Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Avant coureur
Avant coureur. Avant coureur de vin. Mets qui excite la soif. — [Gargantua] commençoit son repas par quelques douzeines de jambons, de langues de beuf fumees, de boutargues, d’andouilles, et tel aultres avant coureurs de vin. Rabelais, I, 21.
Avant-coureuse. — Il ne fault poinct doubter que l’injure et l’injustice ne soient les messagères et avant coureuses très certaines de la perte et ruyne des villes, respublicques et royaulmes. L’Hospital, Reformat. de la Justice, 3e part. (IV, 135). — Quand la convulsion vient de blesseure et playe, C’est de la mort venant l’avant-coureuse vraye. Ambr. Paré, Aphorismes d’Hippocrates (III, 646). — Ce que nous disons craindre principalement en la mort, c’est la douleur, son avant-coureuse coustumiere. Montaigne, I, 40 (I, 333). — En toutes choses nous sommes, par les sages-mondains, conseillez d’envoyer une bonne bouche de nous, avant-coureuse de nos presences. . Pasquier, Lettres, XII, 1. — Des plaintes… trop veritables, mais avant-coureuses d’infidélité. Fauchet, Antiquitez, V, 23. — Les fleurs dont ils [les arbres fruitiers] se parent, avant-coureuses de leurs richesses. O. de Serres, Théâtre d’Agric., VI, 16. — Des petites Figues de nulle valeur, qui… comme avant-coureuses des bonnes, sans parvenir à maturité, sont par les bonnes expulsees de l’Arbre. id., ib., VI, 26. — Souvent elle [la douleur] devance et est avant-coureuse de la mort. Charron, Sagesse, I, 39. — Ces violettes Avant-coureuses du Primtemps. Du Mas, Œuv. meslees, p. 139. — De la plume, avant-coureuse de ceste horrible tragedie, on en vint puis aprés aux armes. E. Pasquier, Lettres, XX, 5.