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Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Commandeur

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Éditions Honoré Champion (IIp. 362).
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Commandeur. Celui qui commande, chef, maître. — Car lointain suis, point ne le nie, De la rigueur et tyrannie De ceux qui, d’humbles demandeurs Deviennent rudes commandeurs. Melin de St-Gelays, Œuv. poét. (I, 257). — Les bons commamdeurs d’armes impriment cela au cœur de tous ceux du camp, d’aymer le travail, de convoiter ambitieusement la gloire d’estre veus de par leurs clefs, faisans quelque beau fait. La Boetie, trad. de la Mesnagerie de Xénophon, ch. 26. — Hercule… Sans jamais contredire au vouloir d’Eurystee Et de Junon marastre, acheva ses labeurs Surmontant la rigueur de ses deux commandeurs. Am. Jamyn, Œuv. poet., L. III, 121 ro. — Et ton si doux maintien, qui s’est faict commandeur Dessus ma liberté, a eu cest advantage. Boyssières, Prem. Œuv., 19 ro. — Ceux qui plus se plaignoyent de la pluralité des commandeurs, et plus crioyent contre la conduicte des affaires. Ph. de Marnix, Ecrits polit. et histor., p. 247. — Si confuse anarchie, si grand nombre de commandeurs et la plus part du tout inexperts à la guerre. id., ib., p. 274. — Pour ordonner en bataille une armée, Il est besoing qu’elle soit animee D’un chef sur tous, qui, brave commandeur, Face suyvir aux autres sa grandeur. Vauquelin de la Fresnaye, Pour la monarchie de ce Royaume. — Cyrus, Alexandre, Cesar, trois grands commandeurs des hommes. Charron, Sagesse, I, 5. — Et vous, ô mon grand Roy, soyez le deffendeur De l’ouvrage duquel vous estes commandeur. Vauquelin de la Fresnaye, Art Poet., I. — Il [le connétable] vouloit estre le seul maistre et commandeur de l’armée. Brantôme, Cap. franç., le roy Charles IX (V, 293-294).

(Adjectif). Qui commande, impérieux. — Bref, cest Herôs [Hercule] correcteur de la terre, Ce cœur sans peur, ce foudre de la guerre, Sentit ce Dieu [Amour], et l’amoureuse ardeur Le matta plus que son Roy commandeur. Ronsard, Amour de Cassandre, Elegie à Muret (I, 113). — Ou soit que vostre grandeur D’un doux trait d’œil me nourrisse, Ou qu’un mesme œil commandeur Me force à vostre service. Pontus de Tyard, Nouv. Œuv. poet., Chançon (p. 172).

(Fém.) Commanderesse. — Toutes les autres choses comme estans privees du liberal arbitre, c’est à dire de toute qualité commanderesse, estoient en la subjection de l’homme et souz sa seigneurie. Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 235. — D’une façon seigneuriale et commanderesse. id., ib., ch. 242. — Le cors est pour servir. L’ame commanderesse Doit tenir le timon comme vraye maistresse. Baïf, au Roy (I, vii). — Sa faute… fut d’avoir pris une voye de douceur, d’humilité et de mollesse… et estime que la severité, l’authorité et une contenance de parole commanderesse convenable à son rang… luy eust mieux succedé. Montaigne, I, 23, var. (I, 155, et V, 33).