Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Amateur

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Éditions Édouard Champion (Ip. 182-183).

Amateur de qqn ou de qqch. Celui qui aime qqn ou qqch. — Voyant aussi que sans malice aucune Tous deux estoient, et tous deux amateurs De son sainct nom et vrays adorateurs. Marot, trad. du liv. I de la Metamorph. — C’est le heraut qui nous a annoncé Que Dieu avoit de tout poinct renoncé De se venger contre nous de l’injure Que luy avoit faict nostre ame parjure : Et qu’il avoit esté mediateur Tant qu’il estoit d’ennemy amateur. id., Serm. du bon pasteur et du mauvais. J’ay bien perdu le mien consolateur, Tout mon support et parfaict amateur. J. Bouchet, Epistres familieres du Traverseur, 79. — Constantius espoux de saincte Helaine Sage Empereur en sa court souveraine Ne voulut onc avoir de serviteurs S’ilz n’estoient tous de Dieu vrais amateurs. id., Epistres morales du Traverseur, II, i, 9. — Un Serviteur qui sera feable en service, amateur de son maistre et de son honneur. Budé, Instit. du Prince, ch. 35. — Il s’en alla… ayant receu de ses beaux faicts une belle recompense et digne d’un grand personnage amateur de ses citoyens et de son païs. Amyot, Flaminius, 13. — Ilz prestoyent vouluntiers l’oreille aux propos de Clodius, et l’appelloyent gentil Capitaine et amateur des soudards, pource qu’en parlant à eulx il faisoit semblant d’avoir compassion d’eulx. id., Lucullus, 34. — Crassus mesme, qui avant son bannissement luy estoit ennemy, luy alla diligemment au devant, et feit son appointement avec luy, disant que c’estoit pour l’amour de son filz qu’il le faisoit, lequel estait grand amateur de Ciceron. id., Cicéron, 33. — Ces raisons vous doibvent suffire à tous qui estes amateurs du roy et de vostre patrie. L’Hospital, Harangues (II, 41). — Je ne laisse pas d’avoir faict le devoir d’un personnage vrayement amateur de sa patrie. H. Estienne, Precellence, p. 11. — Si on eust voulu croire M. Mendoze, zelateur de la Foy, et amateur de la France, s’il en fut onc. Sat. Men., Harangue de M. le Lieutenant, p. 79. — J’ay esté nourry aux piedz de vostre Majesté attacquee de tant d’ennemis et d’accidents qu’elle a eu besoing de serviteurs amateurs des affligez. Aubigné, sa Vie à ses enfants (I, 76).

Amant, amoureux. — Mais toy qui as fait separation De mon doux lict, pour fornication Avec autruy meschantement commettre, Et en mon lieu tes faux amateurs mettre, A moy tu peux toutes fois revenir. Marg. de Nav., les Marguerites, le Miroir de l’ame pecheresse (I, 43). — Tu ne delaisseras tes parens pour suyvre tes amateurs. P. de Changy, Instit. de la femme chrestienne, 1, 15. — Que plus le mary ne se montre amoureux que mary ; car l’amateur trop ardent a sa cupidité est equiparé a l’adultere. id., de l’Office du mary, ch. 4.

(Féminin.) Amatrice. — La Galaxes de la paix amatrice Et Dyana des boys observatrice. Michel d’Amboise, Propos fantastiques, 2. — Ils ne se pouvoient persuader que la nature en telles choses fust dedans le corps humain comme dedans une ville amatrice et inventrice de nouvelletté. Amyot, Propos de table, VIII, 9. — Si elle eust vescu, il n’eust esté question d’un seul Huguenot en tout son Royaume, tant elle estoit amatrice des choses spirituelles. Thevet, Cosmogr., XVI, 5. — Elles sont… tant amatrices d’elles-mesmes et tant soucieuses de se délicater et se plaire seules en elles-mesmes. Brantôme, des Dames, part. I (IX, 722). — Philothee veut dire amatrice ou amoureuse de Dieu. St  François de Sales, Vie devote, Préface.