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Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Gentil

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Gentil. Noble par naissance ou moralement, brave. — Tout le monde veult estre noble, Tant de race villain soyt il. Chascun se dict estre gentil, Fust il plus vilain c’un rat mort. Sotties, III, 36. — Vineus, je ne vis one si plaisante province, Hostes si gracieux, ny peuple si humain Que ton petit Urbin, digne que sous sa main Le tienne un si gentil et si vertueux prince. Du Bellay, les Regrets, 132. — C’estoit ung des plus gentilz cappitaines et des plus vaillans. Monluc, Commentaires, L. VII (III, 343). — Messire Robert de la Marche a esté un gentil et vaiilant capitaine. Brantôme, Cap. franç., Robert de la Marche (III, 189).

(En parlant des choses). Où il y a de la noblesse morale, de la grandeur. — C’est un discours auquel il donna nom : La Servitude volontaire… Il court pieça és mains des gens d’entendement, non sans bien grande et meritee recommandation : car il est gentil, et plein ce qu’il est possible. Montaigne, I, 27 (1, 228). — La gentille inscription dequoy les Atheniens honorerent la venue de Pompeius en leur ville se conforme à mon sens. id., III, 13 (IV, 282). — (Ironiquement). Que craignez-vous encor? Sont-ce les os de Troye, ou les cendres d’Hector ? — Nous redoutons sa race. — Helas elle est esteinte ! — Si en avonsnous peur. — O la gentille crainte ! R. Garnier, la Troade, 758.

Marbre gentil. — Le marbre gentil, c’est le blanc sans taches ny veines, fort dur. E. Binet, Merv. de nat., p. 323 (G. Compl.).

Gentil. Faucon de la meilleure espèce. — Le faulcon que on dict le gentil, qui est le premier, car en cueur et en courage il est vaillant. J. de Franchières, Fauconnerie (Sainéan, Rev. du XVIe siècle, IV, 301). — Les François mettent le faucon gentil en premier lieu… Entre les faulcons, celuy qu’on nomme gentil, les faulconniers le louent pour estre bon heronnier et à toutes manieres d’oyseaux de riviere. Belon, p. 107 et 116 (Sainéan, ib.).