une à l’ouest, l’autre à l’est du Jourdain.

1. GAZER (hébreu : Gézér, Jos., x, 33 ; xii, 12 ; XXI,

21 ; III Reg., ix, 16 ; I Par., vi, 52 ; vii, 28 ; xx, 4 ; à la pause, Gâzér, Jos., xvi, 3, 10 ; Jud., i, 29 ; II Reg., v, 25 ; III Reg., ix, 15, 17 ; avec hé local et à la pause, Gâzerâh, I Par., xiv, 16 ; Septante : TaÇép, Jos., x, 33 ; xvi, 10 ; Jud., i, 29 ; III Reg., ix. 17, 1 Par., vi, 67(héb.52) ; vu, 28 ; xx, 4 ; TeÇép, III Reg., ix, 15, 16 ; ToSép, Jos., xii, 12 (Codex Ambrosianus, ToÇép) ; TaÇâpa, tant au singulier qu’au pluriel, I Mach., ix, 52 ; xiii, 53 ; xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35 ; xvi, 1, 19 ; x, 32 ; PaÇ^oa. u R eg-r v, 25 ; I Par., xiv, 16 ; I Mach., vii, 45 ; Vulgate : Gazer, Jos., x, 33 ; xii, 12 ; xvi, 3, 10 ; xxi, 21 ; Jud., i, 29 ;

III Reg., ix, 15, 16, 17 ; I Par., vi, 67 (hébreu, 52) ; vil, 28 ; xx, 4 ; Géier, Il Reg., v, 25 ; Gazara, au singulier, I Mach., vii, 45 ; ix, 52 ; xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35 ; xvi, 19 ;

II Mach., x, 32 ; au pluriel, I Mach., xiii, 53 ; xvi, 1 ; Gazera, I Par., xiv, 16 ; Gézéron, I Mach., iv, 15)j antique cité chananéenne, dont le roi, Horam, fut pris par Josué, x, 33 ; xii, 12 ; ville de refuge et b’vitique delà tribu d’Éphraïm, Jos., xxi, 21 ; I Par., vi, 67 (hébreu, 52) ; mentionnée sous David et Salomon, II Reg., v, 25 ; I Par., xiv, 16 ; xx, 4 ; HT Reg., ix, 15, 17 ; plus célèbre sous les Machabées, I..iach., vii, 45, etc. Ce fut une -127

GAZER

128

place importante, et sa découverte de nos jours a été’l’une des plus intéressantes dans le domaine de la géographie biblique.

I. Nom.

Le nom hébreu Gézér se rattache à la racine ^gâzar, « couper. » On peut, avec F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1890, p. 154, lui’donner le sens de « lieu coupé ou taillé à pic », qui convient bien à la colline ou tell dont nous parlons plus bas comme représentant l’ancienne ville. Quoi qu’il en soit de l’élymologie, c’est un fait remarquable que le nom a subsisté exactement sous la même forme depuis les origines les plus reculées jusqu’à nos jours. Il est écrit Gaz-ri, Ga-az-ri sur les tablettes de Tell el-Amarna, 163, 22 ; 177, 21 ; 180, 14 ; 183, 8 ; 204-206 ; 239, 43. Cf.H. Winckler, Die Thontafeln vonTellel-Amarna, Berlin, 1896, p. 288, 300, 306, 312, 328, 354. Sur la liste de Thotmès III, il occupe le

n° 104, avec la transcription : À ^ ^ï « =>, Qazir, j %. ^1 JkS, Qa-zirr. Cf. A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, . p. 41 ; G. Maspero, Sur les noms géographiques de la liste de Thoutmos III qu’on peut rapporter- à la Judée, extrait des Transactions of the Victoria Instituts, or philosophical Society of Great Britain, Londres, 1888, p. 16 ; W. Max Miiller, Asien und Europa nach altâgyptischen Denkmàlern, Leipzig, 1893, p. 160. On l’a retrouvé sur une stèle de Ménéphtah, découverte en 1896 par Flinders Pétrie. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 436. La forme Gazer est devenue TaÇipa à l’époque des Machabées. C’est celle qu’on rencontre dans Josèphe, Ant. jud., VII, iv, 1 ; xil, 1 ; VIII, vi, 1 ; XIII, i, 3 ; îx, 2, bien qu’on lise TaSôpa, Ant. jud., . V, . I, 22, comme TaSapi ; dans Strabon, xvi, 759. Au temps d’Eusèbe etde saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue,

1870, p. 127, 244, le même nom de Gazara, TaÇâpot, existait encore. Sous les croisés, il fut transformé en Gisart, Mont Gisart, Mont Gissart, Mongisart, Mons Gisardus.Cî. Ch. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1888, 1. 1, p. 351-391. Enfin, depuis les anciens historiens musulmans jusqu’à nos jours, la

dénomination arabe.j^. Jpî, tell (colline de) Djézer, a maintenu l’exacte reproduction de l’hébreu. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 543, 600 ; G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palàstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 32.

H. Situation et description. — Voici les renseignements que nous fournissent la Bible et les autres documents historiques sur l’emplacement de Gazer. C’était une ville de la Palestine méridionale : dans l’énumération des cités royales prises par Josué, elle est mentionnée après Lachis et Églon, Jos., XII, 11, 12, de même que les tablettes de Tell el-Amarna en parlent avec Ascalon et Lachis. Cf. H. Winckler, Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 307. Elle se trouvait, d’après Josèphe, Ant. jud., VII, iv, 1, à l’extrémité du pays philistin, et, d’après I Mach., xiv, 34, à la frontière du territoire d’Azot. Elle formait la pointe sud-ouest de la tribu d’Éphraïm, à l’ouest de Béthoron inférieur (Beit l Ur et-Tahta). Jos., xvi, 3. Voir Éphraïm 2, t. ii, col. 1874. Elle était à une journée de marche d’Adazer ou Adarsa (Khirbet Adaséh), localité située au nord de Jérusalem. I Mach., vii, 45. Enfin l’indication la plus précise nous est donnée par Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 127, 244, qui nous disent que, de leur temps, Gazer était encore un bourg, x<op.Yi, appelé TaÇâpa, à quatre milles (près de six kilomètres) au nord de Nicopolis (aujourd’hui’Amuâs). Malgré - ces renseignements, dont le dernier est si net, malgré toutes les recherches des explorateurs, l’identification de cette ville resta un problème jusqu’en

1871. En désespoir de cause, la plupart des commenta teurs, se raccrochant à une ressemblance superficielle .des noms, placèrent Gazer à Yazur, village situé au sud-est et tout près de Jaffa. Cf. R. J. Schwarz, Dos lieilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 58 ; K. von Raumer, Palàstina, Leipzig, 1850, p. 172 ; d’autres le placèrent à El-Qubâb, qui se trouve dans la direction indiquée par Eusèbe et à peu près à la distance voulue d’Amouas. Cf. Van de Velde, Menioir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 315.

Il était réservé à un savant français, M. Clermont-Ganneau, de découvrir le véritable site de Gazer. En lisant certain chroniqueur arabe de Jérusalem, Moudjir-ed-Din, il remarqua la relation d’un incident qui eut lieu en Palestine en l’an 900 de l’hégire. Il s’agissait d’une escarmouche entre un parti de Bédouins pillards et un gouverneur de Jérusalem en tournée dans le district de Ramléh. Les cris des combattants, qui se pourfendaient au village bien connu de Khoulda ou Khouldéh, étaient distinctement perçus à un autre village appelé Tell el-Djézer, « la colline de Djézer. » Ce dernier nom était le correspondant exact de l’hébreu Gézér, surtout si l’on prononce l’arabe à l’égyptienne : Guézer. Bien que toutes les cartes fussent muettes sur cet endroit, l’existence n’en était pas moins démontrée de la façon la plus positive et corroborée par l’assertion d’un géographe arabe du xme siècle de notre ère, Yakoùt, qui cite ce Tell el-Djézer comme une place forte du district de Falestin, c’est-à-dire de Ramléh. Étant à portée de voix de Khoulda, il ne pouvait en être bien éloigné. M. Clermont-Ganneau, suivant cette piste sur le terrain, découvrit Gazer à environ cinq kilomètres au nord de Khoulda, tout près d’un’village figurant sur les cartes sous le nom &’Abou-Schauschéh. Il y constata l’emplacement d’une grande cité, présentant tous les caractères d’une ville forte et répondant à toutes les conditions requises. Cependant, le nom de ce Tell el-Djézer, conservé partous les habitants d’Abou-Shouschéh, qui en fait partie, était inconnu aux gens de Khoulda, leurs voisins. Cf. Ch. Clermont-Ganneau, La Palestine inconnue, in-18, Paris, 1876, p. 14-23. , Cette découverte, déjà solidement appuyée, demandait le renfort de quelque bon argument épigraphique, par exemple d’une inscription in situ contenant le nom de la ville. Quelques années plus tard, le savant explorateur eut la bonne fortune de trouver, sur l’emplacement même qu’il avait assigné à Gazer, une série d’inscriptions décisives justifiant admirablement ses vues théoriques. En 1874, au cours d’une mission archéologique que lui avait confiée la société du Palestine Exploration Fund, il découvrit, gravée sur le rocher, à 800 mètreS environ droit à l’est de Tell el-Djézer, une première inscription bilingue, en grands caractères grecs et hébreux, contenant ces simples mots, singulièrement significatifs dans leur laconisme : ’AXxiou, ^ti nnr, « limite de Gézer, de Alkios. » Ce nom judéo-grec, Alkios, au génitif, est vraisemblablement celui du magistrat, civil ou religieux, qui avait présidé à l’établissement de cette limite officielle, vers l’époque des Machabées, à en juger par la paléographie des caractères. L’identité de Gazer et de Tell el-Djézer était donc un fait bien acquis. Ce n’était pas tout cependant ; et les nouvelles découvertes de l’éminent professeur, fruit d’ingénieuses suppositions, jettent un jour trop singulier sur cette ville et les autres cités lévitiques pour ne pas les rapporter ici.

Frappé de ce fait que ce jalon épigraphique était normalement orienté par rapport au tell, M. Clermont-Ganneau en conclut que la limite dont il s’agissait devait * être une limite enveloppant la ville, et non pas simplement une ligne de démarcation passant, par exemple, entre deux territoires contigus ; dans ce dernier cas, on s’attendrait, en effet, à avoir la mention du second territoire : « Limite de Gézer et de… » Comme il est ici

question d’une ville lévitique, il’supposa qu’on pourrait avoir affaire à la délimitation de la zone sacrée du migrasch, entourant ces sortes de villes, zone qui rappelle à plusieurs égards le irpiauxeiov ou le pomœrium de l’antiquité classique, et qui, plus tard> semble avoir servi à fixer la distance légale du fameux « chemin sabbatique », uaëSâtou ôSôç, raa mnn, dont parlent les Actes des Apôtres et le Talmud. Il en arriva ainsi à conclure que ce jalon épigraphique ne devait pas être isolé et qu’il devait y en avoir une série d’autres à découvrir tout autour de l’emplacement de Gazer, à des distances sensiblement égales et sur des points répartis selon des lignes normalement orientées. L’événement ne tarda pas à justifier ce raisonnement. En cherchant le long d’une ligne dirigée du sud-est au nord-ouest, il découvrit, à 150 mètres environ de la première, une seconde inscription, également gravée sur le rocher, et d’une teneur absolument identique : « Limite de Gézer ; d’Alkios. s

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22. — Inscription trouvée à Tell el-Djézer.

La seule différence c’est que les deux textes étaient disposés dos à dos, au lieu d’être mis bout à bout, comme dans le premier cas. De plus, entre les deux inscriptions, il en trouva une troisième, purement hébraïque, plus courte et d’une interprétation difficile.

Sept ans plus tard, en 1881, M. Clermont-Ganneau découvrit, toujours sur le même alignement sud-est-nordouest, un troisième exemplaire de l’inscription bilingue, dont les deux textes étaient superposés. Il ne put à ce moment explorer à fond les alentours de Tell el-Djézer pour y chercher les autres jalons épigraphiques similaires qui devaient, selon lui, exister sur les autres côtés du migrasch : nord, ouest, et sud. Mais le P. Lagrange, continuant ces investigations, a trouvé, en 1898, un quatrième exemplaire de l’inscription, conçu dans les mêmes termes et gravé sur le rocher. La disposition des deux textes est identique à celle du second exemplaire, c’est-à-dire que la ligne hébraïque et la ligne grecque sont adossées. Voir fig. 22. Mais ce qui est surtout important, c’est la position qu’occupe ce jalon par rapport au Tell el-Djézer et aux autres textes congénères. Il est, en effet, au droit sud du Tell, par conséquent dans une région toute différente du premier groupe situé à l’est ; ce qui tend à démontrer qu’il s’agit bien dé lignes limitant une zone périphérique à la ville. L’aire ainsi limitée formait peut-être un carré orienté par ses angles. Cf. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1888-1899, t. iii, p. 116-123, 264268 ; Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, septembre-octobre 1898, IVe /Série, t. xxvi, p. 686-694 ; mars-avril 1899, t. xxvii, p. 247-251 ; Revue biblique, Paris, janvier 1899, t. viii, p. 109-115 ; juillet 1899, t. viii, p. 422-427.

Tell el-Djézer occupe une situation importante à l’entrée des montagnes qui bordent la plaine de Séphélah. Voir fig. 23. C’est une colline oblongue, orientée de l’ouest à l’est, au-dessus du village d’Abou-Schouschéh, au sud-est de Ramléh, à droite de la route qui va de Jaffa à Jérusalem, à gauche de la ligne du chemin de fer. On dirait un fort avancé, détaché du rempart montagneux qui s’élève peu à peu vers l’est, et dominant de

DICT. SE LA BIBLE.

75 à 80 mètres les vallées environnantes, avec une altitude de 260 mètres environ au-dessus de la Méditerranée. A l’extrémité occidentale se trouve l’ouély de Scheikh Mohammed el-Djézary, et à l’extrémité orientale sont les restes d’une construction rectangulaire. On a, de l’édifice musulman, une magnifique vue sur la plaine maritime, avec Ramléh au nord-ouest entourée de ses jardins, de ses bois d’oliviers et de palmiers. La vallée qui suit le tell au sud tourne vers l’est et le sépare de Khirbet Yerdéh, où se trouve une belle source. Sur les flancs rocheux de la colline, principalement au nord et à l’est, on voit de nombreuses excavations, tombeaux et pressoirs ; on compte plus d’une vingtaine de ces der Schi

Scteac%"

Mousa Telli’a

Echelle

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23. — Carte des environs de Tell el-Djézer.

niers. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, Londres, 1874, p. 5-6, 56 ; 1875, p. 74-77 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 42&440 ; C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 6.

III. Histoire.

Gazer (fig. 24) est une des plus anciennes villes de la Palestine et a joué un rôle assez important. Elle existait déjà avant l’arrivée des Israélites dans le pays de Chanaan. Les monuments de l’histoire profane confirment sous ce rapport les données de la Bible. Un roi égyptien de la XVIIIe dynastie, Thothmès III, s’en empara, et le nom de la vieille cité est resté gravé sur les pylônes de Karnak. Elle eut alors des. gouverneurs qui l’administraient sous l’autorité des pharaons. Les Tablettes de Tell el-Amarna nous apprennent que celui qui la gouvernait sous Aménophis III et Aménophis IV s’appelait Yapahi. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 329, 331. Elle est mentionnée avec Ascalon et Israël (Isiraalu) sur la stèle de Ménéphtah, de la XIXe dynastie, mais l’orthographe du nom diffère un peu de celle des listes, de Thothmès III. Cf. Revue biblique, avril 1899, p. 271, 273. Lors de l’entrée des hébreux dans la Terre Promise, elle avait pour roi Horam, ou Élam d’après les Septante. Ce prince, ayant voulu secourir Lachis, fut exterminé avec tout son peuple par Josué, x, 33 ; xii, 12. Dans le partage primitif du territoire conquis, elle formait la limite sud-ouest de la tribu d’Éphraïm. Jos., xvi, 3. Mais il est possible

m. - 5

que, comme certaines villes frontières, elle ait été ensuite enclavée dans la tribu de Dan. Voir Éphraïm 2, t. ii, col. 1874. Néanmoins les habitants chananéens ne furent pas détruits et demeurèrent tributaires au milieu des enfants d’Israël. Jos., xvi, 10 ; Jud., i, 29. Ville de refuge, elle fut assignée aux Lévites fils de Caath. Jos., xxi, 21 ; I Par., vi, 67 (hébreu, 52). David, vainqueur des Philistins, les poursuivit depuis Gabaon (I Par., xiv, 16, et Septante, II Reg., v, 25), ou depuis Gabaa (hébreu : Géba', II Reg., v, 25), jusqu'à Gazer (Vulgate : Gézer, II Reg., v, 25 ; Gazera, I Par., xiv, 16). Il fit également contre eux à Gazer (Gob, d’après II Reg., xxi, 18), une expédition dans laquelle se signala un de ses héros. I Par., xx, 4. Les Chananéens habitaient encore cette ville comme tributaires pendant le règne de Salomon. A cette époque, un pharaon d’Egypte, dont la Bible n’indique pas le nom, s’empara de cette place, la livra aux flammes et tua tous les Chananéens qui s’y trouvaient, puis il la donna en dot à sa fille, devenue l'épouse du

du récit dénotent un siège en règle. Simon investit la ville avec son armée, s’approcha des remparts avec des machines (d’après le grec : des èXsiufteic, des % prendvilles » ), attaqua une tour et s’en empara. Ceux qui étaient dans une de ces machines firent irruption dans la ville, où il y eut un grand tumulte. Les habitants, montant sur les murailles avec leurs femmes et leurs enfants, et ayant leurs tuniques déchirées en signe de deuil et de supplication, demandèrent grâce. Simon, apaisé, cessa de les combattre ; if les chassa cependant de la cité, purifia les maisons souillées par les idoles, fit son entrée au chant des hymnes et y établit sa demeure. Jean, son fils, s’y fixa également après avoir été nommé généralissime des troupes juives. I Mach., xiii, 54 ; xvi, 1. Ptolémée, son gendre, après l’avoir traîtreusement assassiné avec deux de ses fils, envoya des affidés à Gazara pour perdre Jean lui-même ; mais, prévenu à temps, celui-ci échappa au péril et mit à mort ceux qui étaient venus pour s’emparer de lui. I Mach., xvi, 1P,

Vue de Tell el-Djézer. D’après une photographie.

monarque Israélite. III Reg., ix, 16. Celui-ci la rebâtit. III Reg., IX, 15, 17. Cf. F. Vigouroux, La Bible et lés découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 266-270. A l'époque des Machabées, Gazer figure souvent dans les luttes soutenues par les Juifs contre les Séleucides, et elle devient un des principaux boulevards des princes asmonéens. Judas Machabée, ayant défait les troupes de Gorgias non loin d’Emmaûs, les harcela jusqu'à Gazer (Vulgate : Gézérori) et jusque du côté d’Azot et de Jamnia. I Mach., iv, 15. Plus tard, il remporta près d’Adarsa une brillante victoire surNicanor, qui périt dans le combat, et il poursuivit, l’espace d’un jour de marche, l’armée fugitive jusqu'à Gazara ou Gazer. I Mach., . vii, 45. Après la mort de Judas, Bacchide se rendit maître de la place et la fortifia. I Mach., ix, 52. Elle retomba ensuite au pouvoir de Simon Machabée, qui y laissa une garnison juive. I Mach., xiv, 7, 34 ; xv, 28, 35. Le siège en est raconté d’une manière assez tragique I Mach., xiii, 43-48. Bien que tous les manuscrits grecs et les anciennes versions nomment ici Gaza, il est très probable qu’il faut plutôt, avec Josèphe, Ant. jud., XIII, vi, 6 ; Bell, jud., i, ii, 2, lire Gazara. « C’est à cette leçon que les critiques donnent assez généralement et à bon droit la préférence. En effet, la lointaine Gaza ne nuisait en rien à l’indépendance des Juifs. Il n’en était pas de même de Gazara, si rapprochée de Jérusalem, et qui était, avec l’Acra, le principal appui du parti helléniste. Cf. I Mach., ix, 52 ; x, 12 ; xiv, 7, 34. » Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1899, t. vi, p. 768. Les détails

21. —La Gazara de II Mach., x, 32, place forte ou château fort (en' grec : TdtÇapa XeYÔji-evov ôxuptûjia, eî >.aka. çpoûpiov), où Timothée se réfugia, et où il fut assiégé, par Judas, puis vaincu et mis à mort, prête matière à difficultés. Parmi les commentateurs, les uns l’assimilent S Jazer de Num., xxxii, 35, située dans la tribu de Gad, à l’est du Jourdain ; les autres y voient Gazer ou Tell el-Djézer ; d’autres enfin ne savent comment l’identifier. Cf. Fillion, La Sainte Bible, t. vi, p. 860 ; F. X. Patrizi, Deconsensu utriusque libri Machabseorum, in-4°, Rome, 1856, p. 259 ; CF. Keil, Die Bâcher der Makkabàer, in-8°, Leipzig, 1875, p. 386. Ce qu’il y a de certain, c’est que les détails donnés, II Mach., x, 32-38, sur le siège de cette place, siège qui dura quatre jours, conviennent bien à Tell el-Djézer. — Cf. Ch. Clermont-Ganneau, Archseological Researches in Palestine, Londres, 1896, t. ii,

p. 224-265.
A. Legendre.

2. GAZER (Codex Alexandrinus : 'WCw, CodexSinaiticus : 'IâÇrjp), ville située à l’est du Jourdain et prise par Judas Machabée. I Mach., v, 8, La leçon probable du grec est 'IâOlpvussi reconnaît-on ici Jazer de la tribu de Gad. Jos., xiii, 25. Voir Jazer.

    1. GAZERA##

GAZERA (hébreu : Gâzerâh ; Septante : TaÇripi), ville de Palestine, signalée à propos d’un combat de David contre les Philistins. I Par., xiv, 16. Elle est identique à

Gazer. Voir Gazer t.
A. Legendre.
    1. GAZERIN##


GAZERIN, nom chaldéen d’une classe de devins de

BabylôTie qui prédisaient l’avenir au moyen des astres. Dan., ii, 27 ; iv, 4 ; v, 7, 11. Vulgate : Aruspices. Voir Divination, 11°, t. ii, col. 1447, et Aruspices, 1. 1, col. 1050.

    1. GAZOPHYLACIUM##

GAZOPHYLACIUM (hébreu : ganzak, ’ôsâr ; Septante : ïaÇoçvXixiov, Q-^aa-upâi ;  ; Vulgate : gazophylacium, thésaurus), la salle où se gardait le trésor du Temple et, par métonymie, le trésor lui-même.

I. Son histoire.

1° La constitution d’un trésor affecté au service du Sanctuaire remontait à Moïse, qui frappa tout Israélite d’un impôt d’un demi-sicle dans ce but. Exod., xxx, 11-16. Ce trésor eut besoin de gardiens, et quatre familles lévitiques furent investies de cette fonction par Samuel et par David. I Par., IX, 22, 26. Ce dernier désigna ensuite pour cet office les fils de Jéhiéli. I Par., xxvi, 22-26. — 2° Quand David songea à bâtir le Temple, les chefs de famille et les officiers royaux apportèrent au trésor tout ce qu’ils avaient de pierres précieuses. I Par., xxix, 8. Le roi laissa à son fils le plan des ganzakkîm ou chambres du trésor qu’il avait à ménager dans la construction de l’édifice.

I Par., xxviii, 12. Quand l’œuvre fut achevée, Salomon plaça dans le trésor l’or, l’argent et tous les ustensiles mis en réserve par son père. III Reg., vii, 51 ;

II Par., v, 1. — 3° Sous les rois suivants, le trésor du Temple subit différentes vicissitudes. Sous Roboam, Sésac, roi d’Egypte, s’en empara, après être entré victorieux à_. Jérusalem. III Reg., xiv, 26 ; II Par., xii, 19. Asa prit l’or et l’argent du trésor et les envoya à Bénadad, roi de Syrie, afin de le décider à prendre parti pour lui contre Baasa, roi d’Israël. III Reg., xv, 18 ; II Par., xvi, 12. — 4° Sous Joas, les prêtres recevaient directement, de la main à la main, l’argent destiné au trésor. Ils ne faisaient probablement que continuer ce qui s’était constamment pratiqué jusqu’à cette époque. Mais leur négligence à réparer le Temple obligea le roi à intervenir et les prêtres à se décharger sur lui de l’entretien de l’édifice. Le grand-prêtre Joïada fit alors disposer un coffre, muni d’un trou à sa partie supérieure, et les prêtres y versaient ce qu’ils recevaient pour le Temple. Quand le coffre était plein, le secrétaire du roi et le grand-prêtre en comptaient le contenu et remettaient l’argent aux entrepreneurs des travaux de réparation. L’argent des sacrifices pour le délit et pour le péché restait seul aux prêtres, auxquels il appartenait personnellement. Après sa défaite par Hazaël, roi de Syrie, Joas prit tout ce qu’il y avait dans le trésor et l’envoya au vainqueur, pour l’empêcher de marcher sur Jérusalem. . IV Reg., xii, 4-18 ; II Par., xxiv, 4-25. — 5° Nabuchodonosor, après avoir pris Jérusalem, s’empara du trésor du Temple, IV Reg., xxiv, 13 ; II Par., xxxvi, 18, et le transporta dans le trésor de son dieu. Dan., i, 2. — 6° Dans sa description du Temple, Ezéchiel, xlii, 13, mentionne les chambres où les prêtres doivent déposer les choses très saintes et les offrandes. Dans plusieurs autres passages de Jérémie, xxxv, 4 ; xxxvi, 10-21, et d’Ézéchiel, xl, 17 ; xli, 10 ; xlii, 1, etc., où les versions emploient le mot gazophylacium, il est seulement question de diverses chambres du Temple, non du trésor. — 7° Au retour de la captivité, le trésor fut reconstitué par la restitution que Cyrus fit des vases sacrés, I Esdr., i, 8-11, et par des dons spontanés. I Esdr., viii, 28-30. Des redevances en nature y étaient apportées. II Esdr., x, 37-39. Des prêtres et des lévites en furent établis gardiens. II Esdr., xii, 43. Néhémie fit expulser des chambres du trésor l’Ammonite Tobie, parent du prêtre Éliasib, qui avait toléré cette intrusion, et il rétablit les Choses dans l’état où elles devaient être. II Esdr., xiii, 4-13. On voit par ces récits que la chambre du trésor proprement dit avait pour annexes des magasins dans lesquels on déposait les dons en nature, dîmes du blé, du viii, de l’huile, que les lévites devaient apporter. Mais ces objets ne constituaient pas, à proprement parler,

le-trésor du Temple, puisqu’ils étaient réservés à l’usage des prêtres. Voir Dîme, t. ii, col. 1434. — 8° Antiochus IV Épiphane pilla complètement le trésor du Temple et s’y empara de dix-huit cents talents (plus de huit millions en talents d’argent hébraïques). I Mach., i, 24 ; IIMach., v, 21.’Au temps de Séleucus IV, un Juif, nommé Simon, révéla à Apollonius, , officier syrien, que le Temple renfermait d’énormes sommes, qui constituaient la fortune publique et n’étaient point exclusivement destinées aux sacrifices. Cette allégation était vraie, parce que les Juifs n’avaient pas d’autre trésor public que celui du Temple. C’est seulement au temps des rois qu’on avait distingué entre le trésor royal et celui du Temple. Voir Trésor. Démétrius envoya son intendant, Héliodore, pour mettre la main sur les richesses du Temple. Le grand-prêtre Onias, pour s’opposer à cet enlèvement, déclara que les coffres contenaient des dépôts, le bien des veuves et des orphelins, les fonds du riche citoyen Hircan, fils de Tobie, en tout quatre cents talents d’argent (trois millions et demi en talents hébraïques, un peu plus de cinq cent mille francs en talents syriens) et deux cents talents d’or (plus de vingt-six millions en talents hébraïques, probablement un demi-million seulement en talents syriens).* Dieu intervint pour protéger le trésor contre la cupidité d’Héliodore. II Mach., iii, 5-11, 26-27. — 9° À la prise de la ville par Pompée, le trésor renfermait deux mille talents (environ dix-sept millions, en supposant l’estimation faite en talents hébraïques d’argent). Le général romain les respecta. Joséphe, Ant. jud., XIV, iv, 4 ; Bell, jud., i, vii, 6. Moins scrupuleux, Crassus prit au Temple huit mille talents, quatre fois la somme laissée par Pompée. Ant. jud., XIV, vil, 1. — 10° Dans le Temple restauré par Hérode, le gazophyla-, cium occupait la droite du parvis des femmes, afin que tout Israélite put y accéder aisément. Il était précédé d’un portique remarquable par la hauteur et la richesse de ses colonnes. Josèphe, Bell, jud., V, v, 2. C’est au sommet de ce portique qu’Hérode Agrippa suspendit la chaîne d’or que Caligula lui avait offerte en souvenir de sa captivité à Rome sous Tibère. Josèphe, Ant. jud., XIX, vi, 1. Les abords de la salle du trésor portaient le nom de gazophylacium. Aussi saint Jean, iii, 20, dit-il que Jésus enseignait dans le gazophylacium. De cet endroit, on voyait aisément ce qui se passait auprès du trésor. Marc, xii, 43 ; Luc, xxi, 1. — 11° Pilate, se conformant d’ailleurs aux coutumes juives, prit dans ce trésor ce qui était nécessaire pour la construction d’un aqueduc. Josèphe, Bell, jud., II, ix, 4. S’il mécontenta les Juifs, c’ebt sans doute qu’en cette circonstance il se comporta avec le manque d’égards qui lui était familier.

— 12° Enfin, pendant la guerre de Judée, le prêtre Jésus, fils de Thébuthi, et le trésorier Phinéas livrèrent à Titus tous les objets précieux que renfermait le trésor. Bell, jud., VI, viii, 3.

IL Son fonctionnement. — 1° Outre le demi-sicle prescrit par Moïse, Exod., xxx, 11-16, le trésor recevait l’argent du rachat des premiers-nés, Num., xviii, 15 ; des vœux, Lev., xxvii, 2-8, etc., et les dons volontaires, IV Reg., xii, 4, même des étrangers au culte du vrai Dieu. I Esdr., vii, 15-17, etc. Il n’était pas permis de verser au trésor l’argent provenant d’un acte criminel ou infâme. Deu t., xxiii, 18 ; Prov., xv, 8 ; xxi, 27 ; Eccli., xxxiv, 21 ; Matth., xxvii, 6. Au temps de Notre-Seigneur, le trésor portait le nom de Corbona. Marc, vii, 11 ; Matth., xxvii, 6. Voir Corbona, t. ii, col. 964. —2° Pour mettre les offrandes dans le trésor, au moins dans le Temple d’Hérode, il n’était pas nécessaire de s’adresser directement aux prêtres. Le long de la muraille de droite du parvis des femmes, s’ouvraient des orifices dans lesquels on versait l’argent, qui de là tombait dans les caisses de la chambre du trésor. Ces orifices portaient le nom de Sôfàrôf, s. trompettes, » ce qui indique assez leur forme allongée et évasée à l’extrémité. Ils étaient.

au nombre de treize, répondant à autant de destinations différentes : 1. demi-sicles de l’année courante ; 2. demisicles de l’année échue ; 3. colombes et tourterelles ; 4. holocaustes ; 5. bois ; 6. encens ; 7. or et argent pour’les ustensiles du Temple. Les six autres, portant l’inseription « à volonté », recevaient ce qui restait à offrir quand on avait donné le nécessaire pour les sacrifices : 8. surplus d’un sacrifice expiatoire ; 9. surplus d’un sacrifice pour le délit ; 10. surplus des sacrifices pour certaines impuretés légales ; 11. surplus du sacrifice de nazirat ; 12. surplus du sacrifice des lépreux ; 13. surplus des offrandes volontaires. L’argent des sept premiers troncs, particulièrement des 3 et 4, était employé par les prêtres sans qu’on eût à s’en occuper ; ils immolaient autant de victimes que l’indiquaient les sommes remises. L’argent des six derniers troncs servaient à offrir des holocaustes. Schekalim, vi, 5 ; Gem. Yqma, 55, 2. — 3° Trois fois l’an, quinze jours avant les trois grandes fêtes, on tirait du trésor trois coffres d’argent pour solder les différents objets nécessaires aux sacrifices de ces fêtes et payer les personnes qui remplissaient Certains offices accessoires. Ce qui restait dans le trésor, après qu’on en avait retiré ces trois coffres, était employé à différents travaux d’entretien et de réparation au Temple, aux aqueducs du sanctuaire et même aux tours’et aux murs de la ville. Gem., Ketuboth, 106, 2. Les sommes qui n’avaient pas été dépensées à ces travaux servaient à acheter du viii, de l’huile et de la farine pour les offrandes des particuliers, auxquels on les vendait avec un profit pour le trésor. Cf. Reland, Antiquitates sàcrse, Utrecht, 1741, p. 47-50. — 4° La scène décrite dans l’Évangile, Marc, xii, 41-44 ; Luc, xxi, 1-4, nous montre les riches versant leurs offrandes avec ostentation dans le trésor. On pouvait se rendre compte dé l’abondance des dons qu’ils apportaient, et, pareils aux hypocrites qui faisaient sonner de la trompette pour avertir qu’ils allaient distribuer leurs aumônes, Matth., vi, 2, ils prenaient soin que la foule, nombreuse aux abords du gazophylacium, n’ignorât rien de leurs libéralités. Notre-Seigneur met l’humble aumône de la veuve au-dessus de leurs dons orgueilleux.

H. Lesêtre.
    1. GÉANTS##


GÉANTS, hommes d’une stature extraordinaire. La Sainte Écriture parle plusieurs fois d’hommes auxquels les versions donnent le nom de géants, et qui portent en hébreu des appellations diverses.

I. Les nefîlîm.

1° On lit dans un récit de la Genèse, vi, 4, qui se rapporte à l’époque antérieure au déluge : « Les nefîlîm étaient sur la terre en ces jourslà, et aussi après que les fils d’Elohim s’unirent aux filles des hommes et qu’elles leur engendrèrent : ce sont là les gibborîm (les forts), qui autrefois furent hommes de renom. » L’étymologie du mot nefîlîm n’est point assurée. Gesenius, Thesaurus, p. 899, tire ce nom de nâfal, « tomber. » Les nefîlîm seraient, non pas, comme pensent quelques hébraïsants, ceux devant qui l’on tombe, par crainte ou par faiblesse, mais ceux qui tombent sur les autres par violence et avec la supériorité de leur force. Cf. Gen., xliii, 18 -..hitnappêl’alênu, « tomber sur nous. » Ce sens est adopté par Aquila : èittm’irrovTEç, et Symmaque : (itaîoi. D’autres rattachent nefîlîm à pdlâ’, « distinguer, » d’où le niphal, « être remarquable, grand, étonnant. » Ces étymologies ne s’imposent pas, et ni les Septante : ylfavx(, ni la Vulgate : gigantes, ne paraissent s’en être inspirés. Dans la mythologie, les géants étaient des hommes sauvages et d’énorme stature que Zeus détruisit, Odyss., vii, 59, 206 ; x, 120, des fils de Gœa, personnification de la terre, Hésiode, Theog., 185, des fils de la terre et du Tartare, qui se révoltèrent contre Jupiter, voulurent escalader le ciel, furent foudroyés et ensevelis sous l’Etna. Ovide, Metam., i, 152, v, 319 ; Fast., v, 35 ; Cicéron, De nat. deor., ii, 28, 70 ; ’Lucrèce, iv, 139 ; v, 118, etc. Les deux versions se ser vent donc ici, comme dans d’autres passages, d’un’terme mythologique pour rendre, par analogie, un mot hébreu qui exprime une idée positive et historique. Il suit decette interprétation que les nefîlîm constituaient une race d’hommes remarquables par leur force, peut-être leur stature plus haute que celle des autres hommes, et la domination qu’ils exerçaient sur le monde de leur temps. Saint Jérôme, In Is., vi, 14, t. xxiv, col. 219, remarque que les Gentils appelaient « géants » ceux qui sont nés de la terre, tandis que nous donnons ce nom àceux qui accomplissent des œuvres terrestres. Dans les livres postérieurs de la Bible se retrouvent quelques allusions à ces êtres antédiluviens. Dans le cantique qui termine le livre de Judith, xvi, 8, il est dit que l’ennemi a été terrassé par une femme, non par les fils des Titans, viol TtTÔvtùv, filii Titan, ni par les hauts géants, û<lii]Àoi Fifavreç. Les Titans étaient, selon la mythologie, issus de Titan, fils d’Uranus, et de la terre. Révoltés contre Saturne, frère aîné de leur père, ils furent foudroyés par Jupiter et précipités dans le Tartare. C’étaient donc des êtres analogues aux géants, et le livre de Judith évoque probablement, sous ces noms d’emprunt, le souvenir des nefîlîm d’autrefois. Le livre de la Sagesse, xiv, 6, désigne plus clairement les orgueilleux géants, ûitepriçoivoi Y’YawEc, superbi gigantes, qui périrent dans les eaux du déluge. Cf. III Mach., ii, 4. Ces textes supposent que les nefîlîm formaient une race forte, audacieuse, orgueilleuse et en révolte contre Dieu ; mais rien n’indique en eux, comme caractère saillant, l’idée de stature énorme que nous attachons au mot « géants ». Du texte de la Genèse, vi, 4, on peut tirer d’importantes conclusions. Tout d’abord, les nefîlîm préexistaient sur la terre à l’union des « fils de Dieu » et des « filles de l’homme », puisque le texte dit formellement qu’il y en eut aussi, vegam, après cette union. Ces nefîlîm étaient-ils descendants de Seth ou de Caïn ? Probablement des deux. Rien ne laisse supposer en effet que le crime de Caïn ait causé une dégénérescence physique dans sa race. L’union des « fils de Dieu » avec les ci filles de l’homme » semble au contraire avoir apporté une certaine modification dans l’état de l’humanité, car les fils qui sortirent de cette union ne furent pas des nefîlîm, comme leurs ancêtres, dont beaucoup existèrent encore jusqu’au déluge, mais seulement dès gibborîm, « des forts. » Ces derniers se firent un nom. L’auteur sacré ne dit pas à quel titre. Il est possible qu’ils aient cherché la célébrité, en posant pour des hommes plus avisés, plus entreprenants que leurs pères, en faisant de l’oubli de Dieu une condition de bonheur et de progrès, enfin en contractant des unions avec la partie maudite, mais peut-être plus industrieuse, du genre humain. Josèphe, Ant. jud., i, iii, 1, les appelle « des fils déshonorés, qui, se fiant à leur valeur, méprisèrent toute honnêteté ». C’est seulement à raison de leur audace contre Dieu qu’il les compare aux rcyavue ; des Grecs. — 2° Au livre des Nombres, xiii, 33, apparaît pour la seconde et dernière fois le nom de nefîlîm. Voici en quelles circonstances. Moïse avait envoyé en avant, dans le pays de Chanaan, des espions chargés de l’explorer. Ceux-ci s’avancèrent jusqu’à Hébron, et en rapportèrent une grappe de raisins si considérable que deux hommes la portaient sur une perche. Caleb et Josué, Seuls parmi les envoyés, déclarèrent au retour que les Israélites pouvaient parfaitement se rendre maîtres du pays. Mais lesautres dirent : « Le pays dévore ses habitants. Tous ceux que nous y avons vus sont des hommes de haute taille. Là, nous avons vu des nefilîm, fils d’Énac (issus) de nefîlîm, et nous étions à nos yeux comme des sauterelles, et nous l’étions à leurs yeux. » Pour interpréter ce texte, il faut d’abord se souvenir que les espions hébreux ne pouvaient connaître les nefilîm d’avant le déluge que par ouï-dire. Si la restriction du déluge à une partie seulement de l’humanité était scientifique

ment démontrée, on pourrait admettre, avec certains auteurs, que ces nefilîm sont les descendants directs des Caïnites antédiluviens. Cf. Motais, Le déluge biblique, Paris, 1885, p. 335. Mais cette démonstration n’est pas faite. Voir Déluge, t. ii, col. 1356. On peut donc dire que les nefilîm contemporains de Moïse ne sont ainsi nommés que par analogie. À leur époque, le mot nefilîm désignait des hommes de haute taille. D’autre part, il faut peser le témoignage de ceux qui en parlent. Ce sont des gens effrayés, qui veulent faire partager leur frayeur à tout le peuple. L’expression dont ils se servent : « Nous étions auprès d’eux comme des sauterelles, » doit donc être débarrassée du caractère hyperbolique dont l’ont revêtue le génie oriental, l’effroi des espions et le complot que ceux-ci avaient formé de détourner leurs compatriotes de la conquête de Chanaan. Il reste alors ceci. Certains Chananéens étaient des hommes de plus haute stature que les Hébreux ; ils constituaient une race physiquement plus forte et d’apparence redoutable. Mais ils n’avaient probablement rien de commun avec les anciens nefîlîm, et, en somme, les Hébreux réussirent à les vaincre plus tard et à s’emparer du pays de Chanaan. — Cette idée que les premières générations humaines possédaient une stature plus élevée que leurs descendants demeura fixée dans le souvenir des anciens peuples. On en retrouve l’expression dans le quatrième livre d’Esdras, T, 52-55, œuvre apocryphe où il est expliqué que la taille des hommes s’abaissa peu à peu, à mesure que les géné-Tations se succédaient. Au point de vue anthropologique, rien n’a encore démontré que les premiers hommes aient eu une taille notablement supérieure à celle de leurs descendants. Les fossiles humains remontant à l’époque préhistorique sont trop rares et trop incomplets, pour qu’il soit permis d’en tirer une conclusion quelconque au sujet de la stature. Voir Adam, t. i, col. 191. Cf. N. Joly, L’homme avant les métaux, Paris, 1888, p. 75. Sans doute, on trouve de temps en temps d’antiques ossements humains accusant une taille extraordinaire, qui va parfois jusqu’à près de 3 m 50. Revue des questions scientifiques, Bruxelles, juillet 1890, p. 311, 312 ; Revue scientifique, Paris, 13 octobre 1894, p. 474. Mais il est assez probable que ce sont là des cas exceptionnels, analogues à ceux de ces hommes à taille colossale qui se rencontrent encore de temps en temps de nos jours, et dont on a vu plusieurs atteindre près de 3 mètres de haut. — L’Ecclésiastique, xvi, 8, parle de ces antiques géante qui ne surent pas implorer le pardon de leurs péchés et périrent avec leur puissance.

II. Les gïbbôrîm.

Leur nom vient de gâbar, a. être fort. » Les gïbbôrîm sont habituellement dans la Sainte Écriture les hommes remarquables par leur force et leur courage, ceux que nous appelons des « héros ». Voir t. i, col. 973. Parfois les versions leur donnent le nom de géants. Nous avons vu que les « fils de Dieu » qui s’unirent aux « filles de l’homme », Gen., vi, 4, donnèrent naissance à des gïbbôrîm, ytyavreç, gigantes, dont le nom hébreu marque au moins une dissemblance avec les nefilîm. De ces gïbbôrîm, nés de « fils de Dieu » et de « filles de l’homme », les Grecs ont fait leurs jqfu6soi, nés d’un être divin et d’un être humain, demidieux ou héros. Iliad., xii, 23 ; Hésiode, Op. et dies, 159, etc. — Nemrod « commença à être gibbôr (yiyaî, potens) sur la terre, et fut un gibbôr (yt’yaç, robustus) chasseur devant Jéhovah ». Gen., x, 8, 9. Dans ce texte, et quelques autres où les Septante traduisent par yt’yac, Ps. xix (xviii), 6 ; Is., iii, 2, etc., il n’y a pas lieu de donner à gibbôr un sens différent de celui qu’il a communément.

III. Les refâ’îm. — Ce nom désigne des peuplades d’origine chananéenne, voir Raphaïu, et quelquefois les âmes des morts. Les versions ont fréquemment pris les refâ’îm pour des géants. Prov., ir, 18 :-pfiyevEîc (fils de Ja terre, Géants ou Titans), inferi ; ix, 18 : y/jysveîc,

gigantes (Symmaque : 8so[ieéxot) ; XXI, 16 : ytyavTe ;, gigantes ; Is., xiv, 9 : yiyixvTec, gigantes. Dans deux passages, les versions lisent rofim, « médecins, » au lieu de refâ’îm. Ps. LXXxviii (lxxxvii), 11 : îoiTpo :, medici ; Is., xxvi, 14 : tatpot, gigantes. Il résulte de là que le mot refâ’îm ne peut rappeler l’idée de géants que quand il est question du peuple des Raphaïm, et encore faut-il seulement entendre par ces géants des hommes de taille plus élevée que celle des Hébreux, et redoutables aux yeux de ces derniers par leur sauvagerie et leur férocité. Parmi ces peuples, la Sainte écriture mentionne, avec les Raphaïm, les Émim, les Énacites et les Zuzim. Voir ces mots. — Baruch, iii, 26, rappelle ces géants d’autrefois, qui étaient d’une taille élevée et savaient la guerre, et que cependant le Seigneur ne choisit pas pour leur révéler le chemin de la sagesse.

IV. Quelques géants particuliers.

La Sainte Écriture mentionne spécialement Og, de la race des Rephaïm et roi de Basan, dont le lit ou sarcophage était long de neuf coudées (plus de trois mètres et demi), Deut., iii, 11 ; Goliath, dont la taille avait six coudées et un empan (environ deux mètres soixante). I Reg., xvii, 4. Voir Og, Goliath. — Saül dépassait tout le peuple de la tête. I Reg., xi, 23, 24. — Banaïas. l’un des officiers de David, avait tué un Égyptien haut de cinq coudées (deux mètres). I Par., xi, 23. — Josèphe, Ant. jud., XVIII, iv, 5, mentionne un Juif, nommé Éléazar, géant de sept coudées (deux mètres quatre-vingt-cinq), que le roi des Parthes, Artaban, envoya en présent à l’empereur Tibère. Voir Enacites, t. ii, col. 1766.

W T ifï’c ; É T’r, Tï ir

GÉBA (hébreu : Gâba’, II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; Géba’, II Esd., xii, 29 ; Septante : Vx.ëaâ), ville de la tribu de Benjamin, réhabitée par les Juifs au retour de la captivité. II Esd., vii, 30 ; xi, 31 ; xii, 29. Voir Gabaa 2, col. 4.

A. Legendre.

1. GÉBAL (hébreu : Gebal ; Septante : TeeàX), la Byblos des Grecs, ville de Phénicie (fig. 25). Le nom de Gébal (aujourd’hui Djébaïl) vient de gâbal, « entrelacer, » et désigne une région montagneuse (cf. l’arabe djebel, « montagne » ). Son nom ne se lit qu’une seule fois dans le texte hébreu de la Bible, dans Ezéchiel, xxvii, 9, où les plus expérimentés des Gibliens, ziqnê Gebal va-l}âkâméhâ (Vulgate ; senes Giblii et prudentes ejus), sont désignés comme ayant contribué à la fortune de Tyr. Le

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25. — Monnaie autonome de Byblos.

Tète de Tyché, diadémée, voilée et tourelée, à droite. — $j. L, À a t,

d, iꝟ. 4 ttf. Chronos phénicien, androgyne, à six ailes éployées,

debout, à gaucbe.

Gébal (Gebdl) dont le nom se trouve au Ps. lxxxii, 8, dans l’énumération des peuples qui se liguent contre le Dieu d’Israël, ne doit pas s’appliquer à la ville phénicienne, d’après l’opinion la plus probable. Voir GÉBAL 2. Les Gibliens ou Giblites (hébreu : Giblîm ; Vulgate : Giblii), c’est-à-dire les habitants de Gébal, sont mentionnés : — 1° dans le texte hébreu de Josué, xiii, 5, oùils semblent désignés comme devant être conquis par les fils d’Israël, mais ce texte, différemment traduit par les Septante qui portent TaXtàB $u).i<7rt£Î[i, et par la Vulgate qui supprime les Gibliens, est probablement fautif ; >

— 2°dans III Reg., v, 18 (hébreu, I Reg., v, 32), où il est dit que les Gibliens préparèrent les pierres et les bois pour édifier la maison du Seigneur, de concert avec les

ouvriers de Salomon et ceux de IJiram, roi de Tyr. Le nom de Gébal, écrit tantôt Gubal, tantôt Gubli, est souvent mentionné dans les tablettes de Tell el-Amarna et dans les inscriptions cunéiformes. E. Schrader, Die Keilinschriften und dos dite Testament, 2e édit., in-8°, Geissen, 1883, p. 185. Il devint pour les Grecs B-j6), o ; ou BtêXo ;. On sait toute la célébrité que valurent à cette ville sainte du paganisme les souvenirs annuellement fêtés de la mort et de la résurrection d’Adonis, le Thammuz syrien. Sous la domination grecque, les pèlerinages auprès du fleuve qui, à la fonte des neiges, roulant des terres rouges, semblait encore teint du sang du jeune chasseur blessé, devinrent de plus en plus démonstratifs et fréquents. Le sensualisme de ce temps,

marbre blanc enfoui à cinq mètres sous terre, et il l’exploite en partie comme carrière de pierres, en partie comme trésor archéologique, car il réserve consciencieusement sous clef, dans un local voisin, les statues, les chapiteaux et même quelques-unes des frises découvertes par ses travailleurs. La partie de ce temple qu’il nous a été donné de visiter est vraiment magnifique. Les nécropoles qui s’étendent au levant de Djébaïl du sud au nord offrent aussi un vif intérêt, mais à d’autres points de vue. Il semble que l’artiste, y supprimant toute décoration, a voulu donner uniquement à la maison des morts le caractère de simplicité grandiose qui convient à de telles demeures.

Le type des habitants de Byblos est remarquable de

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26. — Vue de Djébaïl, prise de la forteresse en mai 1899. D’après une photographie de M. L. Heidèt.

non moins que le mysticisme naturel aux peuples d’Orient, y trouvait largement son compte. Voir Thammuz. Comme nous le dit III Reg., v, 18, les Gibliens furent de remarquables constructeurs. Nous sommes allés à Byblos (fig.26) en mai 1899, et nous avons vu les restes de leur célèbre architecture. Il n’est pas douteux, pour quiconque a examiné les soubassements de l’enceinte du temple à Jérusalem et les grandes pierres de l’angle sud-est du château de Djébaïl, que, tout en étant d’une époque différente, les ouvriers qui ont manié et taillé en bossage ces énormes blocs de 1 mètres de long sur deux de large sont de la même école (fig. 27 et 28). Les colonnes de granit bleu ou rose couchées à Djébaïl dans le petit port depuis longtemps ensablé et où n’abordent que des barques de pêcheurs, ne suffiraient pas, rongées qu’elles sont par le temps et les flots, à nous faire juger du goût que les Gibliens déployèrent en architecture. C’est dans les fouilles fortuitement entreprises’par un des grands propriétaires du pays qu’on doit aller admirer l’art des sculpteurs de Byblos. En voulant se bâtir une maison, il a mis la main sur un très beau temple de

force et d’agilité chez les hommes, de gracieuse affabilité chez les femmes. Des maisons à l’européenne commencent à s’élever un peu partout au milieu de ruines qui n’ont, d’ailleurs, rien de triste. La petite baie azurée, dans laquelle l’antique Byblos baignait ses. pieds, demeure encore, comme toutes celles qui, jusqu’à Beyrouth, s’arrondissent successivement en courbes capricieuses, le long de jolis et riches villages, un des sites les plus enchanteurs que l’antiquité eût trouvés pour y établir des fêtes de plaisir et deo réunions de débauche en l’honneur soit d’Adonis, soit de Beltis, la « Dame de Byblos ». Les monnaies de cette ville (iig 25) portent

l’inscription : tjꝟ. 4° d i, q a Z, , U-Gebal qodSef, « à Gébal la sainte. » Des monnaies de l’époque impériale représentent le même temple de Byblos consacré à Baal et à Beltis. (Voir fig. 390, t. i, col. 1318.) — Voir Corpus inscriptionum Sèmiticarum, in-f°, Paris, 1881, t. i, fasc. i, p. 1-8 ; Strabon, xvi, 2, 18 ; E. Renan, Mission de Phénicie, in-f », Paris, 1864, p. 153-281 ; E. G. Rey, Étude sur les monuments de l’architecture militaire des

Croisés en, Syrie, in-4°, Paris, 1871, p. 217-219, avec un plan de Djébaïl, pl. xxi. E. Le Camus.

2. GÉBAL (hébreu : Gebâl ; Septante : Codex Alexandrinus : reêâ). ; Codex Vaticanus : NotëâX ; Codex Sinaiiicus : raiêàX), nom d’un peuple mentionné an Ps. lxxxii (hébreu, lxxxiii), 8, avec les Moabites, les Ammonites, les Amalécites, etc. L’auteur du cantique sacré décrit une coalition redoutable, formée contre le royaume théocratique par toutes les nations voisines, sous l’impulsion de l’Assyrie. D’après les meilleurs interprètes, cette coalition n’est autre que la ligue qui eut lieu contre Juda sous le roi Josaphat. Cf. II Par., xx, 1-29. Seulement le Psalmiste donne une liste plus complète que le second livre des Paralipomènes. Josèphe, Ant. jud., IX, i, 2,

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27. — Forteresse de Djébaïl. D’après Renan, Mission de Phénicie. Atlas.pl. xxv.

ajoute aussi aux principaux confédérés « une grande multitude d’Arabes ». Si l’on s’en rapporte à la nomenclature du Ps. lxxxii, qui suit à peu près l’ordre géographique, il faut placer Gébal au sud ou à l’est de la mer Morte. C’est, en effet, à ces régions qu’appartiennent les six premiers peuples cités avec cette tribu, Iduméens, Ismaélites, Moabites, Agaréniens, Ammonites et Amalécites. L’ouest de la Palestine est représenté par les Philistins (Vulgate : alienigense, « les étrangers » ) et les habitants de Tyr. Or les auteurs anciens, comme les voyageurs modernes, signalent au sud-est du lac Asphaltire, une contrée dont le nom, Djébâl, rappelle exactement le Gébâl hébreu. D’après Josèphe, Ant. jud., II,

I, 2, une partie de Pldumée s’appelait i ToSoXîtiç, « la Gobolitide. » Le même historien, Ant. jud., IX, ix, 1, complétant le récit de IV Reg., xiv, 7, et de II Par., xxv,

II, dit qu’Amasias, roi de Juda, fit la guerre aux Amalécites, aux Iduméens et aux Gabàlites. Les Targums et la version samaritaine du Pentateuque mettent souvent Gébalah pour « les monts de Séir ». Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 125, 149, 155, 241, etc., font de la Gébalène l’équivalent de l’Idumée

ou de la montagne iduméenne, ou tout au moins d’un district des environs de Pétra. C’est dans cette région qu’ils placent les villes d’Édom mentionnées Gen., xxxvi, 31-43, telles que Mabsar, Magdiel, Jétheth, Masréca. Le nom de Djébâl demeure encore attaché aujourd’hui au prolongement septentrional des monts iduméens, au sud de Kérak, entre l’ouadi El-Ahsy et l’ouadi El-Ghuuéir, le reste du massif s’appelant Djebel esch^Schérah jusqu’à l’extrémité méridionale. Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 410 ; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 154. Gébal du Ps. lxxxii représente donc, croyons-nous, une peuplade iduméenne. Quelques auteurs cependant confondent cette tribu avec Gébal ou Byblos, ville maritime de la Phénicie, dont parle Ézéchïel, xxvii, 9. Cf. W. Smith, Dictionary of

28. — Fragment de mur de la forteresse de Djébaïl. D’après Renan, Mission de Phénicie. Atlas, pl. xxv.

tlie Bible, 2e édit., Londres, 1893, t, i, p. 1138. Mais, dans ce cas,-l’auteur sacré aurait plutôt uni le nom de Gébal à celui de Tyr, et n’eût pas placé au milieu de nations du midi et de l’est une ville du nord,

A. Legendre.
    1. GEBBAÏ##

GEBBAÏ (hébreu : Gabbay ; Septante : r-Q^ ; Codex Alexandrinus, Ti)6zEi ; Codex Sinaiticus, Tv)êi{ç, ). D’après l’hébreu, ce mot doit s’unir au suivant pour ne former qu’un seul nom propre : Gabbay-Sdllay. La ponctuation actuelle de la Vulgate (Gebbai, Sellai) et celle des Septante séparent les deux mots ; mais la virgule doit être remplacée par un trait d’union. Gabbay-Salldy était un chef de famille de la tribu de Benjamin, habitant Jérusalem au temps de Néhémie. II Esdr., xi, 8.

    1. GEBBAR##

GEBBAR (hébreu : Gibbâr ; Septante : Txêip). Les Benê-Gibbâr (Vulgate : « les fils de Gebbar » ), au nombre de quatre-vingt-quinze, retournèrent de la captivité avec Zorobabel. I Esd., ii, 20. Le nom de Gebbar, qui indique le lieu d’origine de cette famille, est probablement une altération du nom de Gabaon, qu’on lit dans a liste parallèle de II Esd., vii, 25. Voir Gabaon, 7°, col. 21.

    1. GEBBÉTHON##

GEBBÉTHON (hébreu : Gibbefôn, « hauteur ; » Septante : Codex Vaticanus, Bs-reôûv, Jos., xix, 44 ; r « 6a9wv, III Reg., xv, 27 ; xvi, 17 ; reBeSSv, Jos., xxi, 23 ; Tagawv, III Reg., xvi, 15 ; Codex Alexandrinus, Toêoôwv, Jos., xix, 44 ; III Reg., xvi, 15 ; raêeBwv, Jos., xxi, 23 ; Vulgate : Gebbethon, Jos., xix, 44 ; III Reg., xv, 27 ; xvi, 15, 17 ; Gabatlion, Jos., xxi, 23), ville de la tribu de Dan, Jos., xix, 44, donnée aux Lévites, fils de Caath. Jos., xxi, 23. Elle est citée, Jos., xix, 44, entre Elthécé et Balaath, dont malheureusement l’identification précise est encore à trouver. Cependant, en tenant compte de l’ordre suivi par Josué dans ses énumérations, od peut regarder Gebbethon comme formant, avec Balaath, une sorte de transition entre le groupe méridional et le 143

GEBBÉTtJON — GEDDELTHI

ite

groupe septentrional des villes datâtes. Voir Dan 2, tribu et carte, t. ii, col. 1232. Voilà pourquoi il est permis, à la suite des explorateurs anglais, de reconnaître cette localité dans le village actuel de Qibbiyéh, au sudest de Beit Nebâla. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 297 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in tke Old and New Testament, Londres, 1889, p. 69. Elle se trouve ainsi non loin à.'EU-Yehudiyéh, qui représente certainement Jud, mentionnée presque immédiatement après. Jos., xix, 45. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastïca sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246, signalent, à propos de Gabathon de la tribu de Dan, une petite ville nommée Gabe, Faêt, à seize milles (près de vingt-quatre kilomètres) de Gésarée. Il est impossible de chercher aussi loin des limites de la tribu la cité dont nous parlons. Qibbiyéh n’est plus aujourd’hui qu’un pauvre village réduit à une trentaine de misérables habitations, dont la moitié sont renversées ou fort dégradées. Situé à l’extrémité de la Séphélah, sur les premiers contreforts de la montagne, il a pu avoir autrefois une certaine importance. En supposant qu’il représente réellement Gebbéthon, on comprend que les Philistins et les Israélites s’en soient disputé la possession. Nous voyons, en effet, III Reg., xv, 27, Nadab, fils de Jéroboam, occupé à faire le siège dé Gebbéthon, « ville des Philistins, » lorsqu’il fut assassiné par Baasa. Un quart de siècle plus tard, Amri l’assiégeait encore lorsqu’il fut établi roi d’Israël à la place de Zambri. III Reg., xvi, 15, 17. C’est tout ce que l'Écriture nous apprend sur l’antique cité.

A. Legendre.

GEBHARDI Heinrich Brandanus, luthérien allemand, professeur d’hébreu à Greifswald, né à Brunswick le 6 novembre 1657, mort le 1 er décembre 1729. Voici la liste de ces principaux ouvrages : De nomine tetragrammato, in-4°, Greifswald, 1689 ; Exercitationes antiaberlinm duodecim in Esaïæ cap. XL et xli, in-4, Greifswald, 1692 ; Consensus Judeeorum cum Joanne Baptista in dnctrina de satisfastione Messiæ ad Jua., i, 29, in-4°, Greifswald, 1689 ; Epistola ad amicum de resurrectione prima, Apocal., xx, 5, 6, in-4°, Greifswald, 1695 ; BeGog et Magog, Ezech., xxxrm et xxxix, Apoc, xx, 8-9, in-4°, Greifswald, 1695 ; Isagoge ad Apocalypsim divi Johannis apostoli, in-4°, Greifswald, 1696 ; De Orebhim Elise nutritoribus, naturales ne corvi an hornines intelligantur, I Sam.j xvii, 46, in-4°, Greifswald, 1697 ; Centum loca Novi Testamenti quæ R. Isaac fil. Abraham in suo Munimine fidei depravaverat vindicata, in-4°, Greifswald, 1699 ; In epistolam Judas intégra commentatio in qua preecipue orientales epistolse versiones examinantur, in-4°, Francfort, 1700, publié avec un fragment d’un commentaire de G. Dorsch sur la même épître ; De essentiali nomine Dei Jehova qua simul fabulai Schemhamphorasch orïgo aperitur, Ex., vi, S, in4°, Greifswald, 1701 ; Succincla exegesis in Ps. i et ii, in-4°, Greifswald, 1702 ; Vindiciæ quorumdam locorum Hebrxi codicis adversus Paulum Pezron, in-4°, Greifswald, 1705 ; Disputatio de vtïlpibus Simsonis, Jud., xv, 4, in-4°, Greifswald, 1707 ; De maxilla simsonea, Jud., xv, 19, in-4°, Greifswald, 1707 ; De Beelzebul, Luc., xi, 15, in-4°, Greifswald, 1707 ; Paràphrasis epistolæ ad Titum, cum notis et censura in versiones Retzii et Trillerii, in-4°, Greifswald, 1714. De 1723 à 1728, il publia en outre des études sur les petits prophètes, qui furent réunies en un seul volume par les soins de J..1. Gebhardi sous le titre : Grundliche Einleitung in die zwôlf kleinen Propheten, in-8°, Brunswick, 1734. Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 864. 882 ; t. iv, p. 564, 590, 723, 756, 764 ; Le Long, Biblioth. sacra, p. 739 ; Àllgemeine deutsche Biographie, t. viii,

1878, p. 48t.
B. Heurtebize.
    1. GECKO##

GECKO, reptile de l’ordre des sauriens, ù peu

près de même forme et de même taille que le lézard, mais d’une configuration beaucoup moins légère (flg. 29). Le gecko possède à chaque patte cinq doigts très divergents, munis d’ongles crochus, élargis à leur extrémité et pourvus en dessous d’un système de lamelles imbriquées, permettant à l’animal de faire le vide pour s’accrocher aux parois les plus lisses et les plus verticales et s’y maintenir immobile pendant des heures. La peau est de couleur grisâtre, si bien que le gecko peut passer inaperçu sur les rochers, les murailles et les troncs d’arbres. Mais cette peau semble couverte de pustules et d'écaillés granulées, qui donnent à ce petit saurien, d’ailleurs timide et inoffensif, une apparence répugnante comme celle du crapaud et le font souvent pourchasser à l'égal d’un être venimeux. Le gecko pousse un cri analogue au bruit que produit la langue quand on la détache brusquement de la paroi supérieure du palais. Ce cri lui a fourni son nom par onomatopée dans les langues modernes. L’animal se nourrit exclusivement d’insectes et habite surtout les pays méditerranéens. — Le gecko, ptyodactylus gecko, est commun en Palestine. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 145. Aussi conjecture-t-on qu’il est désigné en hébreu par le mot 'ânâqâh, nom d’un animal rangé parmi d’autres sauriens et proscrit de l’alimentation. Lev., xi, 30. Le mot 'ânâqâh viendrait de 'ânaq, « gémir, » sans que pourtant cette étymologie s’impose. Les versions ont traduit par u.vyàcXri, mygale, « musaraigne, » petit mammifère nocturne peu vraisemblablement mentionné dans cet endroit. Il serait éton-* nant au contraire que le gecko ne fût pas nommé en compagnie du caméléon et du lézard. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 265.

H. Lesêtre.

GEDDEL (hébreu : Giddêl), nom de deux personnages que la Vulgate orthographie de façons diverses.

1. GEDDEL (Septante : Tegriâ ; Codex Alexandrinus : Tzhhr, I Esdr., ii, 56, et rccSrjX ; Codex Alexandrinus : Tzhhr}, , II Esdr., vii, 58), rangé parmi les fils des serviteurs de Salomon, prisonniers de guerre attachés au service du temple. I Esdr., ii, 56. Dans la liste parallèle II Esdr., vii, 58, la Vulgate le nomme Jeddel.

2. GEDDEL (Septante : r<xSrjX), chef de famille parmi les Nathinéens revenus de captivité avec Zorobabel. II Esdr., vii, 49. Dans la liste parallèle, I Esdr., ii, 47, la Vulgate l’appelle Gaddel.

    1. GEDDELTHI##

GEDDELTHI (hébreu : Giddélti ; Septante : ToSoXXccBei ; Codex Alexandrinus : TeSoMiOt), lévite, un des quatorze fils d’Héman. Avec ses frères, il était chargé de chanter et de jouer des instruments de musique dans le temple.. I Par.', xxv, 4. Sa famille était la vingtdeuxième de celles qui, à tour de rôle, servaient dans la maison du Seigneur, ji. 29.

29. — Le gecko.

445

GEDDES — GEDÉON

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    1. GEDDES Alexander##


GEDDES Alexander, exégète rationaliste écossais, né le 4 septembre 1737, à Arradowl, dans le Banffshire, mort à Londres, le 56 février 1802. Né de parents catholiques, il se destina à l’état ecclésiastique, se rendit en 1758 au collège des Écossais à Paris et apprit l’hébreu au cours de l’abbé Ladvocat. Il fut ordonné prêtre à Dundee en 1764. Ses témérités et ses hardiesses ne tardèrent pas à le mettre mal avec l’autorité ecclésiastique. Sa traduction anglaise de la Bible avec notes critiques le fit interdire dés fonctions sacerdotales. Le premier volume contenant le Pentateuque et Josué parut, in-4°, à Londres, en 1792, sous ce titre : The Holy Bible, or the Books accounted Saa’ed by Jews and Christians, otherwise called the Books of tlw Old and New Covenants, faithfully translated from corrected Text of the Originals ; with varions Readings, explanatory Notes, and critical Remarks. Le second volume, publié en 1797, contenait les Juges, les livres de Samuel, des Rois et les Chroniques. Cette version avait été précédée d’un Prospectus of a New Translation of the Holy Bible, in-4°, Glasgow, 1786, et de À Letter to the Right Rev. the Lord Bishop ofLondon, containing Queries, Doubts, and Difficulties relative to a Vernacular Version of the Holy Scriptures ; being an Appendix to ihe Prospectus, in-4°, Londres, 1787. Elle fut suivie de Critical Remarks on the Hebrew Scriptures, corresponding with a new Translation of the Bible ; containing Remarks on the Pentateuch, t. I (le seul publié), in-4°, Londres, 1800. — Dans ses écrits, Geddes accepte les idées des rationalistes allemands ; il cite souvent Eichhorn, le D r Paulus, etc. D’après lui, la Bible est un livre purement humain, l’histoire de la création et celle de la chute sont des mythes, les miracles racontés dans l’Exode, des fables ou des hallucinations ; il nie l’inspiration des Écritures, il attaque Moïse comme historien, comme moraliste et comme législateur. C’est surtout dans ses Remarques critiques (qui ne s’occupent que du Pentateuque) qu’il donne libre cours à son scepticisme. La version resta inachevée. En dehors des deux volumes déjà mentionnés, fut publié après sa mort, par J. Disney et Ch. Butler : À new Translation of the Book of Psalms, from the original Hebrew ; with various Readings and Notes, in-8°, Londres, 1807 ; œuvre inachevée (Ps. i-cvm). — Malgré tous ses écarts, Geddes prétendait toujours être catholique. Il n’est pas certain cependant qu’il eût conservé la foi à la divinité de Jésus-Christ. Un prêtre français, appelé Saint-Martin, lui donna l’absolution la veille de sa mort, mais sans être sûr que le malade eût sa pleine connaissance. J. M. Good, Memoirs of the life and writings of Alex. Geddes, in-8°, Londres, 1803, p. 525. John Douglas, le vicaire apostolique de Londres, ne voulut point permettre qu’on célébrât publiquement le saint sacrifice pour le repos de son âme. Les rationalistes lui ont décerné de grands éloges. H. Dôring, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopàdie, sect. i, t. lvi, p. 419 ; H. G. Paulus, son ami, traduisit en allemand, en 1801, sa Modest Apology for the Roman catholics of Great Britain, in-8°, Londres, 1800, qui était plus une attaque qu’une défense des catholiques. Un autre rationaliste allemand, Joh. Sev. Vater, fit entrer les Critical Remarks de Geddes dans son Commentar ûber den Pentateuch, mit Einleitung zu den einzeVnen Abschnitten des eingeschalten TÏèbérsetzung von Alex. Geddes’s kritischen und exegetischen Anmerkungen, 3 in-8°, Halle, 1802. — Esprit bizarre et singulier, qui prétendait reconnaître le caractère des gens à la forme de leur nez, Geddes joignait à des qualités réelles de graves défauts. Ses connaissances philologiques etlinguistiques étaient étendues, son érudition vaste, mais il en abusa et manqua en tout de mesure. Il traite d’une façon arbitraire le texte original, et adopte les sens les plus forcés. Ses notes ne choquèrent pas moins les protestants que les catholiques. — Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, in-8°, Edimbourg, 1824, p. 202. F. Vigouroux.

    1. GEDDIEL##

GEDDIEL (hébreu : GaddVêl ; Septante : TouSi^X), fils de Sodi, de la tribu de Zabulon, fut un des explorateurs envoyés par Moïse dans la terre de Chanaan. Num., xiii, 10.

    1. GÉDÉLIAS##

GÉDÉLIAS (hébreu : Gedalyâkû ; Septante : ToSo-Xfa ; ), fils de Phassur, un des principaux personnages de Juda qui demandèrent au roi Sedécias la mort de Jérémie et le firent jeter dans une prison souterraine. Jér., xxxviii, 1, 4, 6.

    1. GEDÉON##


GEDÉON, nom de trois Israélites dans la Yulgate.

1. GEDÉON (hébreu : Gid’ônî ; Septante : raSewvt ; Codex Alexandrimis : TaSzuvi), le père d’Abidan qui était chef de la tribu de Benjamin pendant le séjour au désert du Sinaï. Num., i, 11 ; ii, 22 ; vii, 60, 65 ; x, 24.

2. GEDÉON (hébreu : Gide’ôn, « celui qui abat ; » Septante : Tz&swt), le cinquième juge d’Israël et le phis grand de tous, après Samuel.

I. Gédéon avant sa judicature.

1° Tribu et famille. — Il était de la tribu de Manassé et de la famille d’Abiézer. Voir t. ii, col. 2164. Cette famille tenait nn rang modeste dans la tribu. Jud., vi, 15. Le père de Gédéon se nommait Joas et habitait Éphra. Jud., vi, 11. Gédéon lui-même était un homme vigoureux et de belle taille. Jud., viii, 18.-2° Vocation. — Quand il fut choisi par Dieu pour délivrer ses contemporains, il élait occupé à dépiquer les épis de blé, non dans l’aire, mais dans le pressoir, probablement dans la cuve supérieure où on foulait les raisins, par crainte des Madianites. Voir t. ii, col. 1869. Depuis sept ans, en effet, cette peuplade opprimait les Israélites, coupables d’idolâtrie. Chaque année, les Madianites, avec les Amalécites et les Arabes nomades, faisaient des razzias sur les terres des Hébreux. Ils parcouraient le pays de l’est à l’ouest, dressaient leurs tentes au milieu des champs ensemencés et pareils à une nuée de sauterelles, dévoraient les récoltes et enlevaient les bestiaux. Les habitants se réfugiaient alors dans les montagnes et se cachaient dans les cavernes. Instruits par l’épreuve, ils se ressouvinrent enfin du Seigneur qui, satisfait de leur repentir, leur fit annoncer par un prophète leur prochaine délivrance. Jud., vi, 1-10. Jéhovah suscita Gédéon pour cette œuvre de libération. Un ange apparut au fils de Joas sous le térébinthe qui s’élevait auprès du pressoir, et lui dit : « Le Seigneur est avec vous, vaillant héros. » Gédéon s’enquit auprès du messager céleste qu’il ne connaissait pas et qu’il prenait pour un voyageur, des motifs pour lesquels Dieu abandonnait son peuple aux coups des Madianites. L’ange lui révéla alors la mission dont il était chargé et lui annonça que Dieu l’avait choisi pour délivrer Israël. Surpris, Gédéon objecta l’humble condition de sa famille. L’ange le rassura et lui promit le secours divin et la victoire. Par prudence et non par défiance, Gédéon demanda un signe visible de sa mission et une garantie de cette promesse. Les exégètes se partagent sur la nature du signe demandé. La plupart estiment que Gédéon, en apprêtant un chevreau et des pains sans levain, voulait offrir un sacrifice à l’ange du Seigneur. Mais les plus récents ne voient dans ces apprêts qu’un repas préparé à l’envoyé céleste. Celui-ci manifeste sa puissance, en faisant jaillir du rocher un feu miraculeux qui consuma les mets apportés. Gédéon reconnut seulement qu’un ange du Seigneur lui avait apparu et il craignait de mourir ; mais Dieu le rassura et lui dit de se tenir en paix. Gédéon éleva en souvenir de cette apparition un autel qu’il appela : « La paix de Jéhovah. » — 3° Préparation ci la mission. — La nuit suivante, Dieu lui ordonna de renverser l’autel de Baal et l’âîêrâh, c’est-à-dire le pieu qui symbolisait la déesse Astarté ou le bois qui lui était consacré, voir t. i, col. 1074 ; et d’élever à leur place un

autel au vrai Dieu. Le père de Gédéon honorait ces fausses divinités, et Jéhovah voulait éprouver la fidélité du héros qu’il avait choisi pour délivrer son peuple. Gédéon devait brûler en holocauste avec le bois coupé le taureau de sept ans, qui appartenait à son père. On a remarqué que l’âge de la victime correspondait au nombre des années d’oppression des Israélites. Gédéon exécuta les ordres divins avec l’aide de dix de ses serviteurs ; mais il le fit de nuit par crainte de ses parents et de ses compatriotes qui étaient idolâtres. Ceux-ci, irrités de cet acte qu’ils tenaient pour une profanation, en recherchèrent l’auteur et, quand ils surent que c’était Gédéon, ils voulurent le faire mourir. Mais Joas, sommé de livrer son fils, le sauva par un heureux trait d’esprit ; il répondit que Baal offensé avait à venger lui-même son honneur outragé. Comme le dieu ne le put et laissa en vie son insulteur, Gédéon reçut dès lors le surnom de Jérobaal, en hébreu Yerubba’al, « que Baal plaide (sa cause). » Jud., vi, 11-32. Si Gédéon offrit un holocauste, sans être prêtre et contrairement à la loi, ce fut par l’ordre de Dieu. Talmud de Jérusalem, traité Meghilla, i, 12, trad. Schwab, t. vi, Paris, 1883, p. 225. IL Judicature de Gédéon. — 1° Débuts. — Le sauveur d’Israël était désigné ; on attendait l’ennemi. Bientôt il passa le Jourdain et vint camper dans la vallée de Jézraêl. Le nouveau juge, , revêtu de l’esprit de Dieu, fit sonner de la trompette et convoqua d’abord sa famille, puis sa tribu, ensuite les tribus voisines d’Aser, de Zabulon et de Nephthali. Avant de se mettre en campagne, il fut encouragé par le double miracle de la toison, d’abord inondée de rosée sur la terre sèche, puis, par contre épreuve, desséchée sur la terre humide. Quelques commentateurs, saint Augustin, Qumst. in Heptat., vii, 49, t. xxxiv, col. 813 ; Rupert, De Trin., In Jud., 10, t. clxvii, col. 1036, et des théologiens, notamment saint Thomas, 2 a 2*, q. xcvii, a. 2, ad 3 am, ont pensé que dans cette circonstance Gédéon avait tenté Dieu et n’ont pas osé l’excuser de tout péché. Mais la plupart, Origène, In lib. Jud., Hom. ix, 4, t. xii, col. 983, saint Ambroise, De Spiritu Sancto, i, prol., ’6, t. xvi, col. 705, saint Isidore, Quæst. in lib. Jud., 4, n° 2, t. lxxxiii, col. 382, Raban Maur, Comment, in lib. Jud., ii, 3, t. cviii, col. 1159, ont approuvé sa conduite. Dieu, en effet, obéit à son désir et ne lui reprocha pas l’indiscrétion de sa demande. D’ailleurs, le signe était nécessaire pour les soldats dont Gédéon prenait le commandement plutôt que pour le chef lui-même. F. de Hummelauer, Comment, in lib. Judicum, Paris, 1888, p. 154-155.

— 2° Choix des combattants. — Ainsi affermi, Gédéon alla camper de nuit avec ses troupes à la fontaine d’Harad. Les Madianites étaient’dans la plaine à ses pieds. La victoire promise ne devait pas venir de la force des combattants, mais de la puissance divine. Aussi par ordre du Seigneur, l’armée qui se montait à 32 000 hommes fut finalement réduite à trois cents. Les timides, dont le courage aurait défailli à l’heure de la bataille, se retirèrent au nombre de 22 000. Une épreuve, suggérée par Dieu, diminua dans une proportion plus grande encore le chiffre des soldats intrépides. Tous ceux qui, pour désaltérer leur soif, mirent genou en terre furent exclus ; ceux qui se contentèrent de tremper leurs lèvres dans l’onde rafraîchissante furent élus et il ne s’en trouva que 300. Ce n’étaient pas les plus lâches, comme l’ont prétendu Josèphe, Ant. jud., V, vi, 4, et Théodoret, Quæst. in Jud, ., int. xvi, t. lxxx, col. 504, pour rehausser le caractère miraculeux de la victoire de Gédéon. C’étaient plutôt les plus intrépides et les plus aptes à un audacieux coup de main. D’ailleurs, leur ardeur à poursuivre les Madianites fut une preuve de leu » courage. Jud., vu ; 1-8. — 3° Gédéon au camp des Madianites. — La nuit qui suivit le renvoi des troupes, Dieu voulut fortifier encore la confiance de Gédéon et lui donner une nouvelle assurance de la victoire. Il lui or donna de pénétrer en espion avec un seul serviteur au camp des ennemis. Gédéon s’y introduisit du côté où veillaient les sentinelles, et il entendit un soldat de garde raconter à un de ses compagnons un songe dans lequel il avait vu une miche ronde de pain d’orge, cuite sous la cendre, rouler dans le camp et y renverser, une tente qu’elle avait rencontrée. Le compagnon d’armes interpréta ce songe mystérieux dans ce sens que le Seigneur avait livré l’armée madianite à l’épée de Gédéon. Encouragé par cette explication, Gédéon revint vers ses hommes et les éveilla pour le combat. Jud., vii, 9-15. — 4° Bataille et victoire.

Il les partagea aussitôt en trois

groupes. Chacun fut muni d’une trompette et d’un vase qui cachait unflambeau. Voir Cruche, t. ii, col. 1138-1139. Le chef expliqua à tous sa tactique : il voulait surprendre les ennemis endormis et jeter la panique parmi eux. Les groupes se porteront donc dans trois directions différentes, comme pour entourer le camp et le cerner. On venait de relever les postes au commencement de la seconde veille. À la faveur des ténèbres, les trois cents soldats se disposent en cordon et au signal convenu, ils sonnent tous ensemble de la trompette, brisent les pots de terre et font briller leurs torches allumées. Ils poussent en même temps, de toutes leurs forces, le cri de guerre : « Le glaive de Jéhovah et de Gédéon ! » Éveillés en sursaut, les Madianites furent saisis d’une panique indescriptible. Ils tournèrent leurs armes les uns contre les autres et s’entr’égorgèrent. Les soldats de Gédéon furent vainqueurs sans coup férir. Ceux des ennemis qui échappèrent au premier carnage s’enfuirent dans la direction du Jourdain. Ils furent poursuivis par les tribus d’Aser, de Nephthali et de Manassé. Gédéon manda aux Éphraïmites de prendre les devants et d’occuper les gués du fleuve. Ils tuèrent deux chefs madianites, Oreb et Zeb, et apportèrent leurs têtes à Gédéon. Jud., vii, 16-25. Ils se plaignirent arrogamment de n’avoir pas été appelés au combat et dans leur mécontentement, ils faillirent en venir à la violence. Gédéon les apaisa, en faisant une réponse habile à leur plainte insolente. Il amoindrit modestement son rôle et grandit Je leur. « Que pouvais-je faire, dit-il, qui égalât ce que vous avez fait ?, Le grapillage d’Éphraïm ne vaut-il pas mieux que la vendange d’Abiézer ?.Le Seigneur a livré entre vos mains les princes de Madian, Oreb et Zeb, Qu’ai-je pu faire qui approchât de ce que vous avez fait ! » Jud., viii, 1-3. M. Vigouroux, La Bible et les découverte ? modernes, 6e édit., 1896, t. iii, p. 150, place cet événement à la fin de l’expédition et trouve dans le récit uneanticipation. Les têtes des deux chefs madianites furent, en effet, portées à Gédéon sur la rive gauche du Jourdain. Jud., vii, 25. — 5° Poursuite des fugitifs. — La vaillante troupe des trois cents se lança de son côté à la poursuite des fuyards et passa le Jourdain sur les traces des deux émirs, Zébée et Salmana. Exténuée de fatigue, elle ne pouvait plus avancer. Son chef demanda aux habitants de Soccoth et de Phanuel des vivres pour Isl réconforter ; il essuya un arrogant refus et remit sa vengeance après l’expédition. Continuant sa course, il atteignit les deux chefs à Karkor où ils se reposaient avec quinze mille hommes. Les fugitifs, se croyant en sûreté, furent surpris et n’opposèrent aucune résistance. Les deux émirs furent pris et leur armée mise en déroute. Revenu du combat, Gédéon appliqua aux habitants de Soccoth et de Phanuel les châtiments dont, il les avait menacés. Il abattit la tour de Phanuel après ; avoir tué ses habitants, et il fit périr, en les roulant, dans les ronces et les épines, les soixante-dix-sept chefs, de famille de Soccoth. Voir t. ii, col. 1896. Il lui restait à Venger, sur les deux émirs prisonniers, la mort de ses. frères qui avaient été tués au mont Thabor. Il chargea de ce soin Jéther, son fils aîné. Celui-ci, qui n’était encore qu’un jeune homme, hésita à tirer son épée. Zébée et Salmana demandèrent à être frappés de la

main de Gédéon ; ils ne Voulaient pas subir l’humiliation de périr sous les coups d’un enfant. Gédéon les tua et s’empara des ornements qui pendaient au cou de leurs chameaux. Jud., viii, 4-21. — La victoire remportée par Gédéon sur les Madianites eut des résultats décisifs. Cette peuplade, jusqu’alors si redoutée des Israélites, fut entièrement humiliée et ne put plus lever la tête devant eux. Jud., viii, 28. Elle ne compta plus parmi les ennemis du peuple de Dieu et son histoire prit fin. Aussi la bataille qui l’écrasa laissa un souvenir ineffaçable en Israël. Elle fut célèbre autant que le passage de la mer Rouge et elle fut souvent citée comme un exemple saisissant de la protection divine. I Reg., xii, 11 ; Ps. lxxxii, 12 ; Is., x, 26. Isaïe, ix, 4, l’a appelée « la journée de Madian ». III. Gédéon après sa mission.

1° Il refuse le pouvoir royal. — Cette victoire excita l’enthousiasme au point que les Israélites offrirent à Gédéon la royauté héréditaire, a Les maux qu’ils avaient soufferts, faute d’un chef qui sût organiser la résistance et se mettre à leur tête, la bravoure, l’intrépidité, l’habileté, la sagesse et la fermeté de Gédéon leur firent comprendre les avantages d’une union étroite entre les différentes tribus, sous un maître qui, réunissant en faisceau ces forces éparses, pourrait les rendre invincibles. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iii, p. 149. Gédéon eût été digne d’être le premier roi de son peuple. Il avait la taille et la prestance d’un fils de roi, Jud., viii, 18 ; c’était un héros et un habile politique. Mais sa magnanimité égalait son courage ; Il refusa modestement le commandement suprême et il rejeta les offres séduisantes de ses compatriotes par un motif de foi et de piété. « Je ne serai pas votre maître et mon fils ne sera pas votre maître ; c’est Jéhovah qui sera votre maître. » — 2° Gédéon se fait un éphod. — Le libérateur d’Israël, qui s’était honoré par le refus du pouvoir royal, demanda, comme part du butin, les pendants d’oreilles en or qui avaient été pris aux ennemis. On s’empressa de satisfaire à son désir et chaque soldat jeta sur un manteau, étendu par terre, tous les nézem qui étaient en ses mains. Il y en eut dix-sept cents sicles d’or pesant, sans compter les ornements, les colliers précieux et les vêtements d’écarlate des chefs madianites. Avec toutes ces richesses, Gédéon fit plus tard un éphod, non une idole, mais un vêtement sacré (voir t. ii, col. 1868), qui devint une occasion d’idolâtrie pour le peuple et de scandale et de ruine pour sa propre famille. Gédéon prévit-il. ces conséquences graves de son action et fut-il coupable d’avoir fait confectionner ce riche vêtement sacerdotal ? Saint Augustin, Quxst. in Heptat., vii, 41, t. xxxiv, col. 806, 807, le pense ; il lui reproche d’avoir transgressé une loi divine et d’avoir ainsi commis une faute. On peut toutefois justifier sa conduite personnelle, préjuger de ses bonnes intentions et ne pas le rendre responsable des abus qui se sont produits après sa mort. Cf. de Hummelauer, Comment, in lib. Judic., Paris, 1888, p. 176-177. — 3° Derniers événements de la vie de Gédéon. — Après sa victoire, le libérateur d’Israël retourna simplement à sa terre d’Éphra. Il y vécut quarante ans encore au milieu de ses nombreux enfants. Il avait soixante-dix fils, nés de plusieurs femmes. Une épouse de second rang qu’il avait à Sichem fut mère d’Abimélech. Il mourut dans une heureuse vieillesse et fut enseveli à Éphra dans le tombeau de son père Joas. Après sa mort, les Israélites oublièrent le Seigneur qui les avait délivrés des Madianites, et retombèrent dans le Culte idolâtrique de Baal. Ils furent aussi ingrats envers la famille de Gédéon, leur libérateur. Jud., viii, 24-35. — Voir Abimélech, t. i, col. 54-58. Cf. Glaire, Les Livres Saints vengés, Paris, 1845, t. ii, p. 39-52 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 131-155 ; Card. Meignan, Dé Moïse à David, Paris, 1896, p. 401-415 ; F. de Hummelauer, Comment, in Judic. cl Ruth, Paris, 1888, p. 133-180. E. Mangekot.

    1. GÉDÉON##


3. GÉDÉON. Un des ancêtres de Judith, de la tribu de Siméon. Il était fils de Raphaïm et père de Jammor. Judith, viii, 1, d’après la Vulgate. Le nom est omis dans le Codex Vaticanus, mais se trouve dans YAlexandrinus.

    1. GÉDÉRA (hébreu##


GÉDÉRA (hébreu, hag-Gedêrâh, avec l’article, « le parc de troupeaux, » Jos., xv, 36 ; sans article, I Par., iv, 23 ; Septante, ràSïjpa, Jos., xv, 36 ; TaSipô ; Codex Vaticanus, Faëaripâ ; Codex Alexandrinus, ToBripô, IPar., iv, 23), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 36. Elle fait partie du premier groupe des cités de « la plaine » ou de la Séphélah, et est mentionnée entre Adithaïm et Gédérothaïmj qui malheureusement ne nous fournissent aucune indication pour son emplacement. Plusieurs auteurs pensent que c’est le FeSo-Jp, Gedur, d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 127, 245, appelé de leur temps « TtSpoiç, Gedrus, grand village situé à dix milles (près de quinze kilomètres ) de Diospolis (Ludd ou Lydda), sur la route d’Éleuthéropolis (Beit Djibrin) ». En acceptant cette assimilation et en suivant ces données, on arrive facilement à une localité actuelle, Khirbet Djediréh, située à la distance voulue au sud-est de Ludd, au sud-ouest d’Amouas, et dont le nom répond exactement à celui de l’antique cité biblique. L’arabe « jjJ-a., Djediréh, reproduit très bien, en effet, même comme signification, l’hébreu mu, Gédêràh. Cette identification est acceptée

par les explorateurs anglais, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 43 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 67 ; par Grove et Wilson dans Smith, Dictionary pf the Bible, 2e édit., Londres, 1893, t. i, p. 1140 ; J. A. Selbie dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, Edimbourg, 1898, t. ii, p. 118. Rien ne prouve cependant que le Gedur d’Eusèbe et de saint Jérôme soit la Gédéra de Josué. Ensuite Djediréh nous paraît entrer un peu avant dans la tribu de Dan, bien qu’à la rigueur l’extrême limite de Juda ait pu s’étendre jusque-là. — Il est un autre site qui concorderait mieux, selon nous, avec la frontière de la tribu, c’est celui de Qalrah, au sud-est de Yebna. Il est clair que l’arabe iLLs, Qatrah, n’a pas avec le nom hébreu la même correspondance philologique que Djediréh. Il est vrai cependant que les Arabes d’Egypte et ceux du sud de la Palestine, au lieu de prononcer Qatrah, disent Gadrah en adoucissant les deux premières consonnes, ce qui rend plus sensible la ressemblance des deux noms. Malgré cela, si l’on comprend le changement du 5, ghimel, en Jj, qoph, il est plus difficile d’expliquer celui du t, daleth, en L, â. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palâstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xv, 1892, p. 19-21 ; t. xvi, 1893, p. 31. L’identification de Gédéra avec Qatrah est admise par Van de Velde, qui écrit le nom Gheterah ou Ghederah, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 313 ; Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 166 ; par V. Guérin, Judée, t. ii, p. 35 ; Fillion, Atlas géographique de la Bible, Paris, . 1890, p. 26 ; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 188. Le village de Qatrah, situé sur une faible éminence, au milieu de la Séphélah, compte sii cents habitants. Les maisons sont bâties en pisé. Autour d’un grand puits à noria, probablement antique, gisent six tronçons de fûts de colonnes de marbre gris. Des haies de cactus environnent le bourg et servent de clôture à des plantations de figuiers et d’oliviers. Plusieurs magnifiques acacias mimosas s’élèvent aussi sur divers points. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 35. — Le nom de Gedêrâh indique, par sa signification de « parc aux troupeaux », que la ville était principalement habitée par des bergers, ou du moins que sa plus grande richesse

consistait en troupeaux de moutons et de brebis. L’histoire de cette localité nous est inconnue, et il n’en est fait mention qu’une autre fois dans l'Écriture. Dans I Par., iv, 23, selon l’interprétation. la plus probable, il est question des potiers, descendants de Séla, fils de Juda, « qui habitaient Netâ'îm et Gedèrâh. » La Vulgate a traduit ces deux noms propres par des noms communs : « Ce sont les potiers qui habitaient dans les plantations et dans les haies. » Mais les Septante sont plus exacts en rendant le texte par êv 'ATafyi x « t Tahiti. — Il est une autre Gedêrâh, désignée seulement dans l’ethnique hag-Gedêrâfi, Vulgate, Gaderothites, et patrie de Jézabad. I Par., xii, 4. Il ne faut pas la confondre avec celle dont nous venons de parler, puisqu’elle appartenait à la tribu de Benjamin. C’est aujourd’hui Djédîréh, à une demi-heure au nord-est d’El-Djib. Voir

Gadérothite, col. 33.
A. Legendre.
    1. GÉDÉRITE##

GÉDÉRITE (hébreu : hag-Gedêrî, avec l’article ; Septante : i re81psÎTT|Ç ; Vulgate : Gederites), originaire de Gader ou Beth-Gader. Balanan, à qui David avait confié l’administration de ses oliviers et de ses sycomores dans la Séphélah, était Gédérite. I Par., xxvii, 28. Ce qualificatif pourrait signifier également originaire de Gédor. Voir Balanan 2, t. i, col. 1400.

    1. GÉDÉROTHAÏM##

GÉDÉROTHAÏM (hébreu : Gedêrôfâîm, « les deux parcs à troupeaux ; » Septante : v.cù ai ÈicaJXei ; a rs), ville de la tribu de Juda, mentionnée une seule fois dans l'Écriture. Jos., xv, 36. C’est la dernière du premier groupe de « la plaine » ou de la Séphélah. On se demande cependant comment il faut considérer ce nom. Les Septante, en mettant ici : x « i ai ènaOXeiç aùir) ;, « et ses parcs à brebis, » ont bien lu Gedêrôf, mais avec le pronom suffixe, et ont appliqué le nom commun à la ville précédente, Gédéra (hébreu : hag-Gedêrdh), dontil indiquerait une simple dépendance. De cette façon, le nombre des cités énumérées, Jos., xv, 33-36, est bien de quatorze, comme porte le texte, tandis que, avec Gédérothaïm, il faudrait dire quinze. Voilà pourquoi quelques auteurs veulent voir ici une vieille glose, ou une faute de copiste, une sorte de répétition occasionnée par le mot précèdent, hag-Gedêrah. Ce n’est pas impossible ; mais la question du chiffre n’est pas uDe raison suffisante, car on rencontre ailleurs la même difficulté. C’est ainsi qu’au t- 32 du même chapitre, à la récapitulation des villes du Négeb ou du midi, le texte donne le nombre de 29 seulement, alors qu’en réalité l'énumération se compose de 36 noms. Cette divergence provient ou de ce qu’une erreur s’est glissée dans les lettres qui marquaient les chiffres, ou de ce que quelques-uns de ces noms doivent être réunis pour ne désigner qu’une seule et même localité. Les Septante, du reste, dans le groupe dont fait partie Gédérothaïm, offrent d’assez nombreuses variantes, noms changés ou supprimés comme Adithaïm. Il est permis, malgré ces obscurités, de suivre l’hébreu et la Vulgate, et de regarder Gédérothaïm comme une ville. Mais, dans ce cas, il ne faut pas la confondre avec Gadéroth ou Gidéroth, mentionnée après, jꝟ. 41, dans le second groupe de « la plaine ». Son emplacement est absolument inconnu.

A. Legendre.
    1. GÉDOR##

GÉDOR (hébreu : Gedôr), nom d’un ou de plusieurs Israélites et de diverses localités de Palestine.

1. GÉDOR (Septante : rsSotip), Benjamite, ancêtre de Saûl, donné comme fils d’Abigabaon ou Jéhiel. I Par., vm, 31 ; ix, 37. Voir Abigabaon et Jéhiel.

2. GÉDOR (Septante : FtStip), selon le » uns, fils de Phanuel, descendant de Juda. I Par., iv, 4. Selon d’autres, Gédor est plus probablement un nom de ville, fondée par les enfants de Phanuel. En effet, le contexte le de mande. Dans la phrase « Phanuel, père de Gédor, et Ézer, père d’Hosa, sont les fils de ltur, premier-né d'Éphrata, le père, de Bethléhem », Bethléhem et Hosa,

1 Par., xi, 29, étantdes noms de ville, Gédor doit, par une sorte de parallélisme, être considéré comme un nom de lieu. Ce doit être vraisemblablement la Gédor de Juda qui est mentionnée dans Josué, xv, 58, aujourd’hui Djedûr. Voir Gédor 4.

3. GÉDOR (Septante : TeSdip), fils de Jared, descendant de Juda, selon les uns. I Par., iv, 18. Mais il est, comme pour le précédent, plus naturel d’y voir un nom de lieu. Jared père de Gédor signifierait Jared fondateur de Gédor. En effet, dans la phrase « La femme (de Méred) Judaïa enfanta Jared père de Gédor et Héber père de Socho, et lcuthiel père de Zanoé », Socho et Zanoé étant des noms de ville, Gédor doit être également un nom de lieu, le même probablement que le précédent : d’après cela la ville de Gédor aurait été habitée par les descendants de Jared comme par ceux de Phanuel. Voir Gédor

2 et 4. E. Levesque.

4. GÉDOR (hébreu : Gedôr ; Septante : Codex Vaticanus, TeSSwv ; Codex Alexandrinus, FeSwp), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 58. Elle fait partie du quatrième groupe des cités de « la montagne », et est men tionnée immédiatement après Halhul et Bessur. Or, ces deux dernières sont parfaitement connues : Halhul (hébreu : Ifalfyûl) existe encore aujourd’hui exactement sous le même nom, Bialhûl, à une heure et demie au nord d’Hébron, et Bessur (hébreu : Bêf-Sûr) survit dans Beit-Sûr, un peu au-dessus du village précédent, vers le nord-ouest. C’est donc dans le massif montagneux qui se trouve au nord d’Hébron qu’il convient de chercher Gédor. On trouve, en effet, à cinq kilomètres au nord de Beit-Sùr, une localité dont le nom, .yXs »., Djedûr, reproduit incontestablement la forme

hébraïque, Tni. C’est probablement le village de Ga dora, TaiSMpa, qu’Eusèbe et saint Jérôme, Oriomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 127, 245, signalent près du -Térébinthe, comme représentant l’antique cité de Juda qu’ils nomment Gaddera, PâSecpa. « Khirbet Djedûr consiste en un amas de ruines peu distinctes, sur une colline que borde, au nord et à l’ouest, une profonde vallée. L’emplacement que ces ruines occupaient est maintenant envahi par un fourré de chênes verts, d’arbousiers et de térébinthes à l'état de simples broussailles. Un magnifique chêne, aux proportions colossales, s'élève sur le point culminant de la colline. Les siècles en s’accumulant sur cet arbre n’en ont point tari la sève ; peut-être est-il contemporain des derniers âges hébraïques de la petite ville dont les vestiges l’entourent. Celle-ci, sauf les arasements d’un mur d’enceinte et de quelques maisons, sauf aussi deux citernes, est complètement détruite. » V. Guérin, Judée, t. iii, p. 380. Cf. E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 283 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 313, 354. — Gédor se retrouve deux fois dans les fragments généalogiques de la maison de Juda. I Par., iv, 4, 18. Voir

sur ce sujet Gédor 2 et 3.
A. Legendre.

5. GÉDOR (hébreu : hag-Gedôr, avec l’article ; Septante : TeSwp), patrie de Jéroham, dont les deux fils, Joéla et Zabadia, sont mentionnés parmi les héros qui vinrent rejoindre David à Sicelég. I Par., xii, 7. Cette ville est-elle identique à la précédente, cité de Juda, Jos., xv, 58? Plusieurs commentateurs le croient, comme ils voient dans Gadéroth (hébreu : hag-Gedêrâfi, « de Gédérah » )', du ꝟ. 4, Gédéra (hébreu : hag-Gedêrdh), ville de la Séphélah. Jos., xv, 36. Cf. Clair, Les Paralipomènes, Paris, 1880, p. 151 ; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1896, t. iii, p. 55. Cependant on peut

objecter : 1° que les héros qui abandonnent Saiil sont appelés ses « frères », c’est-à-dire ses compatriotes, « de Benjamin ; » I Par., XII, 2 ; — 2° que les villes d’où ils sont originaires appartiennent à la tribu de Benjamin : Gabaa, Anathoth, ꝟ. 3 ; Gabaon, t. 4 ; — 3° que Gadéroth elle-même, ꝟ. 4, peut parfaitement être le village actuel de Djédîréh, tout près A’El-Djïb ou Gabaon. On pourrait donc chercher aussi Gédor, de I Par., xii, 7, dans la même tribu, à moins d’admettre, avec certains auteurs, que des familles benjamites étaient venues s’établir dans des villes de Juda. Cf. C. F. Keil, Chronih,

Leipzig, 1870, p. 133.
A. Legendre.

6. GÉDOR se lit dans le texte hébreu de I Par., iv,

la vallée, est totalement inconnu. Il était probablement Chananéen, car c’est dès le temps de Josué, xv, 8, que cette appellation apparaît. La vallée de Hinnom (fig. 30) commence à l’ouest de Jérusalem, à la piscine appelée aujourd’hui BirketMamilla, à une altitude de 783 mètres. Elle se dirige d’abord vers le sud-est, puis descend vers le sud, en contournant le mont Sion, et reprend la direction de l’est pour aboutir à la vallée du Cédron, au sud de la colline d’Ophel, à une altitude de 615 mètres. La longueur totale de la vallée est de près de 4 kilomètres. Elle s’appelle aujourd’hui ouadi er-Rabâbi. Elle n’est point arrosée ; mais la culture y est assez florissante en plusieurs endroits. Dans d’autres, surtout au sud, sur les pentes du mont du Mauvais-Conseil, sont des escar 30. — La vallée de Géennom. D’après une photographie de M. L. Heidet.

39 ; mais la Vulgate porte Gador. Il ne s’agit probablement pas ici de la cité de Juda qui est identifiée avec Khirbet Djedûr. Voir Gador, col. 34.

    1. GÉDOR tt KeSpuv##


7. GÉDOR tt KeSpuv, I Mach., xv, 39 ; tj Ke8p<i, Mach., xv, 40), ville de Palestine, fortifiée par Cendébée, commandant syrien du littoral. I Mach., xv, 39, 40. La Vulgate l’appelle Cédron plus loin, I Mach., xvi, 9, nom que lui donne le texte grec, I Mach., xv, 39. C’est peut-être l’antique Gédéra de Jos., xv, 36. Voir Cédron

2, t. ii, col. 386, et Gédéra, col. 150.
A. Legendre.
    1. GÉENNOM##

GÉENNOM (hébreu : Gê bén-Hinnôni, Gê Hinnôm, Gê’Hinnôm, et une fois en chetib, IVReg., xxiii, 10 ; Gê benê-Hinnôm ; Septante : jâpafÇ uioO’Evv<Sji, réBsvevv6(i, Taiewa ; Vulgate : Geennoni, Jos., xviii, 16 ; Vallis Ennom, Vallis filii et filiorum Ennom, Vallis Benennom), nom d’une vallée située près de Jérusalem. Gê bén-Hinnom signifie « vallée du fils de Hinnom », et les autres appellations de la vallée ne sont que desabréviations de ce premier nom. Ce fils de Hinnom, qui donna son nom à

pements rocheux et des grottes naturelles qu’on a plus tard utilisées pour en faire des sépultures. La vallée de Géennom servait de limite, sur une grande partie de son étendue, entre la tribu de Juda et celle de Benjamin. Jos., xv, 8 ; xviii, 16. Voir la carte, t. r, col. 1588. Comme l’endroit où cette vallée aboutissait à celle du Cédron était fort agréable, les jardins royaux y avaient été établis. Le culte de Baal et de Moloch y fut installé par Achaz, II Par., xxviii, 3, et par Manassé, II Par., xxxiii, 6, et l’endroit où on le célébra prit alors le nom de Topheth. Jérémie fait mention des abominations qui se commettaient là, Jer., vii, 31 ; xxxii, 35, et c’est dans la vallée même de Géennom qu’il prédit, sur l’ordre de Dieu, la ruine de Jérusalem. Jer., xix, 2, 6. Cette vallée était alors devenue si fameuse que, dans un autre passage, le prophète la désigne par le seul mot hag-gê’, « la vallée. » Jer., ii, 23. Le roi Josias souilla Topheth, dans la vallée de Géennom, en y faisant jeter des cadavres et des immondices dont on se débarrassait par des feux perpétuels. IV Reg., xxiii, 10. Voir Topheth. Après la captivité, la vallée ne fut plus connue que sous le nom.

de Gê’Hinnôm. II Esdr., xi, 30. Ce nom devint yéewa dans le Nouveau Testament, Matth., v, 22, et comme il éveillait le souvenir des abominations idolâtriques et des victimes qu’on y avait brûlées en l’honneur de MoIocîj, on en fit une des appellations du feu éternel. Voir Géhenne. — En remontant la vallée, on trouve d’abord à gauche, sur les premières pentes du mont du Mauvais-Conseil, le lieu appelé Haceldama, puis à mi-chemin le Birket es-Soultan, grande piscine toujours à sec, et enfin au sommet le Birket Mamilla, piscine moitié moins grande que la précédente. — Divers auteurs ont proposé d’identifier Géennom soit avec la vallée appelée par Josephe Tyropœon, soit avec la vallée du Cédron. La vallée du Tyropœon est probablement celle qui partage la ville de Jérusalem en partant de la porte de Damas et se dirigeant vers la piscine de Siloé. Ni l’une ni l’autre de ces explications ne concorde avec les textes. La vallée du Tyropœon ne peut avoir servi de frontière entre Juda et Benjamin et la vallée du Cédron est appelée en hébreu nahal et non pas gê’.

H. Lesêtre.
    1. GÉHENNE##

GÉHENNE (grec : ylsvva ; Vulgate : gehenna), nom par lequel est désigné l’enfer dans le Nouveau Testament. Nous en avons fait le mot français « gêne ». Téewa désigne proprement Géennom, la « vallée d’Ennom », située au sud-ouest de Jérusalem. C’est dans cette vallée, à l’endroit appelé Topheth, que les Juifs idolâtres offraient des enfants en sacrifice et les brûlaient en l’honneur de Moloch. IV Reg., xvi, 3 ; II Par., xxviii, 3 ; xxxin, 6 ; Jer., vii, 31 ; XIX, 2-6. Lorsque le roi Josias eut mis un terme à ces horribles immolations, IV Reg., xxiii, 10 ; II Par., xxxiv, 4-5, afin de rendre ce lieu à jamais odieux, on y jeta les immondices de la ville et tes cadavres des animaux, et pour que ces restes impurs ne devinssent pas un foyer de corruption, on les brûla par le feu, d’après certains commentateurs. Voir H. Cremer, Bïblisch-theologisches Wôrlerbuch der neutestamentlicher Gràcitàt, 1e édit., Gotha, 1893, p. 209. A cause des victimes qui y avaient été brûlées, cette vallée fut appelée yéevvMTOîi irùpoç, « la géhenne du feu, » Matth., v, 22 ; xviii, 9 ; Marc, ix, 47 (cf. Matth., xiii, 42, 50 ; Marc, IX, 45, 48), et elle devint l’image de l’enfer. De là, le nom de « géhenne », donné dans le Nouveau Testament au lieu où les réprouvés sont punis de leurs crimes par le supplice du feu. Matth., v, 22, 29, 30 ; x, 28 ; Marc, ix, 43, 45 ; Luc, xii, 5 ; Jac, iii, 6. Cf. Judith, xvi, 21 ; Eccli., vu, 19 ; Apoc, xix, 20 ; xx, 10, 14, 15 ; xxi, 8. Kpio-iç-riiç fsévvriç, judicîum gehennse, Matth., xxiii, 33, signifie la condamnation aux peines de l’enfer, et ùioç ttjç yeévvjj ;, filius gehennse, Matth., xxiii, 15, désigne celui qui vient d’y être condamné. Cf. IV Esd., iii, 1-6. Le livre d’Hénoch, 26, 27, 56, 90, place aussi l’enfer dans la vallée d’Ennom.Voirvd. Lods, Le Livre d’Hénoch, ih-8°, Paris, 1892, p. 55-57, 187-191, et les notes d’A. Dillmann, Dos Buch Henoeh, in-8°, Leipzig ; 1853, p. 131-132, et pour le texte, p. 15-16, 28, 64. Cf. aussi H. Charles, The Assunvption of M oses, pp. 43-44. Voir Géennom et Topheth.

F. Vigouroux.

    1. GÉHON##

GÉHON (hébreu : Gîhôn ; Septante : Peùv), un des quatre fleuves du paradis terrestre. Gen., Il, 13. Il n’en est question que dans ce passage de l’Écriture, et Eccli., xxrv, 37 (24), où Sirach le nomme avec les autres fleuves de l’Éden. Les Septante le donnent à tort, Jer., ii, 18, comme l’équivalent du mot hébreu Sihôr, qui désigne le Nil (Vulgate : aqua lurbida). Sur l’identification du Géhon, voir Paradis terrestre.

    1. GÉLASE (CANON DU PAPE)##


GÉLASE (CANON DU PAPE). Voir Canon, t. ii, col. 153, 177-178.

    1. GELBOÉ##

GELBOÉ (hébreu : Gilbôa’, toujours avec l’article, excepté I Par., x, 1 ; Septante : Vslëové), petite chaîne de, montagnes, bordant au sud-est la plaine d’Esdrelon,

et célèbre par la mort de Saül et de Jonathas. I Reg., xxviii, 4 ; xxxi, 1, 8 ; II Reg., i, 6, 21 ; xxi, 12 ; I Par., x, 1, 8. Le nom, yahî, Gilbôa’, survit encore dans celui

d’un village, ^^^JLs », Djelbûn, situé vers le sud de la chaîne : la terminaison un a simplement remplacé l’aspiration finale. Cf. G. Kampflmeyer, Alte Namen im heutigen Palàstina und Syrien, dans la Zeitschrift des Deulschen Palàstina Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 32. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 129, 247, placent les monts de Gelboé à six milles (près de neuf kilomètres) de Scythopolis (Béisân), avec un bourg appelé Gelbus, TeXëoOç. Le massif est connu aujourd’hui sous le nom de Djebel Foqû’a, qui est celui d’un village, Foqû’a, situé sur le versant occidental. Il termine au nord-est les monts d’Éphraïm comme une sorte de corne, décrivant un arc du cercle irrégulier dont la convexité est tournée vers la vallée du Jourdain. L’ouadi Schubâsch en forme la limite méridionale, tandis que Zer’în, l’antique Jezraël, en occupe la pointe nord-ouest. Sa longueur est d’environ 13 à 14 kilomètres, et sa largeur de 5 à 8 kilomètres. Le point le plus élevé est à Scheikh Burhîn, 516 mètres au-dessus de la Méditerranée, hauteur égale à celle du Djebel Dahy ou petit Hermon, inférieure à celle du Thabor. La plaine d’Esdrelon ayant une altitude moyenne de 90 à 100 mètres, la hauteur apparente du Djebel Foqû’a n’est en réalité, de ce côté, que de trois à quatre cents mètres, tandis que, au contraire, la vallée du Jourdain étant bien au-dessous du niveau de la mer, le, mont la domine de six à sept cents mètres. Le Gelboé est divisé en plusieurs plateaux et sommets par des vallées plus ou moins profondes. Escarpé au nord, avec des couches de terrains singulièrement tourmentées, il a, vers l’est, des pentes extrêmement raides, tandis qu’à l’ouest il s’abaisse doucement vers la plaine. Il est principalement composé de calcaire mélangé, à l’ouest et au nord, d’une craie tendre, blanche, d’où le nom de Râs Schéibdn, « le sommet blanc, » appliqué à l’un des pics de la chaîne. Nu et sans eau sur les plateaux supérieurs, il possède cependant çà et là de belles sources ; on en trouve, au pied oriental de la montagne, à Khirbet Mudjedda’, ’Aïn el-Djosak, ’Ain el-Djema’în, ’Ain el-’Asy, qui est une abondante source thermale. Au pied septentrional, on rencontre’Aïn Djdlûd, ’A ïn el-Méiyitéh, ’Aïn Tuba’un. Le versant de l’ouest jette ses eaux dans une des branches du Cison, celui du nord dans le Nahr Djdlûd, et celui de l’est dans le Jourdain, Le blé et l’orge croissent sur les pentes les plus douces et sur certains plateaux. Des bouquets d’oliviers et de figuiers, des haies de cactus environnant quelques jardins, des herbes sauvages et des broussailles, et, sur les flancs plus escarpés, la roche nue, tel est, en somme, l’aspect de cette montagne contre laquelle David, dans sa sublime élégie sur la mort de Saül et de Jonathas, prononça cette malédiction, II Reg., i, 21 :

Montagnes de Gelboé, que la rosée et la pluie ne tombent

[jamais sur vous ! ]

Qu’il n’y ait point sur vous de champs à prémices ; Parce que c’est là qu’a été jeté le bouclier des héros, Le bouclier de Saul, comme s’il n’eût point été sacré de

Ll’huile (sainte).J

Cette stérilité contraste étrangement avec les riches vallées qui entourent la montagne. La vigne tapissait autrefois les flancs qui avoisinent Zer’în, comme nous le savons par l’Écriture, III Reg., xxi, 1, et comme l’attestent encore aujourd’hui les antiques pressoirs creusés dans le roc.

Le Djebel Foqîfa renferme une dizaine de villages : Djelbûn, au sud, situé dans le fond et sur les pentes d’un vallon, avec des m’usons grossièrement bâties en menus matériaux et en pisé, et contenant environ 350 habitants ; —Foqû’a, à l’un des points culminants de

la montagne, avec quelques jardins bordés de cactus, et une population de 400 âmes ; — Elr-Mezâr, 500 habitants, occupe une position élevée, d’où le regard embrasse tout l’ensemble des monts Gelboé, la vaste plaine d’Esdrelon et la belle chaîne du Carrnel, le petit Hermon et, par de la le Thabor, les cimes neigeuses du grand Hermon, enfin, à l’est, au delà du Jourdain, les montagnes de Galaad ; — Beit Qâd, avec sa ceinture de cactus ;

— Deir Ghuzdléh, pauvre village, qui consiste en une quinzaine de misérables habitations construites en terre et en menus matériaux^ près duquel on a trouvé, en 1372, un curieux monument de pierre semblable aux dolmens de Galilée et de l’est du Jourdain ; —’Arrânêh, sur les bords de la plaine ; — Sandelah, hameau situé sur un monticule ; — Nûris, aux maisons mal construites et pour la plupart en partie renversées, possédant un

Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iii, p. 142* Trois consonnes sur les quatre qui les composent, sont les mêmes dans les deux noms hébreux nhi, ly^i ; de là la confusion. Voir Harad. — Cf. E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 325 ; Physical Geography of the Holy Land, Londres, 1865, p. 24 ; V. Guérin, Saniarie, 1. 1, p. 325 ; Surveyof Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 75, 79, 88, 90, 91 ; G. A. Smith, Historical Geography of the Holy Land, Londres, 1894, p. 400-405.

A. Legendre.
    1. GELÉE##

GELÉE, abaissement de température au-dessous de 0°, amenant la solidification de l’eau sous forme de glace. La gelée est très rare en Palestine, et encore ne se fait-elle sentir que sur les plateaux les plus élevés dupays. En janvier 1864, on a constaté à Jérusalem un mi 31. — Vue des monts de Gelboé. D’après une photographie.

certain nombre de caveaux pratiqués dans le roc et probablement antiques ; — pour Zer’în, voir Jezraël.

Le mont Gelboé n’est nommé dans l’Écriture qu’à propos du combat de Saül contre les Philistins, de sa défaite et de sa mort. Les ennemis étant venus camper à Sunam, aujourd’hui Sôlâm, sur la dernière pente du Djebel Dahy, Saül se retrancha sur le Gelboé. I Reg., xxviii, 4. C’est là qu’il tomba avec trois de ses fils et un grand nombre d’Israélites, les autres fuyant devant les vainqueurs. I Reg., xxxi, 1 ; II Reg., i, 6 ; I Par., x, 1. C’est là que les Philistins, venant, le lendemain de la bataille, dépouiller les morts, trouvèrent le cadavre du roi, lui coupèrent la tête et lui enlevèrent ses armes. I Reg., xxxi, 8 ; II Reg., xxi, 12 ; I Par., x, 8. David pleura cette fin tragique, unissant dans les magnifiques accents de sa douleur son plus cruel ennemi et son meilleur ami, lançant contre la montagne, témoin de leur chute, la malédiction que nous avons rappelée.

— Dans le texte actuel de l’histoire de Gédéon, le mont Gelboé n’est pas désigné par son nom véritable, mais il y a lieu de croire toutefois que, au lieu de « Galaad » que nous lisons Jud., vil, 3, c’est « Gelboé » qu’il faut lire, parce que la fontaine d’Harad, où burent les soldats de Gédéon, Jud., vii, 1, 5-7, est au pied du Gelboé, et qu’il ne peut être question dans ce passagedu pays de Galaad situé à l’est du Jourdain. Voir F. Vigouroux, La

nimum de — 3°9. Socin, Palâstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. 54. Pour exceptionnel que soit cet abaissement, il suffit à donner aux habitants l’idée de la gelée. — Les Livres Saints ne parlent guère de ce phénomène. Les jeunes gens dans la fournaise, Dan., iii, 69, invitent la gelée (irâyoç, gelu) et le froid à bénir le Seigneur. Ils pouvaient parler ainsi en Babylonie, où la température tombe parfois à — 5° en hiver. Voir 1. 1, col. 1361. — L’auteur de l’Ecclésiastique, xliii, 22, dit que quand le vent du nord vient à souffler, l’eau se congèle (71ay^<rexat, gelavit ) en cristal. — Zacharie, xiv, 6, annonce qu’au jour de l’avènement du Seigneur, « il n’y aura plus de lumière, mais du froid et de la gelée. » Le keri porte : yeqârôf veqipâ’ôn, 4°Sx » Ç **l tctYoç, frigus et geltt. Le kethib lit : yeqârôt yiqqdfûn, « les splendides se contractent, » c’est-à-dire les astres brillants font rentrer leur éclat, s’obscurcissent. Les deux leçons de l’hébreu ne diffèrent que par la substitution d’un », y, à un i, v. La leçon du keri a pour elle les versions anciennes et les targums ; celle du chethib, bien que grammaticalement beaucoup moins claire, est plus conforme au parallélisme et reproduit une idée familière aux auteurs sacrés quand ils parlent des derniers jours. Joël, iii, 15 ; Is., xiii, 10 ; Ezech., xxxii, 7, 8 ; Matth., xxiv, 29 ; Apoc, vi, 12.

H. Lesêtre.
    1. GELILOTH##

GELILOTH (hébreu : Gelîlôf ; Septante : ValilM),

localité de Palestine. Jos., ïtiii, 18. La Vulgate a rendu Geliloth par un nom commua : ad tumufos, « aux tertres. » Elle n’est nommée qu’une fois dans l'Écriture pour déterminer les limites qui séparent les tribus de Juda et de Benjamin entre Ensémés et la montée d’Adommin. Jos., xviii, 17-18. Voir Benjamin, t. ii, col. 1593. Comme dans le passage parallèle, Jos., xv, 7, Galgala est nommé au lieu de Geliloth, on ne peut guère douter que Geliloth et Galgala ne soient deux formes différentes du même nom de lieu. Voir Galgala 1, col. 84. Sur la signification du mot Geliloth et les autres emplois de ce mot, voir Galilée 1, col. 87.

    1. GÉMALLI##

GÉMALLI (hébreu : Gemallî ; Septante : ratios ; Codex Alexandrinus : To[xa)ipi P ere d’Ammiel, de la tribu de Dan, lequel fut un des explorateurs de la terre de Ghanaan. Num., xiii, 13 (hébreu, 12).

    1. GÉMARA##


GÉMARA, partie du Talmud dans laquelle est commentée la Mischna. Voir Talmud.

    1. GENDRE##

GENDRE (hébreu : hàfàn ; Septante : 7a.11.6p6s ; Vulgate : gêner), le mari par rapport au père et à la mère de sa femme. — En hébreu, le mot hâtdn, de hdtan, « marier sa fille, » désigne celui auquel des parents ont donné leur fille ; le hâfân est à la fois le nom du mari vis-à-vis de la fille, et le nom du gendre vis-à-vis des parents. Voir Mari. La Sainte Écriture mentionne spécialement les gendres de Lot, qui refusèrent de croire à l’annonce que l’ange avait faite de la ruine imminente de Sodome, et périrent victimes de leur incrédulité. Geri., XIX, 12-14. Elle mentionne Samson, comme gendre d’un homme de Tamnatha, Jud., xv, 6 ; le lévite d'Éphraïm comme gendre d’un Bethléhémite, Jud., xix, 5-10 ; David comme gendre de Saûl, I Reg., xviii, 18-27 ; xxii, 14 ; Tobie, l’adversaire de Néhémie, comme gendre de Sichénias, II Esdr., vi, 18 ; un fils de Joïada comme gendre de Sanaballat, II Esdr., xiii, 28 ; le jeune Tobie comme gendre de Raguël, Tob., x, 8 ; Alexandre I er Balas, roi de Syrie, comme gendre de Ptolémée VI Philométor, roi d’Egypte, I Mach., x, 54, et Ptolémée, fils d’Abobi, qui fit périr son beau-père, 'le grand-prêtre Simon. I Mach., xvi, 12. — Un terme correspondant à celui de hdfdn, kaltâh, désignait la femme soit comme épouse vis-à-vis du mari, soit comme bru vis-à-vis du père et de la mère du mari. Septante : iiy.yr ; Vulgate : nurus. Voir Fiançailles, t. ii, col. 2230. Il est question, dans la Sainte Écriture, de la bru ou belle-fille de Lot, Gen., xi, 31 ; de Thamar, bru de Juda, Gen., xxxviii, 11-24 ; I Par., ii, 4 ; dé Ruth et d’Orpha, brus de Noémi, Ruth, I, 6, 7, 22 ; iv, 15, et de la bru du grand-prêtre Héli. I Reg., iv, 19. — Le mariage d’un homme avec sa bru était défendu sous peine de mort. Lev., xviii, 15 ; xx, 12. Ézéchiel, xxii, 11, reproche aux Israélites la violation de cette loi. — Notre-Seigneur vient, par son Évangile, séparer la bru de sa belle-mère, Matth., x, 35 ; Luc, XII, 53, c’est-à-dire établir des obligations supérieures à celles de la famille, par suite desquelles les parents se diviseront entre eux selon qu’ils seront croyants ou

infidèles.
H. Lesêtre.

1. GÉNÉALOGIE.

I. Sens du mot généalogie. — Le mot généalogie (yevEaXoYéa) n’apparait que deux fois dans le Nouveau Testament. I Tim., i, 4 ; Tit., iii, 9. Il y désigne quelque chose qui ressemble aux émanations spontanées des éons et où l’on pourrait voir le germe de certaines doctrines gnostiques. Saint Paul recommande à Timothée de proscrire ces fables et ces « généalogies » sans fin, et à Tite d'éviter ces questions oiseuses et ces « généalogies » vaines. Le mot-feveaXo-ffa ne se trouve que dans quelques manuscrits des Septante, là où le texte reçu lit xata), ofi(i|itSç ou xaTaXo^iutiôç. I Par., iv, 33 ; vil, 5, 7 ; ix, 22 ; I Esdr., viii, 1. — Nous entendons par

généalogies ce que la Vulgate appelle generationes ou liber generationis (fe-viæic ou fJiôXoç-xtviazai, en hébreu tôldôt ou sêfer tôldôt). C’est la formule par laquelle débutent les dix parties de la Genèse : Ecce generationes, ou par exception, v, 1 : Liber generationis. En dehors de la Genèse nous retrouvons trois fois cette même formule : Num., iii, 1 ; Ruth, IV, 18 ; I Par., i, 22, et assez souvent, surtout dans les Paralipomènes, une formule analogue à celle-ci : Filii Levi in generationibus suis. — Il importe de savoir ce que signifie, dans ces phrases, le mot tôldôt. Ce n’est pas proprement « générations », ni « table généalogique », au moins dans l’hébreu biblique. La preuve en est dans ces exemples : Voici les tôldêt du ciel et de la terre, Gen., ii, 4 ; voici les fôldôt de Noë, Gen., vi, 9 ; suit l’histoire du déluge. Tôldôt dérive de yâlad, « enfanter, » et devait signifier d’abord « postérité, race ». Mais comme, aux temps primitifs, la généalogie était la charpente de l’histoire et que celleci n'était, à vrai dire, qu’un cadre généalogique garni d’anecdotes et de faits divers, le mot en vint à désigner l’histoire telle qu’elle se transmettait alors oralement ou par l'écriture, c’est-à-dire une série d'événements relatifs au même groupe familial, brodés sur un canevas généalogique plus ou moins serré. Enfin, à la longue, le sens étymologique s’effaça complètement et fôldôt signifia simplement » histoire ou chronique ». « Les biographies patriarcales, dit l’abbé de Broglie, dans le Congrès scientifique international des Catholiques de 1888, in-8°, Paris, 1889, t. i, p. 110, sont des éléments généalogiques épanouis et dilatés ; les versets généalogiques sont des biographies abrégées ou rudimentaires. »

II. Topographie des généalogies.

Les principales généalogies de l’Ancien Testament sont dispersées dans les livres suivants :

Liste des patriarches d’Adam à Noë.. Gen., v, 1-32.

Table ethnographique des fils de Noë.. Gen., X, 1-32.

Liste des patriarches de Sem à Tharé. Gen., xi, 10-26.

Descendants de Tharé Gen., XI, 27-32.

Descendants de Nachor ' Gen., xxii, 20-24.

Descendants d’Abraham par Cétura… Gen., xxv, 1-4.

-^Descendants d’Ismaël Gen., xxv, 12-18.

Liste des fils de Jacob Gen., xxxv, 23-29.

Descendants d'Ésaii et princes d'Édom.- Gen., xxxvi, 1-43.

Famille de Jacob émigrant en Egypte. Gen., xlvi, 8-27.

Généalogie des lévites Num., iii, 14-39.

Généalogie des chefs des tribus …. Num., xxvi, 1-51.

Généalogie de David Ruth., iv, 18-22.

Généalogie d’Esdras I Esdr., vii, 1-5.

Généalogie de plusieurs personnages.. II Esdr., xi et xii.

Les neuf premiers chapitres du premier livre des Paralipomènes sont entièrement remplis par des listes généalogiques annotées, tantôt résumant, tantôt développant les généalogies ci-dessus indiquées, y ajoutant aussi parfois d’autres documents d’origine inconnue. C’est ainsi qu’on y trouve deux généalogies de Benjamin, l’une succincte, I Par., vii, 6-12, tirée de la Genèse et des Nombres, l’autre plus étendue, I Par., viii, 1-40, dont nous ignorons la provenance. Il y a également deux généalogies de Juda, l’une assez courte, iv, 1-23, l’autre beaucoup plus complète, ii, 3-m, 24, descendant jusqu’après la captivité. Ces doubles généalogies présentent des divergences très frappantes que l’auteur ne semble pas se mettre en peine d’harmoniser. On voit qu’en véritable historien il reproduit des sources anciennes, sans système préconçu et sans modification de tendance. — Pour les généalogies particulières, voiries articles spéciaux ; pour la généalogie de Notre-Seigneur, voir Généalogie 2.

III. Conservation des généalogies.

Tous les Sémites attachent à leur descendance une importance extrême. On sait que les Arabes enregistrent soigneusement la lignée même de leurs chevaux et distribuent à ces derniers - des quartiers de noblesse, aussi documentés que ceux de nos traités héraldiques. Cf. la lettre

d’Abd-el-Kader au général Daumas, dans la Revue des deux mondes, 15 mai 1855, p. 775-777. Naturellement, ils font encore plus de cas du blason de l’homme. Chez eus toute biographie de guerrier, de poète, d’écrivain, d’artiste ou de savant, débute par une longue généalogie. Caussin de Perceval, dans son Essai sur l’histoire des Arabes avant Vlslamisme, in-8°, Paris, 1844-1848, reproduit en partie ces listes, recueillies dans le Livre des Chansons (Kitàb-eUAghànï) et autres ouvrages semblables. Les Hébreux partageaient ce goût commun à tous les Sémites, et ils avaient un intérêt particulier à conserver des titres qui leur conféraient des droits et des privilèges. Prêtres et lévites, pour remplir leurs fonctions honorables et bien rémunérées, avaient à établir légalement leur descendance. Au retoty de la captivité plusieurs furent exclus de la classe sacerdotale, I Esd., Il, 62 ; II Esd., vii, 64, et quelques laïques privés du droit de cité, I Esd., ii, 59 ; II Esd., vii, 61, faute de pouvoir démontrer leur origine lévitique ou israélite. Cette preuve était nécessaire, même aux laïques, pour jouir de certains droits, par exemple pour rentrer eh possession de leurs biens de famille, à l’époque dii jubilé. Et comme le sol de la Palestine avait été, selon les prescriptions mosaïques, concédé inaliénablement à telle tribu et à telle maison, il fallait, pour revendiquer une portion du domaine héréditaire aliéné pour un motif quelconque, faire remonter sa généalogie jusqu’à l’un des douze patriarches. On ne s’étonne donc pas qu’après l’exil presque toutes les familles eussent leurs papiers en règle et que l’exception soit signalée par les auteurs sacrés comme un fait anormal.

La parenté la plus rapprochée conférait encore les droits et les devoirs du gôêl. Vulgate : propinquus ou proximus. Ruth., iv, 1-6 ; Lev., xxv, 25. « L’utilité pratique des généalogies, dit l’abbé de Broglie, ouvi, cité, p. 117, en garantit le caractère historique. Sans doute, il a pu exister beaucoupd’-erreurs ; il peut et il doit y avoir eu beaucoup de falsifications. L’importance pratique de ces documents était une excitation à la fraude. Mais l’intérêt rival était une garantie que la fraude serait démasquée. Si donc il n’y a pas lieu (toute question d’inspiration écartée) d’avoir foi d’une manière absolue dans chacun de ces documents, le caractère historique de l’ensemble ne peut être contesté. » — En particulier, les généalogies du premier livre, des Paralipomènes (i-ix) inspirent pleine confiance. Quelques-unes reproduisent exactement, quoique en abrégé, les listes du Pentateuque ; les autres, qu’il nous est impossible de contrôler, ne sont certainement pas inventées par l’auteur qui, plusieurs fois, nous donne ses sources. Ainsi pour la tribu de Gad, nous sommes renvoyés au recensement de cette tribu, I Par., v, 17 ; pour la tribu d’Issachar au dénombrement fait sous David. I Par., vii, 2. Les registres publics, faciles à dresser, parce que de temps immémorial chaque famille possédait ses titres privés, devinrent mieux tenus et plus accessibles à partir de l’époque où se firent les recensements officiels. Nous connaissons les dénombrements de David, I Par., vu, 2 ; xxvi, 31 ; d’Asa, II Par., xiv, 8 ; d’Ozias, II Par., xxvi, 11 ; de Joatham pour Juda et de Jéroboam II pour les tribus du Nord, I Par., v, 17 ; et il y en eut évidemment plusieurs autres. Voir, sur les listes généalogiques du premier livre des Paralipomènes, F. von Hummelauer : Dos vormosaische Priesterthum in Israël, vergleichende Studie zu Exodus und 1 Chron. 2-8, Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 41-106.

Deux tribus surtout devaient tenir à ces archives généalogiques (Sêfér hay-yahas), U Esd., vii, 5 ; la tribu sacerdotale de Lévi et la tribu souveraine de Juda. Josèphe, Vit., i, *Q{ £v toïç 6r, |iciacai ; SéXtoi ; àvayEYpa|i|jivi)v T|îpov, dans son autobiographie puise quelques détails à ces archives publiques. Il mentionne avec fierté l’origine royale de sa mère. Il nous apprend ailleurs avec quel


soin les prêtres, même exilés en Egypte ou à Babylone, conservaient la pureté de leur sang et le souvenir de leur descendance. Ils expédiaient de temps en temps à Jérusalem des registres authentiques où paraissaient dans certains cas les femmes elles-mêmes, car le fils d’une esclave ou d’une ancienne prisonnière de guerre ne pouvait plus remplir les fonctions sacerdotales. Cont. Apion., i, 7. Comme le Mescie devait sortir de Juda et de la maison de David, un motif nouveau devait exciter les membres de cette tribu et de cette famille à préserver les titres de leur illustre origine. Un fait curieux rapporté par Eusèbe d’après Hégésippe, H. E., iii, 19, 20, t. xx, col. 252, nous montre qu’ils n’y manquaient pas. Domitien ordonna de mettre à mort tous les descendants de David : il fallait bien qu’un document officiel permît de les distinguer. Au témoignage d’Hégésippe, les parents du Sauveur ne durent la vie qu’à, l’humilité de leur condition, l’empereur ayant compris qu’il n’y avait rien à craindre de si petites gens.

Quant aux généalogies patriarcales, abstraction faite de l’inspiration, nous n’avons aucun moyen direct d’en prouver la véracité. L’écriture peut avoir été employée de très bonne heure à conserver le souvenir de nos origines, car elle remonte beaucoup plus haut qu’on ne le croyait il y a un demi-siècle. D’ailleurs une mémoire ordinaire suffit à retenir deux dizaines de noms, accompagnés de courtes notices ; et l’on sait la puissance de la mémoire chez les peuples où l’écriture n’est pas d’un usage courant. Nous ne prétendons pas cependant que les noms antiques nous aient été transmis sans modification. Dans les langues primitives tout mot. y compris les noms propres, doit signifier quelque chose. Les noms étrangers sont traduits ou remplacés ; ils se modifient au fur et à mesure de la transformation du langage. Dans les listes de la Genèse, les noms des patriarches ont une physionomie sémitique et même hébraïque très accusée. Ils doivent avoir été accommodés au génie de la langue. Le procédé importe peu. À toutes les époques des personnages ont été connus dans l’histoire sous des noms qu’ils n’ont point portés, soit que, leur nom véritable étant ignoré, on les désigne par un nom commun : Brennus, Pharaon, saint Adaucte, Miramolin, etc., soit pour toute autre cause. Cela n’empêche pas ces personnages d’être historiques. Les rapprochements tentéspar Fr. Lenormant, Origines de l’histoire, t. i, Paris, 1880, p. 214-290, entre les patriarches antédiluviens de la Bible et les rois antédiluviens de la tradition chaldéenne, paraissent forcés. Il n’y a de commun que le nombre dix, mais ce nombre, somme des doigts des deux mains, nous est enseigné par la nature, comme base de la numération, et se rencontre ailleurs dans des listes semblables. Sur l’origine mythologique des patriarches antédiluviens, voir F. Vigouroux, Livres Saints et critique ration., 1891, t. iv, liv. I, chap. vii, p. 191-217. Sur la prétendue identité de la généalogie des Séthites et des Caïnites, voir Vigouroux, ibid., chap. viii, p. 218-227, et de Hummelauer, Comment, in Gènes., 1895, p. 184-189.

IV. Point de vue des généalogies.

Un principe élémentaire, quand il s’agit d’apprécier les institutions ou les écrits des anciens, c’est de se placer à leur point de vue : faute de quoi l’on tourne dans un perpétuel malentendu, blâmant ce qu’il faudrait approuver, approuvant ce qu’il faudrait blâmer. Chez les Sémites, la notion et le rôle des généalogies diffèrent des nôtres au triple point de vue ethnographique, systématique et juridique.

Point de vue ethnographique.

Pour nous, modernes,

les droits de l’individu priment tout, la famille est reléguée au second plan ; pour le Sémite, la famille était tout, l’individu presque rien. De là, cette conception de la justice qui ne manque guère de nous scandaliser ; cette solidarité pour le bien et pour le mal, dans les châtiments et les récompenses ; de là aussi cette identification du père avec ses enfants, du chef de race avec

III. - 6

laræe elle-même, qu’on peut constater presque à chaque page de l’Ancien Testament. « Par suite de cette solidarité, dit fort bien l’abbé de Broglie, ouvr. cité, p. 102, le même nom propre signifie indifféremment, en principe général, un individu et une famille, tribu ou nation. Israël est le fils d’Isaac : Israël, c’est le peuple israélite. Juda, c’est le fils de Jacob : Juda c’est la tribu de Juda. Ce n’est pas par métaphore que les tribus sont désignées . par le nom de l’aïeul. Le sens ethnographique et le sens personnel et biographique sont aussi propres, aussi naturels l’un que l’autre. » Il y a plus. Le peuple finit par s’identifier avec le pays qu’il occupe. Le sol personnifie la race. Israël c’est à la fois le fils d’Isaac, le peuple hébreu et la Palestine ; Éphraïm c’est le fils de Joseph, c’est une des douze tribus et c’est le pays montagneux qui avoisine Sichem. « Voici les fils de Séir l’Horréen… voilà les chefs des Horréens qui commandèrent dans la terre de Séir. s Gen., xxxvi, 20 et 30. Dans la suite, fils de Séir devint synonyme d’Iduméens. II Par., xxv, 11, 14.

Il ne faudra donc pas être surpris de trouver, dans les tables généalogiques, des peuples et même des pays mêlés à des individus : le pays désignant par une métaphore, presque effacée à force d’être usuelle, la population qui l’habite. Ainsi Cham, fils de Noë, engendre Mesraîm (les deux Égyptes, la basse et la haute ; Mesraïm étant le duel de Mesr, usité encore en arabe pour indiquer l’Egypte). Mesraïm, à son tour, engendre les Ludim habitants du Delta), les Ànanim, les Laabim (Libyens), les Nephtuim (habitants de Memphis ; Naphtah, gens de Phtah), les Phetrusim (habitants de la Thébaïde ; P-tO-res, la terre du Sud), les Chasluim, souche des Philistiim (Philistins) et des Caphtorim (Cretois). Chanaan de son côté engendre Sidon (la Pêcherie), l’Héthéen, l’Amorrhéen, l’Hévéen, l’habitant d’Arka, d’Arad, de Simyra, de Hamath. Il n’y a pas là de mythe ; il y a filiation véritable ; seulement le nom de l’aïeul oublié est remplacé par le nom ethnique ou géographique.

Point de vue mnémonique.

À une époque où,

l’écriture étant inconnue ou peu répandue, les traditions antiques se transmettaient de père en fils, elles se figeaient aisément dans un cadre inflexible qui soulageât la mémoire et servît à conserver intacts les documents. Deux systèmes étaient en présence : versifier l’histoire, et c’est le moyen qu’adoptèrent la plupart des peuples depuis les Grecs et les Hindous jusqu’aux sauvages de l’Australie et de la Micronésie, ou bien recourir aux artifices mnémoniques, aux nombres sacramentels. Le choix de ces nombres fut déterminé par des considérations symboliques dont ce n’est pas ici le lieu d’étudier la nature et l’origine. Toujours est-il que le nombre dix, somme des doigts des deux mains, base de la numération, et le nombre sept, total des jours de la semaine, avec leur produit, 10 X 7 =70, furent pour les Hébreux les nombres mystiques par excellence. Il y a 10 patriarches antédiluviens, 10 patriarches postdiluviens. L’auteur des Paralipomènes énumère 70 descendants de Juda (I Par., ii, 3, 55), 70 descendants de Benjamin, toi, 1, 28. Le tableau ethnographique de la Genèse comprend 70 noms. Moïse aurait pu l’augmenter ou le réduire, car il mentionne des peuplades de peu d’importance et passe sous silence des races que certainement il connaissait. Les descendants de Jacob, comptés à l’occasion de l’entrée en Egypte, sont encore au nombre de 70. Mais plusieurs membres de cette liste étaient déjà morts et d’autres n’étaient pas nés encore. Cf. de Hummelauer, Comment, in Gènes., p. 572, et Pannier, Genealogise biblicæ, 1886, p. 272. On voit l’intention de l’auteur d’arriver au chiffre fatidique de 70. Ce n’était pas là un frivole jeu d’esprit. En s’arrêtant à un nombre sacramentel, on fermait la porte aux additions frauduleuses de noms nouveaux et on prévenait les omissions dictées par le désir d’abréger. Restaient les substitutions d’un nom à un autre, substitutions qui probablement se sont produites plus d’une

fois dans nos listes généalogiques, mais le mal était sans remède. Nous terrons bientôt que saint Matthieu a rangé les ancêtres du Christ en trois séries de quatorze membres chacune et cet artifice, partie symbolique, partie mnémonique, a eu pour résultat l’omission voulue de plusieurs intermédiaires. Ces remarques ont de" l’importance pour la question des lacunes sur laquelle les catholiques semblent de plus en plus tomber d’accord ; mais elles n’infirment en rien la véracité des écrivains inspirés, qui ont bien pu raccourcir leurs listes, pour les faire entrer dans leur cadre inflexible, mais non les allonger.

Point de vue juridique.

La loi du lévirat est

bien connue : « Quand, de plusieurs frères habitant ensemble, l’un mourra sans enfants, sa veuve ne se remariera pas à un étranger, mais le frère du défunt la prendra pour femme et le premier fils qu’elle enfantera succédera au nom du mort (mot à mot : se lèvera sur son nom, c’est-à-dire héritera de son nom et de ses biens), afin que le nom de ce dernier ne soit pas effacé d’Israël. » Deut., xxv, 5, 6. Suit la cérémonie ignominieuse que doit subir le beau-frère s’il refuse d’accomplir ce devoir. Voir Lévirat. C’était là une très ancienne coutume, Gen., xxxviii, 8, 14, 26, sanctionnée par Moïse par dérogation spéciale aux empêchements de mariage entre beau-frère et belle-sœur, édictés dans le Lévitique, xviii, 16 ; xx, 21. Le législateur ayant en vue, comme il le marque expressément, de prévenir l’extinction totale d’une famille, ce qui était considéré comme un grand malheur, le premier fruit de cette union était regardé, par une fiction juridique, comme le fils véritable du défunt. Il continuait la lignée de son père légal et dans un tableau généalogique il en adoptait tous les ancêtres. Nous concluons du cas de conscience posé par les Sadducéens, Matth., xxii, 24 ; Marc, xii, 19 ; Luc, xx, 28, pour embarrasser le Sauveur, que la loi du lévirat subsistait encore au temps de Jésus-Christ. Dans l’histoire de Ruth, c’est autre chose. Booz n’est pas le beau-frère (yâbdm) de Ruth, mais bien le plus proche parent (gô’êfy de son mari défunt. Il n’y a donc pas application stricte de la loi du lévirat ; mais l’exemple montre que l’usage tendait à élargir le principe posé par Moïse au lieu de le restreindre. Cf. Driver, Deuteronomy, 1895, p. 285.

Les Hébreux ne connaissaient pas l’adoption (voir Adoption) à la manière des Grecs et des Romains. Il n’y a pas trace non plus dans la Bible de cette filiation fictive, en usage chez quelques peuples, suivant laquelle un roi était considéré comme le fils et l’héritier de son prédécesseur. Mais on peut se demander si, outre la loi du lévirat, il n’existait pas d’autre mode de filiation légale, pouvant faire dévier une généalogie de sa marche directe, ou créer, pour un seul personnage, un double courant généalogique. La nature de notre travail ne nous permet pas de traiter à fond la question : nous appelons seulement l’attention du lecteur sur les points suivants.

On sait que la postérité de Jacob était divisée en douze tribus (maftêh ou Sêbéf, signifiant l’un et l’autre « verge », soit « branche vivante », d’après la métaphore usitée partout qui représente le chef de race comme une tige et ses descendants comme des rameaux, soit plutôt « branche morte », bâton de commandement, sceptre). Au-dessous de la tribu était la famille (mUpâhâh), groupe considérable de maisons sous un chef commun (comparez les sous-tribus arabes), qui s’était déjà constitué en Egypte. Au moment de l’Exode, le nombre des familles, sans compter la tribu de Lévi, était de 58. Num., xxvi ; Ruben en a 4, Siméon 5, Gad 7, Juda 5, Issaihar 4, 2Jabulon 3, Manassé 8, Éphk-aïm 4, Benjamin 7, Aser 5, Nephthali 4, Dan une seule. Mais ce nombre" était sujet à changer avec le temps. Une subdivision de la famille était la maison (bèf-db), enfin au bas de l’échelle sociale était le foyer représenté par le père de famille (viri Juda et Israël). Si le nombre des

tribus demeure invariable et est maintenu en droit alors même que de fait plusieurs tribus étaient à peu près éteintes, il en fut tout autrement des familles et des maisons. Une famille pouvait être réduite au rang de maison ; une maison, croissant en nombre et en importance, pouvait devenir famille ; deux familles ou deux maisons, à force de décliner, pouvaient se fondre en une. Nous trouvons dans l’Écriture un exemple intéressant de cette fasion. 1 Par., ixiii, 11. Jaûs et Baria eurent peu d’enfants ; voilà pourquoi ils ne comptèrent que pour une seule maison (bê(-’âb). Cf Riebm, Handwôrterbuch des biblischen AUertums, 2e édit., 1894, t. ii, p. 1562-1568. Or il s’agirait de savoir : — 1. S’il y avait dans le peuple juif des maisons ou des individus qui ne fissent pas remonter leur origine à l’un des douze patriarches éponymes des tribus. Au moment de l’entrée en Egypte, la famille de Jacob était accompagnée d’un nombre d’étrangers et de serviteurs certainement bien supérieur à celui des fils et petits-fils d’Israël. Ces clients faisaient partie de la famille, s’alliaient avec elle, confondaient leur sang avec le sien, étaient incorporés au peuple élu. Leurs descendants n’étaient-ils pas regardés, par une fiction juridique fondée sur le mélange du sang, comme les véritables descendants de Jacob ? Ces accroissements par le dehors furent toujours fréquents, en Egypte, au moment de l’Exode, après l’occupation de la Terre Promise. Les prosélytes qui, comme Achior, Judith, xiv, 6, étaient incorporés au peuple d’Israël n’étaient-ils pas inscrits dans l’une des tribus ? Ne devenaient-ils pas légalement les fils du fondateur de la famille à laquelle ils s’étaient agrégés ? En dehors d’Éphraïm et de Manassé, -les fils de Joseph ne firent pas souche et leur descendance fut assignée à l’un de leurs frères. Dans les divers recensements, Num., i-ii, xxvi, etc., on ne connaît que les fils des treize patriarches ; en particulier, il n’y a de descendants de Joseph que les fils de Manassé et les fils d’Éphraïm. Num., ii, 18, 20. Jacob mourant avait dit à Joseph : « Les deux fils que tu as eus, avant mon entrée en Egypte, sont à moi ; Éphraïm et Manassé seront miens comme Ruben et Siméon. Pour les autres, que tu as engendrés ensuite, ils seront à toi : ils porteront le nom de leurs frères dans leurs possessions. » Gen., xl viii, 5, 6. — 2. Il faudrait savoir encore si, quand deux familles ou deux maisons faisaient fusion, les ancêtres devenaient communs. Les Arabes ne conçoivent pas autrement la généalogie, et tous les membres d’une tribu ou d’une sous-tribu sont censés descendre du fondateur éponyme. Cela simplifie singulièrement les arbres généalogiques. N’y aurait-il pas eu chez les Israélites une fiction semblable ? Ces questions, jusqu’ici négligées, sont très difficiles ; mais elles seraient d’une extrême importance pour résoudre bien des divergences et des antilogies.

V. Lacunes dans les généalogies.

La possibilité et même l’existence des lacunes dans les listes généalogiques a été mise en pleine lumière par le P. Brucker, La Chronologie des premiers âges de l’humanité, dans la Controverse, 15 mars et 15 mai 1886, t. xiii, p. 375-393, et t. xiv, p. 5-27, et par M. l’abbé Pannier, Genealogise biblicse cum monumentis Mgypliorwm et Chaldœorum collatss, in-8°, Lille, 1886. Pour peu qu’on soit au courant des usages orientaux on n’y verra aucune difficulté quand les membres des généalogies sont reliés par le mot « fils ». Ne lisons-nous pas dans saint Matthieu : « Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham ? » Les Paralipomènes abondent en généalogies où fils et petits-fils confondus sont attribués à un père commun. Il n’en faut pas voir davantage lorsque les anneaux intermédiaires sont unis par le mot « engendra ». On constate dans « aint Matthieu, qui se sert de ce mot, 1, 2-16, un assez grand nombre d’omissions, les unes parfaitement certaines, les autres plus ou moins probables. Du reste les exemples de ce fait ne se comptent

pas. Nous avons vu ci-dessns que des personnages du tableau ethnographique de la Genèse avaient « engendré » des peuples.

Quelques auteurs ont cru trouver une distinction de sens dans les formes kal et hiphil du verbe yâlad, « engendrer. » La forme hiphil ne se dirait que de là génération immédiate, la forme kal comprendrait aussi la génération médiate, avec omission d’un ou plusieurs membres. Cette distinction est arbitraire et ne repose sur rien. C’est la forme hiphil, hôlîd, qui est employée dans la liste des patriarches antédiluviens, Gen., v, et dans celle des patriarches postdiluviens. Gen., xi. Dans ces deux cas, une raison spéciale s’est opposée longtemps à l’admission des lacunes et fait encore impression sur quelques interprètes. S’il y avait seulement : « Malaléel engendra Jared, » Gen., v, 15, ils admettraient sans peine que Jared peut être seulement le petit-fils ou le descendant plus éloigné de Malaléel ; mais le texte porte : « Malaléel vécut soixante-cinq ans et il engendra Jared. Et Malaléel, après qu’il eut engendré Jared, vécût huit cent trente ans et il engendra des fils et des filles. » Dans ces formules, si serrées en apparence, où trouver un interstice pour glisser les générations intermédiaires, dont nous avons besoin si nous voulons mettre d’accord la chronologie biblique avec la chronologie profane ? Il faut entendre : Malaléel, à l’âge de 65 ans, engendra le père ou l’aïeul de Jared ; et ce sens n’est sans doute pas celui qui se présente le plus naturellement à l’esprit. Le tout est de savoir s’il est imposé par des données extrinsèques certaines ou approchant de la certitude. Or, d’après beaucoup d’apologistes catholiques dont lenombre va toujours croissant, il en est réellement ainsi. La chronologie biblique, obtenue dans l’hypothèse des généalogies complètes, est trop courte, soit qu’on suive les chiffres du texte hébreu, soit qu’on adopte ceux des Septante. Voir Chronologie. Dès lors on est bien forcé d’entendre le mot « engendra » d’une génération médiate. On peut remarquer : 1. que le mot « engendra » comporte réellement ce sens en hébreu et que par suite la véracité de l’Écriture est sauvegardée ; 2. que l’auteur sacré n’a pas du tout l’intention de faire une chronologie, car autrement il omettrait les chiffres qui n’importent en rien à la chronologie et il ferait la somme des années ; 3. que le tableau tel qu’il se présente actuellement à nous peut avoir été obtenu par réduction, en supprimant les intermédiaires moins connus, et en maintenant toutefois le cadre primitif. F. Prat.

    1. GÉNÉALOGIE DE JÉSUS-CHRIST##


2. GÉNÉALOGIE DE JÉSUS-CHRIST. Le premier et le troisième évangélistes nous ont laissé chacun une généalogie de Notre-Seigneur. Saint Matthieu intitule la sienne : « Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham » ([StgXoç ytviaimi, ce qui correspond évidemment à l’hébreu sêfér fôldôf), et la place en tête de son livre. Celle de saint Luc vient après le récit du baptême, iii, 23-38, et débute ainsi : « Et Jésus avait environ trente ans, étant, comme on le croyait, fils de Joseph, qui fut d’Héli, qui fut dé Mathat, etc. » Ka aOràç i)v ô’Iy]<to0{ d>m ètûv Tptâxovta âp"/6[ « .evo{, <ôv ci ; Évo|1’! Ç£to ijV>i’Iaxrriç, toû’HXé, toû MartâT, xtà. C’est le texte reçu, mais Tischendorf et Westcott-Hort préfèrent la leçon donnée par d’excellents manuscrits et plusieurs Pères grecs : &v. uïôç, <Jç êvoiiiCexo, ’Iwt^ç, toO’HXeî, xtX. Cette variante est à noter, car, si on l’admet, il devient plus difficile de soutenir que la généalogie reproduite par saint Luc est celle de Marie.

I. Généalogie de saint Matthieu.

Elle est descendante, d’Abraham à Jésus. Elle est distribuée en trois séries, de quatorze noms chacune, se terminant, là première à David, la seconde à la captivité et la troisième au Messie. Cette division en trois séries égales n’est pas accidentelle ; elle est voulue, comme le prouve ce résumé ajouté par l’auteur lui-même, i, 17 : « Somme des gené

rations : d’Abraham à David quatorze générations, de David à l’exil de Babylone quatorze générations, de l’exil de Babylone au Christ quatorze générations. ».

1. Abraham.

2. Isaac.

3. Jacob.

4. Juda.

5. Phares.

6. Esron.

7. Aram.

8. Aminadab.

9. Naasson.

10. Salmon.

11. Booz.

12. Obed. yl3. Jessé. AÏ4. David.

iz.

n* SERIE

1. Salomon.

2. Roboam.

3. Abias.

4. Asa.

5. Josaphat.

6. Joram,

7. Ozias_ Tj V i. Joatham. V

9. Achaz.

10. Ézéchias.

11. Manassès.

12. Amon. Josias. * Jéchonias.

VH

m* SERIE

1. Jéchonias.

2. Salathiel.

3. Zorobabel.

4. Abiud.

5. Éliacim.

6. Azor.

j 7. Sadoc. ) 8. Achim. j 9. Éliud. i 10. Éléazar. V 11. Mathan.

12. Jacob.

13. Joseph.

14. Jésus.

Ce qui frappe d’abord dans cette liste des ancêtres du Sauveur, c’est qu’elle contient de nombreuses lacunes. — 1° Entre Joram et Qzias trois rois bien connus sont omis : Ochozias, Joas, Amasias. L’omission n’est pas due à une faute de copiste, comme on l’a quelquefois prétendu sans l’ombre d’une raison, car les générations de la seconde série seraient alors au nombre de dix-sept et non plus de quatorze. Elle ne peut pas être attribuée à un oubli de l’auteur (les personnages laissés de côté sont trop célèbres) ; elle est donc intentionnelle et systématique. Malgré cela, Joram est relié au fils de son arrière-petit-fils par la formnle ordinaire : « Joram engendra Ozias, » sans que rien, dans le texte, fasse soupçonner la suppression de trois anneaux intermédiaires. — 2° Josias est donné pour le père de Jéchonias, il n’est que son grand-père. En effet, Josias eut pour fils Joakim et ce dernier engendra Joachin appelé aussi Jéchonias. Quelques auteurs, il est vrai, recourent icj encore à une erreur de copiste. Ils font remarquer que, si l’on n’intercale Joakim entre Josias et Jéchonias, la seconde série ou la troisième aura seulement treize noms au lieu de quatorze. Cette hypothèse serait assez plausible si elle avait plus de témoignages en sa faveur ; malheureusement elle est très peu appuyée et l’embrasser dans ces conditions serait violer toutes les règles de la critique. La raison alléguée n’est pas décisive. Saint Matthieu a besoin de quatorze noms dans chaque série et il les obtient en répétant, au_ début de la troisième, le nom de Jéchonias qui termine la seconde. Jéchonias est répété parce qu’il fut roi et homme privé : comme roi, il clôt la liste des successeurs de David sur le trône de Juda ; comme homme privé, il ouvre celle des descendants de David qui n’ont pas porté le sceptre. Le groupement adopté par saint Matthieu étant surtout un artifice mnémonique, il n’y a pas d’inconvénient à ce qu’un personnage soit compté deux fois. Il y en aurait un si l’évangéliste", faisant la somme des trois groupes, donnait pour total quarante-deux générations. On a vu plus haut que ce n’est pas le cas. — 3° Entre Phares, né dans le pays de Chanaan, et Naasson, chef de la tribu de Juda au temps de l’Exode, saint Matthieu ne mentionne que trois membres : Esron, Aram et Aminadab. C’est trop peu, soit qu’on fasse durer le séjour en Egypte 430 ans, soit qu’on le réduise à 215. Voir Chronologie, t. ii, col. 727-728. Ici encore la généalogie du Sauveur est donc très probablement incomplète. — 4° Entre Salmon, né dans le* désert, et Jessé père de David, il n’y a que deux générations, pour un laps de temps d’au moins trois siècles, car le temple de Salomon ne fut commencé que 480 ans après l’Exode. III.Reg., vi, 1. Évidemment c’est insuffisant, puisque la longévité moyenne, à cette époque, n’était guère supérieure à la nôtre. La conclusion qui s’impose c’est que nous sommes en présence d’une nouvelle lacune. Il faudra en dire autant des autres généalogies de David. Ruth, nr, 20-22 ; I Par., iv, 1.

— 5° Entre Zorobabel et Jacob, père de Joseph, saint Matthieu ne place que huit chaînons intermédiaires. Saint Luc, pour la même période (entre Zorobabel et Héli, père de Joseph), en énumère dix-sept. Ce dernier chiffre est beaucoup plus satisfaisant si l’on songe que la captivité prit fin l’an 538 avant J.-C. De tous côtés nous arrivons au même résultat : la généalogie du Sauveur, en saint Matthieu, a des lacunes assez nombreuses et ces lacunes ont pour explication naturelle le j cadre mnémonique et symbolique où l’auteur désirait, s’enfermer.

II. Généalogie de saint Luc. — Elle est ascendante et remonte jusqu’au premier homme, jusqu’à Dieu lui-même : « qui fut d’Adam, qui fut de Dieu. » Elle paraît assujettie elle aussi à un procédé mnémonique, d’où le symbolisme n’est pas exclu. Le tableau suivant rendra la chose sensible :

I" SÉRIE

1. Jésus.

2. Joseph.

3. Héli.

4. Mathat.

5. Lévi.

6. Melchf. JZ, Janné.

8. Joseph.

9. Mattathias. 10. Amos.

11. Nahum.

12. Hesli.

13. Naggé.

14. Mahath. TG. Mattathias.

16. Séméi.

17. Josepb.

18. Juda..

19. Joaiwa.

20. Résa.

21. Zorobabel.

il" SÉRIE]

22. Salathiel.

23. Néri.

24. Melchi.

25. Addi.

26. Cosan.

27. Elmadan. _28. Her.

29. Jésus..

30. Éliézer.

31. Jorim.

32. Matthat.

33. Lévi.

34. Siméon. J5. Juda.

36. Joseph.

37. Jona.

38. Éliacim.

39. Méléa.

40. Menna.

41. Mattatha.

42. Nathan.

ni’serbe

43. David.

44. Jessé.

45. Obed.

46. Booz.

47. Salmon.

48. Naason.

49. Aminadab. "50. Aram.

51. Esron.

52. Phares.

53. Juda.

54. Jacob 55. Isaac.

56. Abraham.

57. Tharé.

58. Nachor.

59. Sarug.

60. Ragau.

61. Phaleg.

62. Héber.

63. Salé. £l. Caïnan.

65. Arphaxad.

66. Sem.

67. Noé.

68. Lamech.

69. Mathusalem.

70. Hénoch. Tl. Jared.

72. Malaléel.

73. Caïnan.

74. Hénos.

75. Seth.

76. Adam.

77. Dieu.

On voit que l’arbre généalogique de saint Luc comprend onze septa ines, de noms, en tout soixante-dix- | sept personnes : — 21 noms ou trois septaines de Jésus à i la captivité, — 21 noms ou trois septaines de la captivité à David exclu, "— 14 noms ou deux septaines de David inclus à Abraham inclus, — 21 noms ou trois septaines d’Abraham à Dieu, le créateur du genre humain et le père véritable de Jésus. Si ce groupement n’est pas intentionnel (rien ne prouve absolument qu’il le soit) il offre tout au moins des coïncidences et des combinaisons curieuses qui feraient penser qu’il n’est pas fortuit. La quatrième série est composée des patriarches antédiluviens et postdiluviens jusqu’à Abraham. On y trouve entre Arphaxad et Salé le nom de Caïnan qu’on ne lit plus dans le texte hébreu et que saint Luc insère d’après les Septante (Voir Caïnan) La troisième série est exactement identique à la première de saint Matthieu. Seulement les deux évangélistes suivent un ordre inverse. Pour lej reste, saint Matthieu et saint Luc n’ont de commun que ! les noms de Salathiel et de Zorobabel. Différence curieuse : saint Luc met dans chacune de ses deux séries trois septaines de noms, saint Matthieu seulement deux, encore faut-il, pour compléter la troisième, répéter le nom de Jéchonias.

On admet assez généralement que le Salathiel et le Zorobabel de saint Luc sont identiques aux personnages de même nom, mentionnés dans saint Matthieu ; car : 1° les deux noms, figurant de part et d’autre vers le milieu des listes, doivent appartenir à la même époque ; 2° ces noms sont peu communs et il serait extraordinaire que deux, personnages’différents, se succédant dans le même ordre, les eussent portés. Ces raisons ne paraissent pas décisives : 1° Dans saint Matthieu, Salathiel a Jéchonias pour père, et Zorobabel Abiud pour fils ; en saint Luc, le père dé.Salathiel est Néri, et le. fils de

Zorobabel Résa..Cela ne concorde guère. Pour établir l’harmonie il faut recourir à deux applications successives, assez compliquées, de la loi du lévirat ; — 2° Les noms de Salathiel et de Zorobabel purent être fréquents chez les Juifs, après la captivité, comme chez nous celui de Napoléon, après l’empire. On ne les retrouve pas dans les écrits de l’Ancien Testament ; mais il y a très peu d’écrits postérieurs à cette époque, et d’ailleurs les noms de Jacob et de Lévi, que nous rencontrons plusieurs fois dans nos listes et qui sans doute étaient communs, ne figurent dans l’Ancien Testament que" pour désigner les patriarches connus. Aucun de leurs homonymes n’est parvenu à la célébrité ; — 3° Quant à l’ordre identique, il n’a rien d’étonnant. Les noms illustres s’appellent mutuellement. Même chez les juifs modernes, un Abraham nomme volontiers son fils Isaac, et celui-ci donnera au sien le nom de Jacob. On obtient ainsi, dans des familles différentes, les mêmes séries bibliques. Cela peut fort bien être le cas pour Salathiel et Zorobabel.

III. Conciliation des deux généalogies.

Les systèmes de conciliation ayant une sérieuse probabilité V se réduisent à deux. — Première solution. — Saint Mat-I thieu donne la généalogie de Joseph et saint Luc celle de Marie. Ce système ne résout pas seulement la difficulté, il la supprime. Joseph descend alors de David par Salomon en suivant la ligne directe jusqu’à la fin j de là royauté ; Marie descend de David (par Nathan), et ses ancêtres, sauf peut-être Salathiel et Zorobabel, sont / tous inconnus dans l’histoire. À raison de sa simplicité et de sa valeur apologétique ce système a été adopté, depuis le xvie siècle, par un grand nombre d’écrivains, tant protestants que catholiques. Ses partisans ne se proposent pas précisément de le démontrer. Ils soutiennent qu’il peut être admis et cela suffit. En effet pour qu’une hypothèse réduise une objection à néant, c’est assez qu’elle soit vraisemblable. L’onus probandi incombe à l’agresseur. — Or, toujours d’après les défenseurs dece système, l’hypothèse en question réponde tout et ne se heurte à rien. 1° Elle est conforme au texte de saint Luc, iii, 23. Dans cette phrase : Kcft ocùtoç ^v 6 I’Ifiaovi â>aù Ètûv TptâxovTa àpx<5[<.svoç, &y (toç évofiiÇeTO 1 vjiôç’Iuxrrçfp) f°û’HXt, toO MoTSaT, xtX, mettez entre parenthèses les mots toç àvojifîêTo utbç’Iuxt-^ç, comme nous « ’avons fait ci-dessus, le sens sera : Jésus, qu’xrn croyait Mis de Joseph, l’était réellement d’Héli, fils de Mat-’that, etc. La construction est bien un peu dure, mais on rencontre chez les classiques des tournures assez analogues. Patrizi, De Evangeliis, t. III, diss. ix, cap. 19, in-4°, Fribourg, 1853, t. ii, p. 85. — 2° Une tradition respectable veut que le père de la sainte "Vierge s’appelât Joaçhim ; saint Luc, d’après ce système, lui donne le nom d’Héli. Il n’y a pas contradiction. Héli ou Éli est l’abrégé d’Éliachim, et Éliachim est l’équivalent de Joachim ; seul le nom divin diffère, El d’un côté, Jéhovah de l’autre. Dans.Judith, le même grand prêtre est appelé tantôt Joachim, xv, 9, tantôt Éliachim, iv, 5, 7, 11. — On élève contre ce système deux objections assez fondées. — 1° La tradition lui est contraire. — Saint Hilaire le mentionne bien (Mai, Nov. JBibl. Patr., t. i, p. 477), mais pour le repousser. Le moyen âgé, comme l’antiquité, semble l’ignorer. Au dire de Patrizi, il se présente d’abord, vers la fin du XVe siècle, sous le patronage d’Annius de Viterbe. C’est seulement au Xvie siècle qu’il fait ses premiers adeptes. Voilà des dits incontestables ; mais peut-être ne faudrait-il pas invoquer la tradition dans une question de ce genre. Les Pères ne cherchent ici qu’une réponse aux difficultés et ils souscriraient volontiers à toute solution satisfaisante. Saint Augustin avait soutenu d’abord l’hypothèse de l’adoption, mais dès qu’il connut l’explication de Jules Africain il s’y rallia. Retract., ii, 7, t. xxxii, « ol. 633. — 2° L’exégèse paraît forcée. — Il est certain

que le sens tiré des paroles de saint-Luc ne se présente pas naturellement à l’esprit ; autrement on n’aurait pas attendu le xvie siècle pour l’y découvrir. D’ailleurs la variante que préfèrent les modernes critiques àv uiôç, (iç Èvojii’ÇeTO, 'Ia><Tï|y toû’HXeî, rend ce système insoutenable.

Deuxième solution. — Les deux généalogies se rapportent à Joseph, mais « aint Matthieu donne les ancêtres naturels, saint Luc les ancêtres légaux. Ce système est ; exposé tout au long par Jules Africain dans sa lettre à Aristide, reproduite par Eusèbe. Migne, Patr. gr., t. XX, col. 89, et t. xxii, col. 965. L’auteur le fait remonter à des parents du Sauveur dont il ne met pas en doute la véracité. Mathan, descendant de Salomon et aïeul de Joseph, eut, dé sa femme Estha, un fils nommé Jacob. Après la mort de Mathan, sa femme Estha se maria à Mathat et en eut un fils, Héli. Jacob et Héli étaient donc frères utérins, ’descendant l’un de Salomon (par Mathan), l’autre de Nathan (par Mathat). Héli étant mort sans enfants, son frère Jacob, en vertu de la loi du lévirat, épousa sa femme et de cette union naquit saint Joseph, fils réel de Jacob et descendant direct de Salomon, fils légal d’Héli et, de ce côté, descendant de Nathan. Nous avons fait au système de Jules Africain un léger changement. Nous avons substitué le nom de Mathat à celui de Melchi, donné par l’auteur, peut-être par inadvertance, ou plutôt parce que, dans son manuscrit, Lévi et Mathat étaient omis, de sorte que Melchi suivait Héli sans intermédiaire. Cette leçon devait être assez répandue, car on la constate chez saint Ambroise et chez saint Grégoire de Nazianze. Voici maintenant le schéma simplifié du système :

Lignée de Salomon.

Mathan

Jacob

Estha

Lignée de Nathan.

^ — * Mathat « W

Si l’on admet que Salathiel et Zorobabel, nommés à la fois par saint Matthieu et par saint Luc, sont les mêmes personnages, il faudra faire intervenir deux fois encore la loi du lévirat pour expliquer la double déviation de la ligne généalogique. Voir Coræly, Introductio specialis in Nov. Test., p. 199. La chose n’est pas invraisemblable, la loi du lévirat devant être d’une application assez fréquente. On ne peut rien objecter de sérieux contre le système exposé ci-dessus. Il a un fondement historique très suffisant ; rien n’empêche donc de l’admettre et les rationalistes ont mauvaise grâce de lui opposer une fin de non-recevoir. Car il n’est pas question de certitude ; une solide probabilité nous suffit, pour fermer la bouche à ceux qui accusent les Évangélistes de se contredire. Aussi les interprètes protestants « les plus modérés » ont-ils tort de « renoncer définitivement à tout essai de conciliation ». Cf. A. Sabatier, dans Y Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1878, t. v, p. 466.

Quelques catholiques ont peine à comprendre que la généalogie de Joseph puisse être la généalogie de Jésus, puisque Marie ayant conçu son divin fils par l’opération du Saint-Esprit, le sang de Jésus n’était pas le sang de Joseph. La difficulté, assez grande pour nous, n’émeut point les Pères qui adoptent unanimement cette explication ; elle n’aurait fait aucune impression dans les milieux imbus d’idées juives ; aussi Jules Africain ne la mentionne pas. Saint Augustin va jusqu’à écrire : a Si

l’on pouvait démontrer que Marie n’avait aucun lien de parenté avec David, cette raison (le mariage de Joseph avec Marie) suffisante pour faire appeler Joseph père de Jésus, suffirait aussi pour que le Christ fût regardé comme fils de David. » De Coris. Evang., ii, 1, 2, t. xxxiv, col. 1071. Les autres Pères de l’Église, qui s’occupent de l’objection, font une réponse analogue. Par droit de légitime mariage, Jésus appartenait à Joseph, comme la moisson appartient au maître du champ ; il pouvait l’appeler son père et Joseph pouvait à son tour l’appeler son fils. Si, dans les idées des Juifs, la paternité légale suffisait pour établir la généalogie d’un homme, la paternité spéciale de Joseph à l’égard de Jésus est plus que suffisante. Joseph étant non seulement père légal mais, en un sens, vrai père de Jésus, ses ancêtres sont les ancêtres du Fils de Dieu et Jésus-Christ descend de David, même par Joseph.

D’ailleurs la tradition nous enseigne et tous lès Pères supposent l’étroite parenté de Joseph et de Marie. Comme fille unique, elle dut se marier à Joseph pour obéir aux dispositions de la Loi, Num., xxxvi, 6-12, qui obligeait les héritières à prendre un époux dans leur famille. La sainte Vierge ayant fait vœu de virginité, Luc, i, 34, on n’imagine aucune raison de son mariage, en dehors de l’obéissance à la Loi. Quoi qu’il en soit, les Pères, depuis’saint Justin, Adv. Tryph., c, t. vi, col. 709, et saint Ignace, Eph., xviii, t. v, col. 660, disent explicitement que Marie était, elle aussi, du sang de David, soit qu’ils l’aient su par tradition, soit qu’ils l’aient conclu de divers passages de l’Écriture. Rom., i, 3 ; IITim., ii, 8. Saint Jean Damascène, De Fideorthod., iv, 14, t. xciv, col. 1157, d’après des sources que malheureusement il n’indique pas, explique de la manière suivante la parenté de Marie et de Joseph :

Lignée de Salomon.

Mathan.

Jacob.

I

Joseph.

Lignée de Nathan.

Lévi.

hat.

Mat

Héli.

Panther.

I

Barpanther.

Joachim.

Marie.

Comme dans le système de Jules Africain, connu de saint Jean Damascèné, Héli et Jacob sont frères utérins, Joseph est neveu d’Héli et petit-neveu de Mathat, qui est lui-même l’arrière-grand-oncle de Marie. Nous avons, ici encore, substitué Mathat à Melchi, car saint Jean Damascèné comme Jules Africain, saint Irénée, Havres., iii, 21, t. vii, col. 952, saint Ambroise et saint Grégoire de Nazianze, ignorent l’existence des deux générations qui, dans le texte actuel de saint Luc, séparent Héli de Melchi. — Voir Danko, Historia Revelationis divinæ Novi Test., Vienne, 1867, p. 180-192, donne le titre des principaux traités sur la question jusqu’en 1865 inclusivement. Parmi les auteurs les plus récents, nous mentionnerons : Patrizi, De Evangeliis, part, iii, diss. ix : De Génère J.-C, t. ii, p. 33-105. Voir aussi Didon, Jésus-Christ, t. ii, p. 410-18 ; Fouard, Vie de N.-S. J.-C, t. i, p. 479-91 ; Cornely, Introductio spec. in Nov. Testant., p. 195-201. Grimm, Einheit der Evangelien, p. 725, et Leben Jesu, t. i, p. 186, t. ii, p. 137, traite la question à fond. F. Prat.

    1. GÉNEBRARD Gilbert##


GÉNEBRARD Gilbert, bénédictin français, archevêque d’Aix, né à" Riom en 1537, mort a Sémur le 24 mars 1597. Il avait embrassé la vie religieuse à l’abbaye de Marzac, en Auvergne. En 1563, il fut reçu docteur en théologie à Paris et devint un ligueur des plus ardents. Le duc de Mayenne obtint pour lui, en

1591, du pape Grégoire XIV, l’archevêché d’Aix. U fut sacré l’année suivante et, pendant quelques années, put gouverner en paix son diocèse. Mais Henri IV, après son abjuration, étant devenu seul maître du royaume, Génebrard dut s’éloigner et se retirer à Avignon. Il obtint, par la suite, de pouvoir se retirer à son prieuré de Sémur, en Bourgogne, où il put se livrer à ses études et où il termina sa vie. Génebrard a beaucoup écrit. Parmi se9 ouvrages qui, en grande partie, ne sont que des traductions assez libres, nous citerons : Isagoge rabbinica ad legenda et intelligenda Hebrseorum et Orientalium sine punctis scripta, m-¥, Paris, 1563 ; De metris Hebrxorum ex libro R. David Jechiss, cui titulus Leshon Lemudin, in-16, Paris, 1563 ; Eldad Danius Hebrseus historiens de Juidœis clausis y eorumque in JEthiopia beatissimo imperio, in-8°, Paris, 1563 ; Joël propheta cum Chaldsea paraphrasi et Commentariis Salomonis Jarhii, Abrahami Aben Eira, et Davidis Kimchi, latine : interprète G. Genebrardo cum ejus enarratione, in-i », Paris, 1563 ; Alphabetum hebraicum et indicqta Psalmorum prinii et secundi Lyrica, ad formam Pindari, strophe, antistrophe et epodo, in-4°, Paris, 1564 ; Scholia et Tractatus IV ad granit maticam hebrxam Clenardi, ad absolutiorem lingux sanctx institutionem, in-4°, Paris, 1564 ; Symbolum fidei ludxorume rabbi Mose JEgyptio Precationes eorumdem pro defunctis. Commemoratio Divorum et ritus nuptiarum, e libro Mahzor. Interprète G. Genebrardo, in-8°, Paris, 1569 ; Chronologies sacrée liber, in-12, Louvain, 1570 ; Trium rabbinorum Salomonis Jarchii, Abrahami Ben-Ezræ, et anonymi commentaria in canticum canticorum in latinam linguam conversa a G. Genebrardo cum ejus commentariis, in-i », Paris, 1570 ; Psalmi Davidis vulgata editione, calendario hebrxo, syro, grssco, latino, hymnis, argumentis et commentariis genuinum et primsevum sensum hebraismosque breviter aperientibus instructi, in-8°, Paris, 1577 ; Histoire de Flave Josèphe, sacrificateur hébreu, mise en français, revue sur le grec, et illustrée de chronologies, figures, annotations et tables, in-fol., Paris, 1578 ; Chronographiee libri IV. Priores duo sunt de rébus veteris populi et preecipiuis quatuor milliwn) annorum gestis…, in-fol., Paris, 1580 ; Canticum canticorum versïbus iambicis et commentariis explicatum adversus trochaicam Theodori Bezee interpretationem, in-8°, Paris, 1585. — Voir Richard Simon, Hist. critique duVieux Testament, p. 425 ; [D. François, ] Bibliothèque générale die tous les écrivains de l’ordre de S. Benoit t. i, p. 367 ; Gallia christiana, t. i, p. 334 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. xxii, p. 1 ; Ziegelbauer, Historia rei litterarix Ord. S. Benedicti, t. i, p. 613 ; t. ii, p. 55, 150 ; t. iii, p. 361 ;

t. iv, p. 13, 21, 30, etc.
B. Heurtebize.
    1. GÉNÉRAL##


GÉNÉRAL, commandant d’armée. Voir Armée chez les Hébreux, in-8°, 1. 1, col. 979.

    1. GÉNÉRATION##

GÉNÉRATION (Vulgate : generatio). Parmi les sens multiples de ce mot dans la Vulgate, il faut remarquer les sens particuliers suivants.— 1° La Vulgate traduit par generationes l’hébreu (oldôf, qui signifie « généalogie », dans le sens propre et dans le sens figuré. Voir Généalogie, i, col. 160. — 2° Le mot « génération » est le plus communément, dans la Bible latine, la traduction de l’hébreu-m, dôr (Septante, ordinairement : yevedt). La signification primitive de ce terme est « révolution, cercle, orbis i.-d’où « période du temps », appliquée souvent à la durée moyenne d’une génération : d’hommes. — 1° Pendant l’époque patriarcale, dôr = generatio semble désigner une période de cent ans ou d’un siècle. Gen., xv, 16, comparée avecꝟ. 13, etExod., in, 40. Cf. Censorinus, De die natali, l. — 2° Pins tard, il signifia aussi chez la plupart des peuples modernes

une durée de trente ou quarante ans. Job, XLII, 16 ; Hérodote, xii, 142. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 331.

— 3° On l’emploie aussi pour un temps indéfini, passé, Deut., xxxii, 7 ; Is., lviii, 12 ; lxi, 4 ; Act., xiv, 16, etc., ou futur, Ps. xxii (Vulgate, xxi), 30 ; lxxi (lxx), 18, etc.

— 4° Dans un sens concret, dôr = fevea = generatio veut dire ceux qui vont de la même génération, c’est-à-dire les contemporains, Gen., vi, 9 ; Num., xxxii, 13 ; Deut., i, 35 ; ii, 1$ ; Is., lui, 8 ; Matth., xxiv, 34 ; Luc, ix, 41 ; xi, 31, etc. — 5° Dans un sens légal, la « génération » est « la postérité » de quelqu’un. Lev., iii, 17, etc.

— 6° Par extension, dôr = generatio en est venue, en mettant de côté toute idée de temps, à signifier une « race » ou « classe » d’hommes, « la race des justes, » Ps. xiv (xm), 6 ; « la race des méchants, » Deut., xxxii, 5 ; Matth., xvii, 17 ; Marc, ix, 19 ; Luc^vi, 8, etc.

    1. GÉNÉSAR désigne dans la Vulgate actuelle##


GÉNÉSAR désigne dans la Vulgate actuelle, I Mach., xi, 67, et Matth., xiv, 34, 1e lac et la région appelés encore Génésareth. Ce nom est écrit Genessar dans plusieurs manuscrits et dans plusieurs éditions anciennes de la Vulgate et Tivpaâp dans la Bible grecque. C’est la transcription du nomGenêsâr, Ginêsâr, Ginôsâr, Ginnôsâr, Ginnêsâr, que l’on trouve fréquemment dans les Targumim, dans le Talmud et quelquefois dans les versions syriaques et arabes. Josèphe l'écrit : revvYiCTap comme la Bible grecque. Dans le Targum d’Onkélos et dans celui de Jonathan, Génésar remplace généralement les noms Kinneref et Kinnérof. Voir Cénéreth, t. ii, col. 417-421 ; Cennéroth, ibid., col. 422, et Génésareth.

    1. GÉNÉSAR (EAUX DE)##


1. GÉNÉSAR (EAUX DE), tô OSwp Tew^dàp, aqua Genesar, I Mach., xi, 67, désigne le lac appelé par saint Luc, v, 1, lac de Génésareth. En ce dernier passage de saint Luc, la version syriaque de Schaaf et la Jérosolymitaine portent aussi Génésar, ainsi qu’un manuscrit de la version italique. Voir Génésareth 1.

    1. GÉNÉSAR (TERRE DE)##


2. GÉNÉSAR (TERRE DE), terra Genesar, Matth., xiv, 34, dans l'édition de la Vulgate de Clément VIII, de 1598, et dans plusieurs manuscrits de la version italique ; terra Gennesar, dans un manuscrit de l’Italique, dans plusieurs manuscrits et anciennes éditions de la Vulgate ; 'ar’a' de-Génésar, dans les versions syriaques Cureton et Schaaf,-jf, … Tew^uâp, dans le codex gréco-latin de Bèze, désigne la région appelée terre de Génésareth, terra Génésareth, par la même Vulgate, au passage parallèle de saint Marc, vi, 53, et y*) TewriuapéT, aux deux passages, et par le texte grec, dans tous ses autres manuscrits et recensions. Genesar se lit en cet endroit de saint Marc, dans le Codex Bezm, dans plusieurs manuscrits de la version italique et dans la version syriaque de Schaaf. Voir Génésareth. L. Heidet.

    1. GÉNÉSARETH##


GÉNÉSARETH, Marc, vi, 53, et Luc, v, 1, dans la Vulgate actuelle, d’après l'édition clémentine de 1598. Un codex de la version italique a Genesaret, plusieurs manuscrits de la même version ont Genessaret. Luc, v, 1. Dans les manuscrits grecs, outre la forme plus ordinaire rEWY)<7apéT, on trouve encore les diverses formes TïweaapîT, TewriCTapÔT, rèvrjCTapeT, TeveCTapéT, Tewrisapéft, revvT)<7 « p£8. Aux endroits où, dans la Vulgate et quelques versions, on lit Génésar ou Genessar, dans les Évangiles grecs — excepté le Codex Bezm Cantabrigiensis où se rencontre, Matth., xiv, 31, et Marc, vi, 53, la leçon revvrjdâp — on trouve constamment Tew^CTapéT ou l’une de ses variantes. La plupart des versions, aux mêmes endroits, ont Génésareth. L’universalité de cette leçon dans le texte grec permet de le conjecturer, elle est la leçon authentique, la seule donnée par les synoptiques ; la leçon Genessar a pu être empruntée des écrivains juifs ; il est possible cependant que saint Matthieu l’ait écrit

dans son Évangile hébreu, selon l’usage de ses compatriotes. La leçon du codex gréco-latin de Bèze paraît être un emprunt fait de la version latine pour la conformité de textes. — Génésareth est le nom donné dans le Nouveau Testament au principal lac de la Galilée et à une région de son voisinage.

1. GÉNÉSARETH (LAC DE) (Xcjjn/Y) IY/v^apéT, Stagnum Génésareth). Luc, v, 1. Ce nom est celui de toutes les recensions et éditions, tant latines que grecques, et de tous les manuscrits ; de la version syriaque Peschita, et des versions éthiopiennes, coptes et arméniennes. La version syriaque de Schaaf et la Jérosolymitaine ont seules Gennesar ; les versions arabes et les versions syriaques modernes les suivent quelquefois. C’est le lac appelé aqua Genesar, t ! > ûêup Tewiiaip, les eaux de Génésar, I Mach., xi, 67 ; saintJean, vi, 1, le nomme « mer de Galilée ou de Tibériade ». Voir Tibériade- (mer de).

2. GÉNÉSARETH (TERRE DE) (rewpapét, terra Génésareth). Marc, vi, 53. C’est la même région, près du lac de Tibériade, qui est appelée à l’endroit parallèle, Matth., xiv, 34, terre de Génésar.

Nom.

L'étymologie et l’origine du nom Génésareth

ou Génésar ont été de tout temps discutées. La région de Gennesar aurait, prétend Josèphe, donné son nom au lac. Bell, jud., III, x, 7. Origène avoue n’en pas connaître la signification et ne pouvoir pas fonder d’allégorie sur lui. In Matth., xi, 6, t. xiii, col. 917, 920. Saint Jérôme reproduit les paroles d’Origène et les' fait siennes. In Matth., xiv, 34, t. xxiv, col. 104. Dans la liste De nominibus hebraicis, t. xxiii, col. 841, empruntée en partie à Origène, on lit cependant Genesar, ortus (hortus)principum, « Génésar, jardin des princes, » comme si le nom était Gan-Sârim, onw-jî. Un midrasch, Bereschith-rabba, ch. xcviii, donne la même étymo-' logie, « jardin des princes, » Gan et èdr, "w-fi. Elle a été adoptée par une multitude d’interprètes des temps ; postérieurs. Pour d’autres interprétations, voir Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 215 ; Huet, dans Origène, Patr.gr., t. xiii, col. 918, note 83 ; Vallarsi et Maffei, Patr. lat., t. xxiii, col. 841, note 6 ; t. XXIV, col. 103-104, note 6 ; Buhl, Géographie des Allen Palàstina, in-8 « , Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 113-114. Le nom de Génésareth, d’après ces interprètes, aurait appartenu d’abord au pays et aurait ensuite passé au lac. Ces| étymologies, pensent plusieurs autres, sont forcées et invraisemblables. Génésareth vient plutôt de l’hébreu Kinneref, par la transformation du k en g, l’insertion de s et la suppression du f pour Ginnesar. Huet, loc. cit. ; Edm. Castell, Lexicon heptaglolton, in-f°, Londres, 1669, t. i, p. 581. « [Genessar] n’est pas un mot hébreu, dit Matth. Polus, mais une mauvaise prononciation du nom hébreu Kinnérép. Ce nom est venu au lac, croient quelques-uns, de sa forme approchant de celle d’une harpe ; mais il est beaucoup plus probable qu’il est passé au lac de la région de ce nom, qui l’a reçue elle-même de l’antique ville appelée par Josué du nom pluriel de Kinnérof, xi, 2, et Kinneref, xix, 35. Dans la suite, le nom donné au lac se sera adouci dans la prononciation et l’on aura mieux aimé dire Genessar, qui est souvent employé dans l’Ancien Testament en chaldéen, au lieu de Kinnérép. » Synopsis criticorum, in-f », Francfort-sur-le-Main, 1712, t. iv, col. 363. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 698. La forme Génésareth pourrait être plus ancienne que Génésar et avoir formé la transition entre ce nom et Kinnéréth ou Cénéreth. Voir Cénéreth, t. ii, col. 417.

II. Situation et étendue.

La terre de Génésareth était située du côté occidental du lac de Galilée et du Jourdain. Cette situation est clairement indiquée par les récits comparés de Matth., xiv, 13-36 ; Marc, vi, 3156 ; Luc, ix, 10-17. Jésus s'était retiré avec ses disciples

à Bethsaïde, du côté oriental du lac ; rejoint par la foule, il ordonna à ses disciples de monter en barque et de repasser de l’autre côté, « et, ajoutent les deux évangélistes Matthieu et Marc, après, avoir passé de l’autre côté, ils vinrent en la terre de Génésareth. » Elle se trouvait sur le bord même du lac. La phrase commune des évangélistes xai StauepâaavTSî èVi tJjv tV yjXOov et ; revvvioapsT, signifiant littéralement : « et ils passèrent de l’autre côté en la terre [et] ils vinrent à Génésareth, » pourrait laisser croire que la terre ou le pays où ils abordèrent était différente de Génésareth qui elle-même était à distance du rivage ; le récit de saint Marc, ajoutant immédiatement après : rew^oopér, xoà npoatop La « terre de Génésareth » des Évangiles paraît avoir une extension plus grande que la campagne de Gennésar de l’écrivain juif. La campagne de Gennésar mesurait le long du lac trente stades et en avait vingt en longueur. Cette dimension et la description que fait Josèphe désignent certainement, et c’est l’avis de tous les palestinologues, la petite plaine du Ghûeir, « le petit Ghôr » actuel, au nord-ouest du lac de Tibériàde (fig. 32). La largeur de cette plaine mesurée du’Aïn et-Tîn jusqu’à l’endroit où l’ouadi Kaisarîéh opère sa jonction avec l’ouadi elr-’Amûd, est de 3 700 mètres ou vingt stades ; de Medjdel à la même fontaine’Aïn-et-Tîn, la plus grande longueur du Ghûeir, sur le bord du lac, on

32, — Le Ghoueir. D’après une photographie de M. L. Heidet.

(j.(o6v)ïav, xa èÇeXOiSvrtûv ocùriov Ix toO nXoîou, « ils vinrent à terre à Génésareth où ils abordèrent, et étant sortis de la barque… » laisse voir qu’il n’en est rien. La phrase grecque des évangélistes est la traduction littérale de la phrase hébraïque conçue dans leur pensée qui régulièrement doit se traduire : « et traversant le lac ils vinrent aborder à la terre de Génésareth, où étant’descendus de barque… » Les conclusions fondées sur la f’.rase grecque, c’est-à-dire la distinction enlre le pays où abordèrent les apôtres et la localité où ils se rendirent ; la supposition de deux étapes, l’une par mer, l’autre par terre, et l’éloignement de Génésareth du rivage ; celle de l’identité de cette Génésareth avec Capharnaum où saint Jean, VI, 13, dit qu’abordèrent les disciples, sont autant d’hypothèses qui n’ont point de raison d’être dans le récit évangélique légitimement interprété. La description de la région de Gennésar de Josèphe, Bell, jud. ; III, x, 8, l’indique aussi sur le rivage. « La campagne, -/<âpz, deGénessar, dit cethistorien, s’étend Je long du lac, rapi-rcivet… Elle s’étend, ajoute-t-il plus loin, sur le bord du lac du même nom, itapâttîvEi xcrci tôv eÛY la *’v ^C ô ; j.ûw(iou)i(iv/-, ;. »

trouve 4 700 mètres ou vingt-cinq stades ; trente stades ou 5 600 mètres, nous conduisent tout près des fontaines appelées’Aïn et-Tabigha, que l’on trouve à mille et quelques mètres vers l’est de’Aïn et-Tîn. Les dimensions données par Josèphe font de la petite plaine d’et-Tabigha une partie de la « campagne de Gennésar ». Tout en comprenant le territoire décrit par Josèphe, la « terre de Génésareth » des Évangiles est plus étendue. Après l’avoir nommée, saint Marc, vi, 55-56, ajoute : « et parcourant toute cette région… partout où il entrait, dans les villes et les villages… » donnant à comprendre qu’il s’agit d’un territoire plus étendu que le Ghûeir qui n’a jamais eu dans sa zone restreinte de si nombreuses cités, bourgades et campagnes. Capharnaùm est attribué par le récit de saint Jean, vi, 17, comparé aux récits cités de saint Matthieu et de saint Marc, à la terre de Génésareth. Les Évangélistes lui donnent peut-être toute l’extension du territoire appelé, III Reg., xv, 20, « tout Cennéroth. » La Vulgate, ibid., fait le pays de Cennéroth égal au pays de Nephthali : universam Cennéroth, otnnem scilicet terrant Nephthali. Le texte hébreu est moins précis : « [Ben-Hadad] prit, dit-il, ’Iyyôn, et tout

Kinnerot [et se répandit] sur toute la terre de Nephthali ; » il semble faire de Cennéroth une partie seulement de Nephthali. Ces données ne permettent pas d’assigner des limites certaines à la terre de Cennéroth ou de Génésareth ; mais il est naturel de penser que l’on désignait par ces noms toute la région à partir du Jourdain, bordant le côté occidental du lac de -Tibériade. À l’ouest la limite même de Nephthali et de Zabulon paraît avoir été sa limite ; elle poivrait s’avancer, au nord, jusqu'à la plaine du Hûléh et aux montagnes de Safed.

III. Description.

La terre de Génésareth est une Tégion en pente, bordant en amphithéâtre, au nord et à l’ouest, le gracieux lac de Tibériade. Voir t. ii, fig. 64, col. 203. Les ravins, creusés par les eaux, descendant des plateaux ou des hauteurs supérieures vers le profond affaissement occupé par le lac, ont formé de cette région une suite de collines, séparées au milieu par la large ouverture qui est la plaine du Ghoûeir. Au nord, les collines, composées de terres fertiles mêlées de pierres basaltiques, s’abaissent doucement vers le lac, offrant de vastes espaces propres à la culture. À l’ouest, la berge s'élève brusquement et offre l’aspect de montagnes aux flancs escarpés et rocheux, laissant toutefois ça et là entre leur base et le lac une assez large lisière. Tout ce pays était jadis couvert de luxuriantes plantations d’arbres de toute espèce ; mais la plaine dont nous avons parlé en était comme le joyau et semblait justifier l’interprétation de « Jardin des princes », que l’on donnait de son nom. Josèphe, ïoc. cit., en fait la plus brillante description. « Sur le bord du lac de Gennésar, dit-il, s'étend une région du même nom, non moins admirable par sa nature que par sa beauté. Dans son sol fécond prospèrent toutes les sortes d’arbres qu’y plantent ses habitants. Son heureux climat est favorable à toutes les espèces de fruits : les noyers qui demandent une température froide y croissent en grande quantité ; de même les palmiers qui ont besoin de la chaleur. À côté d’eux grandissent les figuiers et les oliviers qui aiment un air tempéré. On peut dire que la nature y a concentré tous ses efforts pour faire croître les produits les plus opposés et pour donner en même temps les fruits des diverses saisons de l’année. Non seulement elle produit les fruits les plus rares que l’on ne croirait pas pouvoir y trouver, mais elle les garde au delà de toute attente ; ainsi les meilleurs de tous les fruits, les raisins et les figues y mûrissent pendant dix mois et les autres fruits y viennent en même temps foute l’année. Outre ces avantages du climat, cette région est encore arrosée par une source d’une très grande abondance, appelée Capharnaum par les gens du pays. Quelques-uns la croient une veine du Nil parce qu’elle donne naissance à un poisson semblable au coracinos qui se trouve dans le lac d’Alexandrie. » Toute la terre de Génésareth était ainsi un immense jardin du milieu de la verdure duquel émergeaient, lui formant comme un diadème d’honneur, d’innombrables cités et bourgades, avec des synagogues monumentales. L’histoire nomme Capharnaum, Corozaïn, Magdala, Arbèle, Tibériade et ses bains d’eaux "thermales, Sennahris, probablement l’antique Cénéreth, €t Tarichée sa voisine.

Toute cette splendeur a cessé. Seule Tibériade, environnée, dans un espace réduit aux trois quarts, de remparts à demi ruinés, est encore debout, et quelques mauvaises huttes délaissées sur les ruines de Magdala et habitées par des fugitifs égyptiens ont une apparence de village ; c’est à peine si quelques monceaux de pierres perdus dans les épines et les chardons permettent de constater l’existence passée des autres villes €t bourgades. Les noyers et les oliviers ont complètement disparu et les vignes ne couvrent plus les coteaux. Un palmier à Mejdel, trois ou quatre à Tibériade, quelques jeunes palmes poussant en touffes autour d’un vieux tronc brisé, au Ghoûeir et à Tabigha, deux ou trois

figuiers devenus sauvages sont les rares témoins qui restent de la prospérité passée de la contrée. Des fourrés de séders, du milieu desquels la tourterelle solitaire fait entendre ses roucoulements plaintifs, ont remplacé les riants jardins. Dans cet abandon, la nature est toujours belle et riche. Le climat très chaud aux mois de juillet, août et septembre, y est le reste de l’année d’une grande douceur. À la saison des pluies, quand les grandes herbes et les fleurs éclatantes couvrent la contrée comme un immense tapis, le paysage pourrait encore rivaliser avec les plus vantés des autres pays. En tout temps, le ciel y est généralement d’une limpidité brillante, et les montagnes d’hyacinthe et les horizons empourprés se reflétant le soir dans les flots tranquilles du lac, défient le pinceau du peintre le plus habile d’oser tenter d’en transporter les couleurs sur la toile. Les champs de doura et de concombres que les paysans des montagnes voisines s’ouvrent quelquefois au milieu des broussailles de la plaine, les jardins de l'établissement d’et-Tabigha, nouvellement créés et plantés de bananiers, d’orangers, de citroniers, de poiriers, de pruniers, de pommiers et de toutes les espèces d’arbres de la contrée et d’ailleurs, par leurs produits précoces, continus et abondants, témoignent que la terre de Génésareth est toujours prête à combler de ses biens ceux qui voudront la travailler et utiliser les eaux dont l’a gratifiée la nature.

Les eaux des monts environnants sont amenées au Ghoûeir par trois grandes vallées : l’ouadi el 'Amûd qui descend de Meirori et de Safed, l’ouadi er-Rdbadiéh qui vient du nord-ouest et l’ouadi eX-Hamâm, dont le rochers à pic recèlent les célèbres cavernes d' Arbèle et qui arrive de ffaffin, à l’ouest. Deux grandes fontaines ont leur origine dans le Ghoûeir même : l’une, appelée 'Aïn-Medaûarah, ou la « fontaine ronde », parce que ses eaux sont recueillies dans un bassin circulaire de vingt-six mètres de diamètre et de deux de profondeur, sourd, non loin de Medjdel, à l’extrémité sud-ouest de la plaine qu’elle arrose sur une longueur d’un kilomètre. Dans ses eaux tièdes et limpides, se jouent une multitude de petits poissons. Parmi eux, Tristram, de Saulcy et d’autres voyageurs ont cru reconnaître le korakinos et sont demeurés persuadés que c’est là la « fontaine Capharnaum » de Josèphe. Cf. de Saulcy, Voyage autour, de la mer Morte, in-8°, Paris, 1858, t. i, p. 489-492.

Robinson, Sepp et quelques autres la voient dans la secondé fontaine, 'Aïn et-Tînéh, la « fontaine du figuier », ainsi nommée d’un figuier qui l’ombrageait. Elle prend naissance au nord-est, à l’autre extrémité du Ghoûeir, à cent cinquante mètres du lac, au pied du Djebel 'Oreiméh, colline peu élevée au sommet de laquelle sont les ruines d’une petite forteresse et qui sépare le Ghoûeir de la plaine d’et-Tabigha ; ses eaux vont se perdre aussitôt dans un petit marais formé par elles. La plus grande abondance d’eau de la région provient de 'Aïn et-Tabigha, la « fontaine » ou plutôt « les fontaines d’et-Tabigha », car il y en a plusieurs. Elles s'échappent du pied de la colline qui ferme à l’est la petite plaine du même nom. Deux d’entre elles sont captées dans des tannûrs, ou tours rondes, à dessein d’en élever le niveau. Plusieurs, dont il n’est pas possible aujourd’hui de déterminer le nombre, sortent en bouillonnant de dessous des monceaux de décombres, restes d’anciennes constructions et d’anciens moulins. Une autre, la plus forte de toutes, ce semble, jaillit dans un grand bassin octogonal de quatre-vingts mètres de pourtour et dix de profondeur. Dans ses eaux, au milieu d’autres petits poissons, se trouve aussi celui qui est regardé comme le korakinos. Un canal, en partie ruiné, part du tannûr le plus rapproché du grand bassin, contourne, du côté du nord, toute la plaine de Tabigha, les flancs du 'Oreiméh, la partie la plus élevée du Ghoûeir et va disparaître, après un parcours d’environ trois ki

lomètres, non loin de la ruine appelée 'Abu-Sûséh, située à la sortie de Poud’el-'Amoûd. Le dominicain Burchard, en 1283, fait déjà allusion au grand bassin et atteste l’existence, en cet endroit, du Jwrakinos : la fontaine est pour lui celle appelée Capharnaum par Josèphe, Descnptio Terrse Sanctse, édit. Laurent, in-4°, Leipzig, 1873, p. 35. V. Guéri ii, Wilson, Conder croient aussi le Ain et-Tabigha, la véritable fontaine dont parle l’historien juif. Elle est la seule en effet, la nature des lieux et les ruines du canal le montrent, qui ait jamais arrosé cette région sur une étendue un peu considérable. Voir V. Guérin, Galilée, t. i, p. 208-209, 214-215, 224-225. A. Conder, The Survey of Wespern Palestine, Memoirs, Londres, 1881, t. i, p. 382. Buhl, Géographie de}- Alten Palâstina, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 114. IV, Histoire. — La terre de Cénéreth, plus tard de Génésareth, prise par les Hébreux sur les Chananéens, fut occupée par les fils de Nephthali. Voir Nephthali. (tribu de). Le roi de Syrie Ben-Hadad, à la demande d’Asa, roi de Juda, qui voulait détourner Baasa, roi d’Israël, de ses entreprises contre son royaume, envahit Nephthali et ravagea tout le pays de Cénéreth. III Reg., xv, 20. Ce pays dut subir plus tard l’invasion bien plus terrible de Théglathphalasar ; ses habitants furent alors déportés en Assyrie avec le reste de la tribu (734). IV Reg., xv, 29.- Jonathas Machabée (161-143), allant attaquer à Cadés les troupes de Démétrius, roi de Syrie, passa par la terre de Génessar et y campa une nuit, sur le bord du lac. I Mach., xi, 67. Le Sauveur, au commencement de sa vie publique, quitta Nazareth pour venir s'établir dans la terre de Génésareth, à Capharnaum. Le prophète Isaïe, selon l’interprétation de saint Matthieu, faisait allusion à cet événement et célébrait la gloire de ce pays lorsqu’il disait : « La terre de Zabulon et la terre de Nephthali, la voie d’au delà du Jourdain, la Galilée des nations, le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; la lumière a resplendi sur les hommes assis à l’ombre de la mort. » Is., ix, 1 ; Matth., iv, 13-16. Là, Jésus se mit à prêcher le royaume de Dieu, Matth., iv, 17 ; là, il réunit ses Apôtres et ses disciples et les prépara à leur mission ; là, les foules vinrent à lui, pour l'écouter et lui présenter leurs malades ; là, il fit entendre la plupart de ses discours et de ses paraboles ; là, il accomplit le plus grand nombre de ses miracles, guérissant les aveugles, les sourds et muets, les paralytiques, les lépreux, les démoniaques. Il parcourut le pays dans tous les sens et prêcha dans toutes les villes et les campagnes de la région. Matth., iv, 18-25 ; v, xiii, xiv, 34-36 ; Marc, i, 1645 ; iv, vi, 53-56 ; Luc, lv, 31-44 ; v, vi, etc. La campagne où Jésus accueillit la foule, venue de la Judée, de Jérusalem, des bords de la Méditerranée, de Tyr et de Sidon, est sans doute le Ghoûeir et la plaine d’et-Tabigha qui suit le Ghoûeir, du côté de l’est, et la montagne où il allait souvent prier et passer la nuit dans l’oraison, les collines qui entourent ces plaines. Luc, vi, 12-18 ; cf. vii, 1. C’est à cette même montagne qu’il convoqua ses Apôtres et ses disciples après sa résurrection, pour achever leur instruction et leur formation. Debout sur le rivage il appela les sept, Pierre et ses compagnons occupés à pêcher ; lorsqu’ils furent venus il les invita à manger le pain et les poissons cuits sur les charbons ; il demanda à Pierre : Pierre m’aimes-tu ? et il lui dit : Pais mes agneaux, pais mes brebis. Matth., xxviii, 10, 16-20 ; Marc, xvi, 7 ; Joa., xxi. Marie-Made. leine appartenait à la terre de Génésareth et était probablement de la ville de Magdal ou Magdala, comme l’indique son nom Magdalena. La terre de Génésareth fut ainsi le séjour de choix et de prédilection du Sauveur, le berceau de l'Église chrétienne et son premier centre. Elle ne cessa point d'être chère, dans la suite des siècles, aux chrétiens. Les judéo-chrétiens appelés Minim par les Juifs infidèles, c’est-à-dire hérétiques, y

demeurèrent longtemps et y accomplirent de nombreux prodiges, comme l’attestent les écrivains juifs euxmêmes. Midrasch Kohélet, i.xxxv, p. 63. Cf. Carmol, Itinéraires de la Terre-Sainte traduits de l’hébreu, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 260 et 310. Pendant la guerre des Juifs (66-70), ces chrétiens eurent sans doute beaucoup à souffrir du passage des armées romaines et juives qui se livrèrent plus d’une fois dans cette région d’acharnés combats. Cf. Josèphe, Vita, passim. Après la guerre, nous les y retrouvons persécutés par leurs compatriotes demeurés infidèles et expulsés des villes de Capharnaum et Tibériade. Lorsque Constantin eut donné la paix à l'Église, plus’eurs Juifs de ce pays, de condition distinguée, se convertirent. Parmi eux il faut citer Joseph de Tibériade, à qui l’empereur conféra la dignité de comtede l’empire. L'Église l’honore parmi ses saints et célèbre sa fête le 22 juillet. Joseph fut plein de zèle et fit bâtir avec le secours de l’empereur plusieurs églises dans la contrée de Génésareth, entre autres une à Tibériade et une à Capharnaum. S. Épiphane, Adversus hæreses, xxx, col. 409 et 424. Cf. Acta Sanc t., julii t. v, édit. Palmé, p. 238-252. — Sur les scènes évangéliques dont on voulut consacrer ainsi le souvenir, voir L. Heidet, Tabighâh und seine Erinnerungen, dans la revue Das heilige Lande, Cologne, 1895-1896, p. 210-228 ; Tabigha, ibid., 1898, p. 158-167. L. Heidet.

    1. GENÈSE##


1. GENÈSE, premier livre du Pentateuque. Voir Pentateuque.

    1. GENÈSE (PETITE)##


2. GENÈSE (PETITE), ^| leirrï| Yiit<nz, livre apocryphe (t. i, col. 770-771), appelé aussi Livre des Jubilés, ta 'lojgYjiaîa, parce qu’il est divisé en années jubilaires. Le catalogue des livres apocryphes qui porte le nom de saint G-élase l’identifie avec le Livre des filles d’Adam (voir t. i, col. 769 et 770). Cf. J. A. Fabricius, Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, 2e édit., 1722, p. 125. On lui donne le nom de Genèse, parce qu’elle s’occupe des faits racontés dans le premier livre du Pentateuque et on la qualifie de Xeuxt] ou xisivT], « petite, » non parce qu’elle est plus courte que la Genèse, elle est au contraire plus étendue, mais parce qu’elle a peu d’importance en comparaison du livre de Moïse. On lui a donné aussi quelquefois, chez les Grecs, le nom d’Apocalypse de Moïse, parce qu’il a la forme d’une révélation faite au législateur des Hébreux. En éthiopien, elle est appelée Kufalé, « Division des jours. » Sur les divers noms de cet apocryphe, voir H. Rônsch, Das Buch der Jubilàer oder die kleine Genesis, in-8°, Leipzig, 1874, p. 461-482.

I. Contenu.

La Petite Genèse i raconte les mêmes faits que la Genèse de Moïse, en les exposant selon l’idée que s’en faisaient les Juifs du commencement de notre ère. Le récit est mis dans la bouche de « l’ange de la face » de Dieu. Cet ange décrit à Mcïse, pendant les quarante jours qu’il passa sur le mont Sinaï, les évé-' nements qui se sont accomplis « depuis la première création » jusqu'à l’entrée des Israélites dans la terre de Chanaan, le tout divisé par périodes jubilaires de 49 ans, au nombre de 50, ce qui fait un total de 2450 ans. Chaque événement est daté. Nous lisons, par exemple, c. xxii, 1 : « Et il arriva dans la première semaine du quarante-quatrième jubilé, la seconde année, c’est-àdire l’année dans laquelle mourut Abraham, qu’Isaac et Ismaël vinrent du puits du Serment pour célébrer la fête des semaines, c’est-à-dire la fête des prémices de la moisson avec leur père Abraham. » L’un des principaux objets de l’auteur a été de disposer ainsi par ordre chronologique d’ans, de mois, de jours, cf. Gal., iv, 10, tous les événements de l’histoire du monde et des patriarches jusqu'à Moïse. Il veut, de plus, compléter ce qu’il ne trouve pas assez développe dans le Pentateuque et explique ce qui ne lui semble pas assez clair. Il s’occupe longuement des questions liturgiques. Il s’étend sur la circoncision, les sacrifices, le sabbat, le » fêtes, les aliments que la loi mosaïque permet de manger, etc. Il fait remonter à l’époque patriarcale l’institution des fêtes judaïques. C’est ainsi que les anges racontent, c. xvi, 20-21, 29, après la naissance d’Isaac : « Et [Abraham] bâtit là un autel au Seigneur qui l’avait sauvé et le réjouissait dans la terre de son pèlerinage, et il célébra une fête joyeuse (la fête des Tabernacles) en ce mois pendant sept jours, auprès de l’autel qu’il avait bâti, près du puits du Serment, et il contruisit des tentes de feuillage en cette fête pour lui et pour ses serviteurs et il fut le premier à célébrer la fête des Tabernacles sur la terre… C"est pourquoi il fut ordonné dans les tablettes célestes concernant Israël qu’il célébrerait la fête des Tabernacles avec allégresse pendant sept jours le septième mois. » Un certain nombre de légendes dans le genre de celles qu’on rencontre dans les livres désignés sous le nom de Midraschim sont intercalées dans le récit.

II. Auteur.

L’auteur de la Petite Genèse était un Juif de Palestine, instruit et zélé pour l’observance de la loi, qui vivait au I er siècle de l’ère chrétienne. On a voulu en faire un Essénien. Ad. Jellinek, Beth ha-Midrasch, 6 in-8°, Leipzig, 1853-1878, t. iii, p. xxxii, ce qui ne s’accorde point avec l’estime qu’il professe pour les sacrifices sanglants, rejetés par les Esséniens ; un Juif helléniste d’Alexandrie, Z. Frankel, Das Buch der Jubilâen, dans le Monastschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1856, p. 311-316, 380-400, opinion réfutée par B. Béer, Noch ein Wort ûber das Buch der Jubilàen, in-8°, Leipzig, 1857 ; un Samaritain de la secte de Dosithée, Béer, Das Buch der Jubilàen, In-8°, Leipzig, 1856, malgré les éloges décernés au mont Sion et non au mont Garizim. Voir A. Dillmann, dans la Zeilschrift der deutschen morgent ândischen Gesellschdft, t. xi, 1857, p. 162, etc. Plusieurs’critiques pensent qu’il était pharisien, , parce qu’il croit à la résurrection des morts, etc., A. Dillmann, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. xii, 1883, p. 365 ; mais on leur objecte qu’il n’attachait pas d’importance à la tradition écrite, contrairement à la pratique pharisaïque. — D’après quelques-uns, N. C. Headlam, dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, t. ii, 1899, p. 791, l’auteur de la Petite Genèse a eu surtout en vue les chrétiens. Lorsqu’il s’élève contre « ceux qui ont abandonné les ordonnances que Dieu avait données à son peuple en faisant alliance avec lui », il fait sans doute allusion aux prescriptions auxquelles il attache le plus d’importance, le sabbat, les fêtes juives, la circoncision, etc., c’est-à-dire les articles de la loi mosaïque que n’observaient pas les chrétiens. Cf. Act., XV. — Quoi qu’il en soit, M. H. Charles, Ethiopie version of the Hebrew Book of the Jubilees, in-4°, Oxford, 1895, p. ix, le caractérise en ces termes : « Le livre des Jubilés, qui est réellement un commentaire hagadique de la Genèse, est important comme étant le monument principal et, en pratique, le seul du pharisaïsme légal, tel qu’il était au siècle qui a précédé immédiatement l’ère chrétienne. Comme nous avons l’autre face du pharisaïsme, sa face apocalyptique et mystique, représentée dans le livre d’Hénoch, nous avons ici son complément naturel dans ce légalisme dur, inexorable, au joug duquel, suivant l’auteur, la création est soumise depuis le commencement et doit être soumise jusqu’à la fin. »

III. Langue.

L’auteur écrivit en hébreu ou en araméen. Saint Jérôme nous en fournit la preuve. Il dit en effet, à Fabiola, Epist. lxxviii, 18 (cf. aussi 24), t. xxii, col. 711, 715, qu’il a trouvé le mot hébreu (iiDl, Dn), iîessa, Num., xxxil, 21, dans la « Astctt) Genesis » et là seulement. Un fragment syriaque le nomme aussi « le livre hébreu appelé Jubilés ». Quelques mots hébreux de l’original ont d’ailleurs été conservés dans les versions

et dans les citations des Midraschim. H. Charles, Ethiopie version, p. ix-x, 179-182. — Sal. Rubin a fait une traduction de cet apocryphe en hébreu : Das Buch der Jubilàen oder die ktéine Genesis, in-8°, Vienne, 1870.

IV. Date..— L’opinion aujourd’hui la plus commune est que la Petite Genèse a été composée vers l’an 50 de notre ère. Krûger la fait remonter à l’an 320 avant J.-C. Die Chronologie im Bûche der Jubilàen, dans ZDMG., t. xii, 1858, p. 279-281 ; J. Langen, Das Judenlhum in Palàstina sur Zeit Christi, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1866, p. 84, à l’an 140-160 ; H. Ewald la fait descendre aux dernières années du I er siècle après J.-C, mais toutes ces dates sont en contradiction avec le contenu du livre. Le temple de Jérusalem existait encore quand il a été écrit ; il est donc antérieur à la fin de r r siècle. La haine que manifeste l’auteur contre les Iduméens témoigne qu’il vivait sous la domination des Hérodes. Il connaît le Testament des douze patriarches et le Livre d’Hénoch.

V. Traductions et éditions.

i" Traduction grecque.

— La Petite Genèse fut traduite en grec à une époque inconnue. Les deux plus anciens auteurs qui l’aient citée sont saint Épiphane et saint Jérôme. Le premier, Hxr., xxxix, 6, t. xii, col. 672, la mentionne sous son double nom : ’Ev toi ; ’IwëïjXat’oiî èuptrastat, T ? j xa AsuTOYSvéusi xaXou[icvif). Ce dernier nom est celui que lui ont donné ordinairement les auteurs anciens, sauf les variantes de ce titre. Quelques lignes plus loin, dans le même passage, l’auteur des Hérésies la cite sous le simple nom de Asxtï] Tlveoi ;. Saint Jérôme, Epist. lxxviii, ad Fabiol., 18, t. xxii, col. 711, la mentionne également sous ce dernier nom et par conséquent d’après la version grecque. George Syncelle, Cédrénus, Michel Glycas et Zonaras ont fait souvent usage de la Asjroi Téveiriç, comme ils l’appellent, et c’est principalement grâce aux extraits qu’ils en ont rapportés qu’on a pu reconstituer une partie de la traduction grecque de cet apocryphe. Voir George Syncelle, Chronogr., édit. de Bonn, 1829, t. i, p. 4-5, 7-13, 183, 192, 203, etc. ; Bonn, 1836, p. 198, 206, 392 ; Cédrénus, Histor. Compend., édit. de Bonn, 1838, t. i, p. 6, 9, 16, 48, 53, 85 ; Glycas, Annal, édit. de Bonn, 1836, p. 198, 206, 392 ; Zonaras, Annal, édit. de Bonn, 1841, t. i, p. 18. — Les fragments grecs de la Petite Genèse ont été recueillis pour la première fois par J. A. Fabricius, Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, 2e édit., 2 in-12, Hambourg, 1722, t. i, p. 119 ; t. ii, p. 849-864. H. Charles en a reproduit aussi quelques passages à leur place respective, dans son Ethiopie version of Jubilees, p. 5-9, 36, etc.

Traduction syriaque.

On possède un court fragment

de la Petite Genèse en syriaque, ce qui permet de croire qu’elle avait été traduite en cette langue, et probablement de l’hébreu original. H. Charles, Ethiopie version, p. x, 183. Publié d’abord par Ceriani, dans ses Monumenta sacra et profana, t. ii, fasc. i, p. 9-10.

Traduction éthiopienne.

Ce livre apocryphe nous

est surtout connu par une traduction éthiopienne. Ce n’est qu’en cette langue qu’on le possède en entier ou à peu de chose près. Cette traduction a été faite directement sur la version grecque, dont elle a conservé un certain nombre de mots : SpOç, gocXavoç, Xtip, ayTvoç, <fipa.-[i, etc. Elle est très servile, mais très exacte, quoique les manuscrits qui nous l’ont conservée soient assez corrompus. Dillmann en a donné d’abord une version allemande dans les Jahrbùcher des biblisclien Wissenschaft, 8, t. ii, 1850, p. 230-256 et t. iii, 1851, p. 1-96 ; puis une édition du texte éthiopien, Liber Jubilseorum sethiopice, ad duorum librorum manuscriptorum fidem, in-4°, Kiel, 1859. Littmann l’a aussi traduit en allemand, dans Kautzsch, Apokryphen und Pseudepigraphen, 1899. H. Charles a fait paraître une nouvelle édition du texte, d’après quatre manuscrits : The Ethiopie version of the Iwbrew Book of Jubilees, in-4°, Oxford, 1895. On

lui doit également une traduction anglaise de ce livre dans la Jewish Quarterly Review, octobre 1893 ; t. v, p. 703-708, juillet 1894, t. vi, p. 184-217, 710-745, et janvier 1895, t. vii, p. 297-328. Une autre traduction anglaise acte faite en Amérique par G. H. Schodde, Book of Jubilies, Oberlin, Ohio, 1888.

if Traduction latine. — La Petite Genèse avait été aussi traduite en latin, maison n’a retrouvé jusqu’ici qu’environ un quart de cette traduction dans un palimpseste de la bibliothèque ambrosienne de Milan. Ce fragment a été édité pour la première fois par l’abbé Ceriani dans ses Monumenta sacra et profana, 1. 1, fasc. I, in-4°, Milan, 1861, p. 15-62. H. Rônsch l’a réédité dans Dos Buch der Jubilàen unter Beifilgung des revidirten Textes der lateinischen Fragmente, in-8°, Leipzig, 1874, p. 10-94. H. Charles en a donné une nouvelle édition revue et corrigée, en regard de la partie de la version éthiopienne avec laquelle elle concorde. The Ethiopie version, p. 45 et suiv. Cette traduction a été faite sur le grec et a une valeur réelle pour la critique du texte. Voir, outre les ouvrages déjà cités, E. Schûrer, Geschichte derjùdischen Volkes, t. i, 2 « értit., Leipzig, 1890, p. 628 ; t. iii, 3e édit, 1898, p. 274-280 (bibliographie, p. 279) ; W. Singer, Dos Buch der Jubilàen, in-8°, Stuhlweinenburg, 1898. La bibliographie complète, antérieure à 1874, se trouve dans Rônsch, Buch der Jubilàen, p. 422-439.

F. Vigouroux,

    1. GENÊT##

GENÊT (hébreu : rôfém ; Septante : pa8|iév ; Codex Alexandrinus : |5a(iâ9, dans III Reg., xrx, 4 ; au verset suivant çut6v ; ÇOX05 dans Job, xxx, 4 et épiijjuxoî ; dans Ps. exix, 4 ; Vulgate : Juniperus dans III Reg., xix, 4 et 5, et Job, xxx, 4 ; mais desolatoriis, dans Ps. exix, 4). I. Description.

On désigne sous ce nom plusieurs arbrisseaux de la famille des Légumineuses, tribu des Génistées, dont les rameaux sont allongés, non épineux, verts et sans feuilles, ou à peu près, à l’état adulte. Les deux espèces les plus répandues en Palestine sont :

— 1° le Sparti um junceum Linné, qui est souvent cultivé dans les jardins sous le nom vulgaire de Genêt d’Espagne, et s’est naturalisé sur beaucoup de points même en dehors de la région méditerranéenne. Le tronc ligneux, haut de 2 à 3 mètres, se termine au sommet par des rameaux effilés rappelant les tiges de jonc, légèrement striés, portant de rares feuilles indivises et à leur extrémité des grappes de fleurs jaunes odorantes, auxquelles succèdent des fruits en gousses, noirs, allongés « t comprimés ; — 2° le Rétama Rœtam Boissier (fig. 33), dont le nom rappelle la plante indiquée dans la Bible, a les fleurs blanches, disposées par petits bouquets sessiles le long des rameaux, et les gousses qui en proviennent sont courtes, ovales-pointues, à une seule graine. C’est une espèce désertique à rameaux dressés, raides et très nombreux, répandue depuis l’Egypte jusqu’à la Phénicie et aux bords de la mer Morte.

F. Hy.

II. Exégèse.

Le sens du mot rôfém a échappé aux traducteurs grecs. Dans III Reg., xix, 4, ils se contentent de transcrire le nom hébreu, et encore en l’altérant. Ils paraissent cependant y avoir reconnu une plante, puisqu’ils traduisent par çvtô’v, III Reg., xix, 5, ou par Ç-jXoc, Job, xxx, 4 ; mais ils n’ont pas su en déterminer l’espèce. Saint Jérôme dans la Vulgate n’est pas plus heureux : deux fois il traduit par Juniperus, « genévrier, » « ans qu’on puisse en voir la raison, et une fois la traduction latine des psaumes, faite sur les Septante, porte desolatoriis, dans Ps. exix, 4. Également ignorant du sens, le traducteur syriaque met « un chêne » dans Ps. cxx, 4, et c un térébinthe b dans III Reg., xix, 4. Josèphe lui aussi, racontant l’histoire d’Élie, Ant. jud., VIII, xiii, 7, paraît ignorer le nom de l’arbre sous lequel se reposa le prophète dans sa marche vers l’Horeb ; il le désigne par une expression vague, irpde tivt SlvSpe », « sous un certain arbre. » Malgré cette incertitude des

anciens traducteurs, nous pouvons retrouver sûrement le vrai sens du ternie hébreu rôfém, grâce à son identité avec le mot arabe reteni, fJ., lequel désigne certainement le Genistà Rœtam des anciens’botanistes, appelé actuellement Rétama Rœtam. C’est plutôt cette espèce que le Genêt d’Espagne, appelé cependant encore rétama dans ce dernier pays. De plus le genêt Rœtam répond exactement aux caractères de la plante rôfém des textes bibliques. On rencontre cette espèce, non seulement dans le désert de Juda, et sur les bords de la mer Morte, mais encore et en très grande abondance dans le désert de Sinaï que traversa Élie. III Reg., xix, 4. (Une

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33. — Rétama Rœtam Boissier.

des stations des Israélites dans le désert se nomme Rifmdh, ou « lieu de genêts ». Num., xxxiii, 18, 19.) Le prophète se reposa sous un rôfém : or ce genêt, ou rétém des Arabes, atteint jusqu’à trois ou quatre mètres de haut, et donne assez d’ombrage pour offrir une halte précieuse au voyageur dans la chaleur brûlante du désert. Cf. Virgile, Georg., 11, 434. En second lieu le bois de genêt fait un feu ardent et persistant ; les Arabes en arrachent les pieds, et, avec le bois, surtout la racine, ils font du charbon qui est d’excellente qualité : aussi la langue perfide est-elle comparée à un charbon de genêt. Ps. cxx (Vulgate, exix), 4. Cf. Burckhardt, Travels in Syria, in-4°, Londres, 4822, p. 791 ; Robinson, Biblical Researches, 3e édit., in-8°, 1867, Londres, 1. 1, p. 84, 203205 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1885, p. 611 ; H. B. Tristram, The natural history of the Bible, ° édit., in-12, Londres, 1889, p. 359,

Enfin le livre de Job, xxx, 4, nous représente des habitants à demi sauvages du Hauran, réduits à manger des racines de genêts. Ces racines sont très amères, et il faut être réduit à la dernière extrémité pour s’en nourrir. C’est ce qui a fait penser à quelques interprètes que non 1 !,

lahmâm, ne doit pas se traduire ici « leur nourriture », mais, en rapprochant ce passage de Is., xlvii, 14 ; Job, xxrv, 7, 8, « pour se chauffer. » « Ils prennent la racine de genêt pour seVhauffer. » Gesenius, Thésaurus, p. 1317. Cf. J. Thévenot, Relation d’un voyage fait au Levant, Paris, 1665-1674, t. II, p. 1, c. xxv. Mais cette traduction a été peu suivie, et la plupart des interprètes continuent à traduire lahmâm par « leur nourriture ». Quelques-uns, il est vrai, mais sans plus de succès, ont pensé que sôrés pouvait s’entendre, non pas de la racine de la plante, mais de ses produits, de ses fruits. Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., 1893, t. i, p. 1853. Job veut tout simplement désigner, par ce vers, des hommes réduits dans le désert à une telle extrémité qu’ils se voient obligés de se nourrir de racines de genêt, qu’on méprise d’ordinaire à cause de leur amertume. Elles étaient seulement employées en médecine par les Arabes, d’après Ibn El-Beïthar, Traité des simples, dans Notice et extraits des Manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxv, part, i, p. 169. Voir A. Schultens, Liber Jobi, in-8°, Leyde, 1737, p. 828 ; J. D. Michælis, Supplementum ad lexica hebraica, t. ii, p. 2270 ; 0. Celsius, Hierobotanicon, in12, Amsterdam, 1748, t. i, p. 246-250 ; E. F. K.Rosenmûller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, Leipzig, 1830, l re part., p. 120-123. E. Levesque.

    1. GENÉVRIER##

GENÉVRIER (hébreu : 'ar’ar), terme mal interprété par les Septante et la Vulgate qui y ont vu la « bruyère », <xYpio|iupi’xT], myrica. Sous les noms de cèdre, de cyprès sont également compris certaines espèces de genévriers.

I. Description.

Les genévriers sont des arbrisseaux toujours verts, atteignant parfois la taille de vrais arbres, qui appartiennent à la tribu des Cupressinées parmi les Conifères. Leur principal caractère distinctif est dans le fruit dont les écailles intimement soudées deviennent

celui des Oxycèdres, les jeunes rameaux sont à trois angles, avec des feuilles toutes étalées, piquantes, articulées à leur base et disposées par verticilles ternaires :

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34. — Juniperus Oxycedrus.

charnues à fa maturité et sont ordinairement recouvertes d’une poussière glauque. Les espèces de Palestine se répartissent en trois groupes naturels. 1° Dans

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35. — Juniperus phœnicca.

les fleurs y sont toujours dioïquès. L’Oxycèdre proprement dit (fig. 34), vulgairement nommé code (Juniperus Oxycedrus Linné), se reconnaît à ses fruits médiocres, arrondis et lisses, variant de la grosseur d’un pois à celui d’une cerise, d’un rouge luisant à la maturité ; le Juniperus macrocarpa Sibthorp a les fruits plus gros, épars, tuberculeux, à chair sèche aromatique. — 2° Le groupe des Caryocèdres, voisin du précédent, en diffère par ses feuilles décurrentes et par ses graines soudées en forme de noyau à trois loges et très dur ; il ne comprend que le Juniperus drupacea Labillardière, arbre de 10 à 15 mètres dressé en pyramide. — 3° Les espèces du dernier groupe ont leurs graines libres, leurs feuilles adnées, pour la plupart courtes, squamiformes, sans articulation basilaire et ordinairement pourvues sur le dos d’une glande résineuse. Dans le Juniperus phœnicea Linné (fig. 35), les fruits mûrissent seulement au bout de la deuxième année, et l’inflorescence est variable, tantôt monoïque, tantôt dioïque. Les suivants, toujours monoïques, sont à maturation annuelle. Le véritable Juniperus Sabina Linné semble manquer en Syrie, mais ce type y est représenté par la variété Taurica Pallas (Juniperus excelsa Bieberstein), plus robuste, à fruits plus gros, renfermant de quatre à six graines, et par la variété squarrulosa Spach [Juniperus fœtidissima Willdenow), ainsi nommée pour ses feuilles supérieures à pointe un peu retroussée.

F. Hy. 11. Exégèse. — La Vulgate emploie en deux endroits le nom de Juniperus, « genévrier, » III Reg., xix, 45, et Job, xxx, 4, mais par erreur : car le nom hébreu rôfém désigne le genêt. Voir Genêt. Juniperus eût été au contraire la traduction exacte du terme hébreu 'ar'âr, Jer., xvii, 6, écrit 'âro'êr dans Jer., xlviii, 6, mal compris des Septante et de la Vulgate qui y ont vu la « bruyère », àrpiopupixi), myrica.. Voir Bruyère, t. i,

Col. 4956. Cet 'ar'âr biblique rappelle manifestement le 'ar’ar, j*j*, des Arabes qui est certainement le genévrier et en particulier le Junipertts oxycedrus. G. Post, Floraof Syria, Palestine andSinai, in-8°, Beyrouth (sans date), p. 749 ; Ibn El-Beïthar, Traité des simples, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxv, î™ part., p. 442-443. Le nom égyptien du genévrier, Juniperus phœnicea, ouâr ou ârou, qui parait d’origine étrangère, rappelle aussi la plante biblique 'ar'âr. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., in-8°, 1892, p. 41. La plante qui est mentionnée dans les deux textes de Jérémie sert de terme de comparaison pour marquer l’isolement, l’abandon où se trouve l’homme qui ne se confie pas en T)ieu. Il est comme un 'ar’ar dans le désert : ce qui convient bien à Yoxycedrus ou au Juniperus phœnicea. Celsius, Hierobotanicon, t. ii, p. 195, avait pensé au Juniperus sabina ; cette espèce, il est vrai, ne paraît pas exister dans ces régions ; on peut s’arrêter de préférence à quelques espèces voisines.

Chez les anciens, les dénominations de plantes n'étaient pas aussi fixes et précises que chez nous dans les ouvrages scientifiques. Aussi faut-il voir parfois le genévrier compris sous certains noms comme ceux de cèdre, de cyprès. 1° Le mot xéSpo ; est donné par Théophraste, Hist. plant., iii, 12, au genévrier oxycèdre et au genévrier de Phénicie. Il doit en être de même du terme de 'èréz dans Lévitique, xiv, 4, 6, 49-52, et Num., xix, 6. Le bois de éréz est prescrit par Moïse pour la purification des lépreux et de ceux qui ont été souillés par le contact d’un mort, et cela pendant les quarante ans de séjour au désert du Sinaï. Or le cèdre ne se rencontre pas dans ces régions, tandis que le genévrier y est assez fréquent, par exemple le Juniperus phœnicea ou même Yoxycedrus. D’ailleurs, le bois parfumé du genévrier était brûlé dans les sacrifices, dans les funérailles chez les anciens et pouvait parfaitement remplir le dessein que se proposait le législateur. Voir t. ii, col. 377. — 2° De même sous le nom de berôs, « cyprès, » étaient comprises plusieurs espèces d’arbres ayant quelque rapport avec lui. Il est à remarquer que Dioscoride, i, 108, et Pline, H. N., xxiv, 61, appellent une sorte de genévrier BpâOu, brathy, nom que rappelle berôS. D’autre part, les versions orientales traduisent plusieurs fois le mot beroS par Serbin comme la version arabe, par surban comme le chaldéen, ou sarvino avec le syriaque. Or ces termes désignent une espèce de genévrier, comme le Juniperus excelsa ou le drupacea. Enfin les fruits du Juniperus phœnicea se nomment en égyptien perSu,

-g^ » : mot qui semble indiquer une origine commune avec le nom berôS du cyprès. Voir Cyprès, t. ii, col. 1173. E. Levesque.

    1. GÉNISSE##


GÉNISSE, jeune vache. Voir Vache, veau.

    1. GENNÉE##

GENNÉE (Septante : IYvvaioc ; Codex Alexandrinus : rewéo ;  ; Vulgate : Gennœus), père d’un Apollonius qui était gouverneur de la Cœlé-Syrie. II Mach., xii, 2. Voir Apollonius, t. i, col. 776.

    1. GENOU##

GENOU (hébreu : bérék ; Septante y°vu ; Vnlgate : genu), partie antérieure de l’articulation qui relie la jambe à la cuisse. — 1° Un muscle extenseur, le triceps fémoral, maintient la rigidité de l’articulation, de telle sorte que les os de la jambe, le tibia et le péroné, forment le prolongement vertical du fémur, ce qui permet à l’homme de se tenir debout. Dans le cas d’extrême faiblesse, par exemple à la suite d’un jeûne prolongé, Ps. cvni, 24, le muscle extenseur n’a plus la force" de remplir sa fonction, le genou plie et l’homme tombe. Dans la Sainte Écriture, les genoux qui chancellent, Is., xxxv, 3 ; Eccli., xxv, 32, qui se fondent en eau, c’est-à-dire

qui perdent toute consistance, Ezech., vii, 17 ; xxi, 7 (12), sont le symbole d’une grande faiblesse morale. Il est recommandé de les raffermir, c’est-à-dire d’encourager et de soutenir ceux qui sont soumis à l'épreuve. Job, nr, 4 ; Is., xxxv, 3 ; Hebr., xii, 12. — Une frayeur subite paralyse la force musculaire et fait trembler les genoux. Dan., v, 6 ; x, 10. — Dieu menace les Israélites prévaricateurs d’ulcères aux genoux et aux cuisses. Deut., xxvih, 35. Quelques auteurs ont pensé que la menace divine se rapporte à l'éléphantiasis. Voir t. ii, col. 16621664. — 2° En attendant la pluie qu’il a prédite, le prophète Élie est assis sur le Carmel, la tête entre les genoux, dans l’attitude d’un profond recueillement et d’une confiance qui n’a pas besoin d’interroger l’horizon pour être assurée de l'événement annoncé. III Reg., xvin, 42. — 3° On tient sur ses genoux, c’est-à-dire, quand on est assis, sur les deux cuisses formant une sorte de siège, ceux que l’on aime et dont on prend soin à différents titres. On tient ainsi l’enfant qui vient de naître. Job, iii, 12. On le reconnaît par là pour fils ou pour petit-fils, Gen., l, 23, alors même que la filiation n’est qu’adoptîve ou légale. Gen., xxx, 3. Samson dort sur les genoux de Dalila, c’est-à-dire qu’assis à terre il repose sa tête sur les genoux de la Philistine. Jud., xvi, 19. C’est sur ses genoux que la Sunamite voit mourir son enfant. IV Reg., iv, 20. Le Seigneur compare son peuple régénéré à un enfant chéri que l’on berce et que l’on caresse sur les genoux. Is., lxvi, 12. — 4°. Dans la prophétie de Jacob, Juda est comparé à un lion qui plie les genoux et se couche, dans l’attitude d’un repos que personne n’osera troubler. Gen., xlix, 9. Balaam répète la même comparaison à propos d’Israël. Num., xxiv, 9. On fait plier les genoux aux chameaux pour leur permettre de se reposer. Gen., xxiv, 11. Les soldats de Gédéon qui font preuve de peu de virilité en s’abaissant à terre sur les deux genoux pour boire à l’eau du torrent, sont écartés de l’armée par ordre du Seigneur. Jud., vil, 5, 6. Sur l’usage de prier à genoux chez les

Hébreux, voir Génuflexion.
H. Lesêtre.
    1. GENOUDE (Antoine Eugène de)##


GENOUDE (Antoine Eugène de), dont le vrai nom était Genoud, ecclésiastique et publiciste français, né à Montélimar (Drôme) le 9 février 1792, mort à Hyères (Var) le 19 avril 1849. Après des études faites au lycée de Grenoble et un essai de la vie ecclésiastique au séminaire de Saint-Sulpice, qu’il quitta sans avoir reçu les ordres sacrés, il fournit dans le monde une brillante carrière d’homme politique et de journaliste. En 1834, sa femme étant morte, Genoude, rappelé à sa vocation première par cette perte, reçut la prêtrise en 1835 et mit sa plume et son talent réel de polémiste au service de la religion dont il fut un brillant défenseur jusqu'à sa mort. Parmi ses nombreux ouvrages, nous devons mentionner : Traduction nouvelle des prophéties d’Isaîe, avec un discours préliminaire et des notes, in-8°, Paris, 1815 ; Traduction nouvelle du livre de Job, par l’auteur de la traduction des prophéties d’Isaîe, in-8°, Paris, 1818 ; Les Psaumes, traduction nouvelle, in-8°, Paris, 1819 ; 1820 ; Psautier français, traduction nouvelle avec des arguments à la tête de chaque Psaume, 2 in-18, Paris, 1821 ; Sainte Bible d’après les textes sacrés avec la Vulgate, 20 tomes en 23 volumes in-8°, Paris, 1820-1824 (le texte latin de la Vulgate est reproduit au bas des pages) ; 2e édit, t. i, in-8°, Paris, 1826 ; 3e édit. avec ce titre : La Sainte Bible. Traduction de M. de Genoude. Nouvelle édition, publiée sous les auspices du clergé de France et dirigée par les soins de M. l’abbé Juste, 3 in-4°, Paris, 1834-1837 ; 4e édit., par le même, 5 in-4°, Paris, 18371840 ; édition diamant, Paris, 1341 ; in-18, 1846 ; in-12, t.l^ 1845 ; 3 in-8°, Taris, 1858 ; La divinité de Jésus-Christ annoncée parles prophètes, démontrée par lesévangélistes, prouvée pat l’accomplissement des prédictions de JésusChrist, 2 in-12, Paris, 1842 ; Biographie sacrée ou his

toire des personnages cités dans l’Ancien et le Nouveau Testament, sous la direction de M. l’abbé de Genoude, 2 in-8°, Paris, 1844 ; Leconset modèlesde littérature sacrée, in-8°, Paris, 1837, 1845 ; Vie de Jésus-Christ et des Apôtres tirés des Saints Évangiles, in-8°, Paris, 1836 ; Vie de Jésus-Christ d’après le texte des quatre évangélistes, distribuée selon l’ordre des faits, précédée d’un discours préliminaire, in-12, Paris, 1851. — La traduction de la Bible par. Genoude imprimée aux frais de l'État, et dont l’auteur fut présenté au roi qui le décora, lui fit une pension et lui accorda des lettres de noblesse avec le titre de baron, cette traduction « ne manque pas d'élégance », dit M. F. Vigouroux, « mais est pleine d’inexactitudes. » Manuel biblique, lOédit, t. i, p. 269. Glaire estime « que l’auteur, complètement étranger aux langues de la Bible, prend souvent le change en rapportant à l’hébreu, par exemple, un sens qui est celui du grec des Septante ou du latin de la Vulgate ». Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques, 2 in-8°, Paris, 1868, 1. 1, p. 885. La publication de cette traduction fut néanmoins considérée comme un événement. Lamartine, en dédiant à M. de Genoude son « dithyrambe » sur La poésie sacrée, accompagna sa dédicace de cette note : « M. de Genoude est le premier qui aitfait passer dans la langue française la sublime poésie des Hébreux. Jusqu'à présent nous ne connaissions que le sens des livres de Job, d’Isaïe et de David ; grâce à lui, l’expression, la couleur, le mouvement, l'énergie vivent aujourd’hui dans notre langue. » Méditations, xxxi, dans les Œuvres de Lamartine, Poésies, édit. Lemerre, t. i, 1885, p. 228. (Cf. H. Bretonneau, Biographie de M. de Genoude, p. 100108.) Cf. les éloges donnés au traducteur par La Mennais, Chateaubriand, etc., reproduits dans le t. xxui de La Sainte Bible, 1824, p. 143-184. Rien ne saurait montrer comme le succès extraordinaire d’une version aussi faible et aussi imparfaite, à quel bas niveau la Révolution française avait fait tomber en France les études scripturaires, mais aussi combien clergé et fidèles éprouvaient le besoin de s’abreuver aux sources de la révélation. — "Voir de Genoude, Histoire d’une âme (autobiographie, histoire de la conversion de l’auteur), in-8°, Paris, 1844 {avait déjà paru dans sa Divinité de Jésus-Christ. Ouvrage suivi de l’Histoire d’une âme, 1842) ; Biographie de M. de Genoude, par un collaborateur du journal Le Bourbonnais, in-8°, Paris, 1844 (réédité, in-12, Paris, 1846, avec le nom de l’auteur, Fayet) ; H. Bretonneau, Biographie de M. de Genoude, in-12, Paris, 1847-1448.

0. Rey. GENTHON (hébreu : Ginne(ôn et Ginnefôy ; Septante : TavvK 6wv ; Codex Sinaiticus : 'AvattiO ; Codex Alexandrinus : raavvaOwv dans II Esdr., x, 6 ; omis dans le Codex Vaticanus, mais dans le Codex Alexandrinus : revvr)60ue pour II Esdr., xii, 4 ; omis dans le Codex Vaticanus, mais dans le Codex Alexandrinus : rav « 8<i[i. pour II Esdr., XII, 16), un des prêtres qui signèrent l’alliance théocratique au temps de Néhémie. II Esdr., x, 6. Il était chef de famille ; c’est un de ses descendants, Mosollam, qui lui avait succédé au temps du pontificat de Joacim. II Esdr., xii, 16. Le même personnage est mentionné parmi les prêtres qui revinrent de captivité avec Zorobabel. II Esdr., xii, 4. Il /est nommé en ce dernier endroit Ginnetoy, par suite d’une formation incomplète du j (noun final) qui a été pris pour un », yod. E. Levesque.

    1. GENTILS##

GENTILS (hébreu : gôyîm ; Septante : £8vr], l8vtxoi, 'ExXrjvéç ; Vulgate : gentes, gentiles, Grseci), tous ceux qui n’appartenaient pas à la nation israélite. Sur ceux qui embrassaient la religion juive sans appartenir au peuple juif, voir Prosélytes.

I. Dans l’Ancien Testament. —^.Signification. — l.Les écrivains sacrés établissent toujours une distinction très nette entre le peuple de Dieu, 'am Yehovdh, et les gôyîm.

Ces derniers sont les peuples étrangers, Is., xiv, 26 ; Mich., iv, 2, 11 ; Zach., iii, 3 ; II Esdr., v, 8, etc., sur lesquels la supériorité est promise aux Israélites. Deut., xxvi, 18. — 2. Le mot gôyîm implique parfois une idée d’hostilité, quand il s’agit d'étrangers qui sont considérés en tantqu’idolâtres ou qui sonten guerre avec Israël ; Ps. ii, 1 ; ix, 6 ; Jer., xxxi, 10 ; Ezech., xxiii, 30 ; xxx, 11. De là lé nom de gélîl haggôyîm, « cercle des gentils, » donné à la Galilée. Is., viii, 23. Ordinairement cependant, la distinction entre Israélites et gôyîm n’entraînait par elle-même aucun rapport hostile, sauf envers quelques peuples déterminés, comme les Amalécites et les Madianites. Voir Guerre, ii, 2°. Les rapports des Israélites avec les étrangers étaient au contraire soumis à des règles de justice et de bienveillance prévues par la législation mosaïque. Voir Étranger, t. ii, col. 2040. — 3. Il commença à en être autrement quand les Israélites se virent traités durement par les Syriens, les Assyriens, les Chaldéens, et qu’ils furent emmenés en captivité par ces derniers. La haine de l'étranger devint alors pour eux comme un instinct naturel, Ps. cxxxviii (cxxxvii), 8, 9, et en même temps une sauvegarde contre l’idolâtrie de leurs nouveaux maîtres. Ce sentiment s’atténua chez un très grand nombre de Juifs qui se fixèrent alors au milieu des étrangers. Voir Captivité, t. ii, col. 239. Il garda une certaine vivacité chez les Juifs qui revinrent à Jérusalem et y eurent à se défendre à la fois contre l’hostilité et contre l’immoralité de leurs voisins. II Esdr., v, 8 ; ix, 2 ; xiii, 1-3. Les pharisiens s’appliquèrent à développer cette antipathie contre tout ce qui n'était pas israélite ; ce fut même là un des traits caractéristiques de leur secte. Voir Pharisiens. Toutefois, sous les Machabées, les Juifs ne dédaignèrent pas de faire des alliances très étroites avec les gôyîm de Rome et de Sparte. I Mach., xii, 1-23.

Les Gentils et le culte mosaïque.

1. Les Gentils

pouvaient, sans se faire prosélytes, être admis à participer dans une certaine mesure au culte mosaïque. La loi autorisait l'étranger à offrir des holocaustes dans le Temple, pourvu qu’il habitât au milieu d’Israël. Lev., xvii, 8 ; xxii, 17, 18. Salomon suppose aussi que l'étranger qui arrive de loin, par conséquent le Gentil, pourra venir prier dans le Temple. III Reg., viii, 41-43. — 2. Dans le temple de Salomon, pas plus que dans celui de Zorobabel, il n’est pourtant fait mention d’aucun endroit où puisse être admis le Gentil pour venir prier le Seigneur. Dans ces temples, les Juifs ne mentionnent que trois cours, celle des femmes, celle des Israélites et celle des prêtres. Les Gentils n’y pouvaient pénétrer et devaient, pour prier, se tenir en dehors, sur la montagne. Kelim, i, 8 ; Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 45. Dans le temple d’Hérode, il y eut une cour des Gentils, appelée aussi cour commune, dans laquelle les Gentils étaient admis, à condition de ne pas franchir, sous peine de mort, la barrière qui entourait le temple proprement dit. Voir Temple ; Middoth, ii, 2 ; Jerus. Abodah Zarah, ꝟ. 40, 2 ; Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 388-390. — 3. Après le retour de la captivité, les Juifs recevaient volontiers les dons que les Gentils faisaient au Temple de Jérusalem. Le roi de Syrie, Séleucus IV Philopator, offrait de quoi offrir des sacrifices. II Mach., iii, 1-3. Alexandre, père du procurateur Tibère, quatrième successeur de Ponce-Pilate, fournit l’or et l’argent nécessaires à la décoration des portes du Temple. Josèphe, Bell, jud., V, v, 3. Marc Agrippa se montrait plein de vénération pour le Temple. Josèphe, Bell, jud., II » xvi, 2. L’empereur Auguste faisait offrir chaque jour au Temple de Jérusalem un holocauste de deux agneaux et d’un taureau. Philon, De légat, ad Caium, 40. Lui et sa femme avaient fait don de vases précieux. Josèphe, Bell, jud., V, xiii, 6. D’une manière générale, on recevait les dons, les victimes, les gâteaux et les libations des Gentils. Tertullien, Apologet-, d91

GENTILS — GENUFLEXION

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xxvi, 106, t. i, col. 432. Après Auguste, les Juifs continuèrent à leurs frais les sacrifices pour l’empereur et pour le peuple romain. Josèphe, Cont. Ajnon., ii, 6. Ce fut seulement au début de la dernière guerre qu'Éléazar fit supprimer ces sacrifices et défendit de recevoir les dons des étrangers, ce qui fut considéré comme un acte d’hostilité envers les Romains. Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 2. — 4. Les sacrifices offerts par les Gentils ne pouvaient être que des holocaustes d’oiseaux ou de quadrupèdes, présentés soit comme dons votifs, nédér, Lev., xxii, 18, soit comme dons spontanés, nédâbdh. Lev., xxii, 23 ; Siphra, ꝟ. 239, 1. Les Gentils pouvaient encore offrir des oiseaux, des gâteaux, du viii, de l’encens et du hois. On ne leur permettait ni le sacrifice expiatoire, ni le sacrifice pour le délit. Siphra, ꝟ. 87, 2. S’ils présentaient des victimes pour d’autres espèces de sacrifices, on les offrait en holocaustes, toujours à condition que ces victimes fussent conformes aux exigences de la loi. On n’imposait pas les mains aux victimes des Gentils et l’on omettait plusieurs autres formalités. Zebæhim, iv, 5 ; Eieland, Antiquit. sacr., p. 171, 172. — 5. Le premier-né des animaux appartenait de droit au Seigneur et devenait chose sacrée. S’il avait quelque défaut, on ne pouvait l’offrir en sacrifice. Deut., xv, 19-22. Dans le principe, les Israélites pouvaient le manger comme un animal ordinaire ; par la suite, les prêtres furent autorisés par l’usage à le vendre ou à le donner à manger aux Gentils. Maaser scheni, i, 1, 2.

II. Dans le Nouveau Testament.

1° La distinction subsiste encore entre les Gentils, e6v7], gentes, et le peuple d’Israël, ).ab{ 'lapa.r, plebs Israël, mais le Messie vient précisément pour la faire disparaître. Luc, n, 32. Sans doute, lui-même n’est envoyé personnellement qu’aux brebis de la maison d’Israëlqui ont péri. Matth., xv, 24. Mais par ses paraboles, Matth., xiii, 47 ; xxii, 9, 10, par l’accueil qu’il fait à des Grecs, Joa., xii, 20, 23, et surtout par les ordres qu’il donne à ses Apôtres, Matth., xxviii, 19 ; Marc, xii, 15 ; Luc, xxiv, 47, il indique que l'Évangile et le salut sont pour les Gentils aussi bien que pour les Juifs. Il parle cependant des Gentils, èOvtxof, en tant qu’idolâtres, comme d’hommes dont lès pratiques religieuses ne doivent pas être imitées, Matth., vi, 7, et qui, malgré quelques bons sentiments, Matth., v, 47, sont légitimement tenus à distance en quelques circonstances. Matth., xviii, 17. — 2° Cette entrée des Gentils dans le royaume spirituel fondé par le Messie avait été très formellement annoncée par les propriétés. Ps. ii, 8 ; xxi, 28 ; lxxxv, 9 ; Is., lx, 3, 5 ; Mal., i, 11, etc. Les Apôtres eurent quelque peine à se faire à cette idée. Act., x, 28, 45. Certains chrétiens, convertis du judaïsme, ne l’admirent même pas du tout et formèrent une secte qui apporta toutes sortes d’entraves à l'évangélisalion des Gentils. Voir Judaïsants. — 3° Les Apôtres se trouvèrent bientôt dans la nécessité de s’adresser aux Gentils pour remplir leur mission. On les voit prêcher l'Évangile à ces derniers aussi bien qu’aux Juifs. Act., xi, 20 ; xiv, 1, 5 ; xvi, 1, 3 ; xvii, 4, 12 ; xviii, 4 ; xix, 10, 17 ; xx, 21 ; xxi, 28, etc. Saint Paul prend même le titre spécial d’apôtre des Gentils, Rom., xi, 13 ; Gal., ii, 9 ; II Tim., i, 11, titre auquel lui donne droit sa vocation. Act., ix, 15. — 4° La doctrine chrétienne sur la vocation des Gentils est plus particulièrement exposée par saint Paul. En droit, depuis la rédemption, il n’existe plus de distinction entre les Juifs et les Gentils. I Cor., xii, 13 ; Col., iii, 11 ; Eph., ii, 14 ; m, 6 ; Gal., iii, 28. La gratuité de la rédemption fait que les uns n’y ont pas plus de droit que les autres. Rom., i, 14, 16 ; ii, 9, 10 ; iii, 9 ; x, 12 ; I Cor., i, 22, 24. Les Gentils ont le même Dieu que les Juifs. Rom., iii, 29. Les chrétiens seront donc pris parmi les Gentils aussi bien que parmi les Juifs, Rom., ix, 24, et pour aller de la gentilité au christianisme, il ne sera nullement nécessaire de passer par le judaïsme. I Cor., xii, 2. Voir

Hellénistes. — 5° Le développement de l'Église fit encore mieux comprendre par la suite le rôle que le Sauveur avait réservé aux Gentils. En fait, le christianisme, « sémitique par son origine historique, est grécoromain par son développement. » Duchesne, Les origines chrétiennes, Paris, 1881, lithograph., p. 1-10.

H. Lesêtre.

GENUBATH (hébreu : Genubaf ; Septante : ravr)6(18), fils d’Adad (Hadad), ce prince de la race royale d’Idumée qui, au temps de l’expédition des armées de David en ce pays, s’enfuit en Egypte. Voir Adad, t. i, col. 166. Ayant épousé la sœur de Taphnès, la femme du Pharaon, d’abord, il en eut un fils, Genubath, qui fut élevé à la cour, avec les propres enfants du roi. III Reg., xi, 20. Quant à l’origine et à la signification de ce mot, on l’a rapproché du nom trouvé dans les inscriptions pal myréniennes, CV_ioX, Genubâ'. De Vogué, Inscriptions sémitiques, in-4°, Paris, 1868, n° 137, p. 82. D’autres y ont vu un nom dérivé de l'égyptien L& I « " », genbt, qui signifie « mèche de cheveu, tresse ». C'était le nom de la tresse que portait sur le côté de la tête le prince héritier. Voir fig. 535, t. ii, col. 1617-1618. H. G. Tomkins dans les Proceedings of the Society of Biblical archssology, t. iii, mai 1888, p. 72. E. Levesque.

    1. GÉNUFLEXION##


GÉNUFLEXION, acte qui consiste à plier un ou deux genoux et à s’en servir pour s’appuyer à terre. Dans cette posture, l’homme diminue sa taille de toute la longueur de la jambe et s’abaisse devant celui qu’il veut honorer ou implorer. L’habitude de prier à genoux, si commune aujourd’hui, était assez rare autrefois. Un bas-relief de Paros, sculpté à l’entrée d’une grotte (fig. 36), représente une foule d’adorateurs rendant leurs hommages à Cybèle assise sur son trône, à Pan, aux nymphes et à d’autres divinités. Seule, une femme est agenouillée, au milieu de tous les autres adorateurs debout. Les Grecs regardaient cette posture comme peu digne d’un Ijomme libre et convenable seulement pour les Barbares. Théophraste, Char., xii, 1 ; Plutarque, De superstit., B ; Diogène Lærte, Vi, 37. Voir O. Mùller’et Frd. Wieseler, Denkmaler der alten Kunst, 2 in-f », Gœttingue, 1856, t. ii, p. ll ; Boeckh, Corpus inscript, grée, t. ii, n° 2387, p. 347-348. On n’a pas découvert dans les catacombes un seul monument où un chrétien soit représenté priant à genoux. L’usage de se prosterner est néanmoins mentionné dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, quoiqu’il fût moins ordinaire parmi les Juifs qu’il ne l’est devenu parmi les chrétiens. On fléchit le genou : — 1° Devant Dieu. On voit se mettre à genoux pour prier Dieu le roi Salomon, III Reg., viii, 54 ; II Par., VI, 13 ; Ézéchias et les chefs du peuple, II Par., xxix, 30 ; le prophète Daniel qui, trois fois le jour, prie dans cette posture en se tournant du côté de Jérusalem, Dan., vi, 10 ; saint Etienne, Act., vii, 59 ; saint Pierre, Act., ix, 40, et saint Paul. Act., xx, 36 ; xxi, 5 ; Eph., iii, 14. Les malheureux qui attendent une faveur de Notre-Seigneur fléchissent le genou devant lui pour le prier. Matth., xvii, 14 ; Marc, i, 40 ; x, 17 ; Luc, v, 8. Notre-Seigneur lui-même prie à genoux pendant son agonie. Luc, xxii, 41. Le Seigneur prescrit qu’on fléchisse le genou devant lui. Is., xlv, 24. Les pieux Israélites le font. Ps. xciv, 6. Les habitants du désert le feront un jour, Ps. lxxi, 9, et au nom de Jésus tout genou fléchira au ciel, sur terre et dans les enfers, en signe d’adoration et de dépendance. Rom., xiv, 11 ; Phil., ii, 10. — Chez les premiers chrétiens, on se tenait ordinairement debout pour prier. Cependant, à l’exemple de Notre-Seigneur et des Apôtres, on priait aussi à genoux, quoique les monuments figurés primitifs ne nous en, aient pas conservé le souvenir. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 666-668. Saint Jacques le Mineur 163 - GÉNUFLEXION — GÉORGIENNE (VERSION) DE LA BIBLE

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avait nne telle habitude de prier dans cette posture que ses genoux en avaient contracté des callosités comme celles d’un chameau. Hégésippe, dans Eusèbe, jff. E., il, 23, t. XX, col. 197. — 2° Devant les idoles. On fléchissait les genoux devant Baal. III Reg., xix, 18 ; Rom., xi, 14. Voir un roi en prostration devant Isis, fig. 36, t. i, col. 234. — 3° Devant les hommes. Quand Joseph fut préposé au gouvernement de l’Egypte par le Pharaon, un crieur public accompagna le char où il était monté en disant à tous : abrêk. Gen., xli, 43. Bien que ce mot ait une certaine ressemblance avec bérék, « genou, » on le regarde communément comme un mot d’origine égyptienne signifiant : « à genoux ! » Voir Abrek, t. i, col. 90. L’officier d’Ochozias fléchit le genou

et Hérode les fit emmener. Act., xir, 6, 19. — Le geôlier de Philippes, auquel fut confiée la garde de Paul et de Silas, n’était pas un simple çuXa ?, un de ces gardes subalternes, comme les précédents, qu’on poste à la porte tantôt d’un cachot, tantôt d’un autre, mais un 8e<i(io ?0).aÇ, le geôlier en chef de la prison. On lui avait recommandé de veiller étroitement sur les prisonniers. Au milieu de la nuit, la prison s’ouvrit, les chaînes des prisonniers tombèrent, et le geôlier, les croyant échappés et redoutant pour lui-même les conséquences de leur fuite, voulut se donner la mort. Les apôtres l’en empêchèrent et même le convertirent avec toute sa famille. Le lendemain matin, c’est à lui que Paul et Silas refusèrent de sortir de prison si les magistrats ne venaient les

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36. — Femme agenouillée adorant Cybèle au milieu d’autres adorateurs. D’après C. O. MûUer, Denkmàler der alten Kunst,

1856, t. ii, pl. Lxiii, fig. 814.

devant le prophète Élie. IV Reg., i, 13. Les sujets d’Assuérus, Mardochée excepté, fléchissaient le genou devant Aman. Esth., iii, 2, 5. Par dérision, les soldats de Pilote firent la génuflexion devant Jésus, roi des Juifs. Matth., xxivi, 29 ; Marc, xv, 19. Voir des personnages agenouillés devant un mort, t. ii, col. 435, fig. 144, ou devant un vainqueur, t. i, col. 227, fig. 35 ; col. 325, fig. 37 ; col. 511, fig. 124 ; col. 637, fig. 158 ; col. 1486, fig. 455 ;

t. ii, col. 1637, fig. 54t.
H. Lesêtre.
    1. GÉOGRAPHIE BIBLIQUE##


GÉOGRAPHIE BIBLIQUE. Voir Table ethnographique et Palestine.

    1. GEOLIER##

GEOLIER (grec : t ?ial, Sea^o^ilal ; Vulgate : custos), celui qui a la charge de garder les prisonniers. — Quand l’ange du Seigneur eut délivré les apôtres emprisonnés par ordre du sanhédrin, on trouva après leur départ la prison fermée et les gardiens, devant les portes, ignorant que les prisonniers eussent disparu. Act., v, 23. — D’autres gardiens veillaient à la porte de la prison où saint Pierre était détenu. Ils ne s’aperçurent pas non plus de la délivrance de l’Apôtre par l’ange du Seigneur,

DIÇT. DE LA BIBLE.

délivrer en personne. Act., xvi, 23-36. Le mot Ssufio^Xal désigne le geôlier chez les auteurs profanes. Lucien, Toxaris, 30 ; Artémidore, Onirocrit., ii, 60, etc.

    1. GÉOLOGIE DE LA PALESTINE##


GÉOLOGIE DE LA PALESTINE. Voir Palestine.

    1. GÉORGIENNE (VERSION) DE LA BIBLE##


GÉORGIENNE (VERSION) DE LA BIBLE. I. La Géorgie.

La Géorgie est une région transcaucasienne comprenant le haut bassin du Khoûr, les bassins du Rion et de l’Ingour, les montagnes d’Adjara et le littoral de la mer Noire jusqu’à Trébizonde. De nombreuses circonstances de conquête, de déplacement et de généralisation ethnographique ont fait que la Géorgie a porté, dans le cours des âges, différents noms. Une grande partie de la Géorgie actuelle était connue dans l’antiquité sous le nom d’Ibérie. Le nom de Géorgie, naturalisé en Europe par des moines voyageurs du xme siècle, n’est pas indigène, mais d’origine persane. En effet Gourdjistan [= pays du Khoûr] était pour les Persans, et, d’après eux, pour les Arabes, le pays du Khoûr. — Le peuple géorgien est entré dans l’histoire à l’époque d’Alexandre le Grand et ses destinées furent dans lu

III. - 7

cours des siècles pics ou moins liées à celles de l’Arménie. En 1798 la Céorgie fut soumise à la Russie ; aujourd’hui elle a pour capitale Tiflis. — Le christianisme pénétra d’assez bonne heure en Géorgie. On croit généralement — du moins les traditions locales l’affirment

— qu’il y fut porté par une esclave arménienne, prisonnière de guerre, sainte Nuna, au ive siècle, vers 325. Socrate, H. E., i, 20, t. lxvii, col. 129.

II. Langage.

La langue géorgienne, dans laquelle fut traduite la Bible, est d’une allure très bizarre, et, en tout cas, assez mystérieuse. Pour ce qui touche à la nature et aux caractères généraux de la langue géorgienne, les philologues ne savent rien de certain : on a émis à ce sujet différentes opinions. Trois sentiments surtout se sont produits sur la nature et les caractères de la langue géorgienne. Les uns ont cherché à ramener la langue géorgienne à la famille aryenne, mais cette opinion est aujourd’hui abandonnée. Max Mùller a placé le géorgien dans le groupe des langues touraniennes. D’autres ont préféré faire une famille à part des langues caucasiennes, dont fait naturellement partie la géorgienne. On est généralement d’accord pour distinguer deux dialectes dans la langue géorgienne, comme du reste dans toutes les langues orientales : le littéraire et le vulgaire. Les Géorgiens ont aussi deux alphabets amban : l’ecclésiastique et le civil. Le premier est appelé khoutsouri (= presbytéral), parce qu’on ne s’en sert que dans les livres relatifs à la religion. L’alphabet civil s’appelle mkhedrouli khali (= la main ou l’écriture des guerriers).

III. Date et sources de la version.

On ne peut pas fixer l’époque à laquelle furent traduits les Livres Saints en langue géorgienne. Tous ceux qui ont tant soit peu touché cette question en conviennent. On peut supposer néanmoins, que la date de la traduction des Livres Saints doit être assez étroitement liée à celle de la conversion de la Géorgie à la religion chrétienne. Lorsque les Géorgiens eurent embrassé le christianisme, ils durent, selon toutes les probabilités, sentir la nécessité de traduire en leur langue les Livres Saints pour les besoins liturgiques. Sous ce rapport la Géorgie a dû suivre la même loi que les autres peuples ; après la conversion, une traduction de la Bible s’imposait tout naturellement. En supposant donc que les Géorgiens se soient convertis au christianisme sous Constantin, comme l’affirme Sozomène, H. E., ii, 7, t. lxvii, col. 949, nous ne nous tromperons pas de beaucoup en plaçant au Ve siècle la traduction des saintes Écritures. — Sur quel texte fut faite la version géorgienne ? Même incertitude. Trois opinions se sont produites sur cet obscur sujet. — 1° La première soutient que la version géorgienne fut faite sur un texte grec. Cette opinion est de beaucoup la plus probable, mais elle ne peut pas être démontrée avec certi Ude. On invoque en sa faveur les fréquents rapports que les Géorgiens avaient à cette époque avec les Grecs. Le fait n’est pas discutable. Toutefois cet argument est une simple présomption. La question de ce côté revient à savoir si, à l’époque dont il s’agit, il était plus aisé de trouver des Géorgiens hellénisants ou des Géorgiens arménisants, car, si les Géorgiens avaient alors des rapports avec les Grecs, ils en avaient aussi avec les Arméniens. On en a appelé à certains indices de critique textuelle. Ces indices ne sont pas absolument concluants.

— 2° La deuxième opinion prétend que la version géorgienne fut faite sur le texte arménien. On ne saurait disconvenir que cette opinion n’ait de prime abord pour elle un grand fait historique : c’est l’importation du christianisme d’Arménie en Géorgie. Si l’Arménie a porté le christianisme en Géorgie, comme la chose est certaine, il ne serait pas impossible qu’elle lui ait aussi communiqué les Saintes Écritures. D’autre.part, certaines ressemblances entre le texte arménien et le texte géorgien donnent à cette opinion quelque probabilité. — 3° Une

troisième opinion a soutenu que la version géorgienne avait été faite sur un texte slave. Zenker, Bibliotheca orientalis, Leipzig, 1861, t. ii, p. 171. Cette opinion n’est guère admissible. Le christianisme a pénétré en Géorgie assez longtemps avant d’avoir pénétré dans les pays slavons. Les Géorgiens et les Slaves, selon toute vraisemblance, n’ont dû commencer à avoir des rapports entre eux qu’à partir du moment où ils ont plus ou moins subi l’influence de la Russie.

IV. Manuscrits.

Les manuscrits géorgiens de la Bible sont très peu nombreux en Europe. Si l’on excepte un manuscrit très estimé de la Bible entière, qui est censé remonter au Xe siècle, et qui se trouve au mont Athos, tous ne sont que partiels. Parmi les manuscrits, qui se trouvent en Orient, soit à Sainte-Croix de Jérusalem, soit au mont Sinaï, soit enfin au monastère d’Etchmiadniz sur le mont Ararat en Arménie, quelques-uns contiennent toute la Bible. Scholz, Bibl. krit. Reise, Leipzig, 1823, p. 148, 149, et Tischendorf, Reise in den Orient, Leipzig, 1846, t. ii, p. 69, ont recensé tant bien que mal les manuscrits de Sainte-Croix de Jérusalem. Scholz parle de 400 manuscrits qui seraient la propriété de ce célèbre monastère. Ceux du monastère d’Etchmiadniz sont, paraît-il, assez nombreux. S. C. Malan, The Gospel according to S. John translated from the eleven oldest versions except the Latin, Londres, 1862. Un nombre assez respectable doit se trouver aussi au mont Sinaï. Dans la Bibliothèque géorgienne de Tiflis, Scrivener a examiné trois manuscrits des Évangiles, très anciens, pense-t-il, écrits en onciales et sur parchemin. En Europe, la Bibliothèque vaticane seule possède trois manuscrits partiels : 1. Vat. Clem. Assem. 1, p. 587 a, Num. 2, in-4°, Membran. foll. 303, Évahg. 2. "Vat. Clem. Assem. 1, p. 587 a, Num. 3, in-4°, papier, foll. 178, Evang. 3. Vat. Iber. 1, ancien, in-4°, Membran. Evang. Mai, Scriptorum veterum nova collectio, Rome, t. v, p. 242.

V. Éditions imprimées.

Les éditions de la version géorgienne sont extrêmement rares. Les unes sont complètes, les autres partielles. Au nombre des premières il faut citer surtout l’édition de Moscou (1723). Chr. Ginsburg, dans’Kitto, À Cyclopœdia of Biblical Literature, 3e édit., t. ii, 1866, p. 110. En 1743, on fit une nouvelle édition à Svenzga, localité de la banlieue de Moscou. Cette édition aurait été, prétend-on, retouchée sur un texte slave. Une autre édition parut à Saint-Pétersbourg en 1816 en caractères ecclésiastiques, et en 1818 en caractères civils. Franc. Car. Alter, Uber georgianxsclie Literatur, Vienne, 1798 ; S. C. Malan, loc. cit. La Bibliothèque nationale de Paris possède une édition en caractères ecclésiastiques, cotée A, 2098. Parmi les éditions partielles, il faut mentionner celle de l’épltre à Philémon par J. H. Petermann, faite en 1844 sur l’édition de 1816. Pauli Epistula ad Philemonem speciminis loco ad (idem versionum ûrientalium veterum una cum earum textu originali grsece édita, Berlin, 1844. Les Évangiles et les Actes ont été édités à Tiflis en 1879.

VI. Particularités critiques.

Les principales particularités critiques du texte géorgien sont les suivantes.

— 1° Les manuscrits de Tiflis et les éditions qui en dérivent contiennent les derniers versets de saint Marc, xvi, 9-20. On a donc une preuve de plus de l’authenticité de cette péricope dans le texte géorgien. — 2° Luc, ii, 14. Le texte géorgien porte la leçon des meilleurs manuscrits grecs : da qatstha choris sathnoeba = %a êv àv8p<5noiç e-160xïa. — 3° Les trois manuscrits de la Vaticane contiennent le récit de la femme adultère ; mais ils le placent après le verset 44, et non après le verset 52 du chapitre septième de saint Jean. Au contraire, les textes imprimés, par exemple celui de Tiflis, suivent l’ordre ordinaire et placent le récit après le verset 52 qui termine, dans les éditions critiques, le chapitre septième.

— 4° Enfin les textes imprimés contiennent aussi le verset des trois témoins. Cependant, tel qu’il est, ce verset _paralt briser le lien grammatical, de sorte qu’il resterait à vérifier s’il se trouve dans les manuscrits. Voir Adler, Von georgischen Bibelûbertzung, dans l’Allgemeine Bibliothek der Biblischen Literatur, t. i, 1787, p. 153-169 ; V. Ermoni, La version géorgienne de la Bible, in-8°, Paris, 1899. V. Ermoni.

GÉRA (hébreu : Géra’, cf. I*. phénicien ^"^, Corpus Inscript. Semit., 106, t. i, p. 127 ; Septante : i)pdt), nom d’un ou de Heux descendants de Benjamin.

1. GÉRA, un des ils ou descendants de Benjamin, qui est dinné dans Gen., xlvi, 21, comme vivant au temps de " ntrée de Jacob en Egypte. D’après I Par., viii, 3, il était fils e Balé, le fils aîné de Benjamin. Son nom ne paraît pas dans la généalogie des fils de Benjamin, distîngnés par familles, qui se lit dans Num., xxvi, 38-40 et Hupham. Cf. I Par., viii, 5. Sur la généalogie des fils de Benjamin, dont les noms sont assez altérés dans les diverses listes, voir Benjamin, t. i, col. 1589. Géra fut un ancêtre d’Àod, juge d’Israël, Jud., iii, 15 ; et de Séméi qui insulta David fuyant devant Absalom. II Reg., xvi, 5 ; xix, 16, 18 ; III Reg., ii, 8.

2. GÉRA, qui transporta de Gabaa à Manahath les familles de Naaman et d’Achia, les fils d’Ahod, et eut pour enfants Oza et Ahiud. I Par., viii, 7. Ce Géra pourrait être le même que le précédent.

E. Levesque.

    1. GÊRÂH##

GÊRÂH, nom hébreu du plus petit poids dont faisaient usage les Israélites. Le mot gêrâh signifie « grain, baie (de fruit) ». Le plus petit poids s’appelait aussi autrefois « grain » en France et dans d’autres parties de l’Europe. Il est probable qu’on se servit primitivement de grains pour peser les menus objets. — Le gêrdh était la vingtième partie du sicle. Exod., xxx, 13 ; Lev., xxvii, 25 ; Num., m, 47 ; xviii, 16 ; Ézech., xlv, 12. Tous ces passages nous disent une seule et même chose, savoir que « le sicle a vingt gêrdh », et ils nous montrent que le gêrdh, comme le sicle, était tout à la fois un poids et une valeur monétaire. — Les Septante ont toujours traduit gêrdh par hfial.àc, et la Vulgate, par obolus.’O60)16 ; signifie proprement en grec une petite barre de métal. W. Prellwitz, Elymologisches Wôrterbuch der Griechischen Sprache, in-8°, Gœttingue, 1892, p. 217 ; J. Brandis, M’ùnz-Maus, und Gewichtswesen, in-8°, Berlin, 1866, p. 60. L’obole était le sixième de la drachme attique, et son poids, comme sa valeur, était inférieur à celui du gêrdh, de sorte que l’équivalence entre le gêrdh et l’obole n’est qu’approximative et fondée seulement sur ce que l’un et l’autre occupaient le rang le plus bas dans l’échelle des poids et mesures des Hébreux et des Grecs. D’après les rabbins, le gêrdh équivalait au poids de seize grains d’orge. A. Bock, Metrologische Untersuchungen, in-8°j Berlin, 1838, p. 58. À en juger par les valeurs connues des poids et monnaies à l’époque des Machabécs, le gêrâh pesait 708 milligrammes et valait, en or, 2 fr. 17 ; en argent, fr. 14. — Les Septante ont employé une autre fois le mot ôëo)ôç dans leur vorsion, I Reg., ii, 36, pour rendre l’hébreu’âgôrâh, qui désigne une petite monnaie de poids indéterminé (Vulgate : nummus).

    1. GÉRARE##

GÉRARE (hébreu : Gerdr, Gen., xx, 1, 2 ; xxvi, 6, 17, 20, 26 ; II Par., xiv, 13, 14 ; Gerdrâh, avec hé local, Gen., x, 19 ; xxvi, 1 ; Septante : Tepapô, employé au singulier et au pluriel dans la Genèse ; TeSùp, II Par., xrv, 13, 14 ; Vulgate : Gerara, tantôt au singulier, tantôt au pluriel), ville située sur lia frontière sud-ouest de la Palestine, Gen., x, 19, dans le pays des Philistins. Gen., XXVI, 1, 6, et où séjournèrent quelque temps les pa triarches Abraham et Isaac. Gen., xx, 1, 2 ; xxvi, 1, 6, 17, 20, 26. On l’identifie généralement avec Khirbet Umm Djerdr, à trois heures au sud-sud-ouestde Gaza.

I. Nom.

Le nom a reçu différentes interprétations plus ou moins plausibles. Cf. J. Simonis, Onomasticutn Veteris Testamenti, Halle, 1741, p. 113 ; F. Hitzig, Urgeschichte und Mythologie der Philistâer, Leipzig, 1845, p. 118. Mais, à la différence de’beaucoup d’autres, il garde dans les versions et les auteurs anciens une forme invariable (excepté II Par., xiv, 13, 14, où les Septante donnent TeSiûp, ce qui s’explique par la confusion facile et assez fréquente entre le i, daleth, et le -i, resch). Josèphe, Ant. jud., i, xii, 1 ; xviii, 2 ; VIII, xii, 2, parle de Gérare, rtpapà, « ville de Palestine, » et de la région Gérarilique. Il en est de même d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 124, 240. On croit également reconnaître cette province Geraritica dans le mot ipmi, du Talmud de Jérusalem, Schebiith, vi, 1 ; Midrasch, Bereschith rabba, c. XL vi. Il y est dit que cette contrée est malsaine jusqu’au torrent d’Egypte ; à ce titre elle était considérée comme pays des Gentils. Le Targum de Jonathan sur la Genèse, xx, 1, rend aussi le mot Gerdr par ipmi. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 65. Sozomène, Hist. eccl., vi, 32, signale un monastère florissant de son temps Iv Tepâpoiç, à Gérare. Plusieurs égyptologues pensent que l’antique cité biblique est mentionnée dans les listes de Karnak sous le n « 80 et la forme « »  » -*4 -AS, Ke-ru-ru ou Kerara. Cf. A.

Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 36 ; G. Maspero, Sur les noms géographiques de la liste de Thoutmos 1Il qu’on peut rapporter à la Judée, extrait des Transactions of the Victoria Institute, or philosophical Society of Great Britain, Londres, 1888, p. 8. W. Max Mûlfer, Asien und Europa nach altàgyptischen Dènkmâlern, Leipzig, 1893, p. 159, fait quelque réserve. Dans le nom actuel, Khirbet Umm Djerdr, le dernier mot, le seul important, se présente avec certaines variantes. V. Guérin,

Judée, t. ii, p. 257, écrit : Ays El-Djerâr, avec l’article ; le Survey of Western Palestine, Name Lists,

Londres, 1881, p. 420 : Aj.^, Djerrâr, en doublant le ra. La première orthographe paraît plus exacte. Le nom signifie : « Ruine de la mère des cruches, » parce qu’il y a en cet endroit de nombreux débris de poterie. En dehors de sa signification, l’arabe Djerdr est l’équivalent précis de l’hébreu m>, Gerdr. Il est possible que l’antique dénomination hébraïque ait longtemps subsisté, et que plus tard on l’ait appliquée à la circonstance locale en question. Cf. G. Kampffmeyer, À Ite Namen im heutigen Palâstma und Syrien, dans la Zeitschrift des Deutsclien Palâstina Vereins, Leipzig, t. xvi, 1893, p. 34.

II. Identification et description.

Les données de l’Écriture sont des plus succinctes. Elle nous montre d’abord que Gérare était à l’opposé de Sidon, sur la route qui descend du nord au sud en passant par Gaza. Gen., x, 19. Elle place ensuite cette ville dans le pays des JPhilistins. Gen., xxvi, 1. Elle nous apprend enfin qu’il y avait dans les environs un torrent de même nom, nàhai-Gerdr, « le torrent de Gérare. s Gen., xxvi, 17. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, p. 124, 240, nous disent que « Gérare, qui donnait son nom à la région Géraritique, au delà du Daroma, était à 25 milles (37 kilomètres) d’Éleuthéropolis (Beit Djibrin), vers le midi ». Si la distance s’applique à la ville même, c’est-à-dire à Khirbet Umm Djerdr, elle est inférieure de sept ou huit kilomètres au moins. Mais si elle s’applique à « la région », on peut croire que la partie septentrionale de celle-ci correspondait au chiffre donné. Le « torrent de Gérare » serait, dans ce cas, le cours in

férieur de Youadi Ghazzéh, qui se rend à la mer dans la direction du nord-ouest. Cette identification a été acceptée parla plupart, des auteurs, après la découverte du site de Khirbet Umm Djerdr par Rowlands. Cf. G. Williams, The Holy City, 2e édit., Londres, 1849, t. i, p. 463-468. Telle est, en particulier, l’opinion de Van de Velde, Reise durch Syrien und Palàstina, Leipzig, 1855, t. ii, p. 182 ; Mémoir to accûmpany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 313-314 ; V. Guérin, Judée, t. ii, p. 257 ; des explorateurs anglais, iSurvey of Western Palestine, Menwirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 389 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Naines and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 69 ; de R. Von Riess, Bibelvtlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 12, etc. — Les ruines de l’antique cité de Gérare, dont le nom presque seul a survécu, sont aujourd’hui à peine distinctes, et consistent uniquement en quelques citernes et divers tas de pierres éparses au milieu de champs de blé. La ville était bordée, à l’ouest et au sud, par l’ouadi Ghazzéh. La vallée dans laquelle coule ce torrent est large, formée qu’elle a été par une puissante action des eaux ; l’ouadi reçoit, en effet, le drainage d’une immense superficie de terrain, depuis Hébron jusqu’aux montagnes de l’extrême sud de la Palestine. On comprend dès lors que les patriarches soient venus y planter leurs tentes, comme le font encore les Arabes de nos jours. On n’y trouve pas cependant de puits en maçonnerie semblables à ceux de Bersabée. Les Bédouins actuels obtiennent de l’eau en

creusant dans le lit du torrent, souvent à sec, des fosses

ou petits réservoirs appelés hafdîr, au singulier hafire’h. Mais ces bassins se comblent aisément et ont besoin d’être creusés de nouveau. Nous avons dans ces détails la plus frappante explication du psssage de la Genèse, xxvi, 17-22, où nous voyons Isaac « creuser de nouveau d’autres puits, que les serviteurs d’Abraham, son père, avaient creusés, et que les Philistins après sa mort avaient obstrués… », puis « fouiller aussi au fond du torrent et y trouver de l’eau vive ». Le mot hébreu, hâj’ar, employé ici pour désigner l’action de creuser, correspond exactement au terme arabe, frafîréh, usité actuellement. Il y a néanmoins autour d’Umm Djerdr plusieurs citernes construites avec de petites pierres enfoncées dans d’épais lits de ciment ; elles servent aujourd’hui de silos. Les débris de poterie qu’on rencontre sur le bord septentrional de l’ouadi sont assez curieux. Ils sont à demi consolidés par une infiltration de boue et présentent des fragments de toutes les grandeurs. La matière est de couleur rouge, différant de la poterie moderne de Gaza, qui est noire., Signalons enfin au sud de Khirbet Umm Djerdr un site ancien d’une certaine importance. C’est un énorme monticule, appelé Tell Djema, dont les flancs assez raides sont également couverts de tessons. La région desalentours est, comme celle de Bersabée, propre à l’élevage des troupeaux ; elle pourrait encore produire des récoltes de blé comme au temps d’Isaac. Gen., xxvi, 12. La vie des Arabes du pays, ordinairement pastorale, parfois agricole, représente celle des anciens patriarches. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly étalement, Londres, 1875, p. 162-165.

Un certain nombre d’auteurs cherchent plus au sud l’emplacement de Gérare, en s’appuyant sur Gen., XX, 1, où il est dit : « Abraham partit de là (de Mambré, près d’Hébron) vers le Négeb (le midi), et il demeura entre Cadès et Sur, et il habita quelque temps à Gérare. » On reconnaît généralement Cadès aujourd’hui dans l’oasis d"l » Qadis, à 80 kilomètres au sud de Bersabée, et Sur indique la partie nord-ouest du désert arabique qui confine à l’Egypte. C’est donc entre ces deux points, et non dans les environs de Gaza, qu’il conviendrait de chercher la cité philistine. Pour les uns, elle devait se trouver sur les bords de l’ouadi el-Arisch, « le torrent d’Egypte. »

Cf. Kneucker, dans Schenkel, BibeULexikon, Leipzig, 1869, t. ii, p. 385-386. Pour les autres, l’ouadi Djerûr, au sud-ouest d’Aïn Qadis, représenterait plus exactement « le torrent de Gérare » et rappellerait la ville de même nom. Cf. Trumbull, Kadesh-Bamea, NewYork, 1884-, p. 61-65 ; H. Guthe dans la Zeitschrift der Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, p. 215. Mais on peut répondre : 1° Le texte sacré ne dit point formellement que Gérare était entre Cadès et Sur. Il se contente de nous apprendre qu’Abraham séjourna quelque temps à Gérare : est-ce avant, est-ce après ses pérégrinations dans la région méridionale entre Cadès et Sur ? c’est ce que rien ne nous indique ; — 2° L’ouadi Djerûr est trop loin de Gaza pour avoir servi, avec cette ville, de point de repère dans là frontière occidentale de Chanaan. Gen., x, 19 ; — 3° Enfin jamais le pays des Philistins ne s’est étendu si loin, tandis que Khirbet Umm Djerdr rentre parfaitement dans ses limites.

III. Histoire.

La Genèse, xxvi, 1, 6, nous donne Gérare comme le premier siège de la puissance philistine dans le pays de Chanaan. Voir Philistins. Les deux rois qu’elle mentionne portent le même nom, Gen., xx, 2 ; xxvi, 1, peut-être le titre commun des princes de la contrée. Toute leur histoire est contenue dans leurs rapports avec Abraham et Isaac. Les événements racontés ont une sensible analogie, quoique avec des circonstances différentes. Voir Abimélech 1, 2, t. i, col. 53, 54. C’est dans cette région que Sara mit au monde Isaac. Gen., xxi, 2, 3. Nous avons vu comment ce patriarche, revenu plus tard dans le pays, s’y livra à l’agriculture, Gen., xxvi, 12, et y creusa des puits, qui furent le sujet de nombreuses querelles avec les pasteurs de Gérare. Gen., xxvi, 18-22. — Il n’est plus ensuite question de la ville qu’à l’époque d’Asa, roi de Juda. II Par., xiv, 13, 14. Sous ce prince, une armés innombrable, composée d’Éthiopiens et de Libyens, envahit la Palestine sous la conduite de Zara, roi d’Egypte, et s’avança jusqu’à Marisa, aujourd’hui Khirbet Mer’asch, près de Beit Djibrîn. Asa marcha au-devant de l’ennemi et lui livra bataille dans la vallée de Séphata, près de Marésa. Victorieux, il poursuivit les hordes éthiopiennes jusqu’à Gérare. Comme les Philistins avaient probablement fait cause commune avec les Égyptiens, les troupes de Juda s’emparèrent de cette dernière ville (cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, xii, 2), ravagèrent toutes les cités des environs, ainsi que les bergeries, et rapportèrent à Jérusalem un butin considérable. — On croit généralement qu’il s’agit aussi de Gérare au second livre des Machabées, xiii, 24, à propos des Gerréniens qui "y sont mentionnés. Voir Gerréniens. A. Legekdre.

    1. GÉRASÉNIENS (PAYS DES) (f##


GÉRASÉNIENS (PAYS DES) (f, / « ? « ™v Vc ?a<jï)vû>v, TaSapiivûv, rspYS<m)vô)v, selon les différents ma Monnaie de Gérasa.

KPISniNASEBASTH. Buste de Crispine.-^. APTEMIS TYXH TEPASQN. Buste de Diane, tourné à droite, lo carquois sur l’épaule.

nuscrits), région où Notre-Seignèur guérit un possédé (deux, suivant saint Matthieu), et où les démons précipitèrent lés porcs dans la mer. Matth., viii, 28 ; Marc, v, 1 ; Luc, viii, 26, 37. Elle était située « au delà », c’est

à-dire à l’est « du lac » de Tibériade, Matth., rai, 28 ; -Marc, v, 1 ; « vis-à-vis de la Galilée. » Luc, viii, 26. Mais où la placer exactement ? Nous sommes en présence d’une très grande difficulté, qui provient des variantes du texte grec Nous avons donc, pour chercher une solution plus ou moins probable, à interroger les manuscrits, les versions, le contexte, la tradition et les cxégètes.’I. Critique textuelle. — Si la Vulgate, dans les trois synoptiques, donne uniformément le nom de Géraséniens aux habitants du pays qui fut le théâtre du miracle, il n’en est pas de même du texte grec. On.trouve, en effet, "même dans chaque Évangéllste, des variantes

compte en sa faveur : l’ancienne italique, la Vulgate et la version sahidique. La leçon Gergéséniens est soutenue par les versions copte (bohérique), gothique, arménienne et éthiopienne. — En résumé, raSapïjv&v paraît bien être la leçon de saiDt Matthieu ; elle est attestée par des manuscrits et des versions qui réunissent l’antiquité et l’universalité, et est adoptée, pour le texte de cet évangéliste, par Tischendorf et par Hort et Westcott dans leurs éditions du Nouveau Testament. repainivSv doit être celle de saint Marc, d’après l’autorité de B, N, D, de l’Italique, de la Vulgate, qui représentent l’antiquité et l’accord d’Alexandrie avec l’Occident ; elle est acceptée par les mêmes critiques. Pour saint Luc, l’accord est

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38. — Vue générale de Gérasa, prise du temple du Sud. D’après deLuynes, Voyage d’exploration à la mer Morte, Atlas, ^l. 52.

d’où résultent trois leçons différentes, entre lesquelles le choix est difficile. Prenons les cinq manuscrits les plus importants : Codex Vaticanus, B ; Sinaiticus, x ; Alexandrinus, À ; Ephrsemi, C ; Bezee, D. Nous aurons alors le tableau suivant :

MATTH.

B. r « Sapï)Vûv N. ra^apvjvûv A. r£pys<nivûv

C. raôap-^vtùv

D. rep « <n)vâv

MARC.

rEpa<n)vûv repadTjvôiv raôapTjvCjv raôap7]vâ)v repa<r » ivûv

LUC.

repajïivtôv repye(TY]vàjv ra8api)vâiv Tepainrivwv repa<JY]v<5v

Ajoutons à cela que, dans saint Matthieu, le « texte reçu » porte repyeinivûv, et est appuyé par dix manuscrits onciaux et un grand nombre de minuscules. Il nous reste donc, en somme, à choisir entre raSap-tp&v, Vtpaarp&v et rep-ye(j7)vûv. — Les versions sont également divisées. La leçon Gadaréniens a pour elle : la version syriaque Peschito, le manuscrit sinaïtique syriaque et la version persane. Là leçon Géraséniens

moins complet. Tischendorf admet repyeffYivffiv ; Hort et Westcott ont repa<r » )v<5v, qui semble la vraie leçon. Les manuscrits et les versions sont nombreux pour repyeffjjvôjv ; mais s’il y a là la majorité, il n’y a pas l’antiquité, et puis ce groupe de témoins trahit une correction savante, que l’on tient à bon droit pour suspecte. C’est à Origène, en effet, qu’il faut probablement faire remonter l’origine de cette leçon. Le grand docteur, trompé par une fausse tradition locale, a voulu corriger le’texte reçu de son temps, qui portait généralement Géraséniens, parfois Gadaréniens. « Mais Gérasa, dit-il, est une ville d’Arabie, qui n’a ni mer ni port tout près. Or, les évangélistes, gens qui connaissaient très bien la Judée, n’auraient pas dit un mensonge si évident et facile à réfuter. Gadara est une ville de Judée, près de laquelle il y a des bains fameux ; mais il n’y a là ni lac ni mer avec des précipices. Tandis que Gergésa, d’où les Gergéséens, est une ancienne ville près du lac qu’on nomme maintenant de Tibériade, près de laquelle il y a un précipice penché sur le lac, d’où l’on montre que les porcs ont été précipités par les démons, i Comment, in Jos.,

t. xiir, col. 270, 271. Origène a donc conclu de l’existence des Gergéséens, peuple que les Hébreux trouvèrent en Palestine quand ils en prirent possession, Gen., xv, 21 ; Deut., vii, 1 ; Jos., xxiv, 11, à une ville de Gergésa, alors que le nom de cette nation avait depuis longtemps disparu sans laisser de traces. Cf. Josèphe, Ant. jud., i, vi, 2. Il cède aussi à sa tendance allégorique en voyant dans la signification de Gergesa, « habitation de ceux qui chassent, » une allusion prophétique aux habitants de la ville, qui prièrent le Sauveur de s’éloigner de leurs frontières. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 130, 248, ont suivi le célèbre critique : « Gergésa, où le Seigneur a guéri les démo trouvaient sur le bord d’une route, qui devenait périlleuse en raison des démoniaques. Matth., viii, 28. — 5° Enfin, « non loin, sur la montagne, paissait un nombreux troupeau de porcs, » Matth., viii, 30 ; Marc, v, 11 ; Luc, vm, 32, qui va se précipiter dans la mer « par des pentes escarpées », xotrà to-j xothivoû. Matth., viii, 32 ; Marc, v, 13 ; Luc, viii, 33. — La topographie, de son côté, nous indique deux points comme lieux naturels de débarquement, probablement les mêmes autrefois qu’aujourd’hui : à l’embouchure de l’ouadi Semak, près de Kursi ou Kersa, et à celle de l’ouadi Fîk, près des ruines de Qala’at el-Hosn. « Il est à remarquer [aussi] que sur toute la côte orientale du lac de Tibériade, il n’y a pas

-Bouks dXkHammèh Moule cŒl-jHezjyia.

i.TtaiHirr.deE

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39. — Plan d’Unim-Qeis, l’antique Gadara. D’après G. Schumacher, Northern’Ajlûn, in-12, Londres, 1890, p. 47.

niaques ; et l’on montre encore maintenant sur la montagne un bourg près du lac de Tibériade, dans lequel les porcs ont été précipités. » Cependant, chose singulière, saint Jérôme a uniformément maintenu Géraséniens dans les Évangiles. La leçon rspyeoTivôv semble ainsi n’avoir conquis son autorité que grâce au crédit d’Origène. Onl’élimine donc généralement pour ne garder que r£pa<7r]vtùv et ra8api]v(Sv.

II. Données évangéliques et topographiques.

Le récit des synoptiques nous fournit les renseignements suivants. — 1° Notre-Seigneur, se dirigeant vers la rive orientale du lac de Tibériade, atteint un point normal de débarquement ; car le lac a, lui aussi, ses petites échelles dont on ne s’écarte pas sans de graves raisons.

— 2° À peine descendu de la barque, Marc, v, 2, il rencontre le possédé qui sortait des tombeaux, èx tûv pvT]|i£i£)v ; il s’agit sans doute d’une nécropole assez importante. — 3° Ce possédé était « un homme de la ville ». Luc, viii, 27. Il y avait donc près de là une ville, 7tôXiç, et non an simple bourg, xw|£7), deux mots que les évanfiôlistes distinguent ordinairement. — 4° Les tombeaux se

nn seul endroit où le rocher plonge dans la mer, comme cela se rencontre si souvent le long de la mer Morte. La montagne n’est à pic nulle part jusqu’à l’eau : partout, du moins aujourd’hui, une langue de terre plus ou moins large la sépare du lac. En revanche, presque partout, la montagne s’abaisse en pentes escarpées qui réalisent suffisamment la condition proposée : les porcs prennent leur élan sur ces précipices et, poussés par les démons, vont se noyer dans les flots. » M.-J. Lagrange, Origène, la critique textuelle et la tradition topographique, dans la Revue biblique, Paris, t. iv, 1895, p. 519.

III. Identification.

Dans ces conditions, en ne retenant, d’après la critique textuelle, que les deux variantes r£pa<rr|vôv et raSotpirjvôiv, où placer le pays dont nous nous occupons ? Voici les trois hypothèses émises à ce sujet. — 1° r£pa<n)vô>v rappelle évidemment l’ancienne répot<ra (fig.37), une des principales villes de la Décapole. Cf. Josèphe, Bell, jud., i, iv, 8. Connue aujourd’hui sous le nom de Djérâsch (fig. 38), elle est située bien loin au sud-est du lac de Tibériade, sur les confins du désert d’Arabie. Ses magnifiques ruines, parmi lesquelles on

voit les restes de plusieurs temples, d’un théâtre, de thermes, etc., attestent son importance passée. On a cru que l’antique cité pouvait étendre sa domination sur un territoire considérable, de telle sorte que la « région des Géraséniens » eût atteint les bords mêmes du lac. Mais cette hypothèse tombe devant l’existence d’autres villes, voisines de la mer de Galilée, qui ne dépendaient en rien de Gérasa. Origène avait donc raison de dire que les évangélistes ne pouvaient penser à cette ville, qui ne saurait correspondre aux données du récit sacré. — 2° ra6ap7)vôv représente l’antique ViSapa (fig. 39-40), une dés places les plus importantes de la Pérée, et chef-lieu

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40. — Monnaie de Gadara.

    1. TIBERIQ KAIEAPI##


TIBERIQ KAIEAPI. Tète de Tibère, à droite. ^. TAAAPEIS. Têtede femme voilée et tourelée, à droite.

d’un district particulier, appelé la Gadaritide. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIII, iii, 3 ; Bell, jud., IV, vii, 3. On la reconnaît aujourd’hui dans Umm Qeis, k dix kilomètres environ au sud-est de la pointe méridionale dij lac de Tibériade. La position est admirable ; les ruines sont également

EchelU

— Entrée d’un tombeau a Umm-Qeis. D’après Schumacher, Northern’Ajlûn, p. 71.

très belles. La vieille cité, assise sur une colline qui s’avance à l’extrémité septentrionale des monts de Galaad, pouvait facilement prolonger son territoire jusqu’au rivage. Sa nécropole est une des plus remarquables du pays, lies mieux conservés de ses tombeaux (fig.41, 42), creusés dans le roc, servent aujourd’hui d’habitation ; les démoniaques pouvaient donc y résider. Bon nombre d’auteurs voient dans Gadara la ville du récit évangélique. Il faut avouer cependant qu’elle est encore trop éloignée du lac, et que ses tombeaux ne peuvent être les « monuments » d’où s’échappèrent les possédés qui se présentèrent au Sauveur « aussitôt après sa sortie du bateau ». Marc, v, 2. Dans cette hypothèse, d’ailleurs, les démons auraient plus tôt fait de noyer les pourceaux dans le Hiéromax ou Schériat el-Menadiréh, presque aussi gros que le

Jourdain, et qui se trouvait forcément sur leur route.

— 3° C’est donc sur le rivage de la mer galiléenne qu’il convient de che<- ; her le lieu du miracle. Or, on a découvert près de l’ouadi Semak les ruines d’une localité appelée Kursi, Kersa ou encore Kursa. Cf. W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1890, p. 375 ; J. Macgregor, The Bob Boy on the Jordan, in-8°, Londres, 1869, p. 422 ; G. Schumacher, Der Dscholan, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. ix, 1886, p. 340. Le mot Kursi, en arabe, signifie « siège », mais les habitants du pays ont pu altérer la prononciation primitive pour se rapprocher d’un terme connu et significatif, qui répond assez bien à la configuration du lieu. Kersa serait donc la Gergésa d’Origène et la Gerasa de certains voyageurs du moyen âge. Cette opinion est assez généralement adoptée maintenant. Cf. Wilson dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit, Londres, 1893, t. i, part. II, p. 1099 ; C. Warren, dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, Edimbourg, 1898, t. ii, p. 159-160.

Cependant le P. Lagrange, Bévue biblique, 1895, p. 519, croit qu’il est impossible de placer à Kursi-Kersa le lieu du miracle, et cela pour les raisons suivantes : 1° Kersa n’a jamais été une ville ; les ruines indiquent tout au plus un bourg. — 2° Il n’y a pas aux environs de nécropole, ni même de tombeaux isolés creusés dans le roc, qui puissent rendre l’impression du récit évangélique. Il y a bien, à l’orient de la ville, une grotte de 6 m 50 de long et de 4 m 50 de profondeur sur 2 m 80 de hauteur, creusée dans le flanc de la colline, mais elle ne présente aucun caractère sépulcral. — 3° Quoiqu’il y ait près de cette grotte une sorte de terrasse artificielle qui portait une tour d’environ 4 mètres de large sur 10 de long, les ruines de Kursi sont toutes sur le bord du lac, de sorte que les pourceaux descendant de la montagne auraient dû passer près de la ville et par conséquent auraient été aperçus, tandis que, dans l’Evangile, il faut aller prévenir les habitants. L’événement, dira-t-on, pouvait se passer à une certaine distance : mais au nord, l’ouadi Semak ferme l’horizon, au sud il n’y a certainement pas de grottes sépulcrales le long de la montagne, jusqu’à celles [de Qala’at ei-flosn], qui ne dépendent plus de Kersa. Ajoutons que Kersa, situé dans la plaine, ne peut être la Gergésa d’Eusèbe et de saint Jérôme, ou du moins le bourg situé sur la montagne, qu’ils décorent de ce nom… Kersa ne peut donc être le lieu du miracle ; il y a seulement à retenir que le nom pourrait bien, en effet, rappeler le pays des Géraséniens, car l’Évangile cite le pays et non la ville des Géraséniens. » Le savant auteur placerait plutôt la scène évangélique à une heure plus au sud, du côté de l’ouadi Fih. Là, à environ deux kilomètres de la rive, se trouve la colline de Qala’at él-Hosn, avec des ruines considérables. C’est l’emplacement d’une ville, la seule qui existât dans la région centrale de la rive orientale. Un peu au sud-ouest, à l’endroit nommé Halas, était la nécropole. Les tombeaux ne sont pas immédiatement sur le bord de la mer, mais saint Marc fait remarquer, v, 6, que le possédé « voyant Jésus de loin courut vers lui ». Le Sauveur se trouvait sur la voie qui longe le lac, devenue dangereuse, aune certaine distance de la ville. Les porcs paissant dans la montagne devaient eux-mêmes en être assez éloignés et sans doute du côté opposé à la cité, puisque les pasteurs s’enfuirent et vinrent prévenir les habitants. Matth., viii, 33. Il est possible également qu’un site voisin, Kuren Djéradéh, conserve comme Kersa, sous une forme altérée, le souvenir des Géraséniens. La partie centrale du lac devait donc porter ce nom, et la topographie moderne confirme ainsi l’Évangile. — On a cherché à concilier les textes et les opinions en disant que saint Matthieu parle de la région en général, saint Marc et saint Luc, d’un point particulier. Le pays serait indiqué par la ville la plus considérable, Gadara, dont le territoire, la Gadaritide, se

serait étendu sur tonte la rive orientale du lac, au moins dans la moitié sud. liersa représenterait le lieu du débarquement. Cf. J. Knabenbauer, Comment in Matth., Paris, 1892, t. i, p. 333. Mais on peut répondre d’abord qu’il n’y a pas lieu d’établir une différence entre les synoptiques. Tous les trois parlent de la « région », e ?ç tt, v x^P 011° e * l’analogie est trop grande entre leurs récits

=i

42. — Mausolée à Umm-Qeis. Il est en majeure partie souterrain. En haut, restes d’arcades. Au-dessous, plan du tombeau. L’entrée est au bas, au milieu (ouest). Une grande partie est taillée dans le roc. D’après Schumacher, Northern’Ajlûn, p. 66.

pour qu’on admette cette divergence. Ensuite la frontière de la Galilée était formée, de ce côté, par la Gadaritide et l’Hippène. Or Hippos a été parfaitement identifiée avec Sûsiyeh, près de Fik. Cf. Clermont-Ganneau, Où était Hippos de la Décapote) dans les Comptes ren-dus de l’Académie des Inscriptions, 1875, p. 142-144 ; 1886, p. 463466. La Gadaritide ne pouvait donc commencer qu’au sud de ce point, et lïersa n’en pouvait dépendre. A. Legekdre.

    1. GERBE##

GERBE (hébreu : ’ônxér, ’âtnir et’àlumtnâh ; Septante : Spâ-nia, y.<Sproc ; Vulgate : manipulus, fœnum), faisceau de blé ou autre céréale, coupé et lié de façon à ce que les épis soient tournés du même côté, ou des deux côtés en dehors.

I. Nom.

Le nom propre de la gerbe est’ômér, du verbe’âmar qui au piël’immêr signifie réunir, assembler des épis pour en faire des gerbes, d’où le nomde me’ammêr, Ps. cxxix (Vulgate, cxxviii), 7, pour « celui qui fait des gerbes ». Le terme’âmir désigne probablement d’abord la javelle ou poignée de blé qu’on laisse tomber sur le sillon en coupant les liges. Dans une comparaison Jérémie, îx, 21 (Vulgate, 22), parle de la javelle, ’âmîr, qui tombe derrière le moissonneur et que personne ne ramasse pour en faire une gerbe. Cependant dans les autres endroits, Amos, ii, 13 ; Mich., iv, 12 ; Zach., xii, 6, ’àmîr a le sens de gerbe. Dans la Genèse, xxxvii, 7, et dans le psaume cxxvi (Vulgate, cxxv), 6, est employée une expression synonyme, ’âlummâh, d’une racine’âlam, « lier. » Le mot sebàfim, que la Vulgate traduit par manipulis, gerbes, dans Ruth, ii, 16, a sans doute ici ce sens, mais à proprement parler il signifie « faisceau, botte ».

II. Usages juifs et comparaisons.

1° Les Israélites avaient la coutume de mettre les épis en gerbe une fois qu’ils étaient coupés. Gen., xxxvii, 7 ; Lev., xxiii, 10-15 ; Ruth, ii, 7, 15, 16 ; Job, xxiv, 10 (Septante : ifnoiioç, bouchée ; Vulgate : spicas) ; Judith, viii, 3 ; Jer ;, ix, 22 ; Mich., iv, 22. Il semble qu’ils coupaient les tiges du blé ou de l’orge assez près de l’épi, sans laisser beaucoup de paille, Job, xxiv, 24 ; en cela ils suivraient l’usage égyptien. Ceux qui étaient chargés de lier les gerbes, venaient après ceux qui avaient coupé les poignées de blé avec la faucille, ramassaient les javelles et les portaient à pleines brassées pour en faire des gerbes, Ps. cxxix (Vulgate, cxxviii), 7. Les gerbes étaient réunies en tas ou meule, ’ârêmâh (Vulgate : acervus manipulorum), on les chargeait sur des chariots pour les porter à l’aire ou dans les greniers. Amos, ii, 13. C’est avec jpje que le moissonneur rentre ainsi avec les gerbes de sa moisson. Ps. cxxvi (Vulgate, cxxv), 6. Voir Moisson. En faveur des étrangers, des veuves et des orphelins, la loi hébraïque avait décidé qu’on devait leur réserver la glane. Aussi, lorsque, après la moisson, il a été oublié quelque gerbe, ’ômér (ou plutôt quelque javelle, cf. Lev., xix, 9 ; xxiii, 22, et Ruth, ii, 7), il ne faut pas retourner la chercher, mais la laisser pour le pauvre, afin que Dieu bénisse les travaux des moissonneurs. Deut., xxiv, 19. Aussi nous voyons Ruth glaner dans les champs de Booz sans être inquiétée par ses serviteurs, Ruth, ii, 7, et même le maître leur recommande de laisser tomber à dessein quelques javelles en faisant leurs gerbes. Ruth, ii, 15, 16. — Pour sanctifier la moisson, la première gerbe devait, d’après la loi, être offerte au Seigneur. Lev., xxiii, 10-12. La Vulgate met sans doute manipulos spicarum, mais l’hébreu’ômér au singulier. Le texte sacré explique la manière dont devait se faire cette offrande des prémices de la moisson. Lev., xxiii, 11-12. Il fallait non pas « élever », comme traduit la Vulgate, mais « agiter » la gerbe selon un rite particulier à plusieurs sacrifices. Voir Sacrifice. — 2° Des différentes coutumes ou manipulations concernant les gerbes ont été tirées diverses comparaisons. Les cadavres des habitants de Jérusalem, dit Jérémie, ix, 21 (Vulgate, 22), tomberont comme les javelles derrière le moissonneur, sans qu’il y ait personne qui vienne les ramasser pour en former des gerbes et les emporter. Les chefs de Juda au milieu de leurs ennemis sont comparés à des torches enflammées parmi des gerbes disposées en tas. Zach., xii, 6. D’après Michée, iv, 12, les nations assemblées contre Sion seront comme des gerbes dans l’aire qui seront foulées par Jérusalem. Dans ces trois derniers passages, les Septante et la Vulgate ont traduit par 209

GERBE — GERGÉSÉEN

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paille, yàpxas, fcenum, au lieu de « gerbes ». Dans un songe, Joseph voit les gerbes liées par ses frères adorer sa propre gerbe : image prophétique de sa puissance future. Gen., xxxvii, 7.

III. Usages égyptiens.

Les Hébreux furent souvent témoins durant leur séjour en Egypte de la façon dont les habitants de la vallée du Nil coupaient les épis et les rassemblaient pour en former des gerbes. Peut-être la coutume hébraïque, qui n’est pas asseV explicitement décrite dans les textes, se rattache-t-elle sur ce point à la pratique égyptienne. Celle-ci est clairement révélée par les textes : il n’est donc pas inutile de la connaître. « L’épi coupé, on le ramassait et on en formait des gerbes sur place. La gerbe, qui paraît s’être appelée quelquefois

| a, pohit, est assez courte et ne dépasse guère

40 centimètres en moyenne. On l’assemblait, non pas comme chez nous, en entassant tous les épis dans la même direction, mais en couchant chaque javelle dans un sens différent, si bien que la gerbe achevée présentait l’aspect d’un paquet terminé à chaque bout par une couronne d’épis. Une forte corde, passée au milieu, maintenait la botte en place. Cette opération est, représentée assez souvent, et l’on voit(fig. 4-3) l’ouvrier appuyer du genou sur la gerbe, tandis qu’il serre le nœud coulant afin de tasser les tiges davantage… (voir aussi fig.45, t. i, col. 278). Les gerbes étaient empilées méthodiquement dans un coin du champ, en attendant qu’on vînt les chercher. » G. Maspero, La culture et les bestiaux d’après les tom beaux de l’ancien Empire, dans Études égyptiennes, in-8°, Paris, 1888, t. ii, fasc. i, p. 86-78. Cf. Lepsius, Denkmàlér, Abth. ii, pl. 43, 47, 106, 107 ; Mariette,

43 — Égyptiens mettant le blé en gerbes

VI" dynastie. Tombeau de Sauiet el-Meitin. D’après Lepsius,

Denkmâler, Abth. ii, pl. 106.

Les Mastabas de l’Ancien Empire, in-¥J ?iiTs, 1889, p.212, 288, 325, 347. « Les tas étaient parfois très gros ; au tombeau 4e Nofiriritnif, on définit l’un d’eux : « gerbes entassées pour le magasin, 602, » et le nombre de gerbes à enlever dans les différents tas était de 2300. G. Maspero, La culture, p. 90, 92. On chargeait les gerbes sur des ânes portant le bât à double poche, et on les menait au grenier où elles devaient être déchargées. Voir Grenier, Moisson. E. Levesque.

    1. GERBOISE##


GERBOISE, rongeur de la taille du rat, avec de larges oreilles, un pelage fauve en dessus et blanc en dessous, une longue queue terminée par une touffe de poils, deux pattes de devant assez courtes, tandis que les pattes postérieures sont fort longues. Les premières servent à l’animal pour porter à la bouche les aliments, graines ou racines. Avec les pattes postérieures, la gerboise exécute des sauts de près de trois mètres, surtout quand elle est poursuivie. C’est ce qui fait donner à l’animal le nom général de dipus, comme s’il n’avait que deux pieds (fig. 43). Les Arabes l’appellent jarbu, d’où son

nom en français, et regardent sa chair comme un mets succulent. La gerboise vit surtout en Arabie, en Syrie et dans les déserts sablonneux de l’Afrique. Les différentes espèces, dipus gerbo, dipus segyptius, àlactaga jaculus, appelée aussi scirtetes et dipus sagitta, se rencontrent

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44. — La gerboise.

fréquemment sur les côtes méridionales de la Méditerranée et en Syrie. Plusieurs auttfors, Hasselquist, Itiner. Palsest., Stockholm, 1757, p. 277 ; Bochart, Hierozoicon, Leipzig, 1873, t. ii, p. 409 ; Rosenmùller, Scholia in Levitie. , Leipzig, 1798, p. 61 ; Fillion, Atlas d’hist. nat. de la Bible, Paris, 1884, p. 95, ont pensé que la gerboise pouvait être désignée dans le texte du Lévitique, xi, 5, qui défend de manger la chair du sâfân. De fait, le Targum traduit Sâfân par tafza’, de tafâz, « sauter, » ce qui conviendrait bien à la gerboise. Cf. de Hummelauer, Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 426. Mais le mot Sâfân ne peut désigner que le daman. Voir Chærogrylle, t. ii, col. 713. Il reste donc à conclure que la gerboise, bien que connue en Palestine, et même redoutée pour les ravages qu’elle cause dans les moissons,

n’est pas nommée dans la Bible.
H. Lesêtre.
    1. GERGÉSÉEN##

GERGÉSÉEN (hébreu : hag-Girgâ’sî, toujours au singulier et avec l’article ; Septante : ô Tep-feo-aîo ;), peuple chananéen qui habitait la Palestine avant la conquête des Israélites. Gen., x, 16 ; xv, 21 ; Deut., vii, 1 ; Jos., iii, 10 ; xxiv, 11 ; I Par., i, 14 ; II Esd., îx, 8. Il est donné, Gen., x, 16 ; I Par., i, 14, comme le cinquième descendant de Chanaan. Dans les autres passages, il est simplement mentionné parmi les autres tribus du pays. Voir Chananéen, t. ii, col. 539. Il n’en reste plus que le nom, suivant le mot de Josèphe, Ant. jud., i, vt, 2, et sa position à l’ouest du Jourdain ne nous est indiquée que par Josué, xxiv, 11. On a cependant cfu qu’il subsistait encore au temps de Notre-Seigneur dans les repYe(rnvoi ou Gergéséniens dont parle le « texte reçu » de saint Matthieu, viii, 28, à propos des démoniaques guéris et des pourceaux précipités dans la mer. Leur capitale aurait été Gergêsa, aujourd’hui Kersa, sur le bord oriental du lac de Tibériade, à l’embouchure de l’ouadi Semak. Mais cette opinion, basée principalement sur l’autorité d’Origène, est tout à fait problématique. Voir Géraséniens (Pays des). Un fragment de tablette assyrienne, conservé au British Muséum, a peut-être gardé le souvenir des Gergéséens dans les KirkiMti qu’il mentionne plus d’une fois, et qu’il qualifie, dans un cas en particulier, de rabbâti, « nombreux. » Cf. A. Pinches, dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, Edimbourg

1898, t. ii, p. 178. Certaines traditions juives prétendent que ce peuple, à l’époque de Josué, aurait émigré vers l’Arménie. Cf. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis,

Giessen, 1850, p. 333.
A. Legendre.
    1. GERHARD Jean##


GERHARD Jean, théologien luthérien, né à Quedlimbourg le 17 octobre 1582, mort à Iéna le 17 août 1637, étudia à Wittenberg, à Iéna et à Marbourg et fut successivement surintendant à Helbôurg, et surintendant général à Cobourg. Il enseigna ensuite la théologie à l’Université d’Iéna dont il fut recteur pendant quelques innées. On remarque parmi ses nombreux écrits : Le légitima S. Scriplurss interpretatione, in-4°, Iéna, 1610 ; Commentarius in harmoniam historiée evançelicse de passione, morte, resurrectione et ascensione Jesu Christi, in-4°, Iéna, 1610 ; Harmonise evangelicee continuâtes, Pars I, in-4°, Iéna, 1626 ; Pars II et iii, in-4°, Iéna, 1627 (c’est la suite de l’ouvrage de M. Chemnitz, Harmonia evangelica, 1600-1611) ; Synoptica explicatif) capitis seeundi Epistolse Jacobi a commate 4 usque ad finem, in-4°, Iéna, 1632 ; Adnotationes in prophetas Artws etJonam, in-4°, Iéna, 1634. Dans ses Loci theologici, 10 in-f°, Iéna, 1610, se rencontrent diverses dissertations ayant trait à l’Écriture Sainte. Les ouvrages suivants furent publiés après sa mort par les soins de son fils, Jean Ernest Gerhard : Commentarius in Genesim, in quo textus declaratur, quxsliones dubise solvuntur, observationes éruuntur et loca in speciem pugnantia conciliantur, in-4°, Iéna, 1637 ; Commentarius in Epistolam ad Hebrseos, in-4°, Iéna, 1641 ; Adnotationes inutramque Epistolam Pétri, in-4°, Iéna, 1641 ; Adnotationes in Epistolam Judss, in-4°, Iéna, 1641 ; Adnotationes in Apocalypsim Joannis theologi, in-4°, Iéna, 1643 ; Adnotationes ad priorem et posteriorem Pauli ad’Timotheum Epistolam, in-4°, Iéna, 1643 ; Commentarius in Deuteronomium, in-4°, Iéna, 1654 ; Adnotationes in Epistolas ad Colossenses, in-4°, Iéna, 1660 ; Adnotationes in Psalmos quinque priores, in-4°, Jéna, 1663 ; InEvangelium Afattvasi, in-4°, Iéna, 1663 ; InEpislolam ad Romanos, in-4°, Iéna, 1666 ; In Acta Apostolorum, in-4°, Iéna, 1669 ; In primam et secundam Jvhannis, in-4°, Hambourg, 1709. — Voir E. R. Fischer, Vita J. Gerhard, in-8°, Leipzig, 1723 ; Walch, Biblioth. theologica, t. i, p. 55 ; t. iv, p. 208, 454, 465, 576, etc.

B. Heurtebize.
    1. GERHAUSER Johann Balthasar##


GERHAUSER Johann Balthasar, théologien catholique allemand, né le 24 septembre 1766 à Kaufbeuren, en Souabe, mort en 1825 à Dillingen. Il étudia à Augsbourg et à Dillingen, devint en 1789 préfet du Convict de cette dernière ville, et, en 1795, professeur de dogmatique et d’exégèse. On a de lui : Theoria hermeneulicse, 1811 ; Charakter und Théologie des Apostels Paulus aus seinen Redenund Briefen, in-8°, Landshut, 1816 ; Ueber die Psalmen. Eine exegetische Abhandlung. Mit Uebersetzung und Erklârung, in-8°, Munich, 1817 ; Ueber dos Gesprach Jesu mit Nikodemus, in-8°, Dillingen, 1820. Après sa mort, A. Lerchenmùller publia, d’après ses leçons, une Biblische Hernieneutik, 2 in-8°, Kempten, 1829, et Einleitung in dos Evangelium des h. Johannes, in-8°, Kempten, 1831. — Voir P. K. Felder, Gelehrten - Lexicon der katholischen Geistlichkeit Deutschlands, 3 in-8°, Landshut, 1817-1822, t. i, p. 265 ; t. iii, p. 493.

    1. GERLACH (Karl Friedrich Otto von)##


GERLACH (Karl Friedrich Otto von), ministre évangélique prussien, né à Berlin le 12 avril 1801, mort le 24 octobre 1849. En 1828, il devint privat-docent de théologie ; en 1834, pasteur de l’église Sainte-Elisabeth dans nn faubourg de Berlin ; en 1847, prédicateur de la’Cour ; en 1849, professeur ordinaire de théologie. Parmi ses écrits, nous avons à mentionner seulement son Commentar zum Neuen Testament, in-8°, Berlin, 1841 ; 3e édit., 2 in-8°, 1844 ; nouvelle édit., 1858. — Le suc cès de cet ouvrage le porta à y ajouter l’Ancien Testament et le tout parut sous le titre : Die heilige Schrift nach Dr. Martin Luther’s Uebersetzung, mit Einleitungen und erklârenden Antnerkungen, 6 in-8°, Berlin, 1843-1853. Le tome iv, qui termine l’Ancien Testament, fut publié, après la mort d’Otto von Gerlach, par Schmieder.

    1. GERME##

GERME (hébreu : sémah, traduit très diversement par les Septante : ËTtiXâiuJ/ei, Is., iv, 2 ; ôcvOoç, Is., LXI, 11 ; î<rxûv, Osée, viii, 7 ; tôc ivaTÉXXovToe, Gen., xix, 25, àvaTiXXov<rat, Ps. LXIV, 11, itpoavatéXXovTa, Ezech., XVII, 9 ; mais dans les autres endroits, ocvoeroXTi ; Vulgate : virenlia, Gen., xix, 25, germinans, Is., xxiv, 10, Oriens, Zach., m, 8, 11, 12, et partout ailleurs germen), n’est pas pris au sens strict d’embryon, ou de la partie de la graine qui doit former la nouvelle plante, mais désigne ce qui pousse de la terre, la végétation et par dérivation un rejeton, un plant. Deux fois le mot sémah est pris dans le sens abstrait de croissance, Eiech., xvii, 9, 10 ; mais le plus souvent il est employé dans un sens collectif pour désigner les végétaux, les plantes : ainsi çénwh hââdâmdh, « les plantes de la terre. » Gen., xix, 25 ; Ps. lxv, 11 ; Is., lxi, 11 ; Ezech., xvi, 7. De là aussi le sens de plant, de rejeton. Osée, viii, 7. Par une métaphore semblable à Is., xi, 1, et lui, 2, où le Messie est comparé à un rejeton, à un plant, à une fleur, hôtér, néser, yôriêq, et sôréS, ainsi dans Jérémie et Zacharie est-il appelé sémah. « Je susciterai à David un germe (rejeton) juste, sémah saddiq, Jer., xxiii, 5 ; un germe (rejeton) de justice, sémah sedâqâh. Jer., xxxiii, 15. C’est même le nom que lui donne Zacharie. « Je ferai venir mon serviteur le Germe (rejeton). » Zach., iii, 8. « Voici un homme dont le nom est Germe (rejeton). » Zach., VI, 12. Dans ces deux endroits la Vulgate, se rapprochant des Septante qui portent ivocToXiri, a traduit par Oriens. Le chaldéen paraphrase et met pour Zach., iii, 8 : « Voici que j’amène le Messie, mon serviteur et il sera manifesté. » Ces images tirées des plantes pour désigner des rois, des personnages, sont usitées chez les poètes anciens. Cf. Sophocle, Electr., 422 ; Homère, lliad., xxii, 87 ; Odyss., vi, 157, etc. Beaucoup d’exégètes rattachent à cette appellation du Messie le passage d’Isaïe, iv, 2, sémah Yehôvdh. « Le germe (rejeton) de Jéhovah sera dans la splendeur et la gloire. » Cependant les Septante n’ont pas vu ce sens et prenant rtDï pour un verbe ils ont traduit : « Dieu fera éclater sa sagesse et sa gloire sur la terre. » De plus l’expression sémah Yehôvdh étant en parallèle avec ferî hâ’drés, « les fruits de la terre, » est regardée par un certain nombre d’exégètes comme un collectif exprimant : toutes les plantes que Jéhovah fait pousser. Ce serait l’abondance et la fertilité des produits de la terre accordée aux Juifs après le retour de la captivité, au temps du Messie. Cf.’âsê Yehôvdh, « les arbres de Jéhovah. sis., civ, 116. — En un bon nombre d’endroits la Vulgate a germen, lorsque le texte hébreu ne porte pas sémah, mais une autre expression comme yebûl, ou déië, nâtâ’f nîn, etc. Lev., xxvi, 4 ; Deut., si, 17 ; xxxii, 22 ; Is., v, 7 ; xiv, 22 ; xv, 6 ; xvii, 10 ; xxxiv, 1, etc.

E. Levesque.

    1. GERRENIENS##

GERRENIENS (grec : renvoi ; Codex Alexandrinus : revvTjpoi ; Vulgate : Gerrenï), nom d’un peuple ou d’une tribu nommée seulement II Mach., xiii, 24. Lorsque le général syrien Lysias fut obligé, par les troubles qui avaient éclaté à Antioche, de quitter la Palestine et de faire la paix avec Judas Machabée, il établit un gouverneur dont le gouvernement s’étendit e depuis Ptolémaïde jusqu’aux Gerréniens ii, dit le texte. II Machi, xiii, 24. — La Vulgate porte que ce fut Judas Machabée qui fut nommé gouverneur de ce pays, mais le texte grec ne le dit pas ; il est assez probable qu’il faut prendre comme nom propre le mot’Hyefiovii ; que la

Vulgate et la plupart des commentateurs ont pris pour un substantif commun « chef », et traduire : « (Lysias nomma Hégémonide gouverneur, etc. » Voir Hégémonide. — Les manuscrits et les versions anciennes ne sont pas d’accord sur le nom du peuple qui marque la limite méridionale, tandis que l’édition sixtine porte Teppiivoc, l’A lexandrinus lit : Tewripot ; le Codex 55 : repapnivoi ;

la version syriaque : >V^^, Gazài c’est-à-dire Gazer ou

Gazara, etc. Avec une telle variété de leçons, il est impossible de déterminer d’une manière certaine ce que pouvaient être les Gerréniens ; quelle était la tribu ou la ville désignée par ce nom ou par un nom plus ou moins approchant. Tout ce que l’on peut dire, c’est que, s’il ne s’agit pas d’une tribu nomade habitant sous la tente, cette expression doit s’appliquer à une ville, comme l’a compris la version syriaque, puisque le premier terme, celui de la limite septentrionale, est un nom de ville, Ptolémaïde. On peut induire aussi du passage analogue I Mach., xi, 59, que les Gerréniens devaient habiter dans les environs de la frontière d’Egypte, les possessions des Séleucides étant bornées au sud par le royaume des Ptolémées. S’il en était ainsi, comme on ne peut guère en douter, on ne saurait voir dans les Gerréniens, ainsi que l’ont fait beaucoup de commentateurs, les habitants de la ville appelée Féppov par Ptolémée, iv, 5 ; Gerro par Pline, H. N., VI, 29 ; Téppa, par Strabon, XVI, 33, p. 647 ; Tépa, par Sozomène, H. E., viii, 19, t. lxvii, col. 1565, parce que cette ville était située entre Rhinocolure et Péluse et par conséquent en Egypte. Voir Egypte (Torrent d’), t. ii, col. 1621. En corrigeant en Gaza la leçon de la version syriaque Gazar (Gazer = Gazara est inadmissible), on aurait une limite naturelle du royaume d’Antiochus IV Épiphane du côté du sud, car Gaza était en effet la dernière ville soumise de ce côté aux Séleucides. — Si l’on préfère conserver un nom de peuple, on peut voir dans les Gerréniens une altération du nom des habitants de Gérare, nom qui se retrouve en effet d’une façon reconnaissable dans le rspapnjvoî du Codex 55. Cette dernière opinion est aujourd’hui la plus communément admise. Voir Gérare, col. 200. Cf. L. W. Grimm, Dos Zweite Buch.der Maccabâer, in-8°, Leipzig, 1857, p. 191. F. Vigouroux.

    1. GERSAM##

GERSAM (hébreu : Gersom, avec écriture défectivc nsruou pleine msns ; cf. Tsn5, Euting, Sinait. Inschriften, in-4°, Berlin, 1891, p. 31, n » 216 et tab. 13 ; Septante : rï)p<rdt|i, sauf dans Jud., xviii, 30 : Tr t pa6{i.etCodex Alexandrinus, rep<Tu>|i), fils premier né de Moïse et de Séphora. Exod., ii, 22 ; xviii, 3. Dans ces deux endroits, l’étymologie de ce nom est donnée comme s’il y avait Dtf-iî, Ger Sam, « étranger là. » « Il l’appela Gersam, disant : Je suis passant dans un pays étranger. » Cependant l’hébreu ne porte pas GerSant, comme ont lu les Septante, mais GerSôm, qui paraît venir de la racine tf-ii, garas, « expulser, bannir, »

et signifier « expulsion, bannissement ». Il n’est pas nécessaire que Moïse veuille donner une vraie étymologie ; il peut simplement avoir voulu, par un jeu de mots, faire allusion à sa situation rappelée par la première syllabe Gêr, d’un nom sans doute déjà existant. C’est du fils aîné de Moïse, par conséquent de Gersam, qu’il est question Exod., iv, 24-26, au sujet de la circoncision, omise puis accomplie.par Séphora. Dans Jud., xviii, 30, le lévite Jonathan est dit fils c’est-à-dire descendant de Gersam, fils de Moïse. Le texte massorétique, suivi par les Septante, porte Manassé au lieu de Moïse : soit par erreur, soit par respect pour la mémoire de Moïse, dont le nom a été défiguré par l’insertion d’un J, nun, dans nWD, transformé ainsi en nwab, Manasséh. La vraie leçon est Môieh, Moïse. Dans I Par., xxiii, 15, 16, et xxvi, 24, le fils de Moïse est appelé Gersom : la Vulgate abandonne ici la lecture des

Septante pour suivre celle de l’hébreu. Dans ces deux passages on donne à Gersom un fils nommé Subuel ou Subacl. E. Levesque.

    1. GERSOM##

GERSOM (hébreu : Gersôm), nom de trois Israélites.

    1. GERSOM##


1. GERSOM, nom du fils de Lévi dans I Par., vi, 20, appelé Gerson. Voir Gèrsch.

    1. GERSOM##


2. GERSOM, nom du fils de Moïse dans I Par., xxiii, 15, 16, et xxvi, 24, nommé ailleurs sous la forme Gersam. Voir Gersam.

3. GERSOM (Septante : r^putiiji), descendant de Phinées, qui fut un des chefs de familles revenus de la captivité avec Esdras. I Esdr., viii, 2.

    1. GERSON##

GERSON (hébreu : GerSôn, mais GerSôm. dans 1 Par., vi, 2 ; XV, 7 ; Septante : r^paûv, Gen., xlvi, 11 ; TeSdtiv dans les autres livres, sauf I Par., xxiii, 7, où on lit napoatiiji, et I Par., xv, 7, r^pain ; à la place de TeêCTtiv, le Codex Alexandrinus met habituellement Fïipdtàv ; Vulgate, Gerson, sauf I Par., vi, 20, 43, 62, 71^ xv, 7 et II Par., xxix, 12, où le nom est écrit Gersom), l’alné des fils de Lévi, Gen, , xlvi, 11 ; Num., iii, 17 ; xxvi, 57 ; 1 Par., vi, 1, 16 ; il était né quand Jacob vint en Egypte avec toute sa famille. Gen., xlvi, 11. Ses fils furent Lobni et Séméi, Exod., VI, 16, 17 ; Num., III, 18 ;

I Par., vi, 17, 20 ; ils donnèrent naissance à deux familles de Lévites, dont les enfants mâles s’élevaient à sept mille cinq cents au moment du dénombrement fait par Moïse. Num., iii, 21, 22. Ces deux branches formaient l’une des trois grandes familles de Lévites, les Gersonites. Num., iii, 21 (hébr.) ; xxvi, 57. Leurs fonctions sont indiquées Num., iv, 22, 27, 28. Après l’offrande de divers dons au sanctuaire par les chefs des douze tribus, Moïse donna aux Lévites, fils de Gerson, deux chars et quatre bceufs.Num., vii, 7. Dans les marches, ils devaient porter les objets sacrés confiés à leur garde. Num., x, 17. Dans le partage des villes destinées aux Lévites, les enfants de Gerson eurent treize villes, dans les tribus d’Issachar, d’Aser, de Nephthali et la demi-tribu de Manassé en Basan, Jos., xxi, 6, 33 ; I Par., vi, 62 ; elles sont énumérées Jos., xxi, 27-32 ; I Par., vi, 71-76. Asaph, lévite du temps de David, était de la famille de Gerson. I Par., VI, 39-43. Quand David eut préparé un tabernacle au Seigneur sur la colline de Sion, il fit venir pour le transport de l’arche parmi les Lévites, Joël, chef de la famille de Gerson, et cent trente de ses frères. I Par., xv, 7. Dans la distribution des Lévites par classes, les fils de Gerson formèrent dix familles, six de la branche Lobni ou Léédan, et quatre de la branche Séméi. I Par., xxiii, 6-10. Aux fils de Léédan est confiée une partie des trésors et des vases sacrés. I Par., xxvi, 21. Au lieu de « fils de Gerson », on lit Gersonni, nom patronymique. À l’époque d’Ézéchias, parmi les Lévites chargés de la purification du temple, on remarque deux descendants de Gerson, Joah et Éden. II Par., xxix, 12. La Vulgate, qui orthographie le nom habituellement Gefsoni écrit Gersom dans I Par., vi, 20, 23, 62, 71 ; xv, 7 ;

II Par., xxix, 12. E. Levesque.

    1. GERSONITE##

GERSONITE (hébreu : hag-gerSunnî ; Septapte : 6 re8<7<àv, vfoç rt8<7tiv, i reê<T(i>vef et T^pnoneâ ; Codex Alexandrinus, à Yrfiatâv, T-tipaatt( et reéowvt ; Vulgate : Gersonita, Gersonites), nom patronymique des descendants de Gerson. Num., iii, 21 (hébr.), 23 (hébr.), 24 (hébr.) (dans « es trois endroits, la Vulgate par abréviation a omis ce nom) ; Num., iv, 24-27 (Vulgate : Gerson) ; Num., xxv, 57 ; Jos., xxi, 33 (Vulgate : Gerson) ; I Par., xxiii, 7 (Vulgate : filii Gerson) ; I Par., xxix, 8 ; II Par., xxix, 12 (Vulgate : Gersom). Voir Gersom.

    1. GERSONNI##

GERSONNI (hébreu : hag-gersunni ; Septante : r » ip< « »vef ; Codex Alexandrinus, r*ip<Tc « iii), nom patronymique appliqué à Lédan. I Par., xxyi, 21. « Fils de Gersonni » de la Vulgate signifie d’après le texte hébreu : « fils du Gersonite, » c’est-à-dire fils de la branche de Gerson. La suite du texte dans la Vulgate est encore plus fautive. De Lédan, les chefs de famille Lédan et Gersonni et Jéhieli. Il faut traduire : « Pour Ladan, les chefs de famille de Ladan, le Gers ; lite, [étaient] Jéhiel. »

E. Levesque.

    1. GERZI##

GERZI (hébreu : hag-Girzi (chetib) ; hag-Gerizzi ou hag-Gizrî (keri) ; Septante : Codex Alexandrinus, tov riÇpaîov), nom d’une tribu qui habitait au sud de la Palestine et qui, avec les Amalécites et les Gessurites, occupait, du temps de Saûl, le pays qui s’étend entre la Terre Sainte et l’Egypte. I Sam. (Reg.), xxvii, 8. Elle c’est nommée que dans ce passage de l’Écriture. Pendant que David, persécuté par Saûl, demeurait à la cour d’Achis, roi des Philistins, il faisait des incursions contre les tribus du sud avec les gens qui l’avaient suivi. Il est bien difficile de savoir ce qu’étaient les Gerzites : 1° Le changement qu’ont fait les Massorètes du Girzî du texte en Gerizzî ou Gizri les transforme en habitants de Gazer ou Gézer, mais cette ville était au nord, non au sud du pays des Philistins. Voir Gazer, col. 127. — 2° La forme Gerzî rappelle ; le mont Garizim. Gesenius, Thésaurus, p. 301, a supposé que les Gerzites étaient des nomades qui, ayant habité d’abord au pied du mont Garizim, avaient ensuite émigré dans les déserts du sud, mais avaient laissé leur nom à la montagne. — 3° D’après une troisième hypothèse, les Gerzites seraient les mêmes que les Gerréniens mentionnés II Mach., xiii, 24. Cette hypothèse, soutenable comme la précédente, ne peut pas davantage être prouvée. Il est d’ailleurs également difficile de savoir ce qu’étaient les Gerréniens (d’après l’opinion la plus probable, c’étaient les habitants de Gérare). Voir Gerréniens, col. 213.

    1. GÉSAN##

GÉSAN (hébreu : GêSdn : Septante : Stofâc ; Codex Alexandrinus, . Yr$tj&>y.), troisième fils de Jahaddaï, I Par., ii, 47, dans la postérité de Caleb.

    1. GESENIUS Friedrich Heinrich Wilhelm##


GESENIUS Friedrich Heinrich Wilhelm, orientaliste et exégète allemand, né à Nordhausen le 3 février 1786, mort à Halle le 23 octobre 1842. Il fit ses premières études au gymnase de sa ville natale ; il suivit ensuite les cours de théologie de l’université de Helmstœdt, puis de celle de Gœttingue. Après avoir professé à Helmstædt, à Gœttingue et à Heiligenstadt, il fut nommé à Halle, en 1810, professeur extraordinaire de théologie, en 1811, professeur ordinaire, en 1827, consistorialrath. Il demeura dans cette ville jusqu’à sa mort. Son enseignement eut un tel succès qu’il réunit jusqu’à quatre à cinq cents auditeurs autour de sa Chaire. Gesenius a renouvelé dans une certaine mesure l’étude de l’hébreu, en l’éclairant au moyen de la grammaire et de la lexicologie comparée des autres langues sémitiques. Ses ouvrages, quoiqu’ils ne soient pas exempts d’erreurs et accordent trop au rationalisme, sont remarquables par la solidité de l’érudition et la clarté de l’exposition.

1° Il publia d’abord un Hebràisch-deutsches Handwôrterbueh ûber die Schriften des alten Testaments durchaus nach alphabetischer Ordnung, 2 in-8°, Leipzig, 1810-J812. Trois ans plus tard parut un Neues hebràischdeutsches Handwôrterbueh fur Schulm, in-8°, Leipzig, 1815. Une nouvelle édition reçut le fin « i qui lui est resté depuis : Hebràisches una chaldâisches Handwôrterbueh ûber dos alte Testament, in-S, Leipzig, 1823 ; 3e édit., 1828 ; 4e édit., 1834. Ce lexique fut traduit en plusieurs langues européennes. Les éditions se sont multipliées depuis, mais elles ont été profondément modifiées par les éditeurs successifs. La dernière est intitulée : Wilhelm Gesenius’Hebràisches und aramâisches Handwôrter bueh ûber das alte Testament in Verbindung mit Prof. Albert Socin und Prof. H. Zimmern, beàrbeitet von l) r Fronts Buhl, 13e édit., in-8°, Leipzig, 1899. Gesenius avait traduit lui-même son Handwôrterbueh en latin, sur la troisième édition allemande : Lexicon manuale hebrai-. cum et clialdaicum in Veteris Testamenti libros, in-8°, Leipzig, 1833 ; 2e édit., revue par A. Th. Hoffmann, in-8°, Leipzig, 1847. Migne en a donné une édition retouchée : Catholicum lexicon hebraicum et chaldaicum in Veteris Testamenti libros, hoc est : Guillelmi Gesenii lexicon manuale hebraico-latinum ordine alphabetico digestum, ab omnibus rationalistis et antimessianis impietatibus expurgavit, emendavit, expulsis novis et antehac inauditis sensibus a viro protestanti excogitatis et temere obstrusis, veteris autem traditionis ut et SS : Ecelesise Patrum interpretationibus restitutis et propugnatis ; multisque additionibus philologicis illustravit et ordinavit Paulus L. B. Drach. Accesserunt Grammatica hëbraicse linguse quam germanico scripsit idioniate Gesenius, latinitdte autem donavit F. Tempestini, etc., edidit J. P. Migne. In-4°, Paris, 1848. — En 1826 commença à Leipzig l’impression de l’œuvre la plus importante de Gesenius, le Thésaurus philologico-eriticus lingues hëbraicse et chaldaicx Veteris Testamenti. Le Thésaurus, formant trois tomes, comprend six parties in-4° ; la première parut en 1829, la cinquième en 1842, la sixième en 1853. C’est le dictionnaire hébreu le plus considérable qui ait vu le jour. Chaque nom propre y a sa place et tous les passages de quelque importance contenus dans la Bible y sont expliqués, de sorte que cet ouvrage peut presque tenir lieu d’une concordance hébraïque. L’auteur mit naturellement à profit les travaux de ses devanciers. En 1820, il avait fait un voyage scientifique à Paris et à Oxford pour y recueillir des matériaux. La préface qu’il annonçait en 1835 en tête de son second fascicule comme devant paraître avec le cinquième et dans laquelle il aurait fait connaître ses sources, n’a jamais été composée, mais celle qu’il avait mise en 1823 en tête de la seconde édition de son Hébrâisches^und chaldâisches Handwôrterbueh peut la suppléer. Le premier fond de son œuvre lui fut fourni par le Se fer has-sârasïm ou « Livre des racines » de David Kimchi et par le Thésaurus linguse sanctæ, sive Lexicon hebraicum ordine et copia cseteris antehac editis anteferendum, auctore Sancto Pagnino Lucensi, nunc demum cum doctissimis quibusque Hebrseorum et aliorum scriptis quam accuratissime collatum, et ex iisdem auctum atque recognitum, opéra Jo. Merceri, Antonii Cevallerii et B. Cornelii Bertrami, 2 in-f « , Lyon, 1575. Voir Gesenius, Handwôrterbueh, 1823, Vorrede, p. xix. Cf. Dictionnaires de la Bible, t.n, col. 1414 et 1418. Gesenius ne put achever cette œuvre colossale Elle fut terminée en 1853, onze ans après sa mort, à

partir du mot nauf, p. 1358, par son élève et ami Emile

Rœdiger, qui y ajouta aussi en 1858 un supplément et des tables. On a reproché au savant hébraïsant de n’avoir fait entrer dans son cadre que l’Ancien Testament et d’avoir complètement négligé l’héh^eu postbiblique, de sorte que son Thesaurus est incomplet. On doit lui reprocher également d’avoir donné une importance exagérée à l’arabe, principalement dans ses explications étymologiques. Il est résulté de là qu’il a quelquefois défiguré le sens des mots hébreux. Voir J.-B. Glaire, Lexicon manuale hebraicum etclialdaieum, in-8°, Paris, 1830, p. rv-v. Mais tous les hébraîsants qui ont puisé à cette riche mine ne peuvent s’empêcher de reconnaître combien elle est utile et précieuse.

2e Les travaux de Gesenius sur la grammaire hébraïque ont également fait époque. Son Hebrâische Grammatik (intitulée aussi Hebràisches Elementarbuch, Theile i), parut à Halle, in-8°, 1813, et supplanta aussitôt toutes les grammaires usitées jusqu’alors dans les écoles d’Aile

magne. Elle futcomplétée l’année suivante par une chrestomathie : Hebrâisches Lesebuch (Hebrâisches Eletnentarbuch, Theile n), 1814. La dernière édition de cette grammaire, publiée par l’auteur en 1842, était la treizième. Depuis, le nombre en a doublé. La 14e fut publiée par E. Rcediger en 1845, ainsi que les huit suivantes (la 21e a paru en 1872), la 27e et les suivantes depuis 1878 par E. Kautzsch. Voici le titre de la dernière : Wilhelm Gesenius’Hebràische Grammatik vollstândig umgearbeitet von E. Kautzsch, 26e édit., Leipzig, 1896.

— La 11e édition de YHebrâisches Lehrbuch a été donnée en 1873, à Leipzig, par Heiligstedt. — Gesenius avait publié en 1818, comme supplément à sa grammaire : Vollstândige Paradigmen des regelmâssigen und unregelmâssigen Verbi der hebrâischen Sprache, in-8°, Halle, 1818 ; nouvelle édition, 1819. — On a reproché avec raison à Gesenius un système grammatical trop artificiel ; les neut déclinaisons qu’il a admises en hébreu, par exemple, etc., sont des subtilités sans fondement. Mais il n’en a pas moins rendu les plus grands services à l’étude de l’hébreu et inauguré une ère nouvelle dans la philologie sémitique au point de vue grammatical comme au point de vue lexicologique. — Les éditeurs de sa Grammaire l’ont d’ailleurs profondément modifiée depuis 1845 dans les diverses éditions qu’ils ej ont données. — À ces travaux lexicographiques et grammaticaux, se rattachent deux autres ouvrages de valeur, dont le premier est l’introduction au second : Geschichte der hebrâischen Sprache und Schrift, in-8°, Leipzig, 1815 ; Ausfûhrliches grammatisch-kritischesLehrgebàude der hebrâischen Sprache, mit Vergleichung der verwandten Dialekt, in-8°, Leipzig, 1817.

3° Gomme exégète, Gesenius a commenté Isaïe : Der prophet Jesaia, ùbersetzt und mit einem vollstândigen philologischkritischen und historischen Commentar begleitet, 3 in-8°, Leipzig, 1820-1821 ; 2e édit., 1829. Le commentateur est un habile philologue et un savant interprète, mais il ne réussit pas aussi bien à faire ressortir la pensée du prophète qu’à expliquer littéralement son langage. Il rejette l’authenticité de plusieurs chapitres d’Isaïe. — On a aussi de Gesenius une édition de la Genèse : n>WNna, Genesis, Hebraice ad optima exenvplaria accuratissime expressa, in-8°, Halte, 1828, ainsi que de Job : 3->n liber, ad optima exemplaria accuratissime expressus, in-8°, Halle, 1829.

4° La langue arabe lui doit aussi quelques contributions. Dès 1810, il publia Versuch ûber die maltesische Sprache, zur Beurtheilung der neulich wiederholten Behauptung, dass sie ein Veberrest der altpunischen sei, und au Beytrag zur arabischen Dialeklologie, in-8°, Leipzig, 1810, où il démontra, contrairement à l’opinion reçue alors, que le maltais n’était ni du punique, ni du phénicien, mais un dialecte arabe corrompu. — Il fit paraître plus tard : De Bar Alio et Bar Bahlulo lexicographis Syro-Arabicis ineditis commentatio, 2 parties in-4°, Leipzig, 1834-1839. — Mais il s’occupa plus particulièrement des deux idiomes sémitiques qui ont le plus d’affinité avec l’hébreu biblique, le samaritain et le phénicien. Il publia parmi ses premiers travaux (ce fut sa thèse de doctorat ) : De Pentateuchi Samaritani origine, indole et auctoritate commentatio philologica critica, in-4°, Halle, 1815 ; et dans la suite : Programma. Commentatio de Samaritanorum theologia, ex fontibus ineditis, in-4°, Halle, 1824 ; Carmina samaritanae codicibus Londinensibus et Gothanis edidit et interpretatione latina cuni commentario illustravit ( fascicule i des Anecdota orientalia), in-4°, Leipzig, 1823 (1825). On a de lui sur le phénicien : Programma. De inscriplione phomicio-grxca in Cyrenaica nuper reperta ad Carpoeratianorum hseresin pertinente commentatio, in-4°, Halle, 1825 ; et, dix ans plus tard, ses Palâographische Studien ûber Phônizische und Punische Schrift, in-4°, Leipzig, 1835 ; Disputatio de inscriptione punico-libyca,

in-4°, Leipzig, 1835. Enfin, en 1837, il fit paraître ses Scripturse UnguSeque Phœnicise monumenta, quotquot supersunt, édita et inedita, additisque de Scriptura et lingua Phcenicum commentar lis, 3 in-4°, Leipzig, 1837.

5° Gesenius traduisit aussi en allemand les voyages en Syrie et en Palestine de Burckhardt en y ajoutant des notes importantes sur la géographie biblique : J. L. Burkhardt, Reisen in Syrien, Palàstina und die Gegend des Berges Sinai. Aus dem Englischen herausgegeben und mit Anmerkungen begleitet von W. Gesenius (t. xxxiv et xxxviii de la Bibliothek der neuesten und wichtigsten Reisébeschreibungen), 2 in-8°, Weimar, 1823-1824. — Nous devons enfin mentionner parmi les travaux de Gesenius plusieurs articles dignes de remarque, publiés dans l’Allgemeine Encyklopâdie d’Ersch et Gruber (en particulier l’article Zabier du prospectus) et dans l’A 11gemeine Literaturzeitung de Halle (spécialement l’article sur la Grammaire égyptienne de Champollion, en 1837). — Voir Gesenius, eine Erinnerung an seine Freunde (œuvre anonyme de R. Haym [R. Gartner]), in-8°, Berlin, 1843 ; Fr. A. Eckstein, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopâdie, sect. i, t. lxiv, p. 3-9 ; H. Gesenius, Wilhelm Gesenius, Ein Erinnerungsblatt an den iOO jâhrigen Geburstag, Halle, 1886.

F. Vigouroux.

    1. GESSEN##

GESSEN (hébreu : Go’éên ; Septante : renéji, Teaiv), territoire égyptien habité par les Hébreux depuis l’arrivée de Jacob jusqu’à l’exode.

I. Données bibliques.

C’est Joseph qui prend l’initiative de désigner, comme futur séjour de sa famille, le pays de Gessen, que les Septante appellent Teoiij.’Apaêi’as. Gen., xlv, 10. Averti de l’arrivée des frères de Joseph, le pharaon s’engage à leur donner « ce qu’il y a de meilleur au pays d’Egypte », de sorte qu’ils puissent « manger la graisse du pays », sans avoir à regretter la contrée qu’ils abandonnent. Gen., xlv, 18, 20. Jacob et les membres de sa famille viennent en Egypte au Dombre de soixante-dix, et Joseph se rend en Gessen au-devant d’eux, d’après les Septante :-xad’'Hptiwv miXiv, eU yîiv’Pajiemri). Gen., xlvi, 27-29. Il leur recommande de déclarer au pharaon qu’ils sont pasteurs, par conséquent d’une condition abominable aux yeux des Égyptiens, afin qu’il les fasse habiter dans le pays de Gessen. Gen., xlvi, 34. Les frères de Joseph parlent en ce sens au pharaon ; celui-ci leur permet de s’établir dans le pays de Gessen. Joseph attribue, en conséquence, des possessions à sa famille « dans le pays d’Egypte, dans la meilleure partie du pays, dans la contrée de Ramsès, comme le pharaon l’avait ordonné ». Gen., XLVir, 4, 6, 11. Jacob y habita et sa famille s’y multiplia beaucoup. Gen., xlvii, 27. Après 430 ans de séjour dans le pays de Gessen, les Hébreux étaient devenus très nombreux. Leur prospérité porta ombrage au pharaon qui ordonna de les accabler de travaux et de leur faire construire, avec des briques, les villes de Phithom et de Ramsès. Exod., i, 9, 11. Pour se soustraire à la persécution, les Hébreux sortirent d’Egypte au nombre de 600000 hommes de pied, sans compter les enfants. Exod., XII, 37, 38. Partis de Ramsès et de Socoth, ils passèrent par Ètham, puis campèrent à Phihahiroth, en face de Béelséphon, sur le bord de la mer Rouge. Exod., xiii, 20 ; xiv, 2.

II. Le pays de Gessen.

Identification.

Le

pays de Gessen est le pays compris entre la branche la plus orientale du Nil ou branche Pélusiaque et le désert. Voir fig. 45 et cf. la carte d’Egypte, t. ii, col. 1604. Les fouilles pratiquées dans cette région en 1883 et 1885 par M. Ed. Naville, pour le compte de l’Egypt Exploration Fund, ont rendu cette identification indubitable. Les fouilles ont commencé sur l’emplacement de l’ancienne Pisapti, aujourd’hui Saft el-Hennéh, à environ une douzaine de kilomètres à l’est de Bubaste, près de Za

gazig. Pisapti était la capitale du nome de Souptî, « l’Épervier couronné, » probablement le même que le nome d’Arabie. Or le nom primitif de Saft el-Hennéh, tel que l’ont révélé les monuments exhumés des ruines,

était Kesem, J$_ V Q ou ^ * ?, nom dont la reproduction phonétique est plus fidèle dans les Septante, re(7£(i, que dans l’hébreu, gosén. Le nome de Soupti ou Sopt, identifié par H. Brugsch avec le nome d’Arabie, ne figure pas encore dans la liste des nomes de l’époque de Séti I er, père de Eamsès II. Ce nom ne lui fut donné que plus tard et c’est celui que reproduisent les Septante, bien placés pour être exactement informés : Tsirèjji’Apa^faç. Le village antique de Kesem a donc donné son nom à tout le pays. E. Naville, The shrine

[[File: [Image à insérer]|300px]]
45. — Carte de la Terre dé Gessen, d’après M. Ed. Naville.

of Saft et Henneh and the land of Goshen, Londres, 1887, p. 18, 66. — La ville de Phithom, ou Pa-Toum, « demeure du dieu Toum, » a été retrouvée dans les ruines de Tell el-Maskhouta, sur la rive occidentale du lac Timsah. Phithom était le nom sacré de la ville ; son nom profane était Toukou. C’est cette ville que les Septante nomment’Hptôwv 7t<SXic, Héroopolis, nom sous lequel on désignait Phithom de leur temps. Voir Phithom et E. Naville, The store-city of Pithom, Londres, 1885. Sur les autres noms de localités mentionnées à propos du pays de Gessen, voir Béelséphon, Éthak, Ramessès, Sochqth. — Les limites du pays de Gessen n’étaient pas exactement définies. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 1881, p. 73-74, 488-513, et Naville, The shrine of Sait el Henneh, p. 14-20, l’intercalent entre Héliopolis au sud, Bubaste à l’ouest, Tanis et Mendès au nord. Les Hébreux occupèrent la région située à l’est de la branche Pélusiaque du Nil. Il n’est en effet question d’un passage du Nil ni à l’arrivée de Jacob, ni au départ des Hébreux pour le désert. Ils s’étendirent toutefois jusqu’à Tanis, à l’ouest de la branche Pélusiaque, ainsi que le suppose le Psaume lxxvii, 12, 43. Au moment de l’exode, les Hébreux qui habitaient ce district se replièrent du côté de Ramessès et de Phithom, pour rejoindre le gros de la nation. La terre de Gessen avait d’ailleurs été providentiellement choisie, au bord du désert, afin que les Hébreux pussent quitter l’Egypte glus aisément. Le pays n’était pas alors occapé par les Egyptiens, ce qui permit à Joseph de le faire attribuer

sans difficulté à sa famille. Le nome d’Arabie, comme nous l’avons vu plus haut, ne figurait pas encore dans le cadastre égyptien même à l’époque de Séti I « r, quatre siècles après l’arrivée de Jacob et des siens. Tout au plus s’y trouvait-il quelques fortins destinés à protéger la frontière contre les incursions des Bédouins du. désert. — Les Septante placent Phithom ou Héroopolis dans la « terre de Ramessès », èv ffl’Pajieuirî). C’est qu’en effet Ramsès II avait sa résidence favorite dans le Delta oriental. Il couvrit toute cette région de monuments dans les ruines desquels on retrouve partout ses statues et ses cartouches. La terre de Ramessès avait des limites plus étendues que Gessen ; mais le pays habité par les Hébreux plaisait à l’ambitieux monarque, et c’est pour satisfaire à la fois son orgueil et son antipathie contre les fils de Jacob qu’il assujettit ces derniers à de dures corvées et leur fit bâtir les villes de Ramessès et de Phithom. Naville, The shrine of Sait et Henneh, p. 18, 20.

Fertilité.

Le texte sacré insiste sur la fertilité

de la terre de Gessen. Quand les Hébreux furent dans le désert, ils murmurèrent en disant : « Nous nous rappelons les poissons que nous mangions en Egypte et qui ne nous coûtaient rien, les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et les aulx. » Num., xi, 5. Plus tard, ils répétèrent encore : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Egypte en ce triste pays ? On n’y peut rien semer et il n’y a ni figuier, ni vigne ni grenadier, pas même d’eau à boire ! » Num., xx, 5. Enfin, bien que la terre de Chanaan soit représentée comme un pays où coulent le lait et le miel, Exod., iii, 8, 17, Moïse n’en dit pas moins aux Hébreux : « Le pays dont vous allez prendre possession n’est pas comme le pays d’Egypte d’où vous êtes sortis, et où il n’y avait qu’à jeter la semence dans les champs et à arroser du pied (voir t. ii, col. 1609), comme un jardin potager. » Dent., xi, 10. Cette manière de parler suppose que le pays de Gessen était d’une fertilité merveilleuse. Il en est encore de même aujourd’hui, partout où l’irrigation, dont Moïse fait mention, peut être pratiquée. Actuellement, il est vrai, « ^dans cette région on ne voit de culture que sur deux bandes étroites. L’une longe le fleuve sur un parcours de cent soixante kilomètres, depuis Hélouan au sud jusqu’à Salahyëh au nord ; sa largeur moyenne est d’environ huit kilomètres. L’autre, le ouadi Toumilat, s’étend de l’ouest à l’est sur une longueur de cinquante kilomètres, depuis Abou-Hammed jusqu’au lac Timsah, et n’a que deux ou quatre kilomètres de large. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 107.

C’est surtout dans ces deux vallées, dont la superficie représente environ quinze cents kilomètres carrés, que se développait la culture de tous les végétaux indiqués par la Bible et encore aujourd’hui si aimés des fellahs. Un ancien canal, dont on a retrouvé les traces, arrosait l’ouadi Toumilat et y portait la fertilité, Chaque année, à l’époque de l’inondation quilletoctobre), les eaux submergeaient le sol des vallées ; on plantait dès qu’elles avaient baissé et la récolte se faisait de mars à juin. Les poissons, que regrettent les Hébreux au désert, abondaient dans les canaux dérivés du Nil, si bien que la ville florissante dé Zagazig a tiré son nom du Zaghzigh, petit poisson qui se pêche dans les eaux voisines. Les Hébreux habitaient, comme leurs successeurs actuels dans la terre de Gessen, dans des huttes fabriquées avec du limon desséché et bâties sur un petit talus qui s’élevait au-dessus du niveau de l’inondation annuelle. Chaque habitation avait son amm, ou enclos dé verdure ménageant à la famille l’ombre et la fraîcheur. En dehors des. deux vallées du Nil et de Toumilat, le pays est en majeure partie envahi par les sables du désert, bien qu’aux environs de Salahyèh, à l’ouest du canal de Suez, se trouvent de superbes forêts de palmiers dont les dattes ont des dimensions extraordinaires. Le canal d’Ismaï

liéh, qui suit l’ouadi Toumilat, a, tout d’abord, paru rendre à la vallée son ancienne fertilité. Mais on s’est bientôt aperçu que ses eaux se chargeaient du sel dont est imprégné le sable du désert et ne tardaient pas à arrêter toute végétation. Jullien, L’Éypte, p. 110. Il n’en était pas ainsi autrefois, quand les canaux bien entretenus développaient la culture, et que celle-ci opposait une digue à l’envahissement du sable. La terre de Gessen était alors cultivable sur une grande partie de sa superficie, et au moyen de l’antiquevschadouf, voir t. ii, col. 1607, 1609, on faisait arriver l’eau et, par conséquent, la fertilité, même dans les terres situées au-dessus du niveau des canaux d’irrigation. — Les premiers Hébreux qui arrivèrent dans le pays de Gessen, au nombre de soixante-dix seulement, trouvèrent aisément dans les vallées la nourriture nécessaire à leurs troupeaux. A mesure qu’ils se multiplièrent, ils étendirent leurs cultures et il n’y a pas à s’étonner si, au bout de quatre siècles, plus d’un million d’Hébreux trouvèrent à vivre de pêche, de culture, d’élevage et aussi de commerce et d’industrie dans le pays attribué à leurs pères et considéré par le pharaon contemporain de Joseph comme « ce qu’il y a de meilleur au pays d’Egypte ». Gen., xlv, 18. Il est vrai que le souverain fit en même temps une bonne opération politique. La terre de Gessen était infestée par les incursions périodiques des Bédouins pillards. C’est probablement une des raisons pour lesquelles les Égyptiens ne l’habitaient pas. Les Hébreux devinrent, les gardiens naturels de la frontière de ce côté. « Les Bnè-Israël prospérèrent dans ces parages si bien adaptés à leurs goûts traditionnels… Ils n’y subirent pas le sort de tant de tribus étrangères qui, transplantées en Egypte, s’y étiolent et s’éteignent, ou se fondent dans la masse des indigènes au bout de deux ou trois générations. Us continuèrent leur métier de bergers, presque en vue des riches cités du Nil, et ils n’abandonnèrent point le Dieu de leurs pères pour se prosterner devant les triades ou les ennéades des Égyptiens. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1897, t. ii, p. 72. — Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. ii, p. 215-234 ; Ebers, Durch Gosen zum Sinai, Leipzig, 1881 ; E. Naville, The shrine of Saft et Henneh and the land of Goshen, Londres, 1887 ; The store-city of Pithotn, Londres, 1885 ; Egypt Exploration Fund, Report of first gênerai meeting, Londres, 1883 ; Bædeker. Unter-Aegypten, Leipzig, 1877, t. i, p. 37, 41 ; Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 105128 ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris,

1894, p. 131-150.
H. Lesêtre.
    1. GESSNER Salomon##


GESSNER Salomon, théologien luthérien, né à Bunzlau en Silésie, le 8 novembre 1559, mort le 7 février 1605 à Wittenberg, où il était professeur de théologie à l’Université. Voici quelques-uns de ses ouvrages : Daniel propheta disputationibus xii et prsefatione chronologica breviter explicatus, in-4°, Wittenberg, 1601 ; Hoseas illustrants, in-8°, Wittenberg, 1601 ; Disputationes xxxviii in Genesim, in-4°, Wittenberg, 1604 ; Paraphrasis et expositio in Nahum, in-8°, Wittenberg, 1604 ; Commentationes in Psalmos Davidis, in academia Wittenbergensi publiée prxlectse, in-f., Wittenberg, 1605 ; Conwentarius in Joe’lem, in-8°, Wittenberg, 1614 ; Commentarius in Obadiam, in-8°, Hambourg, 1618. Ces deux derniers ouvrages furent publiés après la mort de leur auteur par les soins de Paul Gesner. — Voir Walch, Biblioth. theolagica, t. iv, p. 453, 494, 555, 568, etc.

B. Heurtebize.
    1. GESSUR##

GESSUR (hébreu : GeSûr ; Septante : Tsantp, reSoo’jp, reuffoûp), petit royaume araméen, qui formait, avec celui de Maacha, la frontière nord-ouest de Basan, et dont le roi, Tholmaï, donna sa fille en mariage à David. II Reg., iii, 3 ; I Par., iii, 2. De cette union naquit

Absalom, qui, après le meurtre d’Amnon, alla se réfugier près de son grand-père, et y resta trois ans. II Reg., xili, 37, 38. C’est là que Joab alla le chercher. II Reg., xiv, 23, 32 ; xv, 8. Le nom ethnique est, en hébreu, hag-Gesâri, avec l’article et toujours au singulier, Deut., iii, 14 ; Jos., xii, 5 ; xiii, 11, 13 ; hâ-’Asûrî, II Reg., ii, 9 (probablement une faute de copiste, que la Vulgate et la version syriaque ont corrigée) ; Septante : Codex Vaticanus, rap^aa-eî, Deut., iii, 14 ; Tepyecrsf, Jos., xii, 5 ; Tsusipsi, Jos., xiii, 11, 13 ; Oacretpet, II Reg., ii, 9 ; Codex Alexandrinus, Tap-fao-ei, Deut., iii, 14 ; reo-oupî, Jos., xii, 5 ; xiii, 11, 13 ; @a<roùp, II Reg., n, 9 ; Vulgate : Gessuri, partout. D’après ces derniers passages, nous savons que Gessur se trouvait sur la frontière d’Argob, Deut., iii, 14 ; sur la limite de Basan, royaume d’Og, Jos., xii, 5 ; près de Galaad, II Reg., ii, 9 ; entre Galaad et l’Hermon. Jos., xiii, ll. Ce district confinait ou appartenait à la Syrie, II Reg., xv, 8 ; l’expression : Gesûr ba-’Arâm (Vulgate : Gessur Syrise), a pour but sans doute de le distinguer du territoire de même nom situé au sud de la Palestine. Jos., xiii, 2 ; I Reg., xxvii, 8. Voir Gessuri 2. Il semble que cet État fut indépendant du royaume d’Og. Jos., xii, 5. Les Israélites épargnèrent les habitants, Jos., xiii, 13, qui, à une certaine époque, s’emparèrent des villes de Jaïr et d’autres cités. I Par., ii, 23. Au temps de David, nous voyons un roi à la tête du pays. II Reg., iii, 3. Abner cependant avait réussi à y implanter l’autorité éphémère d’Isboseth. Il Reg., ii, 9. — Quelques auteurs identifient Gessur avec le Ledjah, contrée singulière, sauvage et volcanique, qui s’étend au nord-ouest du Djebel Hauran, et qui correspond à l’ancienne Trachonitide. Voir Argob, t. i, col. 950. Rapprochant l’hébreu Gesûr de l’arabe djisr, « pont, » ils voient dans le district araméen dont nous parlons un « pays de ponts », dénomination qui, d’après eux, conviendrait au Ledjah, où les coulées de lave ont formé comme des ponts naturels au-dessus de nombreux et étroits défilés, et au milieu duquel une ville porte encore le nom de Djisréh. Cf. K. Furrer, Zur ostjordanischen Topographie, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, Leipzig, t. xiii, 1890, p. 198. J. L. Porter, dans Kitto, Cyclopsedia of Biblical Literature, Edimbourg, 1869, t. ii, p. 118, assimile également Gessur à la partie septentrionale de la même région et de la plaine voisine jusqu’au [Pharphar. Nous croyons que la raison étymologique n’a aucune valeur, et que le royaume de Tholmaï était à l’ouest de Basan plutôt qu’à l’est. D’autres prétendent que c’est le pays appelé maintenant le Djéidûr, l’ancienne Iturée, ou la plaine qui s’étend au sud de l’Hermon. Cf. C.’R. Conder, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., Londres, 1893, t. ii, p. 1169. Pour d’autres enfin, c’est le Djoldn actuel, l’ancienne Gaulanitide. Cf. H. Guthe, Dr. A. Stûbel’s Reise nach der Diret et-Tulul und Hauran, 1882, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàstina-Vereins, t. xii, 1889, p. 233 ; Zur Loge von Gessur, dans la même revue, t. xiii, 1890, p. 285. Nous nous rallions volontiers au sentiment de J. G. Wetzstein, Reisebericht ûber Hauran und die Trachonen, Berlin, 1860, p. 82, qui place Gessur dans la région septentrionale du Djolàn depuis ElrQonéitrah jusqu’au pied de l’Hermon. Cette hypothèse ressort des passages de l’Écriture où Gessur est mentionné avec Galaad comme une des contrées transjordaniennes, II Reg., ii, 9, et principalement cité entre Galaad et le mont Hermon. Jos., xiii, 11.

A. Legendre.
    1. GESSURI##

GESSURI (hébreu : hag-Gesûrî, avec l’article), nom de deux peuplades situées, l’une à l’est du Jourdain, l’autre au sud de la Palestine.

    1. GESSURI##


1. GESSURI, nom des habitants du Gessur, district araméen situé à l’est du Jourdain, entre Galaad et le grand Hermon. Deut., iii, 14 ; Jos., xii, 5 ; xiii, 11, 13 ;

II Reg., ii, 9. Voir Gessur. Le texte reçu et certains manuscrits des Septante portent rapvaaeî, repyedec, Deut., m, 14 ; Jos., xii, 5, ce qui suppose, au lieu de nwfs, Ge ëûrî, la lecture nti~a, Girgâsi, nom des « Gergéséens »,

peuple de la Palestine, mais que quelques auteurs ont voulu placer également sur la rive orientale du lac de Tibériade. Voir Gergéséen. Le texte hébreu, II Reg., h, 9, prête matière à difficulté. Voir Assarim, t. i, col. 1148, Nous y lisons, en effet, HltfNTi, hâ-Asûri, ce

qui ne’peut évidemment se rapporter ni à l’Assyrie ni à la tribu arabe des Assurim, Gen., xxv, 3, sur lesquelles Abner ne pouvait établir l’autorité d’Isboséth. Le chaldéen a traduit : 'al debèf 'Asêr, « sur la maison ou la tribu d’Aser ; » deux ou trois manuscrits seulement donnent >"WNn. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testant, heb. cum variis lectionibus, Oxford, 1776, t. î, p^ 563 ; S. Davidson, The hebrew text of the Old Testament, Londres, 1855, p. 62. Plusieurs auteurs, comme Kôhler, Kamphausen, Budde, admettent cette leçon, hâ-'ASêrî (cf. Jud., i, 32). Mais il faut supposer dans ce cas, ce qui n’est pas prouvé, que le nom d’Aser désignait l’ensemble des trois tribus du nord de Chanaan. On a prétendu aussi qu’il s’agit de la ville d’Aser, sur la frontière de la demi-tribu de Manassé occidental, Jos., xvii, 7, au sudest de Jezraël. Mais pourquoi l’auteur sacré aurait-il mêlé à des contrées bien connues, comme Galaad, Jezraël, Ephraïm, une ville, et une ville presque inconnue, mentionnée une seule fois dans l'Écriture ? La Vulgate et la version syriaque ont lu hag-GeSûrî. Nous avons tout lieu de croire que c’est la vraie leçon. Le . texte des Septante, Codex Vatieanus : ©ctætpà} Codex Alexandrinus : ©airoup, fautif comme l’hébreu, ne peut

en rien nous éclairer.
A. Legendre.

2. GESSURI (Septante : Codex Vatieanus, à reueipst, Jos., xiii, 2 ; 6 reueipl, I Reg., xxvii, 8 ; Codex Alexandrinus, Vtaoip, Jos., xiii, 2 ; Teirepe !, I Reg., xxvii, 8), nom d’une tribu qui habitait au sud de la Palestine. Jos., xiii, 2 ; I Reg., xxvii, 8. Dans le premier passage, où il s’agit des limites de la Terre Promise, Gessuri est nommé avec le pays (hébreu : gelilôt, « cercles » ou « districts » ) des Philistins, et les deux territoires forment une contrée s'étendant « depuis le fleuve (hébreu : has-sîhôr) qui coule devant l’Egypte (c’est-à-dire l’ouadi el-Arisch) jusqu’aux confins i"Éqrôn ou Accaron vers le nord, et appartenant à Chanaan ». Dans le second, la tribu est mentionnée avec Gerzi et les Amalécites, comme une de celles que David envahit et ravagea, alors qu’il habitait chez les Philistins. Elle occupait donc bien la région méridionale, et ainsi né saurait être confondue avec celle qui se trouvait à l’est du Jourdain, entre Galaad et le mont Hermon. Voir Gessuri 1, Gessur et

Geliloth.
A. Legendre.

GETH (hébreu : Gaf ; Septante : ré8 partout, excepté I Reg., vii, 14, où le texte reçu et le Codex Vatieanus portent 'AÇôg ; Codex Alexandrinus, Tée), une des cinq villes principales des Philistins, I Reg., vi, 17, etc., appelée Gaf PeliHîm, rè8 àXXoçûXwv, Geth Palxstinorum, dans Amos, vi, 2.

I. Nom.

Le mot Gaf est la forme contracte de Génét, comme ba(, « fille, » est mis pour bênét. Il est ordinairement rendu par « pressoir ». Cf. II Esd., xiii, 15 ; Joël, iii, 13. Il pourrait être aussi la contraction d’une forme Gannat, Gannâh, « jardin. » Ce nom semble avoir été assez répandu dans la Palestine. La Bible mentionne plusieurs villes qui le portaient et, pour les distinguer entre elles, fait suivre le nom d’un déterminatif : Gaf ha-Ifêfér, Gethhépher, Jos., xrx, 13 ; IV Reg., xiv, 25 ; Gaf Rimmôn, Gethremmon. Jos., xix, 45. Les documents égyptiens et assyriens nous montrent qu’il devait y en avoir d’autres encore. Les listes hiérogly phiques de Karnak contiennent trois Kentu ou Ganutu, n » 8 63, 70, 93. Ct A. Mariette, Les listes géographiques des pylônes de Karnak, Leipzig, 1875, p. 32, 34, 39. L’un de ces trois noms représenterait-il la vieille cité philistine dont nous parlons ? On ne sait au juste ; il n’est même pas sûr qu’ils désignent des bourgades spéciales. Cf. G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmos 1Il qu’on peut rapporter à la Judée, extrait des Transactions of the Victoria Instilute, or philosophical Society of Great Britàin, Londres, 1888, p. 3 ; W. Max Mûller, Asien und Europa nach altâgyplischen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 159, 393. On trouve dans les tablettes de Tell el-Amarna une GintU kirmil, « Gath du Carmel, » et une simple Gimti, Ginti, qui est peut-être Geth. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, Berlin, 1896, tabl. 181, 183, 185, p. 310, 312, 314. On peut reconnaître la même ville dans les inscriptions ennéiformes, celles de Sargon en particulier, citant Gimtu avec Azot. Cf. Fried. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? Leipzig, 1881, p. 290 ; E. Schrader, Die Keilinschriften und das Aile Testament, Giessen, 1883, p. 166, 444. Josèphe appelle Geth Htra, rftrr), Ant. jud., VI, i, 2 ; xii, 2 ; IX, viii, 4.

II. Identification : — Ie Difficultés. — L’emplacement de Geth est encore un problème. Aucun passage de l'Écriture ne permet de le résoudre. On sait généralement que cette ville était la plus rapprochée du territoire des Hébreux, qu’elle constituait ainsi le poste avancé des Philistins du côté de l’est. On l’a cherchée, on la cherche encore actuellement au moyen de fouilles, dans le triangle formé par Beit Djibrin au sud, Tell esSafiyéh à l’ouest, et Tell Zakariya à l’est. Nous ne parlons, bien entendu, que des opinions les mieux fondées, négligeant les nombreuses conjectures plus ou moins sérieuses émises à ce sujet. L’histoire a perdu de bonne heure toute trace de cette ville ; voilà pourquoi les données traditionnelles sont si vagues, si incertaines, quand elles ne sont pas contradictoires. Eusèbe et saint Jérôme, qui sont d’ordinaire les grands témoins de la tradition, ont de tels tâtonnements pour Geth qu’ils ne savaient pas au juste, on le voit bien, où la placer. Ainsi dans YOnomasticon, Gœttingue, 1870, p. 127, 244, ils nous disent qu’elle subsistait encore de leur temps comme bourgade au cinquième mille (plus de sept kilomètres) d'Éleuthéropolis (aujourd’hui Beit Djibrîn), sur la route qui allait de cette localité à Diospolis (Lydda, Ludd). Ailleurs, au mot Teôdâ, Getha, p. 129, 246, on lit : « C’est là que fut transportée l’arche d’alliance, au sortir d’Azot ; il y a maintenant un très grand bourg appelé Getham, r160â|A, entre Antipatris (Qala’at Râs el-'Aïn) et Jamnia (Yebna). Il en existe également un autre nommé Géthîm, re66ei|i. » Cette indication se concilie mal avec la première. Le fait biblique mentionné par les auteurs montre bien qu’il s’agit de la Geth philistine, cf. I Sam. (Reg.), v, 8, 9 ; à moins qu’ils ne distinguent de celle-ci celle des Énacim, Jos., xi, 22, ce qui ne serait pas conforme à l'Écriture. En tout cas, la seule désignation de deux localités notoirement différentes prouve suffisamment qu’ils ne font là, comme souvent, qu’un simple rapprochement onomastique, sans avoir la prétention d'établir une identification précise. Dans un autre endroit, au mot Gethremmon, p. 128, 246, ils assimilent cette ville, de la tribu de Dan, à un très grand bourg situé à douze milles (près de dix-huit kilomètres) de Diospolis, en se rendant à Éleuthéropolis. Reland, Palœstina, Utrecht, 1714, t. i, p. 493, incline de là à confondre Geth et Gethremmon, sous prétexte que, d’après l’Itinéraire d’Antonin, il y avait dix-huit milles de Diospolis à Éleuthéropolis, ce qui, en réalité, mettrait Geth à six milles ede cette dernière ville et non à cinq. Mais, en fait, la distance entre Lydda et Beit Djibrin est, à vol d’oiseau, de vingt-cinq milles, ce qui empêche d’identifier les deux cites. Si saint Jérôme suit

Eusèbe dans ses fluctuations, il n’est pas plus fixé sur la position de Geth, quand il parle en son propre nom. Ainsi, dans son Commentaire sur le prophète Michée, i, 10, t. xxv, col. 1159, il place la patrie de Goliath entre Éleuthéropolis et Gaza, ce qui est en contradiction. avec les données de YOnomasticon, à moins que Gaza ne soit une faute pour Gazara, Gazer, qui est sur la route de Diospolis. Enfin, dans sa préface sur le prophète Jonas, t. xxv, col. 1119, il parle de « Geth, qui est en Opher, pour la distinguer d’autres villes de* Geth qu’on montre aujourd’hui encore près d’Éleuthéropolis ou Diospolis ». Il faut donc conclure que tous ces témoignages ne sauraient peser d’un grand poids dans la balance, il est un document plus grave-, mais qui, malheureusement, ne peut encore nous mener à une solution. C’est la carte mosaïque de Médaba. Elle nous montre tout près de Diospolis-Lydda, vers le sud, — autant qu’on peut s’en rapporter à cette naïve orientation, — l’image figurée d’un bourg avec cette légende : TéO, rj vùv rfrra, ptia îtoté tcûv TtlvTe caTpaTti’iov, « Geth, qui est aujourd’hui Gitta, autrefois une des cinq satrapies. » Mais les renseignements bibliques, tout vagues qu’ils soient, semblent bien assigner à la Geth philistine une position beaucoup plus méridionale. Et puis, la légende n’est-elle point une glose ajoutée au nom, et dont l’autorité serait loin de s’imposer ?

Opinions.

Dans ces conditions, voici les principales

hypothèses émises à ce sujet. — 1° V. Guérin, Judée, t. ii, p. 108-113, prenant pour base la première assertion de VOnomasticon, celle qui place Geth à cinq milles au nord d’Éleuthéropolis, arrive, à sept kilomètres environ au nord-ouest de Beit Djibrin, au village actuel de Dhikrin, qu’il regarde comme l’emplacement de Geth. Le nom arabe n’a, à la vérité, aucun rapport avec l’antique dénomination, mais le site offre des traces considérables de sa primitive importance. « Des citernes, des puits et des silos creusés dans le roc ; de vastes galeries souterraines, les unes très dégradées et à moitié détruites, les autres presque intactes ; les vestiges de nombreuses maisons renversées, une assez grande quantité de blocs de différentes dimensions jonchant un sol hérissé de broussailles ou planté d’oliviers : tout cela, ajouté aux quarante citernes de Dhikrin et aux matériaux antiques qu’on observe dans ce village même, atteste évidemment qu’il y avait autrefois en cet endroit une ville considérable, assise sur deux collines, et qui paraît, à cause de sa position, avoir été l’ancienne Gath, l’une des cinq principales cités des Philistins. » V. Guérin, Judée, t. ii, p. 109. — 2° E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 67, confond à tort Geth et Gethremmon en une seule ville, qu’il croit reconnaître, d’après les indications de VOnomasticon, dans Deir Dubbân, un peu au nord-est de Dihkrin. — 3° On a cherché la cité philistine plus haut encore, à Tell Zakariyâ. Cf. K. Furrer, Wanderungen durch dos heilige Land, Zurich, 1891, p. 128-129. Ce tell s’élève sur la rive gauche du grand ouadi es-Samt, à l’extrémité orientale de la Séphélah, à l’entrée du massif de collines qui précède la chaîne des montagnes de Judée. Isolé sur trois côtés par des vallées que son sommet domine de plus de 100 mètres, il offrait une situation naturellement forte pour une ville antique. Le plateau supérieur semble avoir été aplani. Il a, en gros, la forme d’un triangle ; le bord, nettement délimité, garde encore les vestiges d’une enceinte, fortifiée même en certains points par des tours en saillie. De nombreuses cavernes creusées dans la roche blanche et friable, des citernes, des pressoirs, l’abondance et le caractère des débris de poterie : tout, même avant les fouilles actuelles, faisait soupçonner là un établissement assez considérable et l’influence d’une très vieille civilisation. Cf. Vincent, Les fouilles anglaises à Tell Zakariyâ, dans la Revue biblique, Paris, t, viii, 1899, p. 444.

DICT. DE LÀ BIBLE.

M. Bliss y a fait des découvertes très intéressantes. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Maternent, 1899, p. 10-36, 89-111, 170-187. Mais il n’a trouvé aucune preuve positive de l’identité de Geth avec cette localité.

— 4° Depuis Porter, Handbook for Syria, 1858, t. i, p. 252, on a souvent supposé que Geth pourrait bien être représentée par le village actuel de Tell es-Sdfiyéh, distant de Tell Zakariyâ de 8 à 9 kilomètres vers l’ouest. C’est également une position stratégique remarquable ; dominant de 100 mètres l’ouadi es-Samt, elle commande toute la partie centrale de la plaine des Philistins ; de très vieille date, elle a dû attirer l’attention des maîtres de la contrée. M. Bliss y a pratiqué aussi des fouilles pleines d’intérêt. Cf. Palestine Explor. Fund, Quart. Stat., 1899, p. 188-199 ; 317-333. C’est l’ancienne Blanche-Garde des croisés. L’identification avec Geth demeure toujours une hypothèse. Elle est cependant admise par les explorateurs anglais et d’autres savants. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 415, 440 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Nantes and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 65 ; C. R. Conder, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., 1893, t. ii, p. 1131 ; C. Warren, dans Hastings, Dictionary of the Bible, 1899, t. ii, p. 113 ; R. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 12. — 5° On se demande enfin si l’introuvable Geth ne serait pas tout simplement Beit Djibrin. Cette hypothèse, indiquée par J. Fûrst, Hebrâisches Handwôrterbuch, 1876, t. i, p. 277, soutenue par W. M. Thomson, The Land and the Book, Londres, 1881, t. i, p. 215-218, est adoptée par M. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1899, t. iii, p. 273-278 : « Beit Djibrin, dit-il, l’antique Bétogabra ou Éleuthéropolis, est certainement le site d’une ancienne ville très importante. Or, chose singulière, elle ne figure sous aucune forme dans la Bible ; et, d’autre part, Geth a disparu de bonne heure de la tradition toponymique. Ne pourrait-on pas expliquer l’une par l’autre ces deux lacunes concordantes et admettre qu’à un certain moment, Gath a changé son nom contre celui de Bétogabra, exactement, comme plus tard, à l’époque grecque, Bétogabra a changé le sien contre celui d’Éleuthéropolis ? Gath, la patrie de Goliath, le "liai, gibbôr, « le géant, » aurait pu être ultérieurement appelée Bétogabra, n-qï no, insu no, « la ville des géants. » On fait remarquer aussi que, tout prés de Beit Djibrin se trouvait Marésa, en hébreu Mârê’sâh, Jos., xv, 44, appelée Môréiéf Gap. Mich., i, 14. On ajoute enfin que le site en question répond aussi bien qu’aucun des autres mis en avant, aux quelques données bibliques concernant la position de Geth. — Nous avons exposé le problème avec ses différentes solutions ; les fouilles entreprises dans ces parages viendront peut-être en apporter une certaine et définitive.

III. Histoire.

Au moment de la conquête israélite, Geth fut, avec Gaza et Azot, une des trois villes dans lesquelles Josué laissa quelques débris de la race des géants nommés Énacim ou fils d’Énac. Jos., xi, 22. — On peut croire, d’après I Par., vii, 21, que même avant cette époque, les Géthéens avaient eu maille à partir avec certaines^ tribus éphraïmites, qui étaient venues opérer des /razzias daus la contrée. — L’arche d’alliance étant tombée au pouvoir des Philistins, fut transportée d’Azot à Geth, qui fut aussi cruellement affligée. 1 Sam. (Reg.), v, 8, 9. Les habitants, comme ceux des autres villes principales, offrirent leur ex-voto d’or à Jéhovah. I Reg., vi, 17. — Sous Samuel, lés Hébreux, vainqueurs des Philistins, reprirent toutes les villes que ceux-ci avaient conquises sur Israël depuis Accaron jusqu’à Geth. I Reg. ; vil, 14. — Goliath, le géant que terrassa David, était de cette ville, et descendait probablement des anciens Énacim. I Reg., xvii, 4, 23. Après le combat dans lequel il fut vaincu, les Philistins s’enfuirent, les uns du coté

III. - 6

d’Accaron, les antres du côté de Geth. I Reg., xvii, 52. — C’est dans cette dernière cité que David, pour se dérober à la fureur jalouse de Saûl, se retira près du roi Achis. I Reg., xxi, 10, 12 ; xxvii, 2, 3, 4. Ce prince lui donna la ville de Siceleg, pour qu’il y habitât, lui et ses gens. I Reg., xxvii, 6, 11. — Geth était aussi là patrie d’Oïëdedom, qui reçut dans sa maison l’arche d’alliance lorsque David la fit transporter à Jérusalem. II Règ., vi, 10, 11 ;

I Par., xiiijilS. — Le roi, fuyant devant Absalom, avait parmi ses gardes du corps six cents Géthéens qui, avec leur chef Éthaï, montrèrent un grand dévouement. II Reg., xv, 18, 19, 22 ; xviii, 2. — Sa quatrième campagne contre les Philistins fut dirigée contre Geth, II Reg., XXI, 20, 22 ; I Par., xx, 6, 7, qui d-’ja autrefois était tombée en son pouvoir. I Par., xviii, 1. — Roboam en releva les remparts et en fit une Ville forte. II Par., xi, 8.

— Sous le règne de Joas, Hazaël, roi de Syrie, s’en rendit maître, et de là se dirigea sur Jérusalem. IV Reg, , xii, 17.

— Les Philistins durent la reprendre bientôt, car Ozias, fils d’Amasias, roi de Juda, en les comhattant, détruisit les murailles de la ville, ainsi que celles de Jabnia et d’Azot. II Par., xxvi, 6. — Dans la suite, Geth s’efface peu à peu de l’histoire. Quand les prophètes annoncent les malheurs dont les Philistins vont être accablés, ils citent les quatre autres métropoles, sans faire mention de celle-ci. Cf. Jer., xxv, 20 ; Soph., ii, 4 ; Zach., ix, 5, 6. Seul, Amos, vii, 2, la cite encore. Sur Michée, i, 10, 14, voir Morescheth-Gath, t. iv, col. 1279. — Sur l’expression’al-hag-gi((î( (Vulgate : pro torcularibus), qui se trouve dans le titre des Ps. viii, 1, etc., voir Ghtith.

..
A. Legendre.
    1. GÉTHAÏM##

GÉTHAÏM (hébreu : Gipfâtm, « les deux pressoirs, »

II Esd., xi, 33 ; Giptâyemâk, avec hé local, II Reg., tv, 3 ; Septante : r£9ai[n, ; Codex Vaticanus, TeWii ; Codex Alexandrinm, re86efix, II Reg., iv, 3 ; TeOSaiti, II Esd., xi, 33), ville mentionnée incidemment, II Reg., iv, 3, comme le lieu de refuge des habitants de Béroth, contraints de s’exiler, peut-être à l’occasion du massacre des Gabaonites par Saûl. II Reg., xxi, 1. Elle fut habitée plus tard par les Benjamites après leur retour de la captivité. II Esd., xi, 33. Dans ce dernier passage, elle est citée, avec Asor et Rama, après d’autres localités de la tribu de Benjamin. Mais il ne faudrait pas en conclure qu’elle appartenait primitivement à cette tribu. Les noms qui suivent, en effet, c’est-à-dire Hadid, Neballat, Lod, Ono, nous transportent dans la tribu de Dan. Il est probable, ensuite, que les Bérothites n’allèrent pas chercher un abri dans les environs d’Asqr (Khirbet Hazzur) et de Rama (Er-Ram), c’est-à-dire à peu de distance de leur propre ville, au centre même du danger pour eux. R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 103, identifie Géthaïm avec Ramléh, qui, d’après certaines traditions juives, serait l’ancienne Geth des Philistins. Cette ville, croyons-nous, était située plus au sud. Voir Geth. Mais il serait possible que Ramléh représentât, en même temps que la Gitta de la carte de Médaba, l’antique Géthaïm, qui se trouverait ainsi parfaitement dans le rayon des autres villes, Hadid (Hadithéh), Neballat (Beit Nebâla), Lod (Ludd), Ono (Kefr Ana). Voir la carte de la tribu de Dan, t. ii, col. 1232. La cité dont nous parlons pourrait aussi être identique à Gethremmon (hébreu : Gaf-Rimmôn). Jos., xix, 45. Voir Gethremmon. — On trouve encore Tz-Aaiv., TtQaly., dans la version des Septante : Gen., xxxvi, 35 ; I Par., i, 46, pour l’hébreu’Avî{, et I Reg., xiv, 33, au lieu d’un verbe. Il est probable, en effet, que, dans ce dernier passage, Èv r&88âi|x est une mauvaise lecture du texte original, qui porte : nrnia, begadtém, « vous avez violé

la loi, » et non pas ntnia, be-Gippâim, « à Géthaïm. »

Dans les deux cas, les autres versions donnent tort aux traducteurs grecs en suivant l’hébreu.

A. Legendiie.

    1. GÉTHÉEN##

GÉTHÉEN (hébreu : hagGiffî (avec l’article) ; Septante, reflaïoç, lYrtafoç ; Vulgate, Gethxm), habitant de Geth ou originaire de cette ville. Les Géthéens en général sont nommés Jos., xiii, 3 ; ISam. (Reg.), v, 8, 9 ; les soldats géthéens de David, U Sam. (Reg.), xv, 18. Trois personnages sont désignés comme Géthéens ou originaires. de Geth ; Goliath, II Sam. (Reg.), xxi, 19 ; I Par., xx, 5 (voir Goliath, col. 268) ; Obédédom, II Sam. (Reg.), vi, 10, 11 ; I Par., xiii, 13, et Éthaï, II Sam. (Reg.), xv, 19, 22 (et xv, 2 ; Vulgate : de Geth).

    1. GÉTHER##

GÉTHER (hébreu : Géper ; Septante : TâŒp), le troisième des quatre fils d’Aram. Gen., x, 23. Dans I Par., i, 17, il est compté d’une façon générale, avec son père et ses frères, parmi les enfants de Sem. Nous ne savons absolument rien sur la tribu dont il fut la souche, son nom n’étant mentionné qu’en ces deux endroits de l’Écriture. Les suppositions qu’on a faites reposent sur des étymologies ou des rapprochements plus ou moins plausibles. Josèphe, Ant. jud., i, vi, 4, indique les Bactriens comme descendants de Géther. A. Knobel, Die Vôlkertafel der Genesis, Giessen, 1850, p. 235, voit dans le patriarche araméen le Ghâter des traditions arabes, ancêtre des peuplades de Themud et de Djadis. Pour M. F. Lenormarit, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., Paris, 1881, t. i, p. 289, ce nom représente le canton que la géographie classique appelle PIturée. Pour d’autres, ce serait une contrée de la Mésopotamie. Cf. F. de Hummelauer, Commentarius in Genesim, Paris, 1895, p. 331. On peut voir encore d’autres hypothèses dans G. B. Winer, Biblisches Realwbrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 423.

A. Legendre.
    1. GETHHEPHER##

GETHHEPHER (hébreu : Giftâh Eèfér, avec hé local après le premier mot, Jos., xix, 13 ; Gap ha-Hêfér, avec l’article devant le second, « le pressoir de l’excavation, » c’est-à-dire « le pressoir creusé », IV Reg., xiv, 25 ; Septante : Teëtpi ; Codex Alexandrinm, TatOÛi, Jos., xix, 13 ; TeOxoçsp ; Codex Vaticànus, re8x<Sëeo ; Codex Alexandrinm, ré9 A/oëip, IV Reg., xiv, 25 ; Vulgate : Geth quæ. est in Opher, IV Reg., xiv, 25), ville de la tribu-de Zabulon, Jos., xix, 13, et patrie du prophète Jonas. IV Reg., xiy, 25. Elle est signalée dans YOnomasticori, Gœttingue, 1870, p. 128, 129, 245, 247, sous les noms de Gethchefer, Gethachofer, reèŒçâ, reOôapxoçsp, mais sans aucune indication sur son emplacement. Saint Jérôme, dans la préface de son Commentaire sur Jonas, t. xxv, col. 1118, dit que « Geth, qui est en Opher, est un petit bourg situé à deux milles (près de trois kilomètres) de Sepphoris, en allant vers Tibériade, et où l’on montre le tombeau du prophète ». D’après les Talmuds, ïïéfer n’était pas non plus éloignée de Sepphoris, aujourd’hui Seffûriyéh, au nord de Nazareth. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 200. Benjamin de Tudèle, Itinerarium, édit. Const. L’Empereur, Leyde, 1633, p. 92, place le tombeau de Jonas dans ce dernier endroit. Le rabbin Ishak Chelo, dans son écrit intitulé : Les chemins de Jérusalem, le place à Kefr Kenna ; mais il identifie Gethhépher avec le village de Meschhad. « De Sepphoris, dit-il, on va à Gathahépher, aujourd’hui Meschhad. C’est la patrie du phophète Jonas, fils A’Amithaï, ainsi qu’il est dit dans l’Écriture Sainte. C’est un endroit peu considérable, habité seulement par quelques musulmans pauvres. » Cf. E. Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, Bruxelles, 1847, p. 256. Cette identification est généralement acceptée. Cf. R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 62 ; Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 350 ; V. Guérin, Galilée, t. i, p. 166 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 66 ; F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Leipzig, 1896, p. 219, etc.

— El-Meschhad est au sud-est de Seffûriyéh et tout près

de Kefr Kenna. La population actuelle est dé 300 habitants au plus. On y vénère dans une petite mosquée un tombeau couvert d’un tapis vert et renfermant, dit-on, la dépouille du prophète Jonas. Telle est la tradition accréditée parmi les habitants de l’endroit et de Nazareth.

A. Legendre.
    1. GETH-OPHER##


GETH-OPHER, IV Reg., xiv, 25. Voir Gethhepher.

    1. GETHREMMON##

GETHREMMON (hébreu : Ga{-rimmôn ; Septante : reôpejifitovj, nom d’une ou deux vflles de Palestine.

1. GETHREMMON (Septante : r £ epe|i(niv, Jos., xix, 45 ; reôepejijicov, Jos., xxi, 24 ; TeOtoptôv ; Codex Alexandrinus, rs8pe[i[i(iv, I Par., yi, 69), ville de la tribu de Dan, Jos., xix, 45, assignée aux Lévites fils de Caath. Jos., xxi, 24 ; I Par., vi, 69. Elle est mentionnée, Jos., xix, 45, entre Bané-Barach et Méiarcon ; elle tait donc partie du groupe septentrional des cités danites. Voir Dan 2, tribu et carte, t. ii, col. 1232. Son emplacement ii’a pas été retrouvé jusqu’ici : Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Goettingue, 1870, p. 128, 246, disent que, de leur temps, c’était encore un gros bourg à 12 milles (près de 18 kilomètres) de Diospolis (Lydda, Ludd), en se rendant à Éleuthéropolis (Beit-Bjïbrîn). Cette distance nous mène à l’opposé du groupement de Josué, xix, 45, 46. D’ailleurs, les données de VOnomasticon, en ce qui concerne les villes du nom de Geth, sont tellement incertaines qu’on ne saurait les prendre comme base d’investigation. Voir Geth. M. Clermont-Ganneau, Recueil d’archéologie orientale, Paris, 18881899, t. iii, p. 273, émet l’hypothèse que Gethremmon pourrait bien être la Gitta marquée tout près de Diospolis-Lydda sur la carte mosaïque de Màdeba, et qu’en conséquence elle pourrait être identifiée avec Ramléh. Si cette dernière localité passe généralement pour être de fondation arabe, il n’en est pas moins possible qu’il y eût auparavant, sur ce point très bien situé, un bourg avec un nom. Il se pourrait même, ajoute-t-il, « que le surnom de Rimmon ait eu quelque influence sur l’adoption du nom de Ramléh, nom en apparence purement arabe ( « sable » ). Letn s’échangent souvent dans les dialectes palestiniens, et la toponymie populaire, en Syrie comme ailleurs, a une tendance marquée à déformer les noms de lieux pour les ramener à des mots connus. » Elle serait alors identique à Géthaïm, que R. J. Schwarz, Das keilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 103, assimile à Ramléh. Voir Géthaïm.

A. Legendre.

2. GETHREMMON (Septante : Codex Vaticanus, ’Ieëa81 ; Codex Alexandrinus, Batô<râ), ville de la demi-tribu occidentale de Manassé, donnée aux Lévites iils de Caath. Jos., xxi, 25. Dans le passage parallèle de I Par., vi, 70 (hébreu, 55), on lit Baalam (hébreu : Bil’âm ; Septante : ’IefiëXniv ; Codex Alexandrinus, ’IëXctiji.) On voit, du reste, comment même dans Josué, xxi, 25, les Septante ont dû avoir un texte différent, puisqu’ils mettent’IeêaDi, BaLÔiri.’IeëaBâ est peut-être mis pour’Ié6aXâ. Voilà pourquoi on attribue généralement Gethremmon à une faute de copiste. Voir Baalam, t. i, col. 1323. Si l’on maintient cependant cette leçon, on pourra trouver sur le territoire de Manassé certaines localités répondant à l’un ou l’autre des éléments du composé Gap-Rimmôn. On signale, en particulier, KefrRummdn au nord-ouest de Sébastiyéh et, plus loin, vers la plaine de Saron, le village de Djitt. R. J. Schwarz, Das heilige Land, Franclort-sur-le-Main, 1852, p. 126, identifie Gethremmon avec Adadremmon (hébreu : Hâdadrimmôn) ; mais ce dernier endroit rentre plutôt dans la tribu d’Issachar.

A. Legendre.
    1. GETHSEMAW##

GETHSEMAW (grec : Ttb<rtutvëi), endroit voisin de Jérusalem, dans lequel eut lieu l’agonie de Notre-Sei.gneur le soir du jeudi saint.

I. Données évangéliques.

Gethsémani était situé

au delà du Cédron, Joa., xviii, 1, sur la montagne des Oliviers. Luc., xxii, 39. Il y avait là un jardin, Joa., xviii, 1, que saint Matthieu, xxvi, 36, et saint Marc, xiv, 32, désignent par l’expression plus vague de ^topfov, « emplacement, » traduite elle-même par villa et prsedium dans la Vulgate. Malgré cette traduction, il n’y a pas de raison pour supposer qu’il y ait eu en cet endroit des constructions quelconques. Le mot Gethsémani répond à l’hébreu gat, « pressoir, » et Sémén, « huile, » étymologie beaucoup plus probable que les autres que l’on a proposées : gê’Semanê’, « vallée de l’huile ; » gat sîmanê, « pressoir des signaux ; » gedét Sémén, « colline d’huile, s c’est-à-dire « colline fertile ». Il y avait donc là ou il y avait eu un pressoir à huile, chose toute naturelle au bas de la montagne des Oliviers. Il s’y trouvait

46.— Olivier du Jardin de Gethsémani. D’après une photographie.

des arbres, puisque c’était un jardin, et ces arbres étaient des oliviers (fig. 45). Cet emplacement ne parait pas avoir été fréquenté par le public, malgré sa proximité de Jérusalem. Mais Notre-Seigneur y venait fréquemment avec ses disciples, Joa., xviii, 2, assuré d’y trouver la solitude et le calme. Il est à croire que le jardin appartenait à quelque disciple fidèle et que le Sauveur pouvait s’y retirer à son gré. L’ombre des oliviers y garantissait des rayons du soleil. La clarté de la pleine lune n’aurait pas réussi à en percer l’épais feuillage ; aussi, la nuit du jeudi au vendredi saint, Judas se fit-il accompagner de gens munis de lanternes et de falots. Joa., xviii, 3. Après la dernière Cène, Jésus arriva en ce lieu, accompagné de ses apôtres. Il les y laissa, probablement non loin de l’entrée, en leur disant de s’y reposer pendant qu’il s’en irait plus loin et prierait. Matth., xxvi, 36 ; Marc, xiv, 32. Il prit cependant avec lui Pierre, Jacques et Jean, auxquels il recommanda, non plus de se reposer, comme les huit autres, mais de veiller et de prier. Matth., xxvi, 37, 38 ; Marc, xiv, 33, 34 ; Luc, xxii. 40. Puis il s’éloigna encore de ces trois Apôtres à

une faible distance, Matth., xxvi, 39 ; Marc, xiv, 35, à la distance d’un jet de pierre, Luc, xxii, 41, à une trentaine de mètres par conséquent. C’est là que le Sauveur entra en agonie et que, justifiant le nom de ce lieu, il permit à l’angoisse de l’écraser comme dans un pressoir, au point que le sang s’échappa de son corps comme l’huile de l’olive. Cf. Is., lxiii, 2, 3. Son agonie terminée, il rejoignit les trois apôtres qui, au lieu de prier avec lui, s’étaient endormis, et il leur ordonna de se lever et de marcher avec lui. Matth., xxvi, 45, 46 ; Marc, XIV, 41, 42 ; Luc, xxil, 45, 46. Tout aussitôt apparut Judas, à la tête de ceux qui venaient s’emparer du divin Maitre. II. État actuel des lieux.

Gethsémani s’appelle

année une petite récolte. Ils sont ou des contemporains de Notre-Seigneur, ou des rejetons immédiats de ceux qui ont été témoins de l’agonie du divin Maitre. En tous cas, ils sont antérieurs à la conquête musulmane, puisqu’ils n’ont jamais été soumis à l’impôt. Voir Olivier. La grotte située au nord du jardin est de forme irrégulière (fig. 48). Elle mesure dix mètres de long et sept ou huit de large. La voûte en est soutenue par plusieurs piliers naturels et percée d’une ouverture qui donne à penser que cette grotte a servi primitivement de citerne. Il faut descendre un escalier de six marches pour y accéder. Trois autels ont été dressés dans cette grotte et la voûte garde encore la trace d’étoiles qui y ont été

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47. — Le Jardin de Gethsémani. D’après une photographie.

aujourd’hui en arabe Boslân-ès-zeitun, « jardin des oliviers, » ou encore El-Djesmaniyéh, corruption du nom primitif. Si l’on sort de Jérusalem par la porte de Saint-Étienne et qu’on traverse le Cédrdn, on rencontre d’abord le monument appelé tombeau de la sainte Vierge ; derrière ce monument, un peu plus à l’est par conséquent, une grotte dite grotte de l’Agonie, et au sud de cette grotte un jardin connu sous le nom de jardin de Gethsémani. Comme Notre-Seigneur, le soir du jeudi saint, dut sortir de Jérusalem par une des portes du sud et ensuite remonter la vallée du Cédron, il entra à Gethsémani par le jardin, à l’extrémité septentrionale duquel se trouve la grotte, à moins toutefois que l’entrée de la propriété ne se soit trouvée au contraire du côté de la grotte. Le jardin (fig. 47) est en forme de trapèze et a une cinquantaine de mètres de côté. Il appartient aux franciscains, qui l’ont entouré d’un mur en 1848 et ont érigé à l’intérieur, en 1873, les quatorze stations du chemin de la croix. Ce jardin renferme encore sept oliiersdont le plus gros (fig. 46) a huit mètres de circonférence et qui, malgré leur vétusté, fournissent chaque

peintes à une époque reculée. Le rocher apparaît de toutes parts dans son état naturel ; c’est un des rares sanctuaires de Palestine dont l’état primitif n’ait pas été altéré par des embellissements subséquents. À quinze mètres de la porte actuelle du jardin de Gethsémani, . une colonne marque l’endroit où Judas aurait consommé sa trahison. À quatre ou cinq mètres de là, mais encoreà soixante-dix mètres de la grotte, se voit un rocher près duquel les trois Apôtres, Pierre, Jacques et Jean, auraient été laissés par Notre-Seigneur. Un oratoire rappelant le sommeil des Apôtres couvrait ce rocher au XIIe siècle. Les ruines mêmes en ont disparu.

LU. Données traditionnelles. — La grotte porte aujourd’hui le nom de grotte de l’Agonie. Une inscription y rappelle même le mystère. Cependant les identifications actuelles n’ont pas toujours eu cours dans les anciens temps. L’Évangile ne parle pas de la grotte et ne dit rien qui autorise à assurer que Notre-Seigneur ait fait sa prière en ce lieu précis. Son silence, il est vrai, n’est pas une preuve péremptoire en faveur d’une opinion, contraire. Saint Jérôme, De situ et nom. loc. hebr, ,

Gethsemani, t. xxiii, col. 903, dit que de son temps une église s’élevait à l’endroit où le Sauveur avait prié avant sa passion, au pied du mont des Oliviers. Cette église n’était évidemment pas bâtie au-dessus des oliviers ; . peut-être l’était-elle au-dessus de la grotte ; toutefois saint Jérôme ne mentionne pas ce détail pourtant digne de remarque. Théophane, Chronicon, ad annum 683, parle de colonnes qu’on aurait voulu enlever de Gethsemani à cette époque, et qu’on laissa à la requête des chrétiens notables de Palestine. Cf. Reland, PaUestina illustrata, Utrecht, 1714, p. 857. L’higoumène Daniel, qui voyageait en Palestine en 1113, suppose que Notre-Seigneur fut livré par Judas dans la caverne, mais qu’il

p. 170 ; Friedlieb, Archéologie de la Passion, trad. Martin, Paris, 1897, p. 80, 81.

H. Lesêtre.
    1. GEZEM##

GEZEM (Gazzâm ; Septante : T-fiâu), père d’une famille de Nathinéens qui revinrent de captivité avec Zorobabel. II Esdr., vii, 51. Dans la liste parallèle de I Esdr., ii, 48, la Vulgate le nomme Gazam.

    1. GÉZER##

GÉZER, orthographe, dans la Vulgate, II Reg., v, 25, du nom de ville écrit ailleurs Gazer. Voir Gazer, col. 126.

    1. GÉZÉRON##


GÉZÉRON, nom, dans la Vulgate, I Macli., iv, 15, ’48. — Intérieur de la grotte de Gethsemani. D’après une photographie.

avait prié à un jet de pierre de cet endroit, au lieu où s’élevait de son temps une petite chapelle. Jean de Wurtzbourg, au milieu du XIIe siècle, dit également que les apôtres dormirent dans la grotte, mais qu’une nouvelle église, appelée église du Sauveur, entourait le lieu où le Seigneur avait prié. Il résulte de ces deux passages et du témoignage d’autres pèlerins de la même époque, qu’on regardait au moyen âge la grotte appelée aujourd’hui de l’Agonie, comme la caverne où Jésus alla tout d’abord avec ses disciples, les engageant à s’y reposer, tandis qu’il irait prier autre part. « Cette divergence de la tradition relative à la grotte, dit V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 292, ne lui enlève en rien de la sainteté dont elle doit être entourée aux yeux des chrétiens, car elle n’en reste pas moins consacrée par le souvenir du Christ qui y aurait eu sa sueur de sang ou y aurait été livré aux Juifs par Judas. » Cf. Liévin, Guide de la Terre Sainte, Jérusalem, 1887, t. i, p. 328-334 ; Socin, Palàstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. 92 ; Ollivier, La "Passion, Paris, 1891, p. 55-63 ; Vigoureux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques, Paris, ÎSQ3,

d’après le texte grec, de la ville appelée ailleurs Gazer. Voir Gazer, col. 126.

    1. GÉZEZ##

GÉZEZ (hébreu : Gâzêz ; Septante : 6 TeÇo-jé), nom d’un ou deux descendants de Caleb, mentionnés dans le même verset. I Par., ii, 46.

1. GÉZEZ, un des fils de Caleb, par Épha, sa concubine. I Par., ii, 46. Il est nommé le troisième après Haran et Mosa.

2. GÉZEZ est donné aussitôt après comme le fils de Haran. Il serait alors le petit-fils de Caleb, tandis que le premier Gézez serait son fils : il est possible que le même nom ait été porté par deux personnes dans la même famille. Cependant il est bien probable que ce second Gézez a été écrit par nne faute de copiste pour Jéhday (Vulgate : Jahaddaï). Sans cela, on ne voit pas comment Jahaddaï du verset suivant se rattache à ce qui précède dans la généalogie des descendants de Caleb. I Par., ii, £2-47. Tous les noms qui forment les anneaux de la

généalogie y sont répétés deux fois, sauf celui de Jahaddaf.

    1. GÉZONITE##

GÉZONITE (hébreu : hag-Gizônî ; Septante, édition sixtine : 6 TiÇuvÎTric ; omis dans le Codex Sinaiticus ; Codex Alexandrinus, à Ttow/i ; recension de Lucien : 6 Touvt ; Vulgate : Gezonites), qualificatif ethnique ou plutôt patronymique d’Assem, un des gîbbôrîm ou vaillants de David, ou bien père de quelques-uns de ces gîbbôrîm. I Par., xi, 33 (hébreu, 34). Le nom du gibbôr ou du père de ces gibbôrîm est peut-être altéré : il s’appelle Jassen dans la liste parallèle II Reg., xxiii, 32. Voir Assem, t. i, col. 1127. Sa qualité de Gézonite n’est pas moins difficile à préciser que son nom. On ne connaît point de localité appelée Gézon ou Gizon. La leçon du Codex Alexandrinus et de Lucien ferait supposer qu’Assem ou Jassen était un Nephthalitê, descendant de Guni. Gen., xlvi, 24 ; I Par., v, 15..

    1. GHÉMARA##


GHÉMARA, seconde partie du Talmud. Voir Talmud.

    1. GHESQUIÈRE Joseph##


GHESQUIÈRE Joseph, jésuite belge, né à Courtrai le 27 février 1731, mort à Elsen le 23 janvier 1802. Entré au noviciat de Malines le 16 octobre 1750, il enseigna les humanités, fut attaché à la rédaction des Acta sanctorum. Après 1773, il continua ses travaux historiques sur la Belgique et fut reçu membre de l’Académie impériale et royale de Bruxelles. À l’invasion de la Belgique par les troupes françaises, il se retira à Essen. Outre de nombreux ouvrages d’histoire, il publia : David propheta, David doctor, David hymnographus, David historiographus. Seu Psalmi prophetici, hymnici, et historici, philologiceacparaphrastice expositi, servato authentico textu, in-8°, Essen, 1800 ; in-12, Gand, 1824 ; in-8°, Venise 1825 ; in-18, Arras, 1877. C. Sommervogel.

    1. GHIMEL##


GHIMEL, i, nom de la troisième lettre de l’alphabet hébreu, g, exprimant la consonne g (prononciation toujours dure). On pense communément que ce nom signifie « chameau », hébreu : gamal, d’où le latin carnelus et notre mot français « chameau ». La forme ancienne de cette lettre en phénicien, , paraît représenter grossièrement le cou de cet animal. Le gamma (fây-pa = Y<i(pa) des Grecs, T, rappelle la forme antique, un peu défigurée et tournée' en sens inverse. Voir Alphabet.

    1. GHISLIERI (Ghislerius) Michel##


GHISLIERI (Ghislerius) Michel, théatin, né à Rome en 1564, mort en 1646 à l'âge de 83 ans. C'était un disciple du célèbre Agellius, dont il suivit la méthode exégétique ; il fut très versé dans les langues orientales. On a de lui : Commentarii in Canticum Canticorum Salomonis, juxta lectiones Vulgatam, hebrœam et grsecas tum lxx tum aliorwm veterum interpretum, in-f », Rome, 1609 ; nouvelle édit. augmentée, Venise, 1613 ; Anvers, 1614 ; Paris, 1618. Il s’attache au sens littéral, puis expose le sens mystique et moral. Commentarii in Jeremiam prophetam, 3 ; in-f°, Lyon, 1613, également selon la Vulgate, l’Hébreu, la paraphrase chaldaïque et le grec des Septante accompagné d’une Chaîne tirée des Pères. — Voir Hurter, Nomenclator literarius, t. i, 2e édit., p. 445-446 ; A. F.Vezzozi, I Scrittori de' Cherici regolaridetti Teatini, 2 in-4°, Rome, 1780, t. i, col. 391397. E. Levesque.

GHÔR, nom donné à la plaine du Jourdain par les écrivains arabes. VoirAïUBAH, 1. 1, col. 820, et Jourdain.

GIAH (hébreu : Giah ; Septante : Ttxi ; Vulgate : Vallis), localité qui n’est nommée que II Sam. (Reg.), ii, 24, pour déterminer la position de la colline d’Amman. Voir Ammau 2, t. i, col. 484-485.

    1. GIBBORIM##


GIBBORIM. Voir Armée, t. i, col. 973 et Géants, col. 137.

    1. GIBERT Joseph Balthasar##


GIBERT Joseph Balthasar, historien français né à Aix-en-Provence, le 17 février 1711, mort le 12 novembre 1771. Après avoir terminé ses études à Paris, chez son oncle Balthâzar Gibert, et suivi le barreau pendant quelque temps, il fut nommé par Malesherbes inspecteur de la librairie, puis appelé à la charge d’inspecteur général du domaine, et nommé enfin garde du dépôt des archives de la pairie. Ses travaux d'érudition et d’histoire lui avaient valu, en 1746, une place à l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; parmi eux, plusieurs se rapportent à l'Écriture Sainte, ' tels que : Mémoire sur le passage de la mer Rouge, in-4°, Paris, 1755 ; Dissertation sur l’histoire de Judith, in-12, Paris, 1739 ; réimprimée dans le tome xxi des Mémoires de l’Académie des Inscriptions, en 1754 ; Dissertation sur la chronologie des Machabées, 1759 (dans le tome xxv des Mémoires de l’Acad. des inscriptions) ; Sur la chronologie des rois de Juda et d’Israël, 1761 (ibid., t. xxx).

A. Régnier.

    1. GIBLÉENS ou GIBLITES##


GIBLÉENS ou GIBLITES, habitants de Gobai (Byblos), Jos., xiii, 5 (hébreu) ; III Reg., v, 18 ; (Vulgate : Ézech., xxvii, 9). Voir Gebal 1, col. 138.

    1. GIDÉROTH##


GIDÉROTH, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xv, 41, du nom de la ville appelée ailleurs Gadéroth. Voir Gadéroth, col. 32.

GID'ÔM (Septante : TeSàv ; Codex Alexandrinus, TaXaâS ; manque dans la Vulgate), localité inconnue, nommée seulement, Jud., XX, 45, comme l’endroit où les enfants d’Israël cessèrent de poursuivre les Benjamites après les avoir battus à la bataille de Gabaa. Gid'ôm venant du verbe gâda', qui signifie « couper, briser », certains commentaires pensent qu’on ne doit point traduire : « ils les poursuivirent jusqu'à Gid'ôm, » mais, « ils les poursuivirent jusqu'à ce qu’ils les eurent taillés en pièces. » Il est néanmoins plus probable que Gid'ôm est réellement un nom de lieu, et désigne un endroit situé à l’est de Gabaa (Tell el-Fûl).

    1. GIESELER Johann Karl Ludwig##


GIESELER Johann Karl Ludwig, théologien protestant, né le 3 mars 1793 à Petershagen près de Minden en Westphalie, mort à Gœttingue le 6 juillet 1854, suivit les cours de l’Université de Halle et en 1813 combattit pour l’indépendance dé son pays. La paix rétablie, il eut la direction du gymnase de Minden et, en 1819, obtint une chaire à la nouvelle Université de Bonn où il' resta jusqu’en 1831. À cette date, il passa à Gœttingue pour y donner le même enseignement. De cet auteur nous mentionnerons les deux ouvrages suivants : Historisch-kritischer Versuch âber die Enstehung und die frûhern Schicksale der schriftlichen Evangelien, in-8°, Leipzig, 1818 : l’auteur, que cet écrit rendit aussitôt célèbre, rejette l’hypothèse d’un Évangile primitif où auraient puisé les synoptiques ; Vêtus translutio latina. Jesaise libri Veteris Testamenti pseudepigruphi, édita. atque illustrala pnefalione et notis, in-4°, Gœttingue, : 1832. Son Lehrbuch der Kirchengeschichte, 6 in-8,. 1824-1857, lui a valu la réputation de grand historien..

B. Heurtebize.
    1. GIÉZI##

GIÉZI (hébreu : Gêhàzi ou Gêyhâzi ; Septante : Tuti), dont on ignore la patrie et la famille, n’est connu que comme serviteur du prophète Elisée. Il apparaît pour la première fois, lorsque Elisée promit un fils à la pieuse Sunamite, chez qui il avait trouvé une généreuse hospitalité. Voulant reconnaître les services de son hôtesse, l’homme de Dieu la fit appeler par Giézi et lui offrit son intervention à la cour du roi d’Israël. En paix avec tous, elle n’avait pas de faveur à demander. Elisée consulta son serviteur. Celui-ci, qui avait peut-être entendu la Sunamite se plaindre de sa stérilité, suggéra à son maître le désir secret de cette femme : « Elle n’a pas de fils et son mari est déjà vieux. » Elisée la fit rappeler et

lui annonça qu’elle serait mère dans un an. IV Reg., iy, 11-17. L’enfant, ainsi annoncé, grandit, fut frappé d’insolation et mourut. Sa mère, pleine de foi, recourut à nlisée. Le prophète, retiré sur le Carmel, la vit venir de loin et signala son arrivée à Giézi, qu’il envoya à sa rencontre demander ai tout allait bien à la maison. La femme de Sunam répondit évasivement au serviteur : « Tout va bien ; » mais arrivée auprès de l’homme de Dieu, elle se prosterna devant lui et lui saisit les pieds en suppliante. Giézi, jugeant cette action peu respectueuse et trop familière, voulut écarter la Sunamite. Elisée lui commanda de la laisser expliquer son chagrin. Ému de la mort de reniant, il envoya Giézi en toute hâte pour le rappeler à la vie : « Ceins tes reins, prends mon bâton dans ta main et pars. Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue point, et si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas, et mets mon bâton sur le visage de l’enfant. » Théodoret, Quæst. in IV Reg., int. xvii, t. lxxx, col. 756, a pensé qu’Elisée fit ces recommandations, parce qu’il craignait que son serviteur, orgueilleux et vaniteux, ne s’arrêtât pour dire aux passants le motif de sa course précipitée et n’empêchât par sa vaine gloire l’accomplissement du miracle ; mais rien dans le texte n’indique cette crainte. Cependant, la mère éplorée emmena le prophète avec elle. Giézi, qui les avait précédés, ne réussit pas à rappeler l’enfant à la vie. Bien qu’il eût exécuté exactement les ordres de son maître et placé son bâton sur le visage du mort, celui-ci ne reprit ni la voix, ni lé sentiment. Étonné, Giézi annonça à Elisée son insuccès. Plus heureux, le prophète ressuscita le cadavre et ordonna à son serviteur d’appeler la mère pour lui rendre son fils plein de vie. IV Reg., IV, 18-37. Voir t. ii, col. 1692. Les commentateurs n’attribuent pas l’insuccès de Giézi à ses défauts ; ils pensent généralement que Dieu voulait glorifier directement et sans intermédiaire son prophète.

Giézi eut un rôle moins beau dans l’épisode de la guérison de Naaman. Elisée avait refusé les généreuses offrandes du général syrien. IV Reg., v, 16. Moins désintéressé que son maître, le serviteur courut après Naaman qui, à sa vue, descendit de son char et vint à sa rencontre. Par un impudent mensonge, Giézi attribua à Elisée la requête qu’il adressait au riche officier : « Mon maître m’a envoyé vous dire : « Deux jeunes fils des « prophètes sont arrivés tout à l’heure de la montagne « d’Éphraïm ; donnez-leur un talent d’argent et deux vêtements de rechange. » Naaman donna deux talents et deux vêtements, qu’il fit porter par ses serviteurs. Le soir venu, Giézi serra les cadeaux dans sa maison et renvoya les porteurs. Pour dissimuler sa manœuvre et détourner les. soupçons, il se présenta à Elisée, sans être mandé. Le prophète, qui savait par révélation l’indigne conduite de son serviteur, l’interrogea : « D’où viens-tu, Giézi ? » Continuant à mentir, Giézi répondit : « Votre serviteur n’est allé nulle part. » Le prophète lui reprocha alors sévèrement ce qu’il avait fait et l’en punit : « Tu as reçu de l’argent et des habits pour acheter des plants d’oliviers, des vignes, des bœufs, des brebis, des serviteurs et des servantes. Mais aussi la lèpre de Naaman s’attachera à toi et à toute ta race pour jamais. » Giézi se retira, couvert d’une lèpre blanche comme la neige. IV Reg-, v, 20-27. Voir t. ii, col. 1693. Cette punition était méritée, car la demande de Giézi et son acceptation de présents étaient de nature à discréditer auprès des Syriens les prophètes du vrai Dien et à les faire paraître aussi cupides que les prophètes des idoles. D’ailleurs, Giézi avait abusé du nom de son maître et avait voulu le tromper. On en conclut qu’il quitta dès lors définitivement le service d’Elisée. Plus tard, si on admet que le récit biblique suit l’ordre chronologique, après la lamine de sept ans qui désola le pays, la Sunamite qui, sur le conseil d’Elisée, s’était retirée chez les Philistins, vint demander à Joram que sa maison et ses terres lui

soient rendues. Le roi conversait alors avec Giézi et se faisait raconter les merveilles opérées par Elisée. Giézi venait de rappeler la résurrection du fils de la Sunamite, lorsque les apercevant il les désigna au roi qui leur fit rendre justice. IV Reg., viii, 1-6. Toutefois, on a pensé que ce récit n’est pas à sa place et que l’épisode de la conversation de Giézi avec le roi avait précédé la guérison de Naaman et la punition de Giézi, car le roi n’aurait pas parlé avec un lépreux. Les rabbins ont jugé sévèrement Giézi et ont dit que si Elisée était saint, son serviteur ne l’était pas. Talmud de Jérusalem, Berakhoth, t, 5, trad. Schwab, 1. 1, Paris, 1881, p. 263 ; Yebaniolh, II, 4, t. vii, 1885, p. 28. Ils ont enseigné, Sanhédrin, x, 2, t. XI, 1889, p. 45, 55-57, qu’il était un des quatre particuliers, n’ayant point de part à la vie future. Il était fort instruit dans l’étude de la loi, mais il avait trois défauts : il était jaloux, de mœurs relâchées, et il ne croyait pas à la résurrection des morts. Ces reproches des rabbins ne sont fondés que sur des interprétations étranges de quelques versets bibliques. Le texte sacré ne lui attribue expressément que la cupidité des biens terrestres et le mensonge. E. Mangenot.

    1. GIGAS LIBRORUM##


GIGAS LIBRORUM, manuscrit de la Vulgate latine, ainsi nommé parce qu’il est de très grande dimension, d’un poids si considérable qu’il faut deux ou trois hommes pour le porter. On l’appelle aussi Teufelsbibel, « la Bible du diable, » parce que, d’après une légende, un moine, qui avait été condamné à mort, eut la vie sauve pour l’avoir écrit tout entier en une nuit avec l’aide du diable, dont on voit l’image, dans le volume, à la feuille 290. Une notice contenue dans le manuscrit et datée de 1295 donne ce codex comme une des sept merveilles du monde.

Description.

Les feuillets sont en parchemin

épais, de peau d’âne, à ce qu’on croit. Us ont environ m, 875 de hauteur et iii, 45 de largeur, de sorte que la largeur du livre ouvert est à peu près de iii, 90. Leur nombre est de 309, sans compter trois bandes de parchemin dont deux sont adhérentes à la couverture supérieure et la troisième est cousue à la feuille 273 qui contient la fin de l’Apocalypse. Huit feuillets manquent, parmi lesquels le premier qui contenait les six premiers chapitres de la Genèse. Le manuscrit est écrit en grandes lettres minuscules bien lisibles ; les mots sont séparés et ont quelques signes de ponctuation. Il est difficile de savoir si le manuscrit est tout entier de la même main. Les ouvrages profanes qu’il renferme avec la Bible sont d’une écriture plus petite et les lettres initiales sont de forme différente, de sorte qu’il semble que le « Géant » a été écrit au moins par deux copistes différents. Le codex est partagé en deux colonnes, dont chacune a régulièrement 106 lignes, quelques pages exceptées (287-294).

Histoire.

Le Gigas librorum est conservé aujourd’hui

à la Bibliothèque royale de Stockholm. D’après une notice écrite sur la couverture supérieure, il a appartenu au monastère bénédictin de Podlazic en Bohême, et, après avoir été mis pendant quelque temps en gage, il fut vendu en 1295 au monastère de Brevnov, près ae Prague. Il devait avoir été achevé en 1239. Le copiste fut peutêtre un Hermannus monachus inclusus, mentionné dans un calendrier qui y fut ajouté postérieurement. Après diverses péripéties, le codex était arrivé à Prague, où il devint le butin des Suédois, avec le célèbre Codex argenteus d’Upsal, le 16 (26) juillet 1648. Il est conservé à Stockholm depuis cette année 1648.

Contenu.

Tout l’Ancien Testament est reproduit

dans les 118 premiers feuillets (à part la lacune du feuillet 1) ; puis viennent les écrits de Josèphe, les Étymologies de saint Isidore de Séville, etc. Le Nouveau Testament remplit les feuillets 253-286. — L’Ancien Testament est la reproduction de notre Vulgate latine, à l’exception des Psaumes qui sont donnés d’après la ver

sion que saint Jérôme en avait faite sur l’hébreu, laquelle n’a pas été insérée dans notre édition vulgaire. Quant au Nouveau Testament, les livres qui le composent sont disposés dans un ordre particulier. En tête, les quatre Évangiles, puis les Actes des Apôtres, ensuite les Épitres catholiques et l’Apocalypse et enfin les Épitres de saint Paul, classées comme à l’ordinaire, de sorte que l’Épitre aux Hébreux clôt la collection. À la suite est placée l’Épître apocryphe de saint Paul aux Laodiciens. Les trois premiers Évangiles et l’Épître de saint Jacques sont accompagnés de leçons empruntées aux versions antérieures à saint Jérôme. La traduction des Actes n’est pas celle que nous lisons dans notre Vulgate latine, mais une traduction préhiéronymienne. Il en est de même de l’Apocalypse. M. Jean Belsheim a publié ces deux derniers livres, à cause de leur importance pour l’étude des anciennes versions latines : Die Apostelgeschichte und die Offenbarung Johannis in einer alten lateinischer Uebersetzung aus dern Gigas Librorum zum ersten Mal herausgegeben, in-8°, Christiania, 1879. La description et l’histoire du Gïgas librorum se trouvent, ibid., p. iii-xix. F. Vigouroux.

    1. GIHON##

GIHON (hébreu : gifiôn, de gîaJi, « jaillir ; » Septante : Ticiv, Teiûv ; Vulgate : Gihon), source située à l’est de Jérusalem, sur les pentes de la colline d’Opliel. Cette source porte le même nom hébreu que le Géhon, fleuve du paradis terrestre.

1° Il est question de cette fontaine pour la première fois au temps de David. Quand Adonias tenta de se faire proclamer roi, il assembla ses partisans auprès de la fontaine de Rogel, située à la jonction des vallées de Géennom et du Cédron, au sud-est de la ville. Pendant ce temps, sur l’avis de Nathan, David fit conduire Salomon à Gihon, où Sadoc lui donna l’onction royale. Tous poussèrent ensuite le cri de : « Vive le roi Salomon ! » qui retentit jusqu’à Rogel où Adonias terminait le festin qu’il avait offert à ses amis. Ainsi furent déjoués les projets du prétendant. III Reg., i, 33, 38, 45. Josèphe, Ant. jud., VII, xiv, 5, note que la fontaine de Gihon était’éiia T7jç rcôXewç, « hors de la ville. » Elle en était assez voisine pour que la cérémonie du sacre pût s’accomplir rapidement et que Salomon remontât à Jérusalem pendant le festin d’Adonias.

2° À l’approche de l’armée de Sennachérib, Ézéchias fit boucher toutes les sources des alentours de Jérusalem, pour que l’ennemi ne trouvât d’eau nulle part. II Par., xxxii, 4. Mais afin d’assurer aux habitants de la ville l’eau qui leur était nécessaire, « il obstrua la source supérienre des eaux de Gihon et fit passer les eaux pardessous à l’occident de la cité de David. » II Par., xxxii, 30. L’Ecclésiastique, xlviii, 19, parle aussi de l’eau qu’Ezéchias amena dans l’enceinte de la ville en creusant le rocher avec le fer. Ces passages se rapportent à l’aqueduc que le roi fit creuser par-dessous la colline d’Ophel, pour amener les eaux de la fontaine de Gihon, qui était en dehors des murailles, jusque dans la piscine de Siloé, ménagée à l’intérieur de l’enceinte. Voir Aqueduc, t. i, col. 804-807. Cf. II Esdr., ii, 14. Comme par la suite c’est à Siloé qu’aboutirent les eaux de Gihon, on s’explique qu’en chaldéen gil}ôn ait été traduit par Hlôaf.1. Voir Siloé.

3° À son retour de Babylone, Manassé fit travailler en dehors de la ville de David, à l’occident de Gihon, dans la vallée, au mur qui va jusqu’à la porte des Poissons, et il poursuivit l’enceinte jusqu’à Ophel. II Par., xxxiii, 14. Le travail en question s’exécuta autour de la colline d’Ophel, entre la ville et Gihon, terme qui désigne ici soit la fontaine elle-même x ouverte à nouveau après l’éloignement des Assyriens, soit la vallée à laquelle la source donnait son nom. Cf. V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 15, 40.

4° Les opinions ont été longtemps très diverses sur

la situation de la fontaine de Gihon. De Saulcy, Barclay, etc., l’ont placée au nord de la porte de Damas ; Robinson, Thomson, Tobler, etc., près du Birket Mamilla. On identifie aujourd’hui plus communément la source de Gihon avec la Fontaine de la Vierge, ’Aïn Sitti Mariant, ou’Aïn Umm edr-Déredj, e. Fontaine de la Mère de l’Escalier » (fig. 49). C’est la seule source d’eau vive qui existe à Jérusalem. Tacile, Hist., v, 12, fait mention de cette unique « source d’eau perpétuelle », dans sa description de la Ville sainte. C’est pourquoi il importait tant d’en assurer la jouissance aux habitants en prévision du siège. H n’y a pas de source au nord de la porte de Damas, et le Birket Mamïlla n’est qu’un réservoir alimenté par des sources lointaines, dont les

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49. — Fontaine de la Vierge. D’après une photographie.

aqueducs pouvaient toujours être coupés par les assiégeants. — La Fontaine de la Vierge « est placée au fond d’une excavation taillée dans le rocher, où l’on descend par un escalier de trente marches, divisé en deux (16 + 14) par une chambre voûtée en ogive, d’un peu plus de trois mètres de large sur autant de hauteur. La grotte inférieure est à environ huit mètres de profondeur : l’eau sort dans un bassin d’environ cinq mètres de long sur deux mètres de large et à peu près autant de profondeur, et elle disparait dans un canal souterrain qui la conduit à la fontaine Siloé ». Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, Paris, 1890, p. 318. Ce canal n’est autre que l’aqueduc d’Ézéchias. Josèphe, Bell, jud., V, iv, 1, dit que l’eau de Siloé est « douce et abondante ». Celle de la Fontaine de la Vierge est aujourd’hui légère* ment saumâtre. Il est très probable que la Fontaine de la Vierge reçoit ses eaux de l’esplanade du Temple. Elle est sujette à des intermittences caractéristiques. Une ou deux fois par jour, mais plus rarement en été, le niveau s’élève subitement. Ce phénomène doit s’expliquer par l’effet d’un siphon naturel sur le parcours des eaux. Il

est peu probable qu’on doive identifier cette fontaine avec celle du Dragon, mentionnée II Esdr., ii, 13. Voir Dragon (Fontaine du), t. ii, col. 1503. Le nom de Fontaine de la Vierge a été donné à Gihon par suite d’une croyance légendaire qui est sans fondement historique.

— Voir Socïn, Palâstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. 101 ; Liévin, Guide de Terre Sainte, Jérusalem, 1887, 1. 1, p. 381 ; Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. i, p. 379. HLesètre.

    1. GILBERT de Holland ou de Hoylandiâ##


1. GILBERT de Holland ou de Hoylandiâ, né dans le district de Holland, comté de Lincoln, en Angleterre, vécut dans le xiie siècle. Il embrassa la règle cistercienne et en 1163 fut élu abbé de Swinshed. Il fit fleurir l’étude des saintes lettres dans son monaslère et, sur l’ordre de ses supérieurs entreprit d’achever l’exposition commencée par saint Bernard sur le Cantique des Cantiques. Il mourut en 1172 au monastère de Larivour au diocèse de Troyes, d’après la chronique de Clairvaux. Saint Bernard avait laissé son commentaire au premier verset du troisième chapitre. Gilbert le continua à partir de ce verset et commenta dans quarante-huit sermons les troisième et quatrième chapitres et les neuf premiers versets du cinquième. Mabillon a publié le Commentaire de Gilbert dans son édition de saint Bernard, t. n (1690), p. 1, et Migne l’a reproduit dans le t. clxxxiv, col. 11, de la Patrologie latine. À tort ont été attribués à Gilbert de Holland d’autres commentaires d’ailleurs inédits, sur le psautier, sur les épîtres de saint Paul et sur l’Apocalypse. — Voir Visch, Biblioth. Scriptorum Ord. Cisterciensïs (1656), p. 126 ; D. François, Biblioth. générale des écrivains de l’ordre de S. Benoit, t. ii, p. 394 ; Fabricius, Biblioth. latina médise setalis (1858), t. ii, p. 57.

B. Heurtebize.
    1. GILBERT Foliothj chanoine régulier anglais##


2. GILBERT Foliothj chanoine régulier anglais, puis bénédictin, fut en 1139 choisi pour abbé de Glocester. Il devint ensuite évêque d’Hereford, puis en 1163 évêque de Londres. Sur ce siège il se montra l’adversaire de saint Thomas Becket dans ses démêlés avec Henri II, roi d’Angleterre. Il mourut le 18 février 1188. Il a laissé une Expositio Cantici canticorum publiée à Londres, in-4°, 1638, et reproduite dans la Patrologie latine, t. en, col. 1146. — Voir Histoire littér. de la France, t. xiii, p. 372 ; Fabricius, Biblioth. latina medim mtatis (1858), t. ii, p. 54 ; Patrol, latine, t. exc, col. 739 ; t. en,

col. 1146.
B. Heurtebize.
    1. GILL John##


GILL John, théologien anabaptiste anglais, né à Kettering le 23 novembre 1697, mort à Londres le 14 octobre 1771. D’une famille pauvre, il réussit sans aucune ressource à acquérir une sérieuse connaissance de la théologie et des langues orientales. Il remplit les fonctions de prédicateur à Higham-Ferrars, puis à Londres. Parmi ses nombreux écrits qui presque tous sont des ouvrages de controverse nous remarquons : An exposition of the Book of Salomon’s Song, commonly called "Canticles, in-f », Londres, 1728 (contre le D r Whiston qui affirmait que le Cantique des Cantiques était un livre apocryphe) ; The Prophecies of Old Testament respecting the Messiah, considered and proved to be literally fulfilled in Jésus, in-f", Londres, 1728 ; Dissertation concerning the antiquities of the Hebrew Language, in-8°, Londres, 1767 ; An exposition of the Old and New Testament, 9 in-4°, Londres, 1809-1810. Ce dernier ouvrage est un recueil des divers écrits de John Gill sur les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.

B. Heurtebize.

GILO (hébreu : Gilôh ; Septante : r^Xûii ; Codex Alexandrinus, rn|X<ov, Jos., xv, 51 ; TuXi, II Reg., xv, 12), ville de la tribu de Juda, Jos., xv, 51, et patrie d’Achitophel. II Reg., xv, 12. Elle fait partie du premier groupe des cités de la montagne, dans lequel on trouve : Jéther (aujourd’hui Khirbet’Attir), Socoth (Khirbet

Schuéikéh), Anab (’Andb), Istémo (Es-Semu’a), etc., formant un district situé vers le sud-ouest d’Hébron. On ne rencontre dans ce rayon aucun nom pouvant rappeler Gilo. Il existe plus haut, au nord d’El-Khalil, une localité qui, au point de vue onomastique, représente bien l’antique cité biblique ; c’est Khirbet Djâld. Il y a, en effet, entre l’arabe Mla », Djâld, et l’hébreu rfti, Gilôh,

correspondance parfaite. Les explorateurs anglais admettent cette identification, du moins comme probable. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 313 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 73. Ce qui nous empêche d’adhérer à ce sentiment, c’est l’éloignement du groupe auquel appartient Gilo. Khirbet Djâld rentre plutôt dans le quatrième groupe de la montagne, avec Halhul (ffalhûl), Gedor (Khirbet Djedûr), etc. Cf. Jos., xv, 58, 59. Josué, dans ses énumérations, suit un ordre si exact, que nous hésitons à y voir ici une dérogation. À plus forte raison* est-il difficile, malgré le même rapprochement onomastique, de chercher la patrie d’Achitophel à Beit Djâld, gros bourg situé prés de Bethléhem. Telle est cependant l’opinion de R. J. Schwarz, Dos heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 76, dont la conjecture parait vraisemblable à T. Tobler, Topographie von Jérusalem und seinen Vmgebungen, Berlin, 1854, t. ii, p. 413, et à V. Guérin, Judée, t. i, p. 118. — Gilo était la patrie d’Achitophel, conseiller de David. II Reg., xv, 12 ; xxiii, 34. Ce confident du roi, devenu plus tard un traître, devait avoir là sa résidence habituelle. Il s’y trouvait du moins au moment de la révolte d’Absalom. II Reg., xv, 12. C’est là qu’il vint se pendre de désespoir et fut enseveli dans le tombeau de son père. II Reg., xvii, 23. Voir Achitophel, 1. 1, col. 146.

A. Legendre.
    1. GILONITE##

GILONITE (hébreu : hag-Gilôni, avec l’article ; Septante : Codex Vaticanus, ©exuvef ; Codex Alexandrinus, riXuvaîoç, II Reg., XV, 12 ; TeiXwviTo ;, Il Reg., xxiii, 34), natif de Gilo ; nom appliqué seulement à

Achitophel. Voir Gilo.
A. Legendre.
    1. GILPIN Guillaume##


GILPIN Guillaume, théologien anglican, né à Carlisle en 1724, mort à Boldre le 5 avril 1804. Il étudia à l’Université d’Oxford et entra dans les ordres. Après avoir été quelque temps vicaire, il établit une école à Cheam, près de Londres, et devint ensuite curé de Boldrè dans le Hampshire. Parmi ses écrits, nous devons mentionner : Exposition of the New Testament, in-4°, Londres,

1790 ; 2 in-8°, Londres, 181t.
B. Heurtebize.
    1. GIMAREY Louis Philibert##


GIMAREY Louis Philibert, ecclésiastique français, né à Romanèche (Saône-et-Loire), le 6 juin 1808, mort à Dracy-le-Fort le 24 mars 1861. Après avoir suivi les cours de philosophie et de théologie au grand séminaire d’Autun (1827-1829), il professa successivement la septième (1832) et la troisième (1833) au petit séminaire de cette ville. Entré à Saint-Sulpice et son noviciat à la Solitude d’Issy terminé (1836-1837), il fut envoyé au séminaire d’Avignon en 1838. En 1846, il rentra dans le diocèse d’Autun, fut curé de Saint-Jean-desVignes en 1847, aumônier du collège d’Autun en 1854 et, en 1857, curé de Dracy-le-Fort, où il mourut à l’âge de 53 ans. On a de lui : Nouveau commentaire littéral, critique et théologique, avec rapport aux textes primitifs, sur tous les livres des divines Écritures, par M. le docteur J. F. d’Allioli ; traduit de l’allemand en français sur la 6e édition, traduction revue et approuvée par l’auteur, avec le texte latin et la version française en regard, 10 in-8°, Paris, 1854 ; plusieurs éditions ; le traducteur a ajouté au travail d’Allioli de nombreuses notes qui en ont fait un commentaire nouveau (voir Allioli, t. i, col. 389) ; Théâtre des événements racontés dans les

divines Écritures, ou l’ancien et le nouvel Orient étudiés au point de vue de la Bible et de l’Eglise, par M. le docteur L. C. Gratz, vicaire général d’Augsbourg, traduit de l’allemand, 2 in-8°, Paris, 1869 ; nouvelle édition abrégée, revue et corrigée par l’abbé Crampon, in-8°, Paris, 1884 ; Explication ges Épîtres et Évangiles des dimanches, des principales fêtes et des fériés de toute l’année selon le rit romain, où l’on expose le sens littéral du texte sacré, 2 in-12, Paris, 1857.

— Voir L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, 3 in-8°, Bordeaux, 1900, t. iii, p. 300-302. O. Rey.

    1. GINETH##

GINETH (hébreu : Gînap ; Septante : ToiviS), père d’un certain Tebni, qui, après la mort de Zambri, roi d’Israël, disputa le trône à Amri. III Reg., xvi, 21, 22.

    1. GIRAFE##


GIRAFE. Voir Cahêléopard, t. ii, p. 91.

    1. GITANE (VERSION) DE LA BIBLE##


GITANE (VERSION) DE LA BIBLE. Les Gitanes (en espagnol Gitanos) sont connus sous des noms divers : Bohémiens, en France ; Gypsies (d’É-jrj/pt-ien, parce qu’on les a supposés originaires d’Egypte d’où ils auraient été exilés pour avoir refusé l’hospitalité à la sainte Vierge et à l’enfant Jésus, G. Barrow, The Zincali, 1888, p. 90), en Angleterre ; Zigeuner, d’où nous avons fait Tsiganes, en Allemagne ; Zingari, en Italie ; Heidenen (<t païens » ), en Hollande ; Tarlares, en Suède et en Norvège, etc. ; ils s’appellent eux-mêmes Boni, « homme, mari. » Voir D. Mac Richtie, Accounts of the Gypsies of India, in-16, Londres, 1886, p. 61-112 ; C. Améro Bohémiens, Tsiganes et Gypsies, in-12, Paris (1895), p. 139-140. Ils errent par bandes en Asie, dans quelques parties de l’Afrique et dans toute l’Europe, sans histoire, sans traditions, et parlant néanmoins partout une même langue, formant, plus encore que les Juifs, un peuple séparé et distinct au milieu des autres nations. Ils sont redoutés à cause de leurs vols et se donnent comme sorciers. Voir V. S. Morwood, Our Gipsies, in-8°, Londres, 1895, p. 296-320 ; Ch. G. Leland, Gypsy Sorcery and Fortune Telling, in-4°, Londres, 1891 ; H. von Wlislocki, Zauberund Besprechungs-Formel der Zigeuner, in-8°, Budapest, 1888 ; Id., Volksglaube und religiôser Brauchder Zigeuner, in-8, Munster i. W., 1891, Id., Aus dem inneren Leben der Zigeuner, in-8°, Berlin, 1892. Leur langue, qu’ils appellent rommany, se rattache étroitement au sanscrit. Fr. Mayo, Los Gitanos, in-16, Madrid, 1869, p. 43, etc. Ils sont donc originaires de l’Inde et appartiennent à la classe des Parias. Ils paraissent avoir émigré de leur pays d’origine au commencement du XVe siècle, lors de l’invasion de Tamerlan. On les signale pour la première fois en France en 1427, P. Bataillard, Les débuts de l’immigration des Tsiganes, in-8°, Paris, 1890, p. 11, et en 1447 en Espagne, où ils sont encore aujourd’hui au nombre d’une quarantaine de mille. Nous en avons Vu particulièrement à Grenade, où plusieurs vivent dans des cavernes creusées dans la montagne dé l’Albaycin en face de l’Alhambra, comme des Troglodytes. Quelques-uns d’entre eux sont catholiques.

— Un protestant anglais, G. Borrow, a traduit le Nouveau Testament en rommany ; il a publié à Madrid en 1837 la version de l’Évangile de saint Luc. Embéoe majarô Lucas. El Evangélio segun S. Lucas traduc. al romani 6 dialecto de los Gitanos de Espana, Londres (Madrid). C’est le premier ouvrage qui ait jamais été imprimé en cette langue. Le traducteur a refait plus tard son œuvre et elle a été réimprimée en 1872. — Voir H. M. W. Grellmann, Historische Versuch ûber die Zigeuner, 2e édit., Gœttingue, 1787 (traduction française par J., Histoire des Bohémiens, in-8°, Paris, 1810) ; G. Borrow, The Zincali or An Account of the Gypsies of Spain, 4e édit., in-16, Londres, 1888 ; P. Th. Bataillard, De l’apparition et de la dispersion des Bohémiens en Europe, dans le t. v, p ! 438-475 ; 521-539, de la Bibliothèque de l’École des

Chartes, 1844 ; Id., Nouvelles recherches sur l’apparition et la dispersion des Bohémiens en Europe, ibid., 1849, 3e série, t. i, p. 14-55, etc. ; A. F. Pott, Die Zigeuner in Europa und Asien, 2 in-8°, Halle, 184H845, t. ii, p. 464-476, 499-521 ; Walter Simson, À Hislory of the Gypsies, in-12, New-York, 1866 ; Sam. Roberts, Historg of the Gipsies, 5e édit., in-8°, Londres, 1842 ; Ad. Colocci, Gli Zingari, in-8°, Turin, 1889 (bibliographie, p. 330356) ; [S. Bagster, ] Bible of every Land, in-4°, Londres, 1860, p. 130-132 ; G. Barrow, The Bible in Spain, 2e édit., 3 in-12, Londres, 1843, t. i, p. 151 sq. ; t. ii, p. 379 ; t. iii, p. 233-237 ; Verzeichniss der Werken und Aufsâtzen welche in altérer und neuerer Zeit ûber die Geschichte und Sprache der Zigeuner verôffentlicht werden sind, in-8°, Leipzig, 1886. F. Vigouroux.

GITH (hébreu : qésafr ; Septante : jiixpbv |A£Xiv9eov), nom latin de la nigelle ou nielle cultivée, appelée aussi cumin noir, qu’il ne faut pas confondre avec la nielle des blés ou fausse nielle, plante commune dans les blés et très différente du gith.

I. Description. —Le Nigella sativa Linné (fig.50) est

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50. — Nigella sativa.

une herbe annuelle qui croît dans les champs d’Egypte, , de Syrie et d’Asie Mineure, mais il est difficile de savoir si elle y est vraiment spontanée ou seulement sortie des cultures où on la propage de temps immémorial pour sa graine usitée en épice. La plante appartient à la tribu des Helléborées, parmi les Renonculacées ; les feuilles sont deux ou trois fois divisées en lanières fines et divergentes ; les fleurs toutes terminales ont des sépales bleuâtres atténués en court onglet comme les pétales dont le limbe est bilabié avec une fossette nectarifère à la base. Les carpelles au nombre de 5 à 7 sont soudés jusqu’à leur sommet en une sorte de capsule ovoïde, verruqueuse sur le dos et rostrée au sommet par le pro

longement des styles. Les graines y naissent nombreuses, trigones, rugueuses-tuberculeuses à la surface, et c’est l’odeur aromatique dont elles sont douées qui les fait rechercher comme condiment. F. Hy.

IL Exégèse. — Le qésah, chaldéen qesah, qisha’, est, dit R. Salomon, « une graine semblable au cumin, sauf qu’elle est noire, d’où son nom de Nigella et en grec melanthium. » J.’Buxtorf, Lexicon chaldaicum. édit. Fischer, in-8°, Leipzig, p. 1042. Plusieurs rabbins traduisent même par le nom moderne hébraïsé Nb » J ou A » :. I. Lôw, Aramâische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 366. « La nielle (gith), selon Pline, H. N., xx, 71, est appelée par les Grecs tantôt melanthion, tantôt melanspermon. La meilleure est celle qui a l’odeur la plus pénétrante et qui est la plus noire. » C’est la plante très connue des Arabes sous le nom de Sûnîz. Cf. Celsius, Hierobotanicon, in-12, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 70-71. Il n’y a donc pas de difficulté pour l’identification. Les anciens et en particulier les Orientaux s’en servaient comme condiment ; on mêlait la graine à la pâte et au pain pour lui donner de la saveur. Dioscoride, m, 83. C’est un assaisonnement très agréable pour le pain, dit Pline, H. N., xix, 52. Les rabbins tiennent le même langage. Celsius, Hierobotanicon, p. 72 ; Buxtorf, loc. cit. C’est pour cela que la plante est de nos jours cultivée eh Egypte ; elle devait l’être autrefois, car on a retrouvé des graines dans les sépultures. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., 1892, p. 120.

La nielle ou gith est associée au cumin dans un passage d’Isaïe, xxviii, 24-27, où, par une image tirée de l’agriculture, le prophète veut montrer la sagesse de la Providence divine.

Celui qui laboure pour semer laboure-t-il toujours ? Ouvre-t-il et brise-t-il toujours le sol ? N’est-ce pas après en avoir égalisé la surface Qu’il répand la nielle et sème le. cumin ?

Son Dieu lui enseigne la marche à suivre

Et lui donne ses instructions,

Car on ne foule point la nielle avec Je traîneau,

Et sur le cumin on ne passe pas la roue du chariot ;

Mais on frappe la nielle avec le bâton,

Et le cumin avec le fléau.

La graine de la Nigella sativa ou nielle ne serait pas assez dure pour résister au poids de la roue. Comme pour le cumin, on se servait du bâton ou fléau : c’est ainsi qu’on procède encore en Palestine. H. B. Tristram, The natural History of the Bible, 8e édit., Londres, 1889, p. 444. E. Levesque.

    1. GITTITH##

GITTITH (hébreu : giffîf, littéralement « la géthéenne » ). Ce mot qui se lit au titre des psaumes viii, lxxxi (hébr.) et lxxxiv (hébr.), a été rendu par les Septante, Aquila et Symmaque : ûitàp xûv Xtjvwv, « sur les pressoirs, » Vulgate : pro torcularibus, comme si les psaumes qui portent cette indication étaient des sortes d’èiuiX^via ou chants destinés aux réjouissances qui accompagnent les vendanges. Ceux qui adoptent cette traduction des versions grecques s’appuient sur les textes qui font allusion à ces fêtes : Jud., IX, 27 ; Is., xvi, 8-10 ; Jer., xlviii, 33. Mais le texte des Psaumes cités ne s’applique pas aisément à cette circonstance. Au surplus, la traduction Xtjvûv est fondée, comme l’a observé Calmet, Comment, sur les Psaumes, Ps. vui, sur une lecture fautive : gitfôt, pluriel de gat, « pressoir. » Voir M. Polus, Synopsis criticorum, Francfort, 1694, t. ii, p. 535, 58. Le Targum chaldéen fournit un autre sens, dans cette paraphrase : ’aUkinnôrâ d-aytê miggat, Ps. viii ; ’al kinndrd d-âytyâ min gat, Ps. uxxxi, ou d-aytyd miggat, Ps. lxxxiv, « sur la harpe rapportée de Geth. » Théodotion a de même : iitèp tîje TETfltTtSoç. De nombreux interprètes ont adopté cette signification, et fait de ce mot l’indication soit d’un instrument, soit d’un chant

à la mode de Geth. Pour en attribuer l’introduction à David, on se fonde sur la circonstance de son séjour à Geth. I Reg., xxvil, 2 ; xxix, 3. Mais que David ait rapporté du pays des Philistins un instrument de musique ou un air, connu depuis sous le nom de gittU, ce n’est qu’une supposition, acceptée au défaut d’une explication meilleure. — À ces deux interprétations traditionnelles, Calmet en substitue une nouvelle, plus ingénieuse, mais moins probable. Selon lui, giffif désignerait « le chœur des chanteuses géthéennes ». Comment., Ps. viii. Si David eut à son service des soldats de Geth, I Reg., xv, 18, on ne peut pas toutefois en conclure qu’il ait recruté de la même manière une troupe de chanteuses de ce pays. De plus, ces chanteuses n’auraient pas exécuté les Psaumes, les femmes n’étant pas admises à figurer dans les cérémonies du culte. Voir Chantres du Temple, t. ii, col. 557. — En dehors de ces interprétations, on peut faire une autre hypothèse : on peut rattacher giftit à la racine jjj, nâgan, qui désigne le jeu des instruments à cordes, l’action de toucher les cordes avec la main. "Voir Harpe. Ce mot, à terminaison féminine, formé par inversion et assimilation de consonnes, aurait ainsi une signification analogue à celle de negînâh, « attouchement des cordes : » bv-neginôf, Ps. rv ; ’al-negînôt, Ps. vi ; et l’expression’al-haggiftit pourrait se traduire de la même manière : « avec accompagnement d’instruments à cordes. » J. Parisot.

    1. GIUSTINIANI Agostino##


1. GIUSTINIANI Agostino, prélat italien, orientaliste, né à Gênes en 1470, mort dans un naufrage en 1536, avait fait profession sous la règle de saint Dominique au couvent de Saint-Apollinaire de-Pavie. Il se livra surtout à l’étude des langues orientales et après avoir enseigné dans les maisons de son ordre obtint de consacrer tous ses soins à la préparation d’une Bible polyglotte. En 1514, il fut nommé par Léon X évêque de Nebbio en Corse. Sur l’invitation de François I er, il vint en France où lui fut confiée la chaire d’hébreu à l’Université de Paris. Il parcourut la Belgique et l’Angleterre et après une absence de cinq années revint dans son diocèse. Il périt dans un naufrage entre Gênes et l’Ile de Corse. Voici ses principaux ouvrages : Liber Job nuper hebraicse veritati restitutus cum duplici versione latina, in^°, Paris, 1516 : le texte est accompagné de la Vulgate et d’une traduction de Giustiniani ; Psalterium hebrmum, grxcum, arabicum et chaldaicum cum tribus interpretationibus et glossis, in-f°, Gênes, 1516. Cet ouvrage, disposé sur huit colonnes, contient : 1° le texte hébreu ; 2° la traduction de celui-ci par Giustiniani ; 3° la Vulgate ; 4° les Septante ; 5° une version arabe ; 6° une paraphrase chaldaïque ; 7° la traduction de cette paraphrase et 8° des scholies. Les sommes énormes exigées pour une telle publication ne permirent pas à l’auteur d’éditer ainsi tous les livres de l’Écriture Sainte. — Voir Échard, Scriptores ord. Prsedicatorum, t. ii, p. 96 ; Ughelli, Italia sacra, t. IV (1719), col. 1013.

B. Heurtebize.
    1. GIUSTINIANI Benoit##


2. GIUSTINIANI Benoit, jésuite italien, né à Gênes vers 1550, mort à Rome le 19 décembre 1622. Entré au noviciat à Rome, il enseigna la rhétorique au collège Romain, la théologie à Toulouse, Messine et Rome, fut plus de vingt ans recteur des pénitenciers du Vatican et théologien du cardinal Cajetan pendant sa légation en Pologne. In omnes B. Pauli Apostoli Epistolas explanationes, 2 in-f°, Lyon, 1612-1613 ; In omnes catholicas Epistolas explanationes, in-P, Lyon, 1621.

C. SOMMERVOGEL.

    1. GIUSTINIANI Fabiano##


3. GIUSTINIANI Fabiano, théologien italien, né en 1578 à Lerma, dans le diocèse de Gênes, mort à Ajaccio le 3 janvier 1627, était entré dès 1597 dans la congrégation de l’Oratoire fondée par saint Philippe de Néri. Ses supérieurs lui confièrent la charge de bibliothécairede Sainte-Marie de Vallicella. En 1616 il fut nommé

évêque d’Ajaccio. On a de cet auteur : Elenchus auctorwtn, qui in S. JB16lia etiam in versicutos data opéra scripserunt, in-f°, Rome, 1612 ; Index universalis materiarum Biblicarum, in-f°, Home, 1612, ouvrages remplis d’erreurs bibliographiques ; Commentarius de S. Scrvptura ejusque interpretibus, in-8° Rome, 1614 ; Tobias explahationibus historicis et documentis moralïbus iilustratus, in-f°, Rome, 1620. — Voir Ughelli, Italia sacra, t. iii, col. 499 ; Hurter^ Nomenclator literarius (2° édit.), t. i, col. 320. B. Heurtebee.

    1. GIVRE##

GIVRE (hébreu : kefôr ; Septante : xô^vv ;  ; Vulgate : pruina), légère couche de glace résultant de la congélation de la rosée, quand la température nocturne s’abaisse à 1° ou 2° au dessous de zéro. Le givre, appelé aussi gelée blanche, se dépose alors à la surface des objets peu Conducteurs de la chaleur et forme sur les branches des arbres de fines cristallisations arborescentes. — 1° L’auteur de l’Ecclésiastique, xliii, 21, fait allusion aux apparences du givre quand il dit :

(Dieu) répand le givre sur le sol comme du sel,

Et quand il gèle U y a comme des pointes de chardons.

Au Psaume cxlvii, 16, la comparaison est différente :

E répand le givre comme la cendre.

Au lieu de givre, kefôr, les versions mentionnent ici la vapeur, le brouillard qui s’étend à la surface du sol, éu.fy>.71, nebula. La comparaison avec la cendre devient alors difficile à justifier. Dans la Sagesse, v, 15, l’espérance de l’impie est assimilée au givre, iri-/vri, qu’emporte la rafale. La Vulgate, qui a suivi la leçon S.%vt), « efflorescence, » de quelques manuscrits grecs, traduit par spuma gracilis, « légère écume. » Dans un autre passage, Sap., xvi, 29, l’espérance du méchant est encore comparée au givre qui fond aisément à la première chaleur. La manne du désert, que l’auteur de l’Exode, xvi, 14, appelle une espèce de kefôr, est représentée par la Sagesse, xvi, 22 ; xix, 20, comme ayant les apparences du givre. La nature du givre justifie toutes ces comparaisons employées par la Sainte Écriture. Répandu sur le sol en couche légère, il y ressemble au sel, à la manne, à la cendre blanchâtre, tandis qu’il se suspend sur les branches des arbres et des arbustes en efflorescences qui hérissent leurs pointes comme celles des chardons. Seulement les auteurs sacrés, pour lesquels le spectacle du givre était relativement rare, empruntent leurs termes de comparaison à des objets plus familiers, qui seraient dans nos climats la chose comparée plutôt que celle à laquelle on compare. — 2° Le givre, comme toutes les merveilles de la nature, a Dieu pour auteur : « Qui donc enfante le givre, » si ce n’est lui ? Job, xxxviii, 29. — Dans Daniel, vi. 68, la rosée et le givre, deux formes du même phénomène, sont invités ensemble à bénir le Seigneur.

H. Lesêtre.
    1. GLACE##

GLACE (hébreu : gérai} ; Septante : ici-roc toiyet<Sç,

  • pû<rca>.Xoç : Vulgate : glacies, gelu, pruina ; deux antres

mots hébreux, gdbU et’élgabvs, désignant la glace, ne sont employés qu’avec le sens de grêle ou de cristal ; voir Cristal, t. ii, col. 1119, et Grêle), eau solidifiée, par suite de l’abaissement de là température au-dessous de zéro. Voir Gelée. — 1° L’auteur de l’Ecclésiastique, xliii, 22, décrit ainsi le phénomène de la formation de la glace : « Le vent froid du nord se met à souffler et l’eau se congèle en glace ; il fait cesser tout rassemblement des eaux, et l’eau se revêt comme d’une cuirasse. » C’est Dieu qui produit la glace. Job, xxxvii, 10 ; xxxviii, 29. Aussi la glace est-elle nommée parmi les créatures invitées à bénir le Seigneur. Dan., iii, 70 ; Ps. cxlviii, 8. — 2° La chaleur du soleil fait fondre la glace : ainsi disparaissent les péchés que Dieu pardonne, Eccli., iii, 17, et l’espé rance de l’ingrat. Sap., xvi, 29. Après le dégel, les glaçons troublent l’eau du torrent qui les entraîne. Job,

vi, 16.
H. Lesêtre.
    1. GLAIRE Jean-Baptiste##


GLAIRE Jean-Baptiste, ecclésiastique et orientaliste français, né à Bordeaux le 1 er avril 1798, mort à Issy (Seine), le 25 février 1879. Ses premières études terminées dans sa ville natale, il suivit, à Paris, le cours de théologie de Saint-Sulpice et, en même temps, ceux des langues orientales que professaient Sylvestre de Sacy et Eugène Burnouf. Ordonné prêtre en 1822, il enseigna, cette année même, l’hébreu au séminaire de Saint-Sulpice jusqu’en 1831. Il fut alors promu, à la Sorbonne, titulaire de la chaire d’hébreu vacante par le décès de Chaunac de Lanzac, dont l’abbé Glaire était le suppléant depuis 1825. Il devint, en 1841, doyen de la faculté de théologie et conserva ces fonctions jusqu’en 1851. Il passa à’Issy ses dernières années dans la retraite. Parmi ses nombreux travaux, mentionnons : Lexicon manuale hebraicum et chaldaicurri, in-8°, Paris, 1830, dont le fonds est tiré du Lexicon de Gesenius ; Principes de grammaire hébraïque et chaldaïque, in-8°, Paris, 1832 et 1843 ; La Sainte Bible en latin et en français, 3 in-4°, Paris, 1834 ; Torah Mosché, le Pentateuque, avec traduction et notes, 2 in-8°, Paris, 1835-1837 ; Introduction historique et critique aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, 6 in-12, Paris, 1836 ; plusieurs éditions ; Les Livres Saints vengés ou la vérité historique et divine de l’Ancien et du Nouveau Testament, 2 in-8°, Paris, 1845 ; Abrégé d’introduction aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, 2 in-8 1°, Paris, 1846 ; plusieurs éditions ; Manuel de l’hébraïsant, in-12, Paris, 1850 ; Principes de grammaire arabe, in-8°, Paris, 1861 ; La Sainte Bible selon la Vulgate, 4 in-18, Paris, 1871-1873 ; récentes éditions, dont la 3e avec introductions, notes et appendices par F. Vigoureux, 4 in-8 1°, Paris, 1889-1890. O. Rey.

    1. GLAIVE##


GLAIVE. Voir Épée, t. ii, col. 1824.

    1. GLANAGE##


GLANAGE, action de recueillir dans un Champ les épis abandonnés ou négligés par les moissonneurs(fig.51). On le permet dans nos lois modernes, mais seulement aux indigents incapables de travailler et encore dans cer 51. — Glaneuses en Palestine.

D’après une photographie de M. L. Heîdet.

taines conditions. Cette’législation de charité qui s’est perpétuée dans le christianisme est un héritage de la loi de Moïse. Mais à côté du motif d’humanité il y en avait un autre, celui de rappeler aux enfants d’Israël l’escla

vage d’Egypte (Qg. 52). Deut., xxiv, 22. La loi juive permettait le glanage au pauvre et à l'étranger, à la veuve et à l’orphelin. Lev., xix, 9 ; xxiii, 22 ; Deut., xxiv, 19. On y prescrit même au maître de ne pas ramasser les épis restés après la moisson. Aussi Ruth peut sans être inquiétée par les serviteurs de Booz glaner dans son champ. Ruth, ii, 7. Loin de la repousser, le parent de Noémi recommande aux siens de laisser à dessein tomber les épis, tandis qu’ils faisaient des gerbes. Ruth, H, 15, 16. La glane s’appelait léqét. Lév., xix, 9 ; xxiii,

- Glaneuses égyptiennes. D’après une peinture du Musée du Louvre.

22. « Qu’appelle-t-on léqét ? » dit le Talmud de Jérusalem, tr. Pea, 7, traduction française par M. Schwab, t. ii, Paris, 1878, p. 63, on répond : « Ce qu’on laisse tomber de la main, au moment de la moisson. » On traite ensuite longuement, p. 63-73 et p. 84 et 106, des conditions où il y a léqét, « glane » légitime. En prédisant la ruine d’Israël, Isaïe, xvii, 5, compare le petit nombre qui sera épargné aux javelles ou épis oubliés par le moissonneur qui fait les gerbes. À la législation du glanage pour les céréales se rattache celle du grappillage pour le raisin et les fruits. Voir Grappillage.

E. Levesque. GLAND, fruit du chêne. Voir Chêne, t. ii, col. 652.

    1. GLANVILLE (Barthélémy de)##


GLANVILLE (Barthélémy de). Voir GlaunwilL, dans Franciscains, t. ii, col. 2375.

    1. GLASS##

GLASS, GLASSIUS Salomon, théologien allemand, luthérien, né à Sondershausen en 1593, mort à Gotha le 27 juillet 1656, enseigna les langues orientales à l’Université d’Iéna et en 1625 fut nommé superintendant des églises et des principautés de Schwartzbourg-Sondershausen. Douze ans plus tard, il revenait à Iéna pour y occuper la chaire de théologie. Il fut ensuite appelé aux fonctions de superintendant du duché de Saxe-Gotha. Il doit sa célébrité à sa Philologia Sacra, qua totius sacrorum veteris et novi Testamenti Scripturæ tum Stylus et litteratura, tum sensus et genuinse interpretationis ratio et doctrina libris quinque expanditur ac traditur, in-4°, Iéna, 1623. Cet ouvrage eut de nombreuses éditions toutes revues et améliorées par l’auteur luimême ou par d’autres théologiens. La meilleure édition est celle de Leipzig, donnée par Olearius, in-4°, 1725. L'édition de Dathe et Bauer, 3 in-8°, Leipzig, 1776-1797, contient des additions importantes, mais est imprégnée de rationalisme. Glass a en outre composé : Onomatologia Messix prophetica, ih-4°, Iéna, 1624 ; Christologia Bavidica, in-4°, Iéna, 1638 ; Christologia Mosaïca, in-4°, Iéna, 1649. Ces trois derniers écrits ont été réunis en un volume par Crenius, in-4°, Liège, 1700 ; Exegesis Evangeliorum et Epistolarum, in-4°, Gotha, 1647. — Voir Walch, Bibl. theologica, t. iv, p. 240,

1>14.
B. Heurtebize.
    1. GLOBE##

GLOBE, ornement de métal (fig. 53), ou d’autre matière (fig. 54) de forme sphérique. 1° Parmi les ob 53. — Bijou égyptien en or en forme de globe. Musée du Louvre. Grandeur naturelle.

jets précieux que les femmes apportent à Moïse pour la fabrication des ustensiles du tabernacle, est nommé, avec les boucles, les anneaux et les bagues, un ornement appelé kûmdz. Exod., xxxv, 22. Les Israélites en trouvent également parmi les dépouilles des Madianites, après la victoire remportée sur ces derniers. Num., xxxi, 50. Les Septante traduisent le mot hébreu par 7tîpifié?ca, « bracelets, » et la "Vulgate par dextralia. En rapprochant le mot hébreu de l’arabe, kâmaz, « mettre en boule, s Rosenmûller, In Exod., Leipzig, 1795, et Gesenius, Thesavrw, p. 692, lui donnent le sens de boule, ou petit globe d’or. Diodore de Sicile, iii, 44, signale chez les Arabes des parures de ce genre, petits globes d’or de la grosseur d’une noisette ou d’une noix, qu’on suspendait aux bracelets des bras ou des jambes. Le kûmdz avait donc quelque analogie de forme et de matière avec ce que fut plus tard la bulla des jeunes patriciens romains. Cicéron, Verr., II, i, 58. — 2° Audessus des colonnes du Temple, on plaça des gullôf. III Reg., vii, 41 ; II Par., iv, 13. La gullâh, de gâtai, « rouler, être rond, » est une sorte de sphère plus ou moins aplatie qui formait la base du chapiteau. Voir Colonnes du Temple, t. ii, col. 856. Les versions traduisent par orpsTrcâ, arrondis, » funiculi, et ywXâO, epistylia. Les deux calottes de la sphère étaient engagées l’une dans la partie supérieure de la colonne, l’autre dans le couronnement du chapiteau, de telle sorte qu’on n’apercevait de la sphère que la zone comprise entre deux petits cercles également distants du grand. Ainsi compris, cet ornement pouvait occuper convenablement la partie inférieure d’un chapiteau. H. Lesêire.

1. G LOI RE (hébreu : kâbôd, de kâbad, « être illustre ; » outre ce mot, le plus communément employé, on rencontre encore, avec le sens de « gloire » : hâddr, de hâdar, « gonfler, » Ps. cxlix, 9 ; tehillâh, de hâlal, « resplendir, » Is., xlii, 8 ; Jer., xlviii, 2, etc. ; 'dz, de 'âzaz, c< être fort, » Exod., xv, 2 ; Ps. viii, 3, etc. ; (ifârdh, de pâ'ar, (l être honoré, » Jud-, iv, 9 ; Prov., xix, 11, etc. ; Septante : SôÇa ; Vulgate : gloria), éclat qui s’attache au nom de quelqu’un à raison de sa dignité, de ses actes, de ses mérites, etc.

1° La gloire vient à l’homme soit de Dieu qui la lui accorde comme bien de nature, Ps. viii, 6, ou comme faveur, III Reg., iii, 13, soit de ses actions. Prov., xx, 3 ; Eccli., xxv, 8 ; xxxi, 10, etc. La gloire est ordinairement précédée de l’humiliation. Prov., xv, 33 ; xxix, 23 ; Eccli., iv, 25 ; Luc, xiv, 11, etc. Elle ne sied point à l’insensé. Prov., xxvi, 1. Le sage ne doit pas chercher sa gloire dans des futilités, I Cor., iii, 21 ; Gal., v, 26, mais dans les biens d’un ordre supérieur. Rom., v, 2 ; I Cor., i, 31 ; Gal., vi, 14, etc. La gloire éternelle est. le bonheur de l’autre vie préparé à l'âme fidèle. Rom., vin, 18 ; I Cor., xv, 43 ; II Cor., iv, 17 ; Col., i, 27 ; iii, 4 ; I Pet., v, 1, 4, 10, etc.

2° Dieu est la gloire d’Israël, c’est-à-dire le bien dont Israël a le plus droit d'être fier. Ps. iii, 4 ; cv, 20 ; Jer., ii, 11, Il doit être aussi celle du chrétien. I Cor., i, 31 ; II Cor., x, 17 ; Phil., iii, 3, etc.

54. — Ornement égyptien en forme de globe. Faïence creuse travaillée à jour. Musée Saint-Louis à Carthage.

3° Les nobles d’un peuple sont appelés sa gloire, en Israël, Is., v, 13 ; xvii, 3, 4 ; Mich., i, 15 ; Judith, xv, 10 ; en Assyrie, Is., viii, 7 ; x, 16 ; en Moab. Is., xvi, 14.

4° Le mot kâbôd désigne parfois l’âme de l’homme, ce qui par excellence fait sa gloire, Gen., xljx, 6 ; Ps. vii, 6 ; xxix, 13 ; lvi, 9 ; cvii, 2, et reproduit le mieux ici-bas la glorieuse image de Dieu. Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 98,

105, 202.
H. Lesêtre.
    1. GLOIRE DE DIEU##


2. GLOIRE DE DIEU. Cette locution de la Sainte Écriture se rapporte à deux choses distinctes : la manifestation éclatante et surnaturelle que Dieu fait de sa présence en certaines circonstances, et l’honneur que lui rendent les créatures par leurs hommages.

I. Manifestation de la présence divine.

Cette manifestation est réservée par le Seigneur à son peuple. 1° La gloire de Jéhovah, kâbôd Yehôvâh, SiJÇa toû 9eo0, gloria Domini, se montre pour la première fois au désert, peu après la sortie d’Egypte, quand les cailles et la nourriture miraculeuse de la manne sont envoyées aux Hébreux. Exod., xiv, 7. Elle apparaît au Sinaï, « comme un feu dévorant sur le sommet de la montagne. » Exod., xxiv, 16, 17. Moïse demande au Seigneur à voir sa gloire, non plus seulement ce qu’il en a pu apercevoir au Sinaï, mais quelque chose qui se rapproche davantage de la majesté même de Dieu, de son essence divine. Cf. S. Augustin, De Gènes, ad lit., xii, 27, t ; xxxiv, col. 477. Le Seigneur lui répond qu’on ne peut le voir de face sans mourir, mais qu’il se montrera à lui en passant et par derrière, c’est-à-dire en atténuant assez l’éclat de sa majesté pour qu’un œil humain puisse le supporter. Exod., xxxiii, 18-23. La maxime des Proverbes, xxv, 27, d’après la Vulgate : « Celui qui jette un œil curieux sur la majesté sera écrasé par la gloire, » rappellerait la réponse faite par le Seigneur à Moïse, si le sens de l’hébreu n’était un peu différent : « Il y a gloire à scruter les choses importantes. » — 2° Quand le tabernacle est construit, il devient le siège de la gloire de Dieu. Cette gloire éclate de temps en temps au-dessus du tabernacle, Lev., IX, 6, 23 ; Num., xiv, 10, ou elle remplit le tabernacle. Exod., XL, 32. L’autre lui sert comme de trône et elle se. manifeste au-dessus du propitiatoire, entre les « chérubins de gloire ». Heb., ix, 5. Voir Arche d’alliance, t. i, col. 918, 919 ; Chérubins, t. ii, col. 661. De cette gloire part un feu dévorant qui détruit les coupables. Num., xvi, 35. Cf. Is., lix, 19. Pour la voir, Moïse et Aaron se rendent au tabernacle. Num., xx, 6. Cette manifestation sensible de la présence de Dieu n’était pas continue ; les textes sacrés en parlent toujours comme d’un phénomène transitoire. Il n’en est plus question d’ailleurs dans la suite de l’histoire du tabernacle, après les jours de Moïse. — 3° La gloire du Seigneur remplit le temple de Salomon, au moment de sa dédicace. Elle prit alors la forme d’une nuée. III Reg., vm, 11 ; II Par., v, 14 ; vii, 3. Cette nuée rappelait celle qui se montrait dans le tabernacle. Lev., xvi, 2. Voir Colonne de nuée, t. ii, col. 855, et Nuée. Dans ses visions, Ézéchiel, mu, 2, 5 ; xliv, 4, voit également la gloire de Dieu remplir le temple. Cf* Ps. xxv, 8. — 4° Cette gloire de Dieu remplit toute la terre, Is., ii, 10, 21 ; vi, 3 ; Habac, iii, 3 ; elle accompagne Dieu dans ses apparitions, Ps. xviii. 13, 19, et se manifeste aux prophètes. Ezech.,

I, 28, iii, 12, 23 ; toi, 4 ; x, 4, 18. — 5° La gloire de Dieu n’apparut pas tout d’abord dans le second temple comme dans le premier. Mais Isaïe, lx, 1, 2, prédit que la gloire de Jéhovah se lèverait sur Jérusalem, et Aggée,

II, 8, annonça que le nouveau temple en serait rempli.

— 6° La venue du Fils de Dieu sur la terre réalise ces promesses. « Nous avons vu sa gloire. » Joa., i, 14. H est lui-même le « roi de gloire », Ps. xxiii, 7-10, et « la splendeur de la gloire du Père », Hebr., i, 3, la manifestation la plus parfaite de la majesté divine. — 7° Voir

la gloire de Dieu sur la terre, c’est être témoin d’un grand miracle. Joa., XI, 40. C’est le Père qui est la source de cette gloire. Il est le « Père de gloire », Eph., i, 17 ; le <c Dieu de gloire », Act., vii, 2 ; Jésus-Christ est le « Seigneur de gloire », I Cor., ii, 8, annonçant 1’« Évangile de gloire ». II Cor., iv, 4. Une voix provenant « de la gloire magnifique » lui rend témoignage au Thabor. II Pet., i, 17. Jésus-Christ est maintenant dans la gloire du Père, Phil., ii, 11, où l’aperçut saint Etienne. Act., vu, 55. Il est entré dans sa gloire, c’est-à-dire qu’il a associé son humanité sainte dans le ciel à la gloire de sa divinité. Luc, xxiv, 26 ; I Thés., Il, 12 ; II Thés., ii, 13 ; Tit., ii, 13 ; I Pet., v, 10. Il viendra un jour avec cette gloire pour le dernier jugement. Matth., xvi, 27 ; Marc, vm, 38 ; xiii, 26. — 8° Cette gloire de Dieu est incommunicable aux créatures. Is., xlii, 8 ; xlviii, 11. « Tous ont besoin de la gloire de Dieu, » c’est-à-dire du secours divin qu’assure sa présence. Rom., iii, 23. — Dans tous Ces textes, il s’agit de la présence de Dieu manifestée par des phénomènes de différente nature. Les Juifs de l’époque voisine de l’ère chrétienne ont donné à cette présence le nom de sekînâh, du verbe sâkan, « habiter, » ou de miskân, « tente, tabernacle, » <jx7)vt|. La sekînâh est donc la même chose que le kâbôd Yehôvâh. Saint Jean, i, 14, fait sans doute allusion à ces deux termes quand il dit que le Verbe a habité parmi nous, ê<rxr|vw (7£v Èv r, [ûv, et que nous avons vu sa gloire. Cf. Bâhr, Symbolik des Mosaischen Quitus, Heidelberg, 1837, p. 226, 302.

II. Honneur tendu à Dieu par les créatures.

Cet honneur constitue la gloire extérieure de Dieu. 1° Toutes les créatures sont invitées à rendre gloire à Dieu. Ps. xxviii, 2-9 ; lxvii, 35 ; xcv, 3-8 ; Jer., xiii, 11, etc. Les cieux chantent cette gloire. Ps. xviii, 2. Les apôtres la proclament. Rom., xvi, 17 ; Gal., i, 5, etc. Le chrétien est invité à faire toutes ses actions pour la gloire de Dieu. I Cor., x, 31. — 2° Rendre gloire à Dieu, c’est le remercier et le louer, Tob., xi, 16 ; Matth., ix, 8 ; Luc, ii, 20 ; xiii, 13 ; xvii, 18 ; xxiii, 47 ; Act., xr, 18 ; Rom., i, 21, etc. ; c’est quelquefois faire un aveu, Jos., vii, 9 ; Joa., IX, 24, ou se repentir, Apoc, xvi, 9, par conséquent rendre hommage, à sa véracité et à sa sainteté.

H. Lesêtre.
    1. GLOSE##

GLOSE, mot qui vient du grec yX<5<j<ja, mais qui a pris le sens particulier d’« explication, d’interprétation » d’un mot ou d’une phrase, spécialement Je la Sainte Écriture.

I. Origine du mot glose.

Dans le grec classique, Y^ù<r<ja signifie « langue (organe de la parole) » et « langage » parlé par un peuple. Peu à peu les grammairiens et les Scholiastes grecs en vinrent à appeler yî.woirat les mots qui avaient vieilli ou étaient tombés en désuétude, ou bien dont la signification avait changé et encore les termes techniques ou d’un usage local et circonscrit. rXtiuuaç, dit un scholiaste de Denys d’Halicarnasse (dans J. J. Wetstein, Novum Testamentum grsecum, t. ii, Amsterdam, 1752, p. 151, suri Cor., xii, 10), çwvà ; àpxaia ? y.a àito ?evt(j(j.sv « î ^ émxwpiaïo’iiTa ;. « On appelle yG><jaau les mots vieillis ou étrangers et les provincialismes. » Cf. la scholie rapportée dans Ersch et Grùber, Allgemeine Encyklopadie, Glossa, sect. i, t. lxx, p. 135, note 11. Ces mots avaient donc besoin d’être expliqués pour être compris de tous. Comme on donnait le nom de yXwucjai aux termes dont on expliquait la signification, on donna le nom de f"ku>ami.a et aussi celui de Y).5)<roa à l’explication elle-même ; c’est dans cette dernière acception qu’est employé le mot glossa, « glose, s Voir Fr. Bleek, Ûeber die Gobe des yltiaaaii XaXetv, dans les Theologische Studien und Kriliken, 1829, p. 32-44 ; J. G. Rosenmûller, Historia interpretationis librorum Sacrorum, t. iv, Leipzig, 1813, p. 356-387.

II. Gloses dans les Saintes Écritures.

Longtemps avant que le nom fût inventé, les gloses existaient déjà.

Le besoin naturel d’expliquer les mots vieillis dont on ne comprenait plus le sens, les noms propres de lieux qai avaient changé avec le temps, etc., était cause que les possesseurs ou les copistes d’un manuscrit écrivaient en marge ou entre les lignes, et quelquefois dans le texte lui-même, des notes qui en éclaircissaient les obscurités. La plupart des anciens manuscrits encore existants en sont la preuve. Cf. S. Jérôme, Epist., en, 46, ad Sunniam et Frelelam, t. xxii, col. 853.

Dans le texte hébreu.

Les gloses reVnontent peut-être

à une époque très reculée dans le texte hébreu. Il est très difficile, impossible même, excepté peut-être pour quelques passages en vers, de discuter aujourd’hui avec certitude ce qui est véritablement glose dans l’original, mais plusieurs explications en ont au moins l’apparence. Elles ont passé plus tard dans le texte courant lui-même, où elles rendaient service au lecteur, sans nuire par leur intrusion à l’intégrité substantielle de l’écrit inspiré. On peut citer comme exemple : « (Les Hébreux) campèrent en désert de Sin : c’est Codés » hî’Qddês. L’existence de ces gloses est admise par Tostat, Comment, in Deut., in-f », Venise, 1596, Deut., iii, quæst. 3, p. 15-16 (il attribue à Esdras les mots « jusqu’à ce jour », ꝟ. 14, et les mots : « On montre son lit de fer [d’Og], qui est à Rabbath, etc. », ꝟ. 11) ; par Cornélius à Lapide, InPentat. Argum., édit. Vives, t. i, 1866, p. 27 (il donne comme exemple, Gen., xiv, 14, où Dan est pour Lais ; les citations de Num., xxi, 14-15, 27, etc.) ; par Cornely, Introductio in lïbros sacros, t. ii, part, i, p. 83, etc. Sur ces gloses, cf. B. Welte, Nachmosaisches im Pentateuch, in-8°, Karlsruhe, 1841, p. 161-230.

Dans les Septante.

L’existence des gloses dans les

Septante est un fait certain, constaté par la comparaison de cette version avec le texte original. Ainsi, Jud., i, 27, en nommant Bethsan, les Septante ou leur glossateur ajoutent : r ! <rrt ExuOûv toSXiç, « c’est Scythopolis, » d’après le nom qu’on donnait à cette ville de leur temps. Cf. Frankel, Vorstudien zu der Septuaginta, in-8°, Leipzig, 4841, p. 70-77.

Dans la Vulgate.

Saint Jérôme ou ses glossateurs

ont aussi intercalé dans la version latine quelques gloses explicatives, dont la présence est facile à remarquer. Ainsi, Gen., xxxi, 47, lorsque Laban et Jacob ont nommé la pierre élevée en témoignage de leur alliance Yegar Sahaduthah et Gil’ad (Vulgate : Tumulum testis ; Acervum testimonii), saint Jérôme, qui a traduit en latin les mots sémitiques d’après leur signification, ajoute : uterque juxta proprietatem linguse suse, « chacun selon la propriété de sa langue. » — Gen., xxxrx, 19, lorsque la femme de Putiphar calomnie Joseph auprès de son mari, le traducteur ajoute que le maître de Joseph fut nimium credulus. — Jos., iii, 16, lorsque le texte hébreu nomme « la mer de sel », saint Jérôme explique : mare solitudinis, quod nunc vocatur Mortuum, « la mer du désert qu’on appelle maintenant mer Morte. » — Jud., x, 4, après avoir rapporté le nom hébreu des trente villes de Galaad appelées Havolh Jair, le traducteur glose : « c’est-à-dire villes de Jaïr. » — Au verset suivant, où l’original porte : « Jaïr… fut enseveli à Kamon, » la Vulgate nous dit : « Jaïr fut enseveli dans le lieu qui a pour nom Chamon, » etc. Voir aussi Jos., xviii, 17 ; Jud., Xvi, 17, etc.

III. Glossaires.

Les gloses furent tantôt écrites à la marge même des codices, vis-à-vis du mot qu’elles expliquaient, tantôt entre les lignes. Lorsqu’elles furent devenues nombreuses, on les réunit dans des livres séparés qu’on appela <t glossaires » ; l’auteur ou le compilateur des gloses reçut le nom de « glossateur ». Ce fut là l’origine de la lexicographie. Les gloses n’étaient pas d’abord rangées par ordre alphabétique, mais selon l’ordre où se rencontraient les mots dans l’auteur qu’on expliquait ; elles n’embrassaient pas non plus tous les mots d’une langue, comme nos lexiques et nos diction naires, mais seulement ceux que les glossateurs jugeaient obscurs ou peu connus. Leur but étant d’apprendre au lecteur ce qu’il ignorait, ils furent amenés peu à peu à élargir leur cadre et à ajouter à l’explication lexicolegique des notices historiques, biographiques, géographiques, etc. Enfin, pour rendre plus tard les gloses plus faciles à trouver, on les disposa par ordre alphabétique, comme dans nos dictionnaires. Ces anciens « glossaires f> rendent encore aujourd’hui de précieux services pour l’étude. Nous ferons connaître les plus importants en énumérant les principaux glossateurs.

IV. Glossateurs.

i. gloses rabbiniqves- — 1° Une partie de la Massore peut être considérée comme un glossaire du texte hébreu de l’Ancien Testament. Voir Massore. — 2° La plupart des commentaires des rabbins ne sont guère que des glossaires, parce qu’ils s’occupent surtout de l’explication des mots hébreux. — Voir par exemple : Opuscules et traités d’Abou ( l-Walid Merwan Ibn Djanah de Cordoue. Texte arabe publié avec une traduction française, par J. et H. Derenbourg, in-8°, Paris, 1880. Cf., du même, Le livre des Parterres fleuris, trad. Moïse Metzger, in-8°, Paris, J1889. — 3° Les rabbins du moyen âge ont souvent intercalé dans leurs commentaires hébreux des mots de la langue du pays où ils vivaient, lesquels sont de véritables gloses de l’expression sémitique. Voir A. Darmesteter, Gloses et Glossaires hébreux-français du moyen âge, dans ses Reliques scientifiques, 2 in-8°, Paris, 1890, t. i, p. 165195 (paru d’abord dans la Romania, t. i, 1872, p. 146176).

il. glossateurs grecs. — 1° Résychius. — Le plus ancien des glossateurs grecs que nous connaissions comme ayant formé un glossaire est un grammairien d’Alexandrie, nommé Hésychius. Il compila, vers 380, les gloses des commentateurs d’Homère et, à cette occasion, celles de quelques autres classiques. Le seul manuscrit connu de son œuvre est du xv c siècle ; il fut publié, mais avec des additions de son cru, par Masurus, in-f », à Venise, 1514. L’édition la plus récente est celle de Maurer Schmidt, ’Hiux^ou Ae£ix<Sv, 5 in-4°, Iéna, 1858-1868 (editio minor, 2 ïn-4°, Iéna, 1863, 1864, 1867). Hésychius devait être païen, mais dans le manuscrit qui est parvenu jusqu’à nous, des mains chrétiennes, depuis le Ve siècle, y ont intercalé des g loses bibliques, d’une véritable valeur. Les unes sont tirées de vocabulaires bibliques déjà existants à cette époque ; d’autres expliquent les mots difficiles par l’interprétation qu’en ont donnée Aquila et Symmaque dans leurs versions grecques de l’Ancien Testament ; d’autres enfin sont empruntées aux anciens commentateurs de l’Église grecque, tels que saint Basile, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Épiphane, Procope, etc. — Toutes les gloses du manuscrit hésychien relatives aux Saintes Écritures ont été réunies et publiées à part par J. Chr. Gl. Ernesti, Hesychii Alexandrini Glossse sacrée, grsece. Ex universo illius opère in usum interpretationis Lïbrorum sacrorum. Accesserunt, prseter dissertationem de Glossis sacris Resychii (parue auparavant, in-4°, Leipzig, 1782), Glossx greeese in Psalmos ex catalogo manuscriptorum Ribliotheese Taurinensis denuo édites, in-8°, Leipzig, 1785. Voici, comme spécimen, quelques-unes des premières gloses recueillies par Ernesti : "AëeX. itévOoç. — Ô6pa. So-jXt). itaXXox^. — âSpat. véat, SoOXat… — àfiiacm. xTlpôÇotTG. — àffâiret. ScaçuXeUetxtX. Voir aussi Glossse sacrée ex Hesychio, dans L. C. Valckenær, Opuscula philologica, 2 in-8°, Leipzig, 1808-1809, t. i, p. 175-202 ; cf. t. ii, p. 152-164. — Sur Hésychius et son œuvre, voir J. Aug. Ernesti, De vero usu et indole Glossariorum grsecorum, Leipzig, 1742, 1847 ; R. Bentley, Epistola lxix, viro J. Chr. Biel (sur Hésychius), dans ses Epistolm, in-8°, Leipzig, 1825, p. 192-199 ; J. A. Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. Harles, t. vi, p. 201-227 ; C. Frd. Ranke, De Lexici Hesychiapi vera origine et

genuina forma, in-8°, Leipzig, 1831 ; Hugo Weber, De Hesychii ad Eulogium épistola, in-4°, Halle, 1865 ; F. G. Welcker, Hesychius, dans ses Kleinere Schriften zur griechischen Literaturgeschichte, 2 in-8°, 1844-1845, t. ii, p. 542-596.

2° Photius, patriarche schismatique de Constantinople, né dans cette ville vers les premières années du IXe siècle, élevé en 857 au siège patriarcal, mort en 891, fut un érudit infatigable. Il rédigea, outre sa Bibliothèque et d’autres ouvrages, une AéSstov awaytafri, qu’on croit avoir été composée après l’an 857 et qui fut publiée pour la première fois par J. Gf. J. Hermann (t. iii, in-4°, Leipzig, 1808, de Zonarse Jh. et Photii Lexica grseca). R. Porson en a donné une nouvelle édition : <J>wti’ov XéSswv avvaftoyr). E. Cod. Galean, 2 in-8°, Cambridge, 1822 ; Leipzig, 1823 ; de même S. A. Naber, Lexicon, 2 in-8°, Liège, 1864-1865. Photius avait compilé ce recueil pour faciliter l’intelligence des auteurs classiques et des Saintes Écritures. Voir Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. Harles, t. VI, p. 603.

3° Suidas, érudit grec du moyen âge, n’est connu que par son Lexique. On ignore tout de sa personne ; on se demande si son nom n’est pas un pseudonyme ; l'époque même où il a vécu est douteuse. Tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’il est postérieur à Photius et antérieur à Eustathe, grammairien de Constantinople, commentateur de Ylliadeet del' Odyssée, mort vers 1198. Le dernier éditeur de Suidas, Bernhardy, croit qu’il était originaire de Samothrace, qu’il a vécu dans la seconde moitié du Xe siècle, qu’il était prêtre ou au moins moine et que son œuvre a été publiée vers 976. La première édition du Lexicon de Suidas fut publiée t mais incomplètement, par Démétrius Chalcondylas, à Milan, 1499 ; puis par Aide, à Venise, 1514. La meilleure édition est celle de God. Bernhardy, Suidse Lexicon, grsece et latine, 4 in-4°, Halle, 1843-1853. — Suidas avait puisé pour sa compilation à toutes les sources qu’il avait sous la main : grammairiens, scholiastes, glossateurs de tout genre, païens et chrétiens. Son œuvre est tantôt un simple lexique, tantôt une sorte d’encyclopédie et contient une masse de renseignements utiles, malgré quelques erreurs. Une des parties les plus importantes, ce sont ses gloses bibliques, généralement tirées d’HéSychius et des exégètes grecs, Théodoret, Œcuménius, etc, et relatives soit aux noms propres bibliques, soit aux mots et aux idées les plus dignes de remarque du Nouveau Testament. J. Chr. Gottl. Ernesti les a publiées à part avec celles de Phavorinus : Suidse et Phavorini glossse sacrse, grsece, cum spicilegio Glossarum saci-arum Hesychii et Etymologici niagni. Accessit dissertatiuncula de Glossis sacris Suidss et Phavorini, in-8°, Leipzig, 1786. — Voir h A. Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. Harles, t. vi, p. 390-595 ; Gass, dans Herzog, RealEncyklopâdie, 2e édit., t. xv, 1885, p. 53-57.

4 « UEtymologicum magnum, œuvre d’un auteur inconnu du XI ou XIIe siècle. Il fut publié d’abord par Masurus, à Venise, en 1449. De meilleures éditions ont été données depuis par Frd. Sylburg, Etymologicon magnum, in-4°, Leipzig, 1794 (editio nova correctior, curante G. H. Schâfer, in-4°, Leipzig, 1816) et par Gaisford : Etymologicon magnum seu verius Lexicon sxpissime vocabulorum origines indagans ex pluribus Lexicis, Scholiastis et Grammaticis, Anonymi cujusdam opéra concinnatum. Ad codd. rnss. recensuit et notis variorum instruxit Thomas Gaisford, in-f°, Oxford, 1848. — Voir Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. Harles, t. vi, p. 595-628.

5° Jean Zonaras, préfet de la garde impériale d’Alexis Coronène, renonça, peu après la mort de ce prince, arrivée en 1118, à tous les honneurs, par suite de la perte de sa femme et de ses enfants, et se fit moine au mont Athos ou dans une petite île de la mer Egée. Il s’y livra avec ardeur à l'étude et au travail. Parmi ses nom breux écrits se trouve une S-jv « Y « oT’n AlUtav, on Glossaire compilé d’après les sources où avaient déjà puisé Hesychius, Suidas, etc. Il a été publié par J. A. H. Tittmann, Zonarse Jh. et Photii Lexica græca nunc primum édita, 3 in-4°, Leipzig, 1808. Les deux premiers volumes contiennent Zonaras. Certains critiques pensent que ce recueil est antérieur à Zonaras. Voir Zôckler, dans Herzog, Real-Encyklopàdie, 2e édit., t. xvii, 1886, p. 556. F. W. Sturz a recueilli dans Zonaras : Glossse sacrse Novi Testamenti illustratse. Programm der Fûrstenschule l-ui, in-4°, Grimma, 1818-1820. _

6° Phavorinus ou Favorinus, ainsi appelé parce qu’il était de Favora, près de Camerino, en Italie, de son vrai nom Guarino ou Varinus, né en 1460, mort en 1537, moine bénédictin, disciple de Jean Lascaris et d’Ange Politien, précepteur de Léon X, directeur de la bibliothèque des Médicis à Florence et enfin évêque de Nocera, est l’auteur d’un lexique grec qui fut longtemps en faveur. Il parut in-f », à Rome, en 1523, sous le titre de Lexicon grsecum ; à Bàle, in-f », 1538, sous le titre de Dictionarium Varini Phavorini ; à Venise, 1712, 1801. Voir Fabricius, Bibliotheca grseca, édit. Harles, t. vi, p. 648-651.

Tous ces recueils de gloses ont un intérêt particulier pour l’histoire de l’interprétation des Livres Saints parce que, étant formés principalement d’extraits d’auteurs anciens et tirés d’ouvrages en partie aujourd’hui perdus, ils nous donnent des renseignements précieux sur le sens de beaucoup de mots bibliques et sur la manière dont les expliquaient les premiers écrivains ecclésiastiques.

7° Eu outre des recueils particuliers des Glossse sacrse que nous avons déjà mentionnés, J. C. Suicer les a réunies pour la plupart dans son Thésaurus ecclesiasticuse Patribus Grsecis ordine alphabetico concinnatus, exhibens quæcumque phrases spectant, etc., 2 in-f », Amsterdam, 1682 ; 1 in-f », ibid., 1728. De même J. Alberti, dans son Glossarium sacrum in sacros Novi Fœderis lïbros, in-8°, Liège, 1735. Alberti ne suit pas l’ordre alphabétique des mots, mais les livres mêmes du Nouveau Testament par chapitres et par versets. — On s’est naturellement servi de ces divers glossaires pour la composition des meilleurs lexiques grecs modernes de l’Ancien et du Nouveau Testament, tels que le Novus Thésaurus philologico-criticm sive Lexicon in LXX, de J. Frd. Schleusner, 5 in-12, Leipzig, 1820-1821 ; la Clavis Novi Testamenti philologica, de Chr. G. Wilke, revue par C. L. W. Grimm, 3e édit., Leipzig, 1888.

in. glossateurs latins. — Parmi les glossateurs latins, deux sont particulièrement célèbres, Walafrid Strabon et Anselme de Laon, compilateurs de la Glossa ordinaria et de la Glossa interlinearis.

1° La Glossa ordinaria, ainsi nommée parce qu’elle fut d’un usage général et jouit d’une grande autorité pendant tout le moyen âge, comme on le voit en particulier par les citations qu’en font Pierre Lombard et saint Thomas d’Aquin, n’est pas un glossaire dans le sens exact du mot, mais plutôt un commentaire de toute l'Écriture. Son objet principal n’est pas lexicographique, mais théologique ; elle s’attache à montrer l'étroit rapport qui existe entre l’Ancien et le Nouveau Testament ; elle expose le triple sens historique ou littéral, spirituel ou mystique, et enfin moral. Elle ne néglige pas, d’ailleurs, les explications historiques et géographiques. Au mérite d’une doctrine pure et orthodoxe s’ajoute celui d’une rédaction remarquable par sa concision et par sa clarté, qui lui a mérité le surnom de lingua Scripturse. Elle a pour auteur Walafrid, surnommé Strabon, strabus, « le louche, » abbé de Reichenau, mort le 17 juillet 849, dans un âge peu avancé, à la cour de Charles le Chauve. Il tira la~ plupart de ses notes des écrits des Pères de l'Église, et il indique ordinairement la source où il puise. Les plus fréquemment cités sont saint Au

gustin, saint Jérôme, saiDt Grégoire le Grand, saint Isidore de Séville, le vénérable Bède, Rhaban-Maur. Saint Ambroise et saint Jean Chrysostome le sont plus rarement. Dans le Lévitique, ce sont les citations d'Ésichius {Hésychius) qui dominent ; dans les Nombres, celles d’Origène ; dans les Psaumes, celles de Cassiodore. Il ajouta lui-même les notes qu’il jugea utiles, surtout dans le Nouveau Testament. Voir Histoire littéraire de la France, t. v, 1711, p. 62-63. — Peu d’ouvrages ont joui d’une si grande réputation et obtenu un pareil succès. Pierre Lombard, qui a composé un Commentarius in Psalmos, t. CXCi, col. 55-1296, dans le genre des Gloses, citait la Glossa ordinaria simplement sous le nom d’Auctoritas. Du ixe au xvie siècle, c’est-à-dirê pendant environ 700 ans, elle fut comme l’organe de la tradition et de l’interprétation scripturaire en Occident, l’unique ou, du moins, le principal commentaire dont firent usage les théologiens scholastiques. Nicolas de Lyre († 1340) eut beau inaugurer au xive siècle une nouvelle méthode dans l’exégèse, l'œuvre de Walafrid Strabon n’en perdit pas sa réputation séculaire. Luther luimême en fit grand usage pour sa traduction allemande de la Bible. Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit.., t. iii, 1878, p. 550. Après l’invention de l’imprimerie, les éditions s’en multiplièrent jusqu’au xviie siècle. Migne a réimprimé la Glossa ordinaria dans sa Patrologie lafiwe, t.cxiii et cxiv. (Quelques auteurs contestent aujourd’hui qu’elle soit l'œuvre de Walafrid Strabon. S. Berger, Histoire de la Vulgate, in-8, Nancy, 1893, p. 133.)

2° La Glossa interlinearis dut son origine au besoin de combler une lacune de la Glossa ordinaria. Walafrid Strabon avait donné peu de place à l’explication même des mots. Anselme de Laon († 1117) entreprit le travail que l’abbé de Reichenau avait négligé. Voir Anselme 2, t. i, col. 657. Il savait l’hébreu et le grec. Il s’en servit pour expliquer, entre les lignes de la Vulgate, au-dessus du mot lui-même, d’où le nom A’interlinearis donné à sa glose, les mots plus ou moins obscurs ou équivoques. Voir Histoire littéraire de la France, t. x, 1756, p. 180-182.

A partir du XIIe siècle, les copies de la Vulgate furent ordinairement enrichies des deux gloses ordinaria et interlinearis, la première étant placée à la marge et au bas des pages, la seconde entre les lignes. Plus tard, au xive siècle, on ajouta aux notes de Walafrid Strabon les Postilla de Nicolas de Lyre et les Additiones à ces Postules par Paul de Burgos. Plusieurs des premières éditions de la Vulgate sont imprimées avec ces gloses et ces notes : Biblia sacra cum glossis interlvneari et ordinaria, Nie. Lyrani Postilla ac moralitatibus, Burgensis additionibus et Thoringi replias, % in-f°, Venise, 1588. Une des meilleures éditions est « elle des théologiens de Douai : Biblia sacra cum Glossa ordinaria, prinium a Slrabone Fuldensi collecta, nunc novis explicationibus locupletata, cum Postillis Nie. de Lyrse, neenon Additionibus Pauli Burgensis et Matthix Thoringi Replicis, opéra theologorum Duacenorum emendata, cum Leandri a S. Martino conjecturis, 6 in-f », Douai, 1617. Elle fut rééditée avec des additions par Léandre de SaintMartin, 6 in-f", Anvers, 1634. — Ces recueils ont aujourd’hui une valeur plutôt historique que philologique et l’on ne saurait s’en contenter, mais on ne doit point méconnaître les services qu’ils ont rendus. Les passages des Pères de l’Eglise qui y sont rassemblés gardent toujours leur, "valeur théologique et exégétique.

Gloses philologiques.

Outre la Glossa ordinaria

et la Glossa interlinearis, on composa aussi chez les Latins des glossaires ou recueils en vue d’expliquer surtout le sens des mots, sans exclure l’explication des « hoses. Le plus connu et le plus célèbre de ces ouvrages est celui de saint Isidore de Séville, Originum sive Etymologiarum libri XX (Patr. lot., t. i^xxii), sorte d’en DICT. DE LA BIDLE.

cyclopédie de son temps, achevée en 632, qu’on a appelée quelquefois Liber Glossarum. Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopâdie, sect. i, t. lxx, p. 145. Saint Isidore a recueilli ses définitions et explications dans les auteurs classiques et surtout dans les écrivains ecclésiastiques. Malgré des erreurs inévitables et fort excusables à l'époque où écrivait l’auteur, les Étymologies n’en restent pas moins une mine inappréciable de renseignements utiles. Saint Isidore eut de nombreux imitateurs, mais ils n’ont rien produit qui soit comparable à leur modèle. — Voir Kaulen, dans Wetzer et Welte, Kirchenr lexicon, 2e édit., t. v, 1888, col. 712 ; Gust. Loewe, Prodromus corporis Glossariorum latinorum ; quæstiones de Glossariorum latinorum fontibus et usu, in-8°, Leipzig, 1876 ; S. Berger, De Glossariis et Compendiis exegeticis quibusdam medii sévi sive de libris Amilenbi, Papise, Hugutionis, Guill. Britonis, de Catholicon, Mammotrecto, aliis, in-8°, Paris, 1879.

F. Vigouroux. GLOSSOLALIE. Voir Langues (Don des).

    1. GNIDE##

GNIDE (Vulgate : Gnidus, II Mach., xv, 23 ; Act, xxvii, 7), ville de Carie. Voir Cnide, t. ii, col. 812.

    1. GOATHA##

GOATHA (hébreu : Gô'âfàh, avec hé local ; Septante : êÇ èxXexTûv XiOwv), lieu situé dans le voisinage de Jérusalem, et mentionné une seule fois dans l'Écriture. Jer., xxxi, 39. C’est, avec la colline de Gareb, une des limites assignées par le prophète à la nouvelle Jérusalem. Comme le tracé part du nord-est pour aller vers le nord-ouest, puis, après avoir passé par les deux points en question, se dirige par la vallée de.Hinnom, au sud, et par le torrent de Cédron, à l’est, on en conclut que Gareb et Goatha marquent la ligne occidentale. Mais leur emplacement exact est inconnu. Voir Gareb 2, col. 105. Le nom hébreu devait être n7'a, Gô'âh ; le hé

local indique la direction, « vers Gô'dh, » ce qui place cet endroit au sud de Gareb, par conséquent au sudouest de la ville sainte. On a rattaché ce nom à la racine gâ'âh, « mugir » ou « beugler », et c’est peut-être sur cette étymologie qu’est basée la traduction du Targum : berêkaf 'égid', la « piscine de la génisse ». Mais on l’a

rapproché plus justement de l’arabe : Aysta., dja’uah, « terre rude, dure et noire. » Cf. F. Mùhlau et W. Volck, W. Gesenius' Heb. und Aram. Handworterbuch, Leipzig, 1890, p. 165. Les Septante, en mettant : èÇ éxXexffiv Àtôwv, « des pierres choisies, » semblent avoir lu n>T3, Gâzîf. La version syriaque, de son côté, a

leràmta', « à l'éminence. » Si l’on s’en rapporte au Targum ou à la Peschito, Goatha serait donc une piscine ou une colline du sud-ouest de Jérusalem. Vitringa et Hengstenberg ont voulu l’identifier avec le Golgotha, comme si ce dernier nom s'écrivait nn71 bi. Cf. Keil, Der Prophet Jeremia, Leipzig, 1872, p. 342. Cette opinion est insoutenable au double point de vue onomastique et topographique. La présence de l’aï », et l’interprétation donnée par les évangéiistes eux-mêmes : roXyoflà, c’est-à-dire xpaviov, xpaviov tiStioç, « crâne » ou « le lieu du crâne », rendent toute assimilation impossible entre les deux mots. Cf. Matth., xxvii, 33 ; Marc., xv, 22 ; Luc, xxln, 33. D’ailleurs, la colline où mourut le Sauveur était au nord-ouest de Jérusalem. A. Legendre/

GOB (hébreu : Gôb ; Septante : TéB, II Reg., xxi, 18 ;

  • P(5(i, Codex Alexandrinus : T68, II Reg., xxi, 19),

localité mentionnée deux fois seulement comme théâtre de deux combats entre les guerriers de David et les Philistins. II Reg., xxi, 18, 19. Elle est complètement inconnue. Le texte, du reste, présente ici de grandes difficultés. Dans le premier passage, II Reg., xxi, 18, l’hébreu, la Vulgate, le chaldéen ont Gôb ; mais les Septante et le syriaque donnent Geth. D’un autre côté,

m. - a

dans le récit parallèle, I Par., xx, 4, l’hébreu, la Vulgate, le chaldéen et les Septante portent Gazer, tandis que le syriaque met Gaza. On lit de même Gazer, dans Josèphe, Ant. jud., VII, xii, 2. — Dans le second passage, II Reg., xxi, 19, l’hébreu, la Vulgate, le chaldéen donnent Gob ; les Septante hésitent entre 'Pou, 'Pô"ë et N<56. Le récit parallèle de I Par., xx, 5, n’offre aucun nom de localité. Pour ajouter encore à la difficulté, bon nombre de manuscrits hébreux ont Nôb au lieu de Gôb dans les deux versets du II « livre des Rois. Cf. J.-B. de Rossi, Varias lectionès Vet. Testamenti, Parme, 1785, t. ii, p. 190. Faut-il croire que Gob est une faute de copiste pour Gazer ou pour Geth ? Faut-il, avec Keil, Die Bûc/ier Samuel », Leipzig, 1875, p. 362, en faire un endroit voisin de Gazer ? Faut-il, enfin, le maintenir seulement comme lieu du troisième combat, II Reg., xxi, 19, en plaçant le second à Gazer, ꝟ. 18, et le quatrième à Geth, ꝟ. 20? Le champ est ouvert à toutes les

conjectures.
A. Legendre.
    1. GODEAU Antoine##


GODEAU Antoine, prélat français et littérateur, né à Dreux en 1605, mort à Vence le 21 avril 1672, s’adonna tout d’abord à la poésie et fut un des premiers membres de l’Académie organisée par Richelieu. En 1635, il entra dans les ordres et ne tarda pas à être nommé évêque de Grasse, siège qu’il échangea pour celui de Vence. Godeau a beaucoup écrit ; nous ne citerons de lui que les ouvrages suivants : Paraphrase sur les Épîtres aux Corinthiens, aux Galettes et aux Éphésiens, in-4°, Paris, 1632 ; Paraphrase sur l'Épître de saint Paul aux Romains, in-4°, Paris, 1635 ; Paraphrase sur l'Épître de saint Paul aux Hébreux, in-12, Paris, 1637 ; Paraphrase sur les Épîtres canoniques, in-12, Paris, 1640, Paraphrase sur les Épîtres de saint Paul aux Thessaloniciens, à Timothée, à Tite et à Philémon, in-12, Paris, 1641 ; Les Psaumes de David traduits en vers français, in-12, Paris, 1648 (les protestants ont souvent recours à cette traduction) ; Version expliquée "du Nouveau Testament, 2 in-8°, Paris, 1668. — Voir Richard Simon, Histoire critique du Nouveau Testament, 1693, p. 879 ; Dupin, Biblioth. des auteurs ecclésiastiques du xvip siècle, 2° partie, 1719, p. 429 ; A. Speroni degli Alvarotti, Vita di A. Godeau, vescovo di Vence, in-4°, Venise, 1761 ; Bibliographie catholique, t. xxxiv, p. 185 ; K. Sudhoff. dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit.,

t. v, 1879, p. 250.
B. Heurtebize.
    1. GODOLIA##


GODOLIA. Voir Godolias 2.

    1. GODOLIAS##

GODOLIAS (hébreu : Gedplyâh et Gedalyâhû, sYàh, c’est-à-dire Jéhovah est grand ; » Septante : roSoXfaç), nom de quatre Israélites.

    1. GODOLIAS##


1. GODOLIAS, lévite, un des fils ou disciples d’Idithun. I Par., xxv, 3. Il était chef de la seconde des vingt-quatre classes de chanteurs dans le service du Temple, x, 9.

    1. GODOLIAS ou##


2. GODOLIAS ou, selon le texte actuel de la Vulgate, Godolia, un prêtre du temps d’Esdras, qui avait épousé une femme étrangère durant sa captivité. I Eadr., x, 18.

3. GODOLIA8, fils d’Ahicam, avait été nommé gouverneur de la Judée par Nabuchodonosor après la ruine de Jérusalem. IV Reg., xxv, 22 ; Jer., XL, 5. Il résidait à Masphath ; Jérémie se retira près de lui, Jer., xxxix, 14 ; XL, 6 : car Godolias entrait bien dans ses vues, et d’ailleurs son père, Ahicam, l’avait déjà protégé contre ses ennemis. Jer., xxvi, 24. Les Juifs restés dans le pays et ceux qui s'étaient enfuis dans le pays deMoab, d’Ammon ou d’Idumée, se réunirent aussi auprès de Godolias. Jer., xl, 8-12. Johanan, fils de Carée, vint le prévenir des mauvais desseins du roi d’Ammon contre lui. Baalis devait en voyerlsmahêl pour le tuer. Godolias n’en voulnt

rien croire, reçut Ismaël à sa table ; mais à la fin du repas, celui-ci et ceux qui l’accompagnaient se jetèrent sur Godolias et le massacrèrent avec les Juifs et les Chaldéens qui l’entouraient. IV Reg., xxv, 23-25 ; Jer., xl, 15-16 ; xli, 1-3. Ce qui amena le reste du peuple à se réfugier en Egypte. Jer., xli, 17-19.

4. GODOLIA8, fils d’Amarias et père de Chusi, par conséquent aïeul du prophète Sophonie. Soph., i, 1.

E. Levesque.

GÔÊL (hébreu : gô'ël), mot hébreu qui n’a d'équivalent exact dans aucune de nos langues européennes, iii, dans son sens spécial, dans les autres langues sémitiques. On ne peut se rendre compte de toute sa force expressive que dans le texte original. Comme ce terme a une véritable importance, il est nécessaire de s’en faire une notion exacte. Gô'êl désigne un proche parent qui doit remplir envers un membre de sa famille ou de sa parenté des devoirs particuliers.

I. Origine du mot. —

Gô'êl vient du verbe gâ'al, qui signifie en général « réclamer » une chose, « revendiquer » une personne, ou bien une chose (Gâ'al se prend dans le simple sens de « racheter » une chose vouée ou la dîme. Lev., xxvii, 13, 15, 20, 31, 33). Par une exception assez rare, le mot gâ'al et son dérivé gô'êl ne se retrouvent dans aucune langue sémitique autre que l’hébreu. On lit gô'êl, il est vrai, dans le Samaritain et dans le Targum, mais c’est un emprunt qu’ils ont fait à la Bible. L’obligation pour les proches parents de venger le sang des leurs, qui existe aussi parmi les Arabes, porte chez eux un nom différent, elle s’appelle.b, thar.

II. Devoirs du goél chez les Hébreux. —

Le gôêl est tenu à certains devoirs spéciaux qui consistent : 1° à racheter son parent devenu esclave ; 2° à racheter son champ. lorsqu’il a été aliéné ; 3° à épouser sa veuve restée sans enfants ; 4° son obligation la plus stricte et la plus importante est de venger le sang de ses proches, s’ils viennent à être tués.

    1. RACHAT DU PARENT DE VENU ESCLAVE##


1. RACHAT DU PARENT DE VENU ESCLAVE. —

L’obligation du rachat incombait au gôêl ou proche parent, quand un des siens était devenu esclave. Lev., xxv, 47-49. Cette obligation, appelée ici rfîNs, gê'ullâh, n'était sans doute pas très stricte ; elle constituait seulement un droit que les parents, sans y être rigoureusement tenus, pouvaient faire valoir afin de forcer, s’il était nécessaire, le propriétaire de l’esclave à accepter sa rançon. Cf. Esclave, t. ii, col. 1923. — L’ordre de parenté, selon lequel le gôêl pouvait ou devait intervenir en faveur de l’esclave, est expressément indiqué, Lev., xxv, 48-49 : « Un de ses frères le rachètera (ig’dlénnu ; Vulgate : redimet), ou bien son oncle, ou le fils de son oncle le rachètera ou quelque autre de son sang, de sa famille, le rachètera. » L’esclave pouvait aussi se racheter lui-même, s’il en avait le moyen.

II. RACHAT PAR LE GÔÊL VU CHAMP DE SES PROCHES.

— Quand un Israélite, à cause de sa pauvreté, a été forcé de vendre son bien-fonds, ses parents plus fortunés ont le droit de le racheter : « Si ton frère devient pauvre et vend quelque chose de ce qu’il possède, son gôêl, son parent, haq-qârôb, rachètera, gâ'al, ce qui a été vendu par son frère, » Lev., xxv, 25. Ce droit de rachat, gê'ullâh, ꝟ. 24 ; Jer., xxxii, 7, a pour but de rendre perpétuelle dans les familles la propriété foncière, conformément aux prescriptions de la loi. Lev., xxv, 23. L’ordre selon lequel les parents doivent racheter le champ est sans doute le même que dans le cas précédent. Nous trouvons un exemple de l’exercice de ce droit et de la substitution d’un gôêl, parent d’un degré inférieur, à un gôêl plus proche, dans le livte de Ruth. Le gôêl joue un grand rôle dans cette histoire. Booz est un des parents de Noémi, mig-gô'âlênû, « un de ses gôêls. » Ruth, ii, 20. C’est à ce titre que Ruth lui demande d’étendre « son aile » sur elle, « puisqu’il est son gôêl. » (Septante : ἀγχιστεύς ; Vulgate : propinquus.) Ruth, iii, 9. Booz lui répond, ꝟ. 12-13 : « Il est vrai que je suis gôêl, mais il y a un gôêl plus proche que moi… Demain, s’il veut exercer son droit sur toi (ig’âlêk), qu’il l’exerce (ig’âl), mais s’il ne veut pas l’exercer (lego’ôlêk), alors je serai ton gôêl (ge’altik). » Le lendemain donc, s’étant rendu à la porte de la ville, lorsque le gôêl le plus proche (hag-gô’êl) de Noémi vint à passer, Booz lui dit, après avoir pris dix anciens comme témoins : « La pièce de terre qui était à notre frère Élimélech, Noémi l’a vendue à son retour des champs de Moab. Et moi, je me suis dit que je t’en informerais et je te dis : Acquiers-la devant ceux qui sont assis ici et devant les anciens de mon peuple ; si tu veux la racheter comme gôêl, rachète-la, et si tu ne veux pas la racheter comme gôêl, déclare-le moi, car il n’y a personne qui soit gôêl avant toi, et moi, je viens après toi. — Et il répondit : Je la rachèterai comme gôêl. — Alors Booz dit : Au jour où tu acquerras le champ de la main de Noémi, tu l’acquerras aussi de la main de Ruth la Moabite, femme du défunt, (et tu l’épouseras) pour relever le nom du défunt dans son héritage. — Et le gôêl répondit : Je ne puis pas le racheter (lig’ol), car je craindrais de perdre mon héritage, sois le gôêl, car je ne puis l’être. » C’est ainsi que Booz racheta le champ de Noémi et épousa Ruth la Moabite. Ruth, iv, 1-10. — Nous trouvons un autre exemple de ge’ullâh ou droit de rachat d’un champ dans Jérémie. Pendant que Nabuchodonosôr assiégeait Jérusalem et que le prophète lui-même était enfermé en prison, la 10e année du règne de Sédécias, le Seigneur dit à Jérémie : « Voici que Hanaméel, fils de Sellum, ton oncle, vient vers toi pour te dire : Achète-moi mon champ, qui est à Anathoth, parce que tu as le droit de rachat (mišpat hag-ge’ullâh) pour l’acquérir. — Hanaméel, fils de mon oncle, vint donc vers moi, selon la parole du Seigneur, dans la cour de la prison, et il me dit : Achète, je te prie, mon champ, qui est à Anathoth, dans la terre de Benjamin, parce que tu as le droit d’acquisition, à toi est le rachat (ge’ul’lâh) ; achète-le donc. — Alors je reconnus que c’était la parole de Jéhovah et j’achetai le champ d’Hanaméel, fils de mon oncle, et je lui pesai l’argent, dix-sept sicles d’argent. » Jer., xxxii, 7-9. Voir Héritage.

III. OBLIGATION POUR LE GÔÊL D’ÉPOUSER LA VEUVE DE SON PARENT MORT SANS ENFANTS

Lorsqu’un homme meurt en laissant sa femme veuve sans enfants, son parent, en qualité de gôêl, doit la prendre pour épouse, comme nous l’avons vu par l’exemple de Booz et de Ruth. Ruth, iii, 13. Voir aussi Tobie, iii, 17 (texte grec), où il est dit que le jeune Tobie « devait épouser sa cousine », Sara, fille de Raguël, dont les sept premiers maris avaient été tués par le démon : διότι Τωβία ἑπιβάλλει κληρονομῆσαι αὐτήν.

IV. GÔÊL VENGEUR DE SANG

1° Le devoir le plus grave et le plus strict du gôêl était celui qui l’obligeait à venger par lui-même le sang de ses proches en faisant périr à son tour celui qui leur avait ôté la vie. Num., xxxv, 19. L’Écriture l’appelle alors gô’êl haddâm, « vengeur du sang. » Num., xxxv, 19, 21, 24, 25, 27 (avec omission de had-dâm, ꝟ. 12) ; Deut., xix, 6, 12 ; Jos., xx, 3, 5, 9 ; II Sam. (Reg.), xiv, 11. L’obligation de venger le sang est fondée sur le respect même de la vie humaine. Gen., ix, 5 ; Lev., xxiv, 17 ; cf. Ps. ix, 13. Le sang versé crie vengeance à Dieu, Gen., iv, 10 ; Is., xxvi, 21 ; cf. Ezech., xxiv, 7, et il faut que justice soit faite. Cet usage a été commun dans l’antiquité. Voir Iliad., xxiii, 8i, 88 ; xxiv, 480, 482 ; Odyss., xv, 270, 276, et les nombreux exemples rapportés par A. G. Hoffmann, Blutrache, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopädie, t. xi, 1823, p. 89-93 ; par Mac Clintock et J. Strong, Cyclopœdia of Biblical Literature, t. i, 1891, p. 569-837. Il est encore aujourd’hui subsistant chez un En cours grand nombre de peuples du nouveau monde comme de l’ancien (cf. la vendetta corse), A. H. Post, Studien zur Entwicklungsgeschichte des Familienreehts, in-8°, Oldenbourg, 1890, p. 113-129 (bibliographie générale, p. 113) ; chez les Arabes, en particulier, dont les coutumes se rapprochent beaucoup de celles des anciens Hébreux, il est en vigueur dans toute l’étendue du désert, et depuis les rives du Nil jusqu’au Sennaar. Burckhardt, Notes on the Bédouins, t. i, p. 312-313. Le thar est regardé par tous et comme un droit et comme un devoir rigoureux. Un proverbe arabe dit : « Le feu de l’enfer devrait-il être mon lot, je n’abandonnerais pas le thar.  » Ibid., p. 314-315. Cf. P. J. Baldensperger, Morals of the Fellahîn, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1897, p. 128-132. Mahomet, dans le Koran, sanctionne expressément la vengeance du sang. « croyants, dit-il, ii, 173, 175, la peine du talion vous est prescrite pour le meurtre. Un homme libre pour un homme libre, un esclave pour un esclave, et une femme pour une femme… Dans la loi du talion est votre vie, ô hommes doués d’intelligence. » Traduction Kasimirski, in-12, Paris, 1840, p. 26. En vertu de cette coutume générale chez les tribus nomades, le sang du père doit être vengé par le fils, du frère par le frère, ou, à leur défaut, par les autres plus proches parents. Cf. II Sam. (II Reg.), xiv, 7. Celui qui manquerait à ce devoir rigoureux serait l’objet du mépris public et répudié de tous les siens.

Le « vengeur du sang » dans l’Écriture.

Moïse trouva « la vengeance du sang » établie parmi son peuple, comme le suppose le ch. xxxiv de la Genèse, où nous voyons les fils de Jacob massacrer les habitants de Sichem pour « venger » l’honneur de leur sœur Dina, qui ne leur était pas moins cher que la vie. Le législateur sanctionna expressément cette coutume : « Le gôêl du sang tuera l’homicide ; dès qu’il le rencontrera, il le fera mourir. » Num., xxxv, 19. — Nous avons dans l’Écriture plusieurs exemples de l’application de la loi.

— 1. C’est en vertu de cet usage que Gédéon, après avoir pris Zébée et Salmana, fait mourir ces deux chefs des Madianites, parce que, dans une de leurs incursions contre Israël, ils avaient tué sur le mont Thabor ses propres frères, « fils de sa mère. » Jud., vii, 19. « Si vous aviez conservé la vie à mes frères, leur dit-il, je ne vous tuerais point. » Jud., viii, 19. Mais comme gôêl de ses frères, le juge d’Israël ne pouvait épargner leurs meurtriers. — 2. C’est aussi comme vengeur du sang de son frère Asaël, frappé mortellement à Gabaon par Abner, que Joab, au commencement du règne de David, tua l’ancien général de Saûl. Celui-ci, prévoyant le danger auquel il s’exposait, avait dit par deux fois à Asaël, avant de lui porter le coup fatal, de s’éloigner de lui : « Retire-toi, lui avait-il dit la seconde fois, afin que je ne sois pas obligé de te frapper et de t’abattre à terre, car alors je ne pourrais plus lever mon visage devant Joab ton frère. » II Sam. (Reg.), ii, 22. Il devait payer cette mort de son sang comme il l’avait redouté. Joab, dit à deux reprises le texte sacré, tua Abner à Hébron, « à cause du sang d’Asaël, son frère… Ainsi Joab et Abisaï, son frère, tuèrent Abner, parce qu’il avait donné la mort à Asaël leur frère, à Gabaon, dans le combat. » II Sam. (Reg.), iii, 27, 30. — 3. Quelques années plus tard, ce fut aussi comme gôêl de l’honneur de sa sœur Thamar, outragée par son demi-frère Amnon, qu’Absalom fit massacrer le coupable. II Reg., xiii, 22, 28-29, 32. Les fils de Jacob avaient vengé plus cruellement encore l’outrage fait à Dina leur sœur. Gen., xxxiv. — 4. Après l’établissement du royaume d’Israël, Zambri, lorsqu’il se fut emparé du trône après avoir tué le roi Baasa, extermina tous les gôêls de son prédécesseur, III Reg., xvi, 11 (Vulgate : propinqui), surtout sans doute pour se mettre à l’abri de leur vengeance.

Motifs qui justifient la « vengeance du sang » . C’est un principe de droit universellement reçu aujourd’hui parmi nous qu’on ne doit point se faire justice à soi-même. Mais il faut néanmoins que le crime soit puni et le principe de la justice rétributive et des châtiments qu’elle comporte est supérieur à celui du mode d’exécution. Le mode peut varier selon les temps et les lieux, en raison des circonstances ; le principe ne varie pas.

« Celui qui aura versé le sang de l’homme, son sang

sera versé, » dit Dieu lui-même. Gen., ix, 6. « Si quelqu’un frappe un homme et qu’il en meure, on le fera mourir lui-même. » Exod., xxi, 22 ; Lev., xxiv, 17. —

Le droit attribué aux particuliers de punir eux-mêmes les meurtriers de leurs proches peut nous paraître une coutume barbare ; il se justifie cependant par l’état social d’Israël. Dans un pays où il n’y avait point de tribunaux proprement dits pour punir le meurtre et l’assassinat, où il n’existait point non plus de bourreau, voir t. i, col. 1895, pour frapper les coupables, la nécessité d’assurer la sécurité publique et de faire respecter la vie des citoyens avait obligé et oblige encore aujourd’hui les tribus arabes qui sont dans des conditions analogues de recourir à ce moyen. —

L’expérience montre d’ailleurs que ce moyen est efficace. Les voyageurs qui ont le mieux observé les mœurs arabes constatent que, grâce à l’existence de cette coutume et « à la terrible rigueur de la vendetta ou vengeance du sang (thar), l’homicide est plus rare dans le désert que dans les pays civilisés ». E. H. Palmer, The Desert of the Exodus, 1870, t. i, p. 80 ; voir aussi p. 200, et H. S. Palmer, Sinai, in-12, Londres, 1878, p. 60 ; H. Layard, Nineveh and Babylon, 1853, p. 305-306. Jusque dans les razzias, les Bédouins évitent le plus possible, pour la même cause, de verser le sang, afin de n’avoir pas un jour à en rendre compte eux-mêmes. E. H. Palmer, The Desert of the Exodus, p. 295. Si, en effet, ils tuent, ils s’exposent à être tués à leur tour. Celui qui a eu le malheur de commettre un meurtre doit redouter à tout instant la vengeance des parents de sa victime, et il est réduit à la vie la plus misérable, obligé de se tenir sans cesse sur ses gardes, vivant caché, ou bien errant et fugitif, portant une chaîne au cou et demandant l’aumône pour payer le prix du sang qu’il a versé. E. H. Palmer, The Desert of the Exodus, p. 200. La perspective du sort qui attend l’homicide suffit pour empêcher bien des crimes. « Je suis porté à croire, dit J. L. Burckhardt, Notes on the Bedouins, t. i, 1831, p. 148, que cette salutaire institution (de la vengeance du sang par les parents du mort) a contribué à un plus haut degré que toute autre circonstance à empêcher les belliqueuses tribus arabes de s’exterminer les unes les autres. Sans elle, leurs guerres dans le désert auraient été aussi sanguinaires que celles des Mameluks en Egypte… La terrible vengeance du sang est cause que la guerre la plus invétérée se fait presque sans effusion de sang. » Les bons effets produits par cet usage en sont ainsi la justification.

Adoucissements apportés par Moïse à la coutume de « venger le sang ».

L’usage de venger soi-même les siens peut, il est vrai, amener facilement de graves abus. L’état social des Hébreux, du temps de Moïse, ne permettait pas de supprimer la coutume en vigueur, sous peine de laisser le crime impuni et d’en multiplier ainsi le nombre. Le législateur voulut du moins adoucir la rigueur de la loi et réprimer les excès.

1. Le premier abus consistait à frapper indifféremment tout meurtrier. On ne distinguait pas entre l’assassinat et le simple meurtre ; il en résultait que le meurtrier involontaire devait tomber sous les coups du gôêl, comme un véritable assassin. Moïse distingua avec soin entre le crime et l’accident fortuit. Exod., xxi, 12-14. Il régla que celui qui aurait tué quelqu’un involontairement pourrait se réfugier dans une des six villes lévitiques qui furent désignées à cette fin, dans les diverses parties du pays, trois de chaque côté du Jourdain. Elles devinrent ainsi des cités de refuge. Num., xxxv, 22-23 ; Deut., xix 4-6 ; Jos., xx, 2-9. Le gôêl n’avait pas le droit d’y poursuivre le coupable, qui échappait ainsi à ses coups, mais à la condition seulement d’établir son innocence. Le meurtrier involontaire était tenu à y rester enfermé jusqu’à la mort du grand-prêtre. Num., xxxv, 25-28 ; Jos., xx, 4, 6. Il avait ainsi à expier le sang versé, quoiqu’il eût tué sans le vouloir, afin d’inspirer à tous un plus grand respect pour la vie humaine. Voir Refuge (Villes de) ; A. P. Bissell, The Law of Asylum in Israël, in-8°, Leipzig, 1884, p. 37-82. Moïse coupa court ainsi au premier abus qu’on pouvait faire de la « vengeance du sang ».

2. Un second abus consistait à rendre responsables du meurtre, tant qu’il n’était pas vengé, les parents et les descendants du meurtrier. Les Arabes, malgré la prescription du Koran, xvii, 35, qui ordonne de ne verser le sang que de celui qui l’a versé lui-même, étendent leur vengeance à la famille de l’homicide, jusqu’à la cinquième génération. Burckhardt, Notes on the Bedouins, t. i, p. 149-150. Cet abus existait aussi sans doute chez les anciens Hébreux. Moïse le proscrivit et condamna ceux qui feraient mourir les parents de l’homicide. Deut., xxiv, 16 ; II (IV) Reg., xiv, 6 ; II Par., xxv, 4 ; Jer., xxxi, 29-30 ; Ezech., xviii, 20. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 39. Ce fut pour se conformer à cette loi qu’Amasias, roi de Juda, fit mettre à mort les meurtriers de son père, mais épargna leurs enfants. II (IV) Reg., xiv, 5-6. —

3. Les coutumes arabes, fondées sur le Koran, ii, 173-174, traduction Kasimirski, p. 26, autorisent le rachat du thar, en donnant aux parents de la victime « le prix du sang » qui est fixé d’après certaines règles déterminées. Burkhardt, Notes, t. i, p. 151-156, 313-323. Cf. Hamasae Carmina cum Tebrisii scholiis, 2 in-4°, Bonn, 1828-1851, xvii, t. ii, part, i, p. 105-106. La loi mosaïque, Num., xxxv, 31, défend expressément de racheter à prix d’argent le sang versé, afin de diminuer le nombre des crimes qui se multiplieraient si les coupables pouvaient espérer d’échapper au châtiment au moyen d’une amende. Autant la loi prend de précautions pour que l’homicide involontaire ne soit pas victime de la vengeance, autant, dans l’intérêt de la sécurité publique, elle exige que celui qui a répandu volontairement, le sang l’expie par son propre sang, Num., xxxv, 31-34, au point que l’autel même du Seigneur, s’il s’y réfugie, ne pourra le sauver. Exod., xxi, 14. Cf. III Reg., ii, 28-34. Une telle loi ne peut être efficace qu’autant qu’elle est rigoureusement observée.

Abolition de la coutume de la « vengeance du sang » en Israël.

Lorsque la monarchie eut été établie en Israël la puissance royale dut tendre naturellement à s’attribuer et à se réserver le droit de vie et de mort. Le langage que tient à David la veuve de Thécué, montre que le gôêl continuait alors à exercer son droit de vengeance, mais il marque en même temps que le roi commençait à le contrôler et à le restreindre. II Sam. (II Reg.), xiv, 6-11. Plus tard, lorsque Josaphat établit ses réformes, il régla que tous les différends qui surviendraient entre Juifs, en particulier par rapport au meurtre, « entre sang et sang, » dit le texte, II Par., xix, 10, seraient jugés par un tribunal supérieur à Jérusalem. Il est probable cependant que « la vengeance du sang » fut en vigueur autant que dura l’indépendance de la nation juive, et qu’elle ne disparut complètement que sous le gouvernement de Rome. Cf. Joa., xviii, 31.

V. Dieu gôêl de son peuple.

On vient de voir le rôle du gôêl chez les Hébreux et quelle a été son importance. On peut à l’aide de ces notions se rendre compte d’une des plus belles figures de l’Écriture et des plus expressives, qui n’a point d’analogue dans les autres langues et dont la force s’est, par suite, perdue dans nos traductions de la Bible : c’est la métaphore par laquelle les écrivains sacrés nous représentent Dieu comme le gôêl des siens : Dieu veut bien accepter, en faveur des justes et du peuple qu’il s’est choisi, les charges qui incombent au gôêl, les traiter, par conséquent, comme ses proches, les défendre et revendiquer leurs droits contre ceux qui les oppriment. Jacob, Gen., xlviii, 16, appelle son gôêl (Vulgate : émit) l’ange qui l’a sauvé des dangers auxquels il avait été exposé. Dieu lui-même déclare dans l’Exode, vi, 6, qu’il sera le gôêl (Vulgate : redimam) de son peuple contre les Égyptiens, et il tint parole ; aussi Moïse le remercie-t-il, dans son cantique après le passage de la mer Rouge, d’avoir racheté (gâ’âlṭâ ; Vulgate : redemisti), son peuple. Expd., xv, 13. Le Psalmiste, lxxvii (lxxvi), 16, fait de même. Cf. Is., li, 10. C’est Dieu également qui a racheté comme gôêl (gâ’âlṭâ ; Vulgate : redemisti) le mont Sion pour son héritage. Ps. lxxiv (lxxiii), 2. — De même que Dieu remplit ses devoirs de gôêl en rachetant l’héritage de son peuple, il les remplira aussi en le rachetant lui-même quand il sera captif. « Ne crains pas, lui dit-il par la bouche d’Isaïe, xliii, 1, je suis ton gôêl (Vulgate : redemi te), je t’ai appelé par ton nom ; tu es à moi. » Voir également Is., xltv, 22, 23. Il le délivre donc (gâ’al) de la captivité de Babylone. Is., xlviii, 20 ; lii, 9 ; lxii, 12 ; lxiii, 9 ; Jer., xxxi, 11. Cf. Os., xiii, 14. Aussi se donnet-il le titre de « Gôêl d’Israël » (Vulgate : Redemptor Israël). Is., xlix, 7. Il aime à prendre ce nom dans Is., xli, 14 ; xliii, 14 ; xliv, 24 ; xlviii, 17 ; xlix, 26 ; lix, 20 ; liv, 5, 8 ; lx, 16. — Dans plusieurs de ces passages, le gôêl qui sauve son peuple, c’est le Messie, cf. Is., xxxv, 9, etc., qui rachètera les hommes d’une captivité plus dure que celle de Babylone, celle du péché. — Ce que Dieu fait pour son peuple, il le fait aussi pour les justes. C’est lui qui vengera Job de la malice du démon, et c’est ce que proclame le saint patriarche dans son épreuve, quand il s’écrie : « Je sais que mon gôêl (Vulgate : redemptor) est vivant. » Jbb, xix, 25. Voir sur ce passage Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 596-601. — Dieu est le gôêl de tous ceux qui lui sont fidèles et qui sont opprimés. Ps. lxxii (lxxi), 14 ; cm (en), 4 ; cvi (cv), 10 ; cvn (cvi), 2 ; Lam., iii, 58. — Voir J. G. Stickel, In Jobi locum, xix, 25-27, de Geôle, in-8°, Iéna, 1832 ; J. D. Michælis, Mosaisches Recht, G in-8°, Francfort-sur-le-Main, 1771, t. ii, §131-138, p. 385-429 ; 1775, t. vi, §274-276, p. 32-50 ; J. Jahn, Biblische Archäologie, Vienne, 1802, Th. ii, t. ii, §2 10, p. 372-378 ; O. Procksh, Ueber die Blutrache bei den vorislamischen Arabern, in-8°, Leipzig, 1899.

F. Vigouroux.

GŒRRE Wilhem, érudit hollandais, protestant, né à Middelbourg le Il décembre 1635, mort à Amsterdam le 3 mai 1711. Après avoir été forcé dans sa jeunesse d’abandonner ses études, il se livra au commerce de la librairie et réussit à acquérir une science étendue ; il publia divers ouvrages qui, malgré bien des hors-d’œuvre, témoignent d’une réelle érudition. Parmi ceux-ci : Voorbereidselen tôt de Bybelsche wysheid, en gebruik der heilige en Kerklyre Historien…, in-P, Utrecht, 1700 ; Mozaize Historié der Hebreeuwse Kerke, 4 in-f°, Amsterdam, 1700. — Voir Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. iv, p. 262.

B. Heurtebize.

GÔFER, GOPHER (BOIS DE). Gen., vi, 14. Voir Cyprès, 3°, t. ii, col. 1175.


GOG (hébreu : Gôg ; Septante : Γούγ, I Par., v, 4 ; Γῶγ, Ezech., xxxviii, 2, 3, 14, 16, 18 ; xxxix, 1, 11, 15), nom d’un descendant de Ruben et d’un roi.

1. GOG, un des descendants de Ruben, mentionné seulement I Par., V, 4.

2. GOG, roi dont il est question dans une célèbre et difficile prophétie d’Ézéchiel, xxxviii, xxxix, et dans l’Apocalypse, xx, 7. Il habitait la terre de Magog, et est appelé « prince de Rȱ’š (Vulgate : caput ; Septante : ʿΡώς), de Mosoch et de Thubal », c’est-à-dire des Scythes, des Mosques et des Tibaréniens. Ezech., xxxviii, 2 ; xxxix, 1. Quelques auteurs pensent que le nom de Gog a été arbitrairement formé par le prophète d’après le nom du pays, Magog. Cf. Keil, Der Prophet Ezechiel, Leipzig, 1882, p. 372 ; Trochon, Ézéchiel, Paris, 1880, p. 261. Mais il se trouve dans les généalogies bibliques, I Par., v, 4, et dans les inscriptions cunéiformes. On rapproche, en effet, ce nom de celui d’un roi de Lydie, Gygès, en assyrien : Gu-gu, Gu-ug-gu. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 427. Il n’y a donc pas lieu de recourir à une fiction. D’autres supposent que c’est un titre comme celui de pharaon, désignant d’une façon générale la dignité royale : Kuk, Khon, King, König. Cf. Le Hir, Les trois grands prophètes, Paris, 1877, p. 346. Mais si Gog, dans Ézéchiel, comme dans l’Apocalypse, xx, 7, est la figure des ennemis, des persécuteurs du peuple de Dieu et de l’Église, ce n’est pas une raison pour qu’il ne soit pas un personnage historique. M. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, Paris, 1882, t. ii, p. 461, n’hésite même pas à le reconnaître dans le Gâgu bel er Sa’hi. « Gôg, chef des Saces ou Scythes, » qui figure dans les récits des guerres d’Assurbanipal. « Dans les dernières années du VIIe siècle avant J.-C, les Scythes avaient, fait dans l’Asie occidentale une invasion formidable qui avait rendu leur nom redouté et exécré. Chassés des montagnes du Caucase, qu’ils habitaient, par les Massagètes, ils étaient descendus dans l’Asie-Mineure ; armés de l’arc et montés sur des chevaux, comme nous les représente Ézéchiel, xxxix 3, et xxxviii, 15, ils avaient pris Sardes ; puis, se tournant vers la Médie, ils défirent Cyaxaré, roi de ce pays ; de là ils se dirigèrent vers l’Égypte. Psammétique parvint à les éloigner, à force de présents ; revenant donc sur leurs pas, ils pillèrent le temple d’Ascàlon ; mais ils furent enfin battus et détruits, non pas cependant sans laisser leur nom après eux comme un synonyme de terreur et d’épouvante. La tradition rattache le nom de Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à la scène de leur désastre ; Le souvenir de leurs ravages et de leurs cruautés était encore récent et présent à toutes les mémoires quand écrivait Ézéchiel ; voilà pourquoi Dieu lui inspira de prendre les Scythes comme l’emblème de la violence contre le peuple de Dieu et de montrer dans leur défaite le signe prophétique de la défaite de tous les ennemis de son nom. » F. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1896, t. ii, p. 748. Le prophète nous représente Gog réunissant une armée formidable dans laquelle on voit des Perses, des Éthiopiens, des Libyens, des Cimmériens et des Arméniens, puis, sur l’ordre de Dieu, la conduisant du nord contre la Palestine. Ezech., xxxviii, 1-9. Le but de l’envahisseur est de dévaster la Terre-Sainte redevenue prospère. v. 10-16. Mais Dieu, pour montrer aux païens quelle est sa puissance, anéantira tous ces barbares, v. 17-23, qui périront sur les montagnes d’Israël, xxxix, 1-8. Les bêtes fauves et les oiseaux de proie se rassasieront de la chair des-morts. v. 9-20. La victoire de Jéhovah contribuera ainsi à procurer la gloire de son nom parmi tes gentils ; car s’il a puni son peuple, parce qu’il avait péché, il s’est maintenant réconcilié avec lui pour ne plus l’abandonner, v. 21-29. Voir Magog.

A. Legendre.

GOÏM (hébreu : בּלים, Gôîm), mot hébreu qui signifie : — 1° « peuples, nations, » et qui se dit spécialement des nations autres que les Israélites, c’est-à-dire des peuples idolâtres ou polythéistes, les Gentils. II Esd., v, 8 ; Jer., xxxi, 10 ; Ezech., xxiii, 30 ; xxx, 10, etc. Cf. Luc, ii, 32. Voir Gentils, col. 189. — 2° Dans un sens plus restreint, Gôim est un nom propre qui désigne C8

— 4. Dans la Genèse, xïv, 1, 1e peuple ou le pays dont était roi Thadal, l’un des princes qui firent une campagne contre la Palestine avec Chodorlahomor (Septante : EOvtj ; Vulgate : gentes). D’après les uns, les Gôîm de Thadal sont des bandes de nomades ; d’après d’autres, Gôîm est une corruption de Guti, pays dont parlent dès une époque très ancienne les inscriptions cunéiformes. Voir H. Winckler, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, t. iv, 1889, p, 406 ; H. V. Hilprecht, The Babylonian Expédition of the Vnivérsity of Pennsylvanie, 2 in-4, Philadelphie, 1893-1896, t. i, p. 12-14 ; A. H. Sayce, The Higher Criticism, in-12, Londres, 1894, p. 167 ; A. Delattre, Esquisse de géographie assyrienne, in-8°, Bruxelles, 1883, p. 32. La situation du pays de Guti est incertaine. Voir F. Vigouroux, La Bible et Us découvertes modernes, 6e édit., t. i, p. 496. M. E. Schrader le place au nord-est de la Babylonie, sur la frontière de Médie. Die Keilinschriften und das dite Testament, 2e édit., 1883, p. 135 ; cf. Fr. Delitzsch, Wo lag das Parodies, in-8°, Leipzig, 1881, p. 233-237. Voir la carte de la Babylonie, t. i, col. 1361. — M. Pinches a retrouvé le nom de Thadal sur une tablette assyrienne malheureusement mutilée. B est écrit Tudghula. Une autre tablette nous apprenant que Chodorlahomor, roi d’Élam, avec qui Tudghula faisait la campagne, avait réuni les Umman Manda ou « nations barbares » pour attaquer Babyione, ou peut supposer que Gôîm, dans son sens sémitique de « nations » diverses, est appliqué à ces Umman Manda. Voir Th. G. Pinches, Certain Inscriptions and Records refering to Babylonia and Elam, dans le Journal of the Transactions of the Victoria Institute, t. xxix, 1897, Sp. 158 + Sp. il 962, ligne 21, p. 61, et lettre de M. Sayce, p. 90. — 2. Dans le livre de Josué, xii, 23, est mentionné un roi de Gôîm (Septante : rse : ’; Codex Alexandrinus, IWi’ii ; Vulgate : gentes), qui habitait près de Galgal. Le mot Gôîm désigne probablement une tribu nomade. Ce qui le fait penser, c’est d’abord le nom vague jde Gôlm et ensuite la manière dont est indiqué le lieu où habitait leur roi : il n’est pas roi d’une ville déterminée, comme les autres qui sont énumérés en grand nombre dans Jos., xii, mais d’un peuple qui « habite près de Galgal », par conséquent sous la tente. F. Vigouroux.

    1. GOLAN##

GOLAN, orthographe, dans la Vulgate, Deut., iv, 43, du nom de pays qui est écrit ailleurs Gaulon. Voir Gaulon, col. 116. i

    1. GOLDHAGEN Herman##


GOLDHAGEN Herman, jésuite allemand, né à Mayence le 14 avril 1718, mort à Munich le 28 avril 1794. Entré au noviciat le 13 juillet 1735, il enseigna la grammaire, les humanités, là rhétorique et la théologie. Après 1773, il fut nommé conseiller ecclésiastique.’H xaivy) Aia8rixr| sive Novum D. N. J. C. Testamentum Grsecum cum variantibus lectionibus, quæ demonstrant Vulgatam Latinam ipsis è Grsecis N. T. Codicibus hodiénum extanlibus Authenticam.Accedit index epistolarum et Evangeliorum spicilegium dpologeticum et Uxidion grseco-latinum, in-8°, Mayence, 1753, Liège, 1839 (le Lexidion a paru à part, à Mayence, 1753, et à Francfort, 1756) ; Exegesis catholica in præcipuas voces Sacrée Scriptwse ab acatholicis aliéna sensu maie explicatas, in-8°, Mayence, 1757 ; Hodegus Biblicus, sive nova methodus Sacra Biblia intra annum, cum fructu Ugendi, horse quadrante quot diebus impenso disposita, ad Romani quod vocant Missalis ordinem, in-8°, Mayence, 1763 ; Introductio in Sacram Scripturam Veteris et Novi Testamenti maxime contra theistas et varii nominis incredulos, in qua quæ ad saci-i codicis vindwias ad criticam sacram rem philblagicam faciunt, apta ad scholas methodo exhibentur, 31n-8°, Mayence, 1765-17661768 ; Vindicise harmonicse et exegeticæ in Sacram Scripturam Veteris ac Novi Testamenti una cum

introductione ad finem legis veteris Jesum Ghristum. in ea agnoscendum Contra recentiores Bibliomachoset varii nominis Incredulos, 2 in-8°, Mayence, 1774-1775. Il traduisit aussi en allemand le Livre des Psaumes, avec les explications du P. Jac. Phil. Lallemant, S. J., en y joignant les siennes. C. Sommervogel.

    1. GOLGOTHA##


GOLGOTHA, nom araméen du lieu où fut crucifié Notre-Seigneur. Matth., xxvii, 33 ; Marc, xv, 22 ; Joa., xix, 17. Voir Calvaire, t. ii, col. 77.

1. GOLIATH (hébreu : Golyât, <n l’exilé » ( ?) ; Septante : ToXiàe, VoUâS), géant fameux, de la ville de Geth, dont la taille était de six coudées et d’un palme, selon l’hébreu et la Vulgate, I Sam. (Reg.), xvii, 4, de quatre coudées seulement et d’un palme, selon les Septante et Josèphe, Ant. jud., VI, ix, 1. On croit qu’il était un survivant de la race gigantesque des Énacites, réfugiés chez les Philistins. Voir Énacites, t. ii, col. 1766. La Vulgate le déclare vir spurius, « bâtard. » Cf. Queest. hebraic. in lib. I Reg., dans S. Hieronymi Opéra, t. xxiii, col. 1403. Mais l’expression hébraïque correspondante, ’îS-habbênayîm, signifie littéralement homme des intervalles, c’est-à-dire champion qui se place entre deux camps ennemis afin de terminer la guerre par un combat singulier. Les Septante, I Reg., xvii, 23, ont traduit exactement : 6 fi£<xaîoc, et Aquila : i fienâîùjv. Gesenius, Thésaurus, p, 204 ; F. de Hummelauer, Comment, in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 172. D’après cette interprétation, cette dénomination correspondrait à l’événement historique qui a rendu Goliath célèbre. Ce géant faisait, en effet, partie de l’armée des Philistins, qui sous le règne de Saùl avait envahi le territoire israélite et était campée sur une hauteur entre Socho et Azéca. Les troupes de Sàùl stationnaient en face sur une autre élévation, de telle sorte que les deux camps étaient séparés par une vallée. Or Goliath, armé d’airain de pied en cap, la tête couverte d’un casque (voir t. ii, col. 332), le buste d’une cuirasse d’écaillés du poids de cinq mille sicles (t. ii, col. 1140), les cuisses de jambières (t. ii, col. 11521153), une javeline sur l’épaule et en main une lance dont la hampe ressemblait à l’ensouple des tisserands et dont le fer pesait six cents sicles (t. ii, col. 2209), précédé de son écuyer qui portait son grand bouclier (t. i, col. 1884), Goliath, dans cet appareil de guerre, s’avança du côté des bataillons d’Israël et les provoqua à un combat singulier dont l’issue déciderait du sort des deux peuples : la nation du champion vaincu serait l’esclave de la tribu du vainqueur. Dans la bouche du géant, ce défi provocateur, était une audacieuse bravade. Confiant dans sa force et sachant qu’Israël ne pouvait lui opposer un guerrier d’une vigueur supérieure, Goliath était assuré du succès. De leur côté, Saùl et tous ses hommes, n’osant pas relever le défi, étaient remplis de stupeur et tremblaient de tous leurs membres. I Reg., xvii, 4-11. Le Philistin renouvela sa provocation pendant quarante jours, matin et soir. I Reg., xvii, 16.

Sur ces entrefaites, le jeune David vint au camp d’Israël prendre des nouvelles de ses trois frères, qui faisaient partie de l’armée de Saùl. Il entendit Goliath répéter son arrogant défi et il vit les Israélites fuir de peur devant lui. Pour ranimer les courages vacillants, un soldat rappela la récompense que Saùl avait offerte à quiconque tuerait le géant philistin : le roi le comblerait de richesses, lui donnerait sa fille en mariage et exempterait du tribut la maison de son père. Encouragé par cette belle récompense, désirant surtout enlever l’opprobre d’Israël, en faisant périr un incirconcis qui insultait l’armée du Dieu vivant, David se présenta hardiment pour se mesurer avefr Goliath. L’infériorité apparente de ses forces, les injustes et blessants reproches de son frère Eliab, les prudentes représentations du roi ne diminuèrent pas son courage et ne changèrent pas sa

résolution. Le jeune pâtre, qui étouffait les lions et les ours, mettait sa confiance dans le secours de Jéhovah qui le délivrerait de la main du Philistin. Ayant rejeté les armes royales qui entravaient sa marche, muni seulement de sa fronde et de cinq pierres polies, il marcha contre le géant. Celui-ci, toujours précédé de son écuyer, méprisa son faible et audacieux adversaire, et lui cria : « Suis-je donc un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton ? » Il le maudit ait nom de ses dieux et le menaça de donner sa chair en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs. Comptant sur le Dieu des armées d’Israël qui se vengerait des outrages de Goliath et sûr du succès, David riposta par des menaces semblables. La lutte ne fut pas de longue durée. Le Philistin se précipita sur son adversaire, qui le laissa approcher jusqu'à la distance convenable, puis arma prestement sa fronde et lui lança une pierre. Le coup atteignit au front le géant, qui tomba par terre. David se jeta sur lui, lui arracha son épée et lui trancha la tête. A cette vue, les Philistins s’enfuirent et furent défaits par l’armée israélite. I Reg., xvii, 23-53. Voir t. ii, col. 1311. David, portant à la main la tête de Goliath, fut présenté à Saül par Abner. I Reg., xvii, 57. Plus tard, peut-être seulement après la conquête de Sion, il la transporta à Jérusalem, et il mit les armes du géant dans sa tente comme un glorieux trophée. I Reg., xvii, 54. Le glaive de Goliath fut déposé au sanctuaire de Nob, où on le gardait enveloppé dans une étoffe précieuse, derrière l'éphod du grand-prêtre. Poursuivi par Saùl et avant de se réfugier chez Achis, roi de Geth, David le reçut des mains d’Achimélech ; il n’en connaissait pas de meilleur. I Reg., xxi, 9 ; xxii, 10.

L’auteur de l’Ecclésiastique, xlviî, 4-6, attribue justement la victoire de David sur Goliath à la protection divine, à laquelle le jeune héros avait eu recours et de laquelle il a obtenu la force d’abattre cet homme redoutable au combat et de relever la puissance de sa nation. Quelques manuscrits des Septante et la Vulgate attribuent la composition du psaume cxliii à l’occasion du combat contre Goliath. Les targumistes confirment cette attribution par ces mots du y 10 : « Vous avez préservé David votre serviteur du glaive meurtrier. » Mais saint Hilaire de Poitiers, Tract, in cxliii Ps., t. ix, col. 843-844, a remarqué que ce psaume n’est pas une action de grâces de la victoire remportée sur le géant philistin, mais qu’il contient des renseignements qui se rapportent à une époque postérieure. Aussi pense-t-il que les Septante ont ajouté au titre cette indication pour signaler la signification spirituelle du combat de David et de Goliath. Plusieurs Pères, en effet, ont considéré ce combat comme représentant allégoriquement la victoire de Jésus-Christ sur le démon, l’ennemi du salut des hommes. Cf. Théodoret, Quxst. in I Reg., int. xli, t. lxxx, col. 568 ; S. Augustin, Enarr. in Ps. cxliii, 1, t. xxxvii, col. 18551856 ; Sermo xxxii, de Golia et David, t. xxxviii, col. 196-198 ; S. Grégoire le Grand, Moral, in Job, Xviii, 16, et xxxiv, 11, t. lxxvi, col. 50, 729 ; S. Bernard, Sermo Dom. IV post Pentecosten, t. clxxxiii, col. 333-338. Les Arabes ont connu Goliath sous le nom de Gialout. Ce nom, selon eux, est commun à tous les rois des Philistins, de sorte que David tua le Gialout de son temps. Voir d’Herbelot, Bibliothèque orientale, Paris, 1697, art. Gialout, p. 392. Cf. Danko, Historia revelationis divinæ V. T., Vienne, 1862, p. 235-237 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 258-259.

E. Mangenot.

    1. GOLIATH##


2. GOLIATH, géant de Geth, nomme _II Reg., xxi, 19, Comme ayant été tué sous le règne de David. Au lieu de Goliath, il faut lire « frère de Goliath » (c’est-à-dire frère de Goliath 1), comme le porte I Par., xx, 5. Voir Akéodat, t. i, col. 215.

GOMAR ou GŒMAERE François, théologien cal viniste hollandais, né à Bruges le 30 janvier 1563, mort à Groningue le Il janvier 1641. Il fut le chef des calvinistes qui, de son nom, s’appelèrent gomaristes, par opposition aux remontrants. Après avoir étudié dans les meilleures écoles protestantes d’Allemagne, il passa en Angleterre où il suivit les cours des universités d’Oxford et de Cambridge. Il revint se perfectionner dans la connaissance du grec et de l’hébreu à Heidelberg, et de 1587 à 1593 fut pasteur de l'église flamande de Francfort. En 1594, il obtint la chaire de théologie à l’université de Leyde. Les luttes qu’il engagea contre Arminius et ses disciples l’amenèrent à donner sa démission, et en 1611 il se retira à Middelbourg d’où il alla en 1614 à Saumur enseigner la théologie. En 1616, il vint se fixer à Groningue. Parmi ses écrits nous devons mentionner : Examen controversiarum de Genealogia Ckristi, in-8°, Groningue, 1631 ; Dissertatio de Evangelio Matthsei quanam lingua sit scriptum, in-8°, Groningue, 1632 ; Davidis Lyra, seu nova Ebrsea sacrse Scripturse ars poetica canonibus suis descripla et exemplis sacris et Pindari ac Sophoclis parallelis demonstrata cum selectorum Davidis, Salomonis, Jeremise, Mosis et Jobi poematum analysi poetica, in-4°, Leyde, 1637. Outre les écrits précédents, on remarque encore dans ses Opéra theologica omnia, maximam partem posthuma, in-f", Amsterdam, 1645, 2e édit., 1664 : Analysis et explicatio quinque prïorum capitum Apocalypseos ; Illustrium ac selectorum locorum explicatio Matthsei, Luc » et Johannis ; Analysis et explicatio prophetiarum quarumdam Mosis de Christo ; Analysis Obadise. — Voir Richard Simon, Histoire critique des commentateurs du Nouveau Testament, 1693, p. 762 ; Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 511, 638, 641, 650, 905 ; Biographie nationale, Bruxelles, t. viii, 1884-1885, col. 98.

B. Heurtebize.

GOMÉD, nom d’une mesure hébraïque, mentionné seulement une fois dans l'Écriture. Nous lisons, Jud., m, 16, que le glaive dont se servit Aod pour tuer Églon roi de Moad, avait « un gôméd » de longueur. Les Septante ont traduit (rmOaurj, « empan ; » Aquila et Symmaque : fpôvOo ; TiaXaioriafoç, « poing palestinien ; » la Vulgate : palma manus, « paume de la main. » Le mot hébreu signifie proprement « bâton ». On peut induire des circonstances du récit qu’Aod s'était fabriqué un glaive plus court qu’on ne le faisait ordinairement, afin de pouvoir plus facilement le dissimuler (voir Aod, t. i, col. 715), mais il est impossible de déterminer la valeur exacte du gôméd. D’anciennes versions ont rendu ce mot par « aune », cf. Gesenius, Thésaurus, p..292, et plusieurs croient que sa dimension était la même que celle de la coudée (environ 50 centimètres). Voir COUDÉE, t. ii, col. 1060.

1. GOMER (hébreu : Gômèr ; Septante : Tapiép), le premier des sept fils de Japheth, père d’Ascenez, de Riphath et de Thogorma. Gen., x, 2-3. Voir Ascenez, t. i, col. 1069 ; Riphath et Thogorma. Le nom de Gomer n’est mentionné qu’une autre fois dans l'Écriture, avec Thogorma, parmi les peuples du nord qui composent l’armée de Gog, roi des Scythes. Ezech., xxxviii, 6 (Septante : Poiiép). — On a identifié les descendants de Gomer avec des peuples très divers. On s’accorde généralement à le regarder aujourd’hui comme le père des anciens Cimmériens, qui, à partir d’Asaraddon, sont nommés dans les inscriptions cunéiformes comme habitant mat (la terre de) Gimir, et sont désignés sous le nom de Gimirrai. Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, in-8°, Giessen, 1878, p. 519 et surtout p. 157162 ; Id., Die Keilinschriften und das aile Testament, 2e édit., 1883, p. 80, 428 ; Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, 2e édit., in-12, t. ii, Paris, 1882, p. 332-386. Il ne faut pas les confondre avec les Cimbres postérieurs et avec les différentes branches de la famille celtique.

271

GOMER — GOMME, GOMME ADRAGANTE

272

Plusieurs pensent que Corner désigne les habitants de la Cappadoce, appelés par les Arméniens Garnir. Leur opinion est fondée en ce sens que le peuple de Gomer, ou au moins une de ses branches, habitait la Cappadoce du temps du prophète Ezéchiel, xxxviii, 6, mais les anciens Gimmirai avaient d’abord habite au nord du Pont-Euxin (la mer Noire actuelle), dans la péninsule de la Chersonèse taurique, comme nous l’apprennent les plus anciens témoignages. Strabon, VII, iv, 3, 5, édit. Didot, p. 257, etc. Voir Knobel, Vôlkertafel, p. 24. Homère,

(fig. 55), mais ils furent finalement expulsés par Alyatte, à l’exception d’un petit nombre qui s’établit à Sinope et à Antandros, et ils disparurent alors de l’histoire. Le nom des Cimmériens survit encore aujourd’hui dans celui de Grimée. — Sur les anciennes identifications géographiques, voir Bochart, Phaleg, iii, 8, 3e édit.*. Liège, 1692, t. i, p. 171 ; A. Knobel, Lie Vôlkertafel der Genesis, in-8°, Giessen, 1853, p. 23-32.

2. GOMER (hébreu : Gômcr ; Septante : r<5(iep), fille

"^n

Cj. — Bataille des Cimmériens accompagnés de leurs chiens contre les Grecs. Sarcophage clazoménien. D’après les Monuments Pio’, t. iv, pl.v.

Odyss., XI, "13-19, parle des Cimmériens qui vivent dans les Tégions boréales, plongés dans l’obscurité sans que le soleil les éclaire de ses rayons. Ct. Eschyle, Prom. vinct., 729. Les vieux noms géographiques de Bosphore Cimmérien, d’isthme Cimmérien, de mont Cimmérien, etc., attestent leur séjour sur les bords de la mer Noire. — Les écrivains grecs postérieurs à Homère, en particulier Hérodote, IV, 12, 45, 100, nous ont conservé le souvenir de l’invasion des Cimmériens en Asie Mineure, au VIIe siècle avant notre ère, lorsqu’ils lurent obligés de fuir devant les Scythes. Ils se battirent pendant, plus d’un demi-siècle contre les rois de Lydie

de Debélaïm, et femme d’Osée. Osée, i, 3. Elle est appelée « prostituée », ꝟ. 2, et le prophète reçoit l’ordre de la prendre pour épouse afin de symboliser la prostitution spirituelle d’Israël par l’idolâtrie. Elle donna à Osée deux fils et une fille qui reçurent les noms symboliques de Jezrahel, ꝟ. 3-4, de Lô’'Amrni (Non-populvs-mëus), 1. 10, et de Lô’Ruhdmdh (Absquemisericordia), ?, 6. Sur la nature de ce mariage, voir Osée.

    1. GOMME##

GOMME, GOMME ADRAGANTE. Voir Astragale, t. i, col. 1188-1191.

    1. GOMOR##

GOMOR (hébreu : ’ômér ; Septante : Y<>|i<5p ; Vulgate : ’gomor), mesure hébraïque de capacité mentionnée seulement dans le chapitre xvi de l’Exode, à l’occasion de la manne. On devait recueillir chaque jour un gomor de manne, ꝟ. 16, 18, excepté la veille du sabbat, où l’on faisait double provision, ꝟ. 22, afin d’en avoir pour le jour même du sabbat. Sur l’ordre de Dieu, Aaron plaça un gomor de manne dans l’arche, t 32-33, comme mémorial du miracle opéré par le Seigneur pour nourrir son peuple dans le désert. — Le texte sacré nous apprend que « le gomor est la dixième partie de l’éphi », ꝟ. 36, c’est-à-dire que sa contenance était de 3 litres 88. Voir Éphi,

t.n, col.l864. — Le mot « - » £, en arabe, identique à l’hébreu iDr, ’ômér, signifie une espèce de vase ou de

coupe. Le mot gomor n’élant employé que dans le seul endroit de la Bible où il est question de la quantité de manne attribuée à chaque Israélite, il est possible que ce terme signifie moins une mesure de capacité proprement dite qu’une sorte de vase particulier, bien connu des Hébreux, dont là capacité était généralement uniforme, et qui servait à mesurer la ration quotidienne de manne dans le désert. C’est peut-être pour cette raison qu’à la fin du récit concernant la manne, l’auteur sacré donne l’explication : « Le gomor est la dixième partie de l’éphi. » Exod., xvi, 3. Voir F. Vigoureux, Manuel biblique, n° 257, 10e édit., t. i, p. 436-437.

Partout ailleurs, dans tout le reste du Pentateuque (mais dans aucun autre passage de l’Ancien Testament), la dixième partie de l’éphi est appelée p-roy, ’issdrôn,

mot qui signifie « dixième », d’où la traduction ordinaire des Septante : 8lxaTov (plus, complètement, Num., xv, 4, ôsxarov toO otçé), et de la Vulgate, décima pars, décima. L’addition « éphi » ne se lit jamais dans le texte original avec le mot’iésârôn, mais elle se lit avec l’équivalent nnHiry, ’àèirif hâ-’éfâh, Lev., v, 11 ; VI, 13 (Vulgate 20) ;

Num., v, 15 (Vulgate : satùm, au lieu A’ephi) ; xxviii, 5. Cf. Exod., xvi, 36. — Le’issârôn sert toujours à mesurer les solides et spécialement la farine, dont un dixième d’éphi, pétri avec un quart de hin d’huile et un quart de hin de viii, devait être offert avec le sacrifice quotidien de l’agneau, Exod., xxix, 40, et de même, avec des proportions plus ou moins différentes et certaines variations, dans d’autres espèces de sacrifices. Lev., xiv, 10, 21 ; xxiii, 13, 17 ; xxiv, 5 ; Num., xv, 4, 6, 9 ; xxviii, 9, 12, 13, 20, 21, 28, 29 ; xxix, 3, 4, 9, 10, 14, 15. — Il ne faut pas confondre le gomor avec le borner (voir Cor, t. ii, col. 954) qui est une mesure complètement différente, quoique plusieurs écrivains grecs aient transcrit le hômér hébreu par yijjiop, par exemple, saint Épiphane, De mens, et pond., 21 (voir la note 61, ibid.), t. xliii, col. 273.

    1. GOMORRHE##

GOMORRHE (hébreu : ’Amôrâh ; Septante : Tolitf ^a), une des villes de la Pentapole, détruite avec Sodome par un épouvantable cataclysme. Gen., xiv, 2 ; Xix, 24. Le nom hébreu, mby, ’Amôrâh, signifie « submersion » suivant les uns, Gesenius, Thésaurus, p. 1046, « fente, crevasse, » selon les autres, J. Fûrst, Hebrâisches Handwôrterbuch, 1863, t. ii, p. 162, etc. En réalité, l’étymologie de ce nom est inconnue. On l’a rapproché de l’arabe Ghamr. Le ghaïn (r grasseyé) rend, en effet, l’aï », comme nous le voyons dans Gaza, hébreu : ’Azzdh ; arabe : Ghazzéh. L’écriture hébraïque ne distingue pas entre ces deux articulations cependant différentes. Les Grecs, ne pouvant exprimer ni l’une ni l’autre, ont mis le T, rojjiôpfa, TiÇa.

Où se trouvait Gomorrhe ? Aucun renseignement précis de l’Écriture ne saurait nous guider dans cette difficile question. L’opinion qu’on peut se faire dépend donc nécessairement de celle qu’on adopte pour l’emplacement de la Pentapole et de la vallée de Siddim. Deux

hypothèses ont cours actuellement. Le première cherche les villes maudites au nord de la mer Morte. En ce qui concerne Gomorrhe, en particulier, M. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853, t. ii, p. 165-167, croyait l’avoir retrouvée dans les ruines de Gumrdn, vers l’extrémité nord-ouest du lac. C’est une de ces assimilations basées sur une pure apparence onomastique, qui ont souvent séduit l’esprit primesautier du savant voyageur. M. Clermont-Ganneau a, par des arguments surtout philologiques, combattu cette identification dans la Revue archéologique, mars 1877, p. 193-198. Les explorateurs anglais, tout en adhérant à cette première hypothèse, se contentent d’indiquer, comme pouvant rappeler Gomorrhe, Vouadi’Amr, situé à l’extrémité nord-est de la mer Morte. Cf. G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 74. — La seconde opinion place la Pentapole au sud du lac Asphaltite, en prenant comme point de repère les deux villes de Sodome et de Ségor, dont la situation lui paraît suffisamment établie. C’est d’après cela que M. Clermont-Ganneau, Recueil’d’archéologie orientale, Paris, 1888, t. i, p. 163, suggère cette conjecture sur l’emplacement possible de l’antique cité : « Les rives méridionales de la mer Morte, dit-il, ne nous fournissent aucun nom topique approchant de celui-là [Gomorrhe]. En revanche, les anciens géographes arabes nous parlent d’une localité qui, au point de vue purement onomastique, ferait admirablement l’affaire : c’est -^i, Ghamr. Moqaddesy la mentionne sur la route qui mène de Ramléh de Palestine au désert d’Arabie : « De Soukkariyéh à Touleil, « deux journées de marche ; de Touléil à Ghamr, deux « journées ; puis à Waila (Élath, sur le golfe d’Akabah), « deux journées. » « À Ghamr, dit-il ailleurs, il y a de « l’eau mauvaise qu’on obtient en creusant dans le sable. » Je n’hésite pas à reconnaître ce Ghamr dans VAïn Ghamr de nos jours, situé dans l’Arabah, au débouché de l’ouadi Ghamr, à environ une vingtaine de lieues au sud de l’extrémité méridionale de la mer Morte. Que si l’on éprouve quelque répugnance à mettre Gomorrhe à pareille distance de la mer Morte, il ne faut pas oublier que, d’après la façon même dont la Genèse, x, 19, procède à son énumération, Gomorrhe semble, ainsi que Séboïm et Adama, avoir été au sud de Sodome. Dans ce cas, la Pentapole se trouverait donc occuper la partie méridionale du bassin primitif de la mer Morte, Sodome et Sigor étant, à droite et à gauche, les deux villes les plus septentrionales du groupe. Ce serait bien conforme à la tradition arabe, qui n’est pas à dédaigner, tradition qui place justement dans cette région ce qu’elle appelle les « villes du peuple de Lot ». C’est ce qui résulte avec évidence de l’énumération de Moqaddesy qui décrit ainsi, en remontant successivement du sud au nord, la limite du désert d’Arabie : Waila, Élath ; les villes du peuple de Lot ; Moab, Amman ; Edra’al ; Damas et Palmyre. » Si nous admettons volontiers l’emplacement de Gomorrhe au sud de la mer Morte, il nous semble difficile de la reconnaître si loin, malgré la ressemblance, ou, si l’on veut même, l’identité des deux noms. L’énumération de la Genèse, x, 19, semble précisément la rapprocher beaucoup plus de Sodome, à laquelle, du reste, elle est généralement unie dans les différents passages de l’Écriture où elle est citée. Ensuite, peut-on dire que Aïn Ghamr appartenait au kikkâr ou « cercle » du Jourdain, dans lequel la Bible nous montre ces deux villes ? Gen., xiii, 10. Enfin, et surtout, comment Abraham, des hauteurs qui avoisinent Hébron, aurait-il pu, « en regardant du côté de Sodome et de Gomorrhe et de toute la région du kikkâr, voir la fumée qui montait de la terre comme d’un four ? » Il est impossible que de la le regard se porte jusqu’à vingt lieues au sud du lac. — On peut voir sur l’origine de la mer Morte et la destruction des villes maudites, M. Blanken

horn, Enststehung und Geschichte des Todten Meeres, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. xix, 1896, p. 1-65 ; Noch eiivmal Sodom und Gomorrha, dans la même revue, t. XXI, 1898, p. 65-83.

— Voir Sodome, Ségor.

Gomorrhe est mentionnée pour la première fois à propos des limites de Chanaan, au sud-est, Gen., x, 19, puis au sujet de la séparation d’Abraham et de Lot. Gen., xiii, 10. Son roi, Bersa, s’unit à ceux de Sodome, d’Adama, de Séboim et de Ségor, pour résister à Chodorlahomor et ses alliés. Il périt dans la mêlée et la ville fut pillée. Gen., xiv, 2, 8, 10, 11. Souillée de crimes honteux, Gen., xviii, 20, celle-ci fut condamnée par la justice de Dieu, qui fit tomber sur elle une pluie de soufre et de feu. Gen., xix, 24. Ce terrible châtiment resta toujours gravé dans la mémoire du peuple Israélite, et lui fut du reste souvent rappelé comme un exemple de la colère divine. Deut., xxix, 23 ; xxxii, 32 ; Is., i, 9 ; Jer., xxiii, 14 ; Am., iv, 11 ; Rom., ix, 29. Il est donné comme une image du sort qui attend Babylone, Is., xiii, 19 ; l, 40 ; Pldumée, Jer., xlix, 18 ; le pays d’Ammon. Soph., ii, 9. Le peuple de Juda et de Jérusalem est appelé un « peuple de Gomorrhe » à cause de ses iniquités. Is., i, 10. Notre-Seigneur déclare plus coupables encore les villes qui ne voudront pas recevoir sa parole. Matth., x, 15. Saint Pierre, II Ep., ii, 6, et saint Jude, 7, attachent également ce souvenir à la punition

du péché.
A. Legendre.

GOND, pièce de métal fixée en haut et en bas d’une porte, et déterminant l’axe vertical autour duquel elle peut tourner. Le gond, sir, azp6tfiyï„ cardo, roule dans des trous ou godets de métal ou de pierre dure (fig. 56),

au bois à l’aide de clous ; un de ces godets de bronze a été trouvé à Tell Loh encore en place sur la crapaudine(fig.58, partie supérieure). » E. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, p. 27. — La Sainte Écriture mentionne les po 56. — Porte en pierre d’une chambre sépulcrale du Tombeau dit des Rois à Jérusalem. Musée judaïque du Louvre.

appelés pofôp, Oupiipata, cardines. On a trouvé en Egypte (fig. 57), en Assyrie et en Chaldée (fig. 58) plusieurs de ces pofof. « M. de Sarzec a rapporté au Louvre un grand nombre de ces blocs naturels qui se trouvaient enfoncés dans le pavage (à Tell Loh) de manière à n’émerger à la surface que de quelques centimètres. Sur la face plane de chacun d’eux, on voit que la crapaudine, creusée en godet conique, a subi un frottement incessant ; autour du "trou, en gravait une inscription quelquefois circulaire. Pour éviter que le pivot en bois des vantaux (de la porte) vint à s’user trop rapidement, on l’enveloppait d’une gaine de métal qui affectait la forme d’Un entonnoir qu’on fixait

57. — Gond de porte égyptien portant en inscription la légende de la reine Nitocris, fille de Psammétique I", xxvr dynastie. Musée du Louvre.

(û( d’or des portes du Temple. III Reg., vii, 50. — Elle compare le paresseux qui se retourne dans son lit à une porte qui tourne sur son gond, sir. Prov., xxvi, 14. L’uu et l’autre se meuvent, mais sans changer de place. — Les versions traduisent par « gonds » de la terre, du ciel on

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58. — Gond de porte assyrien. Musée du Louvre.

de la porte, des mots qui en hébreu ont un sens qualque peu différent : qesêh, « extrémité, » Deut., xxx, 4 ; cf. Cabdinaux (Points), t. ii, col. 258 ; mesûqê, « colonne. » I Reg., ii, 8 ; hûg, « voûte, » Job, xxii, 14 ; SorSê, « profondeurs, » job, xxxvi, 30 ; r’ôS, « tête, » Prov., viii, 26 ; ’ammôt, « fondements, » Is., vi, 4 ; Sîrôt, « chants, » que les versions ont lu sirôt, Am., viii, 3 ; kaffôr, « chapiteau. » Am., ix, 1. H. Leséthe.

    1. GONDON Edme##


GONDON Edme, appelé aussi Goudon, né à Saint-Florentin, entra chez les capucins de la province de Paris le 21 août 1713, à l’âge de vingt et un ans, sous le nom de Bernard de Saint-Florentin. Les bibliographes lui attribuent une part dans les travaux des auteurs des Principes discutés. Il publia sous l’anonyme : Les Pseaumes expliqués dans le sens propre, pu le rapport des Pseaumes à Jésus-Christ, 2 in-12, Paris, 1766. Rien dans le volume n’indiquerait que l’ouvrage provienne d’un capucin, mais l’auteur suit la méthode de ses célèbres confrères de la rue Saint-Honoré, et il la justifie dans

un discours préliminaire fort savant qui occupe les 106 premières pages du livre. P. Apollinaire.

    1. GORDON Jacques##


GORDON Jacques, jésuite écossais, né dans le comté d’Aberdeen vers 1549, mort à Paris le 17 novembre 1641. Entré au noviciat à Paris en 1573, il enseigna la théologie, fut recteur des collèges de Bordeaux et de Toulouse et devint confesseur de Louis XIII. On a de lui Bibliasacra cum commentariis ad sensum literse et expHcatione temporum, locorum, rerumque omnium quæ in sacris codicibus habent obscuritatem, 3 in-f°, Paris, 1632. Dans le tome n il a donné les psaumes en hébreu avec la traduction latine de Pagnini. À la fin du tome m il y a l’Index copiosus totius Scripturse d’Emmanuel Sa.

C. SOMMERVOGEL.

    1. GORGE##

GORGE (hébreu : gârôn, gargerôf ; Septante : tpâ-X ^o ;  ; Vulgate : guttur), la partie antérieure du cou.

— Les femmes de Jérusalem marchaient la gorge tendue pour se donner un air hautain. Is., iii, 16. — On porte le collier comme ornement à la gorge. Ezech, , xvi, 11 ; Prov., i, 9. — Porter à la gorge, comme des parures, la bonté et la fidélité, la sagesse et la réflexion, les préceptes paternels, c’est ne jamais se départir de ces choses. Prov., iii, 3, 22 ; vi, 21. — On coupe la gorge, iâhat, pour les faire périr, soit aux animaux, Gen., xxxvii, 31 ;

I Reg., xiv, 32, 34 ; Is., xxii, 13, soit aux hommes. Jud., xii, 6 ; III Reg., xviii, 40 ; IV Reg., x, 7 ; xxv, 7, Jer., xxxix, 6 ; xli, 7. Dans les sacrifices, on égorge également soit les victimes animales, Exod., xii, 6, 21 ; xxix, 11, 16, 20 ; Lev., 1.5, 11 ; iii, 2, 8, 13 ; iv, 4, 15, etc. ; Num., xix, 3 ; Ezech., xl, 39, 41, soit même des victimes humaines. Gen., xxii, 10 ; Is., lvii, 5 ; Ezech., xvi, 21 ; xxiii, 39 ; Os., v, 2. — Le mot mur’àh, npo^o60 ;, vesicuta gutturis, désignant le jabot des oiseaux, n’est employé

qu’une seule fois. Lev., 1, 16.
H. Lesêtre.
    1. GORGIAS##

GORGIAS (Septante : Topftaç), général au service d’Antiochus IV Épiphane, qui passait pour très expérimenté dans les choses de la guerre. II Mach., viii, 9. Il est appelé « ami du roi. » I Mach., iii, 30. (Voir sur ce titre de <p(Xoç toC paaiXéw ;, ami du roi, t. i, col. 480.) Lysias l’envoya en Judée (165 avant J.-C.) avec Ptolémée fils de Dory mène, et Nicanor à la tête de 40000 fantassins et de 7 000 cavaliers pour ruiner la contrée selon les ordres d’Antiochus occupé alors au delà de l’Euphrate. fl. 39. Les trois généraux vinrent camper près d’Emmaûs. ꝟ. 40. Judas Mæhabée s’avança de son côté avec sa petite troupe et établit son camp au sud d’Emmaûs. J.57. Georgia conçut le projet de la surprendre avec 6000 hommes par une attaque nocturne, mais Judas, averti de son dessein, abandonna ses retranchements et par un coup d’audace tomba sur le camp où Nicanor était demeuré avec le gros de l’armée. Il s’en empara après avoir surpris et mis en fuite, par cette attaque imprévue, les 34000 hommes restés au camp. I Mach., iv, 1-15. Gorgias, qui avait en vain cherché Judas dans les montagnes où il pensait qu’il s’était enfui, revint au camp ; mais étonné et effrayé de le voir occupé par les Hébreux il se retira sans oser livrer bataille. I Mach., iv, 18-22. Il ne dut pas quitter complètement le pays, puisque nous le retrouvons peu après "sur le territoire des Philistins harcelant sans cesse les Juifs, avec l’aide des Iduméens, d’après le grec, et non de Juifs renégats, comme le dit la Vulgate. II Mach., x, 14, 15. — Vers ce temps, Judas étant allé faire une expédition en Galaad laissa en Judée Joseph fils de Zacharie et Azarias. I Mach., v, 18. Ils avaient ordre de garder la défensive ; mais excites par les succès de Judas en Galaad et de Simon en Galilée, ils voulurent eux aussi faire une action d’éclat et attaquèrent Jamnia. Gorgias, qui défendait la place, sortit et mit en fuite Joseph et Azarias en leur tuant 2 000 hommes. I Mach., v, 56-62.

II fut moins heureux quand Judas vint lui-même en Idumée, I Mach., v, 65 ; II Mach., xii, 32 ; dans la chaleur

du combat, un cavalier juif du nom de Dosithée fut sur le point de le faire prisonnier ; déjà il l’avait saisi par sa chlamyde, lorsqu’un cavalier thrace, coupant l’épaule et le bras de Dosithée, permit à Gorgias de se dégager et de s’enfuir à Marésa. II Mach., xii, 32-35. Pendant ce temps, Judas mettait en fuite, au chant des Psaumes, les soldats syriens, jꝟ. 36-37. Le mot Esdrin dut- 36 pourrait bien être une faute de copiste pour Gorgias comme portent plusieurs manuscrits. — Dans II Mach, , xii, 32, Gorgias est appelé gouverneur de l’Idumée ; plusieurs critiques pensent que par faute de copiste on a écrit’ISoU|iaiaç au lieu de’Ia^vEte ;  : de fait Josèphe, Ant. jud., XII, VIII, 6, lui donne ce titre, ô tîjç’lay, vziaç <rrpaT71Y<Sc, « gouverneur de Jamnia ; » et dans I Mach., v, 58-59, nous trouvons Gorgias commandant le corps d’armée renfermé dans cette ville. D’après II Mach., x, 14, le même Gorgias est nommé nTpaTïiYbç t&v totoov, « commandant ou. gouverneur de ces quartiers ; » or il se trouvait alors dans la contrée des Philistins. II Mach., x, 14-16. Jamnia est bien dans cette région. Après la défaite de Gorgias, mentionnée II Mach., xii, 32-37, il n’est plus question de lui ; on ne sait ce qu’il devint.

E. Levesque.

    1. GORRAN (Nicolas de)##


GORRAN (Nicolas de), théologien français, né à Gorron dans le Maine au commencement du xin » siècle, mort vers 1295, fit profession de la vie religieuse dans le couvent des dominicains du Mans. Il étudia dans le collège de. Saint-Jacques de Paris, y devint lui-même professeur et prieur vers 1276. Il fut pendant quelques années confesseur du roi Philippe le Bel. Nicolas de Gorran a laissé des commentaires sur un grand nombre de livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Seuls ont été imprimés : Postillse in psalterium, in-f°, Francfort, 1617 ; Commentaria in quatuor Evangelia, in-f°, Cologne, 1472 ; Postillx in actus Apostolorum, in-f », Haguenau, 1502 ; Postillse in epistolas Pauli omnes, in-f°, Cologne, 1478 ; Postillse in epistolas canonicas septem, in-f", Anvers, 1620 : ce commentaire avait été imprimé dès 1543 sous le nom de saint Thomas ; Postillse in Apocalypsim, in-f », Anvers, 1620. — Voir Échard, Scriptores Ordinis Prsedicatorum, t.i, p. 437 ; Fabricius, Biblioth. latina médise setatis (1858), t. iii, p. 71 ; Hist. littéraire de la France, t. xx, p. 325 ; Hauréau, Hist. littéraire du Maine, t. v (1872), p. 260 ; Desportes, Bibliographie du Maine (1854), p. 316 ; D. Piolin, Hist. de l’Église du Mans, t. iv, p. 432.

B. Heurtebize.
    1. GORSE Pierre##


GORSE Pierre, jésuite français, né à Albi le 20 avril 1590, mort au Puy, le 27 avril 1661. Entré au noviciat le 21 octobre 1607, il professa la rhétorique, la philosophie et la théologie morale. On a de lui Salomon ou explication abrégée du livre de l’Ecclésiastique, avecdes notes sur les passages obscurs, in-12j Paris, 1655 ; Salomon ou explication abrégée des Proverbes, 1655 ; Salomon ou explication abrégée de l’Ecclésiaste, 1655 ; Salomon ou… de la Sagesse, 1655. C. Sommervogel.

    1. GORTYNE##

GORTYNE (ropruva ; Vulgate : Gortyna), ville de l’île de Crête (fig. 59). Gortyne est nommée dans I Mach., xv, 23, parmi les villes auxquelles fut envoyée la lettre par

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59. — Monnaie d’argent de Gortyne.

Tête de Zens laurée, à droite. — î$. TOP | TYNIÛN. Europe

sur le taureau qui nage, à droite, et retourne la tête.

laquelle le consul Lucius annonçait l’alliance conclue entre les Romains et le grand-prêtre Simon. Il y avait

un grand nombre de Juifs en Crête, Josèphe, Ant.jud., XVII, xii, 1 ; Bell, jud., II, vu ; Philon, Légat, ad Caium, 36, et Gortyne paraît avoir été leur principale résidence. Ptolémée Philométor, qui traitait les Juifs avec bienveillance, rebâtit une partie de Gortyne. Strabon, X, IV, 7. Gortyne fut fondée par une colonie grecque d’Arcadie. C’était une ville d’une étendue considérable. Au temps d’Homère, elle était déjà entourée de murailles, lliad., ii, 646. Elle était située sur la côte sud de l’île, près de l’embouchure du fleuve Léthé. Ses ruines ont été souvent explorées et en particulier pendant ces dernières années. C’est là qu’on a trouvé des textes juridiques qui comptent parmi les plus importants de la Grèce antique. Ils sont gravés de la façon qu’on appelle boustrophedon, c’est-à-dire alternativement de droite à gauche et de gauche à droite. Ces textes ont été souvent publiés et commentés. Voir R. Dareste, B. Haussoullier et Th. Reinach, .Recueil des inscriptions juridiques grecques, t. i, in-8°, Paris, 1894, fasc. iii, p. 352-493. E. Beurlier.

    1. GOSEM##

GOSEM (hébreu : GéSe’m, II Esdr., ii, 19 ; yi, 1, 2,

et Gasmû, II Esdr., VI, 6, comme en nabathéen, cf. J. Euting, Sinaitische Inschriften, in-4°, Berlin, 1891, p. 46, n°345 ; Septante : T^craii.), appelé hâ-’arbï, « 1 Arabe, » II Esdr., ii, 19 ; vi, 1, était. avec Sanaballat l’Horonite, et Tobie l’Ammonite, un des opposants de Néhémie dans son dessein de relever les murs de Jérusalem. II Esdr., Il, 19 ; vi, 1, -2,. 6. Il devait être chef de quelque tribu d’Arabes ou Bédouins établie à l’est ou au sud-est de la Palestine transjordanique. Mais il n’est pas possible . actuellement de dire quelle était cette tribu, ni où plus précisément elle avait fixé sa demeure. Voir Arabe, t. i, col. 828-829. Gosem commence avec ses alliés à se moquer de l’entreprise des Juifs. II Esdr., ii, 19. Puis voyant la’muraille s’élever, tous pleins de fureurse rassemblèrent nour attaquer Jérusalem. II Esdr., iv, 7, 8. La ferme attitude de Néhémie les obligea à renoncer à leur expédition. Ils cherchèrent alors à en venir à leurs fins par là ruse. DI Esdr., vi, 1. Sanaballat et Gosem vinrent proposer une entrevue à Néhémie : mais celui-ci comprit bien que c’était un guet-apens, et ils eurent beau insister à quatre reprises et une cinquième fois envoyer une lettre où l’on prétendait que, selon la rumeur publique et lés accusations de Gosem, les Juifs voulaient se révolter contre le roi de Perse, Néhémie fut inébranlable. II Esdr., vi, 2-65. Le mur s’acheva et les ennemis des Juifs reconnurent que la main de Dieu était là. II Esdr., vi, 16. Dans II Esdr, , vi, 1, 2, 6, la Vulgate orthographie le nom avec deux s, Gossem. E. Levesque.

    1. GOSEN##

GOSEN (hébreu : GôSén ; Septante : Toaip.), nom en hébreu d’une contrée située en Egypte, d’une région et d’une ville de Palestine. La Vulgate appelle le Gôéén d’Egypte, Gessen. Voir Gessen.

4. GOSEN (hébreu : Gôëén, Jos., x, 41 ; hag-Gôsén, avec l’article, Jos., xi, 16), une des contrées méridionales de la Palestine. Jos., x, 41 ; xi, 16. Bien que le nom hébreu soit le même que celui de la terre de Gessen en Egypte, il est impossible de confondre les deux pays. Gosen, en effet, entre dans l’énumération des principaux districts de Chanaan : « Josué prit toute cette terre, la montagne, hâ-hàr, et tout le midi, han-négéb, et toute la terre de Gosen, ’erc ? hag-Gô$én, eta plaine, has-sefêld ii, et l’Arabah, hd-’ârdbdh, et la montagne d’Israël et sa plaine, s Jos., xi, 16. À suivre l’ordre marqué dans ce verset, il est permis de voir ici une région intermédiaire entre l’extrême sud, la montagne proprement dite et Ja Séphélah ou la plaine maritime. L’expression : « toute la terre de Gosen jusqu’à Gabaon, » Jos., x, 41, ne veut donc pas dire que la contrée s’étendait jusqu’à cette dernière ville, puisque celle-ci, située au nord de Jéru salem, est en plein dans la montagne. Gabaon indique la limite septentrionale de cette première conquête de Josué, comme Cadèsbarné en détermine le point extrême au sud, et Gaza à.’ouest. Avec des données aussi vagues, il nous est impossible de fixer la situation de Gosen. Ce district tirait-il son nom de la ville mentionnée, Jos., xv, 51, parmi les cités de Juda ? Voir Gosen 2. Non ; car elle fait partie du premier groupe de « la montagne ». Il est vrai que la chaîne commence en cet endroit à abaisser ses pentes. Mais en tout cas, la « terre de Gosen » ne devait pas marquer seulement les environs d’une ville ; elle devait avoir un rayon assez étendu.

A. Legesdre.

2. GOSEN (hébreu : Gôsén ; Septante : Toctôiji), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 51. Elle fait partie du premier groupe des cités de « la montagne », dont plusieurs sont parfaitement identifiées : Samir, Khirbet Sômerah, Jéther, Khirbet’Attir, Socoth, Khirbel Schuéikéh, Anab, ’Anâb, etc. Le territoire où il faudrait la chercher est donc nettement délimité, mais son emplacement est

complètement inconnu.
A. Legendre.
    1. GOSIER##

GOSIER (hébreu : gârôn, lôa’, de lûa’, « avaler ; » Septante : Xipuy ?, <pctpuY ? ; Vulgate : guttur, fauces), partie intérieure de la gorge, spécialement le larynx et le pharynx. — 1° Larynx. C’est avec le gosier qu’on crie à pleine voix, Is., lviii, 1, et qu’on célèbre les louanges de Dieu. Ps. cxux, 7. Les idoles ne peuvent s’en servir. Ps. cxiil, 7. Le gosier devient un « sépulcre béant » quand les paroles de calomnie trament la ruine du prochain. Ps. v, 11 ; Rom., iii, 13. Le gosier se dessèche à force de crier, Ps. lxviii, 4, ou à la suite d’une course exagérée. Jer., ii, 25. — 2° Pharynx. À table, pour contenir son appétit, il faut se « mettre le couteau à la gorge », c’est-à-dire déployer une volonté énergique pour se défendre contre tout excès. Prov., xxiii, 2,

H. Lesêtre.
    1. GOSSEM##


GOSSEM. La Vulgate écrit ainsi, II Esdr., vi, 1, 2, 6, le nom propre qu’elle écrit ailleurs Gosem. Voir Gosem, col. 279.

    1. GOTHONIEL##


GOTHONIEL, nom de deux Israélites.

    1. GOTHONIEL##


1. GOTHONIEL, le même personnage que Othoniel, I Par., xxvii, 15 : la différence vient de ce que les Septante transcrivent souvent le aïn hébreu par un g, ainsi Gomorrhe, où le g rend aussi un ain. Voir Othoniel.

2. GOTHONIEL (Septante : rodovrift), donné par la "Vulgate comme le même personnage que Chaami, mais d’après le texte des Septante qui paraît plus complet et plus exact, père de Chabri. Judith, vi, 15. Voir Charmi et Chabri.

    1. GOUFFRE##


GOUFFRE, profonde cavité soit vide, soit remplie d’eau, de feu, ou de toute autre substance dans laquelle on peut être englouti. L’idée de gouffre s’exprime en hébreu par plusieurs termes différents et s’applique à des cavités de plusieurs sortes.

La mer.

Dieu par sa seule parole dessèche îegouffre

(sûlâh, aëvaaoç, profundum) de la mer, Is., xliv, 27 ; Jonas, ii, 4, est jeté dans ce gouffre [mesûldk, piôi), gurges). Ps., lxvii, 23 ; lxviii, 16 ; cvi, 24.’C’est dans ce même gouffre (mesôlâh, quôôç, profundum) que les Égyptiens ont été engloutis. Exod., xv, 5 ; II Esdr., IX, 11. Dieu y jette les péchés qu’il pardonne, de manière qu’ils ne reparaissent plus jamais. Mich., vii, 19. Voir Abîme, t. i, col. 52.

Le fleuve.

Le gouffre (mefûlâh, aëuii<ro{, abyssus)

du fleuve, qui bouillonne au passage du crocodile, ressemble à la chevelure blanche d’un vieillard. Job, xli, 23. Pour faciliter le retour des Israélites captifs, Dieu desséchera le gouffre (mesulâh, pâOij, profunda) du fleuve, comme il fit autrefois au passage du Jourdain. Zach., x, 11.

La fange.

L’adversité engloutit le malheureux 

comme un gouffre (mefûlâh, p-j80ç, profundum) de lange. Ps. lxviii, 3. Voir Fange, t. ii, col. 2176.

La terre entrouverte.

C’est dans un gouffre de

cette nature que furent engloutis Coré, ’Dathan et Abiron. Num., xvi, 30-33. Au jour de la colère divine, les pécheurs effrayés voudront se cacher dans les gouffres (âbaddôn, TpwfXai, voragines) de la terre. Is., ii, 19. Les gouffres de la terre ((ehomôt’érés, àêûeuoi tîjî-pfc> abyssi terres) sont le symbole des épreuves 4u fond desquelles Dieu tire son serviteur. Ps. lxx, 20. Voir Fosse, t. ii, col. 2329.

Le séjour des âmes après la mort.

Le gouffre

(âbaddôn, àTtcima, perditio) est en ce sens pris comme synonyme du sëôl. Voir Enfer, t. ii, col. 1793. Tous deux sont sans voile aux yeux de Dieu qui en distingue toutes les profondeurs. Job, xxvi, 6 ; Prov., xv, 11. Tous deux sont insatiables et la mort leur fournit des victimes sans se lasser. Prov., xxvii, 20. Tous deux témoignent de la sagesse divine. Job, xxviii, 22.

6° L’abîme de l’enfer (aêuuuo ;, abyssus) comparé à un puits sans fond dont l’ange Abaddôn a la clef, Apoc,

    1. GOUTTE##


GOUTTE, 1res petite partie de liquide qui se détache de la masse et prend dans l’air une forme sphéroïdale. — 1° La rosée se dépose en gouttelettes sur les objets peu conducteurs de la Chaleur. Sur la chevelure de celui qui passe la nuit dehors, la rosée dépose ses gouttes, resîsîm, ^ex « 8eç, guttæ. Cant., v, 2. C’est Dieu qui produit les gouttes de la rosée, ’églim, pûXoc, stillee. Job, xxxviii, 28. De même, Dieu attire les gouttes d’eau qui constituent la pluie, nitfîm, (rravoveç, stillæ. Job, xxxvi, 27. — 2° La goutte, par sa petitesse et sa légèreté, est l’image de ce qui est faible et insignifiant. Les nations sont devant Dieu comme la goutte, mar, arayciv, stilla, qui est suspendue à la cruche pleine d’eau. Is., xl, 15. Le monde est devant lui comme la goutte de rosée, pavtç, stilla, qui tombe sur la terre avant l’aurore. Sap., xi, 23. Les restes de Jacob revenu de l’exil seront comme des gouttes d’eau sur l’herbe, rebibîm, Sp-veç stillee. Mich., v, 7. Par leur nombre incalculable, les gouttes de pluie, oTSYÔveç, guttæ, déroutent l’intelligence humaine. Eccli., i, 2. Les jours de l’homme, même s’ils durent cent ans, sont comme une goutte d’eau, (rupaytiv,

C0. — Navire grec gouverné par un pilote a l’aide d’un aviron. Vase grec du Musée de Bsrlin.

IX, 1, 2, H ; xx, 1, d’où sort la bête infernale, Apoc, xi, 7 ; xvii, 8, et dans lequel elle sera refoulée et emprisonnée à jamais. Apoc, xx, 3. Voir Abaddôn, t. i,

col. 12.
H. Lesêtre.
    1. GOURDE##


GOURDE. Voir Courge, t. ii, col. 1081.

    1. GOURMANDISE##


GOURMANDISE, excès dans l’usage de la nourriture ; — Les Orientaux sont naturellement sobres ; aussi est-il peu question de la gourmandise dans la Sainte Écriture. On en trouve pourtant des exemples dans Ésaû vendant son droit d’aînesse pour un plat qui lui faisait envie, Gen., xxv, 29-34 ; Hebr., xii, 16 ; chez les Hébreux du désert se dégoûtant de la manne et regrettant les mets d’Egypte. Num., xi, 4-6, 32-34 ; Sap., xix, 9, etc.

— Les livres sapientiaux recommandent d’éviter la gourmandise. L’amour des festins conduit à l’indigence. Prov., xxi, 17 ; xxiii, 20, 21. Il ne faut pas se montrer avide dans les festins ni se jeter sur tous les aliments : le malaise, la maladie, la mort seraient la conséquence de l’intempérance. Eccli., xxxvii, 32-34. — On osait dire de Notre-Seigneur qu’il était un mangeur excessif, çi-pc, vorax. Matth., xi, 19. Lui-même conseillait de ne pas se préoccuper de la nourriture, Matth., vi, 25 ; Luc, xii, 22, . et de ne point vivre comme ceux qui ne pensent qu’à manger. Luc, xii, 19. — Saint Paul recommande de fuir ceux qui se font les serviteurs de leur ventre, Rom., xvi, 18, ou n’ont d’autre dieu que leur ventre. Phil., iii, 19. De tels chrétiens sont les ennemis de la croix de Jésus-Christ. — Il cite le vers d’Épiménide appelant les Cretois Yasrépe ; àpyai, ventres pigri, « ventres paresseux, » é’est-à-dire des hommes de bonne chère et de paresse.

Tit., i, 12. Voir Festin, t. ii, col. 2216.
H. Lesêtre.

gutta, à côté de la mer. Eccli., xviii, 8. Par la douceur de leur chute sur l’herbe et par la fraîcheur et la fertilité qu’elles apportent, les gouttes d’eau, rebîbim, vtçtTÔç, stillse, sont encore l’image d’un discours élégant et salutaire. Deut., xxxii, 2. — Pendant l’agonie dp Notre-Seigneur, la sueur de sang tomba à terre par 6pôp.Soi, gutta. Luc, xxii, 44. Le Opipiëoç n’est pas seulement une goutte, mais un caillot de sang. Eschyle, Cfweph., 533, 546 ; Eumen., 184. La sueur éprouvée par Notre-Seigneur était donc extrêmement abondante et le sang qui sortait lentement de son corps se coagulait en tombant.

H. Lesètof.

    1. GOUVERNAIL##

GOUVERNAIL (grec : iii)5° X[ov ; Vulgate : gubemaculum), pièce de bois mobile autour d’un axe vertical et disposée à l’arrière d’un navire pour en diriger la marche. Le gouvernail des anciens n’était pas autre chose qu’un large aviron fixé un peu en avant de la poupe d’un bateau (fig. 60), soit à droite, soit à gauche. Il se composait d’une barre ou timon, ota£, Eschyle, Agam., 663, et du rojSiXeov proprement dit ou pièce de bois plus large qui était immergée dans l’eau et faisait dévier la marchedu bateau, suivant l’inclinaison que lui imprimait le timon. C’est seulement plusieurs siècles après le commencement de l’ère chrétienne qu’apparaît le gouvernail fixé à l’étambot du navire. Les anciens monuments montrent le gouvernail attaché à l’extérieur de la coque. Les Égyptiens le firent ensuite passer à travers la carène. Hérodote, ii, 96. Puis l’on établit deux gouvernails, l’un à droite, l’autre à gauche. Il en fut ainsi chez les Égyptiens, Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1897, t. ii, p. 197, chez les Phéniciens, ibid., p. 407, chez les Grecs, etc. On peut voir ces gouvernails en place dans les figures 138,

col. 559 ; 622, col. 1943, du t. i ; 343, col. 966 et 501, col. 1772 du t. il. — À l’extrémité supérieure de chaque timon se fixait une sorte de manche horizontal, à l’aide duquel le pilote, assis sur soft banc à l’arrière du bateau, manœuvrait facilement les deux gouvernails. Voir Pilote. Les Latins appelaient ce manche un clavus. Cf. Rich, Dict. des antiquités romaines et grecques, Paris, 1873, p. 166. — La Vùlgate compare l’homme qui s’enivre au « pilote assoupi qui a laissé échapper le clavus. » Prov., xxiii, 34. Les Septante disent seulement : « comme le pilote dans la grande tempête ». L’hébreu : « comme celui qui dort à la tête du mât, » doit peut-être s’interpréter dans le sens de la Vulgate, si ce mot est la barre du gouvernail. — Dans le récit du voyage de saint Paul, saint Luc, Act., xxvii, 40, dit qu’en vue de l’He de Malte, on leva les ancres et on lâcha les cordes des gouvernails, afin de gagner le rivage. L’auteur sacré parle ici de gouvernails au pluriel, comme le font d’ailleurs les auteurs profanes. Pline, H. N., xi, 37, 88 ; Lucrèce, iv, 440, parce qu’en effet il y en avait deux (fig. 61). Les gouvernails pouvaient être remontés le long des flancs du navire

3°’Allâf, T|Y £ t »-ft> v. duæ, nom des chefs iduméens. Gen., xxxvi, 15-19, 21, 29, 4043 ; Exod., xv, 15 ; I Par., i, 5154. Le mot’allûf veut aussi dire s compagnon » ; le sens de « chef » lui serait attribué d’après l’usage des Arabes, qui donnent à leur chef le nom de « compagnon ». Gesenius, Thésaurus, p. 106. D’autres font venir’allûf de’éléf, « famille, » d’où le nom de chef de famille, ou de’éléf, « mille, » ce qui ferait de V’allûf un ^iâpX C> un « chef de mille », c’est-à-dire d’hommes plus ou moins nombreux. En tous cas, le passage de l’Exode, xv, 15, démontre, par le parallélisme qu’il s’agit d’un homme exerçant le commandement et non d’une tribu ou d’un pays. Dans deux textes poétiques de Zacharie, ix, 7 ; xii, 5, 6, le mot’allûf a été employé pour désigner des chefs israélites.

4° Ijiôqêq et mehoqêq, de hdqaq, au poël « décréter » ; IÇepsuvûv, « investigateur, » princeps, celui qui commande en temps de paix et en temps de guerre, Jud., v, 9, 14 ; âpxwv, legifer, titre donné à Dieu par Isaïe, xxxiii, 22. Le même mot hébreu veut dire aussi « sceptre » et « bâton de commandement », ce qui indique

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61. — Navire romain gouverné par deux avirons. D’après uno peinture de Pompéi.

et maintenus par des cordages dans cette position, afin que la violence des flots ne les brisât pas. On prenait cette précaution pendant les tempêtes, alors que le navire ne pouvait plus gouverner. C’est précisément ce qui avait lieu pour le vaisseau qui portait saint Paul. Act., xxvii, 15. Quand vint l’accalmie, on détacha les cordages et les gouvernails furent remis à flot. — Saint Jacques, m, 4, compare la langue à un gouvernail qui, malgré son petit volume, dirige de grands navires au gré du

pilote.
H. Lesêtre.
    1. GOUVERNEUR##


GOUVERNEUR, nom générique par lequel les versions de l’Écriture désignent ceux qui exercent un pouvoir quelconque, qui sont chargés d’administrer un peuple, un État, une province, une ville, etc. Sur ceux qui sont à la tête d’une tribu, d’une famille, d’une armée, d’une corporation, etc., voir Chef, t. ii, col. 643647. Sur ceux qui gouvernent une maison, voir Économe, t. ii, col. 1570. Voici par ordre alphabétique les différents titres, hébreux et grecs, attribués par les auteurs sacrés aux gouverneurs qui exercent une autorité civile et qui, par la force des choses, sont souvent investis en même temps d’un pouvoir militaire.

I. Titres hébreux.

1°’Adôn, xûpioc, dominus, Gen., xlv, 9 ; Ps. cv (civ), 21, titre que prend Joseph pour caractériser son pouvoir sur l’Egypte.

2°’Âl}asdarpenim, o-otTpdcicat, satrapse, I Esdr., viii, 36 ; Esth., iii, 12 ; viii, 9 ; rx, 3, gouverneurs des provinces du royaume de Perse. Ces fonctionnaires sont nommés dans les textes avant les pahôf, autres gouverneurs perses, et leur sont par conséquent supérieurs. Voir Satrapes.

sa signification quand on l’applique à un homme.

5° Mélék, [Ja<riXeij ;, rex, le roi. Voir Roi.

6° MôSêl, de mâsal, « commander. » Ce mot désigne un chef de peuple, SE<ntoTY]ç, princeps, Prov., vi, 7 ; un haut personnage, Suvâimic, princeps, Prov., xxiii, 1 ; un prince qui commande à des sujets, Tvpavvo ;, princeps, Prov., xxviii, 15 ; (WiXeOç, ^-j-ouiiivo ;, princeps, Prov., xxix, 12, 26 ; êlouo-iiÇtov, princeps, potestatem habens, Eccle., ix, 7 ; x, 4 ; xupieûwv, dominator, Jer., LI, 46 ; T|YO"[iéva ;, dominons. Ezech., XIX, 11. Dans Isaïe, xiv, 5 ; xlix, 7 ; lii, 5, le mot est pris en mauvaise part et appliqué au prince injuste et oppresseur, apxuw, dotninans, princeps. Le roi est appelé rnôsêl’érés, « dominateur du pays, j> Is., xvi, 1, et môiêl’ammîm, « dominateur des peuples. » Ps. cv (civ), 20. Le Messie sera le môSêl be-Iêrâêl, ap^uv toû’Io-potTJX, dominator in Israël, « dominateur sur Israël. » Mich., v, 2.

7° Nâdib, celui qui est généreux et noble, par extension, celui qui gouverne, (JauXeû ;, dux, Num., xxi, 18 ; Suvôonri ; XaoC, princeps, I Reg., Il, 8 ; apx<<>v, princeps, Job, xii, 21 ; Ps. xlvii (xlvi), 10 ; tvpavvoç, polens, Prov., viii, 16, etc. Deux fois le mot est pris en mauvaise part, ifpx « >v, p/rineeps, dux. Job, xxi, 28 ; Is., xii, 2.

8° Nâgîd, de nâgad, « être en avant, » ap-^wv, dux, le prince en général, I Reg., xiii, 14 ; II Reg., v, 2 ; III Reg., i, 35, etc. ; quelquefois un chef militaire, I Par., xiii, 1 ; II Par., xxxii, 21, ou un commandant de place. II Par., xi, 11. Voir Armée, t. i, col.’977.

9° Nâii’, de nâid’, « élever, » ap^uv, princeps, dénomination qui est appliquée à Abraham, Gen., xxiii, 6 ; au prince chananéen de Sichem, Gen., zxxrv, 2 ; au chef

du peuple hébreu, Exod., xxii, 28 ; à Salomon, III Reg., xi, 34, à Zorobabel, I Esdr., i, 8, et, dans un sens pins restreint, à des chefs de tribus ismaélites, Gen., xvii, 20, ou Israélites. Num., vii, 11 ; Ezech., vii, 27 ; xii, 10 ; xxi, 17, etc.

10° Ndsîk, de nâsak, « constituer, établir, b chef, celui quicommande, af>%Mw, dux. Jos., xiii, 21 ; Ps. lxxxui, 12 ; Ezech., xxxiii, 30 ; Mich :., v, 4.

11° Nesîb, de nâsab, « placer, » celui qui est préposé à un gouvernement. Ce nom est donné aux gouverneurs que David établit à Damas et en Idumée. II Reg., viii, 6, 14 ; I Par., xviii, 13. Quelques versions traduisent par « garnison, » çpoupâ, præsidium. Le nesîb est plutôt un gouverneur. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 540. Salornon établit un nesîb dans le pays des Amorrhéens et de Basan. III Reg., iv, 19. Les versions laissent ici le mot sans le traduire. Salomon mit encore des iârê han-nissibim, âpxovTe ? twv Tratpirâv, principes exercitus, à la tête du peuple, au nombre de deux cent cinquante. II Par., viii, 10.

12°’Nissab, mot de la même étymologie que le précédent et désignant des fonctionnaires royaux. Salomon établit douze nissâbim, xaŒaranlvot, prsefecti, sur tout Israël. III Reg., iv, 7. Il eut aussi des iârê han-nissâbîm, àp/ovteç oî i<rcr{ku>tivai, principes preepositi, pour diriger les travaux publics. III Reg., ix, 23.

13° Pâqîd, de pâqad, « surveiller. » Ce nom est donné à des commissaires royaux en Egypte, /zanâffai, prrnpositi, Gen., xli, 34, et en Perse, xtonâp^at, qui considèrent. Esth., ii, 3. Il désigne aussi un ministre d’Abimélech, èm<raoitoç, princeps, Jud., ix, 28, et différents chefs civils et militaires. Jer., iii, 25 ; IV Reg., xxv, 19 ;

II Esdr., xi, 9 ; xiv, 22 ; xii, 42.

14° Pél}dh, de l’assyrien pahâtu ou bel pahdti, qui signifie « gouverneur de province ». Schrader, Die Keilinschriften und dos A. T., Giessen, 1872, p. 89 ; Buhl, Gesenius’Handw., p. 659. Ce terme apparaît dans la Sainte Écriture même avant l’époque des invasions assyriennes. Il est dit que Salomon trafiquait avec les rois d’Arabie et avec les pahôf, uarpiitat, duces, du pays.

III Reg., x, 15 ; II Par., ix, 14. Ces pahôf étaient les chefs de districts soumis à l’influence assyrienne dès l’époque de Théglathphalasar I er, plus d’un siècle avant Salomon. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient porté un titre assyrien. Voir t. i, col. 1165. Quand plus tard Bénadad II, roi de Syrie, entra en campagne contre le roi d’Israël, Achab, et fut vaincu une première fois devant Samarie, malgré l’assistance de trente-deux rois auxiliaires, III Reg., xx, 16, ses conseillers l’engagèrent à remplacer ces rois, qui commandaient dans son armée, par des pahôf. III Reg., xx, 24. Bénadad suivit le conseil et n’en fut pas moins vaincu une seconde fois. Les pahôf qui entrèrent au service de Bénadad pouvaient être des commandants assyriens. Salmanasar n’avait pas encore commencé ses campagnes contre la Syrie et ses officiers eurent sans douté la faculté de prêter leur concours à un pays qu’ils avaient intérêt à bien connaître. A partir des invasions assyriennes en Palestine, le pétfâh est signalé, comme gouverneur de province, chez les Assyriens, IV Reg., xviii, 24 ; Is., xxxvi, 9 ; chez les Chaldéens, Jer., li, 23, 28, 57 ; chez les Perses, Esth., m, 12 ; viii, 9 ; ix, 3 ; dans les pays soumis aux Perses, à l’ouest de l’Euphrate, I Esdr., viii, 36 ; II Esdr., ii, 7, 9 ; iii, 7, et particulièrement en Judée où Zorobabel et Néhémie exercent la fonction de péhdh au nom du roi de Perse. Agg., i, 1, 14 ; ii, 2, 21 ; Mal., i, 8 ; II Esdr., v, 14, 18 ; xii, 26.

15° Pequddâh, une « autorité », dans le sens concret, pour désigner des gouverneurs vigilants, apxovTt ;, visilatio. Is., LX, 17.

46° Qdsîn, en arabe « juge ». Titre donné à un magistrat, Is., i, 10, etc., parfois à un commandant militaire, ivapx6|*evo ;, princeps, Jos., X, 21 ; àpxv)Y° « > princeps,

Jud., xi, 6, 11, nne fois même à un consul romain aplani, princeps. Dan., xi, 18.

17° ho’s, « tête, » nom donné à ceux qui sont à la tête du peuple pour le gouvewier, Spxw, princeps. Deut., xxxiii, 5 ; Jud., xi, 8 ; I Reg., xv, 17 ; Os., ii, 2.

18° Rôsnim, dignitaires et chefs du peuple, uaTpàwai, principes, Jud., v, 3 ; Spxovtec, principes, Ps. ii, 2 ; Suvâ<7rat, legum conditores, Prov., viii, 15 ; xxxi, 4 ;

f)Y<"Vevoi, imperantes, Eccli., xliv, 4 ; apx°vte ?, secretorum

scrutatores, Is., XL, 23 ; ripavvoî, tyranni. Hab., 1, 10.

19° Sâgân, de l’assyrien Saknu, gouverneur de provinces babyloniennes, axf>a.Tr-(6ç, magistralus. Jer., li, 23, 28, 57 ; Ezech., xxiii, 6, 12, 23. Ce titre fut ensuite porté par les gouverneurs de Jérusalem sous Esdras et Néhémie. I Esdr., ix, 2 ; II Esdr., ii, 16 ; iv, 8, 13 ; v, 7, 17 ; mi, 5 ; xii, 39 ; xiii, 11. En chaldéen, Saknu devient sépare, (TtpaTriYo’; magistratus. Dan., iii, 2, 27 ; VI, 8. Le titre deraft si<7ntn, c : px< « >v traTpaxoôv, prsefectus magîstratuum, Dan., ii, 48, est celui que le roi de Babylone confère à Daniel en le mettant à la tête des gouverneurs.

20° Sallit, celui qui exerce le pouvoir, èÇouatâÇiov, in potestate. Eccle., viii, 8 ; x, 5.

21° Sar, le préposé, celui qui exerce un commandement, surtout au point de vue militaire. Voir t. ii, col. 644. Le sar est aussi un chef du peuple chez les Hébreux, apxwv, princeps, Exod., ii, 14 ; Num., xxi, 18, etc. ; chez les Moabites, Num., xxii, 8, et chez les Philistins. I Reg., xxix, 3. Après la captivité, les iarîm sont mis sur le même rang que les segdnim. I Esdr., îx, 1, 2 ; II Esdr., iv, 10 ; xi, 1 ; xii, 31. Chez les Perses, ils sont nommés avec les pahôt. Esth., i, 14 ; iii, 12. Les gouverneurs de provinces perses sont appelés èerê hammedmô / ; apxovTeçTôv a-ccup aiiôv, prsefecti provinciarurn. Esth., i, 3.

22° Sârak, mot chaldéen, servant à désigner les chefs des satrapes perses. Darius établit trois sârkin, toxtixo !, principes, au nombre desquels fut Daniel. Dan., vi, 24, 6, 7.

23° Softim, les juges, nom donné à ceux qui exercèrent l’autorité en Israël entre l’époque de Josué et celle des rois. Voir Juges.

24° Sotèr, littéralement « scribe », en fait, homme investi d’une autorité sur le peuple, spécialement le fonctionnaire égyptien qui surveille les Israélites, YpajijtaTSÛ ?, exactor, Exod., v, 6, 10, 14, 15, 19, dans Josèphe, Ant. jud., IV, xviii, 14 : biziçéx/is. On trouve ensuite les soterîm en compagnie des zeqênîm, Num., xi, 16 ; Deut., xxxi, 28 ; des râ’sîm, Deut., i, 15 ; des Softîm, Deut., xvi, 18 ; du môsêl et du qdsîn, Prov., VI, 7 ; des sarîm, I Par., xxvii, 1, etc.

25° fartan, de l’assyrien turtânu et tartânu, nom du commandant en chef des rois d’Assyrie, Sargon et Sennachérib. Is., xx, 1 ; IV Reg., xviii, 17. Voir Tharthan.

26° JirSâtah, titre du gouverneur perse de Jérusalem. Voir Athersatha, t. i. col. 1221.

27° Zeqênim, « les anciens, » investis d’un certain pouvoir de gouvernement Voir Anciens, t. i, col. 554.

II. Titres grecs.

1°’AvOùractoç, proconsul, Act., xiii, 7, 8, 12 ; xviii, 12 ; xix, 38, gouverneur d’une province ^romaine, au nom du sénat. Voir Proconsul.

2/ "Apx&>v, princeps, titre donné à Jonathas, frère do Judas Machabée et prince des Juifs. I Mach., ix, 30. — "Ap^ovtE ;, principes, les chefs des Spartiates. I Mach., xiv, 20. Voir Spartiates.

3°’Ao-iôpxi ?, Asise princeps, préposé au culte des empereurs dans la province romaine d’Asie. Act., xix, 31. Voir Asiarque, 1. 1, col. 1091.

4° BamXeâc, rex, roi. Voir Roi.

5°’ESvâpxriî, princeps, prsepositus, chef d’une nation. Ce nom est attribué à Simon Machabée, I Mach., xiv, 47 ; xv, 1, et au gouverneur de Damas, pour le compte du roi Arétas. II Cor., xi, 32. Au lieu d’accorder à Ar

chélaûs le titre de roi qu’avait porté son père, l’empereur ne lui concéda que le titre inférieur d’ethnarque. Josëphe, Ant. jud., XVII, xi, 4. Voir Archélaus, t. i, col. 927.

6°’Hye|i(iv, ^iy £ I JIOV£U< * v > presses, magistrat romain d’ordre équestre, chargé de gouverner un district de province impériale non encore entièrement soumis ou habité par une population turbulente. C’était le cas pour la Judée. Les titres officiels de, ce magistrat étaient procurator et presses, procurator pro legato, procurator cumjure gladii ou simplement presses. Des procurateurs gouvernèrent la Judée depuis l’exil d’Archélaus, en l’an 6, jusqu’à la guerre, en 67, sauf pendant la royauté d’Agrippa I er, de 41 à 44. Ponce Pilale, Luc, iii, 1 ; Matth., xxvii, 2, et Félix, Act., xxiii, 24, étaient procurateurs de Judée. Voir Procurateurs. — Le même titre est attribué à Cyrinus, Luc, II, 2, qui était un magistrat d’un ordre supérieur. Cyrinus gouvernait la province impériale de Syrie, qui avait l’empereur pour proconsul parce que c’était une province frontière et qu’il y résidait des légions. Le gouverneur s’appelait officiellement legatus Augusti pro prsstore. Il devait appartenir à l’ordre sénatorial, était consularis, quand il y avait plusieurs légions dans la province, ou simplement prætorius. Voir Cyrinus, t. ii, col. 1186, et Mommsen, Histoire romaine, trad. franc, t. xi, p. 92.

7°’Hyoupiivoi to-j >aoû, duces populi, chefs subalternes chargés de gouverner sous Judas Machabée. I Mach., v, 18, 19,

8° Kaîdap, Ceesar, l’empereur. Matth., xxii, 17 ; Luc, il, 1 ; Joa., xix, 12. Voir César, t. ii, col. 449.

9° KÀjitptip"/ ?) ;, cypriarches, gouverneur de l’île de Chypre, préposé au culte des souverains. II Mach., xii, 2. Voir Cypriarque, t. ii, col. 1175.

10° IIo>iTiipxoc, principes civitatis, gouverneurs de Thëssalonique, Act., xvil, 6, 8. Voir Politarques.

11° IIpûToç, princeps insulx, gouverneur de l’île de Malte. Act., xxviii, 7. Voir Publius.

12° STparoY^ç, prxpositus, gouverneur de l’Idumée. II Mach., XII, 32 ; dux, gouverneur de la plaine de Jéricho, I Mach., xvi, 11 ; magistratus, gouverneur de Philippes. Act., xvi, 20.

13° TsTpâpxïK, tetrarcha, titre des gouverneurs de la Galilée, de lïturée, de la Thraconitide et de l’Abilène. Luc, iii, 1. Voir Tétrarque.

14° TOpavvoç, tyrannus, roi des Arabes. II Mach., v, 8. Ce nom est appliqué en mauvaise part au persécuteur Antiochus IV ûpiphane. II Mach., vii, 27.

15° TraiTo ;, consul, consul romain. I Mach., xv, 16.

Voir Consul, t. ii, col. 925.
H. Lesêtre.
    1. GOZAN##

GOZAN (hébreu : Gôzân ; Septante : ruÇiv), région mésopota mienne comprise dans l’empire d’Assyrie, où Théglathphalasar transporta d’abord les Israélites transjordaniens, I Par., v, 26, et où le destructeur de Samarie déporta ensuite une partie de la population d’Israël. IV Reg., xvil, 6 ; xviii, 11. Ces deux textes sont mal rendus dans la Vulgate ; d’après l’hébreu il faut lire, non pas : « (il les plaça) en Habor, près du fleuve Gozan, » et au second passage : « en Habor fleuve de Gozan ; » mais « près du (fleuve) Habor, fleuve de la région de Gozan. » Isaïe, xxxvii, 12 : « mes pères ont détruit Gozam, et Haram, et Réseph, » fait bien voir que c’est le nom d’une localité, et non d’un fleuve, tandis que Habor est précisément le nom du fleuve qui arrose cette localité. Ce fleuve n’a rien de commun avec le Chabor d’Ézéchiel, qui arrosait la Chaldée, et sur les rives duquel furent déportés une partie des Juifs emmenés en captivité par Nabuchodonosor. C’est non pas en Chaldée, mais en Assyrie qu’il faut chercher le pays de Gozan. Toutefois l’Assyrie elle-même renferme encore deux fleuves du nom de Habor ou Ha-biwu, l’un sortant des montagnes du Kurdistan au nord-est de la Mésopotamie, et affluent de gauche du

cours supérieur du Tigre, l’autre descendant desmonts Masius au nord de la Mésopotamie, sur la rive gauche de PEuphrate dans lequel il se jette à la hauteur de Circésium. L’existence de ces deux fleuves dumême nom a donné lieu à deux localisations différentes du pays de Gozan. Bochart l’a placé sur les rives du premier, par conséquent au nord de Ninive, dans l’Adherbeidjan actuel, et non loin des anciennes frontières de la Médie : les textes cités du livre des Rois mentionnent en effet après Gozan, les villes de Médie, comme autres lieux de déportation des Israélites. IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11. Mais on ne trouvé dans cette région, ni actuellement, ni anciennement, dans les géographes grecs ou les textes cunéiformes, aucune localité dont le nom se rapproche du Gozan hébreu. Bochart, Phaleg, Francfort, 1681, p. 220.

Il faut donc le chercher sur les rives du Chabour, affluent de l’Euphrate : là en effet non seulement les géographes anciens connaissent une région nommée rauÇavïTiç (Bochart, ïbid.), par Ptolémée, Mygdonia, MuySovia (Geographica, édit. Didot, p. 627, 636) (avec le préfixe sémitique M, et le changement régulier du zaïn sémitique en d grec comme dans’Aza, Gaza, devenu Cadytis), par Strabon, et appelée encore actuellement Kauschan ; mais encore les textes cunéiformes y mentionnent la localité et la ville de Guza^na, proches de Ra-tsap-pa ou Réseph et de Na-tsi-bwia ou Nisibe, et qu’on ne peut nullement par conséquent placer sur la rive orientale du Tigre. Le texte d’Isaïe, xxxvii, 12, impose la même localisation, puisqu’il groupe ensemble Gozan, Harran et Réseph. Les gouverneurs de Gozan étaient nommés par les rois d’Assyrie, et exerçaient à leur tour la charge de limxi ou éponyme, réservée aux plus hauts dignitaires de l’empire assyrien. On comprend que Théglathphalasar et Sargon aient destiné pour ce pays de Gozan, une partie de leurs captifs israélites. Ces renseignements sont tellement précis et concordants qu’il n’y a pas lieu de s’arrêter à l’opinion d’Ewald, d’après laquelle Gozan serait le nom d’un fleuve, le Kisil Ozan, le Mardos des Grecs, tributaire de la mer Caspienne, et non éloigné d’une ville mède nommée par Ptolémée Gauzania. Le.texte des Paralipomènes a donné lieu à cette hypothèse, mais il est fautif par l’insertion d’un t ou conjonction, et, et du mot Hara (Vulgate : Ara) entre les noms Habor et fleuve Gozan. Il doit être corrigé selon le double passage de IV Reg., xvii et xviii, et l’indication fournie par Isaïe, xxxvii, 12, qui font de Gozan un nom de lieu. De plus on ne comprend pas dans cette hypothèse pourquoi cette localité serait associée, dans les textes assyriens et hébreux, à Harran, Réseph et Nisibe, qui en sont fort éloignés. [C’est ainsi, du reste, que ce texte se trouve conservé dans la version syriaque Peschito.]

Voir Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies, p. 183-185 ; Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschungen, p. 167, note ; Schrader-Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the 0. T., t. i, 1885, p. 267 ; Schrader dans Riehm, Handwôrterbuch des biblischen Allertums, t. i, p. 528, au mot Gozan, et p. 570, au mot Hara ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t.. iii, p. 561-565 ; The cuneiforni inscriptions of the Western Asia, t. ii, pl. 53, 1. 43 a (liste géographique) ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliolhek, t. i, p. 208-213, ann. 809, 794, 763, 758 (canon des éponymes ) ; Frd. Delitzsch, Assyrische Lesestùcken, 1878, p. 92-94, Obv., 9, 24, Rev. 11, 12, 43 a.

E. Paumer.

    1. GRABAT##

GRABAT (grec : xp<16ëaT0f ; Vulgate : grabatus), léger brancard destiné à transporter un malade (fig. 62), Selon le grammairien Rollux, xj 35, le mot xpâggoToç est d’origine macédonienne. Chez les Latins, le grabatus était un lit de camp, Cicéron, Divin., ii, 63, 629 ; Sénèque, Ep., xviii, 20 ; Martial, vi, 39, 4 ; et un lit à transporter

les malades. Cœlius Aurelianus, Acut. passion., ii, 37. Il se composait donc au moins de deux barres longitudinales, soutenant des sangles ou une étoffe résistante sur lesquelles on couchait le malade. Des traverses et des pieds en bois pouvaient compléter cette couche élémentaire. Dans le Nouveau Testament, le grabat sert à transporter des ma ladesou à les expoSerenpublic. Marc, ""i, 55 ; Act., v, 15 ; ix, 33. ACapharnaûm, on descend un jparalylique sur son grabat par une ouverture pratiquée

62. - Le paralytique portant son grabat. D’après Bottari, Roma eotterranea, pl. 105.

sur la terrasse, et on le fait arriver ainsi sous les yeux de Notre-Seigneur, qui le guérit et lui ordonne d’emporter lui-même son grabat. Marc, ii, 3-12. Plus tard, à la piscine de Béthesda, à Jérusalem, Notre-Seigneur guérit un autre paralytique et lui ordonne encore d’emporter lui-même son grabat. C'était le jour du sabbat et les Juifs ne tardèrent pas à apercevoir cet homme portant un fardeau peu lourd, sans doute, mais assez encombrant, et ils lui reprochèrent de violer la loi. Joa., v, 8-12. — Dans Amos, iii, 12, la Vulgate traduit par grabatus (Septante : tepsîç) le mot 'érés, qui désigne un lit orné d'étoffes de Damas. Voir Lit.

H. Lesêtre.

GRABE Jean Ernest, théologien allemand, anglican, né à Kœnigsberg, le 30 juin 1666, mort à Londres le 14 novembre 1711. Les études sur les Pères ayant fait naître dans son esprit des doutes sur les doctrines luthériennes, il passa en Angleterre et vécut à Londres comme professeur. II adhéra à l'Église anglicane et reçut le titre de docteur de l’Université d’Oxford. Outre

  • son Spicilegium SS. Patrum ut et hæreticorum

sseculi I, il et m post Christ um natum, 2 in-8°, Oxford, 1698, nous mentionnerons de cet auteur les ouvrages suivants : Epistola qua ostenditur libri Judicum genuinam LXX interpretum versionem eam esse quam MS. codex Alexandrinus exhibet : romanam autem editionem, quod ad dictum librum ab illa prorsus adversam atque eamdem cum Hesychiana esse, in-4°, Oxford, 1705 ; Vêtus Testamentum gra-.ce juxta LXX interprètes : ex antiquissimo codice MS. Alexandrino accurate descriptum, cura et studio J. E. Grabe, cui prsBtniltitur J. Pearsoni preefatio et èjusdem J. E. Grabe prolegomena, in-f°, Oxford, 1707 ; Octateuchus scilicet Genesis, Exodus, Leviticus, Liber Numerorum, Deuteronomium, Josue, Liber Judicum et Ruth grie.ce ex MS. codice Alexandrino, in-f », Oxford, 1707 ; Disser^ tatio de variis vitiis LXX interpretum versioni ante S. Origenis cevum illatis, et remediis ab ipso in Hexaplari ejusdem versionis editione adhibitis, deque hujus

BICT. DE LA. BIBLE.

editioniis reliquiis tam manuscriptis quam prælo excussis, in-4°, Oxford, 1710. Grabe prit part à la publication du Testamentum novum grssce cum scholiis, in.f>, Oxford, 1703. B. Hëurtebize.

    1. GRACE##

GRACE (hébreu hên et parfois héséd ; Septante : xipiç ; Vulgate : gratta). — 1° À ncien Testament. — 1. La notion essentielle de l’hébreu p, hên, qui en 60 passages de l’Ancien Testament est rendu dans les Septante par xip<c, est la bienveillance d’un supérieur pour un inférieur, le portant à lui faire des faveurs spontanées et gratuites. C’est le sens de l’expression biblique : « trouver grâce aux yeux de quelqu’un. » Par suite, celui devant qui on trouve grâce, est appelé gracieux. II est souvent dit de Dieu qu’il se rend ainsi gracieux pour les hommes. Cf. Num., vi, 25. Cette notion exclut l’idée de mérite et suppose, au contraire, une disposition spontanée et une faveur gratuite dans celui dont on a la grâce. C’est dans ce sens qu’on trouve cette expression dans Gen., xxxiv, 11 ; Exod., iii, 21 ; xi, 3 ; xii, 36 ; Num., xxxii, 5 ; Ruth, ii, 2 ; I Reg., i, 18 ; xxvii, 6 ;, 1er., xxxi, 2. Ce caractère de gratuité est particulièrement mis en relief dans Exod., xxxiii, 19 ; Ps. l, 3. — 2. En plusieurs passages la grâce, en demeurant gratuite, parait attirée par quelque disposition ou qualité de celui qui la reçoit. Deut., xxviii, 50 ; IV Reg., xiii, 23 ; Job, xix, 21 ; Ps. cxxii, 2 ; Prov., xiv, 35 ; xix, 17 ; xxi, 10 ; Is., xxx, 18, 19 ; xxxiii, 2 ; Ara, , v, 15 ; Mal., i, 9. Dans ces passages et beaucoup d’autres, la pauvreté, la faiblesse, l’enfance, l’humilité, le repentir, la pénitence, surtout la prière, sont donnés comme les causes qui attirent la grâce de Dieu. — 3. Quelquefois ce mot signifie la disposition physique ou morale elle-même, la qualité, l'état qui rendent un objet ou une personne agréable et gracieuse. C’est dans ce sens que la beauté du corps est appelée grâce. Ps. xliv, 3 ; Prov., i, 9 ; iii, 22 ; xxxi, 30. Cf. Gen., xxxix, 5 ; xxxix, 4, 21 ; xlvii, 29 ;, l, 4 ; I Reg., xvi, 22 ; xxv, 8 ; II Reg., xvi, 4 ; Esth., ii, 15, 17 ; v, 2 ; Prov., iv, 9 ; v, 19.

Nouveau Testament.

Le mot y.âptç (gratia), qui

se rencontre 66 fois dans l’Ancien Testament grec, est employé 128 fois dans le Nouveau. — - 1. Alors il désigne le plus souvent le don spirituel de la sanctification de l'âme, don gratuit permanent ou transitoire, mérité par JésusChrist, répandu dans l'âme pour l’aider à faire son salut. Rom., iv, 4, 5 ; xi, 6 ; II Cor., xii, 9 ; Eph., ii, 5 ; vi, 24 ; Phil., iv, 23 ; I Thess., v, 28 ; Col., i, 6. La Sainte Vierge est pleine de grâce, xeyap(T<o[jiv7). Luc., l, 28 ; cf. 30. La grâce est opposée au péché qu’elle surpasse par son abondance. Rom., v, 15, 16, 20. — 2. Quelquefois cette expression prend une extension plus grande et signifie l'Évangile par opposition à la Loi mosaïque. Joa., i, 17 ; Rom., vi, 14 ; I Petr., v, 12, etc. — 3. L’analogie qu’il y a entre les dons spirituels et les dons préternaturels, a fait donner le nom de grâce au pouvoir donné par Dieu aux hommes de prêcher, de faire des miracles, de parler les langues, de prophétiser, Rom., xii, 6 ; xv, 15, cꝟ. 19 ; I Cor., xii, 28 ; Eph., iii, 8, etc., ou simplement à la vocation à l’apostolat. Rom., i, 5 ; I Cor., xv, 10. — 4. De même le lien intime qui existe entre le don de la grâce intérieure et la pratique des vertus chrétiennes fait ranger celles-ci sous la dénomination générique de grâce. II Cor., viii, 7 ; II Petr., iii, 18. — 5. La même raison fait donner le nom de grâce à la gloire de l’autre vie. I Petr., i, 13. — 6. Il faut enfin signaler l’expression « rendre grâces » qui revient si souvent dans les Épitres de saint Paul. Rom., i, 8 ; II Cor., ix, 15 ; Eph., v, 4 ; Col., ix, 2, etc. — Voir G. Heine, Synonymik des neutestamentlichen Griechisch, in-8°, Leipzig, 1898, p. 82. P. Renard.

    1. GRADUELS (PSAUMES)##


GRADUELS (PSAUMES). Voir Degrés (Cantique des), t. ii, col. 1340, et Psaumes (Livre des).

III. — 10

GR/ECUS-VENETU3. - On donne le nom de Grsecus-Venetus, Versio Veneta, Veneta, version grécovénète ou gréco-vénitienne, à une traduction grecque d’une partie de l’Ancien Testament, parce.qu’elle est contenue dans un manuscrit donné en 1468 par le cardinal Bessarion à la bibliothèque de Saint-Marc à Venise.

I. Description et éditions.

Ce manuscrit date de la fin du xiv siècle ou du commencement du xv « . Il se compose de 362 feuilles de parchemin, écrites sur une seule colonne étroite, et il commence, à la manière hébraïque, par ce que nous appellerions la dernière page du volume, ce qui a fait conjecturer que le traducteur aurait écrit sa version sur la marge interne d’un manuscrit hébreu dont la partie hébraïque aurait été plus tard coupée. Le Codex est d’une double main, la première ayant écrit depuis Genèse i, jusqu’à Exode vii, 35, et la seconde, le reste. Le texte n’est divisé ni en chapitres, ni en versets, mais il marque, pour le Pentateuque et les Proverbes, les pdrdSôf ou sections hébraïques. Le manuscrit renferme, outre le Pentateuque et les Proverbes, Ruth, le Cantique des Cantiques, l’Ecclésiaste, les Lamentations, Jérémie et Daniel. J. C. d’Ansse de Villoison le publia, à l’exception du Pentateuque, dont il ne donna que des fragments, in-8°, Strasbourg, 1784. Le Pentateuque fut édité peu après par Chr. F. Ammon, 3 in-8°, Erlangen, 1790-1791. Vo"ir Ammon 5, t. i, col. 493. Ces deux publications sont défectueuses. 0. Gebhardt a donné une édition excellente et complète du manuscrit, sous le titre de Grsecus Venetus, …versio grseca, nunc primum uno volumine comprehensa atque apparatu critico et philologico instructa, in-8°, Leipzig, 1875, avec une préface de Franz Delitzsch.

II. Auteur.

L’auteur de cette traduction n’est pas connu d’une manière certaine. D’après Frz. Delitzsch et 0. Gebhardt, ce serait un certain Élissaios qui vivait à la cour du sultan Mourad I er à Brousse et à Andrinople. D’après Frankl, dans Grâtz, Monatsschrift, 1875, p. 372, ce serait Schemaria de Négrepont. Le manuscrit est en partie autographe. Il est assez probable que le traducteur était juif, mais converti au christianisme, car au haut de toutes les pages qui sont de sa plume, il a écrit : Ave, Maria.

III. Caractères.

La version gréco-vénète a été faite directement sur le texte hébreu inassorétique. Avec une littéralité servile, elle le rend mot pour mot en dialecte attique, excepté dans la partie chaldéenne de Daniel, où, pour marquer la différence d’idiome, le traducteur emploie le dialecte dorien au lieu de l’attique. Il était très versé dans la littérature grecque et en connaissait fort bien la langue, mais, pour être fidèle à son principe de littéralité rigoureuse, il a rempli son travail de toutes sortes de barbarismes et de mots fabriqués qu’on ne trouve dans aucun lexique grec, tels que f viixrriiTniç, pour nynn, môda’af, « parenté, » Ruth, iii, 2 ; oXtfeoiia pour T37D, tne’ôt, « le peu, » Lev., xxv, 16 ; xâfteSpoç pour asrt, yôSêb, « habitant, » Gen., xix, 25 ; taXapofleTeco pour’jd’jd, silsêl, v estimer. » Prov., iv, 8, etc. Les consonnes et les points-voyelles ne sont point toujours rendus d’une manière uniforme. Ainsi le n est tantôt transcrit par un X, tantôt par un esprit dur : à(iâ8/i pour mon ; le chirek tantôt par i, tantôt pare : 7*13, Birsa 1, roi de Gomorrhe,

est orthographié Bipo-eîoç ; d>id, Mirydtn, Marie, Mepâp.T).

— Le traducteur du Grsecus-Venetus suitgénéralement les Massorètes. Il a eu certainement sous les yeux les Septante et d’autres versions grecques. Il a tait surtout usage du n>winrr : ibd, « Livre des Racines, » de David Kimchi. « Presque tout ce qui est particulier à la version de Venise dans l’interprétation du texte hébreu, dit O. Gebhardt, dérive de là. »

Voici un spécimen de la version gréco-vénète et, en regard, la version des Septante :

GRECO-VÉNÈTE Go »., ii, **. SEPTANTE’As Se if£vvr t <ret{ toO où pavoO Aûn) ^ pc’êÀoç ^ptiavaf ouxcù Tïj{-pic £v toi êxTto-8ai pavoO xa ytjç, 6re s-féven) » <r ?s, èv ^(iiprçc xoO « oietv tov » )’^uipa èiroi’r|o-e Kûpioc 4.

ÔvTWTY|V TOV ÔEOV fTp) OÙpCt- 0EOC TOV OÙpctVOV «  « À TY)V

vôv te, v.a irdtVTO x& ? mv "fif, xat irâv yXtaçiov àfpoû to3 OYpo-j. xtX.

Dan., v, 1.

BeVreaixcràp ô paacXeu ; âicoî- BaXtâffap 6 (3aat), eu< ; èiiofïl (rev sorlatriv (lefâXav toïo-i îque Seîirvov pif a toi ? (i£y ia— (isYto-uoveffmv su xikioiç, Tfiæv aùroO" x’M°'S> xa ^ Êvtôircô’v re Ttov X’Mwv cocpaxa-cévavTt tg » v ^iXtoiv 6tov srove. o’voç, xx ntvwv xtX.

La version gréco-vénète a peu d’importance pour la critique, mais’elle n’est pas sans valeur pour l’interprétation du texte et l’histoire de l’herméneutique.

F. Vigouroux.

    1. GRAISSE##

GRAISSE (hébreu : /téléb, et plus rarement pimdh r Job, xv, 27 ; pédér, Lev., i, 8, 12, etc. ; déién, Ps. xlviii (hébreu), 6 ; Septante : o-uéap ; Vulgate : adeps), substance solide, mais fondante et inflammable, qui se développe dans certains tissus du corps des animaux, et abonde surtout sous la peau, à la surface des muscles, à la base du cœur, près des intestins et autour des reins. Le mot Sémén, qui signifie « huile », s’emploie dans plusieurs passages comme synonyme de « graisse ». Is. f x, 27, etc.

I. En général.

1° La graisse est un symbole defertilité, d’abondance et de richesse. Ainsi le pharaon dit qu’il donnera à manger aux frères de Joseph la graisse de l’Egypte. Gen., xlv, 18. Dieu donne à sonpeuple la graisse des agneaux, des béliers et des boucs, c’est-à-dire l’abondance du bétail. Deut., xxxii, 14. Sursa montagne, il promet à son peuple régénéré des mets de graisse, c’est-à-dire toutes les richesses spirituelles. Is., xxv, 6. — Être rassasié de graisse, c’est avoir tous les biens en abondance. Ps. lxii, 6. L’épée du Seigneur est couverte de graisse, parce qu’elle s’est rassasiée de carnage dans l’exercice de la vengeance. Is., xxxiv, 6-7.

— Un coteau « fils de graisse » ou « d’huile », Is., v, 1, une « vallée de graisse », Is., xxviii, 1, représentent desterrains très fertiles. La graisse du froment marque cequ’il y a de meilleur et de plus abondant. Ps. lxxx, 17 ; Cxlvii, 14. Celui qui se confie au Seigneur, qui est bienfaisant et diligent, deviendra dâèên, « gras, » c’est-à-dire jouira de la prospérité. Prov., xi, 25 ; xiii, 4 ; xxviii, 25.

— 2° La graisse est considérée comme un signe dedignité, de puissance et de richesse. Les grands en effet sont censés abonder de tout ce qui est nécessaire au bien-être, et avoir par conséquent tout ce qui peut les engraisser. Actuellement encore, en Orient, un dignitaire en impose à ses subordonnés par son bel embonpoint. Tel fut jadis Églon, roi de Moab, bârV, ioreto ; o-9Ô8pa, crassus nimis. Jud., iii, 17, 22. — Au désert, la colère de Dieu frappa les « gras » d’Israël, les princi-’paux. Ps. lxxvii (lxxviii), 31. L’arc de Jonathas ne revenait du combat que rassasié « du sang des morts et de la graisse des vaillants ». II Reg., i, 22. — Les « gras » de la terre, les riches et les puissants, seront nourris spirituellement par le Seigneur. Ps. xxi, 30. Un jour, les étrangers dévoreront les possessions des mêliîm, desgras », des princes infidèles d’Israël. Is., v, 17. Les grands de l’Egypte sont appelés fraSmannim, des et gras ». Ps., lxvii (lxviii), 32. De haSmân vient, d’après une étymologie d’ailleurs contestable, le nom de’Ao-aiiwvaïo ;, le chef de la famille des Machabées ou Asmonéens. Josèphe, Ant. jud., xii, vi, 1.-3° Dans le corps humain, la graisse forme une couche insensible. De plus, quand elle se développe à l’excès, l’embonpoint corporel réagit sur l’âme et l’alourdit. Un cœur gras est donc un cœur insensible, inintelligent. Ps. cxviii (cxix), 70 ; Is., vi, 10, « Fermer sa graisse, » c’est se réduire

à l’apathie, à l’oubli de tout devoir et de tout sentiment. Ps. xvi (xvii), 10. — 4° De l’inintelligence à la méchanceté il n’y a qu’un pas. La graisse devient donc encore, dans la Sainte Écriture, un signe de méchanceté. Les méchants ont le corps bâri’, « gras, » et l’iniquité sort de leur graisse, hêléb. Ps. lxxii (lxxiii), 4, 7. Israël est devenu gras, puis’àbâh, « épais, » et kâèâh, « replet, » et il s’est révolté contre le Seigneur. Deut, xxxii, 15.

— 5° Pour tuer le dragon adoré des Babyloniens, Daniel lui fit avaler des boules composées de poix, de graisse et de poils. Dan., xiv, 26. La graisse n’entre ici que comme matière destinée à affriander l’animal, et lui faire avaler le mélange indigeste qui doit l’étouffer.

II. Dans les sacrifices.

1° La graisse était le symbole de ce qu’il y a de meilleur dans les choses qui servent à la nourriture, de plus puissant et de plus riche parmi les hommes. Les textes cités plus haut le donnent assez à entendre. On lit même dans l’Ecclésiastique, xlvii, 2 : « Comme la graisse est séparée de la chair, ainsi David le fut des enfants d’Israël. » C’est dire que la graisse l’emporte autant sur les autres parties de la victime que David l’emportait sur ses contemporains. A ce titre, la graisse constituait dans les sacrifices une part de choix, que le Seigneur se réservait expressément et qui devait être entièrement consumée sur son autel. Lev., x, 15. Elle était pour lui d’agréable odeur. Lev., m, 16 ; iv, 31. —2° Dès le premier âge du genre humain, Abel offrait déjà au Seigneur des premiers-nés de son troupeau et de leur hêléb, àizo xûv (rreocxcov aùxâv, de adipibus eorum. Gen., iv, 4. Il est vrai que Josèphe, Ant. jud., i, ii, 1, prend ici hêléb dans le sens de « lait », qu’il a en même temps que celui de « graisse ». Mais le lait eût été sans doute une assez mince offrande, à peine égale aux fruits de la terre qu’offrait Caïn. Il est donc plus probable qu’Abel consacrait quelques-uns des premiers-nés de son troupeau, et la graisse de ceux qu’il immolait, ou encore les plus gras de ses animaux.

— 3° La graisse étant ainsi dès l’origine comme la part réservée à Dieu, Moïse défendit aux Israélites, sous peine de retranchement, c’est-à-dire d’excommunication, de manger la graisse des animaux qu’on offre ordinairement en sacrifice, bœufs, agneaux ou chèvres. Lev., vii, 23, 25. La défense ne portait que sur la graisse agglomérée autour de certains organes, et non sur celle qui entrait dans la composition de la viande. Elle ne s’étendait pas non plus à la graisse des quadrupèdes qu’il est permis de manger, mais qui ne servent pas dans les sacrifices, cerf, gazelle, chevreuil, etc. Aussi quand on tuait un animal de la première espèce pour s’en nourrir, il fallait en faire brûler la graisse sur l’autel. Lev., xvii, 6. Lorsque les Israélites furent dispersés dans leurs villes, il ne leur fut plus possible d’accomplir cette prescription. Néanmoins, quoique la défense de manger de la graisse ne soit pas renouvelée comme celle de manger le sang, Deut., xii, 15, 21, on ne voit nulle part qu’elle ait été levée. — Il n’est pas impossible que l’offrande de la graisse au Seigneur, outre sa signification symbolique, n’ait été inspirée par d’autres raisons d’un ordre inférieur. La graisse est un mets de difficile digestion dans les pays chauds ; au point de vue hygiénique, il convenait donc d’en interdire l’usage aux Israélites. C’est en même temps, par sa composition chimique, an combustible actif, qui devait aider singulièrement le feu de l’autel à consumer les multiples victimes qu’on lui livrait. — Quand il s’agissait d’une bête morte, qui ne pouvait par là même être offerte en sacrifice, il n’était point permis d’en manger la graisse, mais on l’employait à d’autres usages profanes. Lev., vii, 24. Même en ce qui concerne la graisse des victimes immolées, on ne devait pas la garder jusqu’au lendemain, de peur qu’elle ne se corrompit. Exod., xxiii, 18. — 4° La graisse des victimes devait être entièrement brûlée par le feu de l’autel, dans l’holocauste, Lev., i, 8, 12 ; cf.

Ps. xx, 4 ; dans le sacrifice d’actions de grâces, Lev., iii, 3-5, 9, 10, 14-16 ; vii, 30, 31 ; dans le sacrifice d’expiation, Lev., iv, 8-10, 19, 26, 31, 35 ; vii, 3-5 ; xvi, 25 ; dans le sacrifice accompagnant la consécration du grandprêtre, Lev., viii, 16, 20, 25, ou des autres prêtres, Exod., xxrx, 13, 22 ; dans le sacrifice pour le rachat des premiers-nés. Num., xviii, 17. — 5° Dans tous ces cas, qu’il s’agît de victimes appartenant à la race des bœufs, des moutons ou des chèvres, la graisse à offrir devait être prise aux endroits du corps où elle s’accumule naturellement, autour des entrailles, du foie, des reins, des flancs de l’animal, et de la queue, quand la victime était de la race ovine. Cf. Brebis, t. i, col. 1912, Lev., m, 3-5, 9 ; iv, 8-10 ; vii, 3 ; etc. Cf. Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 353354 ; Reland, Antiquitates sacrse, Utrecht, 1741, p. 176, 177. Quand les victimes étaient des oiseaux, tourterelles ou petits de colombes, il n’y avait pas a en séparer la graisse, trop peu considérable pour être mise à part. — 6° Ces prescriptions de la Loi furent ordinairement observées dans les sacrifices. Aaron et ses fils s’y soumirent dès leur entrée en fonction. Lev., ix, 10, 19, 20, 24. — Sous le grand-prêtre Héli, de graves infractions furent commises. Les fils du pontife faisaient saisir la chair crue des victimes, « même avant qu’on fit brûler la graisse. »

I Reg., ii, 15, 16. Cette exigence contrevenait formellement au texte de la Loi. Lev., vii, 30, 31. — Les prescriptions mosaïques furent soigneusement suivies à la dédicace du Temple de Salomon, III Reg., viii, 64 ;

II Par., vii, 7 ; à la restauration du culte sous Ezéchias, II Par., xxix, 35 ; à la Pâque célébrée sous Josias. II Par., xxxv, 14. — 7° Cette combustion de la graisse dans les différents sacrifices constituait une sorte d’hommage à la souveraineté et à la libéralité du Seigneur. Cf. Bâhr, Symbolik, t. ii, p. 381, 382. Mais cette offrande avait quelque chose de grossier qui ne pouvait convenir qu’à l’ancienne Loi. Il n’est jamais question de graisse dans tout le Nouveau Testament. Aussi, dès les anciens temps, le Seigneur rappelait que « l’observation des commandements vaut mieux que la graisse des béliers ». I Reg., xv, 22. Dans les cultes idolâtriques, on s’imaginait volontiers que les divinités mangeaient la graisse des victimes qu’on leur présentait. Deut., xxxil. 38. Le Seigneur faisait déclarer par ses prophètes qu’il n’en était pas de même de lui, Is., xliii, 24, et que, depuis que les Israélites avaient osé offrir la graisse aux idoles, Ezech., xliv, 7, et se présenter à lui le cœur plein de péchés, il avait leur graisse et leurs victimes en horreur. Is., i, 11. — C’est seulement dans le nouveau Temple que les prêtres d’une nouvelle alliance offriront au Seigneur la graisse et le sang, Ezech., xliv, 15, symboles des dons spirituels qui seront apportés à

son autel.
H. Lesêtre.
    1. GRAMMATE##

GRAMMATE (grec : Ypa(Mia « ijç ; Vulgate : scriba), magistrat de la ville d’Ephèse mentionné dans les Act., xix, 35. Le grammate apaise par son discours l’émeute populaire que l’orfèvre Demétrius avait soulevée contre saint Paul. Le mot grammate désigne dans les cités grecques le greffier, c’est-à-dire le fonctionnaire chargé de la rédaction et de la conservation des actes publics. Les inscriptions d’Ephèse mentionnent plusieurs grammates différents : 1° le grammate du conseil, tÎ)ç BouXti ;. J. T. Wood, Discoveries at Ephesus, in-8°, Londres, 1877, Inscr. frorn the great Theater, i, col. 4, 1. 47 ; col. 5, 1. 4, 12, 52 ; le grammate du Sénat, Trjç yzpoualaç, ibid., col. 5, 1. 54 ; le grammate du peuple, xov S^fiov, ïbid., col. 5, 1. 58 ; col. 6, 1. 45, 52 ; Bulletin de correspondance hellénique, t. i, p. 291 ; enfin le grammate des Éphésiens, qui était probablement le même que celui du peuple. Ibid., col. 3, 1. 16. J. Ménadier, Qua condicione, p. 78, croit que chacun de ces emplois était occupé par plusieurs titulaires qui formaient un collège.

Philostrate, Apoll. Tyan., Ep. 22 ; Bulletin de corresp. hellén., t. i, 1877, p. 291, n » 79 ; Eckel, Doctrina numorum, t. ii, p. 529. Cette opinion est rejetée par I. Lévy, dans la Revue des études grecques, t. xii (1899), p. 267, n » 10. Le grammate du peuple était de beaucoup le plus important. Il prenait part au recrutement du conseil, à la préparation et à la rédaction des décrets de cette assemblée. J. T. Wood, Discoveries, Inscr. from the great Theater, n » 7. Il proposait à l’assemblée populaire les objets de ses délibérations. J. T. Wood. Discoveries, Inscr. from the great Theater, n" 1 ; Lebas et Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure, n° 140. Il appelait le peuple aux suffrages, Corpus Inscriptionum Grmcarum, n° » 2965, 2966, 2968 ; Lebas et Waddington, n° » 146 ; 147 ; Wood, Discoveries, Inscr. from the great Theater, n° 1 ; from thé site of the temple of Diana, n M 12, 13. Comme les autres magistrats l’aidaient rarement en ceci, il était en réalité le chef de la cité à l’époque romaine. C’est

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63. — Monnaie d’Éphèse.

Dustes d’Auguste et de Livie, à droite. — Rl.rPAMMAT ]EY||2 APIETI | QN Il E |* [El II MHNO*AI NT[Œ]. Cerf debout, à droite.

donc de lui qu’il s’agit dans le texte des Actes, quoique le mot grammate n’y soit suivi d’aucune désignation particulière. Ce n’est pas par hasard mais en vertu de son office qu’il intervient. Le grammate n’était pas cependant officiellement le premier magistrat de la cité. Il y avait au-dessus de lui des stratèges. Le grammate était probablement nommé pour un an et pouvait être réélu. Les noms des grammates figurent quelquefois sur les monnaies (fig. 63). Eckel, Doctrina numorum, t. iv, p. 192 ; Mionnet, Description des médailles, t. tu, p. 92, n os 244, 247. Beaucoup d’entre eux exercent des fonctions sacerdotales en particulier dans le culte de Diane. J. T. Wood, Discoveries, Inscr. from the site of the temple of Diana, n° 13 ; from the great Theater, n » 2. Un d’eux fut pocirtXeiJi ;, titre analogue à celui de l’archonte-roi d’Athènes. J. T. Wood, Discoveries, Inscr. from the great Theater, n » 23. Cf. J. Ménadier, Qua condicione Ephesii usi sint inde ab Asia in formant provincise redacta, in-8°, Berlin, 1880, p. 78-82 ; Isidore Lévy, Études sur la vie municipale en Asie Mineure, dans la Revue des études grecques, t. xii, 1899, p. 211, 216, 267.

E. Beurlier.

    1. GRAND-DUC##


GRAND-DUC, oiseau du genre Chouette. Voir Duc, t. ii, col. 1508.

    1. GRANDE OURSE##


GRANDE OURSE, constellation. Voir Ourse.

    1. GRAND-PRÊTRE##

GRAND-PRÊTRE (hébreu : kohên hag-gadôl, kohën hd-ru’s, et une fois simplement hâ-ro’S, II Par., xxiv, 6 ; Chaldéen : kâhând’rabbâ’; Septante : Upeùç (iéy "" et une fois àp-/tepeijc, Lev ;, iv, 3, nom qui devient commun dans le Nouveau Testament ; Vulgate : magnus ou maximus sacerdos, sacerdos sumtnus, pontifex, princeps sacerdotum), titre porté par Aaron et parceux qui lui succédèrent dans sa charge.

I. Son élection.

1° Le premier grand-prêtre, Aaron, fut choisi directement par Dieu. Exod., xxviii, 1, 2 ; xxix, 4, 5 ; Hebr., v, 4. Voir Aaron, t. i, coi. 6. Il devait avoir pour successeurs un de ses fils, Lev., vi, 22 (15), et ensuite, l’un de ses descendants directs. Josèphe, Ant. jùd., XX, x, 1, dit à ce sujet : « À la mort d’Aaron, ses fils lui succédèrent et le même honneur fut ensuite

décerné à tous ses descendants. Aussi, d’après un usage national, personne ne peut devenir pontife de Dieu, s’il n’est du sang d’Aaron. Personne d’une autre famille, fût-il roi, n’a le droit d’atteindre au pontificat. » Il ne parait pas cependant que le fils aîné du grand-prêtrè défunt ait été nécessairement son successeur. C’était celui-là qu’on préférait d’ordinaire, mais le choix pouvait porter sur un de ses frères plus jeunes. Siphra, ꝟ. 11, 2. Ce choix dépendait sans doute des principaux prêtres. Éléazar, le plus âgé des fils survivants d’Aaron, lui succéda ; mais le souverain pontificat passa, pour une cause inconnue, du temps d’Héli, à la branche d’Ithamar. I Reg., ii, 23. Voir Éléazar, t. ii, col. 1649, et Héli. Plus tard, nous voyons Salomon intervenir pour ôter le souverain pontificat à Abiathar, coupable de trahison,

64. — Grand-prêtre revêtu de ses habits sacerdotaux. Essai de restitution, d’après J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebrxorum, p. 823.

et le remplacer par Sadoc, descendant d’Éléazar. III Reg., il, 35. Voir Abiathar, t. i, col. 45. La dignité de grandprêtre passa ainsi de la famille d’Ithamar, quatrième fils d’Aaron, à celle d’Éléazar, . son troisième fils. I Par., xxrv, 2, 3. Sadoc paraît d’ailleurs avoir été associé en une certaine mesure aux fonctions pontificales pendant même qu’Abiathar était encore grand-prêtre, pour aider ou suppléer ce dernier en certaines circonstances solennelles. Cf. II Reg., viii, 17 ; xv, 24, 29, 35 ; xix, 11 ; xx, 25 ; I Par., xv, 11 ; xviii, 16. — 2° Après la captivité, la succession au souverain pontificat se fit d’abord de père en fils. Puis l’autorité civile s’arrogea le droit de nommer le grand-prêtre. Ainsi le roi Antiochus IV Épiphane dé

signa successivement, pour succéder à Onias III, son frère Jason, puis un intrigant appelé Ménélas, qui furent tous deux des pontifes indignes. Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1. Voir Antiochus IV Éptphane, t. i, col. 695, 696. Josèphe fait de Ménélas, primitivement nommé Onias, un frère du pontife Onias III. D’après II Mach., m, 4 ; iv, 23, ce Ménélas était frère d’un intendant du Temple, appelé Simon, de la tribu de Benjamin. Si ce dernier teste n’a subi aucune altération, il tfaut reconnaître que la nomination de ce Ménélas était absolument contraire à la loi. De là le contentement des Juifs quand ils virent arriver au pontificat Âlcime, qui, au moins, était de la race d’Aaron, sans être cependant de la famille de Sadoc. I Mach., vii, 14 ; Josèphe, Ant. jttd.,

XII, ix, 7. Voir Alcime, t. i, col. 338, et Ménélas. Les pontifes machabéens, Jonathas, Simon, fils de Matathias, etc., descendaient d’Aaron par Joarib, de la famille d’Éléazar. I Mach., ii, 1. C’est le peuple qui élut au souverain pontificat Jonathas, I Mach., IX, 28-31, puis Simon. IMach., xiv, 46, 47. Hérode le Grand nomma successivement six pontifes et Archélaûs deux. Le légat de Syrie Cyrinus, puis ses successeurs désignèrent les suivants. Agrippa I er, Hérode de Chalcis et Agrippa II en nommèrent onze à eux trois. Enfin le dernier de la série pontificale dut sa nomination au peuple pendant la guerre. — 3° On voit qu’avec le temps l’élection des grands-prêtres était tombée sous, la dépendance civile. De plus, alors que primitivement le grand-prêtre était nommé à vie et qu’avant la captivité on ne trouve qu’un seul exemple d’un pontife privé de ses fonctions de son vivant, celui d’Abiathar déposé à raison de sa révolte, la résiliation du souverain pontificat, de gré ou par force, devint chose commune dans les derniers temps. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 1. Ainsi, dans les soixante ans qui précédèrent la ruine du Temple, on compta presque autant de pontifes qu’il y en avait eu d’Aaron à la captivité. — 4° L’âge où l’on pouvait devenir grand-prêtre n’était pas fixé. Probablement l’élu devait avoir atteint au moins la vingtième année. II Par., xxxi, 17. Les défauts qui écartaient du sacerdoce et que Moïse énumère au nombre de onze, Lev., xxi, 17-23, ne comprenaient nullement la trop grande jeunesse. Aristobule n’avait que dix-sept ans quand Hérode le fit grand-prêtre, Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 3, contrairement d’ailleurs au droit mosaïque, puisque cette nomination comportait la déposition du prédécesseur. Le fils d’Onias, qu’on avait auparavant écarté du pontificat, n’était encore qu’un Wiicio ;, un enfant en trop bas âge à la mort de son père. Josèphe, Ant. jud-, XII, v, 1. — 5° Pour être élu au pontificat, il fallait être de naissance légitime. C’est pour cela qu’on tenait avec grand soin la généalogie des prêtres. Josèphe, Cont. Apion., i, 7. Pour obliger Jean Hyrcan à abdiquer le souverain pontificat, que quelques pharisiens ne voyaient pas volontiers entre ses mains en même temps que le pouvoir civil, un certain Éléazar avança que la mère de ce grand-prêtre avait été prisonnière chez les Syriens, jetant ainsi le doute sur la légitimité de la naissance d’Hyrcan. Josèphe, Ant. jud.,

XIII, x, 5. Cette calomnie fit passer le grand-prêtre dans le parti des sadducéens. ^Le grand-prêtre Ananel, en fonction à l’avènement d’Hérode, était originaire de la colonie juive restée au delà de l’Euphrate. Hérode le déposa, mais la naissance d’Ananel à l’étranger ne fut pas un motif valable pour justifier cette déposition. Josèphe, Ant. jud., XV, iii, 1.

II. Sa consécration.

Le Seigneur lui-même avait pris soin de régler les cérémonies de la consécration du grand-prêtre. Exod., xxix, 1-37. Ces cérémonies furent exécutées de point en point par Moïse, au nom du Seigneur, pour Aaron et ses fils, dont deux, Nadab et Abiu, allaient périr prématurément en punition d’un manquement grave à leurs devoirs sacerdotaux, Lev., x, 1-5, et dont les deux autres étaient appelés à hériter du souve rain pontificat, Ithamar après Aaron son père, Éléazar" dans la personne de ses descendants à partir de Sadoc. III Reg., ii, 35. La consécration s’accomplit devant le tabernacle, en présence de toute l’assemblée d’Israël. Exod., viii, 1-3. Elle comprit différents rites : 1° La purification. Moïse lava Aaron et ses fils, dans les conditions prévues précédemment, Exod., xxviii, 41-43, en signe de la pureté qu’ils devaient apporter dans l’exercice de leurs fonctions sacrées. Lev., viii, 6 ; cf. Is., lii, 11. — 2° L’imposition des vêtements, d’abord de ceux qui étaient spéciaux au grand-prêtre Aaron, puis de ceux qui étaient destinés à ses fils. Lev., viii, 7-9, 13. — 3° L’onction. Moïse prit l’huile d’onction et commença par oindre, « pour les sanctifier, » c’est-à-dire pour les consacrer totalement au service de Dieu, le sanctuaire, l’autel et tous les ustensiles. Sept fois il aspergea d’huile l’autel lui-même, comme étant en rapport plus direct’avec le culte divin. Puis il versa l’huile sur la tête d’Aaron « pour le sanctifier » et en faire par excellence l’homme de Dieu. Lev., viii, 10-12 ; Ps. cxxxii, 2. Les mains furent aussi consacrées. Eccli., xlv, 18. En faisant les mêmes onctions sur l’autel et sur le grandprêtre, Moïse donnait à entendre qu’ils devenaient comme inséparables dans le culte du Seigneur. Voir Huile, Onction. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 175. Le grand-prêtre ainsi consacré par l’huile sainte était appelé hak-kohên hammâsîah, « prêtre d’onction, » Lev., iv, 3. La tradition juive prétend que l’huile d’onction fut perdue à la ruine du premier temple et qu’on n’en avait pas dans le second, d’où la distinction que fait la Mischna, Maccoth, 2, 6, entre le « prêtre d’onction » et le « prêtre de vêtements », hak-kohên begàdîm, consacré seulement par l’imposition des vêtements pontificaux et, pour cette raison, d’après certains, Horayoth, III, 4 ; Megilla, I, 9 ; Gern., Nazir, 47, 2, ne pouvant offrir le taureau dont il est question, Lev., iv, 3. D’autres ont nié cette impossibilité. — 4° Les trois sacrifices. 1. Le veau pour le péché, Lev., viii, 14-17. Aaron et ses fils imposèrent les mains à cette victime, puis Moïse l’immola, répandit de son sang autour de l’autel, brûla la graisse sur l’autel et consuma hors du camp tout le reste de l’animal. Ce premier sacrifice avait pour but de rappeler à Aaron qu’il était pécheur et qu’avant d’intercéder pour les autres il avait à songer à lui-même. Hebr., v, 3. — 2. Le bélier en holocauste. Exod., viii, 18-21. Quand Aaron et ses fils eurent imposé les mains au bélier, Moïse l’immola, répandit son sang autour de l’autel et brûla l’animal tout entier. Ce sacrifice signifiait que le grandprêtre avait à offrir les victimes qui constituaient Télément le plus expressif du culte de Dieu et de l’anéantissement de la créature humaine devant le Créateur. Voir Holocauste. — 3. Le bélier de consécration. Lev., vin, 22sJ2. Après les mêmes cérémonies préalables, Moïse immola ce second bélier, prit de son sang et en marqua l’oreille droite, le pouce droit et le gros doigt du pied droit d’Aaron et de ses fils. Il prit ensuite la graisse de l’animal avec différents gâteaux et l’épaule droite, les mit dans les mains d’Aaron et de ses fils, puis les brûla sur l’autel. Il aspergea avec le sang du bélier les nouveaux consacrés et leurs vêtements et, comme il s’agissait d’un sacrifice pacifique, Moïse et Aaron prirent leur part de la victime pour la manger. Tous ces rites prescrits par le Seigneur avaient leur signification. De même que l’huile sainte, le sang de ce bélier de consécration marquait pour le service du Seigneur les oreilles, les mains, les pieds, toute la personne du grand-prêtre, et ce premier sacrifice pacifique inaugurait tous ceux du même genre qu’il aurait à offrir. : — 5° Les sept jours. Lev., viii, 32-36. La consécration ne pouvait être complète qu’en sept jours. Tout ce temps, Aaron et ses fils durent demeurer à l’entrée du tabernacle et garder « les veilles du Seigneur i jour et nuit.-.

Chaque jour, les trois sacrifices se répétaient. Exod., XXIX, 36 ; Lev., 7111. 34. Toute une semaine était ainsi employée à la cérémonie, pour donner au grand-prêtre et au peuple une plus haute idée de la dignité pontificale. Tel fut le cérémonial qu’on eut à suivre dans le cours des siècles pour consacrer le grand-prêtre. Aussi plus tard Abia, roi de Juda, reprocha-t-il avec raison à ceux du royaume d’Israël d’avoir rejeté les fils d’Aaron . et de s’être fait des prêtres « comme les peuples des autres pays », II Par., xiii, 9, c’est-à-dire sans la consécration prescrite par le Seigneur.

III. Ses vêtements.

Le grand-prêtre portait de splendides vêtements (fig. 64), Exod., xxviii, 2-43 ; xxxix, 2-31, dont le Seigneur avait lui-même fourni la description et qui faisaient l’admiration des Hébreux. Eccli., xlv, 9-16 ; Sap., xviii, 24, 25 ; Josèphe, Ant. jud., III, vii, 4-6 ; Bell, jud., V, v, 7. Le grand-prêtre avait deux sortes de vêtements : — 1° Les vêtements pontificaux : l’éphod, voir Éphod, t. 11, col. 1865 ; le pectoral ou rational, voir Pectoral ; la tunique d’hyacinthe, voir Tunique ; la lame d’or portant écrit : « Sainteté à Jéhovah, » voir Lame ; une autre tunique de byssus, une tiare de même étoffe, voire Tiare ; une ceinture brodée, voir Ceinture, t. 11, col. 389. Le grand-prêtre revêtait un costume plus simple pour la fête de l’expiation. Lev., xvi, 4 ; voir Expiation (Fête de l’), t. ii, col. 2137. — 2° Les vêtements sacerdotaux communs au grand-prêtre et aux autres prêtres : les caleçons, voir Caleçon, t. ii, col. 60, les tuniques, les ceintures et la coiffure, voir Tiare. J. Braun, De vestitu sacerdotum Hebrxorum, Leyde, 1680, p. 134-157, 820-940 ; Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, 1. 11, p. 97-165.

IV. Ses fonctions.

1° Le grand-prêtre, « établi pour les choses qui regardent Dieu et pour offrir les dpns et les sacrifices, » Hebr., v, 1, avait l’administration supérieure de tout ce qui concernait le culte divin. — 2° Il offrait le sacrifice quotidien consistant en un dixième d’éphi’de farine mêlée d’huile et cuite au feu. Lev., vi, 19-23 (12-19). Josèphe, Ant. jud., III, x, 7, dit que cette offrande se faisait deux fois le jour et aux frais du grand-prêtre. Le grand-prêtre n’était par obligé d’officier toujours en personnne pour ce sacrifice qu’il lui suffisait de faire offrir en son nom ; il ne le présentait lui-même qu’aux grandes fêtes. À sa mort, ses fils offraient ce sacrifice quotidien jusqu’à l’élection du successeur. Siphra, ꝟ. 11, 2. — 3° Le grand-prêtre officiait personnellement pour la fête de l’Expiation. Voir Expiation (Fête de l’), 1. 11, col. 2137. — 4° C’est lui qui consultait Dieu par l’Urim et le Thummim. Num., xxvii, ’21 ; I Esdr., 11, 62. Voir Urim et Thummim. — 5° Il pouvait seul entrer dans le Saint des Saints, au moins d’une manière solennelle. Lev., xvi, 2, 3, 17. — 6° Le grand-prêtre ne prenait point part à toutes les cérémonies du Temple ; mais il y montait pour le sabbat, la néoménie et les grandes solennités nationales qui attiraient le concours du peuple. Josèphe, Bell, jud., V, v, 7.-7° Il pouvait exercer, au moins avant la royauté, les fonctions de juge suprême, au-dessus des simples prêtres qui faisaient eux-mêmes l’office de juges. Deut., xvii, 8-13. Les Juifs admettaient que la dignité royale avait seule la prééminence sur la dignité du grand-prêtre.

— 8° Après la captivité, le grand-prêtre fit partie du sanhédrin et en fut souvent le chef. Voir Sanhédrin. C’est comme grand-prêtre en exercice que Caïphe présida l’assemblée qui condamna Notre-Seigneur. Matth., xxvi, 57. ^-9° Il pouvait arriver que le grand-prêtre fût empêché de remplir ses fonctions, surtout pour la fête de l’Expiation où sa présence était indispensable ; la maladie, une impureté légale on tout autre accident pouvaient le frapper d’incapacité. On lui donnait alors an vicaire ou coadjuteur, un kohên me&ammêS, « prêtre servant » ou sagan, qui remplissait l’office de grande prêtre pour.cette occasion et en portait le nom. G cm.

Joma, 47, 1 ; Hieros. Joma, 38, 4 ; Hieros. Megilla, l%i. Le fait se présenta en particulier pour Matthias, vers l’époque de la naissance de Notre-Seigneur. Josèphe. Ant. jud., XVIII, vi, 4. Ainsi doit peut-être s’expliquer la présence de deux grands-prêtres simultanés que l’on constate quelquefois. C’est probablement en ce sens que Sophonie est appelé hohên misnêh, « second prêtre. » IV Reg., xxv, 18 ; cf. Jer., iii, 24. Il y avait aussi un autre prêtre qu’on appelait 1’« oint de la guerre 5>, presque égal au grand-prêtre, oint lui aussi de l’huile sacrée et chargé de faire l’exhortation avant la guerre, prescrite par la loi. Deut., xx, 3. Mais la Mischna, Sota, vm, 1, est seule à en parler. — 10° Une mutilation infligée au grand-prêtre le rendait incapable d’exercer ses fonctions. C’est ainsi qu’Antigone fit couper les oreilles à Hyrcan II, afin de lui interdire toute possibilité de retour à une dignité que lui-même convoitait, Josèphe, Ant. jud., XIV, xiii, 10.

V. Ses obligations.

1° Le grand-prêtre n’avait droit de se marier qu’avec une vierge de sa nation. Il ne pouvait épouser ni une veuve, ni une répudiée, ni une jeune fille de basse condition. La loi du lévirat, qui obligeait à épouser la veuve de son frère, ne s’appliquait donc pas à lui. Lev., xxi, 13-15. Le texte hébreu dit qu’il doit prendre une vierge de son peuple, mê’ammâu. Les Septante restreignent le sens de la loi, comme on le faisait peut-être de leur temps, en traduisant èx toù Y^voui ; aùxoO, « de sa tribu. » Le grand-prêtre pouvait en réalité épouser une vierge quelconque de son peuple. Nous voyons ainsi Josabeth, fille du roi Joram, devenir l’épouse du grand-prêtre Joïada. IV Reg., xi, 2 ; II Par., xxii, 11. — 2° Il ne pouvait ni découvrir sa tête ni déchirer ses vêtements, comme on le faisait d’ordinaire dans les funérailles. Il ne devait se souiller au contact d’aucun mort, pas même de son père ou de sa mère. Il ne pouvait sortir du Temple pendant son deuil. Lev., xxi, 10-12. Cette loi rigoureuse montrait que le grandprêtre n’existait plus que pour Dieu. Il continuait ses fonctions liturgiques pendant son deuil, mais il s’abstenait de participer aux victimes. Lev., x, 6, 7, 19, 20 ; Deut., xxvi, 14. La tradition juive interpréta ce qui est dit dans le texte de la loi sur la tête à ne pas découvrir et les vêtements à ne pas déchirer. Le grand-prêtre ne dut avoir la chevelure ni rasée ni négligée, et il ne put’déchirer son vêtement que par le haut. Siphra, ꝟ. 227, 1. Voir Déchirer ses vêtements, 1. 11, col. 1337. — 3° Le Seigneur avait réglé les redevances dont jouiraient Aaron et ses enfants, par conséquent les grands-prêtres. Num., xvii, 8-15. La loi ne les autorisait pas à réclamer davantage, et, pour l’avoir oublié, I Reg., 11, 12-17, les fils d’Héli attirèrent de terribles malheurs sur leur famille. Cependant le grand-prêtre, « selon les rabbins, devait jouir d’une fortune en rapport avec son rang élevé et’être le plus riche de tous les prêtres ; s’il ne l’était pas, la caste était obligée de lui créer une position opulente. » Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 178. — La loi réglait que le meurtrier involontaire ne pouvait sortir de sa ville de refuge avant la mort du grand-prêtre. Num., xxxv, 25-28.

VI. Son rôle religieux et social.

1° Avant la captivité. — 1. Le ministère de l’enseignement religieux n’a pas été confié au sacerdoce lévitique. La part de vérités qu’il avait plu à Dieu de révéler à son peuple et l’intimation de ses volontés étaient contenues dans le Livre saint. Cette révélation devait suffire aux Hébreux pour de longs siècles. Quand Dieu voulut en dire davantage, il envoya les prophètes. Mais le grand-prêtre demeura exclusivement le ministre de la maison de Dieu, le préposé à l’exacte exécution des choses saintes, sans autre contact avec le peuple que pour recevoir de ses mains les offrandes et les victimes des sacrifices. Il était ainsi la figure, non pas de Jésus-Christ enseignant et poursuivant les âmes pour les sauver, mais soi

GRAND-PRÊTRE

302

de Jésus-Christ rendant à son Père ses devoirs d’adoTation, d’action de grâces, de supplication et d’expia110n. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, t. ii, p. 156-160. Par la majesté de sa fonction, il frappait l’esprit de l’Hébreu d’une admiration religieuse et maintenait la foi en l’unité, la sainteté et la puissance. de Dieu. Son influence n’allait pas au delà. Entre l'époque de Josué et celle de Saùl, sauf Héli dans une certaine mesure, on ne voit aucun pontife prendre la direction de la nation. Sa place est au sanctuaire et le texte sacré ne dit nulle part que Dieu lui en ait attribué une autre. — 2. De temps en temps cependant, les grandsprêtres de cette première période se font remarquer par des interventions publiques funestes ou heureuses. Héli, par sa lamentable faiblesse paternelle, fut cause de la prise de l’arche par les Philistins et du désastre de son peuple. I Reg., IV, 1-18. Ce ne fut pas le grand-prêtre qui sacra Saül et David, mais un simple lévite, Samuel, dont Dieu fit le guide de son peuple pendant le passage de la théocratie pure à la royauté. I Reg., x, 1 ; xvi, 43. Achimélech favorisa la cause de David et périt, victime de son dévouement, par l’ordre de Saùl. I Reg., xxil, 16-18. Son fils Abiathar servit d’abord David avec fidélité ; mais ensuite il travailla à assurer la royauté à Adonias, au détriment de Salomon, III Reg., i, 7, 8, qui lui ôta sa dignité pour l’attribuer à Sadoc, ii, 26, 27, 35. Celui-ci assista à la consécration du Temple, mais ce fut Salomon qui eut la part principale à cette solennité. III Reg., viii, 1-66. Les prophètes Élie et Elisée prirent plus tard la direction morale de la nation, sans que les

grands-prêtres sortissent de leurs attributions purement

liturgiques. Cependant le grand-prêtre Joïada joua le principal rôle dans la révolution politique qui substitua sur le trône de Jérusalem le jeune Joas, fils d’Ochosias, à l’usurpatrice Athalie. IV Reg., xi, 1-20. Une mésentente ne se produisit pas moins ensuite entre le roi et le grand-prêtre, au sujet des offrandes et des travaux d’entretien du Temple, xii, 4-16. Quand Achaz voulut introduire dans le Temple un autel et des ustensiles assyriens, à la place de ceux qu’avait établis Salomon, le .grand-prêtre Urie s’y prêta docilement. IV Reg., xvi, 10-18. Mais déjà les grands prophètes étaient apparus pour annoncer la captivité et intimer les ordres du Seigneur. Sous Josias, le grand-prêtre Helcias découvrit dans le Temple le livre de la Loi, ce qui fut l’occasion d’une rénovation religieuse. IV Reg., xxii, 3-xxiii, 24. Enfin arrivèrent la ruine du Temple et la captivité. Durant toute cette période de la royauté, le souverain pontificat resta donc à peu près toujours confiné dans un rôle relativement secondaire, au-dessous du roi qui commandait, à côté des prophètes qui parlaient au nom de Dieu et exerçaient une influence prépondérante sur le mouvement des idées dans la nation.

Après la captivité.

1. Le dernier grand-prêtre,

Josédec, avait été emmené en captivité et mourut à Babylone. I Par., vi, 14, 15. Son fils Josué fut élu à sa place et travailla avec Zorobabel à la reconstruction du Temple. I Esdr., iii, 2 ; Agg., i, 1, 14 ; Eccli., xlix, 14. Le petit-fils de Josué, Éliasib, y travailla à son tour. II Esdr., iii, 1. Le fils d'Éliasib, Jonathan, II Esdr., xii, 23, eut pour successeur son fils Jeddoa, II Esdr., xii, 11, ou Jaddus, qui, d’après Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 4, 5, se présenta en habits pontificaux devant Alexandre à la porte de Jérusalem, comme fera plus tard saint Léon devant Attila aux portes de Rome, montra au conquérant la prophétie de Daniel qui concernait son empire et concilia à sa nation la bienveillance du roi macédonien. Les pontifes suivants se trouvèrent aux prises avec les rois de Syrie. Les successeurs immédiats de Jaddus, Onias 1° et Simon le Juste, Eccli., l, 1, furent à Sa hauteur de leur mission, continuant ainsi la série des dignes grands-prêtres qui avait commencé avec le iils de Josédec. Onias II, fils de Simon le Juste, fut sur

le point d’attirer la vengeance de Ptolémée Evergète contre son peuple par son avarice. Josèphe, Ant. jud.,

XII, IV, 1. D’après III Mach., ii, 1-24, son fils Simon II aurait empêché le roi Ptolémée Philopater de pénétrer dans l’intérieur du Temple, tentation qui dut venir à plus d’un prince. Onias III, fils de Simon II, fut un saint et énergique pontife, qui eut la gloire de défendre le Temple contre l’agression d’Héliodore. II Mach., iii, 1-35 ; Eccli., L, 1. Ces pontifes furent donc presque tous remarquables par leur zèle pour la maison de Dieu et par leurs vertus. — 2. Avec la période suivante commença la décadence, que ne put enrayer l’héroïsme des grands-prêtres machabéens. Josué, frère d’Onias III, changea son nom en celui de Jason, pour lui donner une tournure grecque, et s’appliqua à introduire chez les Juifs les coutumes païennes. II Mach., iv, 7, 13, etc. Onias qui, en lui succédant, prit le nom grec de Ménélas, poussa encore plus loin sa fureur de paganisme. II Mach., iv, 23-29. Alcime, primitivement appelé Joachim, fut un homme de trahison, de sang et d’impiété. Les grands-prêtres descendants de Mathathias, Jonathas, Simon et Jean Hyrcan, relevèrent noblement le prestige de la dignité pontificale ; leur religion fut égale à leur bravoure et ils assurèrent pour quelque temps l’indépendance de leur nation. Pendant près de soixante-dix ans, ces princes asmonéens et leurs successeurs unirent dans leurs mains le pouvoir civil et la dignité pontificale. Mais les choses ne restèrent pas longtemps en bon état. Le fils même de Jean Hyrcan, Aristobule, fut le meurtrier de sa mère et de son frère. Josèphe, Ant. jud.,

XIII, xi, 1-3. Alexandre Jannée, son autre frère, qui lui succéda, fut plutôt un guerrier ambitieux qu’un grandprêtre. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 1-3. Hyrcan II, fils du précédent, ne fut d’abord que grand-prêtre pendant que régnait sa mère Alexandra. Devenu roi et soutenu par les pharisiens, il fut attaqué par son frère Aristobule et forcé d’abdiquer la royauté. Josèphe, Ant. jud.,

XIV, I, 2. Au cours de la lutte entre les deux frères, Pompée arriva en Judée, prit Jérusalem et pénétra jusque dans le Saint des Saints. La Judée fut alors réduite à l'état de simple ethnarchie sous la dépendance des Romains. Les discordes fraternelles des derniers princes asmonéens furent ainsi l’occasion de l’asservissement définitif de la nation. C’est à cette première catastrophe qu’aboutit l’action d’un pontificat devenu oublieux de sa mission nationale et religieuse. — 3. Nous avons vu qu’Hyrcan II était passé de la secte des pharisiens, « qui avaient pour eux la faveur populaire, » à celle des sadducéens, « qui constituaient le parti des riches. » Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 6. Les grands-prêtres sadducéens firent tomber le souverain pontificat au dernier degré de l’avilissement. Matérialistes, ils ne croyaient ni à l'âme ni à la vie future. Grands seigneurs, ils traitaient avec mépris le peuple et les simples prêtres, vivaient dans un luxe insolent, Pesachim, 57 a, allant jusqu'à mettre des gants de soie pour toucher les victimes des sacrifices. Midrasch Ech-a, 1, 16 ; Pesachim, t. 57 a. Avides d’argent, ils commençaient par acheter leur dignité, comme avaient fait jadis Jason, II Mach., IV, 7-17, et Ménélas. II Mach., iv, 43-50. Pour rentrer dans leurs avancés, ils vendaient aux marchands et aux agioteurs l’autorisation de profaner le Temple par leur trafic et changeaient à la lettre la maison de Dieu en « caverne de voleurs ». Joa., ii, 16 ; Matth., xxi, 13 ; Marc, xi, 17 ; Luc, XIX, 46. Ils en vinrent, raconte Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8, « à ce degré d’impudence et d’audace qu’ils envoyaient sans honte leurs serviteurs dans les greniers pour saisir et emporter les dîmes dues aux simples prêtres. » À cette époque, le pouvoir civil s’efforçait de tenir les grands-prêtres sous sa dépendance, en gardant les vêtements pontificaux dans la tour Antonia et en ne les livrant qu’aux grandes fêtes. Il en fut ainsi depuis l’avènement d’Hérode. Ce fut le légat de Syrie, Vitellius succèsseur de Ponce Pilate, qui rendit aux grands-prêtres le libre usage des vêtements sacrés. Josèphe, Ant. jud., XI, xi, 4 ; XVIII, iv, 3. — Le pontificat avait alors complètement cessé d’être à vie. Le titulaire changeait fréquemment. En cent cinq ans, de l’avènement d’Hérode au siège de Jérusalem, on en compte vingt-huit. Sur ce nombre, on en trouve trois de la famille de Phabi, six de la famille de Boéthos, huit de la famille de Hanan et trois de la famille de Kamith. Les anciens grands-prêtres, quoique remplacés, conservaient leur titre, ἀρχιερεῖς, principes sacerdotum, que reproduit si souvent l’Évangile. Matth., ii, 4 ; Marc., x, 33 ; Luc, xix, 47 ; Joa., xii, 10. Outre Caïphe, grand-prêtre en fonction, il y avait dans le sanhédrin qui condamna le Sauveur, sept anciens grands-prêtres et six futurs grands-prêtres. Lémann, Valeur de l’assemblée qui prononça la peine de mort contre Jésus-Christ, Paris, 1876, p. 24-26. Le Talmud, qui d’ordinaire est plutôt partial en faveur des hommes de sa nation, caractérise ainsi ces familles pontificales : « Quel fléau que la famille de Simon Boétus : malheur à leurs lances ! Quel fléau que la famille de Hanan : malheur à leurs sifflements de vipères ! Quel fléau que la famille de Kanthéros : malheur à leurs plumes ! Quel fléau que la famille d’Ismaïl ben Phabi : malheur à leurs poings I Eux-mêmes sont grands-prêtres, leurs fils trésoriers, leurs gendres commandants, leurs valets frappent le peuple de leurs bâtons. » Pesachim, ꝟ. 57°. — 4. La honte éternelle de ces grands-prêtres est de n’avoir pas voulu reconnaître le Messie, qui était la fin de leur sacerdoce, et de l’avoir fait crucifier. Un des derniers actes solennels de ce pontificat d’Aaron consista à rendre cet oracle dont il ne saisit pas la portée : « Il y a avantagé à ce qu’un seul meure pour le peuple. » Joa., xi, 50. Il était encore dans son rôle quand il adjura le Sauveur de dire s’il était le Christ. Matth., xxvi, 63 ; Marc, xiv, ^5-L En mourant sur la croix, Notre-Seigneur abolit en droit la dignité des grands-prêtres et leurs sacrifices. Hebr., vii, 18-28. Ces grands-prêtres qui le rejetèrent et le firent condamner, Joa., xviii, 35, couronnèrent leurs crimes par le plus grand de tous, le déicide. S. Thomas, Sum. theot., III a, q. XL vii, a. 6. En fait, ils persistèrent encore quelques années, persécutèrent l’Église naissante, achevèrent de conduire leur nation à sa perte et s’ensevelirent à jamais sous les ruines de leur Temple.

VII. La série des grands-prêtres. — La Sainte Écriture n’a pas conservé le nom de tous les grands-prêtres. Les livres historiques en nomment un bon nombre, mais en laissant dans la liste beaucoup de lacunes. Pour les combler, on a cherché à s’aider des listes généalogiques qu’on trouve I Par., vi, 3-15, 50-53 ; I Esdr., vii, 1-5 ; II Esdr., xii, 10-11. Malheureusement ces listes indiquent la filiation, mais sans noter la fonction, renseignement qu’il serait pourtant utile de posséder, étant donné que les grands-prêtres ne se sont pas toujours succédé régulièrement de père en fils. Josèphe, Ant. jud., V, xi, 5 ; VIII, 1, 3 ; X, viii, 6, donne des listes de grands-prêtres qui vont sans interruption d’Aaron à la captivité. Il compte en tout quatre-vingt-trois grandsprêtres, treize d’Aaron à l’érection du Temple, dix-huit de Salomon à la captivité, et cinquante-deux durant l’existence du second Temple. Ant. jud., XX, x. Enfin les traditions juives ont conservé d’autres listes. La série des grands-prétres de Salomon à la captivité a été consignée dans la chronologie hébraïque appelée Séder olam zuta, communément attribuée au rabbin Joseph Ben-Chilpeta, dont le texte hébreu a été publié à Amsterdam, en 1711, mais dont des traductions latines avaient paru à Lyon, en 1608, et à Amsterdam, en 1649. Le même livre fournit, pour les périodes suivantes, des indications incomplètes, et inscrit des noms qui n’ont rien de commun avec ceux qu’on lit dans Josèphe. Ces noms paraissent plutôt désigner des docteurs que des grands-prêtres.

Dans les listes que nous reproduisons ci-dessous, nous mettons en majuscules les noms des personnages auxquels la Bible attribue formellement le titre de pontifes. Voir ces noms dans le cours du Dictionnaire. Les dates des pontificats ne sont pas connues avec précision : on sait seulement sous quels princes vivaient la plupart des grands-prêtres. Pour d’autres, on ne possède absolument aucun renseignement. Voir, pour l’approximation des dates, Chronologie, t. ii, col. 738-739. Les chiffres que nous donnons doivent donc être pris dans un sens très large.

D’Aaron à Héli.

Six pontifes se succèdent en ligne directe, I Par., vi, 3-5 :

width=20% style="border-right : 1px solid" |t. Aaron, 1493. 3. Phinées. 5. Bocci. style="border-right : 1px solid" |2. Éléazar, 1453. 4. Abisué. 6. Ozi.

D’Héli à Salomon. — Le pontificat passe de la descendance d’Éléazar, qui, pourtant, se continue, I Par., vi, 6, 51, à celle d’Ithamar, quatrième fils d’Aaron. Josèphe, Ant. jud., V, xi, 5.

Bible.
Josèphe.
17. héli .............Héli............. 1168
18. Achitob
I Par., ix, 11.
............Achitob............ 1148
19. Achias
arrière-petit-fils d’Héli.
I Reg., xiv, 3.
............Achias............ 1125
10. Achimélech
frère d’Achias.
I Reg., xxi, 1.
..........Achimélech.......... 1095
11. Abiathar
fils d’Achimélech.
I Reg., xxi, 1.
...........Abiathar........... 1050

Sur Achitob, voir t. I, col. 145. Les deux fils d’Héli, Ophni et Phinées, moururent avant leur père, I Reg., iv, 11, qu’il fallut d’ailleurs remplacer presque aussiôt après. Les petits-fils d’Héli, étant sans doute trop jeunes pour exercer le pontificat, on choisit Achitob, qui appartenait à la descendance d’Éléazar. I Par., vi, 7. D’après I Reg., xiv, 3, Achitob était frère d’un fils de Phinées, c’est-à-dire son cousin, autrement il serait appelé lui-même fils de Phinées. Achias, dont On a voulu parfois faire un même personnage avec Achimélech, en est différent : autrement, il faudrait attribuer à cet unique grand-prêtre, un pontificat extraordinairement long. Achimélech était frère d’Achias, mais, vraisemblablement, beaucoup plus jeune que son aîné.

De Salomon à la captivité.

Nous donnons la liste des pontifes de cette période, d’après la Bible. Josèphe, Ant. jud., X, viii, 6, et le Séder olam zuta, decur., 4-6.

Bible.
Josèphe.
Séder olam.
12. Sadoc Ier
III Reg., II, 35.
....Sadoc.... ....Sadoc.... 1015
13. Achimaas
fils de Sadoc.
II Reg., XV, 36.
...Achimas... ...Achimaa... 1975
14. Azarias Ier
petit-fils de Sadoc
III Reg., IV, 2.
....Azarias.... .....Azaria..... 1958
15. » .....Joram..... .....Joas..... 1914
16. Joiarib.
I Par., IX, 10.
......Isus...... .....Joarib..... 1896
17. » ....Axiomar.... ....Josaphat.... 1884
18. Joiada.
IV Reg., XI, 4.
...... » ...... .....Joïada..... 1882
19. » ....Phidéas.... .....Pédaïa..... 1860
20. » .....Sudéas..... ....Sédécaïa.... 1838
21. Azarias II.
II Par., XXVI, 16.
......Juel ...... ......Joel...... 1808

[Tableau à insérer]

Bible.

Josèphe.

Seder olam.

V

.. IoLham.. .—.Urias..

757

23.

740

IV Reg., xvi, 13.


^24.

.. Néria…

725

II Par., xxxi, 10.

25. 26.

..Osaias.. . Sellum..

696

642

I Par., vi, 12.

27.

fils de Sellum. IV Reg., xxir, 4.

, Helchias..

630

  • >R

. Azaria..

609

fils d’Helcias.

I Par., vi, 13.

29.

fils d’Azarias. IV Reg., xxv, 18.

. Saraias..

590

SO.

I Par., vi, 14.

. Josédek..

570

Josèphe annonce dix-huit noms pour cette série, mais il n’en donne que dix-sept. Il est probable que le nom de Joïada, qu’il appelle Jodaos et dont il raconte l’histoire, Ant. jud., IX, vii, 1-5, a été omis par les copistes. La Bible ne nomme que treize grands-prêtres, et encore ne donne-t-elle cette qualification qu’à huit d’entre eux. Les listes de Josèphe et du Séder olam s’accordent sur la plupart des noms, ce qui est une garantie d’authenticité. Toutefois, il n’y a pas lieu de croire Josèphe quand il affirme que tous ces pontifes se succèdent de « fils à pères ». Ainsi, les trois premiers pontifes sont de la descendance d’Élcazar, et cette descendance ne reprend sa ligne directe qu’avec Sellum. I Par., vi, 12-14. Quatre pontifes de la série portent le nom d’Azarias. Encore faudrait-il en ajouter un cinquième petit-fils d’Azarias I er, s’il n’y avait pas faute évidente de transcription dans le texte de I Par., vi, 10, qui le fait officier à la consécration du temple de Salomon. Azarias II et Azarias III sont représentés dans les listes de Josèphe et du Séder olam par des personnages portant des noms différents, mais qui, cependant, peuvent fort bien leur être identiques. Voir Azarias, t. i, col. 1298-1301. Josédec ne fut pontife que pendant la captivité et n’eut pas à exercer sa charge. Il relie directement Saraias à.Tosué. Cf. defiroglie, Les généalogies bibliques, dans le Congrès scientifique international des catholiques, Paris, 1888, t. i, p. 140-142.

De la captivité à Hérode.

Les noms de cette série se retrouvent, liés les uns aux autres, dans les Antiquités de Josèphe. La Bible ne reproduit pas la série complète.

Bible. [Tableau à insérer]

31. Iosoé, .. 61s de Josédec.

I Esdr., iii, 2.

32. Joacim, … fils de Josué,

n Esdr., xii, 10.

33. Éliasib, … fils de Joacim,

II Esdr., iii, 1.

34. Joïada, … fils d’Éliasib,

II Esdr., xii, 22.

35. Johanan, … fils de Joïada,

II Esdr., xii, 22.

36. Jeddoa, … fils de Johanan,

II Esdr., xii, 22.

37……

Josèphe.

… Jésus

Ant. jud., XI, III, 10.

… Joacim… Ant. jud., XI, v, 1.

, … Éliasib… Ant. jud., XI, V, 5.

… Judas

Ant. jud., XI, vii, 1.

… Joannes… Ant. jud., XI, vii, 1.

… Jaddus

Ant. jud., XI, vii, 2.

….Onias I", …

fils de Jaddus. Ant. jud., XII, ii, 5.

536

487

440

404

370

335

323

38.

39.

40.

41.

42.

Bible.

Simon I"., Eccli., L, 1.

43. Onias…

I Mach., xii, 7.

44. Jason…

H Mach., iv, 7.

45. Ménélas… n Mach., IV, 27.

46. Al. cime… I Mach., vii, 5.

47. Jonathas, … frère de Judas Machabée.

I Mach., ix, 28.

48. Simon

frère de Jonathas.

I Mach., xiv, 46.

49. Jean,

fils de Simon,

I Mach., xvi, 23.

50. »

51.

52.

53.

54. 55.

56.

Josèphe.

.. Simon le Juste, ..

fils d’Onias. vint, jud., XII, II, 5. … Éléazar, …

frère d’Onias. Ant. jud., XII, ii, 5. … Manassé, …

oncle d’Eléazar. Ànt. jud., XII, iv, 1. … Onias ii, … fils de Simon le Juste. Ant. jud., XII, IV, 1. … Simon ii, …,

fils d’Onias II. Ant. jud., XH, iv, 10. … Onias iii, …

fils de Simon n. Ant. jud., Xn, iv, 10. .. Jésus ou Josué, .. frère d’Onias III. Ant. jud., XII, v, 1. . Onias, dit Ménélas.. Ant. jud., XII, v, 1. . Joachim, dit Alcime.. Ant. jud., XII, IX, 7.

… Jonathas

Ant. jud., XIII, ii, 2.

… Simon

Ant. jud., XIII, VI, 7.

.. Jean Hyrcan… Ant. jud., XIII, viii, 1.

…Aristobûle I", …

fils de Jean Hyrcan. Ant. jud., XIII, xi, 1. ..Alexandre Jannée, .

frère d’Aristobûle. Ant. jud., XIII, xi[, 1. .. Hyrcan II, …

fils d’Alexandre. Ant. jud., XIII, xvi, 2. …Aristobûle II, …*

frère d’Hyrcan n.

Ant. jud., XIV, i, 2.

Hyrcan II (de nouveau).

Ant. jud., XIV, IV, 4.

….Antigone, …

fils d’Aristobule II. Ant. jud., XIV, xiv, 3.

… Ananel

Ant. jud., XV, II, 4.

30°

28a

250

222

205

185

174

171 164 161

143

135

107

100

70

70

63 40

37

Les quatorze premiers pontifes de cette série se rattachent, par Josédec, à Sadoc et à Aaron par Éléazar. Les neuf derniers remontent, par Mathathias, à Joarib, probablement le même que Joiarib, I Par., ix, 10, ou Jojarib, et par celui-ci à Sadoc et à Aaron.

5o  D’Hérode à la ruine de Jérusalem. — Les noms des pontifes de cette dernière série sont donnés par Josèphe.

Sous Hérode 
56. Ananel 
Ant. jud., XV, ii, 4.
37
Sous Hérode 
57. Aristobule III 
Ant. jud., XV, iii, 1.
35
Sous Hérode 
57 bis. Ananel (de nouveau) 
Ant. jud., XV, iii, 3.
34
Sous Hérode 
58. Jésus, fils de Phabi 
Ant. jud., XV, ix, 3.
27
Sous Hérode 
59. Simon, fils de Boéthos 
Ant. jud., XV, ix, 3.
24
Sous Hérode 
60. Mathias, fils de Théophile 
Ant. jud., XVII, vi, 4.
15
Sous Hérode 
60 bis. Joseph, fils d’Ellem (?) 
Ant. jud., XVII, vi, 44 (un jour).
Sous Hérode 
61. Joasar, fils de Boéthos 
Ant. jud., XVII, vi, 4.
4
Sous Archélaüs 
62. Éléazar, fils de Boéthos 
Ant. jud., XVII, xiii, 1.
4
[Tableau à insérer]

63.. Jésus, flls de Séé… Ant. jud., XVII, xiii, 1.

2 « p. J.-C

63 bis.. Joasar (de nouveau).. Ant. jud., XVIII, 1, 1

4

64. Anne ou Hanan, fils de Seth. Ant.jud., XVIII, ii, 2.

6

Sous Valérius Gratus.

65. Ismaël, fils de Phabi… Ant. jud., XVffl, ii, 2.

66. Éléazar, fils de Hanan… Ant. jud., XVIII, ii, 2.

15 16

67. Simon, flls de Kamith… Ant. jud., XVDI, ii, 2.

17

Sous Vitellius. ….

gendre de Hanan.

Ant. jud., XVIII, ii, 2.

69. Jonathan, fils de Hanan..

Ant. jud., XVm, iv, 3.

18 36

Sous Agrippa I"…

70. Théophile, fils de Hanan… Ant. jud., XIX, vi, 2.

fils de Boéthos. Ant. jud., XIX, vi, 2.

37 41

— ….

72. Mathias, fils de Hanan… Ant. jud., XIX, vi, 4.

42

Sous Hérode deChalcis.

73. Élionaios, fils de Kanthéras.

Ant. jud., XIX, viii, 1.

74. Joseph, fils de Kami…

Ant. jud., XX, I, 3.

43 44

— ….

75. Ananias, flls de Nébédée. Ant. jud, , XX, v, 2.

47

….

75 bis. Jonathan (de nouveau). Ant. jud., XX, viii, 5.

52

Sous Agrippa II…

76..Ismaël, fils de Phabi… Ant. jud., XX, viii, 8.

59

—. ….

77. Joseph Kabi, fils de Simon. Ant. jud., XX, viii, 11.

61

— ….

78..Ananios, fils de Hanan.. Ant. jud., XX, ix, 1.

62

— ….

79..Jésus, fils de Damnée… Ant. jud., XX, IX, 4.

62

— ….

80. Jésus, fils de Gamaliel…

Ant. jud., XX, ix, 4.

81. Mathias, flls de Théophile..

Ant. jud., , XX, tx, 7.

63 65

Tendant la guerre…

82. Phannias, fils de Samuel.. Bell, jud., IV, iii, 8.

67

Josèphe ne compte que cinquante-deux grands-prêtres durant l’existence du second temple. Nous retrouvons exactement ce nombre en n’attribuant qu’un seul pontificat à Hyrcan II, Ananel et Joasar, qui sont rentrés dans leurs fonctions après un intervalle relativement court.

Les grands-prêtres Anne et Caïphe sont mentionnés dans l’Évangile. Ananias fit comparaître saint Paul devant lui. Act., xxiii, 2-5. Ananias, fils de Hanan, fit lapider saint Jacques le Mineur. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 1. Jonathan, fils de Hanan, apparaît de nouveau comme pontife après Ananias, fils de Nébédée. [Peut-être rentra-t-il en charge quand Ananias fut envoyé à Rome par le légat de Syrie, Quadratus. Josèphe, Ant.jud., XX, vi, 2. Déjà une fois, il avait été question de rendre le pontificat à ce Jonathan. Josèphe, Ant. jud., XIX, vi, 4. En racontant la nomination par Agrippa II d’Ismaël, fils de Phabi. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8, contre son habitude, ne dit pas à qui ce pontife succéda. Le dernier pontife, Phannias, fut le triste couronnement de la série. « On fit venir une tribu de race pontificale, celle des Éniachim, pour choisir un pontife. Le sort tomba sur un homme bien propre à faire ressortir la malice des électeurs. Ce fut un nommé Phannias, fils de Samuel, du bourg d’Aphtha, non seulement indigne du pontificat, mais trop rustique pour comprendre seulement ce que c’était. On le tira malgré lui de sa campagne et on lui imposa son personnage, comme on fait au théâtre ; on lui mit les vêtements sacrés et on lui apprit ce qu’il avait à faire selon les circonstances. Une pareille infamie ne fut pour eux qu’un jeu et une plaisanterie, s Josèphe, Bell, jud., IV, iii, 8. — Voir J. Buxtorf, De pontificibus magnis Hebrseorum, Bâle, 1685 ; Reland, Antiquitates sacrx, Utrecht, 1741, p. 72-87 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volke$, t. i, 2e édit., p. 65, 139, 179-294 ; t. iii, 1898, p. 214-224.

H. Lesêtre.

GRANELLI Jean, jésuite italien, né à Gènes le 15 avril 1703, mort à Modène le 3 mars 1770. Entré au noviciat le 17 octobre 1717, il professa les belles-lettres à l’Université de Pàdoue et prêcha avec succès. Il fut membre de l’académie des Arcades et recteur du collège de Modène. Lezioni morali, historiche, critiche, cronologiche (sulla Storia santa dell’Antico Testamento), 16 in-4°, Modène, 1768-1773 ; 34 in-8°, 1832. Les PP. Bettinelli, Pellegrini, Rossi et Barotti terminèrent l’ouvrage après la mort de Granelli. C. Sommervogel.

GRAPILLAGE, action de recueillir ce qui reste de raisins dans une vigne après la vendange, et aussi ce qui reste d’olives et d’autres fruits à l’arbre après la récolte. Le Lévitique, xix, 10, appelle pérét les grappes ou grains qui tombent à terre au moment de la vendange. C’est du reste l’interprétation de la Mischna et du Talmud de Jérusalem. TV. Pea, 3. M. Schwab, Le Talmud de Jérusalem traduit, t. ii, in-8°, Paris, 1878, p. 94. Les grappes qui restent attachées au cep après la vendange se nomment’olêlôf, Jer., xlix, 19, il en est de même des olives qui sont oubliées sur l’arbre au temps de la récolte. Le traité péa du Talmud s’occupe minutieusement des conditions qui constituent légitimement les’ôlêlôf et des cas où le grapillage est permis. Le Talmud de Jérusalem, t. ii, p. 84, 94-95, 103. Il commente d’ailleurs la loi, Lev., xix, 10 ; Deut., xxiv, 21, qui permettait le grapillage comme le glanage au pauvre et à l’étratager, à la veuve et à l’orphelin. — Diverses comparaisons sont tirées de là dans le livre des Juges et dans les prophètes. Lorsque Gédéon défit les Madianites, les Éphraïmites, qui ne se trouvèrent là que pour poursuivre les fuyards, exprimèrent leur mécontentement de n’avoir pas été~ prévenus avant le combat. Pour les calmer, le fils d’Abiézer leur répondit : Le grapillage d’Éphraïm ne vaut-il pas mieux que la vendange d’Abiézer ? Jud., viii, 1, 2. — Dans l’annonce de la ruine d’Israël, Isaïe, xvii, 6, compare le petit nombre qui sera épargné aux’ôlêlôf, aux grappes de raisin laissées par les vendangeurs, et aux deux ou trois olives restées à l’extrémité d’une branche ou aux quatre ou cinq oubliées au sommet de l’arbre Quand Dieu châtiera l’Idumée, dit Jérémie, xlix, 9, il détruira tout, il ne fera pas comme les vendangeurs qui malgré leur vigilance oublient toujours quelques grappes sur les ceps. — La même menace est faite à l’Idumée par Abdias, i, 5.

E. Levesque.

GRAS. Voir Graisse, col. 292.

GRAVEUR. Voir Gravure.

GRAVURE (Septante : γλύμμα, γλυφή, ἐκτύπωμα ; Vulgate : cælatura), art de faire des dessins en creux dans le métal ou la pierre dure. L’hébreu n’a pas de substantif pour rendre cette idée. Mais il appelle le graveur hârâs, « celui qui creuse, » cælator, gemmarius, GRAVURE

310

65. — Sceau d’Armais. Musée du Louvre.

et pour dire « graver » il emploie au piel le verbe pâfah, « ouvrir, » yii(eiv, *cxlare. — 1. L’art de graver les pierres était connu des Égyptiens à un âge fort reculé. Cf. Diodore de Sicile, i, 78 ; Hérodote, vii, 69. On a des travaux très soignés et très fins dus à des artistes qui gravaient l’améthyste, la cornaline, le grenat, le jaspe, l’obsidienne, etc., dès la XIIe dynastie thébaine. Les produits qui datent de la XVIIIe dynastie nous sont parvenus en plus grand nombre mais ne sont pas de facture plus parfaite. Il nous est resté du dernier roi de cette dynastie. Armais (Horembeb), un superbe sceau quadrangulaire,

monté sur un anneau, le tout en or, sur les quatre faces duquel sont gravés fort artistement le cartouche royal, un lion en marche, un scorpion et un crocodile (fig. 65). Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, Egypte, Paris, 1882, p. 737-740. Plus communément, les artistes égyptiens gravaient des cachets sur des pierres tendres en forme de scarabées. Ils ciselaient parfois en relief, mais habituellement ils gravaient l’intaille. Voir t. i, fig. 152, 156, col. 634, 635. — 2. Il avait donc été possible aux Hébreux de s’initier à l’art de la gravure auprès des artistes égyptiens. Aussi les voyons-nous, dès l’époque du désert, entreprendre en ce genre des travaux assez délicats. Le pectoral du grand-prêtre comprenait douze pierres de prix, d’espèce différente et enchâssées en or. Sur chacune de ces pierres, les artistes gravèrent le nom d’une des douze tribus d’Israël « comme un cachet », par conséquent en creux, à cette différence près que les noms devaient pouvoir être lus de face, et non, comme dans les cachets ordinaires, après impression sur une matière molle. Exod., xxviii, 15-30. Ils gravèrent aussi, sur chacune des deux pierres d’onyx fixées aux brides de l’éphod, six des noms des tribus d’Israël. Exod., xxviii, 9-12. Sur la lame d’or du grand-prêtre, les graveurs eurent encore à mettre les mots : « Sainteté à Jéhovah. » Exod., xxviii, 36. Sans doute le Seigneur mit son esprit dans les artistes appelés à exécuter ces travaux. Exod., xxxv, 31-33. Mais ceux-ci ne furent pas choisis [à l’aventure et déjà Ooliab était, d’après le texte hébreu, « habile à graver. » Exod., xxxvhi, 23. — 3. Plus tard, Salomon demanda à Hiram de lui envoyer des ouvriers pour la construction du temple, et entre autres des artistes graveurs. II Par., ii, 7, 14. L’art de la gravure, en effet, ne s’était pas conservé chez les Hébreux, ou du moins il était, comme les autres arts, resté à l’état d’enfance. Les Phéniciens faisaient métier d’entrepreneurs, dans tout le monde oriental, pour l’exécution des travaux artistiques où industriels. Leurs graveurs fabriquaient des intailles d’une facture banale et facile que les colporteurs écoulaient à assez bas prix sur tous les marchés. Le cachet était, en effet, un objet de nécessité courante, qu’on portait attaché au cou par un cordon. Gen., xxxviii, 18. Ou gravait sur le cachet le nom et différents symboles, parfois seulement des signes pouvant convenir à tout le monde. Les graveurs phéniciens se servaient comme matière de l’onyx, de la cornaline, de l’améthyste, du jaspe, etc., quelquefois même d’une pâte de verre historié qui se vendait bon marché. On trouve encore de ces pierres gravées, de forme conique ou ellipsoïdale. Dans les noms qu’on y lit entre souvent l’élément baal, qui indique une origine nettement phénicienne ; les

— Sceau d’Obadyàhu." D’après Ctermont-Ganoeau, dans le Recueil d’archéologie orientale, 1885, p. 33-38.

67. — Sceau d’Hananyahou. D’après Ch. W. Wilson et Ch.Warren, The Recovery

composants et et yahu trahissent sinon une origine, du moins une destination syrienne et hébraïque. Le sceau de Chamosihi, reproduit t. ii, fig. 182, col. 528, est une œuvre phénicienne. Il est plus difficile de distinguer les intailles hébraïques ; il faut tenir compte du lieu où elles ont été trouvées et de certaines particularités qui ne s’observent pas dans les œuvres similaires des peuples voisins. On peut reconnaître un travail de gravure hébraïque dans un cachet sans ornement qui porte cette inscription : VObadyâhu’ébédmé ! e’ft, « à Abdias, serviteurdu roi » (fig. 66), où Abdias fait un jeu de mots sur son nom qui signifie « serviteur de Jéhovah ». Un personnage de ce nom a été intendant du roi Achab, et la facture du cachet convient bien à cette époque. Voir Abdias, t. i, col. 23 ; GlermontGanneau, Le sceau d’Obadyakou, fonctionnaire Israélite, dans le Recueil d’archéologie orientale, Paris, 1885, fasc. i, p. 33-38. Un autre cachet d’« Hananyahou, fils d’Abkor », gravé sur une matière très dure, porte la palmette phénicienne (fig. 67). Il a été trouvé à Jérusalem. Celui d’« Hananyahou, fils d’Azaryahou », présente une couronne de pavots et de grenades. Le sceau de « Sebaniah, fils d’Ozziah », est ellipsoïdal et à double face. Sur un des cotés se voit un personnage costumé of Jérusalem, avec le grand pagne égyptien (fig. 68). P- 493, Sur un sceau de cornaline, trouvé à

Ascalon, on lit : « À Abigaïl, femme de’Asyahou » (fig. 69). Cf. Revue biblique, Paris, 1897, p. 597. Il est probable que la gravure hébraïque n’a jamais atteint un déve loppement considérable et que la concurrence phénicienne n’a pas cessé de fournir aux Israélites des cachets moins soignés sans doute, mais d’un prix beaucoup plus abordable. On se servait en Palestine des intailles de Tyr et de Sidon, malgré leurs emblèmes idolâtriques auxquels

on n’attachait pas grande importance, ou qu’on ne se faisait pas scrupule d’adopter avant la captivité. Cf. Menant, Recherches sur la glyptique orientale, Paris, 1886, iie part., p. 227231. Comme l’art phénicien n’était pas lui non plus un art original, « on peut admettre que parmi les intailles pnéniciennes, araméennes et judaïques, celles où l’influence égyptienne paraît « m _ c-n d’Abiexcms i ve sont l es P’us anciennes, gaU trouvé à Asc’est-à-dire antérieures à la dominacalon. D’après la ti° n assyrienne en Syrie. À partir du Revue biblique, viie siècle, apparaît dans la glyptique 1877, p. 597. araméophénicienne l’action de l’As-,

syrie, tantôt alliée à l’influence égyptienne, tantôt exclusive. » Babelon, Manuel d’archéologie orientale, Paris, 1888, p. 314. Cf. Perrot, Histoire de l’art, Judée, Paris, 1887, t. iv, p. 436-443. Voir Sceau. — 4. Saint Jean fait allusion à la gravure sur gemme, quand il parle de ce caillou blanc sur lequel est écrit

18. — Sceau de Sebaniah, fils d’Ozziah. D’après de Longpérier, Œuvres, t. i, p. 198. un nom nouveau que seul connaît celui qui reçoit le caillou. Apoc, ii, 17.

H. Lesêtre.

1. GREC (hébreu : Yâvân ; grec : Ἕλλην, ἑλληνικός ; latin : Græcus), nom ethnique. La Bible désigne sous ce nom tous les peuples qui parlent la langue grecque, aussi bien ceux d’Asie et d’Afrique que ceux de l’Hellade proprement dite. La première mention que la sainte Écriture fasse des Grecs est dans la Genèse, , x, 2. La table ethnographique nomme, parmi les descendants-de Japhet, Yâvân, mot qui sous la forme lavanu désigne la Grèce et l’Ionie dans les inscriptions de Sargon à Khorsabadet de Darius à Behistoun. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit. in-12, Paris, 1896, l. i, p. 340, n. 1. Voir Javan.

I. Le mot Ydvân est resté en hébreu pour désigner les Grecs dans Isaïe, lxvi, 19 ; Ézéchiel ; xxvii, 13, 19 ; Daniel, viii, 21 ; x, 20 ; xi, 2 ; Zacharie, ix, 13. Dans ces diverses passages, les Septante emploient les mots Ἑλλάς, Ἕλλην v, et la Vulgate les mots : Græcia, Græcus. Les hébreux, vers l’époque de la captivité, ont dû connaître les Grecs en Egypte, car Psammétique employait des Ioniens et des Cariens comme mercenaires. Les Grecs étaient installés près de Bubaste, dans une partie de l’Egypte avec laquelle les Juifs avaient de fréquents rapports. Voir Cariens, t. ii, col. 281. — Isaïe, lxvi, 12, prophétise que les Grecs seront convertis par les Apôtres d’origine juive. — Joël, iii, 6 (hébreu 11), dit que les Tyriens vendaient les fils d’Israël comme esclaves aux Grecs. Il est encore question du commerce d’esclaves et de vases d’airain que les Grecs faisaient avec les Tyriens dans Ézéchiel, xxvii, 13. Daniel, viii, 21-25, prédit la puissance du bélier, c’est-à-dire d’Alexandre, roi des Grecs, et des rois qui se partageront son empire. Voir Alexandre, t. i, col. 346. Zacharie, ix, 13, annonce lés victoires des Machabées sur les rois grecs de Syrie ; Alexandre est désigné sous le nom de premier roi des Grecs. I Maçh., i, 1 ; vi, 2. Voir Alexandre, 1. 1, col. 245. Alexandre visita Jérusalem, d’après Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 3, et quelques Juifs se joignirent à lui dans son expédition contre les Perses. Josèphe, Cont. Apion., ii, 4. Les rois de Syrie qui soumirent la Palestine à leur domination sont également appelés rois des Grecs. Ce titre est donné à Antiochus IV Épiphane. I Mach., i, 11. Lorsque les Juifs sollicitent des Romains leur secours contre ces princes, ils demandent qu’on les soustraie au joug des Grecs. I Mach., viii, 18. Les mœurs grecques séduisirent un grand nombre de Juifs, même parmi les prêtres. Ceux-ci s’adonnèrent aux exercices helléniques, notamment à ceux de la palestre, au jeu du disque, etc. H Mach., iv, 15. Cependant la plupart restèrent fidèles aux coutumes et à la religion juive et Antiochus Eupator se plaint de ce qu’ils ne veulent pas adopter les mœurs grecques. II Mach., XI, 24. Les Grecs avaient établi des garnisons nombreuses en Palestine. Ils occupaient en particulier la citadelle de Jérusalem.

H. La langue et la monnaie grecques se répandirent en Palestine sous la domination syrienne. Voir Grec biblique ; Drachme, t. ii, col. 1502 ; Didrachme, t. ii, col.’l427 ; Monnaie.

III. Les Juifs furent en rapports avec les Grecs de l’Hellade proprement dite sous les Machabées. Le grand-prêtre Onias Ier demanda aux Spartiates leur alliance, et le roi Arius lui répondit par une lettre dans laquelle il affirmait que « les Spartiates et les Juifs étaient frères et de la race d’Abraham ». I Mach., xii, 20-23. Voir Arius, 1. 1, col. 965, et Spartiates.

IV. Les Juifs, dans les siècles qui précédèrent la venue du Messie, se répandirent en grand nombre dans les pays de langue grecque, ’en Asie, dans l’Hellade proprement dite, en Egypte et dans l’Italie du sud. Ils furent généralement bien traités et dans beaucoup de cités, ils avaient une sorte d’autonomie et souvent des privilèges, notamment à Alexandrie, à Cyrène, à Antioche et à Smyrne. Voir Cité (Droit de), t. ii, col. 786. C’est pour ces. Juifs hellénistes que fut faite la traduction des Septante. Un certain nombre d’entre eux écrivirent en grec des ouvrages remarquables ; tels furent l’historien Josèphe et Philon.

Les Juifs hellénisants étaient nombreux à Jérusalem. Il y en eut parmi les premiers chrétiens et nous voyons qu’ils n’étaient pas toujours d’accord avec les palestiniens. Ils se plaignirent que leurs veuves étaient négligées. Act. ; vi, 1. C’est à la suite de cette réclamation que furent choisis les premiers diacres qui, leur nom l’indique, furent choisis parmi les hellénisants. Act., VI, 56. Les Juifs hellénisants non convertis furent les adversaires les plus acharnés de saint Etienne. Act., ix, 29. Le texte grec emploie pour désigner les Juifs hellénisants le mot Ἑλληνιστής que la Vulgate traduit par Græcus. Voir Hellénistes. Le mot Ἕλλην dans le Nouveau Testament désigne les païens en général, Rom., i, 14, 16 ; ii, 9, 10 ; iii, 9, etc., parce que les premiers d’entre eux auxquels s’adressèrent les apôtres furent, en effet, des Grecs. Act., xi, 20 ; ix, 4. Saint Paul, pour affirmer que l’Évangile est destiné à tous les peuples, répète qu’il n’y a chez les chrétiens aucune distinction entre les Grecs, les Juifs et les Barbares. Rom., x, 12 ; Gal., iii, 28. Les Grecs recherchent la sagesse, mais il leur prêche le Christ crucifié qui est folie pour ceux qui ne veulent pas accepter sa doctrine mais puissance et sagesse pour les élus juifs et grecs. I Cor., i, 22-25. La connaissance qu’avait saint Paul de la langue grecque le rendait particulièrement apte à la mission que Dieu lui avait réservée de prêcher l’évangile aux païens. Act., xxi, 37. Il fait cependant observer à plusieurs reprises qu’il ne s’adresse aux Grecs qu’après avoir d’abord prêché aux Juifs. Rom., i, 16 ; ii, 9, 10 ; cf. Act., xiii, 46, etc.

E. Beurlier.


2. GREC BIBLIQUE. On appelle ainsi le grec de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament. Le premier se compose 1° du grec post-classique parlé à l’époque de la traduction ou de la composition des livres de l’Ancien Testament et 2° d’un élément hébraïsant. Le second se compose 1° du grec post-classique parlé à l’époque où ont été écrits les livres du Nouveau Testament, 2° d’un élément hébraïsant et 3° d’un élément chrétien.

Ire Partie. — Histoire de la formation du grec biblique.

I. DIFFUSION DU DIALECTE ATTIQUE.

Période alexandrine ou macédonienne.

Les conquêtes d’Alexandre, les guerres et les bouleversements politiques qui se produisent sous ses successeurs broient les petites nationalités grecques, mettent violemment en contact les Grecs et les Asiatiques (y compris les Égyptiens), établissent entre eux des rapports nécessaires et suivis, et détruisent leur esprit national, particulariste et exclusif. C’est alors que se produit la diffusion de l’hellénisme, civilisation et langue.

Avant Alexandre, il n’existe que des dialectes grecs, dont le principal est l’attique. Désormais, l’attique supplante peu à peu en Grèce les autres dialectes. Il suit les armes d’Alexandre et de ses successeurs et se répand partout avec l’hellénisme, même jusqu’aux frontières de l’Inde. Il s’introduit en Palestine, il fait une fortune brillante en Egypte, à Alexandrie. Il devient la langue des pays grecs et hellénisés, du monde gréco-oriental.

Période gréco-romaine.

Les Romains réduisent la Grèce en province sous le nom d’Achaïe en 146 avant J.-C. Es s’emparent aussi de l’Egypte et des pays hellénisés de l’Asie occidentale jusqu’en Mésopotamie.

L’attique se répand alors du côté de l’Occident, et prend pour ainsi dire possession de Rome ; il s’étend jusqu’en Espagne et en Gaule, grâce aux marchands, aux esclaves, etc.

II. LANGUE COMMUNE OU GREC POST-CLASSIQUE.

L’at