Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Fourrier

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Fourrier. Officier précédant en voyage les princes et les hauts personnages, et chargé d’assurer les logements. — Au port de Lacedemoneles ambassadeurs dissimulez furent receuz en grand triomphe et melodie : et logez magnifiquement par fourrier en un quartier assez pres du palais du roy. Lemaire de Belges, Illustr., II, 5. — Le maistre d’hostel et fourrier dudict seigneur de Painensac, pour scavoir si ailleurs en la maison estoient estables vacques, s’adresserent à Gargantua. Rabelais, I, 12.

Avant-coureur. — (Fig.). Il n’est pas seur d’arrester long espace, Car le fourrier des astres a prins place. Ja la clarté du jour laisse la plaine. Forcadel, Œuv. poet., p. 16. — Le coq ne sceut prevoir Ny saluer le soleil son amy : Ains fut fourrier tristement endormy. id., ib., p. 247. — Depuis quelque temps, la mer se pousse si fort vers eux qu’ils ont perdu quatre lieues de terre. Ces sables sont ses fourriers. Montaigne, I, 30 (I, 256). — Le Vers’eau est le fils du muet Zacharie, L’avant-coureur de Dieu, le fourrier du Messie. Du Bartas, Sec. Semaine, Sec. Jour, les Colomnes, p. 279. — Malgré l’Antechrist et les fourriers de l’Antechrist, qui sont les heretiques. Le Loyer, Hist. des Spectres, III, 8. — Le playsir que l’on a en la chose est un certain fourrier qui fourre dans le cœur amant les qualités de la chose qui plaist. St François de Sales, Amour de Dieu, VIII, 1. — L’humilité est le fourrier et le precurseur de la charité, comme saint Jean Baptiste l’estoit du Sauveur. id., Sermons recueillis, 39 (IX, 429).

Estre logé par fourrier. Être logé sans avoir eu la peine de chercher son logis. — En laquelle [prison] estant logé par fourrier, ne peut toutesfois attendre qu’il en fust sorty pour retourner à son mestier. Des Périers, Nouv. Récr., 111.

Fourrier de la lune, plaisanterie sur le flux menstruel. — (Après une grossesse). Zenobie, roine des Palmyriens, ne vouloit qu’on luy touchast, jusques à ce que son kalendrier fust rubriché, et jusques à ce que le fourrier de la lune eust marqué le logis. Guill. Bouchet, 22e Seree (III, 290).

Fourriere. Avant-courrière. — (Fig.). Aurora, cestadire laube du jour, sa belle fourriere… le precedoit [Apollon] chassant toute tenebreuse obscurité nocturne de devant luy. Lemaire de Belges, Illustr., I, 28. — En sursault m’esveillay Un peu devant qu’Aurora (la fourriere Du cler Phebus) commençast mettre arriere L’obscurité. Marot, Epistres, 2. — Lors Aurora, fourriere de Phebus, Vient dechasser la lune et Herebus. Jean Orry à Ch. Fontaine, dans le Passetemps des Amis, p. 260. — Mais le soir est venu, et Vesper, la fourriere Des ombres, a versé par le ciel sa lumiere. Ronsard, Eclogues, 3 (III, 416). — Vesper. Cyprine, brunette, estoile fourriere des ombres. M. de la Porte, Epithetes, 419 vo. — Car la brune Vesper, des ombres la fourriere, N’y vient jamais loger la nuict chasse-lumiere. J. du Chesne, le Grand Miroir du Monde, L. II, p. 51.