Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Lapis
LAPIS. s. m. Sorte de pierre pretieuse, bleuë, qui est opaque, & marquetée de petits points d’or. Dioscoride dit qu’elle croist en Chypre, aux mines de bronze, & qu’on en trouve pourtant en plus grande quantité parmy les sables de la mer en certaines cavernes creusées par les flots. Le meilleur Lapis est celuy qui est le plus chargé en couleur. On le trouve en morceaux quarrez ou ovales qui ont quelquefois six à sept pouces de haut. Il est plus tendre que l’Agate, & sert à orner des cabinets & autres ouvrages. Les Arabes appellent cette pierre Lapis azuli ou Lapis lazuli, d’où vient le mot d’Azur qui est la mesme chose. Les Grecs le nomment κυάνοζ, Pierre bleuë. Aussi l’azur d’outremer est-il composé de celuy qui ne peut estre employé. On le brusle comme le Vitriol, & on le lave de mesme que la calamine. Matthiole dit qu’il a grand rapport avec la pierre Armenienne, non seulement en ce que ces deux pierres croissent dans les mesmes mines, & l’une avec l’autre, mais parce qu’elles ont presque les mesmes proprietez pour évacuer les humeurs mélancoliques, desorte que quelques Arabes les ont confonduës. Toute la difference qu’il y a, c’est que le Lapis lazuli est tout marqueté de filets d’or, & que la pierre Armenienne est parsemée de verd & de noir. Pour bien choisir la pierre d’azur appellée Lapis stellatus, par Mesué, il faut qu’elle soit d’une couleur azurée qui devienne plus bleüe en la brûlant, pesante, polie, & qu’on y voye éclater quantité de petites paillettes d’or. Elle est bonne pour la veüe, & tient l’esprit gay si on la porte sur soy. Estant brûlée & lavée, elle recrée toutes les parties internes.