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Dictionnaire des Arts et des Sciences/1re éd., 1694/Latanier

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LATANIER. s. m. Arbre des Antilles, qui sort d’une grosse mote de racines, & qui n’est jamais plus gros que la jambe. Il est presque par tout égal, & se leve droit comme une fleche, quelquefois jusqu’à la hauteur de quarante ou cinquante pieds Il a tout autour un doigt d’épaisseur d’un bois dur comme le fer, & tout le reste est filasseux comme le cœur des palmistes. Il a environ deux pieds de l’extremité de l’arbre en haut, envelopez de trois ou quatre doubles d’une espece de canevas naturel, qui semble avoir esté filé & tissu de main d’homme. De cette envelope sortent quinze ou vingt queuës longues de cinq à six pieds, vertes & dures, & toutes semblables à des lames d’estocade. Chacune de ces queuës porte une feüille qui dans son commencement est toute plissée. Elle s’ouvre avec le temps, & s’étend en rond, & à un demi-pied prés de l’extremité tous les plis s’entre-separent, & font autant de pointes qu’il y a de plis dans la feüille qui a la figure d’un Soleil rayonnant. Ces feüilles estant liées par petits faisceaux servent à couvrir les cases & la peau ou écorce que l’on enleve de dessus les queuës, est propre à faire des cribles, des paniers, & autres petits ouvrages. On fait aussi du bois de cet arbre, des arcs, des massuës dont les Sauvages se servent au lieu d’épées. On en fait encore des zagayes, qui sont de petites lances aiguës qu’ils dardent avec la main, & ils en munissent la pointe de leurs fleches, qui sont par ce moyen aussi penetrantes que si elles estoient d’acier. On vuide aussi le tronc de cet arbre, & on en fait des canaux pour conduire les eaux des fontaines.