Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Marine
Marine. Mer. — Il edifia une grand cité beaucoup plus pres de la marine, sur le fleuve Scamander : et la nomma de son nom Ilion. Lemaire de Belges, Illustr., I, 17. — Quand la marine sera calme et tranquile, lors mes Graces avec tes gens et galiots… armeront leurs rames à la vogue. id., ib., I, 32. — Si [Œnone] montoit aux hautes tours et dongeons du palais, et y menoit ses belles sœurs… pour voir si daventure elles verroient blanchir nulles voiles sur la marine. id., ib., II, 9. — Afin… Que toy, qui es des pastoureaux le prince, Prinsses plaisir à mon chant escouter, Comme à ouyr la marine flotter Contre la rive. Marot, Eglogue au Roy (I, 44). — La lampe allumée Dessus la tour à l’heure accoustumée Te donna cueur d’entrer en la marine Par ce dur temps. id., Leander et Hero (III, 263). — Luymesmes s’en partit, donnant le bon soir à Urgande, laissant pour la garde d’elle bon nombre de ses archers sur la greve de la marine. Amadis, II, 18. — Le roy Lisuart… ainsi qu’il jeta l’œil sur la marine, ne veit plus les vaisseaulx qui estoient arrivez avec Matroco. Ib., V, 8. — Il estoit un pauvre gentil homme qui… s’en estoit allé sur la marine chercher ses adventures. Marg. de Nav., Heptam., 13. — Nous avons tant… par la marine jeuné, que les araignes ont faict leurs toilles sus nos dens. Rabelais, IV, 49. — Que son beau front ne soit entre-fendu. De nul sillon en profond estendu, Mais qu’il soit tel qu’est l’eau de la marine, Quand tant soit peu le vent ne la mutine. Ronsard, Amours de Cassandre, Elegie à Janet (I, 119). — On ne voit plus une Saphon Pour son Phaon precipitee : Ny sur la marine irritee… Nouer un Leandre amoureux. R. Belleau, Petites Inventions, A l’Amour (1, 158). — Il se promenoit sur la greve le long de la marine, regardant les corps des Barbares que la mer avoit jettez au rivage. Amyot, Thémistocle, 18. — Il s’estoit planté le long de la marine au pied du mont Olyinpe, en lieu dont on ne pouvoit nullement approcher. id., Paul Émile, 13. — Lon ne voyoit et n’oyoit autre chose par toutes les costes de la marine que sons d’instrumens de musique, chansons, banquets et festins. id., Pompée, 24. — [César] fut pris par des coursaires aupres de l’isle de Pharmacuse : car ces escumeurs la tenoyent desja toute la marine avec grosses flottes de navires. id., César, 1. — Vous marchans qui allez les uns sur la marine, Les autres sur la terre. Ronsard, Remonstrance au peuple de France (V, 381). — Que les vents rompent leur train Dedans l’air et puis que l’onde De la marine profonde Mette bas toute rigueur. R. Belleau, la Bergerie, 1re Journ., Chant d’allaigresse (I, 286). — Incontinent la marine bonasse Unit ses flots. Baïf, Poemes, L. II (II, 84). — Ariodant, plongé dans la marine, Se repentit d’une mort tant indine, Et comme il est hardy, vaillant et fort, Se met à nage et regagne le bort. id., ib., L. V (II, 258). — O toy, sœur de Phebus ! ô royne vagabonde… Qui faits à points reglez la marine escumer. Desportes, Elegies, L. II, la Pyromance, p. 303. — Leur terre est voisine Des bords marescageux que baigne la marine. P. de Brach, Hymne de Bourdeaux. — Ainsi que les poissons d’une glissant eschine Coupent, qui çà, qui là, les flots de la marine. — Tout ce qu’au ciel reluit, Qui germe par les champs, qui sur terre chemine, Qui voltige par l’air, qui noue en la marine. Du Bartas, 1re Semaine, 7e Jour, p. 318. — Ne nous embarquons plus pour faire un tel voyage : Ne voyons que du bord la marine escumer. Passenat, Sonet (I, 193). — Consolé par la foy il serene son front, Ainsi ne plus ne moins que l’estoille argentine Qui naguere a lavé sa face en la marine. Du Bartas, 2e Semaine, 3e Jour, les Peres, p. 315. — [Jupiter] Banquetoit chez Tethis au fonds de la marine Dans le sein des grands flots. Bertaut, Sur le trespas de M. de Ronsard, p. 121. — Parmy tant admirables actions de Scipion l’ayeul… il n’est rien qui luy donne plus de grace que de le voir nonchalamment et puerilement baguenaudant… le long de la marine avec Laelius. Montaigne, III, 13 (IV, 273). — Tu desgageas son col des liens de Memphis, Le guidas à pied sec à travers la marine. Montchrestien, Aman, III, p. 253. — Ceux de la ville… accoururent sur le port et le long de la marine. Brantôme, Cap. franç., le Prieur de Cappue (IV, 131). — De toutes pars leur vient des grains par la marine. Aubigné, la Creation, III (III, 347).
Basses marines. Marée basse. — Il s’avança à Marennes sans estre arresté plus tost qu’au bourg d’Hiers, qui estoit gardé par un petit canal qu’on ne pouvoit passer, sinon aux basses marines. Aubigné, Hist. univ., X, 10.
Marine. Côte de la mer. — Caton… s’en allant de rechef sur la marine, regarda partir ceulx qui s’embarquoyent. Amyot, Caton d’Utique, 65. — Ainsi Cleomenes, s’estans aussi les peuples habitans au long de celle marine qui s’appelle communement la Riviere de Corinthe rendus à luy… environna d’une trenchee et d’une closture de pallis le chasteau d’Acrocorinthe. id., Aratus, 10.