Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Abject

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Éditions Édouard Champion (Ip. 12).

Abject. Qui est de basse condition, qui est dans un état d’abaissement. — O toy… non de trop haulte condition, ou appelé au reine publiq’, non aussi abject et pauvre. Du Bellay, Deffence, II, 5. — Mon Roy ne doit nourrir ny picques ni discordes, Rancueur ny deffiance entre ses vrais subjects, De peur de l’estranger, ny les tenir abjects. Jean de la Taille, le Prince Nécessaire, II. — Les Apostros, simples et abjects, confondirent la sapience de ceux qui estoient reputez sages et prudens. Larivey, trad. des Facetieuses Nuits de Straparole, IX, 5. — Il ne me semble point, que les plus abjects serviteurs facent volontiers pour leurs maistres, ce que les Princes s’honorent de faire pour ces bestes [les oiseaux, les chevaux et les chiens]. Montaigne, II, 12 (II, 180).

Humble, modeste. — Il se rendoit si treshumble et abject. Qu’il ne sembloit estre Abbé, mais subject. J. Bouchet, Epistres famil. du Traverseur, 57. — Avez le cueur tant bening et humain Qu’estes tousjours la premiere au service, Abjecte et humble autant qu’une Novice. id., ib., 115. — Elle [l’Ecriture Sainte] requiert un cueur humble et abject, A vanitez et abus non subject. Fr Habert, Deplor. de Du Prat, Epistre. — Certainement si Dieu n’est point, mocqueur, Il prend en gré l’abject et humble tueur. id., Exposit. morale.

(Prononciation.) — Comme personne abjecte, En t’adorant me jette En terre soubs ton pié. Marg. de Nav., Les Marguerites, Com. de l’ador. des trois Roys (II, 123). — Qui de rateaux rompt les motes abgettes, Et va trayant les clayes de vergettes. Pelletier du Mans, trad. du 1er  livre des Georgiques.