Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Braise

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Éditions Édouard Champion (Ip. 679).
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Braise. On trouve la forme braze. — Une pierre Gagate, laquelle nous materons sus la braie. RABELAIS, III, 25. — Un son tel que font les chastaignes jectees en la braze sans estre en- tonmees. ID., IV, 56.

Passer comme sur la braise, par dessus la braise. Passer légèrement, sans approfondir. — Nous saurons alleguer tout ce qui peut donner beau lustre et apparence à nos vertus. Mais quand il est question de glorifier Dieu, du secours que nous avons receu de sa main, nous passons comme sur la braise (ainsi qu’on dit), nous n’ap- percevons pas les difficultez où nous estions : il nous semble que ce n’est rien du danger dont nous sommes esehappez. CALVIN, Serm. sur le Deuter., 15 (XXVI, 60). — Sainct Paul faisant profession de la Loy en laquelle il avoit esté en- seigné dés son premier sage dit, que jusques à ce qu’il ait bien medité ce que ce mot vouloit dire, qu’il a passé par dessus la braise (comme on dit), qu’il ne goustoit point la force ne la vertu de la Loy. ID., ib., 41 (XXVI, 373). — Dieu… voudra juger [de nos fautes] selon ce qu’il voit’et co- gnoist, et non pas selon que nous pourrons trou- ver, car nous passons par dessus la braise comme on dit : mais Dieu enfonce jusqu’au bout. In., Serin. sur le Lie. de Job, 33 (XXXIII, 413). — Il ne veut point aussi que nous disions en un mot, J’ai failli : que nous passions seulement par des- sus la braise (comme le proverbe en est en ce pays) mais que nous pensions de pres à nous, et qu’un chacun entre en sa conscience. In., ib., 83 (XX XIV, 279). — La repentance… nous doit saisir de frayeur quand nous cognoissons l’ire de Dieu qui est pour nous accabler du tout : nous ne pensons gueres à cela, mais passons par dessus la braise, comme on dit. ID., ib., 159 (X X XV, 502). — Quant à l’immortalité de l’ame, qu’est le point sur lequel on le dict [Aristote] avoir passé dessus, comme le chat passe sur la braize, et qu’il s’y est donné du livre au front, sans sça- voir pincer ceste corde tant importante de sa par- tie philosophique qu’il vouloit tenir. Les Fan- fares des Roule Bontemps, p. 87. De la poesle en la braise. De mal en pis. — Au lieu qu’on a accoustumé de dire en ceste ville de Paris et en quelques lieux voisins, Il est tombé de fievre en chaud mal, en quelques endroits. de France on use de ceste façon de parler, qui est pareillement proverbiale, Il est sauté de la poesle en la braise. H. ESTIENNE, Precellence, p. 183. — Je vous laisse en repos, jusques à quelques jours, Que, sans parler Phoebus, je feray le discours De mon giste, où, pensant reposer à mon ayse, Je tombé par malheur de la poisle en la braise. REGNIER, Sat. 10.