Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Docteur

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Docteur. Homme qui enseigne, maître, précepteur, — (Marc Aurèle à Commode). Quand tu estois enfant, je dy à tes maistres comment ilz te deveroient nourrir : et apres que tu fuz plus creu, je dy à tes docteurs et à mes gouverneurs comme te devoient conseiller. B. de la Grise, trad. de Guevara, l’Orloge des Princes, III, 54. — Je prie à Dieu, le Pere Au Seigneur Christ, de tout bien docteur et enseigneur, Que de ses biens richement te remplisse. Marg. de Nav., les Marguerites, Complainte pour un prisonnier (III, 81). — Qui penseroit qu’il y eust une telle ignorance en ceux qui se veullent faire docteurs de tout le monde, de faillir si lourdement aux premiers elementz de la chrestienté ? Calvin, Instit., IV, p. 206. — Oncque ne congneu homme qui se osast nommer docteur ou disciple d’agriculture. Cotereau, trad. de Columelle, Preface. — Voyla pas une belle imagination produicte de l’inevitable necessité des demonstrations geometriques ? Non pourtant si inevitable et utile… que Polyaenus, qui en avoit esté fameux et illustre docteur, ne les ayt prises à mespris. Montaigne, II, 12 (II, 284).

Homme qui enseigne la doctrine du Christ. — Un moyne… ne presche ny endoctrine le monde, comme le bon docteur evangelicque et pedagoge. Rabelais, I 40. — Oyons maintenant sainct Augustin parler, à fin que… les sophistes de Sorbonne ne nous reprochent que tous les docteurs anciens nous sont contraires. Calvin, Instit., II, p. 79. — De laquelle parabole l’exposition est tresbien et briefvement couchée au livre intitulé de Vocatione gentium, qu’on attribue à S. Ambroise. Pour ce que c’est un docteur ancien, j’ayme myeux user de ses parolles que des miennes. id., ib., VI, p. 423.

(Emploi du mot pour désigner le Christ lui-même). — Nous voyons tout ce que nous devons, et que entierement aussi nous povons demander à Dieu estre descrit et contenu en ceste oraison, reigle et formulaire de prier qui nous a esté baillée par nostre bon maistre Jesus-Christ. Cats par e Pere nous a esté ordonné docteur : et lequel il veut seul estre escouté et obey. Calvin, Instit., IX, p. 560, — Le Pere, nous envoyant son Filz… nous l’a ordonné docteur et precepteur. id., ib., XV, p. 724.

Docteur à trois lettres, en trois lettres. Sot (?). — Il asseure qu’en l’Eglise catholique romaine il n’y a qu’une esperance, si bien que nous avons gagné ceste premiere chasse, qui est Una spes. L’autre est Unus dominus, un Seigneur, lequel il vous accommode aussi en gentil docteur à trois lettres. Ph. de Mannix, Differ. de la Relig., I, i, 6. — Encores qu’il soit notoire que ces promesses dont il est question parlent expressement du regne de Jesus Christ, toutesfois, si ces deux docteurs en trois lettres n’avoient l’assiete de leur entendement par trop disloquée, ils verroient aisement qu’elles ne laissent pas pourtant d’estre propres en premiere instance au peuple de Judee. id., ib., I, iii, 1.

(Formes corrompues du mot docteur). — Achevez, monsieur le doguetrer. Beroalde de Verville, le Moyen de parvenir, Passage (I, 182). — Je parle d’un bien autre doqueteur. id., ib., Allegation (I, 237). — Vous estes un affronteur, monsieur le doctier. id., ib., Occasion (I, 87).

(Fém.). Doctoresse. Femme qui enseigne. — Qu’heureuses sont les religieuses… qui sont instruites par cette grande Doctoresse, laquelle a puisé la science dans le cœur mesme de son cher Filz nostre Sauveur. St François de Sales, Sermons recueillis, 46 (X, 48).

Femme savante. — Ceste autre, qui est madame Elisabeth, laquelle ne crache que des sentences, comme si elle estoit quelque doctoresse, est devant la porte. Larivey, la Constance, II, 1.