Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Portiere

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Portiere (adj.). Qui porte des petits. — Il entra en un autre pays commode pour nourrir beaucoup de haras : car on dit qu’anciennement il y souloit avoir d’ordinaire cent soixante mille juments portieres. Amyot, tr. Diodore, XVII, 24.

(Par plaisanterie : allusion à la naissance de Minerve). — J’enten le cas, C’est volontiers que derechef Il vient d’enfanter de son chef Comme il feit Minerve guerriere : Car il ha la teste portiere. Baïf, Devis des Dieux, 6 (IV, 185).

(Subst.). Femelle portant des petits. — Ses portieres enflees De nouveaux fruits remplissent les etables. Baïf, Poemes, l. I (II, 41). — De là, dans son herbage il va voir son trouppeau, Peu plus haut ses moutons et ses grasses portieres. Gauchet, Discours, p. 115.

Bonne portiere. Femme féconde. — Aussi les femmes gaulloises sont elles celebrees par Strabon pour estre bonnes portieres (j’entends fecondes) et nourrissieres. Lescarbot, Nouv. France, t. III, p. 716 (G.).

Bonne productrice. — Un ancien Romain, plaidant la cause de la nature contre la paresseuse plainte de ceux de son temps, qui l’accusoient que la terre n’estoit plus si feconde et bonne portiere que du temps de leurs ancestres, leur respondoit quee c’estoit qu’elle se sentoit negligee. Du Vair, Eloquence franç. (éd. Radouant, p. 149).