Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Abada

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DICTIONNAIRE

UNIVERSEL

DES TERMES DES ARTS ET DES SCIENCES.

ABA

BADA, s. m. Animal farouche du pays de Benguela, dans la basse Ethiopie. Il est gros comme un poulain de deux ans. Sa queuë est semblable à celle d’un boeuf, quoiqu’elle ne soit pas si longue, & il a du crin comme un cheval, auquel il ressemble par la teste, l’ayant toutefois plus plate & plus courte. Son poil est plus épais & plus rude  ; ses pieds sont fendus comme ceux du cerf, mais beaucoup plus gros. Il a deux cornes, l’une sur le front, l’autre sur la nuque. Celle du front est unie, longue de trois, ou de quatre pieds, épaisse vers la racine comme la jambe d’un homme, pointuë par le bout, & droite quand l’Abada est encore fort jeune  ; mais à mesure qu’il croist, elle se recourbe en devant comme les défenses d’un Elephant. On dit que cet Animal la plonge dans l’eau de temps en temps pour en chasser le venin qui pourroit y estre. La corne qu’il a sur la nuque est plus courte & plus plate que celle du front. La couleur en est noire ou d’un brun enfoncé, & la limure blanche. Quoique l’Abada coure fort legerement, il ne sçauroit toûjours éviter les traits des Negres qui le poursuivent pour avoir sa corne, qu’on estime un tres-bon preservatif. Il y a de ces cornes qui agissent avec plus d’efficace les unes que les autres, selon l’âge qu’ont ces animaux quand on les tuë. On fait un cataplasme de leurs os, reduits en poudre & meslez avec de l’eau, & on l’applique sur les parties où l’on sent quelque douleur. Ce remede attire au dehors les impuretez


qui causoient le mal, & quand le corps en est tout à fait purgé, ce mesme onguent referme les ouvertures qu’il a faites.