Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Cerf

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Éditions Honoré Champion (IIp. 156-157).
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Cerf. Cerf limonnier. Cerf attelé entre les limons d’une voiture. — Figures joyeuses et frivoles, comme de Harpies, Satyres, oysons bridez, lievres cornuz, canes bastees, boucqs volans, cerfz limonniers. Rabelais, I, Prologe.

Ne faire que le cerf de. Ne pas hésiter à, ne pas tarder à. — Penses-tu que je sois accoustumé aux froidures comme toy, qui ne fais que le cerf veiller trois ou quatre nuicts d’arrache-pied. Larivey, le Morfondu, III, 5. — Si l’Espaignol, ou Portugais, y peuvent attraper le François… ils ne font que le cerf de vous faire esclave. Thevet, Cosmogr., VII, 12.

Faire le rapport du cerf à veue d’œil. Raconter ce qu’on a vu de ses propres yeux. — Combien que mon compte soit véritable, si est ce que je l’ay oy dire. Mais, quand je vouldroye faire le rapport du cerf à veue d’œil, je vous ferois faire plus de signes de croix de ce que je sçay des femmes que l’on n’en faict à sacrer une église. Marg. de Nav., Heptam., 20.

(Fém.). Cerve. — Je veis venir (ainsi Dieu me conserve) Tout le beau pas, un Cerf et une Cerve. Lemaire de Belges, 2e Epistre de l’Amant Verd (III, 36). — Les fans de la cerfve bische Egerye. Rabelais, V, 33 ms. — J’en dy autant de quelques mots composez comme pié-sonnant, porte-lois, porte-ciel : et autres, que j’ay forgez sur les vocables latins, comme cerve pour bische : combien que cerve ne soit usité en termes de vennerie, mais assez congnu de noz vieux romans. Du Bellay, Deux Livres de l’Eneide, Epistre. — Telle qu’on voit dans les forestz de Crete… La pauvre Cerve eviter le berger Qui l’a blessée. id., 4e Liv.  de l’Eneide (M.-L., I, 344). — Quant à Cerve pour une bische, Dubellay en a usé (priant toutesfois ne trouver mauvais ce mot). H. Estienne, Precellence, p. 188. — Soit que la Cerve en pié Ait esté veue a ses meutes fideles. Luc de la Porte, trad. d’Horace, Odes, I, 1. — Ainsi qu’on voit… Avec le jour sortir entre les fleurs La blonde cerve en son alme demeure. Brantôme, Poés. inéd., 132 (X, 483).