Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Medecin

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Medecin. Doigt medecin. Annulaire. — L’un [partie d’un nerf] s’en va… bailler deux petits rameaux au petit doigt, deux au doigt nommé medecin, et un au moyen. Ambr. Paré, IV, 24. — Celles [portions] du nerf qui passent par dessus l’anneau vont deux au petit doigt, deux au doigt medecin ou annulaire, et un au moyen. id., ib. — Sera bon de saigner le malade de la veine de la rate appellee salvatelle, qui est en la main gauche, entre les doigts dits medecin et auriculaire. O. de Serres, Théâtre d’agric., VIII, 5. — L’on en portera avec efficace au doigt de la main gauche appellé medecin. id., ib.

On voit aussi ce nom donné au medius. — Le troizieme [doigt] qui ensuit est nommé moyen ou mytantier, pource qu’il est au mylieu entre les cinq : et autrement lappelle on medicin, à cause que de luy usent les medicins es lieux maladifs et secretz. Ant. du Moulin, trad. de J. d’Indagine, Chiromance, p. 12.

Medecine. Femme médecin, femme qui soigne, qui guérit. — O ! souveraine et seure medecine, Tu me donnas du bon remede signe. Cretin, Oraison à saincte Geneviefve, p. 37. — Une horde vieille de la compaignie, laquelle avoit reputation d’estre grande medicine. Rabelais, I, 6. — Nous lisons… plusieurs autres princesses avoir esté cuysinieres, medecines et cirurgiennes a leurs maris. P. de Changy, Instit. de la femme chrest., II, 3. — Vous me voulez donques… bailler une medicine pour femme, ja ne plaise à Dieu que je espouse jamais une telle femme. Le Maçon, trad. de Boccace, Decameron, III, 9. — La honte et vergoigne qui est naturellement aux femmes a esté cause d’introduire les sages femmes… parce que sans ceste permission d’y avoir des medecines, les femmes se laissoient mourir quand il advenoit quelque maladie és parties honteuses. Cholières, 5e  Ap.-disnée, p. 203. — Elle se dit estre Lycambe la medecine de l’isle de Raport, qui estoit venue pour guerir l’empereur, qu’elle avoit ouy dire estre malade. Beroalde de Verville, Voyage des princes fortunez, p. 162.

Femme d’un médecin. — La medecine compta son affaire à une sienne voisine. Des Périers, Nouv. Récr., 95.

Medecin (adj.). De médecin, des médecins. — Je reconnois bien l’arc, le brandon et la trousse De Phebus qui ses traits en ma poitrine pousse, Qui, grand Dieu, sçait mesler l’amoureuse poison D’une main medecine affolant la raison. Am. Jamyn, Œuv. poet., L. V, 281 vo. — Pourroit il eviler les cruautez rusees De ces maux obstinez par qui sont abusees Les medecines mains… ? Du Bartas, 2e  Semaine, 1er  Jour, les Furies, p. 119. — Consolé, il s’esveille, et traitable se rend Aux medecines mains qui le vont secourant. P. de Brach, Hierusalem, XII, 75 ro.

On dit souvent medicin. — Par le conseil de son medicin juif. Rabelais, I, 21. — Un sçavant medicin de celluy temps. id., I, 23. — Medicins, chirurgiens et apothecaires. id., I, 27. — Un moyne… ne guerit les malades, comme le medicin. id., I, 40. — Philosophes, historiens, medicins, poetes, orateurs Grecz et Latins. Du Bellay, Deffence, I, 4. — Les medicins… promettent ce qui appartient aux medicins. id., ib., II, 11.