Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Laser

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LASER. s. m. Suc qui sort de la tige & de la racine du Laserpitium scarifiées. Il est flatueux, venteux, & a une vertu acre & piquante. Le bon Laser, selon Dioscoride, est celuy qui est roux, transparent, tirant à la myrrhe, & qui n’est point vert comme le poreau, mais odorant, de bon goust & blanc, aprés qu’on l’a détrempé. Celuy qui croist en Cyrene, fait suer tout le corps pour peu qu’on en gouste, & a une odeur si douce, que ceux qui l’ont dans la bouche, le sentent à peine. Celuy de Surie & de Mede a une odeur plus facheuse. Matthiole a cru long-temps que ce jus ou cette gomme estoit le benjoin, mais il a esté détrompé par une remarque de Strabon, qui dit que de son temps le Laserpitium estoit failly en Cyrene ; outre que Pline rapporte que lors qu’il vivoit il se vendoit au poids de l’argent, & que l’Empereur Neron l’estimoit si fort, qu’il le tenoit enfermé parmy les choses les plus singulieres & les plus rares. D’ailleurs, Dioscoride rapporte que le Laser vient d’une plante dont la tige est semblable à la ferule, & qui ne convient pas au benjoin, parmy lequel on trouve de grosses écorces qui font connoistre qu’il sort de quelque arbre. Le Laser a aussi une vertu forte & acre, & le benjoin n’a aucune acrimonie au goust. Matthiole conclut de tout cela qu’on ne peut plus recouvrer de vray & legitime Laser.