Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Officier 1

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Officier 1. Celui qui remplit un office, une fonction. — Si officiers en l’estat seurement Sont tous couchez, fors le povre Clement… Qu’en dictes vous, prelat trèshonoré. Marot, Epistres, 25. — Les Apostres en leur office n’ont point esté hommes particuliers : mais officiers publiques de Dieu. Calvin, Instit., III, p. 143. — Par ses abstracteurs, spodizateurs.… et autres siens officiers furent les lepreux introduits. Rabelais, V, 19. — Alcibiades cria de loing tout hault aux officiers qui presidoient à ceste enchere, C’est moy qui responds pour luy. Amyot, Alcibiade, 5. — Tel seigneur des premiers officiers de nostre couronne. Montaigne, II, 8 (II, 91). — L’execution de cette ordonnance [d’un médecin] despend d’un autre officier, à la foy et mercy duquel nous abandonnons encore un coup nostre vie. II, 37 (III, 221). — Les chirurgiens apoticaires et autres officiers medicinaux sont riches en peu de temps. Cholières, 8e Matinée, p. 288. — Quel excez y a il en l’ordre des finances, tant en la mulbiplicité d’oficiers qu’aux gages à eux assignez… ? La Noue, IV, p. 122. — Je ne leur baille que la voix de l’Eglise, la prédication, et instruction vive de ses officiers. Charron, Trois Veritez, III, 4, Adv. — Adam, voulant s’acquerir la science de bien et de mal, pour se faire pareil à Dieu, trouva un cherubin, officier de paradis terrestre, qui le mit dehors honteusement. Aubigné, Medit. sur le Ps. 73 (II, 162). — Tant de sacrificateurs, tant de chantres et autres officiers du temple. Fr. de Sales, Amour de Dieu, II, 3. — (Les anges). Ces officiers du ciel, diligents et discrets, Administrent du ciel les mysteres secrets. Aubigné, Tragiques, VII (IV, 287).

Officier militaire. Officier (au sens actuel). — J’ay autrefois ouï parler aucuns conseillers des princes, qui, les voulans faire trop bons mesnagers, trouvoyent mauvais qu’en temps de paix on entretinst beaucoup d’officiers militaires. La Noue, XIV, p. 339.

Officier. Juge, magistrat de l’ordre judiciaire. — Or donc aux roys avoir est necessaire Bons officiers, pour justice a tous faire. J. Bouchet, Ép. mor., II, v, 12. — Faulte d’exercitation corporelle est cause de peu de santé et briefveté de vie de vous aultres, messieurs, et tous officiers de justice. Rabelais, III, 40. — Au Palais de procez tu devises, D’advocats, procureurs, presidents, conseilliers, D’ordonnances, d’arrestz, de nouveaux officiers. Du Bellay, Regrets, 122. — Mais qu’il n’ait tant de loix ni tant de justiciers (Dont le desordre vient) mais bien peu d’officiers. La Taille, Prince Necessaire, I. — Ces meschans officiers… se présentoient promptement à faire les informations, et, icelles faictes, on trouvoit tousjours… que les battus avoient tort. Monluc, l. V (II, 366). — Quoy qu’il y ait des juges et officiers, si est ce que la sentence qu’ils prononcent n’est authorisee si elle n’est prononcee par la bouche mesme du gouverneur. Thevet, Cosmogr., IV, 8. — Il y a aucuns de noz Parlemens, quand ils ont à recevoir des officiers, qui les examinent seulement sur la science. Montaigne, I, 24 (I, 168). — Ces nations, sans magistrat et sans loy, vivent plus legitimement et plus reglément que les nostres, où il y a plus d’officiers et de loix qu’il n’y a d’autres hommes et qu’il n’y a d’actions. II, 12 (II, 231). — Les juges sont advertis par les officiers d’une cour subalterne voisine qu’ils tiennent quelques prisonniers lesquels advouent disertement cet homicide. III, 13 (IV, 216). — Il faut apporter de trés grands respects avant que de contaminer ceste compagnie par une pluralité d’officiers, qui n’apporte autre fruit qu’un desordre et mespris à l’endroit du peuple. Pasquier, Lettres, XII, 2. — Il y eut fort peu de siéges de justice en France où il n’y eust quelque officier favorisant ceste doctrine. Aubigné, Hist. univ., II, 9.

Celui qui exécute les arrêts, les sentences. — C’est le vray signe de repentance, quand les hommes d’eux-mesmes sondent leurs pechez et qu’ils n’attendent pas que Dieu les y force : mais qu’ils se presentent à luy, et qu’ils s’adjournent, qu’il ne leur faut point ne sergent ni officier. Calvin, Serm. sur le Cant. d’Ezechias, 3 (XXXV, 561). — Si un officier de justice meine quelqu’un en prison, et qu’il l’arreste, et qu’il die, Hé, laisse moy aller en ma maison. Non : car il faut que tienes prison. id., Serm. sur l’Harmon. Evangel., 50 (XLVI, 627). — Nous sommes à conniller, à trotter, et à fuir les officiers de la justice qui nous suyvent. Montaigne, II, 27 (III, 104). — Le peuple crioit à haute voix au bourreau : Boute, boute, monsieur l’officier. Paré, XIX, 23. — Ce n’est pas lui dont je veux parler, c’est d’un qui est de Geneve et est du mesme estat : là on ne dit pas sergent, on dit officier. Beroalde, Parvenir, Kalendrier (II, 214).

(Antiq.). Magistrat d’une cité. — Les artisans et mecaniques fermoient leurs ouvrouers et boutiques : et si osterent et feirent cesser de leurs offices tous les magistratz, comme sil ne falloit plus de mestiers ne dofficiers en icelle cité desolee et destruicte. Seyssel, tr. Appien, Guerres civ., V, 3. — Dans l’hostel de Sylla… on emprisonnoit les uns, on condamnoit les autres… tout y alloit non comme ches un officier de ville, mais comme ches un tiran de peuple. La Boetie, Servitude, p. 27. — Demarate… se retira vers les Medes à cause d’une honte qui luy fut faicte en un jeu gymnique, où il assistoit comme officier de ville apres avoir esté roy. Saliat, tr. Hérodote, VI, 67. — Il estoit à table avec les officiers de la ville. Amyot, Lycurgue, 3. — [Vindex] fut le premier serf affranchy qui fut faict citoyen romain, avec permission de donner sa voix aux elections des officiers. id., Publicola, 7. — Caton… souppa en compagnie de tous ses amis, et mesme des oflficiers de la ville. id., Caton d’Utique, 67. — Ne plus ne moins que par le sort on eslit à Athenes les officiers qui s’appellent thesmothetes et archontes. id., Fortune d’Alexandre, II, 8.

Exécuteur des arrêts et sentences, garde accompagnant les magistrats. — (Les licteurs). Ce sont les mesmes que les Grecs appellent liturgos, c’est à dire officiers publiques. Amyot, Romulus, 26. — Les tribuns… l’envoyerent sommer par leurs sergens qu’il eust à comparoir devant le peuple… Martius rechassa fierement les officiers qui luy feirent ceste sommation. id., Coriolan, 17.

Officiant. — Par ce que je fus l’officier en leur mariage, il m’est advis que sa viduité m’est plus à cœur. Fr. de Sales, Lettres, 920 (XVI, 80).

Serviteur. — Tous les officiers de sa court estoyent tant occupés au service du festin que l’on ne se soucyoit du pauvre Pantagruel. Rabelais, II, 4. — Basché prie Chiquanous assister aux fiansailles d’un sien officier. IV, 14. — Les officiers de gueule dresserent les tables et buftetz. IV, 64. — Les officiers du roy Alexandre prirent le logis mesme du roy Darius, et luy appresterent les mesmes baings, et le mesme soupper dont Darius devoit soupper. Amyot, tr. Diodore, XVII, 8. — Antonius..… commanda à ses serviteurs et officiers domestiques qui le servoyent à table qu’ilz luy versassent largement à boire. id., Antoine, 75. — Tous les valets de chambre, cuisiniers, boulangers et autres menus officiers. Fauchet, Origines des dignitez, 1, 8. — Il n’en doibt pas aller comme des officiers des roys de Sparte, trompettes, menestriers, cuisiniers. Montaigne, III, 5 (III, 325). — Par excellence ce mot de Labourage a esté donné à la culture des bleds, encores qu’il soit communiqué à tout autre travail : et le laboureur estimé le principal officier de la maison, comme administrant le pain. Serres, II, 7. — Pour le moins le maistre et la maistresse doivent celer leur ignorance et insuffisance aux affaires de la maison, et encores plus leur nonchalance… car si les officiers et valets croyent que lon ne s’en soucie, ils en feront de belles. Charron, Sagesse, III, 13.

(Fig.). Quelle joye penser vous estre entre ces officiers [la langue, les dents, l’estomac, etc.], quand ilz ont veu ce ruisseau d’or [le sang], qui est leur seul restaurant ? Rabelais, III, 4. — Sus, instrumens de luxe, ministres des friandises, officiers des voluptez, consultez quels nouveaux moyens on peut trouver pour chatouiller mes sens. Du Vair, Medit. sur Job., ch. 4. — Les advertissemens libres, qui sont les meilleurs officiers de la vraye amitié, sont perilleux alendroit des souverains. Charron, Sagesse, III, 3.

(Fém.). Officiere. — Ceste officiere du temple… nous feit un conte de chose estrange et incroiable. Bretin, tr. Lucien, Amours, 15. — Des regles qui regardent la manifeste bienseance d’une maison devote ou les officieres en particulier. Fr. de Sales, Entretiens spirituels, 1 (VI, 10). — (Fig.). Si son but [de la tristesse] est de soulager nostre douleur… pourquoy nous servons-nous si longtemps d’une si mauvaise et temeraire officiere, qui faict tout le contraire de ce qu’elle veut ? Du Vair, Constance, l. I, p. 330.

On trouve offecier. — Comme plusieurs des royaulx offeciers. Anc. Poésies, VI, 33.

(Prononc. : ier formant deux syllabes). — Vous les gouverneurs des provinces… Officiers de la couronne. Baïf, Mimes, l. IV (V, 204).